Saga "Star Trek"

Vu (enfin !) la version Abrams de Star Trek, avec au total une impression des plus mitigées. Certes l'on ne s'ennuie pas durant ce film. Les scènes d'action se succèdent sans défaillir et les effets spatiaux apparaissent effectivement spectaculaires. Le scénario se montre malin en introduisant un voyage temporel de Spock (un peu pompé sur Stargate Continuum tout de même) : en se situant sur une nouvelle ligne temporelle les auteurs 'autorisent tout liberté, sans (trop) irriter la vieille garde et... mettent sur orbite une nouvelle franchise avec les personnages historiques de la série. Bien joué, malheureusement le reste de l'histoire se résume à une succession de clichés non ramenant au Space Op le plus éculé : un grand méchant s'amuse à faire imploser des planètes, Spock et le captain se téléportent dans on vaisseau colossal, doté d'une hyper technologie, et à eux font tout sauter. Vraiment bas de gamme et convenu au possible. On se situe très loin des histoires très riches de la Saga. Et pus l'on en reste dans l'univers archi cartographie de la série : Vulcain , la terre, Starfleet Command...; Il manque au film le souffle de l'exploration de l'inconnu, qui apportait tant à ST Classic.

Un autre point m'a dérangé, que les auteurs s'autorisent des libertés quant aux événement, pourquoi pas, mais qu'ils touchent à la nature des personnages est une tout autre affaire. Le film se destine clairement ici à la jeunesse, les fans risquent fort de ne pas s'y retrouver. Les différences vont beaucoup plus loin de ce que justifier la différence d'age Uhura se montre d'un caractère beaucoup plus affirmé, mais pourquoi pas, cela est du à une évolution positive de la place des femmes dans les séries depuis les années 60. je n'ai cependant toujours pas compris ce que la love story avec Spock apportait au film, sans doute fallait-il trouver que l que chose à exprimer pour le personnage. On accentue beaucoup le côté ahuri de ce bon Chekov, au point qu'il paraît limite imbécile heureux. Sulu est asiatique, donc bien entendu on a droit au combat au sabre de samouraï... Scotty est décrit comme une espèce de débile extraverti, le personnage est d'ailleurs réellement irritant au bout de 15 secondes. McCoy et Spock sont eux bien restitués, ce dernier tient d'ailleurs le film à bout de bras.

Le pire demeure cependant le sort échu à Kirk, chez qui on accentue beaucoup trop le côté rebelle et chien fou, jusqu'à la caricature imbécile. Un exemple parmi d'autres, j'ai été singulièrement déçu par la reconstitution du légendaire test de Kobayashi Maru. M^me jeune, je pense que Kirk n'aurait jamais fait preuve d'une telle désinvolture preuve et l'aurait joué beaucoup fine. On parle tout de même de James T. Kirk, là, et on a droit à Fonzie, faut pas pousser. Les spectateurs n'ayant jamais vu ST Classic auront bien du mal à comprendre pourquoi il faut à tout prix qu'un tel personnage dirige l'Enterprise. On notera en fin que chaque personnage a consciencieusement droit à sa scène d'exposition, avec une régularité mécanique confinant au besogneux.

La qualité de l'interprétation apparaît des plus variables. Zachary Quinto est réellement impressionnant en jeune Spock, et pas seulement par le maquillage. C'est l'atout maître du film, confirmant tout le bien que l'on pensait de lui après 24 et Heroes (Sylar étant le seul personnage à,surnage, en granbde partie grâce à lui). Un acteur à suivre, vraiment. Dans l'optique chien fou malheureusement retenue pour le Captain, Chris Pine se débrouille bien, manifestant une belle énergie à défaut de réel charisme (Le Shat c'est tout de m^me autre chose). Krarl Urban donne à McCoy l'aspérité qui convient. Tous les autres relèvent d'une totale transparence. C'est surtout grave concernant le méchant, particulièrement faible : l'acteur ne dégage strictement rien, rendant ses quelques scènes, aux indigents dialogues, absolument insipides. Et pour ce type de film, l'absence d'un Adversaire à la hauteur reste souvent rédhibitoire. Khan est très loin.

Un filmà voir essentiellement pour les scènes d'action et de combat spatial. Il parvient à divertir, pas à reconstituer la magie de Star Trek. Il apparait d'ailleurs davantage comme un remake de Starship Troopers, dont il reprend tous les poncifs de l'incorporation militaire, sur une histoire finalement très semblable mais la pétillante charge satirique en moins. Au moins m'aura-t-il donné violemment envie de revoir la série.

Bon, quelques considérations trekkies pour finir. Grand fan des Klingons, je regrette de ne pas avoir vu l'ombre d'un Oiseau de Proie, mais cela sera sans doute pour la prochaine fois. Je n'ai pas du tout aimé que l'on remanie à ce point le design de la passerelle de l'Enterprise, surtout pour un résultat aussi fade. Leonard Nimoy est toujours géant, on espère qu'il sera de nouveau là par la suite parce que pou le coup on se régale vraiment. Après avoir vu le film on se dit que finalement c'est bien Abrams qui n'avait rien prévu de sérieux pour Shatner, car il n'a aucune place dans l'intrigue pour le « vrai » Kirk. Intégrer l'acteur aurait nécessiter une important travail de réécriture. Le Shat l'a bien senti, il a du métier. Pas bien Mr Abrams ! Deux bonnes idées à retenir. Le seul membre du trio assaillant le foret à mourir porte un pull rouge. La malédiction des enseignes sévit toujours et on aime ça. Et puis le vrai coup de coeur du film cela reste l'apparition de Rachel Nichols, méconnaissable mais si accorte, en Femme Verte d'Orion, l'une des icônes de la série. Enfin un clin d'oeil réussi! La reprise finale du texte et de la musique du générique m'ont aussi fait plaisir.

En fait on partage le même constat : schématisation de l'univers ramené à son essentiel, simplification parallèle des personnages tout en les rendant conformes aux attentes du public d'aujourd'hui, incorporation d'effets spéciaux high -tech : tout est fait pour complaire aux jeunes de 2009, qui forment les grands bataillons des salles obscures. Après le jugement que l'on porte dépend du rapport de chacun avec la série initiale, c'est certain. Je reconnais au projet le mérite de la cohérence et de l'efficacité. De fait j'ai passé un moment distrayant (hormis quelles réelles irritations autour du traitement subi par Kirk) et, c'est vrai, le film à une toute autre tenue que les Avengers 1998. En fait je pense que l'on ne pourra jeter un regard définitif sur la nouvelle franchise que lors du deuxième opus. Il s'agit ici d'un pilote avec les lourdeurs souvent inhérentes à la mise en place de l'univers et des personnages. Dans la suite on devrait retrouver une structure équivalente à la série : exploration de l'immensité inconnue, équipage soudé autour du capitaine face aux périls de la galaxie etc. Le film mérite une seconde chance, avec des héros gagnant sans doute en profondeur et une histoire libérée des contraintes d'exposition, que l'on espère plus ambitieuse. Et avec des Klingons, hein, pas de blagues. Et avec Shatner le Magnifique, donc !