CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS
Bonjour,
Soyez le(la) bienvenu(e) sur le forum français de référence concernant Chapeau Melon et Bottes de cuir !
.
ATTENTION : Afin de pouvoir rester avec nous et éviter d'être automatiquement désinscrit au bout d'un mois, il vous est demandé au minimum de vous présenter dans le fil adéquat : https://avengers.easyforumpro.com/t6101-votre-presentation-ici
Merci ! Et bon forum !!
CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-43%
Le deal à ne pas rater :
-100€ Pack rééquipement Philips Hue Play : 3 barres lumineuses ...
129.99 € 229.99 €
Voir le deal

Série ''Castle''

+4
Camarade Totoff
Shok Nar
Dearesttara
Cetp65
8 participants

Page 9 sur 9 Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9

Aller en bas

Série ''Castle'' - Page 9 Empty Re: Série ''Castle''

Message  Camarade Totoff Lun 26 Aoû 2024 - 14:53

Chapitre X : La conférence d’Harvard


Département de Littérature comparée, amphithéâtre n°1, le lendemain après-midi

- Ainsi, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, pour reprendre l’expression du chimiste français Lavoisier selon laquelle « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », puis-je dire que le héros, qui ne naît pas de rien mais n’est pas pour autant la transposition à l’identique d’une figure réelle, n’est pas une création stricto sensu mais une re-création. Le pouvoir divin de l’écrivain, en quelque sorte. Je vous remercie.

Il y eut un tonnerre d’applaudissements. La conférence de Richard Castle avait duré environ une heure et demie.

L’écrivain avait soigné sa mise en scène.

Il était arrivé avec une chemise cartonnée remplie de papiers grosse comme un Bottin. Il s’était assis, avait chaussé ses lunettes puis avait commencé à lire ses notes. Trois minutes après, l’amphi s’était mis à murmurer.

Soudainement, Castle s’était levé, avait retiré ses lunettes et commencé une véritable improvisation…probablement bien préparée. Durant tout le temps de son intervention, il avait déambulé sur l’estrade de gauche à droite et inversement, multiplié les anecdotes parfois croustillantes, tout en jouant avec ses lunettes comme un véritable expert. Un maniement parfait des temps forts et des temps faibles ; savoir donner envie de prendre des notes en laissant le temps de le faire tout en donnant l’impression que tout est important ; et donc maintenir l’attention.

Le directeur du département de Littérature comparée était aux anges. Ce coup de pub était une réussite : mêler l’image de sérieux d’Harvard avec celle plus populaire de Castle. Les deux y trouvaient leur compte.

L’éditrice de Castle avait en outre convaincu l’université de placer une séance de dédicaces entre la conférence et le cocktail. L’écrivain avait un peu fait la moue ; des puristes jugeaient cette marchandisation de Harvard scandaleuse mais l’un dans l’autre le projet avait été avalisé.

Castle, qui mourrait d’envie de prendre une coupe, espérait que les étudiants se contenteraient de la conférence et n’auraient pas trop de goût pour la littérature policière. Raté ! En outre, une partie de ceux qui voulaient une dédicace ne s’était pas déplacés pour la conférence ! Et ils étaient plus nombreux !

Soupirant, il prit son sourire de circonstance et s’installa à la table qu’on lui avait préparée.


***


Harvard, fin d’après-midi

Les livres se suivaient ainsi que les dédicaces, largement insipides. Castle avait même du mal à lever la tête.

- Que voulez-vous que je vous écrive ? dit-il mécaniquement lorsqu’un énième roman lui fut présenté
- « A mon ex-coéquipière »

Il sursauta et releva brusquement la tête. Kate Beckett, un sourire un peu fatigué, le regardait avec douceur et une certaine tristesse.

- Lieutenant Beckett ! s’exclama-t-il. Que faites-vous ici ?
- Je n’ai plus le droit de saluer un vieil ami et demander une dédicace ?
- Bien sûr ! Heu…vous voulez vraiment que j’écrive ça ?

Beckett se pencha, son visage n’étant plus qu’à quelques centimètres de celui de l’écrivain :

- Alors, écrivez-moi quelque chose de gentil.

L’inspiration étant au bout du stylo, Castle écrivit immédiatement la dédicace demandée. Non loin de lui, Gina, l’éditrice (et ex-femme) ne put cacher sa contrariété de voir surgir celle qu’elle considérait comme une rivale.

Beckett s’écarta et ouvrit sur la dédicace. Il était écrit :

« A Kate

Pour tout ce que nous avons vécu et tout ce que nous vivrons. »


Rarement joie plus grande n’illumina un visage.



***


Harvard

Sa corvée expédiée, Richard Castle se dépêcha de rejoindre Beckett avec deux coupes de champagne.

- Merci d’être venu, commença-t-il. Mais comment avez-vous su ?
- Je suis flic, Castle, j’ai des sources.
- Bien sûr ! Heu…ça vous a plu ?
- C’était pas mal, répondit-elle sous-entendant que c’était bien mieux qu’elle ne le disait.
- Vous êtes venu comment ?
- En bus.
- En bus! Depuis New York !
- C’était plus simple.
- Mais quel trajet! Vous avez fait tout ce chemin pour venir m’écouter discourir ?
- Pas tout à fait, reconnu-t-elle
- Lieutenant, vous êtes quelqu’un de magnifique et je vous dois des excuses pour mon comportement de ces derniers jours. Laissez-moi terminer : vous avez eu raison de me traiter de « déserteur » ; mon ego m’a aveuglé et je conçois vous avoir mis dans l’embarras. J’ai en outre été parfaitement odieux lorsque vous êtes venu me demander de revenir pour la visite du maire.
- Sur ce coup-là, je suis aussi coupable que vous.
- Sûrement pas. Vous avez été glaciale parce que je vous avais planté auparavant. Vous étiez furieuse contre moi et je le comprends. Que vous soyez là aujourd’hui est la preuve de votre bonté. Je ne sais pas si je la mérite.
- Quel bel exercice de modestie ! répondit-elle en souriant. Ça me va droit au cœur. Maintenant, sachez que je n’accepterais vos excuses que si vous acceptez les miennes.
- Quelles excuses voulez-vous me présenter ?
- Pour vous avoir laissé croire que votre rôle n’était pas important parmi nous. J’aurais dû vous appeler bien plus tôt. J’ai été stupide et bornée.
- Lieutenant, vous m’avez déjà fait vos « excuses » lorsque je suis venu avec le maire. Cela m’a fait vraiment plaisir. Je pensais que vous me détestiez !
- Moi aussi !
- C’est ridicule, en rigola Castle, alors que je vous aime plutôt.
- Je vous aime pas mal aussi.


Cette double déclaration fut suivie d’un silence embarrassé propice au vidage des coupes. D’autorité, Castle les remplaça par deux autres.

- Castle, reprit Beckett, j’ai quelque chose à vous demander.
- Je vous écoute.
- Voulez-vous revenir travailler avec nous ?
- Rien ne me ferait plus plaisir mais, vous êtes sûre qu’on ne m’en veut pas ?
- Après votre numéro avec le maire, vous serez accueilli les bras ouverts.
- Les vôtres me suffiront, lieutenant.

Kate Beckett éclata de rire. Elle songea pour elle qu’il y avait longtemps qu’elle n’avait pas ri. Et c’était bon.

- Dites-moi, reprit-elle, est-ce que je me trompe ou est-ce que vous n’auriez pas organisé vous-même la visite du maire ?
- On ne peut rien vous cacher. Comme nous étions en froid, il me paraissait inconcevable de revenir « pour la galerie »…
- Je la regrette cette phrase.
- Merci. Mais, il m’est apparu tout aussi évident que je serais le dernier des sagouins si je ne venais pas quand même. Après tout ce que nous avions vécu. Alors, j’ai appelé le maire et je lui ai dit que, comme j’étais en pleine phase d’écriture, je ne savais pas si je serais là quand il viendrait visiter le commissariat…sauf tel jour. J’en ai rajouté en disant que je pourrais jouer le guide et raconter des anecdotes qui ne figurent dans aucuns rapports. Rien de compromettant évidemment et toujours positif.
- J’ai failli vous rappeler pour vous dire de venir, non pour moi mais pour les autres. Je ne l’ai pas fait parce que, contre toute logique à ce moment-là, je vous ai fait confiance.
- Lieutenant Beckett, vous mériteriez que je vous embrasse. Je ne sais pas si je mérite une amie comme vous.
- Je me pose la question en effet, reconnu-t-elle avec une fausse modestie mais un vrai plaisir.
- Dites-moi, puis-je vous proposer de vous raccompagner à New York ?
- Comment êtes-vous venu ici ?
- Avec une voiture mise à disposition par ma maison d’édition.
- Et Gina est venue avec vous, n’est-ce-pas ?
- Je lui laisse la voiture et on prend un taxi.
- Mais…et elle ? Je croyais que vous… et elle… ?
- On a refait un essai l’été dernier, en effet, reconnu l’écrivain en s’assombrissant. Ce fut torride les quinze premiers jours et glacial les trois mois suivants. A part le boulot, nous n’avons rien à nous dire. Et même quand on parle boulot (et là il retrouva le sourire), on est obligé de parler de Nikki Hard et, inévitablement de vous. Donc nous nous en tenons à une stricte relation professionnelle.
- Elle a pourtant l’air de me regarder de travers.
- Normal, elle regarde de travers toutes les jolies femmes que je croise. C’est une jalouse caractérisée. Et, côté charme, vous assurez.
- Hum…nous sommes chacun des professionnels dans notre domaine.
- C’est évident. Et, ma proposition ?
- Je l’accepte et vous en remercie.

Un flash les interrompit : un étudiant venait de les prendre en photo pour la revue de l’université. Il en profita pour poser quelques questions banales auxquelles Castle répondit avec sa bonhomie habituelle. L’apprenti-journaliste repartit ravi.

- Dites-moi, vous en êtes où avec votre macchabé du hangar ?
- Nous savons qu’il s’appelle Robert Dargento, professeur de théologie et d’histoire romaine au King’s College et que c’était un spécialiste de saint Pierre et un chaud lapin par-dessus le marché. Son séminaire ne comportait que des jeunes filles ; à l’exception de son assistant qui avait été imposé là par la direction. La fiancée de l’assistant participait aux cours de Dargento.
- Quelle belle affaire ! gloussa Castle. Il y avait donc bel et bien un lien entre la façon dont il a été tué et son travail. Je pencherais même, ajouta-t-il plus sérieusement, que le mobile de l’assassin était vraiment personnel. On ne torture pas quelqu’un de cette façon sans un puissant motif.
- On pense qu’il y avait deux assassins : l’un qui tenait le corps pendant que l’autre le clouait.
- Que disent les filles du harem ?
- Deux étaient amoureuses et chacune convaincue d’être « la femme de sa vie » ; une autre a le feu où je pense, la fiancée jure qu’elle l’a repoussé. La dernière était fuyante quand nous l’avions interrogée : elle sera prochainement re-convoquée. Quant à la dernière, impossible de l’interroger : elle était sous antidépresseurs suite à une tentative de suicide. Probablement parce que ses notes n’étaient pas bonnes et qu’elle risquait l’exclusion.
- Je mettrais une option sur la fiancée. C’est quoi son alibi ?
- Elle était chez elle avec son copain.
- Comme c’est pratique ! Donc ils se couvrent l’un l’autre.
- Mais quel mobile auraient-ils ?
- Fastoche : la fiancée a fauté avec le professeur et a tout avoué à l’assistant, bien placé pour connaître la crucifixion de saint Pierre. Elle l’a aidé à cause de ses remords.
- C’est pourtant une fille froide.
- Raison de plus : les gens froids, cérébraux ; lorsqu’ils cèdent à la passion s’embrasent bien plus fort et bien plus violemment que les autres. Je vous renvoie à Agatha Christie dans son Meurtre au champagne. Revenue sur Terre, votre jeune femme a dû concevoir un dégoût d’elle-même qu’un puissant ego – ils en tous dans ce genre d’établissement et je suis bien placé pour le savoir- a détourné en haine meurtrière. La cruauté du châtiment serait à mettre en rapport avec une volonté de purger sa honte, exprimée sous la forme de la rage.
- Hypothèse très convaincante à laquelle je suis parvenue mais je manque de preuves. J’espère qu’une empreinte découverte par Lanie sur la cheville du mort nous éclairera.
- Dites-moi, dans ce couple, qui vous paraît le plus faible ?
- Je dirai le fiancé. Pourquoi ? Vous pensez que c’est elle le cerveau ?
- Les femmes sont tellement imaginatives ! Je posais la question parce que, avec votre permission, je désirerais l’interroger. Il ne me connaît pas, je ne suis pas policier. Il sera peut être moins prudent et je pourrais peut être le déstabiliser avec des questions…hétérodoxes. Vous pourrez alors lui porter l’estocade.
- Ça vaut le coup d’essayer. (Beckett prit son portable) : Ryan, c’est Beckett. Demain, à la première heure, cueillez-moi Daniel Sinclair. Je l’interrogerai dès mon arrivée. Merci. (elle raccrocha). Et maintenant, je vais vous rendre à vos admirateurs. C’est votre soirée après tout. Je m’en voudrais de vous monopoliser.
- Lieutenant…
- Ah ! Pour ce soir, laissez tomber le « lieutenant », je ne suis pas de service. Je crois qu’on vous attend, dit-elle en désignant un groupe d’étudiants. Je vous attendrai pour le taxi.
- Venez avec moi.
- Pourquoi ? Je n’ai rien à dire moi !
- Vous êtes le modèle de Nikki Hard.
- Ça me fait une belle jambe !
- Deux pour être précis. Et puis, vous n’allez pas rester à boire seule.
- Castle…
- Vous ne me monopolisez pas. Je suis tout à vous, Kate.

Beckett se prit à rire à l’air mi-sérieux, mi-comique de son coéquipier et elle se laissa prendre le bras pour aller à la rencontre des étudiants, des professeurs, du public. Et elle cessa de compter les coupes.

Camarade Totoff
Prince(sse)
Prince(sse)

Date d'inscription : 26/02/2015

Estuaire44 aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Série ''Castle'' - Page 9 Empty Re: Série ''Castle''

Message  Camarade Totoff Lun 2 Sep 2024 - 10:35

Chapitre XI : Du rire aux larmes

Commissariat, le lendemain matin

A l’arrivée du lieutenant Beckett, gobelet de café aux lèvres, Ryan, se leva :

- Lieutenant…, commença-t-il mais il s’arrêta net en voyant sa supérieure grimacer et porter la main à sa tempe.
- Ne parlez pas si fort, je ne suis pas sourde !
- Soirée difficile ? répliqua-t-il goguenard. Il y avait du bruit autour de vous quand vous m’avez appelé hier soir.
- Il y en a ici aussi, grogna-t-elle
- Vous allez bien ? demanda Esposito, un peu inquiet
- Notre lieutenant a la gueule de bois, se moqua son équipier.
- Vous allez interroger Sinclair dans cet état ? s’inquiéta-t-il soudain
- Pas elle. Moi., fit une voix derrière eux
- Castle !!
- Alors, les filles ? Je vous ai manqué ?

Les chaleureuses retrouvailles, avec force poignées de mains, embrassades et viriles accolades, firent le tour du commissariat où l’écrivain fut fêté avec éclat. Assise à son bureau, Beckett se rendit compte combien il avait manqué tout ce temps.

