Série ''Castle''
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Re: Série ''Castle''
TorriGilly- Duc(hesse)
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Re: Série ''Castle''
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Série ''Castle''
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Scénario : Adam Frost
Réalisation : Hanelle Culpepper
Résumé
Pendant que Beckett enquête sur la mort d’une star de telenovelas, Castle recherche un sac à main d’une autre star de la même telenovelas.
Critique
Après le côté amusant de l’épisode précédent, il fallait faire vivre ce concept de « Castle détective » tout en restant dans le concept de base de la série soit les enquêtes de Castle et Beckett. La solution trouvée ici est à la fois pratique, réaliste et amusante. Notons cependant que le scénariste a conscience du terrain miné sur lequel il s’avance : la première scène post-crime voit Beckett et Martha parler avec un peu de scepticisme de cette carrière de détective.
La série avait eu l’occasion de se moquer des soaps (3- 18) ; elle s’attaque ici aux telenovelas, ces productions sud-américaines outrées de partout mais, en faisant d’Esposito, un fan inconditionnel, le scénario évite la descente en flammes et s’en moque à travers quelques « scènes » lorsque les policiers viennent aux studios. Mais la telenovelas fournit surtout le cadre car l’essentiel est ailleurs.
Il est amusant de voir Castle faire du travail de terrain, lui qui n’en faisait jamais avec la police ! Tout comme de voir Ryan continuer à le singer ; ce qui lui vaut une remarque acide de Perlmutter. On pouvait avoir des doutes sur le sérieux de Castle en tant que détective et la remarque du voiturier à l’opéra est aussi à écouter avec attention, mais notre écrivain semble vraiment vouloir s’engager dans cette voie. Quand il fait son rapport à Sofia (des échanges savoureux avec Daya Vaidya qui est géniale en actrice de telenovelas en surjouant ce qu’il faut), Nathan Fillion montre un Castle impliqué, loin du personnage léger qu’il fut parfois. Et c’est grâce à lui que l’enquête est résolue. Castle Investigation est sur de bons rails !
Informations supplémentaires :
Daya Vaidya/Sofia Del Cordova : actrice népalaise, vue à la télévision dans Hyperion Bay (1999), NCIS (2005), Unforgettable (2011-2012), Harry Bosch (2016-2020), Hôpital Central (2017)
Absence de Molly C. Quinn, Tamala Jones et Penny Johnson Jerald
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Série ''Castle''
Scénario : Amanda Johns et Terence Paul Winter
Réalisation : Thomas J. Wright
Résumé
Éva Whitfield, une ancienne amie de Castle, le contacte pour qu’il enquête sur son mari, Cole, qu’elle soupçonne de la tromper. Mais quand Castle vient lui apporter ce qu’il a trouvé, il voit le corps ensanglanté d’Eva emmené par un tueur !
Critique
Quand un épisode de Castle s’ouvre sur le visage de Nathan Fillion, c’est le signe que cet épisode le mettra au centre de l’intrigue. Pleine réussite avec cet opus qui lorgne sur Hitchcock pour concocter une véritable matriochka criminelle.
Le scénario multiplie les rebondissements et cela dès la séquence pré-générique puisque l’affaire confiée par Éva, qu’on pouvait croire le sujet principal, est conclue avant même que le générique ne retentisse : 9 minutes environ ! Castle semble trouver la solution en faisant référence au « maître du suspense » mais sa théorie explose dans la minute suivante ! Pourtant, la conviction que tout est trop net ne cessera de hanter l’écrivain-enquêteur et aboutira à la vérité. On est par contre moins surpris par la présence d’une maîtresse, d’un fait mystérieux dans le passé du mari, par le fait que rien ne semble corroborer les déclarations de Castle ni même la poursuite sans réseau au bout de laquelle le héros se fait simplement assommer.
Cette fois, Thomas J. Wight a du travail devant lui (contrairement à 6-21) et concocte une mise en scène des plus intéressantes. Le réalisateur affectionne les scènes nocturnes et, cette fois encore, ouvre l’épisode par l’une d’elle. Cet éclairage bleuté mystérieux contraste violemment avec la lumière grise sinistre dans la maison des Whitfield. Aucune faute dans la photographie. Le rythme est constant et Nathan Fillion très bien mis en valeur. Beaucoup de plans sur son visage pour que l’acteur puisse montrer toute la gamme des émotions traversée par son personnage.
Informations supplémentaires :
Brianna Brown/Éva Whitfield : actrice américaine, vue à la télévision dans Freaks & Geeks (1999-2000), Les Experts : Miami (2003), Monk (2006), Esprits criminels (2009), Hôpital Central (2010-2015), Homeland (2011), True Blood (2012), Devious Maids (2013-2015), NCIS : Nouvelle-Orléans (2016), Dynastie (2017-2018) et au cinéma dans En cloque, mode d’emploi (2007)
Ivan Serguei/Cole Whitfield : acteur américain, vu à la télévision dans La vie à cinq (1996), Les repentis (1996-1998), Jack & Jill (1999-2001), Preuve à l’appui (2003-2004), Charmed (2005-2006), Les Experts : Miami (2008), Mentalist (2012), NCIS : Nouvelle-Orléans (2016), Beverly Hills : BH90210 (2019) et au cinéma dans Sexe et autres complications (1997), Le casse (2003), La rupture (2006).
Absence de Molly C. Quinn, Susan Sullivan et Penny Johnson Jerald
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Re: Série ''Castle''
Scénario : David Amann
Réalisation : Bill Roe
Résumé
Le cadavre d’une jeune femme blonde remet Castle et Beckett face à leurs pires ennemis, Kelly Nieman et Jerry Tyson !
Critique
Plus qu’une enquête, c’est un duel entre deux duos. D’un côté, nos héros. De l’autre, leurs Némésis. La structure de l’épisode est plus celle d’un Columbo puisque le coupable est connu et que la question est : comment les héros vont-ils le prouver ? David Amann a bien pris la première leçon d’Andrew W. Marlowe : faire souffrir le spectateur à travers ce que le scénariste inflige à ses personnages. Pleine réussite !
Bill Roe joue sur des tons volontairement froids, principalement le bleu nuit comme à la clinique où travaille Nieman ou pour distinguer le passé du présent. Les décors ne sont pas plus chaleureux. Tout est fait pour plonger et maintenir le spectateur dans le froid et l’angoisse. Ajoutons que, par contraste avec la politesse froide remarquablement jouée par Annie Wersching, le seul à sourire chaleureusement, c’est Tyson à qui Michael Mosley prête une formidable confiance, une sérénité qui ne peut que provoquer symétriquement la tension dans le camp adverse.
Informations supplémentaires :
Première partie d’un double épisode.
Lorsque Tyson se fait passer pour Michael Boudreau, il prétend être un chauffeur de camion de l'Iowa. L’acteur qui incarne Tyson, Michael Mosley est né dans l’Iowa.
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Re: Série ''Castle''
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Scénario : Andrew W. Marlowe
Réalisation : Rob Bowman
Résumé
Beckett enlevée, Castle essaye de la retrouver mais Tyson et Newman semblent avoir tout prévu.
Critique
Un des épisodes les plus noirs et les plus violents de la série toute entière. La photographie s’échappe rarement des tons bleus nuits (comme dans l’épisode précédent) et si l’on a une scène de jour en extérieure, elle est brève et prélude à une scène d’enfermement.
La tension quitte rarement la scène car, en bon sadique qu’il est, Andrew W. Marlowe (qui boucle ici le cycle du « triple tueur ») joue davantage sur la psychologie. Castle reconstitue ainsi celle de Tyson dans un dialogue des plus brillants. Les scènes les plus fortes sont celles qui mettent à mal les nerfs des personnages, ceux de Castle en particulier (et du spectateur par la même occasion). Nathan Fillion est remarquable et parvient à faire ressortir tout le potentiel de noirceur de Richard Castle. La photographie bleue/noire est comme une métaphore du mental du personnage. Par une astuce brillante, c’est Gates qui replace l’écrivain sur la bonne voie en lui demandant de « retrouver l’histoire » de Jerry Tyson. C’est donc en étant romancier et non détective que Castle sort vainqueur. Rétrospectivement, cet épisode sonne comme un désaveu de l’angle scénaristique qui sera suivi dans la saison suivante.
Informations supplémentaires :
Quand Castle entre dans la vieille maison de Jerry dans les bois, il y a des photos sur le mur et l’une des images est celle d’Esposito, Beckett et Castle dans la saison 2. Mais ils n'ont rencontré Tyson que la saison 3.
Retour de Lee Tergesen.
L’interdiction pour Castle d’être consultant pour le NYPD est levée dans cet épisode.
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Re: Série ''Castle''
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Scénario : Terri Edda Miller
Réalisation : Paul Holahan
Résumé
Castle et Beckett enquêtent sur la mort d’un homme tué lors d’une simulation de mission sur Mars.
Critique
Certains crimes mettent Richard Castle en joie et celui-ci est de ceux-là : « C’est un petit crime pour l’homme mais un grand mystère pour l’humanité » !
La base de l’histoire est assez simple (un meurtre en chambre close) et la mécanique connue (démontrer que l’impossible est possible) mais le scénario ne manque ni de rebondissements ni de fantaisie. En outre, les personnages des deux rivaux renvoient assez clairement à des personnalités réelles et, fidèle à elle-même, la série cite plusieurs références de pop-culture indissociables du voyage spatial.
L’intrigue secondaire est franchement mineure mais Susan Sullivan tire tout le sel de sa prestation et on termine sur une note bien comique.
Informations supplémentaires :
Au début de l’histoire, la police recherche une « trace d’adresses IP » tout en essayant d’identifier un pirate informatique. Aucune des adresses affichées n’est possible. Les adresses IP version 4 sont réparties en 4 groupes de 1 à 3 chiffres chacun, et non en 5, et aucun groupe ne peut être supérieur à 255. Cependant, ce n’est pas une erreur. C’est l’équivalent moderne de l’utilisation du préfixe 555 pour tous les numéros de téléphone dans les films et la télévision.
Lorsque Castle demande à la voix de l’ordinateur « Où sommes-nous ? », la voix répond « Vous êtes à bord du navire Tenzing Norgay ... » Tenzing Norgay a été le premier Sherpa à atteindre le sommet du mont Everest avec sir Edmund Hillary le 29 mai 1953.
David Clayton Rogers/Viggo Jansen : acteur américain, il tourne essentiellement pour la télévision : Gilmore Girls (2003), Cold Case (2006), Ghost Whisperer (2007), Grimm (2012), NCIS : Nouvelle-Orléans (2015), Blindspot (2019-2020)
Sterling K. Brown/Ed Redley : acteur américain, vu à la télévision dans New York 911 (9 épisodes, 2002-2004), Urgences (2004), Alias (2006), Supernatural (2006-2007), American wives (2007-2013), Medium (2010), Person of Interest (6 épisodes, 2012-2013), American Crime Story (2016), This Is Us (2016-2020)
Dilshad Vadsaria/Angela Olivera : actrice américaine d’origine pakistanaise, vue dans les séries Greek (2007-2011), NCIS (2009), Revenge (2012-2013), Frankenstein Code (2016), Flynn Carson et les nouveaux aventuriers (2018),
Gwendoline Yeo/Elise Kim : actrice singapourienne, vue à la télévision dans Parents à tout prix (2001), Hôpital Central (7 épisodes, 2002-2006), New York Police Blues (2005), Mon oncle Charlie (2014), Grey’s Anatomy (2016), NCIS (2018). Elle assure également beaucoup de doublage.
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Re: Série ''Castle''
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Scénario : Chad Gomez Creasey
Réalisation : Jann Turner
Résumé
La mort d’un ancien détenu amène Castle, mais surtout Beckett, à collaborer avec l’inspecteur Zhang que Kate idéalise beaucoup.
Critique
Si l’enquête de cet épisode est plutôt solide, quoiqu’un brin emberlificotée, le vrai sujet c’est le rapport entre Beckett et Zhang. Le spectateur doit se montrer un peu indulgent tant il paraît facile que Beckett gobe sans difficulté le côté « parfait » de l’enquêtrice. Certes, l’épisode commence en la montrant déstabilisée par la promotion d’un collègue ; ce qui la renvoie à un certain sentiment de stagnation. Tout cela est vrai mais le scénariste a eu la main un peu lourde sur le CV de Zhang. En revanche, bon choix que Linda Park qui insuffle une belle énergie à son personnage et qui se montre crédible lorsque la « super-flic » fend l’armure et montre ses failles. Il est appréciable également de montrer que, pour une fois, c’est Castle qui joue la « voix de la raison » en mettant sa moitié en garde contre tout risque d’idéalisation. La série réalise ici un beau portrait de femmes puissantes mais laisse tout de même Castle un peu de côté.
Informations supplémentaires :
Le fait de décomposer le demi-kilo de cocaïne en plus petits montre de manière concluante « l’intention de distribuer » (ou de vendre), qui entraîne presque toujours une peine de prison beaucoup plus longue.
Castle invente le « syndrome Patterson » pour parler de comparaison perdue d’avance. Mais si James Patterson signe « six best-sellers » contre un pour Castle, c’est qu’il travaille beaucoup avec des collaborateurs, comme sur Zoo, qui inspira la série, par exemple.
Linda Park/inspecteur Zhang : actrice américano-coréenne, vue au cinéma dans Jurassic Park III (2001), Spectres (2004). Elle tourne surtout pour la télévision : Star Trek : Deep Space Nine (2001-2005), Women’s Murder Club (2007-2008), Crash (2009), NCIS (2012), Seal Team (2017), Harry Bosch (2017-2020), iZombie (2018)
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Re: Série ''Castle''
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Scénario : Jim Adler
Réalisation : Bill Roe
Résumé
Alors que, dans le cadre de son deuxième boulot d’agent de sécurité, Ryan doit protéger le député Lopez à une soirée, des coups de feu éclatent et une femme est tuée.
Critique
Un bel épisode qui met en avant Kevin Ryan et, comme à chaque fois, Seamus Dever est absolument impeccable, montrant le sérieux, l’application mais aussi les doutes et la volonté de bien-faire de son personnage. Ce boulot d’agent de sécurité, il ne le fait pas pour la frime mais pour soutenir financièrement sa famille et la famille est une donnée importante ici puisque son beau-frère (belle prestation de David Conrad) se trouve suspecté de meurtre. Si Ryan doute de sa culpabilité, il fait néanmoins son travail et la scène de confrontation entre les deux beaux-frères est tendue et nerveuse. Bill Roe, qui semble adorer les éclairages bleu nuit, réalise là une scène entre ombre chinoise et clair-obscur de belle facture.
Le scénario est complexe comme il le faut. Comme de coutume, le premier suspect est innocent mais, voilà qu’il est un maillon de la chaîne et non juste un simple personnage placé là. Avec habileté, le scénariste place les doutes de Ryan à la moitié de l’épisode ; ils en constituent la première étape de la relance dramatique. Il est aussi intéressant d’entendre parler de « l’État policier » et des « vrais patriotes » ; l’épisode est pourtant antérieur à la présidence Trump. Preuve de la profondeur de tels discours dans la société américaine et dans plusieurs de ses classes sociales.
Informations supplémentaires :
Nathan Fillion et Ricardo Chavira sont tous deux apparus dans la série Desperate Housewifes.
Première et unique apparition de la sœur et du beau-frère de Ryan.
Aux États-Unis, on dit « représentant » et non « député ».
David Conrad/Frank Kelly : acteur américain, il tourne principalement pour la télévision : Relativity (1996-1997), Roswell (2000), Boston Public (2003), Ghost Whisperer (2005-2010), The Good wife (2011), MARVEL ; Les agents du SHIELD (2013, 2014, 2018).
Ricardo Chavira/Alex Lopez : acteur américain, surtout présent à la télévision : New York Police Blues (2001), 24 heures chrono (2002), Six feet under (2002), Desperate Housewifes (2004-2012), Welcome to the family (2013), Scandal (2016-2017)
Charlie Hofheimer/Éric Chambers : acteur américain, vu à la télévision dans New York Police Judiciaire (1995, 1996), Un agent très secret (1999), Les experts (2003), Numb3rs (2006), Cold Case (2009), Mad Men (2010-2013), Rizzoli & Isles (2011), Private Practice (2012), 24 : Legacy (2016-2017), The man in the high castle (2019)
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Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Série ''Castle''
Scénario : Ron Hanning
Réalisation : Kate Woods
Résumé
Un avocat spécialisé dans les dommages corporels individuels est retrouvé mort. En même temps qu’ils enquêtent, Castle et Beckett défient Ryan et Esposito pour le gala de la police.
Critique
Un épisode des plus quelconque sauvé par ses interprètes et par l’humour largement présent. Pas de surprises et une réalisation des plus terne qui manque de rythme. En fait, la seule chose qui a un minimum d’intérêt dans cette histoire, c’est le nouveau pari entre les deux binômes mais, au final, c’est un « pschitt » même s’il nous aura un tant soit peu amusé et permis à Nathan Fillion et Stana Katic de monter leur talent pour dévoiler les émotions de leurs personnages.
Informations supplémentaires :
Le titre original fait référence à « l’habeas corpus », l’ordonnance juridique qui exige qu’un prisonnier détenu soit traduit devant un tribunal pour déterminer s’il existe une autorité légale pour une telle détention.
