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Série "Le Prisonnier" - The Prisoner

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Message  phildlm Mer 4 Aoû 2010 - 21:57

Moi aussi je me range dans la catégorie de ceux qui préfèrent les épisodes concrets, d'espionnage ou à suspense, aux épisodes psychologiques ou "allégoriques". Donc je n'aime pas "le général", ni "le dénouement" d'ailleurs.

Dearesttara, j'aime évidemment beaucoup tes critiques très poussées et de grande qualité. Je diffère un peu sur l'appréciation de la série. Tu es dans la lignée des fans inconditionnels du "Prisonnier", qu'on reconnaît notamment au fait qu'ils préfèrent les fameux épisodes allégoriques, auxquels ils trouvent toujours des tas d'interprétations auxquelles Mc Goohan lui-même n'avait probablement pas pensé.

Je crois que la série avait avant tout un but de distraction et qu'il ne faut pas y voir exagérément des interprétations philosophiques. Je pense que sur la fin Mc Goohan s'est fourvoyé dans des épisodes sans queue ni tête, mais que ce n'est pas toujours perçu et que plus ça devient carrément c**, plus les inconditionnels trouvent ça génial. Ainsi, "le dénouement", c'est du grand n'importe quoi, je ne suis pas le seul à penser que, très bonne au départ, la série s'est enlisée dans un rapide épuisement des scénaristes et que l'épisode final est du fout*** de gueule.

Hormis ce bémol, encore bravo pour ton travail remarquable. Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 10

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Message  Invité Mer 4 Aoû 2010 - 22:08

Mc Goohan pensait qu'il y aurait une saison 2 et que l'on ne lui couperait pas les vivres.
Sir Lew Grade, ITC et le départ de George Markstein en ont décidé autrement.
La saison 1 devait se terminer par "Le retour" ou "Le carillon de Big Ben" je ne sais plus.

Sans doute furieux de voir son budget supprimé, (les derniers épisodes n'ont pu être filmées à Portmeiron pour des raisons financières), Mc Goohan a sabordé sa belle série avec une fin qui est ce qu'en dépeint Phil DLM.

Les explications allégoriques n'ont souvent été données qu'à postériori de la diffusion du dernier épisode.
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Message  Dearesttara Mer 4 Aoû 2010 - 23:51

Pierre Boulez, compositeur et chef d'orchestre de talent, avait écrit que L'oeuvre dépassait toujours la vision de son créateur. Ce ne serait pas étonnant donc que je trouve une interprétation qui aurait échappé à McGoohan !

Cependant, je pense que l'allégorie est présente dès le départ dans la série et qu'elle n'a pas été ajoutée a posteriori ou pour justifier un manque d'inspiration. Voici pourquoi :

McGoohan voulait au départ une série de sept épisodes seulement : c'étaient L'Arrivée, Le Carillon de Big Ben, Liberté pour tous, Danse de mort, Echec et mat, Il était une fois... et le Dénouement ! (pas dans l'ordre) Et ces cinq derniers épisodes sont très allégoriques ! C'est seulement sous la pression de Lew Grade qu'il a accepté d'en faire au moins 13 (une demi-saison quoi).

Lewis Greifer, scénariste du Général a d'ailleurs bien dit que son scénario était d'abord une critique de l'Education et McGoohan a dit la même chose de son Liberté pour tous : une critique de la politique. Donc je ne cherche pas des interprétations partout ! Ils le disent et l'assument !

Pour en revenir aux sept épisodes prévus initialement : ils ont écrit les esquisses des six premiers cités et ont demandé seulement après aux scénaristes d'écrire le synopsis détaillé. D'ailleurs Liberté pour tous est selon McGoohan, l'épisode devant suivre L'Arrivée (Le Carillon de Big Ben était initialement prévu dans les derniers) or c'est un des épisodes les plus allégoriques de la série ! McGoohan voulait déjà orienter la série vers l'allégorie et George Markstein, comme vous, pensait que cette série ne devait pas dépasser le premier degré et comme vous, il croit que le Dénouement est "du grand-guignol". Le Prisonnier était certes un divertissement mais un divertissement intelligent.

Le fait que Markstein soit parti après le 11e épisode (dans l'ordre de production) est significatif du fait de la direction qu'avait prise la série. On a pas attendu les épisodes "dingos" comme Musique douce ou Le Dénouement pour faire de l'allégorie, y'en a dès les premiers épisodes ! Je pense sincèrement que la série était allégorique dès le départ. D'ailleurs McGoohan a dit qu'il voulait faire quelque chose d'inédit, de nouveau, sur ce point il a réussi !

Quant au Dénouement, il faut avouer qu'il ne savait, en effet, plus comment terminer sa série. Il a donc passé 36h enfermé tout seul et a pondu le scénario final. Mais je pense que le fait qu'il ait cherché aussi longtemps alors qu'il aurait pu faire une fin facile (un Numéro 1 alla Blofeld, une victoire complète de Numéro 6...) montre qu'il voulait justifier le symbolisme de la série par une fin symbolique ou plutôt par une absence de fin. Et en effet la fin du Prisonnier reste ouverte. La fin est une "apothéose psychédélique". La seule fin digne de la série puisqu'une fin "concrète" aurait peut-être satisfait les téléspectateurs mais aurait mal collé avec les doubles lectures incessantes de la série.
Mais il a toujours été clair que ce devait être un épisode appelé Le Dénouement qui devait conclure la série et non Le Carillon (qui n'offre aucune fin) ou Le Retour (qui ne faisait pas partie des épisodes initiaux)

Voila pourquoi le coté allégorique de la série est, d'après moi, présent dès le départ.

Autre point : Ce n'est pas semble-t-il un problème d'argent qui a hâté la fin de la série. Au contraire, une fois les 13 épisodes réglementaires dépassés, McGoohan voulait déjà arrêter la série (je me base sur les témoignages de ceux qui ont participé à la série et de McGoohan himself), pas étonnant qu'il n'y ait que 17 épisodes !

McGoohan précise dans son interview qu'il ne voyait pas son concept tenir au-delà d'une saison de 26 épisodes et ce, dès le début (il disait même que 26, c'était trop !) donc il voyait mal une saison 2 !

Mes critiques n'ont pas la prétention de dire "la vérité" sur la série. Il y a trop d'interprétations possibles (fin géniale et symbolique ou fin confuse et brouillonne). Mais je livre un point de vue, le mien, et je m'appuie sur ce que dit chaque épisode de la série pour l'avancer. A défaut d'être d'accord avec moi sur ce que je pense de la série, j'espère que vous reconnaîtrez que ce que j'avance s'appuie sur des arguments solides et développés, bref que ce que je dis est logique et cohérent.

Si vous refusez cette double lecture (ce que je peux concevoir), il est normal que vous ne puissiez apprécier la fin de la série. Je ne vous en veux pas mais j'espère que vous continuerez à me lire et vous pencherez attentivement sur ce que je dirai du Dénouement.
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Message  claude Jeu 5 Aoû 2010 - 9:25

Concernant la présence de véritables étudiants, il est possible qu'ils ne sachent pas ce qui se déroule autour d'eux. Ils pensent peut-être à un bizutage.
On observe la même chose dans un épisode de CMBC où Tara et son oncle ne peuvent pas sortir d'un hôtel. On a même prétendu que CMBC avait copié le concept.
A vrai dire, cela n'a rien d'étonnant, car les Agents secrets vivent au milieu de leurs contemporains, sans que ces contemporains ne les soupçonnent.
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Message  claude Jeu 5 Aoû 2010 - 9:36

Pour ce qui concerne Le Dénouement, j'y ai vu l'apparition d'un sosie de numéro 6, comme dans l'épisode "Double Personnalité" où il est confronté à son sosie. C'est l'ultime tentative pour perturber n°6. Je rapproche cet épisode n° 17 de l'épisode où n°6 est obligé de revenir chercher son corps. Là j'ai pensé que l'on cherchait à lui suggérer que s'il s'en allait, son corps resterait; mais qu'il ne s'y laissait pas prendre.

Ces points communs sont peut-être la preuve d'une absence de renouvellement; on fait des gammes avec de simples variantes. C'est peut-être le signe que la pression était trop forte pour cette série, et qu'il était temps de remballer tout. PM a dû s'exiler après cela.
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Message  Dearesttara Jeu 5 Aoû 2010 - 12:04

Hypothèse intéressante claude, elle est tout à fait plausible mais je n'y adhère pas (je dis "je n'y adhère pas", je ne dis pas qu'elle est fausse !) pour deux raisons :

La 1re concerne le personnage de Numéro 6 : il a triomphé de son double dans Double personnalité, donc lui refaire le même coup ne serait pas judicieux vu qu'il aurait déjà l'expérience vécue pour triompher également de son nouveau double : il a résisté aux pires pressions (J'ai changé d'avis, Musique douce, Il était une fois...) donc le piéger une dernière fois avec un sosie au lieu d'un nouveau piège ne serait pas judicieux.

La 2e concerne Patrick McGoohan : il a déclaré que tout avait été dit dans la série et que s'il était besoin d'ajouter des "explications" c'est qu'il a manqué son objectif. En fait, ce fut sa plus grande erreur : il a été tellement révolutionnaire, il a tellement appuyé sur le côté allégorique de son oeuvre qu'il a trop demandé aux téléspectateurs de 1967 qui ne pouvaient s'attendre à ça (et même encore aujourd'hui si on ne veut pas voir le côté symbolique de la série). Si toutes les théories circulent sur l'identité de Numéro 1 (y'en a pas, c'est le téléspectateur, c'est un sosie, c'est Dieu, etc.) et qu'elles sont toutes aussi valables les unes que les autres, c'est que la fin de la série laisse toutes les interprétations possibles comme la tienne. Cependant, moi, je préfère m'en tenir à ce que j'en pense : c'est lui-même et donc j'ai été satisfait quand j'ai entendu McGoohan dans son interview rejoindre ce que je pensais : Numéro 1 est Numéro 6 : une manière de dire que nous sommes prisonniers de nous-mêmes, que nous sommes notre pire ennemi (théorie digne de Freud) et que nous ne parviendrons pas à nous débarrasser de notre part d'ombre (Numéro 6 semble s'être échappé mais le plan final le rattrape)

Voilà pourquoi je préfère m'en tenir à cette interprétation et dire que cette fin est certainement une des plus géniales et des plus inspirées qu'on ait pu imaginer (il a passé un jour et demi sur cet épisode non-stop, il a eu le temps de réfléchir !)

En revanche je te remercie de l'interprétation sur la présence des étudiants et des enfants, elle est tout à fait cohérente et là, j'y adhère ! Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 Icon_biggrin
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Message  séribibi Jeu 5 Aoû 2010 - 12:57

La série est superbe dans son intégralité (à part 2 ou 3 épisodes problématiques), mais décidément, ce "Peter Smith" du "Retour" me pose problème en ce sens que rien n'indique aux spectateurs que c'est un leurre...
Le retour (épisode que j'apprécie) est aussi truffé d'autres incohérences, comme dans le trés allégorique dernier épisode (que j'apprécie aussi) : dans l'un comme dans l'autre, le Prisonnier fait le chemin aller ou retour, et est donc parfaîtement à même de localiser le "Village" (quoiqu'en pleine mer en hélico dans "le retour", c'est sûr c'est moins facile), qui ne serait pas forcément situé au milieu de l'océan si l'on en croit le moyen de transport utilisé dans "Le dénouement".
Cet ultime épisode, étant donné ces non-sens, pourrait trés bien se passer dans l'esprit du n°6 et qui, en définitive incapable de fuir ses geoliers et cette prison, trouve cette liberté dans les rêves/l'inconscient...
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Message  Invité Jeu 5 Aoû 2010 - 13:23

Phil DLM a écrit:Moi aussi je me range dans la catégorie de ceux qui préfèrent les épisodes concrets, d'espionnage ou à suspense, aux épisodes psychologiques ou "allégoriques". Donc je n'aime pas "le général", ni "le dénouement" d'ailleurs.
Je pense que sur la fin Mc Goohan s'est fourvoyé dans des épisodes sans queue ni tête, mais que ce n'est pas toujours perçu et que plus ça devient carrément c**, plus les inconditionnels trouvent ça génial. Hormis ce bémol, encore bravo pour ton travail remarquable. Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 10

Idem; c'est pour cela que je préfère les trois premiers. Dès que ça devient ch..., je délaisse. Il ne faut d'ailleurs pas oublier que la série n'avait que 11 épisodes initialement. Je fais partie de ceux qui pensent que Le dénouement est un grand f... de gueule. Je ne l'ai vu qu'une fois et je ne m'y recollerai pas. C'est peut-être pour cela aussi que la série est devenue culte.
Sinon, bravo pour tes longues critiques. Ca va, il n'y a que 17 épisodes, je me vois mal faire pareil avec la centaine d'épisodes des Rues de San Francisco Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 Icon_rolleyes
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Message  claude Jeu 5 Aoû 2010 - 14:11

Dearesttara a écrit:
En revanche je te remercie de l'interprétation sur la présence des étudiants et des enfants, elle est tout à fait cohérente et là, j'y adhère ! Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 Icon_biggrin

C'est clément de ta part. Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 Icon_biggrin
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Message  claude Jeu 5 Aoû 2010 - 14:16

Parce que j'ai besoin de cohérence, j'envisage que la seule chose qui ne soit pas rêvée est le début du 1er épisode jusqu'au gazage.
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Message  Dearesttara Jeu 5 Aoû 2010 - 15:27

Dans ce cas, claude, une question : tu penses que toute la série n'est qu'un rêve dès le moment où il est gazé. Mais alors, quand se réveille-t-il ? Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 Icon_question

Sinon, merci denis mais il y a tellement de choses à dire sur cette série que c'est pour moi normal de faire de longues critiques. J'aimerais bien, quand j'aurai le temps, de faire aussi des fiches pour Dr.House mais là tu te doutes bien qu'elles seront beaucoup moins longues que celles du Prisonnier ! Dr.House est vraiment un pur divertissement (quoique parfois, on a une bonne critique des tares du système américain).

Ne soyez pas déçus quand vous verrez quatre 6 quand je noterai Le Dénouement, je suis bien conscient que ce n'est que mon point de vue.
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Message  Invité Jeu 5 Aoû 2010 - 17:29

denis a écrit:[Sinon, bravo pour tes longues critiques. Ca va, il n'y a que 17 épisodes, je me vois mal faire pareil avec la centaine d'épisodes des Rues de San Francisco Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 Icon_rolleyes [/font][/color]

Euh, Idem avec les séries que j'ai réservées, surtout Hawaii police d'état, mais aussi Daktari et Code Quantum dont le nombre d'épisodes se tiennent (89 pour le médecin des animaux, 96 pour le voyageur temporel).
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Message  Estuaire44 Jeu 5 Aoû 2010 - 17:37

Avec les 156 épisodes de TZ et les 202 de The X-Files (sans compter les films), cela me donne comme une migraine tout ça. Vive The L Word et ses saisons de 12 épisodes !(même 8 !) Razz

En tout cas un grand bravo à Dearesttara pour ses excellentes et complètes fiches d'épisode !

Inutile de préciser que l'on attend avec impatience la critique du N°6 chez les Simpsons.
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Message  Invité Jeu 5 Aoû 2010 - 17:49

Je ne suis pas convaincu que Mc Goohan ait choisi dès le départ de faire une allégorie.
Il a fait des essais pour "le prisonnier" avec deux épisodes couleur saison 4 de "Destination Danger" : Korochi et Shinda Shima.
Portmeiron apparaît dans la saison 1 de "destination danger", et dans la saison 2 ou 3 "La ville fantôme" est une sorte de village fait par les soviétiques "nulle part".
S'il avait voulu faire une allégorie, il aurait changé complètement de personnage. Ici, Numéro six est le frère jumeau de John Drake, création de Ralph Smart dont il ne pouvait utiliser le nom.
Pendant le tournage du "Prisonnier", il a tourné un film d'espionnage "Ice station Zebra", (Zebra station polaire).