- Dans quel état avez-vous mis Beckett ? l’accusa en souriant Esposito. Parce que ça ne peut être que votre œuvre Castle !
- Nous étions à un cocktail organisé par mon éditeur.
- Vous avez l’air bien, vous. Avez-vous bu du jus de carotte ?
- Il y a ceux qui savent se tenir et il y a les autres.
- Castle, j’ai mal au crâne mais je saurais encore vous en mettre une.
- Comment est-elle rentrée ?
- En taxi.
- Avec vous ?
- Ben oui.
- Et après ?
- Je l’ai conduite chez elle et je suis rentré chez moi.
- C’est tout ?
- C’est tout.
- Pathétique, conclurent les deux inspecteurs.
- Il est où notre suspect ?
- En salle d’interrogatoire. Voici le dossier.
- A nous deux maintenant ! lança l’écrivain, en citant Balzac


***


Salle d’interrogatoire

Daniel Sinclair patientait en se passant la main dans les cheveux. Il se remit droit lorsque Castle entra. Cela fit sourire l’écrivain ; les bonnes manières, ça ne se perd pas. Il s’assit en face et parcourut le dossier :

- Licence d’histoire romaine, licence d’archéologie et une troisième en langues anciennes. Vous parlez le grec et le latin ?
- Le latin. Avec quelques notions de grec. C’est nécessaire dans mon travail.
- Mais je me doute qu’il est important de connaître une autre langue que l’anglais ?
- Je parle un peu l’italien et je comprends l’allemand.
- L’allemand ?
- Ce sont des archéologues très doués. C’est à un Allemand que l’on doit la redécouverte de Troie.
- Vous préparez un doctorat. Quel est le sujet ?
- Le sujet en est les croyances des Romains sous le règne d’Auguste.
- La religion romaine a déjà été étudiée, par Fustel de Coulanges ou par Mommsen.
- Mon sujet ne concerne qu’en partie la religion officielle. Je m’intéresse aux croyances, au syncrétisme de Rome. Vous saviez qu’on y adorait aussi bien Isis que Cybèle, Apollon ou Vénus ?
- Vaguement, éluda Castle qui avait épuisé ses fiches et qui jugea bon de réorienter l’entretien. Ça devait vous coûter un bras ce travail.
- J’ai une aide à la recherche.
- Et ça vous suffisait ? Les bouquins coûtent cher. Je sais de quoi je parle. J’en écris.
- Ah ? Les policiers écrivent des romans ?
- Pourquoi pas ? Mais en l’occurrence, je ne suis pas policier. Je suis écrivain. Mon nom est Richard Castle.
- Si vous n’êtes pas policier, pourquoi m’interrogez-vous ? Quel est votre titre ?
- Je suis consultant et je voulais vous connaître.
- Consultant ? Ils embauchent bizarrement dans la police !
- Tout le monde ne peut pas se payer un mentaliste ou un prof de maths. Ici, c’est un écrivain. Pas de bol. Mais vous n’avez pas répondu à ma question ?
- Les bibliothèques existent.
- Certes. Mais il vous faut des ouvrages spécialisés et en langue étrangère.
- Mon directeur de thèse m’en apportait.
- M. Robert Dargento ? C’est bien cela ?
- Tout à fait.
- Il vous les apportait C’est chic de sa part ! Moi, mon professeur de littérature anglaise à Harvard m’aurait laissé crever la gueule ouverte.
- Vous n’étiez peut être pas doué, persifla Sinclair avec cette cruauté, parfois involontaire, qu’ont les forts en thème s’adressant à ceux qu’ils jugent inférieurs.
- Je serais allé les chercher chez lui. Ou chez elle si j’avais pu.
- Je n’ai pas eu besoin de ramper devant le professeur Dargento, triompha-t-il
- Il vous avait à la bonne ?
- On peut dire ça.
- En tant qu’assistant, en quoi consistait votre travail ?
- Réserver les salles, répondre au téléphone, veiller à la continuité du travail…
- Bref, un boulot de secrétaire. Pas frustrant pour un étudiant de votre calibre ?
- Pas quand on exerce aux côtés d’une pointure comme Robert Dargento. Cela aurait rejailli avec éclat sur mon CV !
- Vous gériez aussi son agenda sentimental ?
- Ça m’arrivait, reconnu Sinclair, gêné
- Je vous vois plutôt comme quelqu’un de pudique, fit l’écrivain. Enfin, je veux dire normal, de bonne moralité. Vous avez tout du gendre idéal. Dommage que ma fille ne soit pas plus âgée, je vous aurai présenté à elle. Les gens comme vous sont si rare dans ce monde qui manque de pudeur !
- Je suis bien d’accord avec vous.
- La télévision est pleine de séries policières montrant sans arrêt l’horreur du monde avec des raffinements de sadisme et de perversité ! On croirait que les scénaristes sont un ramassis de débauchés !
- C’est vrai ! s’exclama Daniel Sinclair en s’animant. Le monde est tellement pourri ! Je préfère travailler et lire.
- Vous vivez avec Rebecca, j’ai cru comprendre.
- En effet.
- Joli prénom au passage. Ça me fait penser à Daphné Du Maurier.
- Merci. Je ne sais pas si ses parents l’ont lu.
- Le roman se finit mal, poursuivit Castle. Comme votre collaboration avec Dargento.
- Je ne l’ai pas tué !
- Ça a dû être dur, dit-il ignorant l’interruption, de travailler avec un homme sans moralité, un spécialiste de saint Pierre en plus ! Doux Jésus !
- C’était un honneur de travailler avec lui ! Il me respectait !
- Vraiment ? Vous, le seul homme du groupe et imposé par la direction de l’école ? Vous n’allez pas me dire que Dargento a été ravi de vous voir venir ?
- Le début a été un peu froid mais il a vite vu ma valeur.
- Et votre petite amie.
- Qu’est-ce que Rebecca a à voir avec ça ?
- Comment un homme de votre intelligence ne comprend t-il pas ? Dargento sautait sur tous les jupons qui passaient. Pourquoi aurait-il fait une exception ?
- Je l’ai dit aux autres enquêteurs : il l’a dragué, elle a dit non.
- Vous vous servez d’une râpe à fromage ?
- !!!
- Ça enlève le fromage par petits bouts. Dargento était un séducteur ; pas une brute. Il y allait doucement, par étapes. La résistance, le refus, étaient des piments, pas des obstacles. Je vous invite à lire comment le vicomte de Valmont fait tomber le prude Présidente de Tourvel dans Les Liaisons dangereuses. En matière de descriptions amoureuses, les Français sont les meilleurs ! Si vous n’avez pas le temps de le lire, louez-vous le film de Stephen Frears avec Glenn Close et John Malkovitch.
- C’est n’importe quoi !!
- Dans ce cas, pourquoi vous énervez-vous ?
- Vous dîtes des imbécilités. Ça énerverait n’importe qui !
- Surtout ceux qui ont quelque chose à cacher. Vous savez, je me dis que ça doit être douloureux de voir la femme qu’on aime se faire courtiser par un autre.
- Maintenant, ça suffit ! Je m’en vais !
- C’est votre dernière chance, Sinclair, lui lança Castle d’un ton sévère. Si vous sortez d’ici, vous ne pourrez plus faire jouer les circonstances atténuantes pour avoir collaboré à l’enquête. Imaginez qu’on trouve votre empreinte sur le cadavre de votre professeur, votre vie et votre carrière seront foutus.

Livide, Daniel Sinclair parut hésiter puis il se reprit et sortit. Castle se leva à son tour et rejoignit les enquêteurs :
- Désolé, je n’ai pas réussi à le faire craquer.
- Mais il est à bout de nerfs, fit Beckett, qui le dévisagea curieusement. On ne se met pas dans des états pareils si l’on n’a rien sur la conscience. Vérifiez si leurs véhicules ou leurs portables ont le GPS, ça pourrait nous prouver qu’ils n’étaient pas chez eux. On va aussi interroger leurs voisins, revérifier les caméras de surveillance de la circulation, les bus, les taxis, les distributeurs de billets. On a des suspects idéaux. Il s’agit maintenant de les coincer.

Beckett sortit. Castle allait la suivre quand il vit le regard moqueur de Ryan et Esposito.
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Elle était bien votre petite phrase, fit Ryan. Si vous croyez qu’on ne l’a pas entendu…
- Je lui mettais la pression.
- Bien sûr ! Quoi d’autre ?
- Vous savez, poursuivit Esposito, on a compris pourquoi vous êtes revenu.
- Tout cela me manquait.
- Et Beckett !
- Mais vous aussi !
- C’est gentil, dit Ryan en rigolant. Mais ce que vous espérez, vous, c’est  reconquérir Beckett.
- « Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain » ; c’est dans le Décalogue. Citation appropriée, non ?
- Beckett n’est pas mariée ni même en concubinage. Et puis, les fleuves changent parfois de lit.

Castle voulut ajouter quelque chose à la controverse mais se ravisa. Il préféra s’en tirer avec son sémillant sourire et sortir.


***


Commissariat, peu après

Assise à son bureau, Beckett relisait une déposition pendant que Castle examinait attentivement le tableau aux indices qui s’était bien étoffé depuis la dernière fois qu’il l’avait vu. Ryan et Esposito passaient des coups de fils.

Soudain, un homme échevelé surgit dans le commissariat en hurlant :

- Vous n’êtes que des salopards !

A la stupeur générale, il sortit une arme de sa veste et tira. Atteinte à la tête, Kate Beckett s’écroula comme une masse. Avant que quiconque ait pu réagir, Castle s’était rué sur le tireur et le renversa. Ils roulèrent sur le sol et luttèrent quelques instants. On entendit comme un coup de feu étouffé puis l’arme, un revolver, glissa sur le sol jusqu’aux pieds d’un policier.

Castle avait prit le dessus sur l’agresseur qu’il écrasait de tout son poids tout en le bourrant de coups de poings. Il fallut toute la force de Ryan et d’Esposito pour lui faire lâcher prise.

- Ça  suffit Castle ! Il a son compte !
- Il a tué Kate ! fulmina l’écrivain
- Mais…c’est Daniel Sinclair !

Dans un piteux état mais c’était lui.

Un gémissement fit se retourner les trois hommes. C’était Beckett qui se relevait, une moitié du visage en sang ; la balle lui ayant littéralement labouré la tempe.

- Lieutenant…commença Ryan
- Ça ira…enfin, je crois…que s’est-il passé ?
- C’est Sinclair. Il a complètement…

Ryan s’interrompit brusquement. Il venait de voir des traces de sang sur le sol qui ne provenait ni de Beckett ni de Sinclair. Esposito les vit aussi. Leurs regards convergèrent vers Castle, bien droit mais un peu pâle.

- Castle, vous saignez !
- Ah ? Peut-être un peu…

Mais la main qu’il maintenait à la hanche ne laissait pas de doute. D’ailleurs, le romancier perdit son peu de couleur en un instant, comme si, rassuré sur l’état de Kate Beckett, il pouvait laisser filer. Sans l’aide des policiers, il se serait effondré.

- Une ambulance ! Vite !!
Camarade Totoff
Camarade Totoff
Prince(sse)
Prince(sse)

Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015

Revenir en haut Aller en bas

Série ''Castle'' - Page 9 Empty Re: Série ''Castle''

Message  Camarade Totoff Mar 10 Sep 2024 - 13:17

Chapitre XII : Entre la vie et la mort

New York, Presbyterian Hospital

Dans un couloir, assise sur un banc, le teint pâle, le front ceint d’un diadème en pansements, les mains jointes devant elle, fixant le sol sans le voir, Kate Beckett telle une sylphide au fond de la coulisse, attendant que quelque chose se passe dans le monde.

A ce moment, la porte de l’ascenseur s’ouvrit ; laissant sortir en vitesse Martha et Alexis. Cela la tira de sa sinistre rêverie. Elle se leva pour les accueillir. Martha l’enlaça avec force, comme elle l’aurait fait pour un membre de sa famille. Alexis fit de même.

- Quelles sont les nouvelles ? demanda Martha
- Je n’en ai aucune pour le moment.
- Mais que s’est-il passé ? s’exclama Alexis. Je sors de mon exam de maths satisfaite et voilà que le proviseur m’annonce que mon père est à l’hôpital dans un état grave ! C’est tellement irréel.
- Et moi j’étais chez le coiffeur et pour une fois j’avais coupé mon portable. Le choc quand j’ai eu le message du lieutenant Esposito !
- Un type que Castle avait interrogé ce matin est revenu soudainement et m’a tiré dessus. J’ai ressenti comme un choc violent et j’ai perdu connaissance quelques instants. Quand je suis revenue à moi, Castle était debout avec Ryan et Esposito puis ils ont vu qu’il était blessé et il s’est effondré d’un coup. Les secours étaient là très vite.
- En un sens, c’est mieux pour tout le monde.
- Mais comment a-t-il pu faire entrer une arme ? demanda Alexis, interloquée.
- Je n’en sais rien. Une enquête est en cours. Oh ! Martha ! Si vous saviez comme je m’en veux !
- Mais pourquoi ma chère ? Vous n’y êtes pour rien.
- Hier soir, nous étions à Harvard à boire des coupes de champagne et moins de vingt-quatre heures plus tard il est entre la vie et la mort. Je lui ai proposé de revenir travaillé avec moi et il…il est là maintenant…
- Kate, reprit fermement Martha. S’il a accepté, c’est qu’il le voulait bien. Je suis même certaine qu’il en mourrait d’envie et ne savait comment faire.
- Nous venions à peine de nous réconcilier ! C’est…tellement injuste ! Et cette querelle !

Elle s’étrangla en essayant de parler et Martha la reprit dans ses bras. Consoler le lieutenant Beckett lui permettait de ne pas trop montrer son propre chagrin. Alexis les ramena sur Terre :

- Inutile de nous apitoyer : rien ne dis que papa ne va pas sortir bientôt et en bon état !
- C’est vrai, répondit Beckett en faisant un effort pour se reprendre. J’ignore la gravité de la blessure. On peut être optimiste : Castle n’est pas une mauviette.
- Et moralement au mieux, ajouta Martha. Il était très gai quand il est rentré cette nuit.

Cette évocation rendit le sourire à Kate Beckett et allégea un peu l’atmosphère.


***


Presbyterian Hospital, plus de deux heures plus tard

Les trois femmes ne parlaient plus. Alexis avait du mal à rester en place alors que Martha, par habitude, et Beckett, par lassitude, étaient immobiles comme des statues.

Elles virent soudain un médecin, la quarantaine grisonnante, venir vers elles et toutes se levèrent comme…une seule femme.

- Venez-vous pour Richard Castle ?
- Oui. Je suis le lieutenant Kate Beckett. Je suis arrivée en même temps que lui. Voici sa mère, Martha Rogers et sa fille, Alexis.
- Bonjour. Je suis le docteur Dimitri Thaumas, chirurgien. C’est moi qui aie opéré M. Castle.
- Comment va-t-il ? L’opération a été longue.
- Je serai franc, lieutenant. Si l’opération a été longue c’est que les dégâts étaient considérables. La balle a déchiré la hanche, endommagée l’artère fémorale avant de se loger dans l’os ischion. Nous avons dû cicatriser l’artère et arrêter une hémorragie interne. Mais il a perdu beaucoup de sang. C’est ce qui nous inquiète le plus. Le pronostic vital est engagé ; les vingt-quatre prochaines heures seront déterminantes. Nous l’avons placé en coma artificiel pour soulager la douleur.

La foudre tombant à leurs pieds n’aurait pas pu davantage pétrifier les trois femmes.

- Ce n’est pas vrai…commença Beckett
- C’est hélas une hypothèse possible.
- Quelles sont ses chances ? demanda Martha
- A ce stade, 50%.
- Non…fit Beckett
- Kate ? s’inquiéta soudainement Martha en sentant l’emprise sur son bras s’accentuer.
- Lieutenant ! Restez avec nous ! ordonna le docteur Thaumas

Déjà blanche, Kate Beckett avait viré au cadavérique. Mâchoires crispées, elle tremblait de tous ses membres. Son front se constellait de gouttelettes de sueur. Ses yeux étaient illuminés par un violent incendie intérieur.

