Série "Supernatural"

Tout à fait. Les années passent et la programmation française reste toujours aussi performante concernant les séries (cinq épisode d'affilée de NCIS Nouvelle-Orléans au préalable, aucune série ne peut aussi survivre à cela, c'est un assassinat).

Peut-être pas l'auteur le plus remarquable du show mais néanmoins plusieurs belles réussites à son actif à mon avis ( je ne développe pas , pour ne pas spoiler). Pour le season finale de la saison 11 il s'est sorti le plus honorablement possible d'une situation rendu très compliquée par le renouvellement de la série. Par ailleurs il était particulièrement impliqué dans la production depuis belle lurette, de point de vue de l'évolution de la série c'était effectivement son tour, il me semble. Rendez-vous le 13 octobre, pour le pilote de la saison 12, dont il sera l'auteur !

Oui merci au Camarade, j'espère que la déjà excellente saison 1 lui plaira !

Oui un très bon article, qui distingue avec justesse les atouts de SPN, même si l’on pourrait en ajouter quelques autres.

Pour une série fantastique, le show est vraiment peu onéreux, il compte davantage sur le talent de la mise en scène et quelques trucages traditionnels. Les onéreuses images générées par ordinateur demeurent rares (rien d’équivalent avec le récent pilote de saison d Supergirl, par exemple).

La série bénéficie d’un socle remarquablement constant de fidèles, mais relativement limité : SPN n’a jamais connu un succès de masse. Mais elle est diffusée sur une petite chaîne, CW, qui a une stratégie de niches, en l’occurrence le public geek ces dernières années. Même à budget constant, le score de SPN n’aurait pas permis une telle longévité sur un grand network mainstream comme CBS ou ABC.

La série a également su générer une gouvernance originale, avec une rotation régulière de showrunners s’effectuant toujours dans un excellent esprit, ce qui permet de maintenir la flamme éveillée tout en maintenant de fins connaisseurs du show à sa tête.

SPN est aussi singulière par son propos, unifiant folklores anciens, légendes urbaines contemporaines et récits bibliques, son univers 100 % Fantastique, 0 % SF parvient à maintenir une cohérence malgré un fonds culturel particulièrement composite.

Supernatural, ou la série-phœnix. Vu Keep Calm and Carry On (c'est reparti pour les titres bien référencés), le pilote de la S12 de SPN. Après un aussi long parcours, la quête de nouveauté afin de repousser encore et toujours l’usure devient une nécessité cruciale pour n’importe quelle série télé. Après une S10 s’étant égarée sur des chemins d’ornières, la S11 avait su remplir cet objectif avec un fracas particulier, en bouleversant la cosmogonie même de l’univers de Supernatural. Il en allait ainsi de la libération de Lucifer (toujours en cavale), de l’avènement d’Amara la Ténébreuse et surtout des Bros trouvant enfin Dieu au bout de la Route, avec la clefs quelques épisodes d’anthologie. Après une telle surenchère scénaristique, on se demandait véritablement comment Diable les nouveaux showrunners  allaient bien pouvoir rebondir (encore davantage qu’à chaque fin de saison, c’est dire).  

Hé bien l’excellente nouvelle de l’épisode est que, oui, ils ont encore réussi à nous bluffer, à parvenir à relancer l’histoire. Les scénaristes ont un effet eu l’idée géniale de changer le théâtre de la lutte, en faisant succéder à un Big Bang universel, un Big Bang intime, avec la résurrection de Mary comme ultime manifestation de l’omnipotence de la Ténébreuse (John s’excuse, il a des Zombies sur le feu). Outre le retentissement émotionnel auprès de Dean et le l’affirmation réitérée du drama familial comme cœur de la série, cela permet à l’intrigue de recourir au procédé, certes bien connu mais au combien efficace, de revisiter un univers à travers un regard neuf. En effet Mary en est resté au Supernatural première version et la voir découvrir, l’actuelle, avec ses Anges et démons désormais fondus dans le décor, mais aussi et surtout Castiel, constitue un moyen bigrement astucieux de nous faire mesurer le chemin parcouru.