Meredith Monroe/Elise Resner : actrice américaine tournant principalement pour la télévision : Players, les maîtres du jeu (1998), Dawson (1998-2003), Docteur House (2005), Esprits criminels (16 épisodes, 2005-2013), Les experts (2006), Bones (2007), Californication (2008), NCIS (2010), NCIS : Los Angeles (2014), 13 reasons why (2018-2020)
Brian McNamara/Mike Sampson : acteur américain surtout vu à la télévision : Savannah (1996), Newport Beach (2003), American Wiwes (2007-2013), NCIS : Nouvelle-Orléans (2016), Scorpion (2017)
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Série ''Castle''
Scénario : David Amann
Réalisation : Paul Holahan
Résumé
Sujet à un rêve récurrent, Castle comprend qu’il revit des souvenirs de l’époque de sa disparition.
Critique
A l’approche de la fin de saison, il était important de clore le chapitre de la disparition de Richard Castle. David Amann mène sa barque avec talent. Toute la première partie de l’épisode joue sur le fait que le « rêve » de l’écrivain fan de films d’action (et de Chuck Norris en prime) pourrait n’être que cela. Loin de minorer ce moment ou d’en faire un temps léger, le scénariste en fait un moment de tension et d’inquiétude, pour les proches de Castle (une scène entre Nathan Fillion et Molly C. Quinn est toujours une scène touchante et celle-ci n’y déroge pas) mais aussi pour le public qui peut craindre que son héros ne soit en train de perdre la boule et de se perdre par la même occasion.
Heureusement qu’il y a un mort qui joue un double rôle : d’abord crédibiliser l’histoire de Castle et nous ramener sur les rives d’une série policière donc un univers plus rassurant pour le public. Admirons enfin efficacité de David Amann, bien soutenu par la réalisation dynamique et entraînante de Paul Holahan (le prologue qui alterne scènes de thérapie calmes et course poursuite est ultra efficace), qui, en moins de dix minutes, nous livre juste assez d’explications pour clore l’histoire et laisse assez de zones d’ombres pour faire perdurer une aura de mystère.
Informations supplémentaires :
Retour de Matt Lescher (Jenkins)
Usman Ally/Bilal : il tourne principalement pour la télévision : Damages (2011), Blue Blood (2013), Person of Interest (2014), Marvel : Les agents du SHIELD (2016), Veep (2016-2017), Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire (2017-2019), NCIS (2019, 2020)[/i]
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Série ''Castle''
Scénario : Dara Resnik Creasey
Réalisation : Bill Roe
Résumé
Alors qu’il se rend à Londres en avion avec Alexis, Richard Castle doit élucider un meurtre.
Critique
Ah ! Les avions ! Merveilleux engins qui ont l’air d’avoir été inventé pour solliciter l’imagination des scénaristes ! Lost ou Fringe en ont fait leur point de départ, Manifest le cœur de son réacteur. Castle, tout comme Bones avant elle, y place une enquête criminelle.
Malgré le danger et le côté macabre de la situation, il y a une dimension ludique dans cette recherche du tueur : un espace clos avec de multiples inconnus et les enquêteurs improvisés (Castle reçoit l’aide d’Alexis) doivent procéder à la fois par déduction (réalisation astucieuse d’une poudre à empreinte, découverte du deuxième téléphone de la victime) et par élimination (on retrouve la figure habituelle du premier suspect innocent). Pour réussir, notre écrivain favori aura l’appui à distance de la police de New York. Si Beckett découvre le mobile du crime, c’est l’imagination de Castle qui lui permet de subodorer qu’on essaye de le manipuler et c’est Alexis qui va désarmer l’assassin avec une tirade inspirée. Molly C. Quinn, toujours aussi complice avec Nathan Fillion, réussit une très belle prestation.
Il est intéressant que la scénariste commence par tordre le cou à l’hypothèse première post-11 septembre avant de réussir habilement à faire glisser l’enquête vers quelque chose de plus trivial certes mais aussi de plus rassurant. Manière de dire que l’extraordinaire est plutôt rare mais que le banal, lui, est quotidien.
Informations supplémentaires :
Cet épisode devait à l’origine être le final de la saison.
L’avion sur lequel Castle et Alexis voyagent est le vol 57 d’Oceanic Airlines, ainsi que la série télévisée Lost, qui fait également référence au film de Wesley Snipes Passenger 57 dans lequel un complot terroriste doit être contrecarré par le héros. On peut sans doute voir aussi une référence à Des serpents dans l’avion.
Castle dit que la Sherlock Holmes Society se réunit au 221b Baker Street, la véritable maison de Holmes. Jusque dans les années 1930, Baker Street ne s’étendait pas aussi loin, 221b était aussi fictif que Sherlock. En 1990, le Sherlock Holmes Museum a obtenu que son adresse du 239 Baker Street soit officiellement renommée 221b.
Paula Newsome/Debbie Parker : actrice américaine, elle joue principalement pour la télévision : New York Police Judiciaire (1998), Ally McBeal (1999), La vie avant tout (2002), New York Police Blues (2003, 2004), Esprits criminels (2005), Women’s Murder Club (2007-2008), NCIS (2009, 2012, 2013), Pretty Little Liars (2011), Cougar Town (2015), Magnum P.I. (2019), The Twilight Zone : la quatrième dimension (2020)
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Re: Série ''Castle''
Scénario : Terence Paul Winter
Réalisation : Jeannot Szwarc
Résumé
Le présentateur vedette de la plus grande émission comique des États-Unis est retrouvé assassiné.
Critique
Hommage à l’émission Saturday Night Live, cet épisode est plus réussi que son prédécesseur qui voulait se moquer des talk-show (2-20) car il choisit justement l’option « hommage » plutôt que la satire.
Un décor, quelques coulisses, quelques brins de sketches de-ci de-là et le décor justement est planté et permet à l’enquête de se déployer. On appréciera notamment le duo qui s’essaye à la parodie de...Castle et Beckett mais le spectateur ne saura jamais (c’est un gag récurrent de la série) comment Beckett se débrouille avec ses talons hauts ! Les relances dramatiques sont judicieusement placées et une dose dramatique est placée avec une affaire d’enlèvement qui va éclairer le meurtre. Castle joue un rôle déterminant dans la résolution du crime ; en remarquant des détails qui ramènent au show et en ne se satisfaisant pas de la conclusion offerte. Là, on retrouve un gimmick de scénariste comme dans l’épisode précédent mais cela sert à faire briller le personnage principal. L’arrestation donne lieu à une scène assez drôle qui est comme un hommage de la série...à elle-même.
En intrigue mineure, la crainte de Martha face aux nouvelles formes de la critique alors qu’elle remonte sur scène à Broadway. Commencée avec une manie d’actrice drolatique, cette intrigue se poursuit avec une très belle scène entre Nathan Fillion et Susan Sullivan, tendre et savoureuse. Et se termine...au poste. Réalisé par un vétéran de la télévision, très alerte dans sa mise en scène, un épisode qui se suit avec plaisir.
Informations supplémentaires :
150ème épisode de la série.
Gregory Harrison/Danny Valentine : acteur américain, il tourne essentiellement pour la télévision : MASH (1976), L'âge de cristal (1977-1978), Trapper John M.D. (1979-1986), Falcon Crest (1989-1990), Dark Skies (1996-1997), Ed (2000), La vie avant tout (2002-2003), Les Experts : Manhattan (2010), Ringer (2012), NCIS (2015), Rizzoli & Isles (2015-2016), Hôpital Central (2020)
Absence de Molly C. Quinn et Penny Johnson Jerald
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Re: Série ''Castle''
Estuaire44- Empereur
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Re: Série ''Castle''
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Scénario : Andrew W. Marlowe et Terri Edda Miller
Réalisation : Paul Holahan
Résumé
Un crime commis dans des bois replonge Castle dans un terrifiant souvenir d’enfance qui est à la base de sa carrière de romancier.
Critique
Il est permis de rêver : si la série s’était achevé sur cet épisode, elle aurait brillé plus encore qu’elle ne le fait. Tout concourait à en faire la conclusion naturelle : le crime qui replonge Castle dans son passé, dans une énigme qu’il n’a jamais pu résoudre et qui l’a poussé à en résoudre d’autres par la plume ; des perspectives d’évolution pour Beckett ; l’anniversaire des 10 ans de partenariat de Ryan et Esposito ; même les doutes de la police sur la véracité de ce que dit Richard Castle avant un complet revirement.
Pour conclure, Andrew W. Marlowe et Terri Edda Miller ont choisi des tons sombres et Paul Holahan orchestre une mise en scène nerveuse, particulièrement tendue avec en point d’orgue l’interrogatoire que fait Castle d’un suspect et les réponses glaçantes de celui-ci. On se demande pendant presque cinq minutes si l’écrivain ne va pas exploser (on l’a vu faire avec Tyson).
Le discours de Castle à sa remise de prix est magnifique : un superbe monologue récapitulatif, chaleureux ; conclusif. La série ne le sait pas encore mais elle est morte avec le clap de fin et c’est son fantôme, un spectre bien pâle, qui est revenu sur les écrans.
Informations supplémentaires :
Richard Castle est né en 1972.
Dernier épisode pour Penny Johnson Jerald et Maya Stojan.
Dans les bonus figure un petit reportage sur les figurants pour leur rendre hommage : « Tout ce qui semble réel pour le public, c’est grâce à eux » dit même Rob Bowman
« Meurtre, mystère, macabre. » : C’est ainsi que Michael Connelly commence son introduction de Castle lors du dîner du Poe's Pen Award. Ce sont également les mêmes mots que Gina (l’éditeur de Castle et deuxième ex-femme) avait utilisés pour le présenter lors de la soirée de lancement du dernier roman de Derek Storm dans le pilote.
Andrew W. Marlowe apparaît à la cérémonie de remise des prix assis avec Michael Connelly, ainsi que d’autres membres de l'équipe de rédaction de la série.
La séquence finale de cet épisode a été construite de manière à pouvoir constituer une conclusion possible pour l’ensemble de la série, si celle-ci n’avait pas été reconduite pour une huitième saison. Ainsi, à la différence de toutes les autres fins de saisons, elle ne contient ni cliffhanger, ni tension, ni enquête irrésolue, mais est au contraire apaisée et récapitulative ; les principaux protagonistes y sont tous réunis ; et, par une sorte de fermeture sur elle-même de toute l’histoire, Castle y fait allusion dans son discours de remerciement à une phrase de Beckett (« You have no idea ! ») qui avait conclu le tout premier épisode.
Lance Reddick/Keith Kaufman : acteur américain vu à la télévision dans Une nounou d’enfer (1997), Oz (2000-2001), New York Police Judiciaire (2001, 2004), Sur écoute (2002-2008), Les Experts : Miami (2005-2006), Lost (2008, 2009), Fringe (2008-2013), Blacklist (2014), American Horror Story (2014, 2018), Harry Bosch (2014-2020). Il tourne aussi pour le cinéma : White House Down (2013), John Wick (2014, 2017, 2019).
Wallace Langham/Dr Van Holtzman : acteur américain, il tourne principalement pour la télévision : Fast Time (1986), La cinquième dimension (1987), The Larry Sanders Show (1992-1998), Arabesque (1993), Les dessous de Veronica (1997-2000), Les Experts (2003-2015), A la Maison-Blanche (2004), Drop Dead Diva (2013), iZombie (2016), Esprits criminels (2017), The Boys (2019).
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Série ''Castle''
La série ne le sait pas encore mais elle est morte avec le clap de fin et c’est son fantôme, un spectre bien pâle, qui est revenu sur les écrans.
A ce point-là ?
Estuaire44- Empereur
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Re: Série ''Castle''
L'angle narratif choisi (Beckett quitte Castle pour affronter seule un "grand méchant" inconnu jusque là, caché dans l'ombre mais, évidemment, très puissant et dangereux) est calamiteux et, surtout, absurde par rapport au passé de la série. La réaction de Castle à cet état de fait est ridicule et aberrante.
Stana Katic est absente de deux épisodes ; ce qui n'était jamais arrivé auparavant.
Les nouveaux personnages sont ambivalents. On a un bon et un mauvais (pire, qui prend trop de place).
Castle est plus souvent détective que romancier, ce qui est une négation du personnage.
J'ai eu souvent l'impression d'une espèce de remake de la saison 1 qui ne s'avoue pas.
Je n'ai jamais mis la note minimale en sept saisons mais certains épisodes de la saison 8 la mérite.
En fait, je me rends compte que je n'aime tellement pas cette saison 8 que je crois bien que je vais m'arrêter là. Pour un temps du moins.
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Série ''Castle''
Estuaire44- Empereur
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Re: Série ''Castle''
Chapitre I: Le corps du crime
- C’est pas banal !
Celle qui a posé la question est une jolie brune ; le lieutenant de police criminelle Kate Beckett.
Celui à qui elle a posé la question est un sémillant quadragénaire dont la mine réjouie détonne dans le contexte ; Richard Castle, romancier de son état et « consultant » auprès de la police de New York.
En face d’eux, sous le flash des policiers, un homme sans doute âgé, quasiment nu à l’exception d’un slip, crucifié la tête en bas.
Deux hommes vinrent les rejoindre : les lieutenants Kevin Ryan, jeune et plutôt séduisant et son coéquipier Javier Esposito, plus carré de visage.
- Aucuns papiers, aucuns vêtements, fit Ryan. La scientifique fait son numéro habituel de peigne fin mais il doit y avoir des centaines, des milliers d’empreintes ici !
- Aucune trace de violence…si l’on excepte les clous dans les paumes des mains et dans les pieds, ajouta Esposito.
- Si l’on excepte, bien sûr…ajouta Beckett, un brin pince-sans-rire.
Une somptueuse femme noire vint se joindre au groupe ; Lanie Parish, médecin légiste.
- Il est raide comme la mort, commente t’elle, et totalement froid. J’estime donc que cet homme est décédé depuis moins de 48 heures mais plus de 12 heures.
- Ce qui nous fait une marge d’un jour et demie.
- En outre, il est pour le moment impossible d’identifier son visage car le sang s’étant accumulé dans la tête, il est complètement congestionné. J’en saurais plus quand je l’aurais autopsié.
Depuis quelques minutes, Castle, profondément absorbé, n’avait pas pipé mot. Beckett se tourna donc vers lui un peu surprise par ce silence :
- Eh bien ! Le grand écrivain sera-t-il devenu adepte du cinéma muet ?
- Lieutenant, ça ne vous évoque rien cette posture ?
- Pas vraiment non mais je crains la suite.
- C’est la reproduction de la crucifixion de Saint Pierre.
- Je vous demande pardon ?
- La crucifixion, dans l’Empire romain, est un supplice infamant. Lorsqu’il fut condamné à mort par Néron, Saint Pierre, qui se jugeait indigne de mourir comme son maître Jésus, exigea d’être crucifié la tête en bas. Sur l’emplacement présumé de sa tombe, on a élevé la basilique Saint-Pierre, à Rome.
L’exposé de Castle laissa les policiers ébahis. Ils se tournèrent vers le cadavre :
- Une mise en scène religieuse, commença Beckett. Ça ne va pas nous simplifier l’enquête. C’est plutôt du genre à rendre les gens nerveux.
- C’était quoi votre passage biblique préféré ? demanda Castle. Moi, j’adorais Noé. Un type qui vogue sur l’eau durant quarante jours et qui, lorsqu’il touche terre, plante de la vigne et s’en envoie une bonne rasade dans le cornet !
- Moi, ce serait Moïse traversant la mer Rouge, enchaîna Ryan, parce que je vois toujours Charlton Heston.
- Dieu foudroyant Sodome et Gomorrhe, je trouve ça pas mal, ajouta Esposito. Surtout depuis que je suis flic.
- J’aime bien Judith décapitant Holopherne, dit Lanie. C’était une maîtresse femme qui vous en aurait fait voir !
- Quand vous aurez fini de jouer, on pourra peut être se remettre au boulot, gronda Beckett en sifflant la fin de la récréation. Lanie, tu emballes le cadavre et vous vous faîtes le tour du quartier. Quelqu’un aura peut être vu quelque chose.
Beckett s’éloigna suivi par Castle :
- Lieutenant, allez, faites pas votre rabat-joie. C’est quoi votre passage biblique préféré ?
- Depuis que je vous connais, le portement de croix.
Il la laissa prendre quelques pas d’avance, savourant la pique en connaisseur.
Locaux du commissariat
Ryan et Esposito furent de retour au commissariat quelques heures plus tard, visiblement éreintés et mécontents.
- Personne n’a vu notre macchabé et vu qu’il est méconnaissable, on est au point mort.
- Le hangar appartient à la société des Cercueils new-yorkais ; une compagnie qui a fait faillite il y a des lustres. Il est désaffecté depuis.
- Donc n’importe qui pouvait y entrer.
- Et y faire n’importe quoi. Comme le coin est accueillant comme un meeting chez les manchots, le type pouvait crier autant qu’il voulait, on ne risquait pas de l’entendre.
- Vox clamantis in deserto , psalmodia Castle, visiblement inspiré
- Plaît-il ?
- Evangile selon Jean.
- Vous avez fini oui ! C’est un meurtre, pas un séminaire !!
- Il n’empêche que quelqu’un s’est donné la peine de monter ce spectacle de Grand-Guignol. Et crucifier n’est pas la méthode la plus simple ni la plus anodine. Personnellement, je n’y vais jamais songé. Tiens ! Et si Nikki Hard affrontait un fou de Dieu ?
- Vous voulez vraiment que je vous en mette une ?
Le sourire de Castle convainquit Beckett qu’il serait prudent de ne pas poursuivre sur cette voie glissante.