- Etat de choc, diagnostiqua le médecin. Infirmière ! Emmenez cette femme et donnez-lui un sédatif.
- Non…reprit Beckett
- Il le faut lieutenant. Vous devez vous reposer et des soins sont nécessaires.
- Castle ne peut pas mourir, souffla-t-elle
- Pourquoi ?
- Il ne m’a pas dit au revoir.

Thaumas et Martha échangèrent un regard ; sous l’effet de la fièvre, Kate Beckett commençait à délirer. Elle fut emmené doucement mais fermement par une infirmière.

- Nous la garderons cette nuit en observation. Du repos lui fera le plus grand bien. Elle paraît en avoir besoin.
- Quand est-ce que je pourrais voir mon père ? s’enquit Alexis d’une voix tremblante
- Tout de suite si tu veux. Chambre 112.
- Tu viens grand-mère ?
- J’arrive. Je dois parler au docteur d’abord.

Thaumas acquiesça et emmena la tragédienne dans son bureau.

- Comment encaissez-vous la situation ? demanda-t-il
- Je suis désormais l’adulte de la famille. Je dois faire face. Mais c’est dur.
- Votre petite-fille a l’air très touchée. Elle est proche de son père, je suppose ?
- Alexis a été élevé par Richard. Sa mère, Meredith, vit en Californie. C’est une actrice de seconde zone. Je sais que, pour faire ce métier, il faut plus ou moins avoir une faille mais, dans son cas, c’est de la taille de celle de San Andrea.
- Vous conservez votre sens de l’humour à ce que je vois, fit le médecin en souriant, c’est important dans cette situation. Mais je vous ai interrompu, excusez-moi.
- Ce n’est rien. Je disais qu’Alexis a passé beaucoup de temps avec son père. Moi aussi d’ailleurs ! Je squatte allègrement son appartement depuis des années ; moins ces derniers temps mais passons. Alexis considère son père comme son héros. Elle est à un âge où l’on est très sensible. C’est la plus mûre de nous tous mais, aujourd’hui, elle est seulement une fille qui a très peur de perdre son père.
- Mais j’ai cru comprendre qu’il collabore avec la police ? Cela ne l’inquiétait pas ?
- Pas vraiment. Mais ça ne fait pas pareil d’entendre parler de meurtre ou de mort que de la voir et qu’elle vous concerne. Et puis il y a Kate Beckett. Dans l’esprit d’Alexis, Richard et elle se protègent mutuellement. Or, les voilà touchés simultanément. C’est tout un univers qui s’effondre. Je suis sûre qu’elle voyait son père comme « invulnérable » parce qu’on n’imagine pas être un jour concerné par…ce genre de drame.
- Vous paraissez bien gérer vos émotions.
- Je suis comédienne docteur. Gérer mes émotions est la base de mon métier. Je dois être forte pour Alexis. Elle doit savoir qu’elle peut compter sur moi.
- Je comprends.
- Docteur…
- Autre chose ?
- Oui. Je sais que vous donnerez les meilleurs soins à mon fils. Ne regardez pas à la dépense. Mais, si le pire devait survenir…s’il ne devait plus y avoir d’espoir…
- Madame !
- Je ne répéterais pas ça devant Alexis mais je dois le faire, reprit-elle d’une voix dont elle s’efforçait de masquer le tremblement croissant et alors que ses yeux s’embuaient. S’il ne devait plus y avoir d’espoir, je vous demande de ne pas vous acharner. Débranchez-le et laissez-le mourir.
Camarade Totoff
Camarade Totoff
Prince(sse)
Prince(sse)

Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015

Estuaire44 aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Série ''Castle'' - Page 9 Empty Re: Série ''Castle''

Message  Camarade Totoff Jeu 19 Sep 2024 - 14:15

Chapitre XIII : En suspens

Commissariat, même jour

Ryan alla frapper au bureau du capitaine Montgomery.

- Alors, vous avez une explication sur l’arrivée de cette arme ici ?
- Oui monsieur. L’arme est enregistrée au nom de Daniel Sinclair mais voyez plutôt ; et il tendit son rapport.
- Une prothèse en métal dans le genou !
- Conséquence d’une fracture survenue au ski à Megève, en France, quand il avait quinze ans. Cela fait douze ans qu’il fait sonner les portiques. Il a même une carte pour que les policiers ne s’affolent pas.
- La belle affaire !
- De plus, il venait d’être interrogé moins d’une heure auparavant par Castle. Quand il est revenu, il a simplement dit qu’il souhaitait apporter de nouveaux éléments aux enquêteurs. Personne ne l’a fouillé puisqu’il a été supposé que sa prothèse était la cause du bip.
- Il faudra installer un scanner corporel et fouiller systématiquement. Bon Dieu ! Ryan ! Vous vous rendez compte de la gravité de la situation ?
- Oui monsieur.
- Bon ! Je me charge de cet aspect. Comment vont nos blessés ?
- Le lieutenant Beckett a fait un malaise sans gravité. L’hôpital la garde en observation pour la nuit mais elle sera sortie demain. En revanche, Castle est dans un état grave.
- Grave comment ?
- Pronostic vital engagé.
- Oh ! [censuré] ! La famille ?
- Esposito a prévenu la mère de Castle et le lycée de sa fille.
- Je passerai dans la journée. Sinclair ?
- Complètement prostré. Incapable de comprendre ses droits. Un psychologue est à ses côtés et son avocat va arriver.
- C’est un aveu qu’il vient de faire en tirant sur Beckett.
- Castle voulait le déstabiliser en posant des questions « hétérodoxes ». Il avait demandé au lieutenant Beckett d’amener le membre supposé le plus faible du couple. Il semble qu’il avait raison. Mais ce ne sont que des preuves indirectes.
- Je vois. Il sera condamné pour double tentative de meurtre dont une sur la personne d’un officier de police mais pas pour le meurtre de Dargento.
- Si Castle meurt, il sera poursuivi pour meurtre avec préméditation sauf si le décès survient un an et un jour après les faits. Dans tous les cas, lui tombe mais sa fiancée s’en tire.
- C’est elle qui tire les ficelles.
- Beckett le pensait mais pour l’instant elle a réponse à tout et cette fusillade était faite pour nous déstabiliser.
- Ça, ça n’arrivera pas ! Où en est l’enquête ?
- Nous allons interroger Tiffany Danvers, membre du séminaire. Ses dernières déclarations manquaient de conviction. Beckett avait prévu de la re-convoquer. En outre, Esposito a découvert qu’un des collègues de Dargento se trouvait au motel « Overlook ». Il n’y est peut être pour rien mais il a sans doute vu quelque chose.
- Et il n’aurait rien dit jusque là parce que… ?
- La chambre était louée pour deux.
- Ah !
- On s’en occupe.
- Tenez-moi au courant.


***


Salle d’interrogatoire, même journée, dans l’après-midi

Face à Ryan et Esposito, Tiffany Danvers. Noire comme l’ébène, elle n’avait pas le côté érotique de Salomé Miller ni la glaciation de Rebecca Small. Non, c’était plutôt un charme discret qui tenait à la régularité des lignes de son visage. Son habit était trop classique pour qu’on s’y arrête. Ce qui manquait surtout à la jolie étudiante, c’était de l’assurance. Lors du premier interrogatoire au King’s College, elle était tellement nerveuse que les enquêteurs n’avaient rien pu en tirer. Ils espéraient mieux aujourd’hui. Ils étaient aussi nettement moins patients.

- Tiffany, commença Ryan, que pouvez-vous nous dire que le professeur Dargento ?
- Ben…il était gentil, toujours calme, poli.
- Dites-moi, vous a-t-il fait des avances ?

Voyant l’étudiante sur le point de se braquer, et se souvenant de la méthode « Castle », Esposito entreprit de changer de tactique :

- Vous préparez un doctorat, n’est-ce-pas ? Quel en est le sujet ?
- Le sort des chrétiens relaps après les persécutions de Dioclétien.
- Pouvez-vous développer ?
- Bien sûr. L’empereur romain Dioclétien voulait une union de tout l’Empire autour du culte impérial : lui-même étant l’incarnation d’Hercule. Les chrétiens refusaient de vénérer un autre Dieu que le leur ; ils furent donc persécutés et plusieurs d’entre eux acceptèrent de renier leur baptême pour avoir la vie sauve. Je m’intéresse à leur sort après cette persécution et surtout après l’édit de tolérance de l’empereur Galère en 311. Comment ont-ils été reçus dans leurs communautés ensuite ? Quelle justification ont-ils donné ? etc.
- Et le professeur Dargento était votre directeur de thèse, c’est bien ça ?
- Tout à fait.
- C’est une idée à lui ou à vous ce sujet ?
- C’est une suggestion personnelle qui s’insérait dans son cours sur les martyrs des premiers siècles. Cet  « à-côté » des persécutions lui paraissait un terrain à défricher.
- Vous partagiez donc votre temps entre vos recherches et quelques cours au King’s College ? embraya Ryan
- C’est cela même.
- Combien de fois par semaine voyiez-vous le professeur Dargento ?
- En moyenne, deux fois. Parfois plus.
- Comment était l’ambiance dans ce séminaire ?
- Exécrable, répondit-elle sans hésiter. Toutes les filles se regardaient en chiens de faïences et se détestaient. Jamais nous ne nous serions prêté un bouquin. Pas même un Post-it !
- Cela venait-il du fait que le professeur Dargento draguait toutes ses étudiantes ?
- Oui, souffla-t-elle.
- Vous aussi ?
- Au départ, je ne voulais pas, dit-elle d’un ton plaintif mais il était si gentil.
- Ça vous flattait qu’un homme dans sa position vous fasse des avances ?
- Oui.
- Vous n’aviez pas de compagnon ?
- Je me consacrais uniquement à mes études. J’étais…assez immature dans ces choses-là.
- Que pensiez-vous des autres filles ?
- Ann et Karyn se disputaient ses faveurs avec le plus de vigueur. Je crois qu’il aimait ça mais ces deux là pourrissaient l’ambiance rien qu’à se regarder. Je ne crois pas qu’elles consacraient autant de temps à leurs études qu’à leur brushing (et vlan ! pensèrent les deux policiers). Annabelle était préoccupée par ses études et, en fait, je crois que quand elle a compris que Robert Dargento ne s’attachait pas à elle, ça l’a anéantie et elle était déjà fragile. Elle a tenté de se suicider il y a une dizaine de jours. Salomé couche avec tout ce qui le veut bien et n’a aucune morale mais elle était aimable avec moi et lorsqu’elle travaillait elle ne faisait pas semblant.
- Oui, on sent qu’elle met du cœur à l’ouvrage, fit Esposito d’un air rêveur. Mais, poursuivez, je vous en prie.
- Quant à Rebecca, c’est une mère la vertu qui me gonflait. Elle me méprisait parce que je n’étais pas de taille à rivaliser avec elle.
- Sur quel plan ?
- Intellectuel notamment. Rebecca aime contrôler son monde. C’est une vraie manipulatrice. Les autres la voyaient juste comme le glaçon de service. Or, c’est la plus intelligente de nous toutes mais elle ne le montrait pas.
- Vous pensez que c’était une hypocrite et qu’elle a couché avec son professeur ?
- Hypocrite, je ne pense pas. Elle ne disait pas une chose pour faire le contraire. Par contre, coucher avec Dargento, certainement. Mais pas comme vous le croyez.
- Comment ça ?
- Il l’a dragué oui mais c’est elle qui a bien voulu céder. Parce que cela servait ses ambitions ; qu’elle prenait  de l’ascendant sur lui et qu’il aurait bien été forcé de passer par ses quatre volontés.
- Comment le savez-vous ?
- Simple intuition. Chacune des filles s’est vanté devant les autres  d’être la meilleure amante, sauf moi parce que je suis timide et Rebecca qui passait pour la vertu incarnée.
- Où étiez-vous il y a cinq jours entre 21H et minuit ?
- Au cinéma. J’ai gardé le ticket. Tenez ! Le voilà.
- Merci mademoiselle. Vous nous avez été très utile. Et on ne vous a pas mangé, n’est-ce-pas ?

Tiffany fut bien obligée de le reconnaître dans un sourire timide. Les policiers, eux, avaient un autre interrogatoire sur le feu.


***


Salle d’interrogatoire, fin d’après-midi

Lorsque Ryan et Esposito entrèrent, l’homme qui attendait se leva brusquement :

- Quand même ! Cela fait deux heures que j’attends !
- C’est dingue cette impatience à être accusé de meurtre, glissa Ryan à son collègue qui approuva
- Comment ça « accusé de meurtre » ? Mais vous délirez les gars !
- Assis ! ordonna Esposito. Pas bouger.
- Bien, poursuivit Ryan. Monsieur Simon Dyer, professeur de littérature anglaise au King’s College. Nombreux articles dans des revues que personne ne lit. Membres de plusieurs académies dans le monde ; ce dont ce même monde se contrefout.
- Un peu de respect, s’exclama Dyer, froissé dans sa dignité d’éminence intellectuelle
- Je n’ai pas à prendre de gants avec un suspect pour meurtre.
- Mais le meurtre de qui [censuré] !
- De Robert Dargento.
- Ce vieux satyre ? Vous rigolez ?
- On a un officier de police à l’hôpital et un excellent ami à nous entre la vie et la mort à cause de cette histoire. Alors non, nous n’avons pas envie de rire.
- Mais je n’y suis pour rien ! gémit Dyer, en constatant le sérieux des inquisiteurs
- Alors que faisiez-vous dans le quartier où on a retrouvé le corps ? Disons au motel « Overlook » ?
- Je n’ai pas le droit à une vie privée ?
- Plus lorsqu’il y a meurtre dans un rayon de cinq kilomètres autour. M. Dyer, nous pouvons vous garder un petit moment et faire venir un avocat ne raccourcirait pas l’inconfortable situation dans laquelle vous seriez parce que là on vous soupçonnerait puissance 10. Nous éplucherons vos comptes, vos appels téléphoniques, interrogerons vos voisins, votre femme…
- Non, pas ça !
- Nous vous écoutons.
- J’étais bien à ce motel mais je n’étais pas seul.
- Le nom de cette personne ?
- Olivia. Olivia Jones.
- Jones ? Comme Thomas Jones, le directeur du King’s College ?
- C’est sa femme.
- Ben mon cochon !
- Jones est un connard patenté vissé à son bureau chaque jour que Dieu fait. Il vient même au bureau le dimanche ! Il néglige Olive comme c’est pas permis. Je le soupçonne de ne s’être marié que pour la convenance ; c’est plus distingué de recevoir avec une maîtresse de maison. Quel abruti !
- Et vous avez sauté sur l’occasion. Si vous me passez l’expression.
- Ma femme et moi ne nous entendons guère mais si elle apprenait que j’ai une liaison, je suis bon pour le tribunal et une pension alimentaire. A une réception organisée pour je ne sais plus quelle mondanité, j’ai constaté que Jones traitait sa femme comme une petite chose décorative mais absolument pas comme une vraie personne et encore moins comme une femme. N’étant pas des plus heureux en ménage moi-même, j’ai reconnu sa détresse. Nous nous sommes parlés et, une chose en entraînant une autre…
- Soit. Mais le meurtre de Robert Dargento ayant eu lieu dans le quartier, nous aimerions savoir si vous avez vu quelque chose.
- Sincèrement, je ne crois pas.
- Avez-vous vu ces personnes ? demanda Esposito en alignant les photos des protagonistes de cette affaire.
- Je n’ai pas vu Dargento, j’en suis sûr. C’est vrai aussi qu’au vu de sa vie privée, je ne me serai pas inquiété. Ce n’est pas lui qui m’aurait fait la morale !
- D’accord, et les autres ?
- Elle ! Je l’ai vu vers 19H.
- Où cela ?
- A la station-service qui est la plus proche du motel. Je refaisais le plein pour éviter d’être vu en pleine lumière. Elle était à l’intérieur, au café qui jouxte la station. Elle parlait à quelqu’un mais je ne sais pas à qui. Je crois qu’elle lui a touché le visage à un moment. Bien entendu, je préférerais ne pas avoir à témoigner. J’étais censé être à un séminaire à Philadelphie. C’est tout.
- Vous nous avez été très utile, commenta Ryan, mais si vous étiez venu plus tôt un homme ne serait peut être pas en train de mourir. Vous comprendrez qu’on ne vous décerne pas la médaille d’or du Congrès . Fichez le camp maintenant !