Le concept du village n'a pas été inventé par Mc Goohan : pendant la seconde guerre mondiale, des agents secrets, savants et autres personnes de ce genre étaient assignés à résidence dans un endroit inconnu tous ensemble en Grande Bretagne.

Selon moi, Mc Goohan a fait avec l'arrivée un destination danger mâtiné de fantastique avec le rôdeur. Il n'a pas pu ou pas su ensuite continuer dans la même veine et faire une série rationnelle et de suspense fantastique comme "Les envahisseurs".
Je pense la même chose de la fin de la série que Denis.
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Message  Dearesttara Jeu 5 Aoû 2010 - 18:29

Estuaire44 a écrit:Inutile de préciser que l'on attend avec impatience la critique du N°6 chez les Simpsons.

Mais oui, quel idiot ! J'avais oublié que le site inter-pas-net d'Homer était une parodie du Prisonnier ! Faudrait que je le revois maintenant que je connais la série !

Merci de ce rappel Estuaire, je ferai une (brève cette fois !) critique de cet épisode des Simpsons en annexe de mon dossier sur la série, faudrait juste que je trouve un moyen de revoir l'épisode (en VOSTF).

Je ferai aussi une brève allusion à Etrange Hôtel mais comme une critique en existe déjà sur le site je ne mettrai que quelques mots.
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Message  phildlm Jeu 5 Aoû 2010 - 21:53

Dearesttara a écrit:Si toutes les théories circulent sur l'identité de Numéro 1 (y'en a pas, c'est le téléspectateur, c'est un sosie, c'est Dieu, etc.) et qu'elles sont toutes aussi valables les unes que les autres, c'est que la fin de la série laisse toutes les interprétations possibles comme la tienne. Cependant, moi, je préfère m'en tenir à ce que j'en pense : c'est lui-même et donc j'ai été satisfait quand j'ai entendu McGoohan dans son interview rejoindre ce que je pensais : Numéro 1 est Numéro 6 : une manière de dire que nous sommes prisonniers de nous-mêmes, que nous sommes notre pire ennemi (théorie digne de Freud) et que nous ne parviendrons pas à nous débarrasser de notre part d'ombre (Numéro 6 semble s'être échappé mais le plan final le rattrape)
Là, je suis tout à fait d'accord! Tu m'ôtes les mots de la bouche, même. La photo du numéro 6 quand il démasque le numéro 1, mais aussi le dernier plan de l'épisode où l'on voit le chiffre 1 sur la porte d'entrée de la maison de Mc Goohan ne laissent guère de doutes, et j'ai tout de suite pensé que cela voulait dire qu'on n'était prisonnier que de soi-même.

Ce n'est pas ça qui me gêne dans cet épisode, et nous en reparlerons sans doute quand tu écriras ta critique. Ce que je n'aime pas, c'est toute cette grotesque histoire de procès, et surtout cette évasion en autobus qui les mène droit à Londres alors qu'on sait très bien que le Village est situé sur une île, qui plus est éloignée de l'Angleterre.
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Message  Micksteed Dim 8 Aoû 2010 - 19:48

En résumé, un bon scénario, une série courte qui arrive a court d'idée très vite.
Dommage que certains aspects de certains épisodes soit sans logique.
Le générique ? j’adore le mec qui fait le sérieux mais qui n'est pas crédible.
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Message  claude Lun 9 Aoû 2010 - 8:52

Pour ce qui est de la situation du Village, on peut observer que le soleil se couche du côté du port , or le soleil se couche à l'Ouest.
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Message  Sagesse Lun 9 Aoû 2010 - 13:20

http://www.voyagerpratique.com/insolite/Portmeirion/Fantaisie_en_Pays_de_Galles.php

Ce lien nous situe Le Village...

N°6 n'était il donc pas informé... ? Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 Icon_lol
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Message  Invité Lun 9 Aoû 2010 - 13:29

Je pense que tout le monde a entendu parler de Portmeirion au Pays de Galles, donc ce n'est pas une île comme dans le scénario de la série. Nous y sommes allés, avec mon frère, par hasard en 1987. En fait, il connaissait une fille qui travaillait à hôtel du village (à l'époque, il n'y en avait qu'un). Nous sommes arrivés là-bas le soir et le village était désert, pas une âme qui vive et évidement, on a tout de suite reconnu le décor où fut tourné la série. J'étais pas grand fan à l'époque du Prisonnier et Portmeirion ne me disait rien surtout que ce n'était qu'une étape de notre voyage qui nous menait en Irlande puis dans les pays scandinaves. En tout cas, la 'civilisation' la plus proche est à trois kilomètres (Porthmadog) car il n'y a pas de bus ou de moyens de locomotion pour se rendre au village.
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Message  claude Lun 9 Aoû 2010 - 16:22

La civilisation, la civilisation !
Cela me rappelle un film avec Humphrey Bogart qui revenant de terres où la nature s'était montrée hostile, après un long et fatigant périple , s'avise du corps d'un homme pendu à un arbre par le cou et s'adresse à ses compagnons en les conviant à regarder ce qu'il venait d'apercevoir, tout en leur confiant "cette fois-ci, je crois que nous avons enfin rejoint la civilisation" (en substance).
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Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 Empty 7. Le Retour

Message  Dearesttara Dim 29 Aoû 2010 - 3:34

Après trois semaines de pause, difficile de se remettre au travail ! Mais j'y suis arrivé !

Sois content Patricks, j'ai revu l'épisode et je le trouve finalement meilleur que la première fois ! J'ai eu la même chose pour Liberté pour tous

7. Many happy returns – Le Retour : 6 6 6

Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 Lepris29

Numéro 6 se réveille dans un Village entièrement désert ! Tous les habitants ont disparu ! Mettant à profit cette situation inattendue, il construit un radeau et s’échappe de sa prison via la mer. Il tente de regagner Londres mais son voyage sera cependant loin d’être de tout repos ; de plus, une surprise de taille l’attend dans la capitale. Numéro 6 a-t-il définitivement réussi à s’évader du Village ?

Le septième épisode de la série se révèle être assez particulier car d’une étonnante audace : Numéro 6 s’évade du Village… et il reste encore dix épisodes ! Mais évidemment, il n’est pas au bout de ses peines ! On peut scinder cet épisode en deux parties : l’évasion et Londres. Cependant, la série accuse ici un petit coup de fatigue, qui malheureusement se confirmera avec l’épisode suivant. Anthony Skene, après avoir écrit l’excellent scénario d’A. B. et C. rédige son second scénario qui marque en effet une légère baisse d’inspiration : en effet, les quinze premières minutes, sur le papier, ne regorgent pas d’idées recherchées car vu le sujet de la première moitié de l’épisode, son intrigue peut se permettre d’être un peu paresseuse. Il se rattrapera quand même dans la deuxième partie. Précisons qu'Echec et mat mettra heureusement fin à ce (petit) moment de flottement.

Le début cependant est très intrigant : D'abord, a contrario des précédents épisodes, nous ne voyons pas le visage du Numéro 2 au moment du dialogue habituel Numéro 2 – Numéro 6. D’instinct, nous sentons donc qu’on nous réserve une surprise : qui est-il ?
Numéro 6 se réveille un matin mais tout seul, sans la voix claironnante de la radio. Le silence qui règne introduit tout de suite une étrange atmosphère : Numéro 6 remarque que l’eau, l’électricité et le gaz sont coupés. Surpris, il sort au-dehors… pour se retrouver tout seul au milieu du Village ! Pas âme qui vive si ce n’est un chat noir qui le fixe du regard. Numéro 6 visite le Village, du café à la maison de Numéro 2 qui lui aussi est absent. Ambiance malaisée.

Numéro 6, voyant qu’il est seul, sans le Rôdeur à ses trousses, comprend qu’il peut s’échapper. Il entreprend la construction d’un radeau et nous montre combien il est débrouillard : il abat des arbres, construit un sextant de fortune, embarque des provisions, monte une boussole avec des moyens plus que rudimentaires… c’est décidément un personnage hors du commun ! Mais aussi admiratif que nous sommes devant sa performance, il faut reconnaître que la scène n’a pas beaucoup d’idées excepté la dernière : Numéro 6 est sur le point d’embarquer quand il entend un bruit de verre brisé derrière lui ! Suspense… il reste quelqu’un ? Eh non ! Ce n’est que le chat qui vient de briser une tasse (un futur Numéro 6 lui aussi ?)

La lenteur relative de ce début (9 minutes) ne provoque pas d’étincelles particulières et l’ennuyeux, c’est qu’ensuite, profitant de la situation de son héros, Skene peut se permettre de décrire les jours qui passent pendant la traversée de Numéro 6. Certes, cette scène est nécessaire pour décrire la fatigue qui s’abat peu à peu sur notre héros mais il ne s’est rien passé de renversant pendant le premier quart de l’épisode lorsque enfin, arrive le vaisseau des trafiquants d’armes qui ont une curieuse vision de l’hospitalité : ils prennent tout ce qu’il y a sur le radeau et jettent le Numéro 6 à la mer, le croyant endormi ! Là, petit défaut, nous voyons lors de la scène que Numéro 6 ne dort qu’à moitié donc on est rassuré quand on le jette à la mer, nous ne sommes pas inquiets alors que si on avait passé à l’as cette idée, la peur de voir Numéro 6 noyé pendant son sommeil eût été plus marquante mais c’est un défaut mineur heureusement.

Numéro 6 monte sur le bateau à l’insu des propriétaires et par un habile subterfuge prend le contrôle du bateau.

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Enfin presque... les trafiquants se libèrent alors que Numéro 6 s'approche de la côte ! Suspense hitchcockien qui débouche sur un combat rythmé et féroce, un des meilleurs de la série. Finalement, notre héros-surhomme plonge dans l'eau (glacée), nage jusqu'à la terre et s'écroule, vidé de toute énergie !
Ce passage est réussi mais est davantage une démonstration des forces physiques de Numéro 6 qu’une véritable péripétie.
A son réveil, Numéro 6 trouve la force de grimper de hautes falaises en guise de petit-déjeuner, un surhomme décidément ! La rencontre avec les gitans sème un léger doute dans l’esprit du téléspectateur non anglophone : Où est-il en réalité ? Mais comme la série est avant tout anglaise, les anglais ont dû reconnaître sans peine les falaises de Dover donc sont certains que notre héros est bien en Angleterre et rend la scène des gitans dénué de tout suspense et finalement inutile.

Cependant, Numéro 6 craint d’être poursuivi car des agents de police font des contrôles partout où ils se trouvent ! Il saute dans un camion et s’endort comme une masse, beau suspense hélas trop court. Rallongée, la scène eût eu plus de poids.

Numéro 6 saute du camion… et le voilà à… non ce n’est pas le Village, c’est bien Londres ! Il a enfin réussi à s’évader ! Il se rend chez lui, mettant fin aux vingt premières minutes de l’épisode qui ont provoqué plus de fumée que d’étincelles.

La deuxième partie de l’épisode est heureusement plus réussie que la première : Numéro 6 veut rentrer chez lui où une surprise l'attend de pied ferme ! Il fait alors dans la même scène la connaissance d'une dame d'âge mûr, Mrs.Butterworth, qui se révèle gentille et aimable devant un Numéro 6 désorienté et affamé, elle décide de l’aider, de le nourrir, et de l'héberger (émotion chez notre héros qui revoit son chez-lui à peine modifié…) et devisent tranquillement. Moment surprenant de l’épisode car la série mise beaucoup sur la tension omniprésente des scènes et là, c’est un intermède tranquille et agréable auquel nous assistons et qui contribue à faire du Retour, un épisode vraiment « à part ». A noter que Numéro 6 dit s’appeler Peter Smith, est-ce réellement son vrai nom ? Question toujours pas tranchée parmi les fans !

Numéro 6 retourne dans son lieu de travail et nous avons droit à un joli clin d’œil au générique : sur des plans similaires et sur la même musique trépidante de Grainer, il se rend à son travail comme s’il allait à nouveau démissionner !

Numéro 6 est maintenant face à ses supérieurs et leur a raconté ce qui s’est passé. Après l’interlude Mrs.Butterworth, la tension revient dans l’épisode avec la confrontation du héros face à ses ex-supérieurs qui ont du mal à croire son histoire, il est vrai abracadabrantesque ! Touchant de voir notre héros coincé dans une situation aussi surréaliste. Sa discussion animée avec Thorpe et James est quand même un peu courte et on aurait aimé un dialogue plus à fleur de peau.

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Numéro 6 veut retrouver le Village, savoir où il est puis se préparer sans doute à le détruire (comme il l’avait promis au Numéro 2 du Carillon de Big Ben). Son obstination à découvrir le fin mot de l’histoire en dit long sur son caractère entier ! Mais il demande trop, il veut trop et ne se doute pas qu’un complot a été tramé contre lui. Au moment où il croit triompher et atteindre son but, il est la victime de la chute brutale de l’histoire (et quand je dis chute, le mot est bien choisi !) : la fatalité a repris ses droits et la scène finale se révèle un joyau d’ironie concentrée, certainement la fin la plus ironique d’un épisode de la série et qui nous fait conclure qu’on ne peut faire confiance à personne dans ce monde ! La joyeuse salutation de Numéro 2, enfin révélé, apparaît donc terriblement décalée ! A l’entendre, il ne s’est rien passé ! Finalement, nous nous apercevons que Numéro 6 a eu droit pour son anniversaire à un cadeau empoisonné et contrôlé ; et aussi sympathique qu’apparaisse le Numéro 2, sa machination vraiment machiavélique révèle un esprit perversement manipulateur : le délicieux gâteau d’anniversaire qu’il lui offre est un comble de cruauté ! Certainement l’une des fins les plus réussies pour un épisode ! La rage et la déception se lisent clairement sur le plan final mais malgré tout, Numéro 6 ne craque pas et on sent que, malgré sa défaite, il en faudra davantage pour le briser. Bref, c’est sur une nouvelle défaite que se termine cet épisode en demi-teinte.

Le scénario d’Anthony Skene, inférieur au précédent est inégal : paresseux dans la première moitié, il est beaucoup plus travaillé dans la seconde moitié malgré quelques passages inaboutis, cependant la fin est un chef-d’œuvre à elle toute seule.

Pour sa seconde réalisation, McGoohan convainc davantage que dans Liberté pour tous et sa mise en scène en roue libre. Il se montre plus fluide, plus à son aise, aidé par un scénario mieux écrit mais comme Pat Jackson dans A. B. et C. multiplie à l’excès les plans rapprochés. Ainsi, nous n’arrivons pas à apprécier pleinement des vues du Village ou de Londres et la lenteur de sa caméra dessert un peu l’histoire. Mais il réussit les scènes les plus importantes (caméra serrée lors de l’épisode du navire, caméra mouvante dans l’appartement empêchant la scène de faire du surplace, plans alternativement éloignés/rapprochés pour la chute finale…) et donc dans l’ensemble, apporte un plus à l’épisode. Mais McGoohan ne fera la démonstration de tout son talent que dans les derniers épisodes, il a quand même fait des progrès !

Quasiment un one-man-show, les acteurs sont peu importants : Sinden et Cargill n’ont que peu à défendre et sont proches de la simple figuration mais ils jouent bien. Cargill reviendra dans Le Marteau et L’Enclume avec un rôle taillé à la mesure de son immense talent. Evidemment, seule Georgina Cookson parvient à exister dans le rôle de Butterworth. Douce et aimable, elle est un des rares personnages de la série à l’être et sa composition fine et simple est remarquable. McGoohan marque moins que dans les précédents épisodes mais est toujours aussi bon acteur.

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La musique est une grande réussite : une des meilleurs partitions pour un épisode, alternant minimalisme (le Village vide), animation (le bateau), la joie paisible (Londres) sans oublier le remix du générique ! Brillant !