Elle fut heureusement sauvée par son téléphone :
- Beckett ! Ah ! Lanie ! Du nouveau ? On arrive.
Accompagné de Castle, Beckett descendit en salle d’autopsie. Le cadavre avait déjà une apparence plus humaine, la décongestion ayant eu lieu.
- On t’écoute.
- Cause du décès : asphyxie.
- Normal pour une crucifixion, fit Castle
- L’assassin a opéré en effet comme pour cette exécution antique. Clouer les mains et les pieds pour provoquer des crampes qui sont fatales. Le fait d’être la tête en bas a accéléré les choses. Il a probablement perdu connaissance avant de mourir.
- Combien de temps a duré son supplice ?
- Plusieurs heures. Le décès remonte approximativement à 36 heures.
- On va déjà chercher les portés disparus dans cette période.
- Et pour l’identité ? demanda Castle
- On a relevé ses empreintes. Elles ne sont pas fichées. J’ai envoyé la radio de ses dents mais ça prendra un peu de temps. Des échantillons sont partis en toxicologie.
- Maintenant qu’il est redevenu présentable, on va pouvoir prendre sa photo et la diffuser.
- Vous faîtes dans l’humour noir, lieutenant ? releva l’espiègle romancier
- J’ai dû pécher dans une vie antérieure pour vous avoir sur le dos, répliqua-t-elle après s’être mordu la lèvre et avoir levé les yeux au plafond.
- Pourquoi « dans une vie antérieure » ?
Cette fois, Beckett ne releva pas et, après avoir remercié Lanie, qui souriait avec commisération, sortit ; Castle sur les talons.
Fin de journée
Ryan vint faire son rapport à Beckett :
- La scientifique a relevé parmi toutes les empreintes une qui pourrait nous intéresser : celle de Tony Nardo.
- Et pourquoi lui particulièrement ?
- Son empreinte est fraîche, pas plus de quelques jours. Son casier parle de lui-même.
- Vol, vol avec violence, coups et blessures, tentative de meurtre sur la personne de sa petite amie, port d’arme prohibé…Ce gars est une publicité vivante pour les partisans des maisons de correction ! s’exclama Castle après avoir lu à voix haute.
- On peut le trouver où ?
- Sa dernière adresse connue, ricana Ryan, était au-dessus du bar « Les Deux Anges » dans Harlem. C’est connu des collègues des mœurs pour être un haut lieu de la prostitution.
- C’est vrai que ça manquait dans son CV. Allez me le cueillir.
- Tout de suite chef.
A ce moment-là, le visage de Beckett changea, s’ouvrant, s’illuminant.
Suivant son regard, Castle aperçu Tom Demming, un collègue policier et surtout, depuis quelques semaines, l’amant du lieutenant Beckett. Le romancier se rembrunit. Il n’aimait guère Demming mais ne pouvait lui trouver aucun défaut rédhibitoire. L’autre était poli envers lui, n’avait jamais remis en question sa présence dans des enquêtes criminelles, était en outre souriant, compétent et apprécié de ses collègues tant du service des cambriolages que des autres.
Et en plus il faisait rire Kate Beckett.
C’était peut-être cela le plus dur à avaler.
A côté de lui, Castle avait parfois l’impression d’être sinistre ou de manquer de subtilité.
Beckett avait son sourire de collégienne enamourée. Castle se leva :
- Bon ! A demain, lieutenant.
- A demain, répondit-elle visiblement ailleurs
- Bonsoir, lança t-il à Demming en lui serrant la main et bonne soirée.
- Merci et bonne soirée à vous. Tu es prête ?
Sans répondre, Kate Beckett prit son manteau et la main de Tom Demming.
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Série ''Castle''
Locaux du commissariat, le lendemain
Castle arriva dans les locaux de la police la mine sombre et la démarche nerveuse. Le veille, il avait voulu écrire la suite de son roman, une nouvelle enquête de Nikki Hard, mais sans y parvenir. Il savait qu’il en était à un moment crucial et que, s’il ne surmontait pas l’obstacle, il faudrait tout recommencer. Inutilement, il s’était obstiné et manquait donc de sommeil. Ce blocage dans l’écriture lui déplaisait car il n’était pas courant chez lui. Ecrire, il savait faire et pourtant, cette panne le travaillait profondément et l’angoissait.
Il entendit soudain un rire clair.
Il devina avant de la voir que c’était Beckett.
Il s’avança et la vit, assise à son bureau avec Tom Demming à ses côtés. Tous deux affichaient des mines épanouies.
Cet affichage de bonheur innocent le mit mal à l’aise et le rendit nerveux. Il salua à peine Ryan et Esposito, un peu surpris de sa brusquerie mais, au final, pas tant que ça.
- Bonjour, dit-il, en se demandant pourquoi sa voix avait un ton si sec
Mais, aucun des deux autres ne sembla s’en rendre compte. Castle s’absorba un instant devant le tableau où étaient affichés tous les éléments de l’enquête.
- Du nouveau ?
- Pas encore, soupira Beckett, revenant à la réalité. On n’a pas trouvé Tony Nardo chez lui mais on le cherche. Sans identité, on en est réduit à chercher dans le noir.
- C’est dans ce genre de situation qu’avoir un écrivain de romans policier en résidence pourrait se révéler utile, glissa Demming
- Ah ?
- Avec son imagination fertile, il doit bien parvenir à échafauder des hypothèses qui vous aident, répondit Demming. Sinon vous ne l’auriez pas gardé.
- Oui, c’est vrai, fit Beckett en riant, il peut parfois s’avérer utile.
Soudain, c’en fut trop pour Castle.
- Ah ! Ça va bien ! s’écria t-il, faisant sursauter Beckett, peu habituée à ce genre d’éclat. Faites-les vous-même vos hypothèses !! Vous n’avez pas besoin de mon « imagination fertile » puisque, de toute façon, je suis globalement inutile !!!
Sans laisser le temps à Beckett, stupéfaite, de placer un mot, Castle, rouge brique, attrapa - ou plutôt arracha - son manteau sur son siège habituel, passa en coup de vent devant Ryan et Esposito qui avaient du mal à croire et à comprendre ce qui venait de se passer sous leurs yeux, et s’engouffra dans l’ascenseur.
Pendant cinq secondes, le silence le plus complet régna dans le commissariat.
- Mais, mais, bégaya Beckett, qu’est-ce que j’ai dit ?
***
Domicile de Castle
Martha Rodgers lisait le texte de son prochain rôle au théâtre – une pièce modeste qui serait illuminé par sa participation -, un verre de vin rouge à portée de la main lorsque la porte de l’appartement s’ouvrit avec fracas et se referma avec éclat ; ce qui fit sursauter la digne tragédienne, qui en renversa son verre sur le plan de travail de la cuisine.
Abasourdie, elle vit son fils, congestionné, chercher avec violence dans le frigo la brique de lait et s’en enfiler une rasade monstrueuse, qui laissa des traces sur son manteau.
- Heu…tu rentres tôt, chéri, hasarda Martha, qui ne se souvenait pas avoir vu son fils aussi furibond et ne savait comment le prendre.
- Beckett est une garce ! Une imbécile patentée ! Une ingrate et une traîtresse !!
- Ah ! C’est à cause de Kate Beckett…
- Figure-toi…commença t-il avant de s’étrangler
- Richard, je t’en prie, calme-toi et dis-moi ce qui se passe. Je ne t’ai jamais entendu dire de telles horreurs sur elle. Je croyais que vous étiez amis.
- Je le croyais aussi, reprit-il, un peu calmé mais bouillonnant encore. Mais figure-toi qu’elle s’est comportée comme la dernière des garces. Pire ! Comme une midinette ! Tu vois ça d’ici, toi, Kate Beckett en midinette !
- Je vois surtout ce que ça te fais.
- Elle m’a ridiculisé, humilié et devant Demming en plus !
- Ah ! Oui ! Demming, bien sûr….fit Martha en écho, et qui comprenait un peu mieux ce qui avait mis son cher rejeton dans la colère la plus noire de sa vie.
- Je lui ai sauvé la vie, poursuivit Castle comme pour lui-même, et voilà comment elle me remercie. Je peux « parfois m’avérer utile » ! Non mais je rêve !! Je…je…comment disent les jeunes déjà ?
- J’hallucine.
- C’est ça ! J’hallucine !
- Et que comptes-tu faire maintenant ?
- Heu…Je n’y ai pas vraiment réfléchi. Elle s’est fichue de moi. J’ai fichu le camp. Je suis rentré ici en mode automatique.
- Oui ?
- Je vais attendre qu’elle me fasse des excuses. Voilà ! De toute façon, mon roman est plus important qu’elle et j’ai besoin d’y travailler.
- C’est vraiment ce que tu veux ?
- Je suis un inutile a dit Beckett donc elle n’a pas besoin de moi et de mes « hypothèses » ! Et puis, ce roman me chiffonne. Je ne parviens pas à le cerner et c’est nouveau pour moi. Je serai distrait si je retournais là-bas.
- C’est sûr, effectivement. Mais, et si Kate ne te faisais pas d’excuses ?
- Alors c’en serait fini, déclara t-il, lugubre
Martha n’ajouta rien et laissa son fils aller s’asseoir à son bureau. Bientôt elle l’entendit pianoter avec fièvre sur son clavier d’ordinateur. Elle avait froid tout à coup. Kate Beckett lui plaisait bien et elle la jugeait sérieuse. Qu’elle ait eu un mot de travers n’en faisait pas le quart des noms d’oiseaux dont Castle l’avait qualifié. Après tout, Martha avait cru comprendre que Kate Beckett et Richard Castle passaient une partie de leur temps en commun à fourbir des piques et des bons mots. Mais aujourd’hui, Beckett avait déclenché un drame.
Parce qu’elle avait touché une corde sensible.
***
Commissariat, salle d’interrogatoire
Kate Beckett et Esposito entrèrent dans la salle où attendait un jeune homme, peut être trente ans à tout casser, avec une gueule d’ange, des cheveux gominés et un choix vestimentaire qui laissait perplexe.
- Vous n’avez pas été facile à trouver M. Nardo, commença Beckett
- Vous me cherchiez ma jolie ? Il fallait me le dire, j’aurais accouru.
- Un peu de respect, M. Nardo, interjeta Esposito. Vous parlez à un officier de police.
- Ils ont des canons dans la police maintenant ? Je savais que j’aurais dû m’engager.
- Revenons sur Terre, M. Nardo…
- Tony, appelez-moi Tony.
- Tony, que diriez-vous d’être inculpé de meurtre ?
- Quoi ? De meurtre ? s’exclama le type en se redressant soudain. Mais j’ai tué personne moi !
- Vous le reconnaissez ? demanda Esposito en avançant un cliché du mort
- Jamais vu ce quidam de ma vie. C’est un mec et un vioque. Deux bonnes raisons pour que je l’évite.
- Alors que faisaient vos empreintes dans le hangar où on a trouvé le corps ?
- Vous parlez du hangar désaffecté de la compagnie de cercueils ? Ouais, j’y étais mais pas pour tuer ce type.
- Et vous y faisiez quoi ?
- Avec des potes on tournait un gonzo.
- Qu’est-ce que c’est ? demanda Beckett en ouvrant des yeux comme des soucoupes
- Heu…c’est un porno chef, toussota Esposito, un peu gêné
- Vous feriez un malheur dans le métier, ajouta d’un ton graveleux Nardo
- Que s’est-il passé ce jour-là ? C’était quand d’ailleurs ?
- Il y a trois ou quatre jours. Avec un pote, on a recruté deux ou trois mecs, rameuté des gonzesses chaudes à transformer le pain de mie en toast rien qu’en le regardant et on a tourné le film.
- Vous avez tourné combien de temps ?
- La journée et une petite partie de la nuit.
- Qui peut confirmer votre alibi ?
- Mon pote et j’ai le numéro de quelques filles. Et puis la vidéo est en ligne.
- Déjà ?
- On est des rapides, gloussa Tony Nardo. On a mis notre film sur un site de partage de films porno. Cinq minutes gratuites et si t’en veut plus tu payes. On s’est déjà fait 500 dollars ! Le film s’appelle La Bite et la Fureur. Mon pote il a des idées.
- Pauvre Faulkner, murmura Beckett, en pensant au roman Le Bruit et la Fureur.
- Et on a des tas des projets, poursuivit avec enthousiasme le gracieux personnage. Mon pote qui a lu des livres il a déjà des titres comme La légende du cavaleur sans tête, Moby Trick…
- Ça va, on a compris, coupa Beckett. On va prendre votre déposition. Vous la lisez – si vous en êtes capable -, vous la signez et vous partez.
- Ça roule ma poule.
En sortant de la salle, Beckett et Esposito avaient du mal à garder leur sérieux :
- Bon ! C’est pas Joe la classe mais ce n’est pas notre assassin !
- Dommage pour nous. Il faut reprendre à zéro.
***
Commissariat, un peu plus tard
Esposito vint trouver Beckett :
- L’analyse toxicologique est revenue négative. Aucune drogue et pas d’alcool.
- Mais comment maîtriser notre victime ?
- Peut-être en la prenant par surprise. Après tout c’est un homme âgé. Un coup sur la tête a pu l’étourdir assez pour laisser à l’assassin le temps de le crucifier.
- C’est quelqu’un de fort. Il faut de la force pour clouer un homme dans un mur de ciment.
- Ou de la rage.
- C’est vrai qu’il y a certainement un motif personnel derrière ce meurtre.
- A propos de rage, où est passé Castle ?
- Monsieur boude, répondit-elle avec humeur. Le Grand Ecrivain joue les divas. Et bien ! Qu’il se calme ! Il reviendra après.
- Vous en êtes sûre ? Parce qu’il avait l’air furibard quand il est parti ce matin.
- Tout le monde a ses bons et ses mauvais moments, philosopha-t-elle. C’était un mauvais jour pour lui.
- Mais qu’est-ce qui s’est passé ? On l’a entendu soudain vous hurler dessus. Si je ne l’avais pas vu, je n’aurais jamais cru Castle capable de ça !
- Moi non plus, reconnu-t-elle. Je ne comprends toujours pas ce qui lui est arrivé. Tant pis ! Nous avons déjà travaillé sans lui et plutôt bien. Nous n’avons pas besoin de lui.
- Lieutenant…
- Nous n’avons pas besoin de Richard Castle, trancha Beckett d’un ton sans réplique
A suivre
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Série ''Castle''
Commissariat, le lendemain
Beckett réunit Ryan et Esposito.
- Ça y est ! Nous avons enfin l’identité de notre victime.
- Robert Dargento, 64 ans, professeur d’histoire et de théologie au King’s College, ici à New York. Célibataire, sans enfant. Un frère dans le New Jersey.
- Un professeur de théologie ? releva Ryan. Il y a donc bien un lien avec la façon dont il a été tué.
- J’ai fait une brève recherche sur Internet, reprit Beckett. M. Dargento était spécialiste du christianisme primitif et il a écrit, entre autre, une Vie de saint Pierre.
- Il y a donc toutes les chances pour que l’assassin soit un de ses proches, un collègue, un étudiant, un ecclésiastique qui sait !
- Je vais aller interroger ses collègues avec Esposito, décida Beckett. Pendant ce temps, Ryan, tu obtiens un mandat pour regarder ses comptes, éplucher ses appels téléphoniques et perquisitionner son appartement.
- Est-ce qu’on prévient Castle qu’on a trouvé quelque chose ? hasarda Ryan
- Certainement pas ! Les absents ont toujours tort !
- Lieutenant, vous devriez lui parler, s’enhardit Esposito. Depuis le temps qu’on travaille ensemble, ça ne peut pas se terminer comme ça.
- Mais…
- Prenez de ses nouvelles…
- Mais ça suffit ! s’énerva-t-elle. Ce n’est pas de ma faute s’il a pris la mouche !
- Vous en êtes sûre ?
- Lieutenant Esposito, vous allez trop loin !
- Pardon madame mais c’est juste qu’il nous manque.
- C’est vrai que travailler dans la bonne humeur ça change la vie, ajouta Ryan
- Vous trouvez qu’on travaille dans la monotonie et la tristesse ?
- Ben, il y a Castle et sans Castle.
- Au boulot ! ordonna Beckett
Ses subordonnés se le tinrent pour dit et regagnèrent leurs bureaux. Se levant pour partir, Beckett ne put s’empêcher de laisser son regard glisser vers le fauteuil qu’occupait traditionnellement l’écrivain et poussa un long soupir.
***
King’s College, New York
Depuis 1999, ce prestigieux établissement a ses locaux dans l’Empire State Building. Toute plaque dehors, Beckett et Esposito furent rapidement amenés devant le directeur de l’établissement.
M. Thomas Jones était un homme sec, droit comme un pilier, au nez aquilin, aux yeux bleus froids, à la tonsure monastique grisonnante ; vêtu avec une recherche surannée, nœud papillon en prime. Il reçut les policiers avec une cordialité mesurée.
- Je ne vois pas bien ce que vous faites ici, commença-t-il d’un ton pincé
- Aucun professeur n’est porté manquant ?
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.
- De lui ; et Esposito avança les photos de la scène de crime.
- De grâce, retirez ces saletés ! s’exclama Jones avec répugnance.
De toute évidence, la simple vue d’un grain de poussière équivalait à une déclaration de guerre.
- Vous reconnaissez cet homme ?
- Eh ! bien, oui, admit Jones avec réticence. C’est le professeur Dargento.
- Il est disparu depuis quand ?