L’autre ne se le fit pas répéter une seconde fois et fila sans demander son reste. Ryan et Esposito regardèrent la photo désignée par Dyer : Rebecca Small.


***


Commissariat, fin de journée

Lanie Parish fit son entrée, un rapport à la main.

- Les garçons, je crois que ceci est pour vous.
- Une augmentation ? glissa Ryan, moqueur
- Mais non, benêt, le rapport sur les empreintes dans l’appartement de notre macchabé martyr. Je l’ai intercepté en passant.
- Que nous dit-il ? Voyons…les empreintes de toutes les suspectes sont présentes dans l’appartement.
- Ça ne nous apprend rien.
- Epluchez-le – à part les rapports, vous ne devez pas éplucher grand-chose – moi, je vous laisse. Demain à la première heure, je vais à l’hôpital. Ce soir, ça ne nous avancerait pas beaucoup.
- Il est 21H, fit Esposito après un bref regard sur la pendule du service. Il y a déjà près de dix heures que Castle est en soins intensifs. Presque douze. La moitié du temps critique selon les médecins.
- C’est plutôt rassurant, voulut se convaincre Ryan.
- Chaque heure qui passe est une victoire, renchérit Lanie. Et je veux croire qu’ils auront une seconde chance.
- Comment ça ?
- Ils ne sont pas arrivés à se dire « Je t’aime » ; il leur faut une autre chance. Il faudra qu’ils la saisissent cette fois !
- On y veillera, gloussa Ryan. Merci pour le rapport, Lanie, bonne soirée.
- Inutile de te dire de nous tenir au courant demain matin, ajouta Esposito
- Inutile en effet. Bonsoir les garçons.

Les deux policiers reprirent le rapport sur les empreintes.

- Ecoute-ça, s’exclama Ryan. Les empreintes de toutes les suspectes ont été retrouvé dans la chambre du mort.
- Et alors ?
- Rebecca Small a dit qu’elle était allée chez lui avec son copain ou une autre fille. Elle a toujours nié avoir eu la moindre liaison avec Dargento. Or, quand tu vas chez ton professeur pour du travail, tu ne vas pas dans la chambre. C’est la preuve qu’elle a menti !
- Nom de Dieu ! On la tient cette [censuré] ! Hum…pardon.
- Tu disais quelque chose ?
- Non, rien en effet.
- C’est pas mal mais ce n’est encore qu’une preuve indirecte. Avec un bon avocat, elle pourrait s’en tirer. D’autant qu’elle arguera que sa présence à la station-service ne signifie pas qu’elle soit allée au hangar. Avec son aplomb, elle reviendra sur sa première déclaration sans broncher.
- Mais peut être que Daniel Sinclair ne la couvrira plus.
- Peut-être mais pourquoi a-t-il tiré sur Beckett ?
- Rebecca lui mis la pression : les flics sont contre moi, si tu m’aimes tu ne peux vouloir que ce qui est bien pour moi donc pas la prison donc il faut abattre les flics. Avec beaucoup de « smack » un peu partout. Visiblement cette fille a une profonde influence sur son fiancé.
- Mais ce n’est plus le cas. Il est là et pas elle.
- A ton avis, pourquoi lui a-t-elle envoyée un avocat ? Pour qu’il la boucle.
- Il nous faudrait le résultat de l’empreinte sur la cheville de Dargento.
- Demain je pense. Tu rentres chez toi ?
- Je ne dormirai pas en pensant à Castle et Beckett.
- Moi non plus. Bon ! Je commande chez Song-Fu et on y retourne.


***


Presbyterian Hospital, le lendemain matin

Tom Demming, un bouquet de roses à la main, frappa à la porte de la chambre puis entra et resta interdit.

Au lieu d’une femme allongée et affaiblie, il trouva le lieutenant Beckett achevant de s’habiller.

- Heu… tu ne devais pas te reposer Kate ?
- Tu plaisantes ! J’ai passé vingt-quatre heures à dormir ici. J’ai un assassin à coffrer !
- Tu t’es quand même pris une balle !
- Ce ne sera pas la dernière !
- Bon ! Heu…je t’avais apporté des fleurs…
- Merci. Elles sont magnifiques.

Quelque chose dans la voix, dans l’attitude de Beckett alerta Demming ; comme le fait qu’elle ne vienne pas plus vite vers lui.

- Que se passe t-il Kate ? Il y a quelque chose de changé chez toi.
- Tom, j’ai beaucoup réfléchi, dit-elle après avoir hésité. Je…je crois qu’on devrait en rester là.
- Pourquoi ? On était bien tous les deux, non ?
- J’ai subi durant toute cette semaine des événements violents qui m’ont profondément ébranlée. Je ne sais plus où j’en suis et j’ai besoin de réfléchir. Sur moi, sur ce que je veux.
- Tu es certaine de ton choix ? Je ne peux rien faire pour t’aider ? On pourrait partir, dès que ton enquête sera finie, pour faire le point ensemble.
- Partir ? Je ne peux absolument pas m’en aller en laissant Castle dans le coma. Je ne peux pas l’abandonner. Il est là parce qu’il a voulu me protéger. C’est…c’est mon ami et je ne veux pas le perdre.

Tom Demming n’était pas un imbécile. Si on pouvait critiquer une légère suffisance, nul n’avait jamais mis en cause son intelligence. Les derniers mots de Beckett lui signifièrent qu’il l’avait perdu.

- Je comprends, dit-il simplement. Je le regrette mais je respecte ton choix. Je te souhaite d’être heureuse et de trouver celui qu’il te faut. Et j’espère que Castle s’en sortira.
- Merci.

Il laissa les fleurs et sortit.


***


Presbyterian Hospital

En arrivant à l’ascenseur, Demming croisa Lanie qui en sortait.

- Lieutenant Demming ! Vous venez de voir Kate ? Comment va-t-elle ?
- Cette tête de mule vient de se lever et de rompre avec moi.
- Je suis désolé !
- Et moi donc. A plus tard peut être.

L’ascenseur partit, Lanie murmura pour elle :

- Désolé, Tom mais dans toute bataille il y a des perdants.

En arrivant devant la chambre de son amie, elle vit celle-ci sortir, et donner ses fleurs à un parfait inconnu :

- Ce n’est pas raisonnable Kate !
- Déraisonnable est mon deuxième prénom. C’est gentil d’être venu mais, comme tu vois, je vais bien.
- Physiquement peut être mais là-dedans ?
- Lanie, tu es médecin légiste pas psychiatre. Ne t’occupe pas de mon esprit.
- En tant que médecin non. En tant qu’amie, j’y suis contrainte. Je viens de croiser Tom Demming. Tu l’as largué le cher cœur ?
- Oui, avoua Beckett. Il le fallait. Je ne sais pas si c’est la bonne décision mais je suis certaine qu’il le fallait. Je…je…j’ai besoin de réfléchir et…Tom est un homme charmant mais…
- Mais tu veux autre chose.
- C’est ça. Qu’est-ce que je veux, je ne le sais pas. Mais, ce n’était pas avec lui. Et puis, avec mes pensées sombres, j’aurais été de bien mauvaise compagnie !

Tout en marchant, les deux amies arrivèrent à la chambre 112. Beckett hésita.

- Est-ce que…commença-t-elle
- Il est toujours vivant, lui répondit Lanie. Je suis sûre qu’il s’en sortira.

A ce moment, Alexis sortit de la chambre et faillit se heurter à Beckett. Elle eut une exclamation mêlée de surprise et de joie et se jeta dans ses bras.

- Lieutenant ! Comme je suis heureuse de vous voir en pleine forme !
- Merci, répondit Beckett d’une voix étranglée. Comment va-t-il ?
- Les médecins pensent que le plus grave est passé mais ils restent vigilants. D’autres examens seront pratiqués aujourd’hui.
- L’important, c’est qu’il soit encore en vie.
- Il ne partira pas parce qu’il ne vous a pas dit au revoir. C’est ce que vous avez dit hier.
- J’ai dit ça, moi ? s’étonna Beckett, un brin gênée
- Vous aviez de la fièvre. Mais je suppose que vous voulez le voir.
- Oui.
- Lieutenant, parlez-lui. Dites-lui combien il nous manque ; et en disant cela Alexis contenait ses larmes.
- Je te le promets.
- Je reste là, dit Lanie. Prends ton temps.


Beckett entra dans la chambre pendant que Lanie s’asseyait à côtés d’Alexis.

- Ça va, tu tiens le coup ? lui demanda-t-elle
- C’est difficile. J’espère et j’ai peur en même temps.
- Je comprends. Tu m’excuses, je vais envoyer un message à Ryan et Esposito pour leur dire qu’il…hum.

Il y eut un bref instant de silence pendant que Lanie pianotait sur son téléphone puis elle revint vers la jeune fille.

- Tu sais, en tant que médecin, je suis certaine que, maintenant qu’il a passé les heures les plus critiques, ton père va s’en sortir. Il est physiquement costaud et…et il a une bonne raison de ne pas mourir maintenant.
- Beckett ?
- Absolument (et elles sourirent de concert). Ils se sont réconciliés à Harvard l’autre jour.
- Voilà pourquoi Papa était rentré assez gai ! Je me souviens l’avoir entendu fredonner alors que je ne dormais pas. Et le lendemain il était parti quand je me suis levé ; ce qu’il n’avait plus fait depuis…sa fâcherie. Je n’ai pas eu le temps de lui demander ce qui s’était passé. Je comprends mieux maintenant.
- Ça te redonne un peu d’espoir ?
- Oui. Merci docteur.
- Lanie. Appelle-moi Lanie.

Beckett ressortit alors, un peu pâle mais elle sourit à Alexis.

- Je reviendrai le voir mais maintenant, je dois coffrer un assassin.
Camarade Totoff
Camarade Totoff
Prince(sse)
Prince(sse)

Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015

Revenir en haut Aller en bas

Série ''Castle'' - Page 9 Empty Re: Série ''Castle''

Message  Camarade Totoff Mar 24 Sep 2024 - 13:23

Chapitre XIV : Alléluia !

Commissariat, dans l’après-midi

Rebecca Small, en strict tailleur noir, et son avocat à ses côtés. En face, le lieutenant Kate Beckett et Ryan.

L’atmosphère était électrique.

Ce fut Beckett qui attaqua la première.

- Je n’irai pas par quatre chemins : vous êtes accusée du meurtre avec préméditation sur la personne de Robert Dargento.
- C’est parfaitement ridicule !
- J’ajoute que votre fiancé, Daniel Sinclair, est lui aussi poursuivi pour ce meurtre ainsi que pour tentative de meurtre sur la personne d’un officier de police, moi en l’occurrence. En outre, notre consultant, M. Richard Castle, a été très grièvement blessé à cette occasion. S’il meurt, comptez sur moi pour que ce meurtre soit considéré comme celui d’un policier. Et la justice n’aime pas les tueurs de policiers.
- Ce serait irrégulier, lieutenant Beckett, fit l’avocat
- Vous croyez ? Mon capitaine passe un coup de fil à son supérieur qui contacte le maire qui contacte le procureur général. Je vous ai dit que M. Castle est un ami du maire ?
- Spéculation, répliqua l’avocat, un peu impressionné.
- Vous avez raison : passons aux choses certaines. La participation de votre cliente au meurtre du professeur Dargento.
- J’ai conseillé à ma cliente de ne pas répondre à vos questions.
- Ce sera inutile, répliqua Beckett avec une ironie mordante. Tout d’abord, nous avons un témoin qui affirme vous avoir vu avec votre fiancé à un café près du lieu du crime une heure avant qu’il ne soit commis. Or, vous nous aviez affirmé de pas être sortie de chez vous. « Alibi » confirmé par M. Sinclair. Ensuite, la prochaine fois que vous sortez en douce, demandez à votre fiancé de ne pas payer avec sa carte de crédit : ça laisse une trace. Quand on sait ce qu’on cherche, on sait où on le trouve. Troisièmement, nous avons trouvé vos empreintes dans la chambre de M. Dargento. Or, vous aviez affirmé n’être jamais allé chez lui seule et surtout pas dans la chambre. A moins que M. Dargento ne reçoive comme les aristocrates d’autrefois, je ne vois pas d’autre explication que celle qui fait de vous une des maîtresses de la victime. Ce que vous avez toujours nié. Quatrièmement, nous avons pu accéder à la liste des appels du portable secret de M. Dargento. Celui trouvé chez lui était l’officiel : des coups de fils et texto à des collègues, confrères etc. Celui que nous n’avons pas retrouvé mais dont le numéro apparaît dans les relevés téléphoniques de toutes les membres du séminaire était lui réservé à ses galipettes privées. Votre numéro y apparaît.
- C’est tout ? releva l’avocat. Je ne vois là que des preuves indirectes. Ma cliente vous a menti sur sa liaison avec son professeur par pudeur.
- Je n’ai pas fini, reprit Beckett avec un sourire de requin blanc. Nous avons retrouvé les empreintes de mademoiselle Small sur une cheville de Robert Dargento. Cette empreinte n’a en aucun cas pu se faire lors de jeux sexuels car il s’agit d’un point de pression. Cette marque apparaît plus tard quand les muscles se détendent. Cette empreinte signifie que Rebecca Small tenait la victime pendant que son fiancé le clouait au mur.
- Notre sentiment, ajouta Ryan, est que mademoiselle Small, furieuse d’avoir cédé à un Dom Juan de pacotille, jalouse, a convaincu M. Sinclair de le tuer. M. Dargento a été attiré dans le hangar par une lettre parfumée, parfum que nous avons retrouvé chez vous, assommé puis crucifié.
- Vous voyez que nous n’avions pas besoin d’entendre votre cliente, maître.
- Que proposez-vous ? demanda l’avocat
- Je crois que mademoiselle Small n’est pas en condition de passer un marché, rétorqua Beckett. Le dossier sera transmis au procureur général dès que possible. Vous allez passer le reste de votre vie derrière les barreaux.
- Il m’avait humilié, fit Rebecca d’une voix sourde
- Rien ne justifie d’ôter la vie à un autre être humain.

Sur ce, les policiers quittèrent la salle d’interrogatoire et retrouvèrent Esposito.

- Voilà une affaire que je ne suis pas fâché de voir fini, fit ce dernier.
- En tout cas, Rebecca Small doit être heureuse que l’Etat de New York n’applique pas la peine capitale. C’était une cliente toute trouvée !
- Pas sûr, répondit Beckett. Une orgueilleuse comme elle serait allée fièrement à la mort, en se donnant en spectacle et sans éprouver le moindre remord. En prison, elle aura l’éternité du reste de sa vie pour ressasser son crime et la raison de sa présence. Cela la torturera bien plus que le couloir de la mort. Le vrai supplice, c’est le temps.

Beckett s’excusa car elle devait se rendre à l’hôpital. Elle partit en coup de vent laissant ses subordonnés étonnés et vaguement inquiets. Il y avait de la colère dans sa voix ; pire : de la cruauté.

Kate Beckett avait souffert dans cette enquête.