L’épisode a été réalisé par Joseph Serf. Il s’agit en fait d’un pseudonyme utilisé par Patrick McGoohan qui signait là la réalisation de son second épisode après Liberté pour tous ! (Joseph étant son second prénom et Serf, un nom qu’il avait vu sur une feuille… mais Serf désigne en français un esclave au temps du Moyen-âge qui n’avait pas sa liberté ! Coïncidence ?)

Le titre de l’épisode est la dernière réplique prononcée par Numéro 2 à la fin de l’épisode, souhaitant à la fois joyeux anniversaire et bon retour au Village à Numéro 6 !

Numéro 6 dit s’appeler Peter Smith. Est-ce réellement son vrai nom ? Peter Smith est en effet un nom très commun et sert souvent de pseudonyme comme John Doe. Nous n’aurons aucune autre indication sur l’identité de Numéro 6 bien que certains indices (la photo de John Drake dans le générique, l’apparition de Potter de Destination Danger dans l’épisode La Mort en marche) puissent laisser penser qu’il s’agit en fait de John Drake de la série Destination Danger, joué par McGoohan avant Le Prisonnier, ce dont l’acteur s’est cependant toujours défendu… L’identité de Numéro 6 est peut-être vouée à demeurer un mystère… Et Numéro 6 est né un 19 mars, confirmant ce qu’il avait dit dans L’Arrivée.

Numéro 6 habite au N°1 de sa rue… ce point est d’une importance fondamentale car elle anticipe la révélation qu’aura Numéro 6 à la fin du Dénouement. Dans le hall d’entrée, le carrelage est en forme d’échiquier : les échecs sont un élément récurrent de la série et l’épisode Echec et Mat en est la démonstration la plus flagrante.

Numéro 6 a le pied marin, sait conduire un radeau et montre qu’il est d’une force physique impressionnante vu les dangereuses péripéties qu’il traverse sans succomber ; il est capable de ne dormir que 4 heures par jour pendant un mois ! Plus légèrement, il doit 96 unités au tenancier du magasin.

Un des rares épisodes où Numéro 6 n’est pas habillé de son classique costume noir.

Quel est la nationalité des trafiquants d’armes ? Peut-être allemande si on se réfère au Wo bist du ? crié par l’un d’entre eux. Ils ont l’air, en passant, d’apprécier la nourriture du Village !

La Lotus Seven de Numéro 6 a pour numéro KAR 120 C et a comme numéro de moteur 461034TZ

Il y a une double contradiction dans l’épisode : le Village se situait en Lituanie dans Le Carillon de Big Ben mais il se trouve maintenant entre la péninsule ibérique et la côte marocaine ! Où est la vérité ? Nous apprenons en plus que le Village est une presqu’île : elle est entourée par la mer mais curieusement, une route mène vers la civilisation lorsque le Village est vu en plongée dans la scène de l’hélicoptère. Pourquoi Numéro 6 n’est-il pas allé dans cette direction avec son radeau au lieu de se perdre quatre semaines en mer ?! Pire, comment Numéro 2 pouvait-il prévoir que Numéro 6 arriverait sain et sauf à Londres (rien ne supposait qu'il survivrait au voyage) et cel a, la veille de son anniversaire ! Facilité scénaristique sans doute ! Et la scène de détermination de la position du Village se heurte à quelques contradictions, il était impossible pour Numéro 6 de ne pas croiser les côtes espagnoles ou françaises ! En plus, il n'a jamais été victime des marées et des tempêtes ! Quelle chance !

L’homme derrière le bureau lorsque Numéro 6 retourne à son lieu de travail est George Markstein lui-même ! On peut le voir dans le générique dans le même rôle, lorsque Numéro 6 lui remet sa démission.

Le quotidien Tally Ho est distribué à midi. Le titre du journal est What are the facts behind Town Hall ? (Que se passe-t-il à la Mairie ?)

Le magasin a une pancarte sur lequel on lit Music says all (La musique dit tout)

Mrs.Butterworth lance en bon français un amical Bon voyage ! à Numéro 6.

La présence des gitans n’est peut-être pas anodine : Patrick McGoohan avait joué dans un film qui s’appelait Gipsy.

Si on excepte le baragouinage des trafiquants, la première parole n’est prononcée qu’à la 21e minute, quand Numéro 6 questionne le gitan ! Et il faut attendre la domestique et Mrs.Butterworth pour avoir le 1er dialogue de l’épisode qui est donc resté muet pendant tout le premier tiers !




Georgina Cookson (1918) a beaucoup tourné dans des séries entre 1960 et 1975 (Destination Danger, W. Somerset Maugham…) , joua dans le Darling de Schlesinger aux côtés d’Annette Carrell et eut le rôle récurrent de Mrs.Marlowe dans sept épisodes des Contes indiens de Rudyard Kipling. Elle avait déjà joué le rôle d’une invitée de la fête de Mme Engadine dans l’épisode A. B. et C.

Patrick Cargill (1918-1996) est bien connu des fans des Avengers pour avoir joué Mr.Lovejoy dans Cœur à Cœur (saison 4) et Pemberton dans Les Marchands de Peur (saison 5). Immense comédien de théâtre, où il joue dans tous les domaines mais spécialement la comédie (Feydeau en particulier), il est surtout connu pour avoir joué le rôle principal de la sitcom Father, dear Father aux côtés de Sir Donald Sinden en plus de d’autres rôles nombreux sur le petit écran. C’était un excellent ami de Patrick Macnee depuis leur jeunesse et il a sorti quelques disques de chansons. Côté grand écran, on peut le voir en majordome dans La Comtesse de Hong-Kong de Charles Chaplin, bref, c’était un comédien complet. Il reviendra dans la série en jouant un des plus inoubliables Numéro 2 dans Le Marteau et L’Enclume.

Sir Donald Sinden (1923) commence à jouer sur les planches dès 18 ans, jouant dans des pièces pour divertir les soldats pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il passe un contrat de sept ans avec les Studios Pinewood : c’est le début d’une longue carrière au cinéma où il jouera des seconds rôles (dont Mogambo avec Clark Gable, Grace Kelly et Ava Gardner). Il intègre parallèlement la prestigieuse Royal Shakespeare Company dans les années 60, et se donne tout entier au théâtre, sa véritable passion, allant du Roi Lear aux farces contemporaines de Ray Cooney, il continue d’ailleurs à jouer. Il passa aussi un peu de temps à la télévision. Acteur très aimé et anobli, il a donné son nom à un théâtre à Tenterden. Il joue un des rôles principaux de la sitcom Father, dear Father aux côtés de Patrick Cargill.


Be seeing you !

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Dernière édition par Dearesttara le Sam 20 Nov 2010 - 23:07, édité 3 fois
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Message  Nicolas Dim 29 Aoû 2010 - 16:35

1)à propos du message de Claude (9 Aout):dans "Les Implacables" Clark Gable qui vient de traverser une région désertique dit à son frère en voyant un pendu "on approche de la civilsation";mais Bogey l'a peut-etre dit aussi,c'est une jolie formule.
2)je viens d'achever la re-re (etc) diffusion du "Prisonnier",merci Arte.Sur la meme chaine était diffusé quelques jours plus tot un embrouillamini gaucho-tortueux de Godard intitulé "1+1".Je trouve que pour chercher l'esprit libertaire et contestataire des 60's,la série de MacGoohan est beaucoup plus profonde que le préchi-précha de JLG!A revoir le denier épisode "Dénouement" on sent le "Zeitgeist" avec cette parodie de démocratie,ce délire musical,cette violence inattendue sans parler de la fin "ouverte" qui nous montre à mon sens que le Village est partout... affraid
Une vraie leçon de liberté sans bavassages stériles.L'extravagance des 2 derniers épisodes a pu provoquer l'incompréhension à l'époque...
Be seeing you!
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Message  Dearesttara Dim 29 Aoû 2010 - 16:44

Nicolas Bouland a écrit:L'extravagance des 2 derniers épisodes a pu provoquer l'incompréhension à l'époque...
Be seeing you!

Oui, les fans ont tellement été furieux de cette fin hors-normes que le standard de la chaîne a été pris d'assaut dans les secondes qui ont suivi. McGoohan ne pouvait plus sortir dans la rue et a dû s'exiler de l'Angleterre pendant quelques temps. On raconte même que ses propres enfants ont été agressés !

D'accord sur ce que tu dis Nicolas. Je n'ai pas vu One+one mais niveau confusion j'ai vu il y a deux semaines un film qui, je peux le penser, le vaut bien : Pierrot le Fou du même JLG et pour te dire, je sais pas trop quoi en penser, c'est tellement fou, extravagant... Mais ce que j'ai aimé, c'est le petit rôle de Raymond Devos, mon humoriste préféré, un régal ! Very Happy

Maso comme je suis, je vais aller voir un Rohmer ce soir ! Ma nuit chez Maud, il paraît que c'est très intellectuel et je vais le voir à 22h ! Je crois que je garderai le lit ensuite toute la journée... lool

Je m'attaque à Danse de Mort, préparez-vous à une critique assassine ! lol!
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Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 Empty 8. Danse de Mort

Message  Dearesttara Sam 11 Sep 2010 - 22:41

Pardon d'avoir tant tardé mais je n'ai pas eu beaucoup de temps ces derniers jours. Embarassed

Enfin, voilà ma critique du huitième épisode Very Happy :

8. Dance of the Dead – Danse de Mort : 6 6

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Numéro 6 surveillé plus que jamais, des femmes qui tournent autour de lui, un Numéro 2 cachant bien son jeu, une radio abandonnée, un noyé échoué sur la plage, un ancien ami proche de la mort, un médecin un rien trop zélé, une chatte noire qui se promène, une villageoise mystérieuse… Numéro 6 reste sur ses gardes devant cette sarabande d’évènements sans queue ni tête. Il est invité au bal costumé annuel du Village en compagnie des autres habitants. Il ignore qu’il sera le « clou » du spectacle. Dans quel piège veut-on le faire tomber ?

Après le petit contrecoup du Retour, Danse de Mort malheureusement, confirme une inquiétante baisse de forme. Pour son troisième scénario, Anthony Skene manque d’imagination et se perd dans une intrigue qui, bien partie, s’enlise dans la confusion et aboutit à une fin flirtant dangereusement avec le grand-guignol. Il est clair que cet épisode est un des moins réussis de la série.

Pourtant, l’épisode partait sur d’excellentes bases : Dans le traditionnel dialogue Numéro 2-Numéro 6, nous sommes surpris de la voix qui est féminine. Nous avons donc un Numéro 2 féminin et nous sentons que l’épisode va être particulier.

L’épisode commence sur les chapeaux de roues. Le Numéro 40, un docteur pas très net, décide sans l’accord de Numéro 2, de soumettre Numéro 6 à une aliénation mentale via Dutton, un de ses anciens amis reclus dans le Village et mis en état d’hypnose. Mais Numéro 6 se méfie et de ce fait augmente sa torture. La scène devient très éprouvante avec notre héros à la limite du point de rupture… qui sous la douleur s’évanouit. Apparaît Numéro 2, furieuse de l’excès de zèle de son subordonné. Le petit dialogue qui suit nous en apprend beaucoup sur son caractère. Son allure presque garçonne et énergique, véritable féministe avant la lettre, surprend agréablement et son talent est mis en évidence dès son apparition. Il faut dire qu’elle est le principal atout de cet épisode. Sournoise et ironique, le Numéro 2 du jour est tout à fait atypique et va droit au but : elle veut que Numéro 6 parle par lui-même et souhaite même le voir travailler à leurs côtés ! Un adversaire brillant et dont l’autorité naturelle est indéniable malgré sa petite taille et son apparence frêle. Son physique si particulier est également un atout supplémentaire. Elle reste décontractée lorsqu'elle reçoit un coup de fil du Numéro 1, loin de la colère furibonde du Numéro 2 d'Il était une fois ou de la terreur de celui d'A. B. et C. Bref, un Numéro 2 de première classe !

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L’épisode commence alors à se lire en double lecture : lors d’un dialogue mémorable entre Numéro 2 et Numéro 6, elle commence à re-égratigner la politique après la charge de Liberté pour tous : Numéro 2 dit que le Village est une démocratie… dans un sens. Ainsi nous nous apercevrons que les sentences du tribunal sont rendues par le peuple par exemple ou bien, comme l’explique Numéro 2, on respecte le choix de la majorité mais comme nous l’avait montré l’autre épisode, ce n’est qu’une démocratie de façade : l’opposition étant inefficace, on la supprime du Village (et elle le revendique) et on peut sacrifier des habitants qui ne sont pas importants (ce sera le cas de Dutton) mais il faut conserver ceux qui valent cher (Numéro 6) comme le fait notre société inégalitaire… rappelant ainsi combien elle favorise les riches ou les importants au détriment du commun peuple. Les villageois sont tellement soumis qu’on peut leur faire faire n’importe quoi ; ainsi, le crieur public leur ordonnera de s’amuser ! Il y a des ordres pour tout !

Numéro 2 encourage Numéro 6 à choisir une jolie fille pour le carnaval du Village qui va bientôt avoir lieu, et beaucoup sont disponibles. Sans doute une manière de forcer Numéro 6 à s'intégrer au Village. Mais, méfiant au plus haut point, il jette son dévolu sur Numéro 240, une femme « sauvage » et fermée qui refuse de répondre à ses questions, elle finit par s’en aller. Hélas, à la différence de Numéro 2, Numéro 240 apparaît comme un personnage bien transparent. Cette femme froide, inexpressive et vaticinante est quelque peu pénible et son rôle assez étendu va plomber l’épisode. Ce personnage représente certes la soumission totale à l’autorité donc le contraire de Numéro 6 mais il n’empêche que ce personnage pêche par son manque de profondeur et sa réserve exagérée. Toutes les scènes où elle apparaît s’en retrouvent affaiblies.

Numéro 6 enfreint volontairement les règles du Village en gardant un chat noir chez lui (il avait d'ailleurs déjà fait claquer la porte au nez d'un facteur qui voulait qu'il signe de son numéro ! Notre héros reste fidèle à sa devise : Je ne suis pas un Numéro !). Dans la scène suivante, il décide de dormir dehors après qu'il ait fait une tentative d'évasion avortée par le Rôdeur au lieu de rentrer chez lui comme l'attendait Numéro 2 (Une telle abnégation force l’admiration !). Comme dans Le Carillon de Big Ben, par de petites actions en apparence banales, il manifeste sa volonté d’indépendance et de liberté. Si nous-mêmes, victimes de la société, ne pouvons changer l’ordre des choses, nous pouvons désapprouver ce système par des détails anodins mais révélateurs, clamer sa liberté d’être et de faire, tenir en échec ce système en voulant être soi-même et non un numéro parmi d’autres (le refus de Numéro 6 de signer de son numéro).

Malheureusement, l’épisode va commencer à sombrer dans la confusion à partir de ce moment, les scènes se suivant sans trop de logique. Lorsque notre héros se réveille, il aperçoit un cadavre sur la plage (Numéro 34).

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Mais Anthony Skene ne donnera aucune information sur le noyé : suicide, accident, meurtre mis en scène pour que Numéro 6 trouve la radio dans sa poche ? Et qui était-il ? Cela, on en saura rien. Lorsque Numéro 6 rentre chez lui, il trouve son costume de bal prêt : c’est… un simple smoking ressemblant vaguement à l’éternel habit noir qu’il porte ! Numéro 2 a en effet compris que le Numéro 6 est toujours « lui-même ». Ce même Numéro 2 se dispute avec le médecin au sujet de leurs méthodes différentes, discussion qui fait quand même doublon de leur dialogue initial.