- Disons trois ou quatre jours.
- Et ça ne vous a pas inquiété ?
- M. Dargento avait un séminaire il y a trois jours et son prochain cours n’était que la semaine prochaine.
- Il n’était pas débordé !
- Il se réservait pour ses recherches.
- Sur le christianisme primitif, c’est bien cela ?
- Tout à fait.
- Combien d’étudiants travaillaient avec lui ?
- Une demi-douzaine. Il avait aussi un assistant, Daniel Sinclair.
- Qui a signalé sa disparition ?
- Une étudiante, Mademoiselle Karyn Taylor. Elle devait lui présenter un exposé sur les graffitis des catacombes à Rome.
- C’est certainement passionnant, reconnu Beckett avec son meilleur sourire, et où peut-on trouver cette mademoiselle Taylor ?
Avec réticence, M. Jones rechercha sur son ordinateur :
- Elle a actuellement cours d’épigraphie latine avec le professeur Malone.
- Il nous faudra aussi la liste de tous les étudiants avec qui travaillaient le professeur Dargento et la liste des enseignants de votre établissement.
- Tout ceci est confidentiel !
- Vous voulez qu’on revienne avec un mandat en faisant savoir que le directeur d’une université prestigieuse fait obstacle à une enquête pour meurtre ?
- Vous oseriez faire cela ?
- Vous voulez parier ?
- Un conseil, intervint Esposito, ne pariez jamais avec elle.
- Et la liste de tout le personnel aussi. Merci.
Pendant que M. Jones préparait les documents demandés, les policiers allèrent cueillir Karyn Taylor à la sortie de son cours. C’était une jolie blonde finement dessinée et qui savait se mettre en valeur. Elle parut soulagée de les voir.
- Je savais bien que M. Dargento ne pouvait pas avoir disparu comme cela. Pas avant d’avoir vu mon exposé.
- Ah ? Parce qu’après ?
- C’était le tour d’Ann Crawford, une sale bécasse.
Les policiers s’entreregardèrent. Quelle ambiance !
- Expliquez-nous ce qui s’est passé.
- Je devais le retrouver lundi mais son bureau était fermé et il ne répondait pas sur son portable ni chez lui. Alors j’ai prévenu M. Jones qui a dit que le professeur avait dû sortir et que tout ce qui l’intéressait c’était qu’il soit là mardi prochain.
- M. Jones n’aimait pas le professeur Dargento ?
- Normal, c’est un esprit médiocre. Le professeur était tellement brillant.
En disant cela, elle avait levé les yeux au ciel comme si le disparu allait descendre dans un grand éclat de lumière. Beckett avait les sourcils bien remontés sur le front et la bouche pincée ; signe que l’idée qui lui traversait l’esprit devait rester confidentielle. Un coup d’œil à son collègue lui prouva qu’il pensait la même chose.
- Depuis quand aviez-vous une aventure avec le professeur Dargento ?
- Une aventure ? (Elle parut choquée). Nous nous aimions !
- Forcément.
- Et ça durait depuis quand ? demanda Esposito
- Trois, peut être quatre mois.
- Et cette Ann Crawford ?
- Elle essayait de séduire Bob mais ça ne marchait pas ! Il m’aimait voyez-vous ?
- Vous n’imaginez pas à quel point. Qu’avez-vous fait ensuite ?
- Je suis retournée en cours mais j’essayais de le contacter. Puis j’ai fini par prévenir la police.
- Comment était le professeur ?
- Il était beau, il était doué, brillant. Il aurait fini à l’Académie !
- Pardon pour la stupidité de la question, s’excusa Beckett. Lui connaissiez-vous des ennemis ?
- Non ! Tout le monde aimait Robert !
- Il n’était pas marié ?
- Non, il se consacrait uniquement à ses étudiants.
- Sans blague, murmura Beckett, (puis plus haut :) Que pouvez-vous nous dire sur son assistant, M. Sinclair ?
- Gentil, falot. Sa copine était une des membres du séminaire du professeur.
- Comment s’appelle-t-elle ?
- Rebecca. Rebecca Small.
Remerciant, les deux policiers s’éclipsèrent. Impossible qu’elle l’ait tué, question de force. A moins d’avoir été aidé.
***
Bureau de Daniel Sinclair
L’assistant du professeur Dargento accueillit sans réserve les enquêteurs. La mort de ce dernier sembla le choquer et le bouleverser.
Daniel Sinclair pouvait avoir trente ans. Il présentait bien, sans excès ni faute de goût. Brun de cheveux et d’yeux, il se montra d’une grande courtoisie.
- Ainsi Robert a été tué ? C’est tragique pour un si grand esprit de finir ainsi.
- Plus exactement, il a été crucifié. La tête en bas.
- Comme saint Pierre ? Voilà qui est étrange.
- Vous voyez quelqu’un qui aurait pu lui en vouloir ?
Le silence gêné de l’assistant équivalait à une réponse positive. Les policiers insistèrent.
- Robert Dargento était un esprit brillant mais un dragueur impénitent. Il ne s’est jamais marié parce qu’il était incapable d’être fidèle. Un jupon chassait l’autre. Mais je crois savoir qu’il n’a jamais fait mystère de cette situation.
- Donc si une femme dit qu’ils s’aimaient… ?
- C’est que c’est une nymphomane ou plus simplement qu’elle prend ses désirs pour la réalité.
- D’accord !
- Voici la liste des étudiants inscrits avec le professeur Dargento ; M. Jones m’a dit que vous la vouliez.
- Merci. (Beckett se mit à lire les noms à voix haute) : Ann Crawford, Tiffany Danvers, Salomé-Alexandra Miller, Rebecca Small, Karyn Taylor, Annabel Wulff. Mais il n’y a que des femmes !
- Le professeur Dargento décourageait les garçons.
- Mais et vous ? Vous êtes son assistant et on nous a dit que votre fiancée était inscrite avec lui ?
- Je suis doctorant en histoire romaine et Robert Dargento était le meilleur sur ce segment. Le conseil scientifique du King’s College m’a imposé auprès de lui pour que je n’aille pas voir ailleurs. Quant à Rebecca, je devance votre question : oui, Robert l’a courtisé mais comme notre relation est sérieuse, elle l’a gentiment découragé.
- Et il ne lui en a pas voulu ?
- Au début si. Mais, comme je vous l’ai dit, un jupon chasse l’autre et il est passé à autre chose.
- Où étiez-vous il y a trois jours, disons entre vingt heures et minuit ?
- J’ai travaillé jusqu’à neuf heures ici puis je suis rentré chez moi. J’ai passé la soirée avec Rebecca.
Les deux policiers se retirèrent là-dessus.
***
King’s College
Mademoiselle Ann Crawford se présenta aux enquêteurs qui avaient élu domicile dans une salle de réunion. C’était une brune à la chevelure interminable et aux jambes longues comme le Danube.
Elle attaqua bille en tête :
- Il paraît que le professeur Dargento est mort !
- C’est exact.
- C’est sûrement cette pouffiasse de Karyn Taylor qui l’a tué !
- Et pourquoi aurait-elle fait cela ? demanda Beckett, partagée entre l’ahurissement, le rire et la curiosité
- Parce qu’elle ne supportait pas l’idée que Bob me préfère à elle.
- Ah ?
- Mais oui ! s’exclama-t-elle, enthousiaste. Entre elle et lui, il y a tout juste eu une affaire de sexe. Entre lui et moi, c’était une vraie passion ; de celle qui dure et font les couples heureux.
- Bien sûr ! Et vous faisiez quoi il y a trois jours ?
- Je préparais mon exposé sur la Domus Aurea.
- Et pour les non initiés ?
- La demeure que s’est fait construire Néron, dit-elle, visiblement surprise qu’on lui pose ce genre de question. Il était tellement bon qu’il aurait flanqué celui de Karyn par terre !
- J’en déduis que l’ambiance dans ce groupe était mauvais.
- Non, il était studieux.
- M. Dargento ne draguait pas les autres filles…pour des histoires de sexe ?
- Robert n’aimait que moi.
Lorsqu’elle fut partie, les deux policiers étaient consternés.
- Un spécialiste de saint Pierre qui se vautre dans les plaisirs de la chair, ça fait désordre, commenta Beckett.
- Chacune de ses filles a pu le tuer dans un accès de rage passionnel. Ça paraît fou mais en état second je les vois parfaitement faire cela.
- Certes, mais est-ce que Karyn Taylor n’aurait pas tué d’abord Ann Crawford ou réciproquement plutôt que l’objet de leur mutuelle passion ?
- Mais, lieutenant, vous savez bien qu’on préfère parfois que les êtres aimés ne soient à personne plutôt qu’à quelqu’un d’autre.
Kate Beckett fronça les sourcils mais ne trouva rien à répondre. C’était l’heure du nouveau témoin.
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Série ''Castle''
Domicile de Castle, même journée
Richard Castle n’était pas resté inactif depuis son fracassant départ de la police. Il avait repris son manuscrit, provisoirement intitulé Nikki dans le viseur. Ce blocage qui le tourmentait, il l’avait dépassé. D’une façon radicale. Le personnage du journaliste qui suivait Beckett, pardon Nikki Hard ; il l’avait supprimé. Mais, par pure sentimentalisme, il avait préféré le dire « envoyé sur d’autres sujets par sa hiérarchie » plutôt que physiquement éliminé. Comme ça, l’écrivain prévoyant pourrait, le cas échéant, le faire revenir.
Pendant quelques heures, la veille, il avait eu une autre idée, encore plus radicale : tuer Nikki Hard. Ça n’aurait pas posé de problème dans la narration et cela aurait même pu dynamiser la fin du manuscrit. Une solution simple à son problème d’inspiration. Il l’avait ressassé, soupesé mais finalement l’avait rejeté ; se rabattant sur le journaliste. C’est vrai qu’après Derek Storm, supprimer Nikki Hard aurait donné une drôle de publicité au romancier : Richard Castle, le seul écrivain qui tue ses héros ! Agatha Christie avait attendu d’être morte pour étrangler Hercule Poirot dans un roman posthume ; Conan Doyle avait été obligé de « ressusciter » Sherlock Holmes. Alors que Patricia Cornwell continuait à aligner ses Kay Scarpetta, Michael Connelly –son partenaire de poker- écrivait toujours ses Harry Bosch et Stephen J. Cannell- un autre partenaire de poker- ses Shane Scully.
Il s’était donc résolu à garder Nikki Hard.
Il arrivait d’ailleurs au bout de son contrat concernant ce personnage. S’il n’en voulait plus, il lui serait toujours possible de dire à son éditrice qu’il ne voulait plus continuer ainsi et il passerait à autre chose. C’est comme son rôle de consultant avec la police de New York. Ces choses-là ne durent pas.
Mais en avait-il envie ?
S’il gardait Nikki Hard, comment se passer de Kate Beckett ? Dans son esprit, elles étaient quasiment consubstantielles. C’était vrai aussi qu’avec le nombre d’enquêtes qu’il avait suivi, il pouvait écrire cinquante bouquins.
Il était donc résolu à rester silencieux et à attendre que Beckett, qui était une femme intelligente, vienne lui faire des excuses. On aviserait alors pour une reconduction de leur convention. Sur le papier, c’était très bien. Dans la réalité…Il faudrait peut être que Castle s’arme de patience. Or, ce n’était pas précisément sa qualité première.
Pour le moment, il devait finir son livre. Il s’était d’ailleurs rendu compte, à son grand étonnement, que la disparition du journaliste, avait libéré son imagination et qu’il progressait à grand pas. Il avait envoyé un courriel à son éditrice pour lui communiquer les cinq premiers chapitres révisés et lui annoncer cinq autres pour la semaine suivante. L’immense matériau accumulé depuis plusieurs semaines trouvait soudain son utilité. Ce qui se concevait bien s’énonçait clairement et les mots pour le dire arrivaient aisément.
***
Domicile de Castle
Plongé dans son travail, les doigts pianotant avec une ferveur mystique, Richard Castle vit soudain une ombre s’encastrer à l’entrée de son bureau. Levant les yeux, il se trouva face à la gloire de ses jours, sa fille Alexis, jolie blonde de quinze ans disposant de l’humour paternel et de plus de bon sens que son père et sa grand-mère réunis. Elle le regardait sévèrement.
- Qu’est-ce qu’il y a pour ton service ma beauté ?
- Qu’est-ce qui se passe entre toi et Beckett ?
- Ah ! (L’écrivain se rembrunit. Il fut tenté de se taire et d’ignorer Alexis mais il en était incapable :) Nous sommes brouillés.
- Mais pourquoi ?
Après avoir soupiré à pierre fendre, il s’exécuta, quasiment d’un ton mécanique. Les sourcils d’Alexis remontaient au fur et à mesure du récit et, au final, elle ne put s’empêcher de sourire.
- Papa, tu es jaloux ! s’exclama-t-elle
- Moi ? Jaloux ? Et de qui ?
- Mais de Demming !
- De lui ? Ha ! Ha ! Ha ! Hum…Oui.
- Et que comptes-tu faire ?
- Je me suis peut être emporté un peu vivement. Il n’en demeure pas moins qu’elle m’a ridiculisé et que j’attends des excuses. Pour le moment, je ne suis pas prêt à revenir au commissariat.
- Tu penses que Beckett comprendra ce qu’il y a derrière ton coup de sang ?
- C’est une femme intelligente.
- Ah ? Ce n’est plus une « ingrate et une traîtresse » ?
- Toi, tu as parlé à grand-mère.
- Il fallait bien. Tu n’as quasiment pas ouvert la bouche depuis deux jours. Tu manges sur le pouce et tu bosses comme un malade sur ton ordinateur. Je ne t’ai jamais vu comme ça !
- Bah, tu as vu pire…
- Mais malheureux, jamais.
Castle encaissa le coup. Il pâlit, s’adossa à son fauteuil, l’air complètement sonné et resta silencieux.
Alexis passa de l’autre côté du bureau et enlaça le cou de son père.
- Tu sais que je t’aime papa et que tu peux compter sur moi.
Castle ne répondit pas mais il serra sa fille un peu plus fort.
***
Même lieu, en soirée
Castle sortit dîner avec son éditrice (et ex-femme) vers 19 heures. Martha et Alexis se retrouvèrent seules pour la première fois depuis deux jours.
- Grand-mère, tu ne devais pas sortir ce soir ?
- J’ai annulé, reconnut Martha. Ça peut attendre. Ton père, c’est une urgence.
- Il travaille comme un fou.
- C’est pour oublier. Certains se noient dans l’alcool ; ton père, c’est dans le travail.
- Mais comment en est-on arriver là ! Je l’aime bien, moi, Kate Beckett !
- Moi aussi. Ton père plus que ça.
- Tu crois qu’il est amoureux d’elle ?
- Ma chérie, tu es gentille mais, quand tu auras ma grande expérience…hum…ma grande expérience, donc, ces choses-là te sauteront aux yeux. J’ai dit il y a longtemps à Richard qu’il aurait dû coucher avec elle et je suis sûre qu’elle ne lui aurait pas dit non ! Maintenant, c’est peut être trop tard.
- Trop tard ?
- A force de ne rien se dire, de pudeur, de peur de l’engagement, de fierté – Ah ! Quelle maladie que la fierté ! Et la famille n’est pas particulièrement réputée pour ses grands modestes – Bref, à cause de tout cela, ils ont perdu des occasions. A un moment, ça casse. Beckett est adorable mais ce n’est pas une nonne. Puisque ton père ne s’est pas déclaré, elle s’est tournée vers d’autres. C’est Demming. Ça aurait pu être un autre. Richard n’est que trop conscient de ce qui se passe et de ce qui aurait pu se passer. Le lien entre Beckett et son petit ami a l’air assez solide pour être durable. Mon cher fils n’est pas maso. Quand il a compris que c’était du sérieux, il a cherché à quitter l’unité sans que cela paraisse lié à Demming.
- Mais pourquoi claquer la porte ?
- Il a craqué, analysa sobrement Martha. Il a hésité, n’a pas trouvé l’occasion et je suis sûre que ça l’a rongé depuis des semaines. Tu as remarqué que son blocage dans l’écriture de son bouquin remonte à cette période ? Je n’ai rien dit parce que ce ne sont pas mes affaires et que ton père est, en principe, assez grand pour gérer sa vie. Les deux choses étaient liées et il s’est retrouvé coincé. L’explosion était inévitable. C’est arrivé il y a deux jours sur un mot malheureux de Kate – au passage, je n’ai jamais entendu Richard l’appeler par son prénom ; ce qui est significatif de la volonté de mettre à distance la femme et le lieutenant de police - mais ça aurait pu arriver n’importe quand et sur n’importe quoi !
- Tu aurais fait une psychanalyste fabuleuse !
- Je suis une mère, fit modestement Martha, c’est un peu la même chose.
- A ton avis, qu’est-ce qui peut se passer maintenant ?
- Je ne suis pas médium mais je ne pense pas que la situation actuelle dure longtemps. Ils sont liés l’un à l’autre, Demming ou pas. Par contre, qu’est ce qu’ils veulent, ça, je n’en sais rien. Ils ne le savent peut être pas eux-mêmes !
- Tu crois qu’ils pourraient se brouiller définitivement ?
- Ton père est fier comme Artaban mais il a un bon fond et Beckett est une bonne nature elle aussi. Il est vrai cependant que je n’aurais jamais cru qu’ils en viennent à la rupture.
- C’est papa qui a rompu, pas elle. Elle ne veut peut être pas le perdre comme ami.
