Série "The L Word"

Alors oui, quelque peu, mais avec des nuances. C’est notamment le cas pour les seconds rôles masculins, à des degrés divers : Franklin, le patron de l’héroïne principale de la série, le père de celle –ci, tous deux assez réacs et hostiles face à l’homosexualité, de manière hypocrite pour le premier, ou frontale pour le second. On pourrait aussi ajouter le manager goujat de la tennis woman, ou un policier homophone au dernier degré. Ceci dit la personnalité la plus abominable de la série reste une femme hétéro, une fondamentaliste extrémiste (genre KKK) lançant une véritable croisade contre l’héroïne, où tous les coups sont permis.

Ceci-dit, ce constat doit être nuancé. D’abord l’on évite le plus souvent les diatribes absolues, les personnages demeurant le plus souvent davantage complexes et profonds qu’une simple caricature. Pour reprendre les exemples du spectateur, Tim (le cocu) réagit de manière certes extrême, mais la série ne l’accable pas. Il est décrit comme sympathique et sincèrement amoureux, tandis que sa fiancée est montrée comme adultère. Tim se montre homophobe sous la violence de l’émotion et de la trahison, mais il a des circonstances atténuantes, disons. Ultérieurement, une rencontre avec son ex ne me semble pas mettre les torts exclusivement de son côté. Le père de l’héroïne aura le temps de faire amende honorable avant de quitter la scène. « L’hétérosexuel minable », sans doute Angus, n’a juste rien à voir avec cette description.

Précisons aussi que la série ne tombe pas non plus dans le manichéisme car les lesbiennes ne sont pas exemptes de critiques. Quand Franklin finit par virer l’héroïne (Bette), c‘est d’ailleurs explicitement sur l’instigation d’une rivale lesbienne, Héléna. Entre autres exemples. Donc, oui, The L Word n’hésite pas charger certains personnages hétéros afin de dénoncer l’homophobie toujours si présente dans nos sociétés, mais en évitant la caricature massive, le plus souvent avec finesse ou humour. Cela n’a rien à voir avec les clichés sur les homos, même ne se voulant pas hostiles, présents dans les séries d’il y a quelques années (Stanford dans SatC est hilarant et adorable, mais bonjour la nuance).

Si je veux être complètement honnête un certain raidissement du discours communautaire s‘est fait jour durant quelques épisodes de la saison 4, avec une mise à l’écart assez frappante d’une bisexuelle fréquentant temporairement un homme. Celle -ci organise une rencontre entre ses amies gays et ses nouvelles fréquentations hétéros (hommes et femmes), et à cette occasion, oui, The L Word verse dans une caricature aux confins de la propagande, avec un tir au mortier lourd. Mais il s’agit d’une exception, et non de la règle.

Il faudrait également parler du personnage trans de la série, régulièrement minorée et mise en marge par rapport aux lesbiennes « classiques ». Toutefois, en fin de parcours la série reviendra dessus en la laissant aborder explicitement les relations entre les deux communautés et en faisant admettre ses préjugés à l’une des principales figures de la série.

Des valeurs sûres c'est certain ! Alice est la grande force humoristique de la série, mais son interprète est également formidable dans le registre de l'émotion. Leiha Hailey a été l'une de mes grandes découvertes dans TLW. Jenny est un personnage absolument clé. C'est en parie grâce à elle et à l'intensité de son personnage que la série se situe au-dessus des soaps traditionnels. Elle se montrera aussi très marrante (dans son registre très particulier) dans les saisons tardives de la série. Tina, oui, charmante et adorable, mais... Elle souffre d'apparaître souvent aux côtés de Bette Porter, nettement mon personnage préféré à moi que j'aime bien. C'est difficile d'exister à côté. C'est surtout vrai en première saison, où elle est encore assez en retrait. Elle s'impose davantage par la suite.