La scène de la terrasse semble assez réussie : Numéro 6 écoute la radio trouvée sur le cadavre, un message de liberté et d’invitation à la révolte y est diffusé. Message qui nous frappe d’autant plus que c’est ce que fait chaque jour Numéro 6 : lutter, lutter, parfois dans la douleur jusqu’à la liberté totale, ce message est évidemment aussi destiné au téléspectateur. Nous apprenons cependant que ce texte n’était… qu’une dictée ! L’ironie, marque de fabrique de la série, frappe encore, et le dialogue avec Numéro 2 ne fait que renforcer cette impression.
Malheureusement, cette scène est trop différente et contraste fortement avec la précédente, ce collage apparaît maladroit et dessert la continuité de l’épisode. De plus, Numéro 240 reste désespérément elle-même : terne, ce qui fait que la scène manque finalement son but.

Numéro 6 a un plan : il va rejeter le noyé à la mer en le munissant d’un message et de ses « papiers d’identité » du Village, dans l’espoir que le noyé soit retrouvé avec son appel à l’aide. Ceci fait, il se retourne et se retrouve nez à nez avec Numéro 42 alias… Dutton ! Comment a-t-il fait pour arriver là en quelques secondes sans se faire voir de Numéro 6 ? Erreur de continuité heureusement vite oubliée par le dialogue qui suit et qui rehausse le niveau : Dutton semble hagard, aux limites de la folie ; les méthodes inhumaines du Village ont fait leur œuvre et il semble flotter dans un autre monde. Une sourde angoisse étreint la scène quand il dit qu’il est en sursis et que bientôt il sera mort. En le regardant, on a déjà l’impression qu’il est un mort-vivant et Numéro 6 ne peut rien faire pour lui. La gravité de la scène est particulièrement bien rendue par ce personnage obscur.

Après une bonne première partie et une deuxième partie qui l’est moins, la dernière partie de l’épisode va malheureusement être d’une confusion à la limite du ridicule. La scène du carnaval est d’un désintérêt total excepté la musique dansante, les costumes et les décors d’une beauté à couper le souffle… mais qui cachent mal un scénario de plus en plus emberlificoté. La ritournelle Numéro 6 agaçant Numéro 240 devient lassante et on sent l’essoufflement de l’épisode. Ce qui est confirmé par la scène suivante qui règle en une minute l'affaire du noyé tout en nous faisant rester sur notre faim. Certes la scène fait son effet mais on est surpris des méthodes tarabiscotées du Village qui pouvait faire passer "Numéro 6 mort aux yeux du monde" de manière bien plus simple !

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Retour dans la salle de bal, c’est maintenant l’heure du clou du spectacle : Numéro 6 est accusé d’avoir eu une radio en sa possession et va être jugé pour ce « crime ». La salle de bal devient salle de tribunal ! Numéro 2 va le défendre et Numéro 240 joue l’accusation. Malheureusement, cette scène de procès, qui doit être le sommet de l’épisode, est vraiment ratée. Même si on peut y voir une attaque contre les parodies de procès, qui sont légion dans toute démocratie ou dictature, ce coté parodique est trop mis en avant. Sans aucune subtilité nous assistons à ce faux procès dont les artifices sont tellement visibles que la scène en devient manquée. Le jury costumé, une foule immobile, un Numéro 2 ambigu et une Numéro 240 bien faible dans le rôle de l’accusatrice… on se demande s’il faut le prendre ou non au second degré. Nous sommes complètement perdus au milieu de ce symbolisme lourdaud ici mal assumé oscillant entre ironie et sérieux. Dans la même veine, Le Dénouement, beaucoup plus fou, allégorique, et psychédélique, évitera cet écueil par un suspense et un récit parfaitement maîtrisé ce qui n’est pas le cas ici où le récit est devenu trop bancal pour tenir. En réalité, cette scène tombe dans son propre piège : la scène veut avoir l’impression de sonner faux et se révéler en fait profonde. Mais en fait, elle sonne réellement faux et son second degré possible n’est pas assumé (écueil évité dans les derniers épisodes, beaucoup plus allégoriques pourtant).

Après le procès, Numéro 6 tente de s’enfuir et trouve refuge dans une étrange pièce pour, avec Numéro 2, terminer l’épisode sur une scène absurdement incompréhensible. La fin n’apporte aucune réponse aux mystères de l’épisode et ne nous en suggère aucune. Certes, nous avons compris que tout l’épisode n’était qu’une grande mise en scène mais après ? Quel était le but de Numéro 2, a-t-elle échoué ou non ? Pourquoi lui dit-elle qu’il est mort ? Pas mal d’effets dans cette scène qui, sur le fond, est entièrement vide. Bref, une frustration pour le téléspectateur qui n’a pas le mot de la fin pour cette fois. Anthony Skene avait bien commencé mais il a écrit le scénario de trop…

La mise en scène de Don Chaffey, heureusement sauve les meubles : il met en valeur d’ébouriffants costumes superbement conçus (Norma West est très jolie en bergère et Mary Morris et Duncan Macrae sont sinistres en diable dans leurs costumes de Napoléon et Peter Pan notamment ; mais tous les autres figurants ont de beaux atours) et des décors fastueux. Ses impressionnantes vues d’ensembles tant dans les intérieurs (maison de Numéro 6, mairie…) que les extérieurs (la plage infinie, les plongées) et ses plans rapprochés pour saisir sur le vif les sentiments des personnages aux meilleurs moments, sans parler de la fluidité aisée de sa caméra font que cet épisode bénéficie d’une réalisation brillante, typique du talent de Chaffey, on regrette qu’elle s’applique sur une histoire aussi moyenne.

Patrick McGoohan, pour une fois, en fait peu. Même s’il reste le rôle principal, il n’est pas aussi marquant que dans les épisodes et il manque curieusement de présence alors qu’il est tout le temps à l’écran ! Légère déception donc pour l’acteur qui assure néanmoins le minimum. Du coup Mary Morris lui chipe la vedette sans problème ! Son engagement, son physique si particulier, sa voix aux nuances subtiles, son caractère mystérieux… elle est parfaite et est certainement un des meilleurs Numéro 2 de la série par la fascination continue qu’elle exerce sur le téléspectateur. Duncan Macrae est fantastique dans le rôle du médecin cinglé, adepte des méthodes « directes », il est vraiment stressant et suscite une crispation bienvenue. White est impressionnant en Dutton : son personnage sombrant peu à peu dans la folie irréversible est touchant et captivant même s’il apparaît peu, sa dernière apparition donne le frisson ! Malheureusement Norma West se révèle terriblement décevante ; forcée de jouer un personnage fade, elle est à l’unisson de son rôle : fantomatique et à côté de l’épisode. Elle diminue l’intérêt des scènes où elle apparaît. Son inexpressivité veut être inquiétante mais elle ne fait que provoquer l’irritation par son jeu grotesquement figé (son revirement dans la scène du procès n’est pas du tout crédible). Donc, une prestation médiocre qui ne fait qu’enfoncer un épisode qui l’est déjà… ce qui dénote tout de même une certaine cohérence ! Le personnage reste inachevé, comme la sinistre machine à écrire de la fin dont on ne saura sans doute jamais à quoi elle correspond !

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Les autres seconds rôles, la jolie Denise Buckley en tête sont bien rendus.

La musique est une grande réussite. La musique de carnaval, pastichant les partitions du Baroque, colle très bien à la scène. Sinon, elle est tantôt festive (les préparatifs de la fête) tantôt en tension malaisée (le cadavre, etc.) ; elle remplit largement son contrat.





Curieusement, cet épisode en demi-teinte est un des plus appréciés des fans ! Surtout grâce à Mary Morris et Norma West (Bonus DVD). Bien qu'en 8e position dans l'ordre de diffusion, il semble qu'il aurait plutôt sa place dans les premiers car Numéro 6 n'est là que depuis trois mois, il dit qu'il est "nouveau" et tente encore d'échapper au Rôdeur alors que dans quelques épisodes "précédents", il savait très bien qu'il n'était pas de taille à lutter contre lui ; ici ce n'est pas le cas.

A quoi le titre fait-il référence ? Peut-être au fait que le bal dansant se transforme en un tribunal avec condamnations à mort à la clef. Numéro 6 est donc invité à une "danse" qui est à deux doigts de se réveler mortelle.

Pour des raisons que la raison ignore, Patrick McGoohan détesta le premier montage de l’épisode et insiste pour qu’il soit définitivement remisé. Heureusement, l’éditeur John. S. Smith refit un autre
montage qui reçut l’approbation de McGoohan et qui permit à l’épisode d’être enfin diffusé. (Bonus DVD).

En VO, dans le dialogue habituel Numéro 2-Numéro 6 du générique, Mary Morris (non doublée par Robert Rietty) ne répète qu’une fois le mot « information » au lieu de deux. Erreur de texte ? C’est la première et dernière fois que nous entendrons une voix de femme dans le dialogue.

Nous apprenons plusieurs choses à propos de Numéro 6 : il dort toujours la nuit, donc n’a sans doute jamais fait de missions nocturnes, étrange pour un des meilleurs agents secrets britanniques. Bien qu’il boive très peu d’alcool, il est fin œnologue en déterminant du premier coup l’année d’une coupe, Steed lui aurait-il donné des leçons ? On remarquera qu’il chausse des lunettes dans la dernière partie de l’épisode, ce qui ne se reproduira plus. Enfin, le téléspectateur attentif remarquera que son costume de soirée est le même qu’il utilise pour la soirée chez Mme Engadine dans A. B. et C.

Les Numéro 2 doivent parfois faire face à quelques problèmes d’autorité : après que le Rôdeur ait tué Numéro 12 dans Double personnalité alors qu’il ne lui a pas demandé. Voilà que Numéro 40, le docteur, prend l’initiative de faire parler Numéro 6 par une sinistre pression mentale sans avoir l’aval de sa supérieure… ce qu’elle n’apprécie guère ! Il y a en tout trois Numéro 2 féminins dans la série mais cet épisode est le seul où nous savons que le Numéro 2 est une femme dès le début.

This man has a future with us déclare Numéro 2 au docteur (Cet homme a un avenir avec nous). Numéro 2 voudrait-il que Numéro 6 non seulement livre ses secrets mais en plus finisse par travailler avec eux ? En tout cas, contrairement à sa prédécesseure de Liberté pour tous, elle ne veut pas employer la force, tout comme la plupart de ses confrères d’ailleurs.

La chatte noire est en fait une agente de Numéro 2 ! On ne peut faire confiance à personne, pas même aux animaux…

Quatrième apparition de la Voix et Cinquième apparition du Rôdeur. Confirmant la scène du Carillon de Big Ben où Nadia est ramenée par plusieurs Rôdeurs, il semble qu’il y en ait plusieurs dans le Village. En effet, lorsque Numéro 6 veut suivre Numéro 240, le Rôdeur lui barre le passage quelques secondes puis le laisse passer. Numéro 6 grimpe les marches… et le Rôdeur l’attend de nouveau en haut alors qu’il semble peu probable qu’il ait pu arriver en haut en si peu de temps !

Numéro 240 a-t-elle eu une relation amoureuse avec Numéro 34, le noyé ? En tout cas, elle semble troublée par sa mort. Elle répète à Numéro 6 le dicton du Village vu dans L’Arrivée : A still tongue makes an happy life (traduit par Motus et la vie sera belle)

Dutton avait pour surnom La barbe dans les services secrets.

Personne décidément ne sait qui est Numéro 1 et personne n’a envie de le savoir, à l’instar de Numéro 2 dans Le Carillon de Big Ben. Comme l’atteste le dialogue Numéro 6-Numéro 240 :

- J’attends les instructions
- Du Numéro 1 ?
- Oui
- Qui est-ce ?
- Non !
- Dites-le moi
- C’est tout ce que je sais, tout ce qu’il y a à savoir !







Mary Morris (1915-1988) s’est tournée dans une carrière théâtrale après avoir reçu les cours de la Royal Academy of Dramatic Art et fait ses débuts à 21 ans au Gate Theatre de Londres. Elle a poursuivi son activité jusqu’à sa mort d’une insuffisance cardiaque. Il est à noter qu’elle a joué le rôle d’un garçon gitan dans une adaptation au théâtre de… Peter Pan ! Or, c’est dans la tenue de Peter Pan qu’elle apparaît au bal dans l’épisode. Elle a peu tourné de films mais a joué dans quelques séries de télévision dont Dr. Who ou le feuilleton SF A for Andromeda et sa suite avec Julie Christie. Ce fut une comédienne aimée de son vivant.

Duncan Macrae (1905-1967), écossais de son état fut un comédien de théâtre avant tout et un des plus renommés de son époque. Cela explique qu’il a peu tourné pour les écrans, préférant se consacrer au Citizens Theatre de Glasgow, sa ville natale ou même au music-hall ! Il a cependant tourné dans une « Ealing comedy » : The Kidnappers (1953) ainsi que le rôle de l’inspecteur Mathis dans le Casino Royale parodique de 1967. Il apparut peu à la télévision mais il donne toute la mesure de son talent dans le rôle du machiavélique docteur, alias Numéro 40, dans cet épisode ; ce fut son dernier rôle. On peut le voir dans un épisode de Chapeau Melon : Esprit de corps (saison 3).

Norma West (1943) a surtout fait des apparitions à la télévision britannique mais son rôle le plus connu reste celui de cet épisode. On a pu la voir dans Le Saint, Space 1999, dans le rôle de Wilhelmina Lawson dans l’épisode Témoin muet de la série des Hercule Poirot avec David Suchet ou dans Sherlock Holmes (avec Jérémy Brett).

Aubrey Morris (1926) qui n’a aucun lien de parenté avec Mary, a eu droit à beaucoup de seconds rôles dans des films (une cinquantaine !) et séries des 70’s. Orange Mécanique (Kubrick), Lisztomania (Russell), Guerre et amour (Allen) pour ne citer que ceux-là. On a pu le voir aussi dans bien des séries anglaises et américaines (Destination Danger, Space 1999, Colombo…) et a acquis ainsi une certaine notoriété. Il apparaît dans l’épisode La poussière qui tue (saison 4).

Alan White (1924) n’a que peu tourné devant les écrans, privilégiant le théâtre. Il a tourné dans quelques séries comme Destination Danger, L’Homme à la valise, Dr.Who… Il a renoncé à la TV au milieu des années 70.

Denise Buckley a surtout joué dans des séries anglaises comme Emergency Ward 10, Sanctuary, L’Homme à la valise, Le Saint, Thriller et quelques rôles récurrents dans des feuilletons comme Tycoon ou The Fortunes of Nigel. Sa dernière apparition remonte à 1982. Cette ravissante actrice apparaît dans l’épisode Le Visage (saison 6) où elle joue le rôle de Sally, la femme qui avait embouti la voiture de Steed.


Be seeing you !


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Dernière édition par Dearesttara le Sam 20 Nov 2010 - 23:25, édité 3 fois
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Message  Invité Dim 12 Sep 2010 - 18:56

Passionant, super boulot, merci Dear! Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 Hi
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Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 Empty 9. Echec et mat

Message  Dearesttara Dim 3 Oct 2010 - 12:33

Merci S3 ! Very Happy

9. Checkmate – Echec et mat : 6 6 6

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Au Village se trouve un échiquier géant dont les pièces sont des habitants du Village. Numéro 6 est le pion de la Reine blanche. Au cours de la partie, la Tour blanche se révolte en bougeant de son propre chef ce qui le conduit directement à l’hôpital. Numéro 6, voyant qu’il n’est pas le seul révolté, décide de se mettre avec La Tour à la recherche des autres « résistants » qu’il doit différencier des gardiens. Puis, ils préparent un plan d’évasion malgré un Numéro 2 inquisteur qui conditionne la Reine de manière à la forcer d’espionner Numéro 6. Qui sera échec et mat dans ses projets ?

Echec et mat est un des épisodes les plus appréciés des fans. Sans doute à cause de son double niveau de lecture, très évident, et comme reflet bien plus évident par rapport aux épisodes précédents de la position aujourd’hui de l’individu dans le monde.
Cependant, l’épisode n’est pas exempt de certaines faiblesses mais la force percutante de son message en fait un épisode majeur de la série et qui rehausse l’intérêt du spectateur après le moyen Danse de Mort.