- Sauf qu’elle n’a donné aucune nouvelle depuis que Richard a claqué la porte. Leur fierté à ces deux oiseaux-là risque de leur faire tout gâcher !
- Mais qu’est-ce qu’on peut faire ?
- Assurer ton père de notre soutien moral et le laisser faire. Même s’il assure attendre les excuses de Beckett, il ira la voir chez elle s’il le faut ou feindra de tomber sur elle chez le poissonnier ; enfin, bref, il trouvera un prétexte pour lui parler sans perdre la face. Et elle jouera le jeu, j’en suis persuadée. Tant pis si Kate Beckett ne devient pas ma belle-fille, je serai ravie que Richard la compte parmi ses amis. Avec elle au moins, il ne risque pas de prendre le melon !
- Et si j’allais au commissariat juste pour prendre de ses nouvelles ?
- Mauvaise idée ma chérie. Tu passerais pour l’émissaire de ton père et tu t’entendrais dire : « Il n’ose pas se montrer lui-même ? ». Non, la meilleure des choses à faire, c’est de laisser faire le temps.
Au fond d’elle-même, Martha Rodgers était beaucoup moins optimiste qu’elle ne voulait le laisser paraître. L’incongruité de la brouille entre Castle et Beckett démontrait la profondeur de la rupture entre les deux anciens amis. Et parce que leur relation avait été si proche, la violence du crash n’en était que plus grande. Après avoir constitué un tandem d’une redoutable efficacité, ils avaient rien moins que reconstruit le Mur de Berlin. Le poids des rancœurs, des désirs refoulés, des agacements mineurs accumulés depuis deux ans ; tout cela pesait lourd. Très lourd.
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Re: Série ''Castle''
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Re: Série ''Castle''
Ryan ayant obtenu les mandats demandés, Beckett et son équipe s’étaient rendu chez leur victime ; laquelle demeurait Central Park Ouest, au 22ème étage d’un building tout de verre et d’acier.
L’appartement en lui-même mesurait 78m2 et donnait sur Central Park.
- Il me faudrait des siècles pour me payer ça ! s’exclama Ryan, avec un peu d’envie
- Comme à nous tous, reconnu Beckett. Tu prends le salon, Esposito la salle de bain. Je fouille la chambre.
Le salon, prolongé par une salle à manger, était décoré de gravures licencieuses et d’eaux-fortes religieuses. Le grand écart ! Une vaste bibliothèque occupait tout un côté de mur (et d’autres livres se trouvaient un peu partout). On y trouvait des ouvrages en plusieurs langues (italien, allemand, français) ; chose courante dans son domaine d’études. Les sujets en étaient si complexes que Ryan se garda bien d’essayer de les comprendre. Il vérifia en revanche qu’ils ne dissimulaient rien d’autre. En dehors de l’histoire, de la théologie et de l’histoire de l’art, rien ne semblait intéresser feu le professeur Dargento. Intellectuellement s’entend.
La salle de bain ne recelait rien de bien transcendant. Aucune drogue ni médicament illicite. En revanche, conscient de son âge, Robert Dargento prenait ses précautions et veillait sur l’état de son stock.
- Les gars ! venez voir ! lança Beckett
Elle leur montra un album de photos relié pleine peau ; un ouvrage luxueux. Son contenu en était explicite : les conquêtes du professeur Dargento. Chaque « dossier » comprenait plusieurs photos, plus ou moins déshabillé mais on pouvait lui reconnaître un certain talent et aucune n’était dégradante ou pornographique ; il y avait des dates et de brefs commentaires, sans grand intérêt.
Par contre, il manquait plusieurs pages.
- L’assassin connaissait bien sa victime, commenta Beckett. Son forfait commis, il a pris ce qu’il voulait.
- C’est vrai ; rien ne semble avoir disparu. Et je suis sûr que plusieurs de ses gravures ; certains bouquins se vendraient bien. Pas des millions mais plusieurs milliers de dollars.
- Le vol n’est clairement pas le mobile du crime.
- On s’en doutait mais en voilà la preuve. Tout nous prouve que le mobile est personnel.
- Il n’y a que des affaires à lui. Aucune femme ne vivait ici. Il n’entretenait pas des liaisons plus ou moins longues : il était vraiment dans une logique de conquête. Avec ce genre d’idées, il y a forcément un moment où le conquérant tombe sur un os en séduisant ce qu’il n’aurait pas dû.
- Mais qui aurait eu une raison pour tuer Dargento ?
- Lieutenant Beckett ! Regardez çà ! s’exclama Ryan
Il montrait une enveloppe rose claire, qui se trouvait dans le tiroir du meuble de chevet.
A l’intérieur, une lettre.
Beckett les prit toutes deux puis fronça les sourcils.
- Vous sentez ça ?
- C’est Summer Fragrance, répondit Ryan. C’est un parfum de femme. Quoi ? Ma copine s’en met.
- C’est cher ?
- Moins que du Chanel mais ça commence à compter.
- Que dit la lettre ? demanda Esposito
- Une femme donne rendez-vous à Dargento…dans un immeuble désaffecté…pour une entrevue particulière. La date remonte à trois jours.
- L’assassin appelant sa victime !
- Ou bien il l’a appris. Il a emporté les photos mais laissé la lettre.
- Il y aurait deux personnes ? s’interrogea Ryan. Une femme invite Dargento et quelqu’un en profite pour l’éliminer. On ferait fausse piste depuis le début ?
- Ou bien l’assassin a un tel conflit personnel avec la victime qu’il n’a pas agit rationnellement, le corrigea Beckett. Rappelez-vous la scène de crime. C’est une mise en scène mais une mise en scène pour la victime !
- Mais s’il était inconscient ?
- Il faudra demander à Lanie d’être plus précise dans l’enchaînement des faits. Mais je suis sûre que l’assassin et l’épistolier ne sont qu’une seule et même personne. Il connaissait l’existence de l’album et voulait en faire disparaître une des conquêtes de Dargento, et une conquête récente à en jurer par les dates. Entre février et mars cette année.
- Donc avant Miss Taylor et Crawford.
- Exactement. Dans sa passion vengeresse, l’assassin a repris les photos mais oublié sa lettre. Et depuis l’appartement est sous surveillance policière.
- Vous y croyez vous ?
- Dans cette histoire, la rage éclate. On ne crucifie pas pour faire joli ! Et je suis certaine que cette façon de tuer n’a de valeur que si la victime se voit mourir. Lanie a déjà dit que le supplice a duré plusieurs heures. Dargento a su qui voulait le tuer et pourquoi.
- Dommage que l’on ne puisse pas lire ce qu’a vu la pupille du mort.
- Laisse-çà à la science-fiction. On emballe la lettre, l’enveloppe. On les envoie en analyse, la graphologie et tout le bazar. L’album aussi. Et on va procéder à un relevé d’empreintes.
- Ici ? Mais quel intérêt chef ?
- Une femme qui ne devait pas venir est pourtant venue ici. Trouvons qui c’est et on aura peut être notre assassin.
Ryan et Esposito opinèrent du chef.
***
Locaux du commissariat, le lendemain matin
Kate Beckett, café en main, s’apprêtait à commencer sa journée. Ce fut à ce moment que le capitaine Roy Montgomery sortit de son bureau :
- Lieutenant, vous avez une minute ?
- Heu…oui
Dans le bureau, le capitaine désigna un fauteuil à sa subordonnée qui commençait à se demander ce qu’il se passait.
- D’abord, je voudrais savoir où en est l’enquête sur la mort du professeur Dargento. Le directeur du King’s College aimerait des réponses et il se trouve qu’il connaît bien le sénateur Chase ; qui m’a passé un coup de fil pas plus tard qu’il y a cinq minutes.
- On pense avoir trouvé la preuve que Robert Dargento a été attiré dans un guet-apens : une lettre parfumée lui donnant rendez-vous sur le lieu de sa mort. Comme rien ne laisse penser qu’un corps a été traîné, et qu’on a retrouvé la voiture de la victime a proximité, on peut penser qu’il était vivant en entrant dans le hangar. Là, l’assassin le tue et met sa mort en scène. Le docteur Parish doit me préciser certains détails encore. J’attends des empreintes de l’appartement du professeur.
- Très bien. Voilà des mots que je voulais entendre.
Il y eut un bref silence.
- Autre chose, monsieur ?
- Oui. Hum…Où en êtes-vous avec Richard Castle ?
- Sauf votre respect monsieur, je ne vois pas en quoi ça vous regarde.
- Malheureusement si, ça me regarde. Vous savez comment Castle a intégré votre unité ?
- Sur recommandation de vos supérieurs.
- Précisément.
- Il n’a pas…
- Castle n’a rien fait, coupa Montgomery en voyant Beckett s’empourprer. Mais il paraît qu’il y a eu un éclat ici- pour une fois que je prenais un congé ! – entre vous et lui.
- C’est exact.
- Que s’est-il passé ?
- Je n’ai pas très envie d’en parler, monsieur.
- Mais moi je veux savoir.
- Bien. En fait, je n’ai pas vraiment saisi ce qui a eu lieu. Castle regardait le tableau. Je discutais avec Tom, pardon le lieutenant Demming. Soudain Castle a piqué une colère aussi soudaine que brusque et il nous a tous planté.
- Je vois. Vous n’avez pas eu de nouvelles depuis ?
- Aucune. Pas plus que je n’ai essayé d’en avoir. S’il boude, c’est son problème.
- Plus vraiment, la corrigea le capitaine. Et ça nous ramène à ce que disions auparavant. Le maire veut faire le tour des services de police ; donc du nôtre aussi. Or, il se trouve que le maire est un ami de notre écrivain. C’est par ce biais qu’il a convaincu le commissaire.
- « Si ça fait plaisir au maire, ça fait plaisir au commissaire et si ça fait plaisir au commissaire, moi ; ça me fait plaisir », récita Becket avec une pincée d’acidité
- Précisément. Les ordres viennent de tellement haut que ça me donne le tournis. A mon niveau, la politique est une compétence indispensable pour durer. La diplomatie aussi. Vous apprendrez.
- Pardon ?
- Vous avez toutes les qualités pour devenir capitaine un jour. Mais, en celui-ci, ce qui m’importe c’est que quand le maire viendra, s’il ne voit pas Castle, il me demandera pourquoi. Cela pourrait le contrarier. Et vous n’êtes pas sans savoir que la question du budget va vite revenir.
- Vous lui direz qu’il écrit un livre. C’est son job après tout !
- Bien sûr. Et si le maire appelle Castle ?
- Vous voulez…
- …qu’il revienne ; au moins pour la visite du maire.
- Monsieur, je crois que la « convention » tacite entre Richard Castle et moi est finie.
- C’est encore à moi d’en décider, lieutenant, rétorqua Montgomery. Aux yeux du maire, je suis responsable de lui. Donc vous allez ajouter un « codicille » à votre « convention » et me ramener notre écrivain.
- Monsieur, nous sommes brouillés. Ce serait mieux si c’était vous qui l’appeliez.
- Non lieutenant, c’est à vous que je confie cette mission. Si, après la visite du maire, vous n’en voulez vraiment plus, et ! bien ! nous aviserons à ce moment. Mais pas avant.
- Capitaine…
- C’est un ordre lieutenant Beckett !
- Bien monsieur.
Un peu blanche, et visiblement très contrariée, Kate Beckett sortit. Elle balança son café qui était froid et alla à son bureau.
Depuis trois jours, elle s’était efforcée de reconstruire un ordre dans lequel Castle n’aurait plus de place ; une sorte de retour à « L’Age d’Or » lorsque la police faisait son travail sans avoir un « consultant » dans les pattes et elle pensait y avoir réussi. Ryan et Esposito lui faisaient bien encore un peu la gueule mais eux aussi semblaient avoir tourné la page. Bientôt, Castle n’aurait plus été qu’un souvenir dont on pourrait reparler avec des anecdotes qui feraient rire au banquet annuel de la police.
Le capitaine Montgomery venait de tout faire voler en éclat.
Ou plutôt le maire avait tout fait voler en éclat. Jusqu’à présent, les relations du romancier avaient plutôt servi la police en général et Beckett en particulier. Maintenant, elles relançaient la question de sa présence. Beckett se promit de ne pas voter pour le maire aux prochaines élections.
De la colère. Voilà ce que ressentait Kate Beckett, qui résolut d’exécuter la mission qu’on lui avait confiée. Après tout, faire attendre des huiles serait mal vu, n’est-ce-pas ?
Attrapant, presque arrachant sa veste, elle sortit du commissariat.
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Série ''Castle''
Domicile de Castle
Un coup de sonnette virulente vrilla l’air.
- Voilà ! Voilà ! J’arrive ! s’écria Martha Rodgers, en rajustant sa robe de chambre.
Etre réveillé à 9H, cela équivalait aux aurores pour la digne tragédienne.
Sur le pas de la porte, Kate Beckett.
- Heu…bonjour lieutenant.
- Bonjour. Il est là ?
- Oui.
Sans en demander plus, Beckett s’engouffra dans l’appartement jusqu’au bureau du romancier. Celui-ci venait de poser sa tasse de café à côté de son ordinateur et commençait à relire ses notes.
- Je vous dérange ? L’interpellation le fit sursauter.
- Lieutenant Beckett ! Que faites-vous ici ?
- Je suis en service commandé.
D’emblée, le ton était donné. Formel, presque froid. Castle n’avait pas invité sa vis-à-vis à s’asseoir (alors que lui-même était assis) et celle-ci n’avait pas retiré sa veste. L’échange devait être court ; comme d’un commun accord.
- Le capitaine Montgomery m’envoie vous chercher pour une mission particulière.
- Laquelle ?
- Le maire a entrepris une visite des services de police et il se trouve que c’est un ami à vous.
- Et mon absence ferait désordre, c’est ça ?
- Vous avez compris.
- Juste pour ça ?
- Un retour pour la galerie.
- Je vois. (Castle serra la mâchoire). Qu’en pensez-vous ?
- Je ne pense pas. J’exécute.
- Pourquoi le capitaine ne m’a-t-il pas appelé lui-même ?
- Je lui ai conseillé de le faire, en effet.
- Et si je n’ai pas envie de venir vous faire plaisir ?
- Il ne s’agit pas de me faire plaisir, Castle. Le capitaine semble penser que votre présence serait bonne pour l’image du service.
- Qu’en pensez-vous ?
- Je me répète : je ne pense pas…
- Ça suffit, lieutenant ! s’exclama-t-il, en frappant du poing sur la table. Votre prestation est lamentable ! Je n’ai jamais vu quelqu’un jouer aussi mal depuis longtemps ! Un texte aussi nul, je n’en ai pas vu depuis que je me suis essayé au théâtre ! Faites comme moi, renoncez à être dramaturge !
- Je suis flic, voyez-vous, rétorqua-t-elle, piquée au vif. J’ai l’habitude d’obéir aux ordres. Et j’ai reçu celui de vous demander de revenir pour la visite du maire. C’est tout. Je n’avais besoin de rien et surtout pas de vous. Je n’ai pas besoin d’un déserteur.
- Déserteur ? C’est comme ça que vous me voyez ?
- Comment appelez-vous quelqu’un qui abandonne son poste en pleine bataille ?
- J’avais mes raisons.
- Sans blague ? Et vous croyez quoi ? Qu’on se tourne les pouces en attendant votre retour et que vous serez accueilli comme un monarque ? Dans la police, on ne bosse pas uniquement quand nous sommes inspirés. Un crime a lieu. Nous enquêtons pour pouvoir au plus vite coffrer celui qui a fait cela. Le temps est primordial. Je n’ai pas le loisir d’attendre que ma muse me fasse signe.
- Pas même le temps d’appeler ?
- Je vous retourne la critique. De toute façon, je crois que nous n’avons plus rien à nous dire.
- Je le pense en effet.
Beckett sortit sans saluer et sans que son hôte eut proposé de la raccompagner.
Dans la cuisine, Martha était effondrée. La rencontre tant attendue avait eu lieu mais le résultat n’était pas du tout celui escompté. Comme elle le craignait, la fierté des deux protagonistes, et leur ressentiment l’un envers l’autre, les avait empêchés d’aborder le fond du problème. Pire ! Ils venaient de rompre toutes les amarres.
Cette fois, c’en paraissait bien fini de la relation entre Kate Beckett et Richard Castle.
***
Bureau de Richard Castle
Après le départ de Beckett, l’écrivain se frotta le visage énergiquement et se renfonça dans son fauteuil.
- Qu’est-ce que j’ai fait ? Mais comment ais-je pu…
Il se leva et marcha lentement jusqu’à la fenêtre. Puis, brusquement, obliqua vers le bar et se servit un Scotch bien tassé. Il ne croyait toujours pas ce qui venait de se passer : deux inconnus se toisant dans un étalage de mépris réciproque.
Ce n’était pas lui ! Ce n’était pas possible que le si affable Richard Castle se soit conduit comme le dernier des abrutis. Critiquer Beckett pour sa « mission » puis se laisser dire ses quatre vérités.
Elle n’avait d’ailleurs pas tort de le traiter de déserteur.
Tout comme de dire que la police ne l’attendait pas pour travailler. Manière de dire que s’il voulait revenir, la décision ne tiendrait qu’à lui. Mais Beckett voudrait-elle encore lui parler ? Il avait été stupide et odieux.