***


Presbyterian Hospital

Kate Beckett était assise aux côtés de Richard Castle. Elle avait pris le relais de Martha, qui avait les traits un peu tirés mais qui lui avait dit que les examens étaient positifs. Les médecins avaient pris la décision d’arrêter le coma artificiel ; le réveil de l’écrivain se ferait dans les prochaines heures. Mais Martha avait des répétitions à suivre et du sommeil à récupérer. Enfin rassurée sur le sort de son auguste rejeton, elle pouvait se permettre un brin d’égoïsme ; une vertu familiale.

Beckett avait raconté comment s’était conclue l’enquête, comment elle avait quitté Demming, combien Alexis souffrait et combien les garçons étaient impatients de fêter n’importe quoi avec lui.

- Vous me manquez Castle, murmura-t-elle. A moi et à tous les autres, mais beaucoup à moi. Bon sang ! Cessez de faire votre intéressant et réveillez-vous ! Vous avez des gens à voir, des assassins à m’aider à coffrer et un roman à finir. Votre éditrice attend la fin de votre coma pour vous y replonger si vous ne bouclez pas vos cinq cents dernières pages. Qu’est-ce que vous attendez ? Que je vous chante quelque chose ? Que je vous…

Beckett s’interrompit : quelle idée stupide !

Sauf que, comme toutes les idées stupides, celle-ci s’incrustait. Beckett regarda à gauche, à droite, scruta la porte en espérant ou en craignant (ou inversement) qu’elle ne s’ouvre, se mordit les lèvres, secoua la tête ; enfin, fit tout ce qui était humainement possible pour se sortir cette idée saugrenue de l’esprit.

En vain, naturellement.

Sans plus réfléchir, cédant à son impulsion, Kate Beckett prit la main de Castle, le regarda avec une intensité croissante puis finalement elle se pencha vers lui.

Son geste fut brutalement interrompu par un gazouillis électronique provenant d’un moniteur. Elle releva les yeux vers l’engin, l’air de sortir d’un rêve.

- Lieutenant, entendit-elle alors, vous a-t-on déjà dit que vous aviez des yeux magnifiques ?
- Castle ! s’exclama-t-elle sans pouvoir masquer sa joie.
- Bien sûr ! Qui vouliez-vous que ce soit ?
- Comment vous sentez-vous ?
- J’ai une vue imprenable sur votre décolleté. Le mauve vous va à ravir.

Kate Beckett se releva brusquement, lâchant la main du romancier et, machinalement, fit le geste de rajuster son pull crème. Mais son regard trahissait son soulagement et le fait que l’appréciation flatteuse lui fasse plaisir.

Il y eut un bref instant de flottement.

- Je préviens le docteur Thaumas pour qu’il vous examine et je dois surtout appeler Martha et Alexis. Elles seront tellement soulagées.
- Combien de temps suis-je resté inconscient ?
- Un peu plus de trente-six heures mais vous avez frôlé la mort.
- Vous l’avez eu ? L’assassin ?
- Nous les avons eu tous les deux. Mais je crois que vous n’êtes pas en état pour que je vous raconte la fin de l’histoire en détail.
- Je me sens encore un peu faible en effet.
- Je reviens.

Le docteur Thaumas vint très vite et se montra satisfait de l’état de son patient. Il le garderait encore une journée pour observation puis l’enverrait quelques jours en convalescence avant de lui prescrire un repos complet d’une dizaine de jours. Pas d’enquêtes, pas d’efforts violents.

Rassurée, Kate Beckett s’apprêtait à partir lorsque Castle l’interpella :
- Lieutenant, vous avez vraiment cru que j’allais mourir ?
- Bien sûr. Nous l’avons tous cru : la blessure était sérieuse.
- Ce n’était pas possible, affirma t-il ; ce qui surprit le médecin
- Et pourquoi cela ? demanda-t-elle
- Je ne vous avais pas dit au revoir.

Kate Beckett resta stupéfaite alors que le docteur Thaumas examinait vraiment très attentivement la perfusion de son patient.

Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais rien ne sortit. Au bout d’une seconde, elle la referma et s’enfuit précipitamment.
Camarade Totoff
Camarade Totoff
Prince(sse)
Prince(sse)

Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015

Estuaire44 aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Série ''Castle'' - Page 9 Empty Re: Série ''Castle''

Message  Camarade Totoff Ven 27 Sep 2024 - 14:33

Chapitre XV : Toute fin est un commencement

Domicile de Castle, une quinzaine de jours plus tard

Assise à la table du salon, Alexis lisait un passionnant manuel de chimie tendis que sa grand-mère était plongée au cœur d’une intrigue théâtrale échevelée.

Castle fit son entrée en chantonnant.

- Comment me trouvez-vous ?
- Très élégant, confia Alexis. Tu as bien fait de ne pas mettre de cravate. Ça ferait trop habillé.
- Où t’en vas-tu donc ? demanda Martha
- Je suis invité au restaurant.
- Je t’en prie, Richard, le gronda-t-elle maternellement, ne joue pas les intéressants.
- C’est Beckett qui m’a demandé si j’étais libre pour dîner avec elle.
- Les traditions se perdent, fit mine de regretter Martha. De mon temps, c’était les hommes qui invitaient les femmes.
- Où dînez-vous ? interrogea Alexis, la mine espiègle
- Dans un restaurant français, Le Mistral. C’est dans Soho. Je ne le connais pas celui-là.
- Beckett hein ? A quoi pense-t-elle ?
- Pourquoi penserait-elle à quelque chose en particulier ?
- Richard, quand tu invites une femme au restaurant, tu penses à quoi ?
- Ce n’est pas la même chose.
- Qu’est-ce que tu peux être borné quand tu t’y mets !
- Je ressemble à ma mère !
- En tout cas, le retour au commissariat a été une réussite, intervint Alexis. C’est gentil à eux de nous avoir invités. La brioche était bonne.
- Et le champagne frais, poursuivit Martha. Vraiment, tu es bien tombé, Richard. Des amis comme ça, conserves-les.
- Tu peux en être sûre. Maintenant que je sais ce que j’ai, je ne risquerai plus de le perdre. Ils ont tous été formidables. Je me demande si cet « incident » n’a pas renforcé nos liens ?
- C’est ce que je me disais, murmura Martha malicieusement
- Mère, tu disais quelque chose ?
- Non, pourquoi ?
- Bon ! Je vous laisse. Je ne voudrais pas la faire attendre.  
- Pars vite et reviens tard, lança Alexis
- Fred Vargas, répondit son père. Moi aussi, je lis la concurrence étrangère !

Castle partit, Alexis se tourna vers sa grand-mère avec un air gourmand :

- Tu sais ce qui me ferait plaisir ?
- Qu’il ne rentre pas du tout ?

Alexis ne répondit pas mais son sourire parlait pour elle !

***


Restaurant Le Mistral

Richard Castle se dirigea vers le bureau de la réceptionniste :

- Bonsoir. Je suis Richard Castle. Il doit y avoir une réservation pour moi.
- Certainement, monsieur. Si vous voulez bien me suivre.

La jeune femme amena l’écrivain jusqu’à une table où l’attendait déjà Kate Beckett. Pour l’occasion, le flic s’était effacé devant la femme : coiffée avec attention, elle arborait une somptueuse robe rouge dont le décolleté sauvage n’était assagi que grâce à une fleur d’œillet blanc stratégiquement placée.

- Lieutenant, vous êtes…vous êtes belle.
- Merci, dit-elle, touchée par la simplicité du compliment. Mais pouvez-vous me faire une faveur ?
- Parle et tu seras exaucée !
- Pour ce soir, ne m’appelez pas « lieutenant » ; je ne…
- …suis pas en service. Oui, je connais la chanson.
- Commandons ; nous pourrons discuter ensuite.

Pour débuter, deux coupes de champagne : le vin de France par excellence.

Le temps de savourer le breuvage puis Castle prit la parole :

- Je dois d’abord vous remercier pour l’invitation.
- Attendez de voir votre assiette, fit-elle en riant
- Pas grave. Après la petite sauterie au commissariat, je ne m’attendais pas à autre chose.
- La « sauterie » comme vous dites était collective. Ici, c’est personnel.
- Oh ! Rien que ça.
- Je voulais marquer solennellement la fin de notre querelle et nos retrouvailles.
- Dans ce cas, vous accepterez que je paye ma part car je suis plus que responsable.
- C’est moi qui invite.
- Donc, vous acceptez d’avance que je vous rende la pareille pour que nous soyons à égalité.
- Mais il ne s’agit pas d’être à égalité !
- Je suis parti sur un coup de tête.
- Parce que  j’ai été maladroite et grossière.
- Je rappelle que j’ai été odieux quand vous êtes venu me trouver chez moi.
- Et moi glaciale.
- Zut alors ! C’est quand même moi le méchant dans cette histoire !
- Vous avez pris une balle qui a failli vous tuer. Cela expie vos péchés.
- Ah ? Évidemment, vu comme ça. Soit ! Mais souffrez que je vous invite en retour.
- Pour quel motif ?
- Juste pour le plaisir.
- J’accepte.
- J’ai une question : comment connaissez-vous ce restaurant ? Mazette, c’est du chic !
- Il se trouve qu’il y a quelques années – j’étais encore simple inspectrice- j’ai enquêté sur la mort d’un garçon de cuisine. Mes supérieurs pensaient à un règlement de compte interne au restaurant car la victime avait des difficultés relationnelles avec le patron – M. Patrice Thomas, de Marseille-  mais je sentais que quelque chose n’allait pas. J’ai creusé et découvert un trafic de drogue. J’en ai référé à mon lieutenant  et l’affaire a été bouclée. Le restaurant n’y était pour rien et sa réputation sauvée. Cette enquête m’a valu ma promotion comme lieutenant et la reconnaissance éternelle de M. Thomas. Il me fait un prix d’ami.

Castle n’ajouta rien mais il mima une révérence. Les entrées servies (un cocktail de crevettes avec un verre de Bourgogne blanc), ils devisèrent de banalités, comme la cuisine. La française était la meilleure mais il fallait du temps pour consommer. Manger en moins de dix minutes ressort du crime de lèse-majesté ! Or, le temps, les policiers n’en ont guère ! Il fallait donc bien que le lieutenant Beckett ait pris sa soirée pour rester assise deux heures durant.

- L’enquête est donc bouclée mais pourquoi Daniel Sinclair vous a-t-il tiré dessus ?
- Ça reste un mystère. Ryan pense qu’il a été « conditionné » par Rebecca. Mais il refuse de s’expliquer et son avocat a évoqué « l’abolition temporaire des facultés » suite au stress et à votre interrogatoire.
- C’est la meilleure ! C’est de ma faute maintenant ! Vous voyez qu’il faut que je paye ma part !
- Castle !
- Richard ou Rick. Je ne suis pas de service ce soir.
- D’accord, et elle eut bien du mal à ne pas pouffer.
- Le plus terrible dans cette histoire, c’est pour Dargento.
- Il est mort ; c’est en effet terrible pour lui.
- Non, je veux dire qu’il n’a jamais eu conscience qu’il jouait à mal. Son mode de vie est certes moralement répréhensible mais aucune loi n’interdit de multiplier les liaisons.
- Certains y arrivent bien.
- Hum…Sauf que pour lui Rebecca n’était qu’une parmi tant d’autres et si elle lui a un tant soit peu résisté il n’y a vu qu’un plaisir supplémentaire. Or, il a blessé par sa conduite un orgueil peu commun.
- Les filles doivent se battre davantage pour réussir.
- Mais celle-ci s’était construit une carapace : son intelligence et sa froideur tendus vers un but : sa réussite. Je suis certain qu’elle n’a jamais eu beaucoup de tendresse pour son fiancé : une aide « biologique » en quelque sorte pour permettre à l’esprit de continuer à travailler.  En la séduisant, Dargento lui a révélé l’inanité de ses efforts pour masquer sa sensualité et, surtout, la renvoyé hors de sa singularité : elle n’était pas unique mais une parmi tant d’autres !
- Elle n’a pas supporté de pas être différente ; supérieure aux autres. Je crois qu’on a là la clé de la personnalité de Rebecca Small.

Vint  la viande (tournedos Rossini avec un Bordeaux rouge). Durant ce laps de temps, les convives se turent mais leurs regards disaient assez le plaisir d’être ensembles. Puis le dessert (tarte aux pommes), café et Cognac.

Ce fut Beckett qui reprit la parole :

- Vous savez ce qui s’est passé au commissariat après l’interrogatoire de Rebecca ?
- Votre accès de « cruauté » ? Oui, je suis au courant.
- Ça ne vous inquiète pas ?
- Au contraire ! Vous en avez pris plein la figure dans cette affaire et Rebecca Small est de ces femmes que les autres femmes détestent. Ça défoule d’être un peu « cruel » de temps en temps. Et puis, ça vous titille votre comportement. C’est bon signe. L’inquiétant, c’eut été que vous n’ayez pas de remords et que vous y ayez prit plaisir. Rassurez-vous : vous êtes une femme équilibrée.
- A votre avis, pourquoi nous sommes-nous réconciliés ? C’était plutôt mal parti !
- Certes, mais après notre entrevue catastrophique chez moi, je me suis senti mal. J’ai eu la sensation d’être allé trop loin. Ce n’était pas moi qui avais parlé ! Mais je ne savais pas comment rattraper le coup.
- Cette foutue fierté, hein ? Moi aussi.
- Je suis revenu parce tout me manquait : être sur le terrain, interroger les suspects, confronter les faits et les idées. Ce n’est plus pour mon ego, pour avoir des idées pour mes bouquins mais vraiment parce que j’aime ça et que j’aime les gens avec qui je bosse. Je croyais travailler avec des policiers ; je me retrouve avec des amis. Leur joie en me revoyant m’a vraiment ému.
- J’ai vu ça, fit Beckett en souriant. Vous nous manquiez à tous mais on n’est pas passé loin de la catastrophe.
- Comment éviter ça à l’avenir ?
- En se parlant sincèrement je crois.
- Je ne vous cache jamais rien.
- En êtes-vous sûr ?
- A chacun son jardin secret mais je ne pense pas vous avoir caché quoi que ce soit qui vous concernait.

Kate Beckett se mordit les lèvres, visiblement hésitante et sans doute insatisfaite de la réponse.

- Nous formons un drôle de tandem, vous ne trouvez pas ? finit-elle par dire. Un policier avec un écrivain.
- Mais on est efficace ! assura Castle. J’adore bosser avec vous !
- Merci. C’est réciproque. En fait, je crois que la raison profonde de notre brouille est que nous voulions chacun de notre côté savoir si l’on pouvait vivre et travailler sans l’autre. On a eu notre réponse.
- Sans doute. Je sais écrire des romans policiers sans vous et vous savez mieux que personne résoudre une enquête criminelle. Mais il manque quelque chose.
- Votre fantaisie me manque même si je vous interdis de le dire publiquement !
- Ce qui me manquait chez vous, c’était votre…en fait, je ne saurais dire exactement ce qui me manquait. Vous, en somme.
- C’est gentil.
- Sincère. Alors, on peut repartir comme avant ?
- Croyez-vous que tout pourra être comme avant après ce qui s’est passé ? Ne risque-t-on pas de retrouver les conditions qui ont fait exploser notre…notre…collaboration et, cette fois, pour de bon ?
- Sauf que, enrichi par l’expérience, nous saurons anticiper le problème et le résoudre à la source. En se parlant. C’est bien ce que vous disiez tout à l’heure, n’est-ce-pas ?
- Oui, souffla-t-elle sans pouvoir masquer tout à fait sa déception
- Quelque chose ne va pas ?
- Non, tout va bien, assura-t-elle en souriant. Je passe une très bonne soirée.
- Je ne vous cacherai pas que moi aussi.