Le tout se voit mené avec cet humour si caractéristique de SPN.  Ce segment touchera davantge les ans que les nouveaux venus, mais je pense que désormais SPN pense davantage à cultiver sagement son jardin, plutôt qu'à se chercher un nouveau public. Fabuleux personnage féminin au sein d’un monde toujours très mâle, Mary ne se contente pas d’observer, elle devient très vite opérationnelle. Elle apporte une vraie bouffée d’oxygène au programme, d’autant plus qu’elle bénéficie une nouvelle fois de la présence toujours aussi radieuse de Samantha Smith. Celle-ci apparaît très à l'aise et établit vite un évident lien de connivence avec Misha Collins. Alors on pourra certes opposer qu’à force de faire ressusciter ses personnages, la série prive leur mort d’enjeu et de résonance. L’argument comprend une part de vérité mais cette situation existe depuis bien longtemps dans SPN, l’épisode ne l’aggrave en rien. Et la menace proférée par la Mort en S12 reste d’actualité (il me semble).

Au niveau de l’opposition, les scénaristes parviennent également à mener à son terme leur mission de renouvellement, en jouant pleinement la carte du grand écart. Après une S12 accumulant les puissances cosmiques et les adversaires et les plus puissants jamais affronté par les Bros, on trouve ici au contraire les plus dépourvus de pouvoirs surnaturels, pour la toute première fois de simples mortels. Finement joué. La branche britannique des Hommes de Lettres évoquera de bon souvenirs aux amateurs de Buffy contre les Vampires, tant elle ressemble trait pour trait au Conseil des Observateurs version Quentin Travers. Le relationnel paternaliste ou dominateur avec les Chasseurs évoque d’ailleurs celui avec les Tueuses mais, une fois de plus, les Winchester ne sont pas Buffy and Co. Il est amusant de constater que là où celle-ci balançait une épée à cinq centimètres de la tête d’un Observateur, ici trente centimètres d'acier se voient promptement insérés dans le Rosbeef. A chaque série son charme particulier.

Les Ladies discourant aimablement avec Sam (à la douce lueur d’un chalumeau) synthétisent admirablement tout ce que les personnages anglais charrient de snobisme, de morgue froide et de duplicité dans les séries US (mais aussi d’indéniable efficacité). Les Bros vont amèrement regretter Bela Talbot et ce sera bien fait pour eux, non mais. On se régale de cette touche britannique, tout en se doutant bien que la réconciliation est au bout, les ennemis de mes ennemis étant mes amis. En effet le gars Lulu (Lucy pour les fans anglophones, mais bon, on est en France, hein) va certainement prestement revenir malgré les efforts déployés par Crowley, dès lors qu’il se sera trouvé un nouveau Vaisseau de chair. Lui et ses rafraîchissantes conceptions concernant le devenir de l’espèce humaine. C’est tellement beau, une Terre redevenue Jardin.

Avec Keep Calm and Carry On, c’est bien un retour triomphal que s’offre SPN. Les qualités de la série répondent pleinement à l’appel et de fort stimulantes perspectives sont déjà ouvertes pour la saison, tandis que les paris entamés dès le Season finale débouchent sur autant de succès. Un parfait pilote de saison, qui mérite absolument son 9,5 actuel sur IMDB. (****)

Je suis très heureux de ce début de saison 2016-2017, tous les lancements de série que j’ai suivi m’ont convaincu. Cela annonce vraiment un bon crû dans le domaine SF/Fantastique. Seul le pilote du Flash m’a semblé manquer un peu de dimension vis-à-vis de son enjeu, l’adaptation de l’un des Comics les plus importants du Bolide Écarlate (Flashpoint Paradox), mais il demeure très distrayant à suivre et la seconde partie promet pas mal.

L'intro de la S12 :