Que faire au sujet de l’objet de la visite ? Ne pas venir serait d’une mesquinerie idiote et lui aliénerait ses derniers soutiens. Ne plus travailler avec Kate Beckett était une chose. Que le maire prenne mal son absence en était une autre. La police ne lui avait jamais demandé de travailler avec elle. C’est lui qui avait fait jouer son amitié avec le maire pour s’incruster.
Oui, mais de là à rester juste pour la galerie, il y avait une marge. Cela voulait dire qu’au lendemain de la visite, il se retirerait à nouveau. Ce serait d’un ridicule consommé !
Il lui restait une solution.
Il revint à son bureau et prit son téléphone :
- Allo, Cynthia ? Richard Castle à l’appareil. Est-ce que le maire est disponible ?
***
Dans la rue
Kate Beckett sortit en trombe de l’appartement de Castle et se retrouva plus que rapidement dans la rue, près de sa voiture. Ce fut là qu’une violente douleur au ventre la stoppa. Elle sentit en outre ses yeux s’embuer et ce fut par un grand effort de volonté qu’elle se maîtrisa :
- Quel connard ! éructa-t-elle
Mais, ce qu’elle ressentait avec acuité c’était l’impression de gâchis. Au lieu de se dire les choses en face, ils étaient restés figés comme des statues. L’hostilité était palpable ainsi qu’une mauvaise foi rance désagréable et qui, finalement surprenait le lieutenant Beckett : comment en était-on arrivé là ?
Au fond d’elle-même, Kate Beckett savait qu’elle ne haïssait pas Richard Castle mais elle en était arrivée à un point d’exaspération tel qu’elle ne savait plus comment en sortir. Fallait-il considérer que l’écrivain appartenait au passé ?
Quant à sa mission, elle avait échoué dans les grandes largeurs. Vu l’hostilité manifeste que lui vouait Castle, il allait certainement rester au chaud chez lui et laisser le service se débrouiller avec le maire.
Un instant, elle fut tentée de prendre son téléphone portable pour demander à Castle de venir non pas pour elle mais pour les autres.
Ce qui la retint, ce fut la volonté de laisser une dernière chance au romancier ; la sensation illogique mais tenace qu’elle pouvait lui faire confiance.
Ledit téléphone se mit d’ailleurs à sonner. C’était Lanie. Elle avait du nouveau.
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Re: Série ''Castle''
Autopsie, même jour
- Alors, tu as quelque chose pour moi ? demanda Beckett en entrant dans la morgue
- Tout à fait ma chère. Regarde les radios.
- Et que suis-je censée y voir ?
- Aucun sens artistique, déplora la légiste pince-sans-rire. Tu vois cette tache sur le haut du crâne ?
- Oui. Qu’est-ce-que c’est ?
Lanie sortit le cadavre du professeur Dargento de son frigo. Elle lui avait rasé le crâne et indiqua une tache violacée.
- C’est un hématome sous-dural consécutif à un coup porté par derrière avec un objet contondant.
- Ce serait la cause du décès ?
- Non, je maintiens mon diagnostic initial : décès par asphyxie.
- Et le coup est arrivé avant ou après la mort ?
- Il est indubitablement ante-mortem. Dans la position où on l’a retrouvé, il ne lui aurait pas été possible de se faire ce type de blessure.
- Donc on pourrait penser que la victime est entrée dans le hangar, a été frappé sur le crâne et qu’on l’a ensuite supplicié.
- D’autant que, regarde ses chevilles.
- Ce sont des marques de pression !
- Je ne les avais pas vus au départ. Elles sont apparues par la suite.
- Et tu en déduis quoi ?
- Que quelqu’un a tenu notre victime la tête en bas pendant qu’on le clouait au mur.
- Il y avait deux assassins !
- De plus, lorsqu’on t’enfonce un clou dans le pied, aussi inconscient sois-tu, ça ne peut que te réveiller. La douleur est ensuite trop forte pour que la victime, qui était âgé, ait pu se débattre longtemps. Mais il fallait que l’un des assassins soit physiquement plus fort que lui pour le tenir le temps de lui clouer les pieds dans le mur. Cette opération réalisée, clouer les mains était un jeu d’enfant.
- Tu as pu relever des empreintes ?
- Une nette. Il semblerait que notre meurtrier ait eu la peau moite.
- Ce n’est pas un professionnel et la rage donne chaud. Merci Lanie !
- Heu Kate… ?
- Oui ?
- Ça va ?
Elle resta muette, fit le geste de sortir mais ne l’acheva pas, brassa un peu d’air, avant de finir par lâcher :
- Lanie, il me manque !
Lanie s’absorba attentivement dans l’examen d’une blessure imaginaire laissant son amie vider son sac :
- C’est un grand gamin égoïste, vaniteux, indiscipliné, tête de mule mais gentil, intéressé et doté d’un goût certain pour l’investigation policière. Et du sens de l’humour. Je n’ai pas besoin de lui pour faire mon boulot mais je le fais quand même dans une meilleure ambiance quand il est là. C’est vrai que c’est parfois agaçant de l’avoir dans les pattes mais on s’y fait. Et il nous aide. Ce grand sourire béat et cette jubilation devant l’inventivité des meurtriers, devant le travail de terrain ; c’est drôle et presque touchant. Même sa gaminerie, je m’y suis faite. Non mais, imagine, se faire fabriquer un gilet pare-balle avec la mention « Writer » dessus ! Tout allait bien pour autant que je sache. Je ne comprends pas comment on a pu en arriver là ! Non vraiment ! Tu nous aurais vu ce matin : deux êtres pleins d’hostilité l’un pour l’autre.
- Tu as vu Castle ce matin ?
- J’étais en mission pour le capitaine, confessa-t-elle. Je devais lui demander de revenir pour faire plaisir au maire. L’entrevue s’est très mal passée ! Il me déteste, Lanie, j’en suis sûre mais je ne sais pas pourquoi.
- Que s’est-il exactement passé le jour où il est parti ?
- Il est arrivé à l’heure habituelle, a regardé le tableau des indices ; j’étais à discuter avec Tom à ce moment. Il a demandé s’il y avait du nouveau ; je lui ai dit que non. Puis Tom a dit quelque chose comme quoi c’était pratique d’avoir un écrivain de romans policier sous la main avec des idées qui pouvaient nous servir. Et j’ai ajouté qu’il était parfois utile.
A ce stade de son récit, Kate Beckett se tut brusquement. Lanie n’ajouta rien mais son expression parlait pour elle.
- C’est çà ! s’exclama Beckett. C’est ça qui a tout déclenché ! Il a pris mon trait d’humour pour une attaque ! Il a dû penser que je comptais pour rien nos années de collaboration. Quelle andouille je fais ! Au lieu de le prendre de haut, j’aurais dû lui parler franchement. On se serait expliqué entre adultes et ça ne serait jamais allé jusque-là. Ceci dit, je ne comprends pas pourquoi il a pété un câble précisément ce jour-là.
- Vraiment ?
- Tu as une idée ?
- Si tu ne le sais pas, je ne vois pas pourquoi je te le dirais.
- Lanie !
- J’ai rien dit mais ça ne change pas ton problème.
- Non en effet, reconnu-t-elle. Maintenant, il me déteste et doit me prendre pour une ingrate. Il ne reviendra jamais.
- Et pour la visite du maire ?
- J’ose penser qu’il viendra pour le service, sinon pour Ryan et Esposito.
- Pourquoi ?
- Ces trois mecs s’entendaient comme larrons en foire. Je suis certaine qu’il fera la visite pour les saluer. Trois petits tours et puis s’en ira. De toute façon, il est hors de question que je retourne chez lui. De quoi aurais-je l’air ?
Beckett ne put retenir un soupir. Son attitude lasse lui donnait mauvaise mine. Lanie, qui la connaissait bien, savait que la fatigue traditionnelle, le stress de la criminelle, n’expliquaient pas tout. Kate Beckett était beaucoup plus touchée par sa rupture avec Castle qu’elle ne l’admettait. Le fait de le revoir, et surtout que l’entrevue se soit mal passée, l’affectait énormément. De la fatigue certes. De la tristesse aussi.
- Veux-tu revoir un jour Castle ? Sans forcément travailler avec lui.
- Oui, confessa Beckett.
- Pourquoi ?
- C’est mon équipier, affirma-t-elle avec une fermeté grandissante. Mon équipier, mon partenaire et mon ami.
Sans commenter le choix des mots, Lanie se détourna et prit une brochure dans un tiroir.
- Tiens, j’ai reçu ça récemment. Je dois avoir mon nom dans une liste de diffusion.
- Le programme des conférences à Harvard ? Que veux-tu que j’en fasse ?
- Page 3. En haut.
- « Le héros, double du romancier ?, par Richard Castle », lut Beckett. Lui, faire une conférence à Harvard ! Fichtre ! Ses chevilles vont en prendre un coup. C’est pour bientôt ; le 16 de ce mois. Après-demain. C’est où Harvard ?
- Dans le Massachussetts. Il y a le bus pour y aller.
- 300 kilomètres quand même ! 4H30 !
- Quand on aime, on ne compte pas...
- Merci Lanie, lui lança Beckett sans répondre directement.
Sur ce, elle sortit.
- De rien, Kate, c’est fait pour ça les amis.
***
Locaux du commissariat
Revenant à son bureau, Beckett fut abordée par Ryan et Esposito :
- C’est vrai que le maire doit venir visiter nos locaux ?
- Tout à fait. Comment le savez-vous ?
- Un collègue qui a entendu la rumeur. Mince ! C’est plutôt rare.
- Mais le maire ne serait pas un ami de Castle ?
- C’est grâce à lui que notre écrivain pré…que cet écrivain a pu rester ici.
- Rien à voir avec Castle, fit Beckett. Mais oui, le maire est un de ses amis. Le capitaine m’avait demandé de dire à ce dernier qu’il serait important qu’il soit là.
- Vous l’avez revu ? Et vous comptiez nous le dire quand ?
- Du calme ! J’ai eu la mission ce matin. Et en rentrant, j’ai dû aller voir Lanie.
- Alors ?
- L’entrevue s’est très mal passée. Je ne suis plus sûre de rien. J’espère juste qu’il viendra quand même.
Ryan et Esposito étaient consternés. Le pire des scénarii se réalisait donc.
- De son côté, Lanie m’a apporté la preuve qu’il y avait deux assassins : un pour tenir Dargento pendant que l’autre le clouait.
- Nous, on a épluché ses comptes, ses appels téléphoniques et ceux des membres de son séminaire.
- Des choses intéressantes ?
- Ses comptes ne donnent rien d’anormal ou de surprenant : hôtels divers, restaurants, bijouteries etc. L’apanage du séducteur en somme. Jamais exorbitant mais jamais non plus rat.
- Le gentleman parfait quoi. Autre chose qui nous fasse avancer ?
- Il y a quelque chose d’étrange avec ses relevés téléphoniques, compléta Esposito. Outre son fixe, qui ne servait qu’à des appels professionnels- un appel à son frère en six mois !- le professeur Dargento avait un portable. On sait qu’il menait une vie de patachon et devait donc appeler au moins les filles de son séminaire ; en tout cas mesdemoiselles Crawford et Taylor. Or, rien dans ses relevés n’indiquent qu’il ait appelé différemment qu’avec son fixe.
- Il avait donc un deuxième portable.
- Mais nous ne l’avons trouvé ni à son bureau, ni à son appartement.
- L’assassin l’a emmené. Ce qui confirme qu’il fait partie de son séminaire. Rien du côté des empreintes dans l’appartement ?
- Non, pas encore.
- Mettez la pression sur le labo. Il nous faut quelque chose très vite.
- Qu’est-ce qu’on sait au juste ? fit Ryan
- Résumons : le professeur Dargento, spécialiste de saint Pierre, fréquente assidûment les jeunes filles. Il est attiré par une lettre parfumée dans un hangar désaffecté où il est assommé puis crucifié.
- Il connaissait son assassin et avait confiance en elle pour accepter le rendez-vous dans un endroit pareil, reprit Esposito
- Pourquoi lui dire d’aller là-bas ? Un hôtel quelconque aurait fait l’affaire, constata Ryan
- Mais il y avait le risque d’être vu. Or, notre assassin ne voulait pas être reconnu.
- Pourquoi ? Tout le monde savait que Dargento était un satyre.
- Parce que c’était quelqu’un qui ne devait pas être là, conclut Beckett.
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Re: Série ''Castle''
Domicile de Castle, même jour, début de soirée
Les poings sur les hanches, son regard bleu clair rivé droit devant elle, Alexis Castle avait tout du juge devant un délinquant juvénile. A ses côtés, bras croisés, Martha Rodgers, sévère, avait tout de la statue du Commandeur.
Face à elles, dans le rôle de Dom Juan prêt à aller en enfer, Richard Castle n’en menait pas large. Enfoncé dans son fauteuil, il semblait vouloir s’y fondre pour disparaître du monde.
- Tu as fait quoi ? demanda sans aménité particulière Alexis à l’auteur de ses jours
- J’ai dit à Beckett que nous n’avions plus rien à nous dire.
- Tu es fier de toi j’espère ?
- Ben non.
- Mais, qu’est-ce qui t’a pris ?
- Je n’en sais rien. J’ai vu rouge tout de suite. Et puis elle y a mis du sien : « je suis ici en service commandée » - c’est sympa-, « vous viendrez pour la galerie » - c’est gentil – et mon préféré « je ne pense pas. j’exécute » !
- En effet.
- Beckett osant dire « Je ne pense pas. J’exécute » ! Une pure idiotie ! C’est une des femmes les plus intelligentes que je connaisse !
- Ah ? releva Martha. Ce n’est plus « une imbécile patentée » ?
- Hum…toussa son fils, gêné aux entournures
- Et maintenant ? reprit Alexis
- Ben, j’en sais trop rien.
- Papa, tu es ridicule !
- Tu n’imagines même pas.
- Bon. Si tu t’en rends compte, on peut encore faire quelque chose de toi, philosopha-t-elle. Tu vas l’appeler ?
- Jamais de la vie ! Elle me ridiculise et me prend de haut et ce serait à moi de lui faire des excuses ? Certainement pas !
- Vous n’allez pas rester en chiens de faïence tout de même !
- C’est elle qui a commencé.
- Richard ! Ne fais pas ton gamin ! Tu n’as plus quinze ans.
- Merci mère. C’est extrêmement réconfortant ce que tu me dis là.
- Et pour la visite du maire ?
- J’ai appelé son bureau pour en parler. Il était indisponible et doit me rappeler au plus vite.
- Mais tu comptes y aller ?
- Je n’ai pas encore pris de décision. Et puis si la visite a lieu après-demain, je ne suis pas disponible puisque je serais à Harvard.
- Richard, c’est mesquin comme excuse.
- Pas de ma faute.
- C’est quand même fou comme situation, résuma Alexis. Je te croyais plus intelligent papa. Tu me déçois. Rompre une relation d’amitié sur un coup de tête et ne rien faire pour la refonder, c’est pour le moins étrange.
- Tu ne peux pas comprendre.
- C’est vrai qu’à mon âge, je suis trop tendre.
- Ne le prends pas mal mais la situation est compliqué.
- Pas tant que ça : tu vas voir Beckett et tu lui demandes si elle veut que vous travailliez encore ensemble ou juste avoir des rapports cordiaux.
- Ce n’est pas si simple.
- Papa, si tu ne fais rien, tu le regretteras toute ta vie.
- Alexis, s’il te plaît, ne te mêle pas de ma vie privée. Tu risquerais de perdre le peu de considération qu’il te reste pour ton père. D’abord, je dois régler cette histoire de visite. Ça m’ennuie profondément. Il est gentil Montgomery mais je n’ai pas très envie de retourner au commissariat. Et puis j’ai un roman à finir. Il a bien avancé et perdre une journée ne fait pas partie de mon programme. Je ne tiens pas à avoir Gina sur le dos ! Hum…Vous me comprenez. Et pourquoi le capitaine a-t-il envoyé Beckett plutôt que de m’appeler lui-même ? De toute façon, il doit bien savoir qu’elle me déteste.
- Il espérait peut être une réconciliation.
- Si c’est ça, c’est raté, et plutôt deux fois qu’une !
- Bien, rompit brusquement Martha, si tu arrives à te regarder encore dans une glace et à trouver le sommeil, c’est que tout va bien. Tu viens Alexis ; nous avons des courses à faire.
- Heu…oui !
Les deux femmes plantèrent là l’écrivain qui n’esquissa pas un geste pour les retenir et sortirent après avoir pris leurs manteaux.
Quelques minutes plus tard, n’y tenant plus, Alexis rouvrit la bouche :
- Tu sais ce que tu fais grand-mère ?
- Fais-moi confiance. Ton père est à point.
- A point pour quoi ?
- Pour se réconcilier avec Kate Beckett.
- Tu es sûre ? Il n’a pas l’air très motivé pour se rendre au commissariat.
- Alexis, ma chérie, il te reste encore quelques trucs à apprendre sur les gens en général et ton père en particulier. Je le connais comme si je l’avais…disons élevé. Après 48 heures de mauvaise humeur, il a changé. Je serai inquiète s’il avait conservé une colère froide mais ce n’est pas le cas. Il a des remords et, plus encore, je mettrais ma main à couper qu’il a des regrets. Et puis, s’il va au commissariat, il verra Beckett. Après, ils sont adultes. Enfin, en principe.
- Mais si elle le déteste comme il le croit ? Ils ne feront pas d’esclandres sur le moment mais le malaise sera dur à cacher.