La première scène de l’épisode pourrait être à elle toute seule, un condensé de la série entière : la fameuse partie d’échecs humains, scène devenue culte à tel point qu’elle est souvent rejouée chaque année à Portmeirion. Numéro 6, se promenant dans le Village, arrive à la place centrale qui représente un échiquier géant. Une partie d’échecs va avoir lieu entre deux champions et on demande des volontaires pour jouer les pièces. Numéro 6, sur l’invitation de la « Reine » accepte de devenir son pion mais est peu attentif à la partie et préfère deviser avec elle sur l’éventualité d’une évasion. Il en oublie même de bouger quand on le lui ordonne.
Pendant ce temps, Numéro 2 espionne la partie et déclare que bien que protégé par la Reine, Numéro 6 n’est qu’un pion qui pourra sauter à tout moment. A ce moment-là, la Tour Blanche décide de bouger par elle-même et vient se planter devant le Roi adverse. Cet acte de révolte (on n’agit pas de son propre chef ici déclare la Reine) est immédiatement sanctionné : La Tour est amenée à l’hôpital pour la « réintégrer », la remettre dans le droit chemin. La partie se termine par la victoire des Blancs grâce à la Reine matant le Roi adverse (voir commentaires ci-dessous). Numéro 6, lui, est resté sur l’échiquier. Ensuite vient la discussion, lourde de sens entre Numéro 2 et le joueur vainqueur.

Il y’en a des choses à dire rien que sur ces huit premières minutes, qui constituent certainement la meilleure première scène pour un épisode de la série (avec L’Arrivée) ! L'analyse de ces deux scènes étant particulièrement longue, elle est reportée à la fin de la fiche.

Scène suivante : comme d’habitude, nous avons droit à un petit dialogue tendu Numéro 2-Numéro 6, où le premier dit au deuxième qu'il veut son bonheur et qu’il a tort de vouloir s’échapper car ils ont des moyens persuasifs. A cela, Numéro 6 se borne à répondre avec humour noir et cynisme ce qui amuse son interlocuteur. Il est remarquable que Numéro 2 dise vrai d’une certaine manière : il veut vraiment que Numéro 6 soit heureux dans le Village, on peut lui donner ce qu’il désire… pourvu qu’il ne se révolte pas et qu’il ne pose plus de questions ! C’est en fin de compte, une des armes de la société : la séduction. On vous procure un bonheur artificiel et routinier et en échange, vous la fermez, ce qui est une sorte de critique de la vacuité de la société de consommation. Sans doute une référence à 1984 d’Orwell où vous passez une belle vie en croquant des pilules de bonheur et en demeurant sous la coupe de Big Brother (Le Village évidemment). Se méfier des plaisirs faciles et paresseux, ils cachent généralement quelque chose…

Numéro 6 assiste à la terrifiante expérience de Pavlov pratiquée sur la Tour qui s'est révoltée de son propre chef en jouant de lui-même un coup illégal : déshydraté, il supplie qu’on lui donne à boire, se sert à des fontaines vides ou électriques et finit par être obligé d’attendre le bon vouloir du haut-parleur pour se servir. Cette expérience, déjà décrite ci-dessus (et dont les détails figurent dans les commentaires) est une nouvelle démonstration des méthodes inhumaines du Village. La Tour est réduite à n’être plus qu’un petit humain bien obéissant qui ne peut plus se révolter. Numéro 6 cache mal son dégoût devant l’impassibilité du Numéro 2 et finit par sortir. Cette scène est aussi une des plus dures psychologiquement de la série, surtout que Ronald Radd joue à merveille l’angoisse, le désespoir et l’impuissance dans cette scène.

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Et la méthode semble porter ses fruits : La Tour se méfie de tout le monde et ne veut plus chercher à se révolter mais Numéro 6, en lui parlant très fermement et énergiquement parvient quelque peu à ranimer sa flamme éteinte malgré la défiance de La Tour (qui le prend d’abord, par ses manières, pour un gardien). Scène curieuse car Numéro 6 acquiert une dimension insoupçonnée jusque ici : son allure inquiétante. En effet, il dirige cet échange et par ses brusqueries a un visage peu rassurant surtout devant l’impressionnable Numéro 58 (La Tour). Un côté un peu « négatif » surgit ainsi de sa personnalité. Justement, l’intérêt de cette scène est de montrer le côté plus humain, moins brutal de La Tour, Numéro 6 est presque un méchant dans cette scène mais cela fait si longtemps qu’il rêvait de rencontrer un esprit indépendant comme lui, quelqu’un qui veut s’évader que son excitation est palpable même s’il veut rester stoïque. Cela montre que bien qu’ayant les apparences d’un « surhomme », Numéro 6 n’est pas un personnage absolument irréprochable. D’autant plus que cette scène va être le point de départ du slight misunderstanding de l’épisode.

De sa conversation avec la Tour qui suit, Numéro 6 décide d’interroger alors les habitants du Village en parlant d’une voix autoritaire, de manière à repérer les prisonniers des gardiens. Et en effet, les gardiens réagissent froidement (car ils savent que Numéro 6 est un prisonnier) tandis que les prisonniers se montrent serviles. Intuition, observation, analyse… voilà une belle application des capacités de Numéro 6, qui n’est autre qu’une démonstration de l’utilité de garder son esprit critique, évoqué plus haut par la conversation avec le joueur d’échecs. Tentative couronnée de succès car il parvient à différencier le grain de l’ivraie.

Ici malheureusement, l’épisode accuse un petit coup de faiblesse, d’abord en ce qui concerne le Numéro 2 du jour : Curieusement, alors que nous avions jusque-là affaire à des Numéro 2 attentifs à tout, on peut être surpris de la confiance absolue qu’a ce Numéro 2 envers lui-même. Déjà dans le début, il ne se montrait pas préoccupé des velléités de révolte de Numéro 6. Et là, ici, en voyant le conciliabule suspect que tient Numéro 6 avec les autres prisonniers, n’a pas l’air de s’en émouvoir tout comme il pense que la tour est « matée » grâce au traitement subi. Ce Numéro 2 assez désinvolte détonne beaucoup, on dirait qu’il veut faciliter la tâche de son prisonnier en fermant les yeux sur ce qu’il fait ! Le « méchant » du jour n’est donc pas aussi redoutable qu’il ne devrait l’être ce qui porte un peu préjudice à l’épisode. Il a l’air de tout remettre entre les mains de l’infirmière, qui a l’air beaucoup plus inquiétante que lui. Témoin, l’expérience pratiquée cette fois sur la Reine :

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Elle va jouer inconsciemment le rôle d’un agent double : elle se rapprochera de Numéro 6, cherchera à savoir ce qu’il manigance puis ira transmettre tout ce qu’il lui dira à Numéro 2. Pour ce faire… grâce à une sorte d’hypnotisme, on la fait tomber amoureuse de Numéro 6 ! L’amour comme arme secrète. Cela aurait-il inspiré l’épisode Amour quand tu nous tiens (saison 6 de Chapeau Melon) ?! Prisonnière des sentiments qu’elle lui porte maintenant et du fait qu’elle est « prête à le trahir pour le sauver » fait que l’on peut maintenant craindre pour les plans d’évasion de Numéro 6…

Cette expérience rappelle furieusement celle d’A. B. et C. En effet, on tente une expérience pour la première fois chez l’homme et elle se révèle assez inhumaine : tentative de possession de l’esprit de quelqu’un que ce soit par les rêves ou par la création d’un sentiment amoureux non naturel. Les méthodes du Village sont beaucoup plus sadiques et raffinées que des méthodes plus brutales (comme celle du sinistre docteur de Danse de Mort).

Léger point faible dans le récit : la Reine, maintenant amoureuse de Numéro 6 veut le retrouver tandis que ce dernier, escorté de la Tour, préparent leur plan d’évasion. Le jeu de la course-poursuite est peu intéressant et est surtout là pour faire office de remplissage car son utilité est peu importante sur l’histoire. Il est plus intéressant de voir nos deux compères essayer de trouver des composants électroniques nécessaires à leur plan. Ainsi, cette scène apparaît en demi-teinte. Nous avons droit à la fin à la touchante déclaration de la Reine à son « bien-aimé ».

Cette scène réussit l’exploit d’échapper à la mièvrerie, grâce au jeu impeccable et nuancé de Rosalie Crutchley qui évite le piège de l’eau de rose. Et Numéro 6 de continuer à nous dévoiler sa face sombre : il se montre dur et impitoyable envers la Reine amoureuse, froid et distant (Je ne suis pas en sucre, vos larmes ne me feront pas fondre lui dit-il). On a vraiment pitié de son interlocutrice ! Cet aspect du personnage est renforcé dans la scène suivante : La Reine, en robe de chambre, rend visite à Numéro 6 qui d’abord conciliant avec sa venue imprévue lui parle sèchement au point de la faire pleurer. La scène, d’abord amusante avec la décontraction et la joie d’espérer de la Reine, puis tournant à une fausse scène de ménage avec la dureté de Numéro 6 et la fragilité de la Reine en fait un grand moment de l’épisode. La voir essayer de le séduire sans succès (quand elle ajuste le haut de son peignoir…), de s’agiter en tous sens, de faire de larges et tendres sourires, de se croire aimée, vaut son pesant d’or et est d’autant plus drôle quand on connaît le caractère d’acier de Numéro 6 !

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On voit ainsi comment notre héros n’est pas si irréprochable que ça : son cynisme et sa méfiance le desservent, ce n’est pas quelqu’un de toujours sympathique, même si cela lui évite de tomber dans le piège de Numéro 2. Cette aversion apparente pour les femmes n’est pas totale pourtant : il se montrait courtois envers Numéro 24 dans Double personnalité et nous apprendrons plus tard qu'il est fiancé (voir L’impossible pardon). D’ailleurs, il semble regretter son attitude brusque et s’excuse auprès de la pauvre femme qui retrouve tout de suite sa mine radieuse lorsque Numéro 6 dit qu’il « l’aime bien ». Quand on dit que l’amour est aveugle… La psychologie du personnage, ni blanc ni noir est donc soigneusement travaillée et apporte un plus à la série.

Hélas, la scène suivante va rendre vain toutes ces belles scènes ! En effet, la découverte de l’émetteur rend vain les scènes précédentes : si elle permet à Numéro 6 de marquer un point, elle rend finalement inutiles les dix précédentes minutes ! Pourquoi avoir fait cette intrigue secondaire si c’est pour la résoudre sur une espèce de pirouette ? Le filon n’a pas été exploité jusqu’au bout : il n’y aura nulle trahison de la Reine, nulle surveillance attentive, bref un arrière-goût d’inachevé ! En plus, après cette scène, la Reine, devenue inutile, va disparaître de l’épisode sans que l’on sache ce qui va advenir d’elle et sans avoir finalement pesé sur l’intrigue. Elle n’a pas servi à grand-chose en fait ! Juste donner un faux espoir au téléspectateur. Dans ce cas pourquoi avoir donné une certaine importance au personnage ? Pire, le plan diabolique de l’infirmière comportait donc une belle erreur : il était trop évident qu’il allait échouer car reposant tout entier sur l’émetteur. Trop mince comme couverture ! L’infirmière n’a pas compris que l’amour était un sentiment incontrôlable et qu’on ne peut contrôler une personne qui le ressent. Ce gâchis est là le principal défaut du scénario de Gérald Kelsey et qui empêche l’épisode d’atteindre un niveau de perfection comme il l’avait atteint dans L’Arrivée. Frustrant !

La dernière scène : tout semble prêt, les derniers éléments du plan sont réglés : appel au secours, maîtrise des gardes et d’un Numéro 2 bizarrement souriant et désinvolte et qui, il semble, a une prédiction pour la méditation orientale et le karaté ! Scène étrange dont on se demande à quoi elle sert.
Alors, il semble que Numéro 6 ait gagné : il a dupé ses surveillants et tout le monde va pouvoir s’évader. Mais bien entendu, il y a un problème de dernière minute et c’est dans une chute d’une ironie mordante que se termine l’épisode ! Ironie noire car Numéro 6 ne peut s’en prendre qu’à lui-même puisqu’il est la cause du slight misunderstanding ! Si on peut s’interroger de la solution un peu grosse, il faut l’avouer, c’est une fin digne d’un épisode de la série, avec évidemment une touchante dernière tentative désespérée de notre héros. Mais cette fin n’est pas aussi marquante et convaincante que celle des épisodes précédents donc une légère déception au final mais bon, après le ridicule de Danse de Mort, on peut être indulgent !

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Le scénario de Gérald Kelsey, un des meilleurs de la série, s’est donc révélé excellent, surtout grâce à son fort symbolisme et la puissance de sa double lecture. Dommage qu’il se soit révélé un peu plus faiblard sur la fin.

Pour sa quatrième réalisation, Don Chaffey accomplit comme d’habitude un travail de pro : tout est parfait ! Prises de vue excellentes, caméra efficace lors des dialogues, servant agréablement l’intrigue, une superbe vue de l’échiquier géant, atout précieusement utilisé. La mise en scène se déroule à la même vitesse que l’histoire dans un parfait unisson. Bref, rien à dire. Il est dommage que ce fut la dernière contribution de ce génial metteur en scène pour la série car, pris par d’autres projets, il dut décliner les nouvelles offres de McGoohan. On peut le regretter tellement dès le pilote, par une réalisation serrée et originale, il avait toujours servi l’innovation apportée par la série.

Côté acteurs, on a pas à se plaindre non plus : McGoohan se montre plus glacial, plus tranchant, moins sympathique et ce nouvel éclairage, plus sombre, de son personnage lui sied tout à fait, rappelant parfois le John Drake de Destination Danger qu’il avait incarné auparavant. Une performance propre et nette, l’idéal !
Rosalie Crutchley est tout simplement inoubliable : La Reine trouble du début cédant la place à un rôle difficile de femme amoureuse. Elle évite tous les écueils et le fait de surjouer grâce à un jeu subtil et soigneusement mûri, on voit qu’on à affaire à une vraie actrice ! C’est sans aucun doute un des rôles féminins les plus réussis de la série. Ainsi sa crise de larmes est bien plus convaincante que celle, forcée, de Stéphanie Randall (la domestique) dans L’Arrivée, quelle grande actrice décidemment ! Sa scène dans la maison de Numéro 6 où elle passe de la joie à la tristesse, de l’amour à l’amertume et vice-versa est une véritable leçon de comédie donné par une professionnelle, bravo !
Ronald Radd remplit fort bien son contrat : en jouant un prisonnier oppressé, un peu faible, fragile et doux, il contraste avec la dureté de Numéro 6. C’est finalement lui, le personnage le plus sympathique de l’histoire. Voir sa souffrance dans la scène de l’hôpital ou sa peur éternelle de faire une bêtise tout au long du récit révèle un excellent acteur à l’aise dans son rôle.
La peu recommandable infirmière de Patricia Jessel semble être une sœur de sa prédécesseure de A. B. et C. : glaçante et qu’on adore détester ! Ses méthodes sont terribles, car jouer avec le cœur des gens pour les contrôler est certainement le summum de la cruauté.
Hélas, il faut un peu déchanter à cause de Peter Wyngarde. Il a hérité d’un rôle de Numéro 2 finalement assez anodin et peu intéressant. Sa désinvolture permanente choque presque le spectateur et son efficacité est limitée, ce n’est pas à cause de lui que se produit l’échec final après tout. De plus l’acteur, malgré son grand talent de comédien et son sens de l’humour noir, peine à donner du relief à son personnage. Il ne se force pas trop alors que dans les épisodes de Chapeau Melon ou de Département S , il marquait profondément l’écran de sa présence. Une paille dans le cristal… Pourtant, son air détaché et son autorité naturelle sont perceptibles dans quelques scènes et il est vraiment regrettable qu'un tel acteur ait eu un rôle où il ne pouvait exercer tout son talent.

