Série "Californication"

Et voilà, la coffret de la saison 4 vient de sortir en France, sans qu'il n'y ait eu de diffusion sur M6. Autant dire que la chaîne a renoncé à la série sans même se donner la peine de le dire. Une diffusion sur W9aurait aussi été envisageable. Bon, il va falloir encore trucider la tire-lire, quelle misère.

J'imagine que les audiences ne devaient pas être à la hauteur des espérances, mais quand une série est diffusée en dépit du bon sens, il ne faut pas s'attendre à des miracles: sauf exception on a toujours eu un énorme retard sur la diffusion US (à l'époque d'internet cela ne pardonne pas), les diffusions françaises ont été erratiques, avec parfois plusieurs semaines de latence entre deux épisodes, et évidemment toujours aux alentours de minuit, minimum.

Dévoré ce Week End la saison 4 de Californication, série hors normes sachant toujours à sa manière unique entremêler humour vert ou absurde, émotion irrésistible et la saveur particulière de cette époque de la vie où l’on commence à tirer le bilan. Le grand atout de cette saison demeure certainement la présence beaucoup plus marquée que précédemment de Karen. Les rencontres, oscillant sur tout le spectre de l’émotion, entre elle et Hank forment la véritable ossature de la saison, avec de nombreux passages et dialogues particulièrement forts (également avec Becca, bien entendu). Natascha McElhone confirme quelle magnifique actrice elle est, en parfaite osmose avec un Duchovny toujours aussi parfait. On note de nouvelles poignantes évocations de leur passé New-Yorkais, mais cette fois justement comme un passé révolu. Il faut bien dire que cette saison semble marquer une césure définitive dans le roman mouvementé que constitue l’histoire d’Hank et Karen et que le superbe épisode final aurait pu apporter une parfaite conclusion à la série elle-même. On se réjouit néanmoins qu’il y ait encore un lendemain, avec au moins deux saisons ! On pourrait évidemment se lasser de cette relation fleuve (on approche de Bette/Tina, là), mais la série parvient à se renouveler, par la qualité des comédiens réguliers ou invités, par son humour toujours aussi piquant (carrément destroy par moments, Calif ose tout, vraiment tout !) mais aussi par les fils rouges de chaque saison.

On en trouve ici deux : le judiciaire et le cinéma, que la présence de Karen rend moins omniprésents que l’épopée universitaire de Moody. Chacun apporte son lot de péripéties réussies et de rencontres marquantes. Pas très fan des séries judiciaires, j’ai vivement apprécié que Calif évite le piège de copier leurs rituels immuables. Le scénario ne joue pas vraiment à nous faire peur à propos du verdict, ce qui serait inopérant. Le procès se voit expédié en un unique épisode, et encore sert-il surtout à révéler des moments du passé de Moody. Bien plus intelligemment c’est Hank lui même qui entreprend un long regard dans le rétroviseur, sans concessions. Outre qu’elle nous permet aussi de retrouver, brièvement, Mia (nouvelles superbes scènes avec son Hankie), voire Bill, l’aspect judiciaire nous vaut également la grande rencontre de la saison, avec la belle avocate interprétée de manière brillantissime par la sublime Carla Gugino (quelle actrice !). Une passionnante histoire d’amour pour Hank, avec des dialogues finement ciselés et un final doux amer, mais ultra réaliste. C’est encore meilleur que les rencontres, pourtant excellentes, de la saison précédentes.

L’aspect cinéma apporte un intéressant aspct de méta scénario pour la série (un peu à l’image des saisons tardives de The L Word, en moins accentué), d’autant plus appréciables pour les amateurs des X-Files qu’ils y retrouveront comme un écho d’Hollywood. L’ambiance est souvent à mourir de rire, évoquant avec saveur la dinguerie inhérente à la Fabrique des Rêves. On se régale, avec un Charlie en grande forme et un Rob Lowe totalement en roue libre, à l’enthousiasme d’être là particulièrement communicatif. Là aussi les incidences sur l’axe central du récit, la relation Hank/Karen, se révèlent particulièrement bien amenées. Seul léger bémol, l’intrigue charnelle entre l’infatigable Hank et la jeune actrice devant jouer le rôle de Mia se révèle assez convenue, avec un final relevant presque du Boulevard. La saison parait pour le coup un tantinet déséquilibrée vis-à-vis du versant judiciaire. Néanmoins la jeune Addison Timlin a un vrai talent, en plus d’être, disons le, une bombe atomique assez absolue.