- Si elle le déteste, ton père avisera. Mais au moins il sera fixé. Ceci dit, mon optimiste naturel refait surface. Même s’ils ne travailleront plus ensembles, je ne peux plus croire que ces deux là ne se parleront plus. Tiens ! Je t’offre un Fanta. J’ai envie d’un verre de Chardonnay !
***
Commissariat, même moment
Beckett, Esposito et Ryan se réunirent pour faire le point et tracer les futures pistes.
- Pour ne rien oublier, j’ai commencé à éplucher la liste des collègues du professeur Dargento, commença Beckett. Ils sont nombreux alors j’ai commencé par les spécialistes en histoire romaine et en théologie. Il en reste une dizaine. Ryan, tu m’aideras à faire le tri dès que tu pourras. Esposito, as-tu avancé sur le portable personnel ?
- Toujours introuvable mais j’ai eu une idée. Je suis parti du fait qu’il s’en servait certainement pour appeler ses conquêtes. J’ai donc repris la liste des appels reçus par ces demoiselles et j’ai remarqué un numéro inconnu. J’ai demandé un mandat pour pouvoir vérifier les appels passés par le portable correspondant ainsi que l’identité de son propriétaire.
- Beau travail. Les empreintes dans l’appartement ?
- Toujours en attente, grimaça Ryan. J’ai rappelé le labo mais sans résultat.
- Réessaye un peu plus tard. As-tu progressé avec le personnel du King’s College ?
- J’allais y venir. J’ai écarté tous ceux qui travaillaient ce soir-là. Après vérifications, ils sont tous un alibi valable. J’ai contacté deux autres qui ont été licenciés récemment. L’un était à Vancouver et l’autre dans un bar de Soho. Alibis en béton. Il m’en reste encore pas mal à interroger.
- Bon. Je garde ma liste ! Au boulot les gars !
- Lieutenant, vous avez des échos de la visite du maire ?
- Il s’est rendu dans le 10ème district aujourd’hui. Demming pense qu’il viendra ici dans les trois jours mais il n’en sait pas plus. Montgomery a essayé de contacter l’entourage du maire mais c’est le black-out.
- Le secret est bien gardé. Il veut vraiment faire la surprise !
- Il veut surtout voir la situation la plus proche de la réalité. Certains commissariats devraient voir leur budget baisser. Et puis le maire peut aussi en profiter pour se faire mousser.
- Vous restez travailler avec nous ?
- Bien sûr. Pourquoi cette question ?
- Mais…et Demming ?
- Il bosse lui aussi. Et le travail passe avant tout.
Ça permet aussi de ne pas penser au reste, se dirent les deux autres.
***
Commissariat, plus tard dans la nuit
- Lieutenant Beckett ! s’exclama Ryan. Je crois que je viens de mettre la main sur un truc louche !
Les trois policiers se réunirent en un éclair.
- Voici le dossier d’un dénommé Carl Manners, comptable. J’ai procédé à une vérification de routine et je me suis aperçu que son numéro de sécurité sociale était faux ! Carl Manners n’existe pas ! Il dispose pourtant d’une carte d’identité et d’un permis de conduire à ce nom et il est domicilié à New York depuis quelques semaines.
- Tu as trouvé sa vraie identité ?
- Évidemment, je ne suis pas un amateur, répondit-il en se poussant un peu du col J’ai entré son portrait dans le fichier central et j’ai un nom : Frederick Joux.
- Ce nom-là me dit quelque chose, fit Esposito en fronçant les sourcils.
- Il a un casier, pas très long mais qui existe. Il a fait cinq ans pour cambriolage aggravé. Il avait cogné le propriétaire qui était rentré plus tôt que prévu. On a pu le relier à deux autres cambriolages sans violences qui avaient eu lieu à Baltimore il y a dix ans.
- Depuis quand travaille-t-il au King’s College ?
- Un an. Il était sorti six mois avant.
- Il n’entre certes pas dans la catégorie des « honnêtes citoyens », commenta Esposito, mais je trouve qu’il ne cadre pas tout à fait avec notre profil dans cette affaire.
- N’oublie pas qu’ils étaient deux, se défendit Ryan. Le meurtrier « principal » a pu avoir connaissance de la véritable identité de Manners et l’aura obligé à l’aider dans son crime.
- Bon ! On ira le cueillir demain et on verra bien ce qu’il a à nous dire. Il est tard maintenant. Je vous souhaite une bonne nuit messieurs.
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Série ''Castle''
Commissariat, lendemain matin
Le lieutenant Beckett s’assit aux côtés de Ryan dans la salle d’interrogatoire. En face d’eux, un homme d’une quarantaine d’années, aux larges épaules mais au visage fin, rasé de près, aux cheveux noirs coupés court et vêtu comme on s’attend de la part d’un comptable. Seul son regard, acéré et malin, trahissait un esprit pas si honnête que son profit de gendre idéal pouvait le laisser croire.
- Monsieur Joux, attaqua d’entrée Beckett, pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous vous faites appeler Manners ?
- Mais c’est très simple, lieutenant, répondit le suspect sans la moindre hésitation. C’était pour trouver du boulot.
- Trouver du boulot ? Vous vous fichez de nous ?
- Je me garderai bien de me moquer des représentants de la loi, rétorqua-t-il sans qu’on sache s’il était sérieux ou non, mais lorsque vous sortez de taule et que vous vous présentez à un entretien d’embauche avec un casier, vous vous faites bouler et puis c’est tout. Alors j’ai triché. Parce que ce job de comptable, j’en avais besoin. J’ai fait pareil pour mon logement. Vous croyez que ça m’amuse, lieutenant ? J’ai une fille de six ans qui ne comprend pas pourquoi son papa a deux noms. Mais je lui ai fait la promesse que son papa restera sur le droit chemin. Pour cela, il me fallait un job. On ne voulait pas m’en donner ? J’ai biaisé. Vous allez aviser mon officier de probation ? Vous me condamneriez juste à reprendre mes activités antérieures. Ballot pour la réinsertion mais ce serait peut être bon pour vos statistiques ?
- Un peu de respect, je vous prie, fit Ryan, agacé par le ton doucereux
- Vous comprendrez que nous nous soyons interrogés sur la présence d’un ex-cambrioleur comme comptable ? reprit Beckett
- Pas vraiment. Je n’ai jamais fraudé. Et puis, la police ne recycle jamais quelques talents illicites ? Pour combattre le crime, ça peut aider de savoir de quoi on parle.
- Parlez-nous du King’s College ? questionna Ryan, en changeant de sujet
- On n’y rigole pas beaucoup mais comme chacun s’occupe de ses oignons, les poules sont bien gardées.
- Connaissiez-vous le professeur Robert Dargento ?
- Et comment ! Les mecs de l’université l’appelaient « le pompier » parce qu’il était toujours prêt à sortir sa lance à incendie.
- Hum…et à part ça ? relança Beckett, un brin gênée par la verdeur du langage
- Un chieur concernant ses frais de déplacement ; on ne le remboursait jamais assez vite. Mais, je n’ai jamais eu à faire à lui directement.
- Vous connaissiez quelques-unes de ses conquêtes ?
- Non. Je n’ai pas de contact avec les étudiants. Je suis chargé de vérifier la compta pour les achats logistiques ; en gros, tout ce qui n’est pas achat bureautique et informatique.
- Où étiez-vous il y a cinq jours, disons vers neuf heures du soir ?
- Chez moi, lieutenant. Ma femme et ma fille peuvent en témoigner. Bien sûr, si vous voulez des témoins plus « fiables », parlez donc à M. Frog, mon voisin de palier ; nous avons sorti les poubelles en même temps. Ah ! Et il y a aussi Mlle Lamasse, de l’étage au-dessus. Je suis allé la voir vers 22 heures pour lui dire d’arrêter ses vocalises. Je pense aussi avoir acheté du pain et du lait à mon épicerie à 20 Heures, des fois que ça vous aiderait.
- Merci beaucoup pour votre coopération, coupa Beckett qui comprenait bien que l’autre se fichait d’elle.
- Et pour mon identité ? demanda Joux, subitement inquiet, se rendant sans doute compte qu’à faire le malin il avait pu s’aliéner la police.
- Tenez-vous à carreau et on fermera les yeux.
« Manners » remercia et se retira. Frustrés dans leurs espoirs, les policiers revinrent à leurs bureaux.
***
Locaux du commissariat, fin de matinée
Kate Beckett était penchée au-dessus du bureau de ses adjoints et ils venaient d’envoyer chercher d’autres membres du séminaire de Dargento pour les réinterroger. Soudain, elle ouvrit des yeux immenses, une stupéfaction complète sur le visage. Ryan et Esposito se détournèrent pour voir ce qui avait médusé leur chef.
Sortant de l’ascenseur, une équipe de cravatés, quelques journalistes et, en tête du cortège, le maire.
A ses côtés, dans le rôle du guide, Richard Castle.
Visiblement en verve, l’écrivain, tout sourire, aborda leurs locaux :
- Voici mon endroit préféré, lança-t-il, la criminelle ! Ah ! Capitaine Montgomery ! (vigoureux serrage de pogne ; puis se tournant vers le maire) : Voilà un homme courageux ! Il a bien voulu m’accepter parmi ses inspecteurs car l’expérience lui semblait pouvoir être intéressante. Des tas de gens « bien intentionnés » n’auraient jamais eu cette audace.
- Mais l’on dit que votre amitié avec le maire est la vraie raison de votre présence à la criminelle ? fit un journaliste
- Pure médisance, rétorqua sans faiblir l’écrivain en balayant la question d’un revers de la main. Si le capitaine s’y était opposé, je n’aurais pas insisté. On ne s’engage pas dans un endroit où l’on sait être indésirable !
En deux enjambées, Castle fut aux côtés de Beckett, qui n’avait pas moufté jusqu’alors et il la prit par les épaules (viser plus bas aurait pu déclencher un incident diplomatique) d’un geste vif et précis (comme les charmeurs de serpents manipulant des cobras, être rapide sauve la vie) et poursuivit son boniment :
- Permettez-moi maintenant de vous présenter une femme remarquable ; au passage s’il vous reste des médailles du mérite, donnez-lui en une : elle a au moins deux qualités précieuses. La seconde, la moins utile, c’est d’être capable de me supporter (Rires) ! La première est d’être un policier efficace, tenace, intelligent, ouvert – pas de préjugés et capable de faire marche arrière en cas d’erreur, sachant travailler en équipe- le flic solitaire avec ses intuitions géniales, c’est bon pour la télé ; et sachant écouter. Voilà une qualité de chef d’équipe : savoir écouter les autres pour prendre une décision ; ce qui s’accompagne du sens de la responsabilité. Le lieutenant Beckett n’abandonnera jamais ses troupes et assumera la part qu’il lui revient.
- Et comment fonctionnez-vous ? demanda le maire
- C’est d’une simplicité biblique ! Un cadavre est découvert. L’équipe du lieutenant Beckett prévenue, moi par elle, et l’enquête commence. C’est vraiment un moment fabuleux ! Interrogatoires, etc.
- Et vous dans tout ça ?
- J’assiste aux interrogatoires. Je participe aux perquisitions, avec des gants bien sûr. J’accompagne l’équipe dans tous les moments de l’enquête. Avec mon imagination d’écrivain de romans policiers, j’émets des hypothèses qui peuvent parfois s’avérer utiles.
- Qui sont toujours utiles, enchaîna brusquement Beckett (que Castle venait de lâcher). Soit l’hypothèse est bancale et, dans ce cas, on repère les incohérences. Soit elle tient la route et on perçoit ce qui nous manque. Dans tous les cas, cela nous aide à savoir ce que nous devons chercher ; ce qui ne tient pas dans un témoignage, ce qui cloche dans une situation. Avoir de l’imagination est une qualité dans notre métier.
- La différence, reprit Castle, est qu’il faut raisonner à partir des faits. Ma faiblesse est parfois de me laisser entraîner. Ils doivent alors me ramener sur Terre (Rires) ! Permettez-moi maintenant de ne pas être incomplet en vous présentant les lieutenants Ryan et Esposito. Beckett est excellente parce qu’elle sait pouvoir s’appuyer sur des éléments méritants, capables d’initiatives ; des gens sur qui elle sait pouvoir compter dans n’importe quelle situation. Ils sont souvent les premiers sur les lieux. Leur travail est donc particulièrement important puisqu’ils procèdent aux premières constatations qui vont orienter le début de l’enquête. Ils doivent donc être extrêmement rigoureux et ils le sont. Ce que j’apprécie aussi ici, et chez eux notamment, c’est le sens de l’humour. Savoir rire est important dans la police et ici on sait le faire et jamais à contretemps.
- En quoi est-ce une qualité pour un policier ?
- La mise à distance, cher ami, répondit Castle. La criminelle voit des choses particulièrement horribles. On pourrait vous en raconter des vertes et des pas mûres ! Ou des pourries dans certains cas (Rires). Si vous vous impliquez trop, vous allez vous laisser submerger par vos émotions, par le dégoût, par l’effroi de certaines situations. Travailler dans une ambiance où l’on arrive à plaisanter- une minute parfois peut suffire- permet de décompresser. Et lorsqu’une enquête est terminée – bien souvent ; il suffit monsieur le maire, de regarder les statistiques de ce commissariat : le taux d’élucidations est le plus élevé de la ville ! - ; lorsqu’une enquête est terminée donc, rire en savourant une bière permet de respirer. Dans tout métier, il faut savoir se ménager des plages à soi. Particulièrement dans le métier de flic. Ryan et Esposito sont des policiers épatants. Rigoureux, bosseurs mais toujours capables d’une petite vanne. Leur sympathie à mon égard m’a beaucoup touché et a joué un grand rôle dans mon adaptation à cette situation. Ils n’avaient jamais fait cela auparavant- accueillir un consultant- mais ils (et Beckett avec eux) ont su improviser et me mettre à l’aise.
- Est-ce que suivre la police a changé votre façon de travailler ?
- Pas fondamentalement mais ça permet d’être plus réaliste dans sa façon d’appréhender une situation. Même si je reste capable d’inventer. Et maintenant, messieurs-dames, par ici, la visite continue. Lieutenant, dit-il en saluant Beckett qui lui rendit la politesse.
Le petit groupe sorti, Montgomery alla serrer vigoureusement la main de Kate Beckett à lui broyer les phalanges :
- Lieutenant, la prochaine fois que vous foirez une mission, foirez-là comme celle-ci ! Un vrai triomphe ! Le maire était ravi et un membre de son équipe m’a avoué que notre budget serait garanti cette année ! Bravo !
- Heu…merci, monsieur.
Montgomery retourné à son bureau, ce furent Ryan et Esposito qui entourèrent leur chef :
- Vous aviez dit qu’il ne reviendrait pas. Il était là.
- Je pense qu’il ne voulait pas vous faire de peine. Il a parfaitement tenu son rôle. C’est tout.
- Vous ne pensez pas ce que vous dites ! D’ailleurs, vous lui avez rendu le compliment.
- Simple politesse.
- Politesse ? Chef, aucune femme n’a bénéficié d’un tel cirage de pompe depuis Julia Roberts dans Pretty Woman !
- Allez, les gars, on se remet au boulot, conclut-t-elle en tachant de ne pas sourire devant l’enthousiasme de ses hommes.
Les deux policiers retournèrent à leurs bureaux.
- Tu crois que Castle n’est revenu que pour nous faire plaisir ? souffla Ryan
- Pff, et toi ?
- Pas une seconde ! fit-il avec un sourire qui faillit être trop grand pour son visage
***
Salle d’interrogatoire, même jour
Face à Beckett et Esposito, mademoiselle Rebecca Small, une rousse plutôt svelte et habillé chic et sagement. Mais son regard vert dardait des rayons mauvais envers ses inquisiteurs.
- Vous avez oublié un détail lors de notre première visite, commença Beckett
- Ah, oui ? Et quoi donc ?
- Que le professeur Dargento vous avait appelé.
- C’était mon professeur. Quoi de plus normal ?
- A 23 heures ? Et durant près de 5 minutes en moyenne ?
- La culture n’a pas d’heures, rétorqua-t-elle avec hauteur. Beaucoup d’entre nous sont plus efficaces tard le soir voire la nuit. Mais je ne m’attendais pas à ce que vous compreniez.
- Etes-vous allé chez le professeur ?
- Oui mais jamais seule.
- C’est-à-dire ?
- Ce vieux satyre aurait pu croire que j’étais revenue sur mon premier refus. Je m’arrangeais donc pour venir soit avec Danny soit avec une autre.
- Que vous êtes-vous dit la veille de sa mort ?
- Quand étais-ce ?
- Il y a cinq jours.
- Aucune idée.
- Vous avez pourtant parlé une dizaine de minutes.
- Ça ne vous arrive jamais de parler pour ne rien dire ?
- Mademoiselle, concentrez-vous ! Il s’agit d’un meurtre ; pas d’une confrontation universitaire !
- Je suppose que nous avons parlé de mon sujet d’exposé traitant des reliques de saint Pierre.
- Merci mademoiselle. Restez à notre disposition.
Se tournant vers Esposito, Beckett lui demanda ce qu’il en pensait :
- Elle nous cache quelque chose. Son hostilité était palpable et elle était trop évasive.
- Son sujet d’exposé est intéressant ; il est le plus proche du centre d’intérêt de Dargento. Ce n’est certes pas une preuve mais ce n’est pas anodin pour autant.