Il était désormais l’heure de quitter le restaurant. Castle héla un taxi pour elle et lui ouvrit la porte. Au moment d’entrer, Beckett se retourna brusquement et embrassa fugacement mais sans que nul doute soit possible l’écrivain sur les lèvres :

- A demain Ricky !
FIN
Camarade Totoff
Camarade Totoff
Prince(sse)
Prince(sse)

Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015

Estuaire44 aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Série ''Castle'' - Page 9 Empty Re: Série ''Castle''

Message  Camarade Totoff Mar 1 Oct 2024 - 13:20

Je n'ai pas eu l'occasion (et je n'y ai pas pensé non plus) à vous demander si vous aviez apprécié (aimé même, soyons fous !) cette histoire.

Au cas où, j'indique juste voir deux autres récits ("Les Nuits féroces" et "L'Assassin avait les mains propres") à vous proposer.
Camarade Totoff
Camarade Totoff
Prince(sse)
Prince(sse)

Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015

Revenir en haut Aller en bas

Série ''Castle'' - Page 9 Empty Re: Série ''Castle''

Message  Estuaire44 Jeu 3 Oct 2024 - 0:54

Bien aimé ! Ne connaissant que les fondamentaux de la série, je n'ai sans doute pas saisi toutes les références, mais j'ai apprécié que le roman demeure accessible pour tous. La présentation des personnages reste en effet très parlante sur l'essentiel. j'ai été agréablement intrigué par la découverte du meurtre qui me semblait indiquer un récit à la MillenniuM voire aux X-Files pour l'épisode Hollywood, pour partie imprégné d’ésotérisme catholique. la suite s'est révélée davantage prosaïque, mais c'est certes conforme à la série et l'enquête demeure aussi prenante que solide.

Entre crise dans le couple vedette et blessure du héros ( ce ne serait jamais arrivé dans Firefly !)  le récit est bien lesté en péripéties, cela aurait sans doute donné un mémorable épisode. Pas mal d'humour sur les dialogues, comme pour la vanne sur le Mentaliste et le prof de math. Je ne pensais pas que la relation des deux protagonistes était tendue à ce point là, on se croirait chez Steed et Mrs Gale !

Je remarque au passage qu'apparemment toutes les femmes sont des bombes dans cette série, j'aurais du mal à considérer cela comme un point négatif. Beaucoup aimé aussi les nombreuses références culturelles insérées dans le texte, il y a du boulot derrière. j'avoue être allé lire la notice Wiki sur la Domus aurea de l'Empereur, c'était passionnant, merci. Il a toujours détesté être logé chichement, c'est certain. En tout cas cela m'a vraiment intéressé, je veux bien une suite !
Estuaire44
Estuaire44
Empereur
Empereur

Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007

Camarade Totoff aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Série ''Castle'' - Page 9 Empty Re: Série ''Castle''

Message  Camarade Totoff Jeu 3 Oct 2024 - 14:20

Merci beaucoup ! C'est vraiment gentil et ça me touche beaucoup.

La tension entre les deux personnages est une invention de mon cru. En outre, le récit (merci de le qualifier de "roman") date de 2010 donc avant les tensions (réelles) entre les acteurs.

"Castle" est une série "pop culture" alors j'essaie de coller à l'esprit. Si "Le martyre de Saint Pierre" a fait penser (involontairement car je n'ai jamais regardé) à MilleniuM et X-Files, le suivant ("Les Nuits féroces") se base davantage sur un célèbre studio britannique et le gothique.
Camarade Totoff
Camarade Totoff
Prince(sse)
Prince(sse)

Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015

Estuaire44 aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Série ''Castle'' - Page 9 Empty Re: Série ''Castle''

Message  Camarade Totoff Lun 14 Oct 2024 - 13:35

Les Nuits féroces

Chapitre I : L’étrange nuit d’Alexis

Central Park West, 22 mai, 23H50 (heure de New York)

Un groupe de jeunes gens remontait la 81ème Avenue vers le muséum américain d’histoire naturelle. Parmi eux, Alexis Castle, jolie blonde au regard clair. Elle tenait la main d’un jeune homme de bonne figure. Il s’appelait Victor, et, depuis quelques temps, c’était son petit ami. Bon élève, sage et un peu timide, promis à Princeton comme Alexis, il suscitait pourtant l’hostilité de Castle père.

Avec eux, leurs amis Alexandra « Sandra » Meyer, aussi brune qu’Alexis était blonde et son copain Brad Cooper, encore marqué par ses violentes crises d’acné.

Ils s’arrêtèrent pour attendre un taxi.

- Tu es sûre que tu ne veux pas prolonger la soirée ? demanda Victor. Il est encore tôt.
- Il a raison, renchérit Sandra
- Pas question, rétorqua Alexis. J’ai la permission de minuit. Je vais même être en retard.
- Pas cool, commenta Cooper
- Mon père a fixé des règles. Tant que je les respecte, il me laisse la liberté de faire ce que je veux et de voir à peu près qui je veux.
- Mais moi, il ne m’aime pas, fit amèrement Victor
- Oh ! Vic ! Ne dis pas ça (et elle l’embrassa). Mais c’est un père. Pour lui, je serais toujours sa petite fille chérie. Me voir avec un garçon, ça lui flanque un coup de vieux !
- Il devrait se trouver une copine, hasarda Sandra. Ça l’occuperait et ça te donnerait de l’air.
- Ça ne changerait rien. Je dois bosser demain et…

Alexis s’arrêta net. Ses amis virent un homme émerger du bois. Sa démarche était étrange ; on aurait dit qu’il tanguait.

La Lune était pleine et la nuit claire comme de l’eau de roche. Aussi les ados virent-ils nettement, et avec un sentiment d’horreur croissant, que les vêtements de l’homme étaient déchirés, sales et que son visage, émacié, était marqué par une profonde terreur.

Il voulut parler mais seul un flux de sang sortit de ses lèvres et, sans un mot, il s’écroula, à quelques mètres seulement du petit groupe, paralysé par la stupeur et l’effroi. Sandra cachait son visage dans les bras de Cooper. Vic ne pouvait détacher son regard de ce corps qui ne bougeait plus.

Alexis fut la première à reprendre ses esprits.

Elle s’empara de son portable et actionna une touche qui lui composa automatiquement un numéro qu’elle avait en mémoire :
- Lieutenant Beckett, c’est Alexis. Il faut vite que vous veniez au croisement de Central Park West et de la 81ème : mes amis et moi venons de voir un homme s’écrouler mort sous nos yeux. Nous ne bougeons pas.

Elle raccrocha.

- Tu as le numéro de la police dans ton téléphone ? s’étonna Cooper
- Mon père travaille avec la police. Ça aide.
- Tu ne le préviens pas? demanda Vic
- Je viens de le faire, rétorqua son amie avec malice


***


Central Park West, vers 0H30

Alexis avait naturellement raison.

Quand une voiture de police s’arrêta non loin d’eux et que deux personnes en sortirent ; l’une d’elle était le lieutenant de police criminelle Kate Beckett mais l’autre était Richard Castle, écrivain de romans policiers et, en ce moment, surtout le père d’Alexis.

Ils n’étaient pas les premiers sur les lieux. Une ambulance était là ainsi que deux autres véhicules de police. Les ados donnaient leurs versions des faits tout en ayant bien besoin d’être réconfortés.

Castle serra sa fille dans ses bras et ne put s’empêcher de jeter un regard noir au malheureux Vic qui n’en menait pas large.

- Comment te sens-tu ? demanda l’écrivain
- Mieux que lui en tout cas.
- Qui est-ce ? demanda Beckett au médecin légiste, Lanie Parish, qui procédait à l’examen préliminaire du corps
- Aucune idée ma belle. Il n’a pas de papiers sur lui mais je peux déjà te donner la cause du décès.
- Quoi ? Si vite ?
- D’habitude, ça te plaît.
- D’accord ! D’accord !
- Plaie par balle au dos.
- Par balle ?
- Il y a l’impact mais pas d’orifice de sortie.
- Je n’ai pas entendu de coup de feu, fit Alexis
- Tu en es certaine ?
- Aussi certaine qu’E = MC2
- Ça, c’est ma fille, commenta Castle, paternellement fier
- Au moins avec Alexis, on a des éléments clairs sur lesquels on va pouvoir bosser, ajouta Beckett. Votre fille nous est précieuse.
- Je me le dis tous les jours.

Beckett s’amusait intérieurement de voir ce grand égocentrique qu’elle commençait à connaître se montrer si protecteur et si fier de sa progéniture. Castle était un bon père, ça, elle en était sûre.

A ce moment, deux policiers sortirent du bois. L’un d’eux était le lieutenant Kevin Ryan, un des adjoints de Beckett. Il portait une poche à indice à la main.

- Lieutenant Beckett, regardez ce que nous avons trouvé ! C’était dans le tronc d’un arbre.
- Bonne vision.
- Pas trop de soucis. La nuit est claire et la balle prend bien la lumière. Nous n’avons pas eu de mal à remonter la piste. Alexis et ses amis l’ont nettement vu sortir et nous avons trouvé des traces de sang.
- Si cette balle est identique à celle de notre macchabé, on a affaire à une chasse à l’homme.
- Elle est curieuse cette balle, fit soudain Castle. Lieutenant, vous voulez me passer une des vôtres ?
- Je ne vois pas ce que vous comptez en faire.
- Faites-moi confiance.

En soupirant, Beckett s’exécuta. Castle prit la balle et la compara avec celle trouvée dans l’arbre. Il émit soudain un gloussement de satisfaction.

- Quoi ? demanda Beckett, qui détestait ce genre de situation
- Regardez.
- Les balles sont manifestement différentes. Le métal ne semble pas le même.
- Je vous parie un dîner que cette balle (il montra celle de l’arbre) et celle qui est dans le corps de notre ami sont en argent.
- En argent ? Mais pour quoi faire ?
- Allons ! Lieutenant ! Ne me dites-pas que vous ne savez pas ce que l’on chasse avec une balle en argent ?
- Non, je ne…

Beckett resta soudain stupéfaite par ce qu’elle venait de comprendre. Elle jeta un coup d’œil rapide au mort puis à Castle, qui l’encouragea à accoucher :

- C’est un loup-garou !
Camarade Totoff
Camarade Totoff
Prince(sse)
Prince(sse)

Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015

Revenir en haut Aller en bas

Série ''Castle'' - Page 9 Empty Re: Série ''Castle''

Message  Camarade Totoff Lun 21 Oct 2024 - 13:43

Chapitre II : L’homme est un loup pour l’homme

Salle d’autopsie, 23 mai, 8H15

Beckett et Castle entrèrent dans la morgue en se chamaillant.

- Je vous dis que son petit ami est louche, assurait Castle
- Mais non ! C’est juste vous qui devriez faire soigner votre parano !
- Donc vous ne voulez pas m’aider ?
- A fouiller dans le passé de ce Victor ? Jamais de la vie !

Un toussotement les fit se taire. Lanie les attendait.

- Quand vous aurez fini de vous disputer au sujet de votre progéniture, on pourra peut-être s’occuper de la mienne ?

Beckett jeta un regard meurtrier à son amie tandis que Castle se contentait de ce sémillant sourire qui était comme une marque déposée.

- J’ai l’identité du mort si ça vous intéresse.
- Lanie !
- Le fichier des empreintes dentaires a parlé : William Burke, 46 ans.
- Cause du décès, même si je m’en doute.
- Hémorragie interne due à une plaie par balle : le foie a explosé. J’ai récupéré la balle et je l’ai envoyé à la balistique. Mais je crois que notre ami ici présent a raison : la balle est probablement en argent.
- Vous me devez un dîner, dit-il avec une satisfaction immense
- Je n’ai rien parié moi ! le corrigea Beckett. Ceci dit, c’est complètement absurde comme situation ! On ne tue pas quelqu’un avec une balle en argent !
- La preuve que si.
- Vous avez très bien compris. Et puis, la Lune était pleine et il ne s’est pas métamorphosé que je sache.
- Peut être que les traditions se perdent, s’amusa Castle. A moins, s’empressa-t-il d’ajouter en voyant l’envie de meurtre poindre dans l’œil de Beckett, que, déjà blessé à mort, le sort eut été conjuré ?
- N’empêche que c’est ridicule ! Les loups-garous n’existent pas !
- Techniquement, on parle de lycanthropes.
- Castle !
- Si les loups-garous n’existent pas, alors pourquoi le tuer avec une balle en argent ? Sauf si le tueur croit aux loups-garous.
- On verra avec ses proches s’ils savent pourquoi M. Burke a été tué avec une balle en argent.
- Je pense qu’ils le sauront, répondit Lanie. J’ai examiné ses effets personnels et j’ai trouvé ceci.
- Ne me dis pas que c’est…
- De l’ail ! s’exclama Castle, hilare. Notre loup-garou se promenait avec un collier d’ail sur lui ! Il ne manque plus que Frankenstein et on aura la trilogie gagnante de la Hammer !!

Et le romancier de partir dans un fou rire inextinguible. Les deux femmes balançaient entre l’indulgence et la consternation. Sentant la contagion poindre, le lieutenant Beckett entreprit de mettre fin à la situation.

- Castle ! Calmez-vous maintenant ! Nous sommes dans une morgue.
- Je suis désolé, lieutenant…c’est nerveux.
- Autre chose Lanie ?
- Ses vêtements sont de bonne coupe. Ils sont en lambeaux parce que notre homme a couru dans les bosquets du parc pour sauver sa vie. Autre chose : son dernier repas : viande et vin rouge. Sa dentition est saine et en très bon état.
- Monsieur était carnivore, compléta Castle en prenant sur lui
- Tout cela nous dit que M. Burke vient de la haute et mange à sa faim.
- Il avait probablement une faim de loup.

Sur cette lamentable plaisanterie pour public pas difficile, le romancier et le lieutenant quittèrent la salle d’autopsie sous le regard amusé du docteur Parish.


***


Commissariat

Comme ils arrivaient dans leurs locaux, le lieutenant Esposito, un autre adjoint de Beckett, vint les trouver :

- On a quelques infos sur William Burke et…qu’est-ce qui vous fait rire Castle ?
- Désolé, gloussa ce dernier. Notre homme avait de l’ail sur lui.
- De l’ail ? On s’en sert contre les vampires, non ?
- Esposito ! Tu ne vas pas t’y mettre à ton tour !
- Pardon. William Burke, donc. Il est le patron du groupe Wolff.
- Entre lui et les loups, c’est sérieux.
- Plus que ça. Il subventionne des programmes de prévention et de sauvegarde des populations de loups.
- Normal, on protège toujours la famille.
- Poursuis, fit Beckett, en ignorant ostensiblement l’écrivain qui s’amusait comme un petit fou
- Son entreprise compte 10 000  salariés dans le pays. C’est une holding qui a des participations dans la banque, le commerce et surtout, pardon d’avance lieutenant Beckett, la nourriture pour chiens.
- D’accord, je me rends, capitula Beckett. Cet homme était un mordu des canidés. Tu as son adresse ?
- Sur la 79ème, près du Metropolitan.
- C’est de l’autre côté de Central Park, fit Castle. Il a traversé tout le parc pour tenter d’échapper à la mort. C’est violent.
- Et surtout c’était prémédité. Avec Ryan, tu m’épluches la vie de ce type. Dites-moi (et elle se tourna vers Castle), c’est vous l’expert mondain ici et M. Burke semble de votre monde.
- Croyez-moi ou non mais on ne fréquentait pas les mêmes endroits. Jamais entendu parler de ce M. Burke.

A ce moment, le capitaine Montgomery vint les trouver, un dossier cartonné rouge à la main.