La musique est plus discrète mais reste efficace, surtout lorsque des violons romantiques accompagnent, dans un décalage hilarant, les scènes entre Numéro 6 et la Reine ! Délicieux !




Aka. The Queen’s pawn (Le pion de la Reine)

Le sixième et ultime épisode du remake de la série s’appelle aussi Checkmate (Echec et mat). Cependant, les deux intrigues n’ont rien à voir l’une avec l’autre.

La Tour porte le Numéro 58. Ce Numéro était celui de la jeune femme étrangère hystérique de Liberté pour tous.

Remarque : la Reine est le Numéro 8, soit le numéro de Nadia dans Le Carillon de Big Ben. Elle prépare du chocolat chaud que semble apprécier Numéro 6 !

Cet épisode, 9e en ordre de diffusion serait peut-être à ranger dans les premiers finalement. Le joueur d’échecs pense dit à Numéro 6 qu’il doit être « nouveau » et il ne le contredit pas. Cependant, cet épisode est la dernière défaite de Numéro 6. Dès l’épisode suivant, il déjouera les plans de tous les Numéro 2. Cet épisode clôt donc une première partie marquée par les défaites et demi-succès de Numéro 6, prélude à une série de victoires jusqu’au Dénouement dont il est difficile de savoir s’il est un triomphe ou une défaite finale du héros. Aussi, il est difficile de savoir s’il est à sa place ou pas puisque Numéro 6 y apprend comment différencier les gardiens des prisonniers.

La partie d’échecs de l’épisode déconcertera tous les amateurs du noble jeu car truffée d’invraisemblances :
Ainsi, lorsque 5 coups ont été joués, 3 coups seulement figurent sur l’échiquier. Ou bien le fameux coup du pion de la dame (joué par Numéro 6) est joué avant le fou noir mais sur l’échiquier, lorsque le pion avance, le fou noir est déjà là ! Ou bien on a droit à une position de début de partie, puis une position de milieu de partie… puis on revient à une position de début !

Malgré ces erreurs, il est possible d’affirmer que la partie disputée est une partie des quatre cavaliers, une ouverture assez pratiquée à tous les niveaux où chaque joueur développe ses cavaliers dès le début, donnant une position au départ symétrique. En fait le nom complet de l’ouverture serait Partie viennoise transposée en partie italienne des quatre cavaliers avec variante d4. Puisque la partie commence par une ouverture dite « viennoise » (déplacement au 2e coup blanc du Cavalier côté Dame) qui devient une partie « italienne » (déplacement des fous côté Roi sur la colonne c) des quatre cavaliers (à cause du déploiement des quatre cavaliers comme son nom l’indique). d4 correspond au mouvement du pion de la Dame situé sur la case d2 en d4.

Bien que ce coup est possible, c’est une faute dans cette position donc surprenant de la part du « champion d’échecs » que le joueur ayant les blancs prétend être ! Mais la réplique suivante, jouée par les Noirs : le repli du Fou en d6, est encore plus ridicule ! En effet, le pion dame est attaqué 3 fois et défendu seulement 2 fois donc les Noirs pourraient gagner ce pion sans contrepartie pour les Blancs et la Reine n’y pourrait rien ! Sa protection est illusoire et comme le dit Numéro 2 : La Reine ne fera rien pour lui ! C’est la vérité ! Mais au lieu de ça, les Noirs jouent un coup stupide qui ferme leur jeu et les étouffe !

Numéro 2 prétend que l’expérience de Pavlov a été pratiquée d’abord sur des rats, Numéro 6 n’est pas d’accord et prétend que c’étaient des chiens. C’est en effet réellement des chiens ! Numéro 2 devrait revoir sa copie.
Cette expérience est pratiquée sur la Tour : il pense qu’il ne peut toucher à la fontaine bleue à cause du choc électrique, mais quand on lui dit qu’il n’y a pas de danger, il le fait et tout se passe bien. En fait, si on conditionne le sujet à voir une corrélation entre un désir avec un stimulus sonore, lorsqu’il entendra désormais ce stimulus, ce dernier déclenchera le désir, c’est le réflexe de Pavlov. La Tour a le désir de boire à la fontaine mais il ne veut pas à cause du choc électrique ; la voix du haut-parleur lui dit qu’il n’y a aucun danger et cela agit comme une catharsis : son désir de boire à la fontaine revient et il le fait. La voix déclenche ce désir et ainsi assujettit le sujet qui vit sous sa dépendance le temps de son conditionnement.

La résistance de Numéro 6 face aux pressions mentales est redoutable : les drogues de A. B. et C. et de Musique douce, la schizophrénie de Double Personnalité, l’aliénation de J’ai changé d’avis, le record étant Il était une fois où il survit à un huis clos oppressant et d’une intensité quasi démente. Son point de rupture est inconnu mais doit être élevé car jamais Numéro 6 n’a craqué devant la pression. On comprend donc sa réplique quand l’infirmière s’interroge sur son Breaking Point !

Numéro 6 est selon l’infirmière « beau garçon » et « viril ».

Les questions ne sont vraiment pas les bienvenues : lorsque Numéro 6 demande d’où vient la Reine, celle-ci biaise en parlant de la partie. Il est remarquable que les prisonniers ont l’air plutôt heureux de leur captivité mais qu’ils s’assombrissent lorsqu’on leur pose des questions.

- Qui est Numéro 1 ?
- On ne pose pas de telles questions.




ANALYSE DES DEUX PREMIERES SCENES :

Il saute aux yeux que cet échiquier géant représente notre monde et que nous sommes tous des pièces du jeu. La vie, l’avenir de notre monde se joue grâce à des décisions soigneusement pesées, d’actions plus ou moins mûrement réfléchies. Mais notre vie aussi se conduit telle une partie du noble jeu : « La vie […] est comme une partie d'échecs. Les premiers coups donnent la direction de la partie, mais tant que la partie n'est pas terminée, il reste de jolis coups à jouer » disait Anna Freud. Et en effet, pour réussir dans la vie comme dans le jeu d’échecs, il est capital de bien se connaître, de savoir ce que l’on veut réellement pour aboutir. Numéro 6 veut défier la société et joue ses « coups » en conséquence : pas de lâcheté, de crainte, de compromis ou de demi-mesures : il veut sa liberté et fera tout pour l’obtenir. Les autres « joueurs » ont choisi, eux, de subir et de ne pas se remettre en question alors que la deuxième chance existe : la Tour en est un excellent exemple : elle se révolte, puis, effrayée, se rétracte mais Numéro 6 l’encouragera à continuer sa voie et à tenter de s’échapper. Tout n’est pas fini pour la Tour : Le Village a cru la vaincre mais la partie pour la liberté n’est pas finie : il reste de jolis coups à jouer et la Tour se range du côté des résistants. Le même raisonnement s’applique pour tous ceux qui rejoindront Numéro 6 (le joueur de la partie compris).

Mais évidemment, ce qui ressort bien entendu de cette scène, c’est l’illustration de ce que disait l’amiral à Numéro 9 à la fin de L’Arrivée ; il lui disait « Nous sommes tous des pions » (We’re all pawns), anticipant tout compte fait cet épisode ! En effet, comment ne pas voir dans cette situation le reflet de ce que nous subissons ? Nous sommes brimés dans nos efforts par une sélection inégalitaire (fait déjà remarqué dans Danse de Mort où certains habitants sont sacrifiés et d’autres, préservés) qui ne daigne d’ailleurs vous récompenser que lorsque vous suivez ses lois (le professeur du Général par exemple) ou que vous acceptez de donner votre âme en travaillant pour elle (les gardiens) mais ces élus-là (les riches dans notre monde) sont rares, la société ne se préoccupe pas du commun (les prisonniers) et encore moins des « inutiles » qui meurent de mort lente comme Dutton qui, définitivement décervelé à la fin de Danse de Mort, n’a plus qu’à attendre la mort : ce sont les pauvres.
Lorsque vous gênez et désobéissez en montrant votre indépendance, vous subissez un traitement de « réadaptation » dont nous avons un aperçu dans cet épisode quand la Tour est soumise à la terrible expérience de Pavlov à l’hôpital. L’épisode J’ai changé d’avis ira encore plus loin dans ce sens.

Oppressés par la société, méprisés par le pouvoir en place (et l’idée d’un Numéro 2 changeant toujours veut bien dire que quelque soit la personne à la tête du pouvoir, le sort du peuple ne s’améliorera pas pour autant), nous sommes autant de pions sur l’échiquier, au service de nos gouvernants. Et Numéro 6 ne l’accepte pas : il veut s’échapper et si c’est impossible pour les pièces de ce jeu, ce ne l’est pas pour lui ; Numéro 6 combat avec les règles du Village pour pouvoir les transgresser correctement (il ne refuse pas de bouger quand on le lui demande mais ne le fait pas tout de suite !). Il refuse d’être un pion, ce que ne veut que voir le Numéro 2 : Ce n’est qu’un pion, il peut sauter à tout moment. Et contrairement à ce qui est dit, la Dame protège mal son pion (voir analyse de la partie dans les commentaires). Cela veut-il dire que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes ? La réponse est difficile : oui, car il dépend de nous et de notre capacité à ne pas se laisser suborner par les autres de rester indépendant ; non car tout seul, on ne va pas loin. D’ailleurs, si individualiste que soit Numéro 6, il a besoin de l’aide de la Tour pour organiser son évasion.

Il ne tient qu’à nous d’obéir docilement comme une pièce d’échecs sans vie que l’on manipule ou se révolter en sortant de l’échiquier (Le Village bien sûr).

Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 Lepris40

Après une première scène aussi forte, il est évident que la tension doit retomber un peu. Ce n’est pas du goût du scénariste Gérald Kelsey qui enchaîne immédiatement sur une superbe conversation entre Numéro 6 et le joueur d’échecs : Ce dernier avoue aimer jouer aux échecs humains car il satisfait ainsi sa soif de pouvoir bien qu’il ne semble pas être dirigeant dans l’âme. Il est lui aussi un prisonnier mais par le jeu d’échecs, il maintient son esprit en éveil et dit que cela sert à « les » défier. Phrase d’une grande importance : le savoir, le plaisir intellectuel comme antidote à l’abêtissement de la population. Le cinéaste Pasolini disait que la culture était une résistance à la distraction. Comprenez, l'oppression. Oui, comment asservir un homme de la façon la plus efficace ? En le rendant stupide, en ne lui offrant que de la sous-culture, en le laissant en jachère, en l’illusionnant. Et Numéro 14, le joueur, qui se dit trop vieux pour s’évader, marque sa résistance face à l’oppresseur en faisant travailler ses méninges : il doit non seulement jouer aux échecs mais aussi reconnaître les blancs des noirs « à leur coopération ». Que veut-il dire ? Qu’il faut reconnaître les gardiens des prisonniers, c’est-à-dire vos amis de vos ennemis. Pour réussir sa vie, il faut avoir besoin des autres mais se méfier de ceux qui veulent vous empêcher d’entreprendre vos desseins. C’est pour cela qu’il faut rester méfiant et ne pas se laisser abuser par sa naïveté : d’où la distance froide que prend Numéro 6 avec la Reine dans la scène qui suit car elle pourrait être une traîtresse. Pour en revenir au savoir, si on l’utilise et le contrôle (à l’opposé du par cœur ânonné du Général), c’est réellement une arme précieuse contre l’asservissement, car elle permet d’être indépendant et de garder un esprit critique toujours en alerte, esprit qui permet à Numéro 6 de distinguer les prisonniers des gardiens.

La série se voulait contre-utopique en proposant ce faux monde heureux qu’est Le Village mais elle se révèle d’anticipation car aujourd’hui, avec la volonté perverse de certains gouvernements irresponsables, la culture est étouffée que ce soit par manque de financement ou mainmise par l’Etat destructeur. L’exemple de Berlusconi aliénant les italiens que ce soit par la possession de l’audiovisuel (programmes débiles et au ras des pâquerettes) ou la réduction des subventions à des institutions comme la Scala de Milan n’est autre qu’une application des méthodes du Village ! Ce qui est confirmé par le « traitement » subi par la Tour, où il est conditionné, modelé, formé, pour ne plus se révolter. Tout est métaphore mais la puissance du message est d’un impact saisissant aux jours d’aujourd’hui.




Peter Wyngarde (1933) est extrêmement connu dans le monde des Avengers car il a joué l’incontournable Cartney dans l’épisode culte Le Club de l’Enfer (saison 4) où il métamorphose Emma Peel en reine du pêché dans une séquence qui ne l’est pas moins. Il a aussi joué dans Caméra meurtre (saison 5) où, en Stewart Kirby, il parodiait Alec Guinness en changeant 11 fois de rôle en 50 minutes ! Mais cet acteur, ayant également joué dans d’autres séries comme Le Saint, Le Baron, Dr. Who… est cependant davantage connu pour avoir joué le rôle de Jason King dans Département S et sa suite éponyme, série qui en influença bien d’autres. Son rôle de Numéro 2 est un de ses plus connus. Bien qu’il soit parfois apparu au cinéma, on a surtout retenu son immense carrière théâtrale (il a joué notemment avec Déborah Kerr et Raymond Burr) et est reconnu comme un comédien magistral. Ambivalent, il a été un peu dans la chanson et est considéré aussi comme un bon écrivain. Le personnage de Jason Wyngarde des X-men est un hommage évident à l’acteur. Une rumeur tenace a dit qu’il était un neveu de Louis Jouvet mais il semble qu’il n’en soit rien.

Ronald Radd (1929-1976) délaissa, malgré ses succès, le théâtre au bout de quelques années pour consacrer les dix ans qui restaient de sa courte vie à la télévision. Il a en effet beaucoup joué dans toutes les séries anglaises de l’époque : Randall et Hopkirk, Destination Danger, Z-cars… Le cinéma ne l’a pas oublié et il joua avec beaucoup de brio dans des films malheureusement oubliés (The Camp on blood island, Kremlin letter de John Huston, The Double man…). Malgré sa petite taille, ce fut un acteur aimé. Il est apparu dans trois épisodes des Avengers : Cade dans Le Point de Mire (saison 2, une prestation magistrale), Quilpie dans Le Retour du Traître (saison 3) et Shaffer dans Mission très… improbable (saison 5).

Rosalie Crutchley (1920-1997) fut une des plus grandes comédiennes de théâtre de son temps, interprète renommée du répertoire classique (Le Roi Lear, Le Conte d’Hiver, Roméo et Juliette…) tout en menant une fructueuse carrière cinématographique : Le Jardinier espagnol, Electra, Quo vadis, La maison du diable, Mahler… sans oublier une mémorable apparition dans Quatre mariages et un enterrement dans le rôle de Mrs. Beaumont au second mariage… elle a aussi beaucoup tourné dans des séries TV (dont le rôle de Catherine Parr dans une série sur les six femmes d’Henri VIII) et le rôle de la « Reine » est un de ses plus fameux. Cette comédienne complète a commencé le théâtre à seulement 12 ans et elle n’a jamais cessé de tourner jusqu’à sa mort.

George Coulouris (1903-1989) étudia à la Central School of Speech and Drama où il eut pour condisciples Peggy Ashcroft et Laurence Olivier. Il commence comme tout aspirant acteur par Shakespeare (Henry V). Sa carrière décolle grâce à sa rencontre avec Orson Welles en jouant dans sa production de Jules César. Le rôle de Thatcher dans Citizen Kane, en 1941 du même Welles (pour lequel il reçoit un prix) le rend célèbre. Il joue ensuite dans plusieurs chefs d’œuvre comme Pour qui sonne le glas avec Gary Cooper, Femme aimée est toujours jolie et Quand le jour viendra avec Bette Davis… et le Jeanne d’Arc (1948) avec Ingrid Bergman. Il retourne en Angleterre en 1950 et continue son excellente carrière cinématographique (plus de 80 films !) dont le Mahler de Russell avec Rosalie Crutchley ou Le Crime de l’Orient Express ou Arabesque ; tout en consacrant plus de son temps au théâtre dont un triomphal Roi Lear sans oublier le répertoire contemporain : August Strindberg, Tennessee Williams… Spécialisé dans des rôles de méchants, il a cependant aussi joué la comédie. On l’a vu dans quelques séries comme Destination Danger, Dr. Who... et entendu dans de nombreux rôles à la radio. Ce fut l’un des plus grands comédiens anglais.