Par ailleurs on retrouve au fil de la saison tout le petit monde de Californication, toujours en pleine forme. Charlie et Marcy continue à dynamiter régulièrement la série, on se régale en permanence. Runkle marque des points sur le tard, on se surprend à y croire encore, à suivre ! Becca reste une observatrice toujours aussi lucide et touchante du désastre que constitue la vie de son père, un personnage très riche. Et puis il y a tous les autres, tous les dingues magnifiques rencontrés au détour de quelques scènes ou sur plusieurs épisodes, situant irrévocablement l’action dans la Cité des Anges, un feu d’artifice permanent. Encore une fois, on ne s’en lasse pas. J’ai aussi beaucoup aimé les décors urbains ou intérieurs, Venice reste un endroit magique, au charme plus affirmé encore que celui de West Hollywood. Et puis toutes ces femmes superbes, attirées par l’inépuisable mojo d’Hankie. Calif demeure une série très verte, mais jamais ordurière. Je ne cesse jamais de m’émerveiller sur la quantité d'éléments que les auteurs parviennent à insérer dans la faible durée de chaque épisode.

Beaucoup aimé Secret Diary, passionnante chronique du Londres d'avant la Crise (version City) et superbe portrait d'une femme étonnante. Billie Piper (la Rose du Docteur) est à la fois charmeuse, cynique, drole, émouvante, mutine... : fabuleusement féminine. Une actrice jusqu'au bout des ongles. Une très belle histoire au long cours avec son ex et désormais meilleur ami, et des seconds rôles en or massif. A voir absolument en Vo !

En fait la Vf est bien réussie, c'est simplement que l'ambiance est tellement londonienne que je trouve que le Français jure un peu. Mais c'est très subjectif !

Oui ce serait une rencontre explosive, mais je crains fort que Belle ne soit définitivement en dehors des moyens d'Hank. Le pauvre a d'ailleurs manqué jadis de se faire tabasser pour ne pas avoir de quoi régler une Dame de la Nuit (ils sont restés amis et se sont revus cette saison).

En fait on voit Mia dans plusieurs épisodes (de mémoire je dirais 3 ou 4), mais à chaque fois brièvement, à l'exception d'un seul où elle a notamment un très beau dialogue avec Hank. En fait Hank risque la prison et vient d'être viré par Karen (qui le bat froid, mais mortel) justement pour avoir couché avec Mia, donc cette fois-ci il s'abstient, tout de même. C'est davantage une relation quasi fille/père qui s'instaure, quoique avec un Complexe d'Electre assez massif. Ce qui n'empèche pas une photo compromettante d'être prise au pire moment pour Hankie...

Rapelle moi de t'apporter le coffret à la prochaine réunion

L'interviewer a raison de souligner la variété et l'excellence de la bande son, une nouvelle fois perceptible lors de cette saison 4. C'est notamment le cas (mais pas seulement) lors de ces génériques de fin, que l'on déguste religieusement jusqu'à la l'ultime seconde. Seul bémol, si ce que jouent Becca et ses copines c'est, comme annoncé, du Metal, moi je m'appelle Charlotte.

C'est exact Surfer Girl m'a vraiment manqué en saison 3 et 4. Ses scènes avec Hank, piquantes et volcaniques, étaient vraiment délectables. C''était particulièrement sympathique de retrouver de loin en loin celle qui reste la parfaite incarnation du rêve californien. Excellent final pour la saison 2. L'actrice Michelle Lombardo poursuit sa carrière par ailleurs mais une scène ou deux par saison ce devrait être jouable. Son absence est un mystère.