***
Salle d’interrogatoire, peu après
Après la glaciale Rebecca Small, Beckett et Esposito interrogèrent Salomé-Alexandra Miller, dont la chevelure noire lui cascadait en-dessous des reins. Elle les regarda avec une lueur amusée :
- Je suppose que vous voulez me parler du professeur Dargento ?
- Certes. Nous n’avions pu vous trouver au King’s College, l’autre jour.
- Normal, je me trouvais à Miami pour prendre du repos. Que voulez-vous savoir ?
- Etiez-vous une des conquêtes de Dargento ?
- Absolument, reconnu-t-elle sans hésitation. Ce qu’il y avait de bien, c’est que nous cherchions la même chose : une aventure, éventuellement à épisodes mais pas une liaison fixe. Et puis, c’était un galant homme. Ça ne gâchait rien. Un bon dîner avant de faire l’amour, c’est une bonne entrée en matière. Vous ne trouvez pas ?
- Sans doute, botta en touche Beckett. Mais ça ne vous gênait pas qu’il vous drague ? Il avait trente ans de plus que vous !
- Et alors ? Il était super expérimenté. J’ai découvert des zones érogènes dont j’ignorais encore l’existence.
- Encore ?
- Je vais peut être vous choquer lieutenant mais je suis ce qu’on appelle une fille facile. C’est pour ça que je ne suis pas une jalouse. J’aime le sexe et je n’ai aucuns préjugés. Seule ou à plusieurs, hommes ou femmes, avec ou sans gadgets. A l’usage, je préfère les hommes. Il manque quelque chose sinon.
- C’est bien d’avoir l’esprit ouvert, fit Esposito d’une voix un peu tremblante
- Oh ! S’il n’y avait que mon esprit !
- Revenons sur Terre, répliqua d’un ton ferme une Beckett un peu colorée aux joues mais désireuse de reprendre la situation en main. Où étiez-vous il y a cinq jours ?
- A Miami, hôtel Caruso.
- Quelqu’un peut le confirmer ?
- Tout à fait : Lise Stevens, avec qui je me trouvais. Bronzage et plus si affinités. Sinon la direction de l’hôtel, le garçon du bar qui était beau comme un dieu grec…
- Je crois que nous avons ce que nous voulons ! l’interrompit Beckett
- Selon vous, qui pouvait en vouloir au professeur ? ajouta Esposito
- Tout le monde n’était pas aussi tolérant que moi. Bob draguait toutes les femmes et les jeunes filles passant à proximité. Il a forcément gêné quelqu’un. D’autant que, pour lui, le « lien sacré du mariage » ou des fiançailles, il en tenait autant compte que de sa première galipette. C’était un polygame dans l’âme qui ne comprenait pas que tout le monde ne le soit pas. Ses arguments scientifiques ne manquaient pas de pertinence mais je le soupçonne surtout de ne les brandir que pour justifier son appétit sexuel. Dans son genre, c’était un corrupteur. Dire non ne signifiait rien ou plutôt « essaye encore » et il revenait à la charge jusqu’à ce que la fille dise oui.
- Il les brutalisait ?
- Jamais de la vie. C’est pourquoi je parle d’un corrupteur. Il charmait par petites touches, petits gestes, petits mots, sourires et petites attentions. Jusqu’à la Chute.
- Toutes les filles de son séminaire y sont passées ?
- Il n’y a que le train qui ne lui soit pas passé dessus si vous m’autorisez l’expression.
- Même Rebecca Small ?
- Ah ! Miss Sainte-Nitouche ! Là, je donne ma langue au chat. Ce glaçon aurait pu refroidir Bob. Moi, elle ne m’a jamais plu. Qu’on n’apprécie pas ma façon de vivre c’est une chose mais je déteste les moralistes.
- Rebecca fait ça ?
- Et comment ! Elle et son petit ami sont de vrais ayatollahs de la vertu.
- Donc elle n’était pas aimée dans votre groupe ?
- Nous la détestions toutes.
- Merci mademoiselle. Vous pouvez partir.
Peu après, avec Ryan :
- Quelque chose nous échappe, fit Beckett. Reprenez tout et mettez la pression sur le labo : il nous faut un nom sur l’empreinte trouvée sur la cheville de Dargento. Vous vous débrouillerez tous seuls demain.
- Vous prenez un jour de congé ? En pleine enquête ?
- J’ai quelque chose d’important à faire. Tenez-moi au courant si vous avez du nouveau.
- Bien chef.
Beckett sortit, Ryan se rua sur le téléphone :
- Allo, Lanie ? C’est Ryan. Tu n’aurais pas une petite idée sur ce que notre chef bien-aimée a de prévu demain ?
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Série ''Castle''
Département de Littérature comparée, amphithéâtre n°1, le lendemain après-midi
- Ainsi, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, pour reprendre l’expression du chimiste français Lavoisier selon laquelle « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », puis-je dire que le héros, qui ne naît pas de rien mais n’est pas pour autant la transposition à l’identique d’une figure réelle, n’est pas une création stricto sensu mais une re-création. Le pouvoir divin de l’écrivain, en quelque sorte. Je vous remercie.
Il y eut un tonnerre d’applaudissements. La conférence de Richard Castle avait duré environ une heure et demie.
L’écrivain avait soigné sa mise en scène.
Il était arrivé avec une chemise cartonnée remplie de papiers grosse comme un Bottin. Il s’était assis, avait chaussé ses lunettes puis avait commencé à lire ses notes. Trois minutes après, l’amphi s’était mis à murmurer.
Soudainement, Castle s’était levé, avait retiré ses lunettes et commencé une véritable improvisation…probablement bien préparée. Durant tout le temps de son intervention, il avait déambulé sur l’estrade de gauche à droite et inversement, multiplié les anecdotes parfois croustillantes, tout en jouant avec ses lunettes comme un véritable expert. Un maniement parfait des temps forts et des temps faibles ; savoir donner envie de prendre des notes en laissant le temps de le faire tout en donnant l’impression que tout est important ; et donc maintenir l’attention.
Le directeur du département de Littérature comparée était aux anges. Ce coup de pub était une réussite : mêler l’image de sérieux d’Harvard avec celle plus populaire de Castle. Les deux y trouvaient leur compte.
L’éditrice de Castle avait en outre convaincu l’université de placer une séance de dédicaces entre la conférence et le cocktail. L’écrivain avait un peu fait la moue ; des puristes jugeaient cette marchandisation de Harvard scandaleuse mais l’un dans l’autre le projet avait été avalisé.
Castle, qui mourrait d’envie de prendre une coupe, espérait que les étudiants se contenteraient de la conférence et n’auraient pas trop de goût pour la littérature policière. Raté ! En outre, une partie de ceux qui voulaient une dédicace ne s’était pas déplacés pour la conférence ! Et ils étaient plus nombreux !
Soupirant, il prit son sourire de circonstance et s’installa à la table qu’on lui avait préparée.
***
Harvard, fin d’après-midi
Les livres se suivaient ainsi que les dédicaces, largement insipides. Castle avait même du mal à lever la tête.
- Que voulez-vous que je vous écrive ? dit-il mécaniquement lorsqu’un énième roman lui fut présenté
- « A mon ex-coéquipière »
Il sursauta et releva brusquement la tête. Kate Beckett, un sourire un peu fatigué, le regardait avec douceur et une certaine tristesse.
- Lieutenant Beckett ! s’exclama-t-il. Que faites-vous ici ?
- Je n’ai plus le droit de saluer un vieil ami et demander une dédicace ?
- Bien sûr ! Heu…vous voulez vraiment que j’écrive ça ?
Beckett se pencha, son visage n’étant plus qu’à quelques centimètres de celui de l’écrivain :
- Alors, écrivez-moi quelque chose de gentil.
L’inspiration étant au bout du stylo, Castle écrivit immédiatement la dédicace demandée. Non loin de lui, Gina, l’éditrice (et ex-femme) ne put cacher sa contrariété de voir surgir celle qu’elle considérait comme une rivale.
Beckett s’écarta et ouvrit sur la dédicace. Il était écrit :
« A Kate
Pour tout ce que nous avons vécu et tout ce que nous vivrons. »
Rarement joie plus grande n’illumina un visage.
***
Harvard
Sa corvée expédiée, Richard Castle se dépêcha de rejoindre Beckett avec deux coupes de champagne.
- Merci d’être venu, commença-t-il. Mais comment avez-vous su ?
- Je suis flic, Castle, j’ai des sources.
- Bien sûr ! Heu…ça vous a plu ?
- C’était pas mal, répondit-elle sous-entendant que c’était bien mieux qu’elle ne le disait.
- Vous êtes venu comment ?
- En bus.
- En bus! Depuis New York !
- C’était plus simple.
- Mais quel trajet! Vous avez fait tout ce chemin pour venir m’écouter discourir ?
- Pas tout à fait, reconnu-t-elle
- Lieutenant, vous êtes quelqu’un de magnifique et je vous dois des excuses pour mon comportement de ces derniers jours. Laissez-moi terminer : vous avez eu raison de me traiter de « déserteur » ; mon ego m’a aveuglé et je conçois vous avoir mis dans l’embarras. J’ai en outre été parfaitement odieux lorsque vous êtes venu me demander de revenir pour la visite du maire.
- Sur ce coup-là, je suis aussi coupable que vous.
- Sûrement pas. Vous avez été glaciale parce que je vous avais planté auparavant. Vous étiez furieuse contre moi et je le comprends. Que vous soyez là aujourd’hui est la preuve de votre bonté. Je ne sais pas si je la mérite.
- Quel bel exercice de modestie ! répondit-elle en souriant. Ça me va droit au cœur. Maintenant, sachez que je n’accepterais vos excuses que si vous acceptez les miennes.
- Quelles excuses voulez-vous me présenter ?
- Pour vous avoir laissé croire que votre rôle n’était pas important parmi nous. J’aurais dû vous appeler bien plus tôt. J’ai été stupide et bornée.
- Lieutenant, vous m’avez déjà fait vos « excuses » lorsque je suis venu avec le maire. Cela m’a fait vraiment plaisir. Je pensais que vous me détestiez !
- Moi aussi !
- C’est ridicule, en rigola Castle, alors que je vous aime plutôt.
- Je vous aime pas mal aussi.
Cette double déclaration fut suivie d’un silence embarrassé propice au vidage des coupes. D’autorité, Castle les remplaça par deux autres.
- Castle, reprit Beckett, j’ai quelque chose à vous demander.
- Je vous écoute.
- Voulez-vous revenir travailler avec nous ?
- Rien ne me ferait plus plaisir mais, vous êtes sûre qu’on ne m’en veut pas ?
- Après votre numéro avec le maire, vous serez accueilli les bras ouverts.
- Les vôtres me suffiront, lieutenant.
Kate Beckett éclata de rire. Elle songea pour elle qu’il y avait longtemps qu’elle n’avait pas ri. Et c’était bon.
- Dites-moi, reprit-elle, est-ce que je me trompe ou est-ce que vous n’auriez pas organisé vous-même la visite du maire ?
- On ne peut rien vous cacher. Comme nous étions en froid, il me paraissait inconcevable de revenir « pour la galerie »…
- Je la regrette cette phrase.
- Merci. Mais, il m’est apparu tout aussi évident que je serais le dernier des sagouins si je ne venais pas quand même. Après tout ce que nous avions vécu. Alors, j’ai appelé le maire et je lui ai dit que, comme j’étais en pleine phase d’écriture, je ne savais pas si je serais là quand il viendrait visiter le commissariat…sauf tel jour. J’en ai rajouté en disant que je pourrais jouer le guide et raconter des anecdotes qui ne figurent dans aucuns rapports. Rien de compromettant évidemment et toujours positif.
- J’ai failli vous rappeler pour vous dire de venir, non pour moi mais pour les autres. Je ne l’ai pas fait parce que, contre toute logique à ce moment-là, je vous ai fait confiance.
- Lieutenant Beckett, vous mériteriez que je vous embrasse. Je ne sais pas si je mérite une amie comme vous.
- Je me pose la question en effet, reconnu-t-elle avec une fausse modestie mais un vrai plaisir.
- Dites-moi, puis-je vous proposer de vous raccompagner à New York ?
- Comment êtes-vous venu ici ?
- Avec une voiture mise à disposition par ma maison d’édition.
- Et Gina est venue avec vous, n’est-ce-pas ?
- Je lui laisse la voiture et on prend un taxi.
- Mais…et elle ? Je croyais que vous… et elle… ?
- On a refait un essai l’été dernier, en effet, reconnu l’écrivain en s’assombrissant. Ce fut torride les quinze premiers jours et glacial les trois mois suivants. A part le boulot, nous n’avons rien à nous dire. Et même quand on parle boulot (et là il retrouva le sourire), on est obligé de parler de Nikki Hard et, inévitablement de vous. Donc nous nous en tenons à une stricte relation professionnelle.
- Elle a pourtant l’air de me regarder de travers.
- Normal, elle regarde de travers toutes les jolies femmes que je croise. C’est une jalouse caractérisée. Et, côté charme, vous assurez.
- Hum…nous sommes chacun des professionnels dans notre domaine.
- C’est évident. Et, ma proposition ?
- Je l’accepte et vous en remercie.
Un flash les interrompit : un étudiant venait de les prendre en photo pour la revue de l’université. Il en profita pour poser quelques questions banales auxquelles Castle répondit avec sa bonhomie habituelle. L’apprenti-journaliste repartit ravi.
- Dites-moi, vous en êtes où avec votre macchabé du hangar ?
- Nous savons qu’il s’appelle Robert Dargento, professeur de théologie et d’histoire romaine au King’s College et que c’était un spécialiste de saint Pierre et un chaud lapin par-dessus le marché. Son séminaire ne comportait que des jeunes filles ; à l’exception de son assistant qui avait été imposé là par la direction. La fiancée de l’assistant participait aux cours de Dargento.
- Quelle belle affaire ! gloussa Castle. Il y avait donc bel et bien un lien entre la façon dont il a été tué et son travail. Je pencherais même, ajouta-t-il plus sérieusement, que le mobile de l’assassin était vraiment personnel. On ne torture pas quelqu’un de cette façon sans un puissant motif.
- On pense qu’il y avait deux assassins : l’un qui tenait le corps pendant que l’autre le clouait.
- Que disent les filles du harem ?
- Deux étaient amoureuses et chacune convaincue d’être « la femme de sa vie » ; une autre a le feu où je pense, la fiancée jure qu’elle l’a repoussé. La dernière était fuyante quand nous l’avions interrogée : elle sera prochainement re-convoquée. Quant à la dernière, impossible de l’interroger : elle était sous antidépresseurs suite à une tentative de suicide. Probablement parce que ses notes n’étaient pas bonnes et qu’elle risquait l’exclusion.
- Je mettrais une option sur la fiancée. C’est quoi son alibi ?
- Elle était chez elle avec son copain.
- Comme c’est pratique ! Donc ils se couvrent l’un l’autre.
- Mais quel mobile auraient-ils ?
- Fastoche : la fiancée a fauté avec le professeur et a tout avoué à l’assistant, bien placé pour connaître la crucifixion de saint Pierre. Elle l’a aidé à cause de ses remords.
- C’est pourtant une fille froide.
- Raison de plus : les gens froids, cérébraux ; lorsqu’ils cèdent à la passion s’embrasent bien plus fort et bien plus violemment que les autres. Je vous renvoie à Agatha Christie dans son Meurtre au champagne. Revenue sur Terre, votre jeune femme a dû concevoir un dégoût d’elle-même qu’un puissant ego – ils en tous dans ce genre d’établissement et je suis bien placé pour le savoir- a détourné en haine meurtrière. La cruauté du châtiment serait à mettre en rapport avec une volonté de purger sa honte, exprimée sous la forme de la rage.
- Hypothèse très convaincante à laquelle je suis parvenue mais je manque de preuves. J’espère qu’une empreinte découverte par Lanie sur la cheville du mort nous éclairera.
- Dites-moi, dans ce couple, qui vous paraît le plus faible ?
- Je dirai le fiancé. Pourquoi ? Vous pensez que c’est elle le cerveau ?
- Les femmes sont tellement imaginatives ! Je posais la question parce que, avec votre permission, je désirerais l’interroger. Il ne me connaît pas, je ne suis pas policier. Il sera peut être moins prudent et je pourrais peut être le déstabiliser avec des questions…hétérodoxes. Vous pourrez alors lui porter l’estocade.
- Ça vaut le coup d’essayer. (Beckett prit son portable) : Ryan, c’est Beckett. Demain, à la première heure, cueillez-moi Daniel Sinclair. Je l’interrogerai dès mon arrivée. Merci. (elle raccrocha). Et maintenant, je vais vous rendre à vos admirateurs. C’est votre soirée après tout. Je m’en voudrais de vous monopoliser.
- Lieutenant…
- Ah ! Pour ce soir, laissez tomber le « lieutenant », je ne suis pas de service. Je crois qu’on vous attend, dit-elle en désignant un groupe d’étudiants. Je vous attendrai pour le taxi.
- Venez avec moi.
- Pourquoi ? Je n’ai rien à dire moi !
- Vous êtes le modèle de Nikki Hard.
- Ça me fait une belle jambe !
- Deux pour être précis. Et puis, vous n’allez pas rester à boire seule.
- Castle…
- Vous ne me monopolisez pas. Je suis tout à vous, Kate.
Beckett se prit à rire à l’air mi-sérieux, mi-comique de son coéquipier et elle se laissa prendre le bras pour aller à la rencontre des étudiants, des professeurs, du public. Et elle cessa de compter les coupes.
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Date d'inscription : 26/02/2015
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