Patricia Jessel (1920-1968) fut une comédienne qui s’est surtout tourné vers le théâtre que ce soit le répertoire classique (Hamlet…) ou contemporain (L’amour des quatre colonels de Peter Ustinov…). Elle a d’ailleurs reçu un prestigieux Tony Award de la meilleure comédienne dans une pièce pour le rôle de Romaine dans une pièce d’Agatha Christie en 1955 : Witness for the prosecution. Elle a aussi joué dans quelques films et téléfilms mais en nombre limité vu sa mort survenue relativement tôt. On a pu la voir dans le rôle de Sally Brass dans la série anglaise The old curiosity shop (elle apparaît dans 7 épisodes). Son rôle dans cet épisode fut son avant-dernier.



Be seeing you !

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Dernière édition par Dearesttara le Lun 22 Nov 2010 - 0:26, édité 3 fois
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Message  phildlm Mar 5 Oct 2010 - 23:18

Cher Dearesttara, tu dois battre ton record en matière d'analyse d'épisode poussée. Analyse passionnante et à laquelle j'adhère globalement, j'aurais d'ailleurs mis moi aussi 3 melons à cet épisode.

Quelques bémols néanmoins: sur le jeu d'échec représentant la société en général, c'est moi aussi l'interprétation qui me paraît juste. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est une dénonciation virulente du fonctionnement de la société avec les dominants qui considèrent les dominés comme des pions sur un jeu d'échec.

Je ne suis pas sûr que c'est ce que Mc Goohan voulait vraiment faire. Mais si c'était bien son intention, cela est probablement exagéré venant de sa part car dans la vie, il fait lui-même partie des dominants et de cette société capitaliste berlusconienne que tu dénonces.

En résumé, s'il s'agissait simplement de distraire le téléspectateur en croquant au passage quelques aspects inquiétants du monde capitaliste, j'adhère complètement. S'il y a réellement un message tel que tu le décris, j'adhère moins car Mc Goohan se montrerait alors un peu démago. A ce que je sache, il a lui-même bien profité de tous les avantages accordés aux dominants au cours de sa vie. A moins qu'il ne fasse comme Danny Wilde dans "le mot de passe": "Le Champagne, le caviar, les hôtels de luxe, c'est une torture. Une torture! Je supporte tout ça uniquement pour notre cause." Laughing
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Message  Dearesttara Mar 5 Oct 2010 - 23:39

Merci de ce que tu dis Phil. En fait, je dois t'avouer que je connais mal l'acteur et la vie qu'il a vécue. Mais comme tu t'en doutes, mon analyse n'engage que ma propre vision et je ne fais que la partager. En fait, je pense sincèrement que je peux oser tant d'hypothèses parce que je pars du principe expliqué par le compositeur et chef d'orchestre Pierre Boulez : L'oeuvre d'art dépasse toujours la vision de son créateur. Cela est terriblement vrai dans le cas de cette série. Pour preuve : McGoohan pensait avoir été clair pour la fin du Dénouement (comme il le dit dans son interview dix années plus tard) et aujourd'hui on a pas moins d'une dizaine d'interprétations sur l'identité du Numéro 1 ! Et on parle encore de cette série visionnaire. Preuve de sa richesse, richesse dont je pense que McGoohan lui-même n'en soupçonnait pas l'étendue.

Pour être sincère, je sais très bien que je donne des interprétations que l'auteur n'avait sans doute pas prévues mais comme c'est une série où toutes les hypothèses sont possibles, je ne me mouille pas trop en réalité. Dans ma volonté d'être le plus complet possible, j'expose toutes les possibilités qui me viennent à l'esprit. Je ne veux pas convertir mes lecteurs à ma vision donc je donne plusieurs clefs que j'estime "possibles".

Je t'avoue que j'ai peur de m'attaquer à l'ultime épisode : Le Dénouement car là, va falloir être très objectif ! Mais tu peux être certain que je mettrai 4 "six" à cet épisode ! Enfin, là, je suis entre Le Marteau et l'Enclume donc pas de souci pour le moment ! Razz

Ca va être un soulagement quand je m'attaquerai au remake, il est plus "clair" mais est très recherché dans son scénario et je pense que sa fin fait presque jeu égal avec l'original mais en plus noire encore !
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Message  Dearesttara Sam 9 Oct 2010 - 13:04

10. Hammer into Anvil – Le Marteau et l’Enclume. 6 6 6 6

Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 Lepris16

Harcelée par le brutal nouveau Numéro 2, une jeune femme, poussée à bout, se suicide sous les yeux de Numéro 6 qui avait entendu ses cris. Numéro 6 jure au Numéro 2 qu’il paiera pour ce crime. Peu après, le Numéro 2 convoque Numéro 6 et lui déclare que tout homme a un point de rupture et qu’il brisera son insolent prisonnier ; lui promettant qu’il sera « le marteau » qui martèlera « l’enclume ». Mais Numéro 6 a un plan et à coups de faux messages secrets et de signaux inquiétants, fait croire au Numéro 2 qu’il est en fait là pour le surveiller lui ! La tension entre les deux ennemis monte graduellement et inexorablement… Comment cela finira-t-il ?


Le Marteau et l’Enclume est un épisode charnière car ouvrant une sorte de deuxième partie de la série.
En effet, les 9 premiers épisodes forment un tout et racontent les premières (mes)aventures de Numéro 6 dans Le Village. Ces épisodes ont la particularité de se terminer ou bien sur un échec (Liberté pour tous, Le Retour…) ou un semi-échec (Le Carillon de Big Ben, Double Personnalité…) du héros (l’exception étant A. B. et C. et Le Général dans une moindre mesure) quand il tente de s’évader ou de réussir un but qu’il s’est fixé au Village. Echec et mat marquait sa dernière défaite mais maintenant, fort de son expérience acquise et des leçons de ses erreurs, il va enchaîner les victoires sur les dirigeants du Village, faisant échouer tous leurs plans, à défaut de pouvoir s’évader pour le moment. Tout commence à basculer à partir de cet épisode au suspense haletant et à la tension sans cesse grandissante. Cette espèce de face-à-face à distance, où Numéro 6 tente de faire tomber le Numéro 2 dans un duel à longue portée n’est pas sans préfigurer le chef d’œuvre absolu que sera le huis-clos infernal d’Il était une fois.

L’introduction est saisissante : une jeune femme (Numéro 73) se trouve à l’hôpital et subit une véritable torture morale de la part d’un Numéro 2 incroyablement sadique qui lui dévoile l’infidélité de son mari (est-ce un mensonge ? On ne le saura pas) et profite de sa faiblesse pour la pousser dans ses retranchements. La jeune femme, poussée à bout, se défenestre. Cette scène est terriblement saisissante : la détresse de la jeune femme faible devant la tyrannie oppressive de Numéro 2 a annoncé la couleur : nous avons affaire à un adversaire d’une méchanceté rare, véritable bourreau, un adversaire à la taille de Numéro 6 ! Cette brève introduction promet beaucoup… et exaucera beaucoup ! Grâce à l’histoire, en tension grandissante, de Roger Woddis.

La scène suivante pose les enjeux de l’histoire d’aujourd’hui : Après que Numéro 6 ait sèchement décliné l’invitation de Numéro 2 (indépendant jusqu’à la moelle des os décidément), il se fait enlever (mais non sans une bonne bagarre) par trois gardes du dirigeant et transporté de force dans la salle de contrôle. Le nouveau Numéro 2, par ses méthodes musclées, détonne par rapport à ses prédécesseurs qui n’ont jamais utilisé la force (sauf celui de Liberté pour tous) et par son sadisme stupéfiant : le dialogue à fleur de peau avec son prisonnier est tout en phrases judicieusement choisies : blessantes et autoritaires. Numéro 6, ironiquement, le défie puis sort de la pièce tandis que Numéro 2 ordonne une vigilance accrue sur son prisonnier qu’il veut espionner dans les moindres détails. Il ignore que cette décision, qui semble lui donner tout pouvoir, va se retourner contre lui. Ou comment le pouvoir, la puissance, peuvent être combattues avec les armes de l’intelligence et de la détermination.

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Numéro 6 ourdit alors un plan machiavélique, digne des plus grands Diabolical Masterminds, qui repose sur le tempérament vindicatif, emporté et méfiant de son agresseur. On pourrait presque l’attribuer à un méchant redoutablement tacticien et le fait qu’il lutte avec des armes très perverses surprend de sa part mais il vient un moment où il faut transgresser les règles posées et dénier toute compassion. Le comportement de Numéro 6, intolérable dans une situation normale, est ici justifié par la situation extrême à laquelle il se trouve, une sorte de légitime défense : ce sera lui ou l’autre car si Numéro 6 se contente de se défendre, il finira par succomber à la pression, aussi fort soit-il. D’ailleurs, sa tactique purement défensive des épisodes précédents n’était pas la bonne puisqu’il a essuyé revers sur revers. Il n’a donc pas d’autre choix que de contre-attaquer et un lien avec l’épisode précédent apparaît alors : aux échecs, une règle d’or est que le camp le plus faible (Numéro 6, seul et sans armes) doit non se défendre mais contre-attaquer pour espérer lutter et ne pas céder contre le camp le plus fort (Numéro 2, omnipotent et entouré d’acolytes et d’hommes de main). Serait-il possible que sa désastreuse expérience échiquéenne l’ait influencé et poussé à adopter cette autre tactique ? En tout cas, les deux épisodes se suivant et marquant une frontière entre deux ères de la série, peuvent laisser penser que c’est le cas bien que cela ne soit qu’une hypothèse…

Toute la stratégie de Numéro 6 repose sur un bluff osé : il va faire croire qu’il est envoyé par ses « maîtres », sous l’habit d’un prisonnier, pour surveiller le Numéro 2. Ce plan serait voué à l’échec si le tempérament du nouveau Numéro 2 était calme et réfléchi (comme le premier de L’Arrivée), car il ne céderait pas à la panique et ne suivrait l’affaire que de loin mais le Numéro 2 aujourd’hui est féroce, irascible et sadique, il est un vrai tyran des temps modernes et donc, par conséquent, est d’une méfiance exagérée, prompt à s’inquiéter sur des détails « suspects » alors qu’ils n’ont pas lieu d’être. L’intelligence de Numéro 6 et la connaissance de la personnalité de son adversaire lui permettent d’échafauder ce plan. Il va faire tomber son ennemi dans une spirale infernale qui tient en haleine le téléspectateur car la tension ne monte que petit à petit mais dans un crescendo sensible et inexorable.

Tout l’épisode est construit sur deux types de scènes : les menaces et la subversion, toutes deux bluffées.

Les menaces : Il écoute plusieurs fois L’Arlésienne de Georges Bizet mais sans s'y attarder plus de quelques secondes mais par la suite, il prétend avoir entendu un message dans un des disques de l’Arlésienne, et ce message émanerait des véritables dirigeants du Village pour qui le Numéro 2 n’est que leur représentant ; D'où l'inquiétude de Numéro 2 !

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Puis Numéro 6 écrit un message secret à "X04", intercepté par Numéro 2 qui dit que ce dernier est instable psychologiquement ce qui pétrifie Numéro 2. (On notera quand même une petite invraisemblance : pourquoi Numéro 2 ne cherche-t-il pas à savoir à qui Numéro 6 a envoyé le message ? Petite facilité scénaristique qui heureusement n’enlève rien au récit.) On notera aussi une fausse bombe à la porte de Numéro 2 et un pigeon voyageur transportant un autre "message". Numéro 2, pour se l'approprier, utilise des canons pour pulvériser le messager ! Un gros canon pour un tout petit pigeon ! La paranoïa à son plus haut point !

Admirons le clin d’œil du scénariste sur « L'Arlésienne » qui désigne un personnage dont on entend toujours parler mais qu’on ne voit jamais. Et si l’Arlésienne désignait le fameux Numéro 1 ?

Puis la subversion : il va isoler Numéro 2 en lui faisant croire que ses serviteurs sont en fait de son côté ! Et effectivement, Numéro 2 va se séparer avec fracas de tous ses alliés, trompé par la stratégie de Numéro 6.

Il renvoie son expert en messages secrets qui ne trouve aucun message dissimulé dans des feuilles blanches cachées par Numéro 6 et qui ne contnaient réellement rien !
Puis le docteur en psychiatrie après que Numéro 6 ait engagé une discussion digne d'Otello : il parle en Iago de l’instabilité de Numéro 2 au docteur qui, comme Cassio, bien sûr, ne comprend rien et lorsque Numéro 2 entend ça, tel Otello, il est dupé et ne veut pas croire les dénégations sincères du docteur et le renvoie durement.
Puis, c'est le chef d’orchestre de la fanfare du Village, après que Numéro 6 lui ait demandé de jouer la farandole de… L’Arlésienne bien sûr !
Puis le superviseur lui-même après que Numéro 6 ait envoyé un message signé d'un villageois mort depuis un mois ! Ensuite, son équipe de traduction de messages secrets après avoir envoyé une comptine enfantine "codée" par signaux qu'ils n'ont pu traduire.
Et enfin, dernier bastion, l'homme de main, Numéro 14 lui-même en "conspirant" avec lui. Oh bien sûr, Numéro 14 cherche bien à se venger pendant une bagarre féroce avec Numéro 6 mais il ne sortira pas par où il est entré dans la maison : il sortira… par la fenêtre, brisant une vitre au passage ! Quand on cherche Numéro 6, on le trouve ! A noter que ce combat excellemment filmé se déroule sur fond d’une calme musique baroque ! Décalage hilarant qui n’est pas sans rappeler la bagarre de Cathy Gale dans L’Homme aux deux ombres sur fond de valse viennoise Straussienne !

Il est réjouissant de voir Numéro 2 cet homme cruel, plein de pouvoir, se débarrasser de tous ses serviteurs en les accusant de traîtrise uniquement sur des on-dit, sur des apparences, sans aucune preuve véritable. Numéro 6 ne peut attaquer qu’en bluffant, par des assauts vides en réalité mais forts à l’extérieur. Et cette accumulation de preuves « apparentes » suffit à faire germer la suspicion et l’inquiétude chez un Numéro 2 trop colérique et méfiant. Une situation qui n’est pas sans rappeler des épisodes comme Affectueusement vôtre où Tara est victime d’une conspiration analogue.

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Toute la violence de cet épisode qui avait explosé par rafales éclate maintenant dans toute sa fureur dans la scène finale. Numéro 6 vient porter, avec sa froideur habituelle, le coup de grâce à son ennemi qui en larmes, semblait serrer contre lui le Grand-Bi exposé dans la salle (le Grand-Bi faisant peut-être référence au Passé dans la salle de contrôle futuriste, il n’est pas interdit d’y voir un symbole d’un Numéro 2 se réfugiant dans son passé, ne voulant pas croire en sa défaite). Numéro 2, éructant, presque fou, hurlant et gémissant à la fois n’est plus que l’ombre de lui-même, dans un état insoutenable de délabrement mental. Numéro 6, jouant le rôle de l’envoyé mécontent du comportement de Numéro 2, ironise sur son « pouvoir » qui n’a pas empêché son isolement final. Anéanti et pitoyable, Numéro 2 doit subir une dernière humiliation mais pas la moindre, il franchit l’ultime marche de la déchéance et se précipite vers son funeste destin. Numéro 6 est vainqueur sur toute la ligne. Une tragédie parfaitement réglée. Le marteau s’est brisé contre l’enclume et la défaite est sans rémission.