- Lieutenant Beckett, je suis content de vous voir car j’ai ceci pour vous ; et il lui tendit le dossier.
- Qu’est-ce que c’est ?
- Votre promotion au grade de capitaine de police et votre ordre d’affectation à Boston pour le 1er juin au plus tôt.
- A Boston ?
- Il n’y a pas pour le moment de place de capitaine vacante sur New York mais ils cherchent quelqu’un à Boston pour diriger une unité à la criminelle. Vous aurez une douzaine de gars sous vos ordres.
- Heu …merci monsieur.
- Ne me remerciez pas. Vous devez cela à vos mérites et ils sont grands, croyez-moi. Saisissez cette chance ; c’est une opportunité de carrière capitale.

Sur une solide poignée de main, Montgomery regagna son bureau. Beckett, qui n’en revenait pas, consultait le dossier sans paraître comprendre. Ryan se reprit le premier :

- Félicitations capitaine, fit-il avec un brin d’émotion dans la voix. Ce fut un honneur de travailler avec vous.
- Un plaisir, ajouta Esposito. On s’est bien amusé avec vous.
- Merci, et Beckett se cachait pas son trouble
- Vous ne dites rien Castle ? s’étonna Ryan
- Excusez-moi, répondit le romancier. J’étais ailleurs. Je ne sais trop quoi ajouter après vos deux adjoints qui ont parfaitement résumé les choses. Bravo et merci pour tout.

Beckett remercia d’un mouvement de la tête. Le peu de mot prononcé par le bavard Castle trahissait plus son émotion qu’un long discours. Elle rangea le dossier rouge dans son tiroir et se tourna vers eux :

- Si vous le voulez bien, laissons cela de côté et concentrons-nous sur ce meurtre. Ryan, Esposito, vous m’épluchez la vie de ce type. Castle, nous allons interroger sa famille.
- Lieu…capitaine, fit soudain Ryan en consultant son écran
- Pour l’instant, ce sera lieutenant. Et qu’y a-t-il ?
- William Burke figure parmi les personnes portées disparues !
- Quoi ? Depuis quand ?
- Hier soir. Sa femme a signalé sa disparition à 23H.
- Et il est mort une heure plus tard, rappela Castle
- Qu’est-ce qui a pu se passer entre 23 H et minuit hier soir ?


***


Appartement de William Burke

Contrairement à d’habitude, Castle et Beckett n’avait échangé aucun mots durant le trajet. Il y avait une atmosphère de gêne qu’aucun des deux n’avait essayé de dissiper.

L’appartement de M. Burke était au 4ème étage d’un immeuble cossu dont les trois premiers étages étaient occupés par des bureaux.

Une femme de ménage les fit entrer et les amena dans un salon où elle les pria d’attendre. Il était meublé avec goût. Rien d’ostentatoire ni de tape-à-l’œil onéreux même si certaines pièces devaient valoir leur pesant de cacahuètes. Chaque tableau, chaque objet semblait être à la place qui lui était réservé de toute éternité. Castle dut bien s’avouer que ce n’était pas ce à quoi il s’attendait et encore moins à l’antre d’un loup-garou.

Madame America Burke vint les rejoindre assez vite. C’était une femme élégante, une quarantaine débutante portée avec sûreté. C’était certainement elle qui s’était chargé de la décoration intérieure.

Les présentations faites, elle demanda si la police avait retrouvé son mari.

- Madame, répondit Beckett, nous avons le regret de vous dire que votre mari est mort.
- Mort ? Mais quand est-ce arrivé ?
- Hier soir. Il a été assassiné. Je suis vraiment désolé.

Madame Burke dut s’asseoir mais, entraînée à garder son sang-froid, elle reprit son maintien assez vite. Elle fit asseoir ses visiteurs et prit son téléphone :

- James, il faut que tu viennes. La police a retrouvé Willie…il est mort.

Se tournant vers ses visiteurs, elle leur expliqua que M. James Monroe était le bras droit de son mari. De son côté, Castle avait remarqué la broche que portait Mme Burke : un loup en or.

- Madame, je suis consciente que le moment s’y prête mal mais vous sentez-vous capable de répondre à quelques questions ?
- Je vais essayer.
- Quand avez-vous vu votre mari pour la dernière fois ?
- Hier midi. Ses bureaux sont juste en-dessous alors il rentre déjeuner tous les jours.
- Comment l’avez-vous trouvé ? Inquiet ?
- Pas du tout. Serein et préoccupé comme le sont tous les hommes d’affaires.
- Comment allaient ses affaires ?
- Il faudra le demander à James.
- Qui aurait pu vouloir tuer votre mari ? Il avait des ennemis ?
- Dans le commerce on a forcément des concurrents mais des ennemis, je ne vois vraiment pas.

A ce moment-là un jeune homme entra en coup de vent. Vêtu avec recherche, il avait le visage ouvert ; on aurait dit Tintin ! Mme Burke le présenta comme James Monroe.

- Willie est mort ? demanda-t-il comme s’il ne réalisait pas
- En effet, monsieur. Il a été tué hier soir.
- Hier soir ?
- Je l’ai déclaré disparu à 23H mais la police n’a pas eu l’air de s’inquiéter.
- Légalement, un majeur a le droit de partir quand il le veut, expliqua Beckett.
- Bon sang ! fit soudain Monroe. Je dois être le dernier à l’avoir vu vivant !
- Racontez-nous ce qui s’est passé hier soir.
- Nos bureaux sont en-dessous. Avec Willie, nous avons travaillé jusqu’à 22H. Il m’a dit alors qu’il sortait prendre l’air avant de monter se coucher. Je suis resté pour me mettre à jour jusqu’à ce qu’America -Mme Burke- m’appelle pour dire que Willie n’était pas revenu. Il n’avait pas pris son portable donc nous n’avons pu le joindre. A 23H, nous avons prévenu la police. Mais que lui est-il arrivé ?
- Nous cherchons à le savoir. Qui aurait pu lui en vouloir ?
- Willie était un homme d’affaires et un homme riche donc beaucoup de monde.
- Et si on vous dit que votre mari a été tué avec une balle en argent ?
- Castle !

Mais leurs hôtes ne protestèrent pas. Ils s’entreregardèrent, l’air inquiet.

- Alors, ce serait eux ? dit Monroe
- Qui ? demanda Beckett
- Votre mari avait un collier d’ail sur lui. Vous savez pour quoi faire ?
- Castle !!
- Bien sûr. Il se protégeait des vampires.

Beckett ne put même pas cacher sa stupéfaction.

- Des vampires ? Mais les vampires n’existent pas !
- Lieutenant, répondit Mme Burke avec une condescendance involontaire. Il y a beaucoup de choses que vous ignorez.
- Votre symbole, c’est le loup, n’est-ce-pas ? reprit Castle, qui semblait maintenant mener l’interrogatoire
- Exact, assura Monroe. Willie adorait ces animaux ; des modèles de solidarité et d’efficacité. Vous connaissez sans doute l’expression « L’Homme est un loup pour l’homme »  ?
- Bien sûr, répondirent en chœur Castle, qui n’avait jamais vraiment suivi les cours de philo et Beckett qui les avait oubliés depuis longtemps.
- Pour Willie, il fallait la comprendre dans l’autre sens : la solidarité dans le clan des loups doit inspirer l’action humaine.
- Et les vampires dans tout ça ?
- Parmi les ennemis de Willie, il y a un certain Sanguinarius, dont l’emblème est le vampire. Son clan a juré notre perte mais nous ne pensions pas que cela irait jusqu’au meurtre. J’ignore son nom, sans doute Katic ou Tékitch ; enfin, un truc de ce genre-là.
- Merci. Ce sera tout pour le moment.


Revenue dans la rue, Beckett explosa :

- Est-ce que je suis la seule à penser que ces gens sont des malades ?
- Je ne suis pas d’accord, la contredit Castle. Ils ont une vision cohérente du monde ; un idéal respectable et un univers, qui quoi que particulier, ne les empêche pas de trouver leur place dans la société.
- Mais quelle suffisance !
- Je vous l’accorde mais ce n’est pas parce qu’ils sont excentriques qu’il faut les condamner.
- Sinon vous seriez le premier sur le pilori.
- Je vous retrouve lieutenant !
- Je me demande si les gens seront aussi barrés à Boston.
- L’homme est le même partout, philosopha Castle. A Boston comme ici. Et maintenant ?
- Maintenant, on fait notre boulot. Je veux tout savoir sur les loups-garous et les vampires de New York !
Camarade Totoff
Camarade Totoff
Prince(sse)
Prince(sse)

Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015

Revenir en haut Aller en bas

Série ''Castle'' - Page 9 Empty Re: Série ''Castle''

Message  Camarade Totoff Mer 6 Nov 2024 - 13:31

Chapitre III : Le clan des lycans

Commissariat, même journée

Esposito vint trouver Beckett, assise à son bureau, qui écrivait avec application :

- Pour votre dernière affaire avec Castle, vous faites fort ! Un loup-garou assassiné par un vampire, il doit être aux anges, fit-il à voix basse en désignant du regard l’écrivain qui contemplait le tableau aux indices
- Tu n’imagines même pas ! grimaça-t-elle, mais sans pouvoir empêcher le passage fugace d’un sourire
- Ça ne vous fait pas drôle de vous dire que dans quelques jours vous vous séparerez ?
- Tu dis cela d’une façon !
- Ah ? Vous croyez ?
- Imbécile, se moqua-t-elle en se gardant bien de répondre à la question. Très jésuite, elle en posa même une autre : Tu as trouvé quelque chose ?
- Oui, vous n’imaginez pas combien les loups-garous sont actifs dans ce monde !
- Bof, répliqua-t-elle un brin désabusée ; de toute façon, je suis entrée dans la Quatrième Dimension le jour où j’ai rencontré Rick Castle.
- Et vous vous en portez bien ! fit celui-ci en s’asseyant à sa place habituelle.
- Donc, reprit Esposito. Le groupe Wolff est tout ce qu’il y a de plus légal sans rien d’original. Mais M. Burke appartenait à un club privé, le Lycaon Club, dans Manhattan. Tout ce que j’ai pu trouver sur ce lieu, c’est son adresse.
- Mais notre victime n’était pas un enfant de chœur, ajouta Ryan en se joignant à eux. Il a un casier, bon, pour des faits remontants aux années 80. En 1980, il a 16 ans, il tabasse avec des amis à lui un jeune Yougoslave pour une histoire de fille. Rebelote en 1982 mais cette fois, c’est un Roumain accusé de lui avoir volé son vélo. La police a pensé que ce n’était qu’un prétexte pour « casser du Roumain » mais n’a rien pu prouver. Il a été simplement condamné à des travaux d’intérêt général. On retrouve son nom dans une pétition en 1995 contre l’arrivée d’émigrés de l’ex-Yougoslavie. Il a soutenu l’action de l’OTAN en 1999 contre la Serbie et, pour l’anecdote, la guerre en Irak en 2003.
- Un vrai patriote, quoi, grinça Beckett
- Ce type avait un vrai problème avec les Slaves, constata Castle. Et ce « Sanguinarius » dont nous a parlé James Monroe doit porter un nom slave.
- Moi, c’est ce genre « loup-garou » et « vampire » qui me dépasse, avoua Ryan. A quoi ça rime ?
- Castle pense que ça structure leur façon de voir le monde.
- Moquez-vous mais c’est une projection intelligente, cohérente. On peut la trouver débile ou tout ce qu’on veut mais il ne faut pas oublier que c’est à travers ce prisme que les acteurs de ce drame voient les choses. Si nous voulons comprendre les motifs du tueur, il ne faut pas perdre cela de vue et penser comme lui.
- Parfait, conclut Beckett. Vous êtes nommé profileur de loup-garou sur cette affaire. Ryan et Esposito, vous continuez à m’éplucher la vie de notre victime et à recueillir tout ce que vous pourrez sur le clan des « loups-garous ». Castle, nous allons voir si nous sommes les bienvenus au club !


***


Lycaon Club, 13H

Le quartier était plutôt calme, limite vide.

- Pas sûr que ce soit le bon moment, commenta Castle. Ça doit être plus animé le soir.
- Je n’en sais trop rien, avoua Beckett. Ce club me fait l’impression des clubs pour gentlemen britanniques. On se réunit entre soi pour lire le journal. Enfin, vous voyez le genre.
- Ce que vous pouvez être snob, lieutenant Beckett, s’amusa-t-il. Un club, c’est aussi une boîte de nuit. Il y a des clubs hétéro, homo voici le premier club lycan !
- On verra ça.
- Dix dollars que j’ai raison.
- Tenu.

Le bâtiment abritant le club était de construction récente et avait deux étages. La porte était en chêne massif et les heurtoirs en forme de tête de loup. Beckett sonna à l’interphone :

- On est fermé pour l’instant, fit une voix rogue
- Police criminelle. Nous venons au sujet de la mort de William Burke.

Pas de réponse mais un déclic et la porte s’ouvrit. Les enquêteurs entrèrent et se retrouvèrent dans un hall au tapis rouge éclairé chichement mais où trois hommes construits sur le même moule qu’un catcheur les entourèrent en un instant. Castle s’abrita courageusement derrière Beckett qui exhiba sa plaque et sa carte professionnelle. Un quatrième homme, chauve celui-là et avec un collier de barbe s’avança :

- Bonjour…lieutenant Beckett. Je suis le responsable de la sécurité de ce club. Je vous prie d’excuser cet accueil…nous sommes plutôt méfiants envers ceux qui ne sont pas des nôtres.
- Genre, les vampires ? hasarda Castle
- Genre ceux-là oui.
- Et vous êtes, monsieur…
- Lobo. Pour l’état-civil, John Garfield. Ici, nous avons tous des noms en rapport avec notre animal totémique.
- Quel était le surnom de M. Burke ? demanda Castle
- Molosse.
- Peut-on voir le gérant ? interrogea Beckett qui paraissait avoir beaucoup de mal à admettre le sérieux du club et de ses membres.
- Bien sûr. Suivez-moi.

Lobo les emmena d’abord dans une salle plus claire avec un escalier en marbre de Carrare montant à l’étage. Mais le lourd tapis qui le couvrait donnait plutôt la sensation de marcher dans un ruisseau de sang cascadant le long d’un squelette. Globalement, l’atmosphère n’avait rien de gaie et l’omniprésence du motif du loup finissait par être franchement oppressante.

Il frappa à une porte massive et fit entrer les visiteurs.

C’était un bureau pas très grand, assez sombre et très encombré.

Un homme, d’une trentaine d’années, cheveux bruns mal disciplinés, dont le costume strict donnait l’impression d’être porté par un mannequin tellement son maintien était raide, se leva. Ceci étant, sa physionomie était ouverte, ses yeux clairs ne portaient nulle malfaisance et il accueillit Beckett et Castle avec courtoisie.

- Bonjour, je suis Walter Melville, mais ici tout le monde m’appelle Talbot.
- Lieutenant Kate Beckett et Richard Castle.
- On m’appelle Rick.
- Que puis-je pour vous ? demanda-t-il en leur désignant des sièges
- William Burke…
- Molosse, précisa Castle avant qu’un coup de talon sur les orteils ne le réduise au silence
- Il est mort, je sais. Lycaon, pardon, M. James Monroe, m’a prévenu ce matin. Il paraît qu’il a été assassiné avec une balle en argent ?
- On n’en sait rien encore, corrigea Beckett. C’est une hypothèse.
- Un peu plus que cela sans doute.
- Qui pouvait lui en vouloir ?
- A ce point je dirais personne. C’est bien cela qui m’inquiète. Je sais bien qu’on vous a parlé des « vampires » mais quand même…
- Qui sont-ils ?
- Exactement, je ne sais pas trop. Il y a une rivalité depuis toujours avec d’autres clans. On n’a pas les mêmes visions. Disons, pour nous, que le vampire est le symbole d’une économie prédatrice : il ne crée rien mais détruit, ne donne rien hormis une malédiction. Le loup-garou, pour nous, c’est l’alliance de la force vitale primaire et de l’intelligence humaine.
- Ah ! se borna à répondre Beckett, totalement sciée à la base. Même Castle ne broncha pas. Et ce club ?
- On s’y retrouve entre nous. C’est un lien de rencontre, de discussions. On y commente les nouvelles etc.
- Pas de fêtes ?
- Si mais si vous pensez à un club façon boîte de nuit, ce n’est pas ici. Encore une différence avec certains vampires qui aiment les boîtes « gothiques ».