Le scénario de Roger Woddis est un des meilleurs jamais écrit pour une série : la façon dont il mène progressivement son histoire en partant d’un Numéro 2 méchant et puissant pour aboutir à une misérable loque humaine frappe par sa puissance dévastatrice et son sens consommé du drame. Il n’est pas anodin que cet épisode soit souvent cité comme un des meilleurs de la série. Surtout qu’il s’agit ici de la plus grande victoire de Numéro 6 dans toute la série : victoire totale et écrasante, sans contestation. Son sens du drame psychologique rend plausible une machination qui aurait été incohérente dans une autre situation. Sa grande imagination lui permet de trouver sans cesse de nouvelles idées pour faire passer Numéro 6 comme une taupe aux yeux de Numéro 2 (CD, pigeon, message secret…) tout en offrant un habile pastiche, presque une parodie, de la manière dont les agents secrets communiquent entre eux. Les différents codes des faux messages de Numéro 6 sont en effet plutôt comiques et tirés par les cheveux et voir le Numéro 2 y accorder de l’importance produit un contraste presque drôle. Sans sa gravité et sa tension, cet épisode aurait presque pu être une comédie ! (Comme Le Grand Blond avec une chaussure noire, qui pourrait être une parodie de cet épisode) Mais seul La Mort en Marche s’affirmera comme une véritable parodie comique des séries d’espionnage. Bref, un épisode d’une maestria qui laisse pantois !

La réalisation de Pat Jackson sert fidèlement le récit : Au plus près de Numéro 2, présent presque à chaque plan, il fait voir l’épisode entièrement du point de vue de ce dernier, renforçant ainsi la pression et nous mettant à la place du dirigeant au lieu de Numéro 6 qui finalement ne joue qu’un rôle secondaire ! Malin de sa part aussi d’alterner rapidement des plans très différents (les scènes de la salle de contrôle) pour dynamiser le récit ou faire de gros plans sur les différents personnages, cernant ainsi toutes leurs émotions car c’est un épisode très expressif, où les réactions et les émotions ont la part du lion. Digne d’Hitchcock, la caméra de Pat Jackson donne une tension fantastique et le plan final, plan d’ensemble très large avec un Numéro 2 seul dans une immense salle vide couronne impeccablement un travail exemplaire.

Nous sommes aussi gâté côté interprétation ! Bien qu’elle disparaisse au bout de deux minutes, Hilary Dwyer parvient à rendre son personnage saisissant et émouvant. Son chagrin, sa lassitude, sa peur, sa terreur horrifiée et sa fin tragique ont le temps de marquer durablement le téléspectateur compatissant tout en brossant via son personnage de martyr, le portrait cruel de Numéro 2.
Basil Hoskins a un rôle plus étendu mais plutôt anodin, davantage un faire-valoir de Numéro 2 mais son orgueil, sa sûreté et son profond dédain font de lui comme un reflet de son diabolique maître, un Numéro 2 en devenir ! Le voir perdre sa morgue dans l’avant-dernière scène et se faire littéralement éjecter de la maison de Numéro 6 est donc une joie pour les fans, ravis de voir son insolent bec cloué.
Patrick McGoohan accomplit ici une de ses prestations les moins marquantes. Le scénario ne lui imposant aucune prouesse à faire, il traverse l’épisode toujours stoïque, déterminé et froid, avec un jeu un peu figé. Il est même clairement en retrait dans cet épisode.
Car pour l’unique fois de la série, le personnage principal est bel et bien le Numéro 2.

Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 16 Lepris19

Patrick Cargill accomplit une performance hors du commun absolument subjuguant ! Il explose de son talent le personnage de Numéro 2 : passant de la confiance, du cynisme et de la férocité puis peu à peu, le voir perdre ses repères avec un jeu tout en nuances qui devient de plus en plus fort jusqu’à l’effondrement final presque insoutenable ! Son personnage glisse peu à peu dans la folie et il porte tout l’épisode sur ses épaules. Tout son entourage, y compris Patrick McGoohan, pâlit devant ce spectacle inouï, ce one-man-show écrasant de force et de génie. Son interprétation en fait un des plus grands Numéro 2 de la série. Certainement son meilleur rôle. L’histoire était écrite pour lui, il s’en empare et en fait un grand opéra dramatique, où tout va crescendo jusqu’au désastre final. La dernière scène où sa folie devient hystérie, colère, larmes ensemble mélés est d’une sauvage beauté en même temps qu’un rare numéro d’acteur à la télévision (écoutez par exemple sa voix qui monte dans le suraigu, glaçant !). Oui, peu sont les acteurs qui peuvent se vanter d’avoir fait une composition aussi incandescente, se payant au passage le luxe de voler la vedette au héros (surtout quand il est incarné par un comédien comme Patrick McGoohan) ! Cet épisode est presque une pièce de théâtre où il aurait le premier rôle ce qui ne pouvait que convenir à Cargill, comédien de théâtre avant tout. Chapeau bas, Mr. Cargill !

La musique repose entièrement sur les premières mesures du prélude de L’Arlésienne. Elle hante tout l’épisode et est jouée à différents instruments et nuances. Son retour périodique, comme un leitmotiv opératique, donne une cohérence à l’épisode et sa couleur tragique permet de soutenir ce drame inexorable.



Le troisième épisode du remake de la série a pour titre Anvil (L’Enclume) mais les deux intrigues sont complètement différentes.

Comme le Numéro 2 l’explique au début, le titre de l’épisode se rapporte à un poème de Goethe. C’est en fait le poème Ein Andres extrait des Gesellige Lieder, recueil du célèbre écrivain. Ici, le Numéro 2 veut bien sûr dire qu’il veut « modeler » le Numéro 6 comme il le veut et qu’il accepte de lui céder.

L’homme de confiance de Numéro 2 est le Numéro 14, soit celui de l’infirmière dans A. B. et C.

Le journal a pour titre Increase Vigilance call from New No. 2 (Appel à une vigilance accrue de la part du nouveau Numéro 2)

Dans le magasin, on peut remarquer deux pancartes sur la musique :
Music makes a quiet mind (La Musique apaise l’esprit) ainsi que
Music begins where words leave off (La Musique commence là où les mots finissent).
Dans cet épisode, ces pancartes prennent une dimension vraiment ironique ! La musique de L’Arlésienne stressera davantage qu’elle calmera l’esprit de Numéro 2 !

Le thème musical principal de l’épisode est la première partie du prélude (Allegro deciso, tempo di marcia) de L’Arlésienne de Georges Bizet (1838-1875). Georges Bizet fut un compositeur français, enfant prodige de la composition. Bien qu’à l’aise dans le répertoire symphonique (il a laissé une joyeuse symphonie en ut majeur de jeunesse, aujourd’hui très populaire dans les programmes de concert), il a préféré se tourner dans les opéras mais eut la malchance de ne subir que revers ou demi-succès au cours de sa courte vie. Son chef d’oeuvre reste bien sûr sa flamboyante Carmen (1874-1875), qui est l’opéra le plus joué dans le monde mais qui fut un échec cinglant à sa création. Atterré et malade, Bizet mourra trois mois plus tard sans goûter au succès phénoménal que rencontra l’œuvre par la suite.

L’Arlésienne est une musique de scène (comprenez une pièce de théâtre dans son intégralité entrecoupée d’interludes instrumentaux et de morceaux chantés), genre musical populaire jusqu’au début du XXe siècle où il tomba en désuétude. Elle fut composée en 1872. Bizet et son ami Ernest Guiraud en tirèrent deux suites pour orchestre (compilation de quelques morceaux purement instrumentaux ou arrangés comme tel).
Le thème du prélude de la 1re suite (tiré d’une chanson populaire : La Marche des Rois) est une des pièces les plus connues de Bizet et revient comme un leitmotiv tout au long de l’épisode. En mineur, il préfigure la sombre histoire de la pièce de Daudet où un jeune homme naïf, Frederi, tombe amoureux d’une belle arlésienne (qu’on ne voit jamais), fille aux mœurs légères et perverses. Désemparé par son échec sentimental, Frederi finira par se jeter d’une fenêtre. Les dernières mesures de la première partie du prélude sont entendues quand Numéro 2 écoute le disque.

La farandole, concluant brillamment, dans un tourbillon frénétique, la 2e suite d’orchestre, est l’autre pièce connue de cette œuvre. Elle est brièvement jouée par l’orchestre du Village à la demande de Numéro 6. A la fin de la farandole, le thème du prélude se superpose au thème principal, véritable tour de force contrapuntique (art de la superposition de mélodies) de la part du compositeur.

Il n’existe aucun chef d’orchestre connu du nom de Davier !

Parmi les disques disponibles chez le vendeur, on trouve un disque consacré à Schönberg et Berg, deux disques d’artistes classiques : la soprano Kirsten Flagstad et la pianiste Annie Fischer, Le songe d’une Nuit d’Eté de Mendelssohn (encore une musique de scène !), l’opéra de Virgil Thomson 4 saints en 3 actes.

Numéro 6 veut écouter les 6 disques… mais n’en écoute que 3 finalement !

Le journal coûte 2 unités et une horloge à coucou 42 unités.




Patrick Cargill (1918-1996) est bien connu des fans des Avengers pour avoir joué Mr.Lovejoy dans Cœur à Cœur (saison 4) et Pemberton dans Les Marchands de Peur (saison 5). Immense comédien de théâtre, où il joue dans tous les domaines mais spécialement la comédie (Feydeau en particulier), il est surtout connu pour avoir joué le rôle principal de la sitcom Father, dear Father en plus d’autres rôles nombreux sur le petit écran. C’était un excellent ami de Patrick Macnee depuis leur jeunesse et il a aussi sorti quelques disques de chansons. Côté grand écran, on peut le voir en majordome dans La Comtesse de Hong-Kong de Charles Chaplin, bref, c’était un comédien complet ! Il avait déjà joué dans la série le rôle de l’ambigu Thorpe dans Le Retour.

Basil Hoskins (1929-2005) étudia comme tant d’autres à la prestigieuse Royal Academy of Dramatic Art avant de devenir un comédien récurrent des grands théâtres de Londres, partageant l’affiche avec Katharine Hepburn ou Laurence Olivier. Il a également eu une belle carrière au cinéma, partenaire de Vivien Leigh (Duel of Angels), Alec Guinness (Ross), Lauren Bacall (Applause), etc. Et compte une vingtaine d’apparitions dans des séries anglaises comme Sergeant Cork, Emergency Ward 10, Les Professionnels, Le Retour de Sherlock Holmes etc. Ce fut un comédien très apprécié de son vivant. Il a joué dans deux épisodes de Chapeau Melon : Le Retour du Traître (saison 3) où il incarnait le major Zulficar et Le Dernier des Cybernautes ??? (saison 7) où il était le professeur Mason.

Hillary Heath (ici créditée sous son nom de jeune fille : Hillary Dwyer) (1945) est une comédienne et productrice de films. Elle a d’abord joué dans plusieurs films d’horreur de la fin des années 60 (dont The Cry of the Banshee avec Vincent Price) ainsi que dans une adaptation (signée Robert Fuest) des Hauts de Hurlevent . Elle arrêta néanmoins rapidement le cinéma pour se consacrer à la télévision où elle joua dans plusieurs séries (dont Space : 1999 mais aussi le rôle récurrent de Jennifer Caldwell dans 12 épisodes de la série Hadleigh) mais elle cessa également très vite sa carrière dans ce domaine pour se consacrer au théâtre puis, plus tard, à une carrière de productrice (elle produisit le remake télé de Rebecca). Elle fait une brève apparition (non créditée) dans Le Village de la Mort (saison 5).



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Dernière édition par Dearesttara le Dim 21 Nov 2010 - 1:40, édité 4 fois
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Message  phildlm Dim 10 Oct 2010 - 23:27

Dearesttara a écrit:
Numéro 6 ourdit alors un plan machiavélique, digne des plus grands Diabolical Masterminds, qui repose sur le tempérament vindicatif, emporté et méfiant de son agresseur. On pourrait presque l’attribuer à un méchant redoutablement tacticien et le fait qu’il lutte avec des armes très perverses surprend de sa part mais il vient un moment où il faut transgresser les règles posées et dénier toute compassion. Le comportement de Numéro 6, intolérable dans une situation normale, est ici justifié par la situation extrême à laquelle il se trouve, une sorte de légitime défense : ce sera lui ou l’autre car si Numéro 6 se contente de se défendre, il finira par succomber à la pression, aussi fort soit-il. D’ailleurs, sa tactique purement défensive des épisodes précédents n’était pas la bonne puisqu’il a essuyé revers sur revers. Il n’a donc pas d’autre choix que de contre-attaquer et un lien avec l’épisode précédent apparaît alors : aux échecs, une règle d’or est que le camp le plus faible (Numéro 6, seul et sans armes) doit non se défendre mais contre-attaquer pour espérer lutter et ne pas céder contre le camp le plus fort (Numéro 2, omnipotent et entouré d’acolytes et d’hommes de main).
Voilà une très brillante analyse, qu'on peut tout à fait transposer à la réalité et à l'époque actuelle. Face à des méchants trop méchants, il faut trangresser les règles posées et dénier toute compassion, dis-tu? Je suis tout à fait d'accord! Des méchants bien pires que le numéro 2 de cet épisode, on en trouve hélas! dans la "vraie" vie, des sadiques, des tueurs, des assassins en série, ça existe et notre époque les traite selon la tactique du prisonnier des 8 premiers épisodes, par action purement défensive. Le prisonnier essuie échecs sur échecs et finit par comprendre que sa tactique n'est pas la bonne et qu'il doit contre-attaquer, quitte à employer les méthodes discutables de ses ennemis. La pensée unique dominante fait que la société actuelle en est encore dans les 8 premiers épisodes, malgré une succession d'échecs cuisants engendrant des drames qui étaient évitables (assassinats d'innocents par des sauvages remis en liberté par des juges inconséquents). Dans ces conditions, quelques rebelles comme Denis ou moi-même nous proposons de réveiller la société en la faisant passer dans la tactique des épisodes 9 et suivants: la contre-attaque s'impose après tous ces échecs lamentables, ceux qui ont échoué doivent partir et laisser la place à ceux qui traiteront les vrais méchants avec le seul langage qu'ils comprennent.

L'absence de compassion pour le numéro 2 est étrange. Selon les standards en vigueur, ne devrait-on pas le plaindre, chercher s'il ne serait pas la victime d'une enfance malheureuse ou de fréquentations déplorables? Ne devrait-on pas avant tout essayer de le rééduquer?...

Eh! Oui, Dearesttara, le camp le plus faible, celui des victimes, doit contre-attaquer pour contrer la toute-puissance du camp des plus forts, celui des tueurs et détraqués en tous genres qui n'ont aucune pitié pour la vie humaine. Je suis ravi que tu t'en rendes compte dans une série et souhaite que tu finisses par te rallier à cette opinion réaliste concernant la "vraie vie" ce qui, je n'en doute pas, finira par arriver...

A part ça, je suis tout à fait d'accord sur la qualité exceptionnelle de cet épisode, un de mes préférés de la série.

"Sans sa gravité et sa tension, cet épisode aurait presque pu être une comédie"; en effet, et c'est ce qu'a dû penser Yves Robert en concoctant le 1er "Grand blond", qu'on peut considérer comme un remake comique de cet épisode puisque tout le comique du film est basé sur la croyance de Bernard Blier, équivalent du numéro 2, et persuadé que Pierre Richard est un super agent secret. A partir de là, tous les faits les plus anodins de ce dernier (mais pourquoi ne va-t-il pas chez le dentiste?...) sont décortiqués par Blier et son armada d'agents secrets. Blier construit ainsi lui-même le piège qui le détruira et le tuera.


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