Beckett, que son crâne commençait à faire souffrir, mit fin à l’entretien en remerciant « Talbot » de sa disponibilité.

En sortant, elle tendit la main pour que Castle y glisse un billet de dix dollars.

Ils montèrent dans la voiture, prêts à repartir :

- Vous me manquerez, Kate, lâcha soudain Castle
- Vous aussi, répondit-t-elle, plus émue qu’elle n’aurait voulu le montrer. Vous viendrez me voir à Boston ?
- Je vous le promets. En retour, j’ai une requête à vous soumettre.
- Laquelle ?
- Ne m’oubliez pas.
- Je vous le jure.

Aucune autre parole ne fut échangée durant le trajet de retour mais l’atmosphère avait changé.


***


Domicile de Castle, le soir

L’écrivain rentra chez lui peu avant 20 H.

Alexis révisait au salon.

- Mère n’est pas là ? s’étonna-t-il
- Elle est avec son jules, répondit-elle avec malice. C’est leur soirée.
- Bon ! Espérons qu’elle ne rentrera pas au 36ème dessous comme la dernière fois.

Il se débarrassa de son manteau, fouilla dans le frigo à la recherche d’un aliment comestible et trouva que le pot de beurre de cacahuète serait un excellent ami pour ce soir. Il prit donc un plein sachet de pain de mie et s’installa à côté d’Alexis pour se tartiner d’effroyables tranches.

- Dis-moi, lança-t-il soudain, comment vas-tu ?
- Bien, pourquoi ? s’étonna-t-elle
- Ben, après ce que tu as vu…
- Ah ! ça ! Merci de t’inquiéter mais ça ira. Je suis solide.
- Tu es sûre ? insista l’anxieux paternel, en versant du beurre sur la table pour l’étaler consciencieusement avant de mordre dans le pain de mie vierge.
- Mais oui ! Ecoute, je n’ai pas besoin d’une aide psychologique mais je suis contente que tu me demandes comment je vais. On en a parlé entre nous aujourd’hui ; il n’y a rien de refoulé. Et puis, je suis préparé psychologiquement avec toi.
- Ce n’est pas la même chose de relire mes manuscrits ou de faire des expériences scientifiques sur la projection de taches de sang avec des tomates que de voir un vrai meurtre, reprit Castle en se rendant soudain compte qu’il n’avait pas tartiné la bonne surface.
- Mais je n’ai pas vu de meurtre ! rappela Alexis. Tout ce que j’ai vu, c’est un homme s’écrouler mort à nos pieds. C’était frappant mais il y a des scènes plus horribles dans certains films. Tiens, donne-moi tes tartines que je t’aide et dis-moi ce que donne l’enquête.
- La victime était William Burke, un financier qui se prenait pour un loup-garou. C’était suffisamment connu pour qu’on le tue avec une balle en argent ; la balistique l’a confirmé cet après-midi. Il appartenait à un club où se retrouvent les lycans de New York. Ses seuls ennemis connus sont un clan de vampires dirigé par un dénommé Sanguinarius.
- Rien d’original en fait, se moqua sa fille. Attends une seconde. S’il appartenait à ce club, tous ses membres savaient qu’il était un lycan donc eux aussi pouvaient imaginer le tuer avec une balle en argent.
- Possible, éluda-t-il. Beckett a prévu d’enquêter sur les vampires demain.
- C’est vrai que maintenant, ce serait risqué.
- Au moins, la prochaine pleine Lune n’est pas pour demain. Ça nous laisse du temps ! gloussa-t-il

Au final, Alexis devait lui tartiner plus de la moitié de son dîner.


***


Battery Park, sud de Manhattan, le lendemain matin, 24 mai

Autour de Lanie, le cercle des enquêteurs silencieux.

La police locale les avait prévenus de la découverte d’un corps « dans un état assez curieux » sans doute lié à l’homicide de Central Park.

Beckett, Castle, Ryan et Esposito s’étaient donc déplacés pour découvrir une véritable scène d’horreur.

Le corps d’un homme gisait bien là dans le parc, face à la mer.

On lui avait coupé la tête et planté un pieu dans le cœur.

Face à ce déchainement, même Castle n’avait pu faire de l’humour pour alléger l’atmosphère.

Lanie examinait le corps :

- Au vu de la température, je dirais qu’il est mort depuis quatre ou cinq heures.
- Ce qui place l’heure du décès aux alentours de trois heures ce matin. Qu’est-ce qui l’a tué ?
- Je n’en sais encore rien.
- Logiquement, le pieu, répondit Castle
- Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
- Vous promettez de ne pas me frapper ?
- Non mais je vous donne l’ordre de nous dire à quoi vous pensez.
- Lanie, examinez donc ses dents.
- C’est pas vrai…fit celle-ci d’une voix blanche
- Quoi ? s’exclama Beckett. Ne me dis pas…

Lanie lui fit signe de s’avancer.

Elle écarta les lèvres du mort.

Ses canines supérieures étaient de véritables crocs.
Camarade Totoff
Camarade Totoff
Prince(sse)
Prince(sse)

Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015

Revenir en haut Aller en bas

Série ''Castle'' - Page 9 Empty Re: Série ''Castle''

Message  Camarade Totoff Mer 13 Nov 2024 - 13:57

Chapitre IV : Le clan des vampires

Commissariat, 24 mai, plus tard dans la matinée

Beckett et Castle revinrent dans les locaux où les attendaient Ryan et Esposito.

- Comment saviez-vous que le pieu était l’arme du crime ? demandait avec animosité Beckett
- Parce que c’est la procédure standard pour tuer un vampire.
- Et pour ses dents ?
- Simple observation : ses lèvres étaient entrouvertes.
- J’en ai ma claque de ces dingueries ! s’emporta Beckett

Les trois hommes présents restèrent cois. Beckett se rendit compte du malaise et s’excusa :

- Pardon, mais cette affaire est un vrai sac de nœuds totalement irrationnels.
- Pas faux, approuva Esposito. Qu’en dites-vous Castle ?
- Peu importe ce que nous croyons ou comment nous voyons cette affaire. Nous avons affaire à des gens qui croient à leurs « fantasmes » et agissent de façon logique selon eux. Ils croient aux lycans et l’un d’eux est tué avec une balle en argent. Ils croient aux vampires et procèdent comme l’a exposé Bram Stocker dans Dracula.
- Au passage, le « lycan » a été tué avec un revolver portant un silencieux.
- Même Van Helsing a le droit d’évoluer avec son temps, ne put s’empêcher de dire Castle
- Il y a une chose de vrai dans ce que vous dites Castle, reprit Beckett. Ces gens agissent selon un code qui nous échappe ; en tout cas largement à moi, parce que nous pensons de façon, disons « normale ». Il faudrait penser comme eux pour comprendre et prévoir.
- Récapitulons, fit Ryan. Un lycan est assassiné avec une balle en argent une nuit de pleine Lune. Le lendemain, un vampire est retrouvé dépecé rituellement.
- Une guerre des clans a éclaté entre loups-garous et vampires !
- D’accord, poursuivit Beckett, mais, si ce conflit entre ces deux races dure depuis la nuit des temps, pourquoi retrouve-ton des cadavres maintenant ? Pourquoi alerter la police ? Ou bien encore : si ces monstres étaient plus ou moins en paix, pourquoi déclarer une guerre ? Qu’est-ce qui a déclenché cette bataille ?
- Bonnes questions lieutenant Beckett, intervint Montgomery en s’invitant dans la conversation. Avez-vous des réponses ?
- Pas la moindre, regretta-t-elle. Lanie a terminé l’autopsie du vampire. Il a été assommé, puis on lui a enfoncé le pieu dans le cœur avant de le décapiter.
- A-t-on son identité ?
- Oui, répondit Ryan. Le fichier des empreintes a parlé : Milan Bulageorgevitch, 39 ans. Arrêté et condamné en 2004 pour trafic d’armes. Il a fait quatre ans de prison et sortit pour « bonne conduite ».
- Cette expression me fera toujours rire chez des mecs pareils, ironisa Esposito
- Tu m’étonnes, poursuivit son collègue. Né à Belgrade, il sert dans l’armée yougoslave puis combat en Bosnie en 1992/1993. Soupçonné de crimes de guerre mais les Nations-Unies n’ont rien pu prouver.
- Si elles servaient à quelque chose…, grinça Beckett.
- Emigré aux Etats-Unis en 1995, il aurait vendu des armes aux Serbes contre les Kosovars en 1999. Là encore, le dossier est vide. Le FBI s’est accroché et a réussi à le faire tomber.
- Une véritable oie blanche, commenta Castle. Ceci dit, on est très loin de William Burke. Notre lycan était un financier cossu et notre vampire se révèle un trafiquant d’armes de piètre envergure.
- La rivalité entre lycans et vampires serait-elle de nature sociale ? se moqua Beckett. Une sorte de lutte des classes ?
- Ce serait nouveau, admit le romancier. Je n’ai jamais vu ça quelque part. C’est une idée à creuser.
- Pitié ! gémit son amie. Ne nous commettez pas un Twilight mâtinée de Dallas. En tout cas, pas de Nikki Hard là-dedans !
- Pourquoi pas ?
- S’il vous plaît !
- D’accord, se rendit-il de bonne grâce. En tout cas, bonne référence cinématographique : un pote à Edward tue un pote à Jacob et un pote à Jacob se venge sur un pote à Edward.
- Vous avez vu Twilight ? s’étonna Ryan en regardant Beckett et Castle tour à tour.
- Non, mais j’en ai entendu parler, botta en touche Beckett
- Je suis allé le voir avec Alexis, admit l’écrivain. Elle trouvait Robert Pattinson « trop craquant » ! Très mièvre et calibré pour ados. Ceci dit, les parents doivent apprécier le message : pas de sexe !
- Revenons à nos moutons, reprit Beckett. Ces deux crimes se répondent l’un l’autre. Il faut qu’on épluche la vie de M. Bula…
- Appelons-le « Milan » pour faire simple, proposa Esposito, serviable.
- Trouvez-moi tout ce que vous pouvez sur lui, ses proches, ses connaissances, avec qui il s’est battu à la maternelle ; je veux tout savoir sur ce type et…

A ce moment, le générique de La Famille Adams se fit entendre. En s’excusant, Castle décrocha son téléphone.

- C’était ma mère, expliqua le romancier. Elle traverse une période un peu houleuse avec le nouvel amour de sa vie. Je la rejoins, si vous n’y voyiez pas d’objections.
- Aucune, le rassura Beckett. On en a pour un moment avant d’aller interroger qui que ce soit. Je vous tiendrais au courant. Embrassez Martha pour moi.
- Vous avez La Famille Adams pour vous dire que c’est votre mère qui appelle ? fit Esposito, un brin circonspect
- Ça m’amuse comme un petit fou en ce moment ! J’ai une sonnerie pour chaque contact ! Par exemple, Alexis c’est Beautifuls Days.
- Et Beckett ? demanda Montgomery, mine de rien
- On s’en fout ! s’écria cette dernière, un brin affolée
- Pour elle, j’ai choisi…
- Fichez-moi le camp avant que je vous expulse moi-même !!

La mine toujours aussi réjouie, Castle fit une révérence et se retira ; laissant des flics sur leur faim mais n’ayant pas abdiqués.


***


Salle d’autopsie, même journée

Lanie Parish s’apprêtait à s’en aller et retirait sa blouse blanche à cet effet lorsqu’elle aperçut Kate Beckett, assise sur une table d’autopsie et présentant tous les symptômes cliniques de la personne qui a besoin de parler.

- Que puis-je pour toi, Kate ? demanda-t-elle pour amorcer la conversation
- C’est au sujet de ma promotion.
- Félicitations, mais je crois te l’avoir déjà dit.
- En fait, c’est le départ à Boston qui me travaille.
- Je m’en serais douté.
- Vraiment ?
- Kate, tu es new-yorkaise! Tu as vécu ici et tu connais plus de monde que tu ne le penses. Partir pour Boston, ce n’est pas rien – 250 km environ- mais l’occasion est belle. Qu’est-ce qui te fais hésiter ?
- Je ne sais pas, avouât-elle. J’ai tellement bossé que ce ne serait pas immérité mais je n’ai jamais résolu une affaire pour qu’elle me rapporte une gratification.
- C’est tout à ton honneur ma belle. Moi, je dirais aussi que tu bosses comme une folle parce que tu ne veux rien faire d’autre et que tu ne veux surtout pas d’une vie sociale. Etre enchaîné à son bureau tous les soirs jusqu’à pas d’heure, ce n’est pas raisonnable.
- Tu sais bien que déraisonnable est mon deuxième prénom, se prit à sourire Beckett. En fait, je crois que j’ai peur de l’inconnu. Nouvelle vie, nouveaux collègues, nouvelles responsabilités.
- Et ?
- Et vous laisser tous derrière moi. Ça me rend triste, Lanie. Même si bouger fait partie de la vie d’un flic.
- On y est, commenta Lanie dont l’œil se mit à pétiller. Moi, je sais qu’il y a autre chose.
- Quoi donc ?
- Castle !

L’espace d’une fraction de seconde un éclair de colère zébra le regard de Kate Beckett, sans doute furieuse d’être si transparente. Un comble dans son métier ! Mais sous le regard pénétrant de Lanie qui ne cilla pas, Kate Beckett capitula.

- Oui, ça compte aussi, soupira-t-elle
- A quel point ?
- Hier matin, quand nous sortions du club des loups-garous, il m’a soudainement dit : « Vous me manquerez ». Je…je ne peux pas te décrire précisément ce que j’ai ressenti. Un choc violent. Il m’a promit de venir à Boston. Je lui ai promis de ne pas l’oublier.
- Touchant, commenta Lanie. Et maintenant ?
- Maintenant, je ne sais pas. Il semble avoir admis le fait que je m’en aille.
- Propose-lui de travailler avec toi à Boston.
- Bien sûr ! s’amusa Beckett. Je ne pense pas que ce soit possible. Je crois plutôt que notre collaboration va s’éteindre de sa belle mort.
- Vous m’en faites de beaux oiseaux tous les deux ! Vous ne pouvez vous passer l’un de l’autre et tu me dis que vous envisagez de vous séparer « naturellement » ? Je n’y crois pas une seconde !
- Certes, admit Beckett. Mais que puis-je faire ? Ma vie ne dépend pas de Richard Castle.
- Regarde la réalité en face : que représente t-il pour toi ?
- Un partenaire. Un ami. Après toi, le meilleur que j’ai jamais eu.
- A la différence que tu n’es pas amoureuse de moi.
- Lanie !
- Ça ne me dérange pas, fit-elle en feignant de se méprendre sur le sens de l’exclamation de son amie.
- Lanie, ne te moques pas de moi.
- Je n’ai jamais été aussi sérieuse. Oseras-tu me dire que tu n’éprouves pas quelque chose pour notre sémillant romancier ?
- Non, murmura Beckett
- Pardon, je n’ai pas bien entendu ?
- Non.
- Non quoi ?
- Il…il ne me laisse pas indifférente. Voilà. Tu es contente ?
- Oh ! Mon avis compte peu dans cette affaire. Sauf si tu me demandais d’être ton témoin.
- Lanie !!
- Je plaisante. Mais, blague à part, si tu as vraiment décidé de partir, il te reste une chose importante à faire concernant Castle.
- Lui dire au revoir ?
- Couche avec lui.
- Lanie !!!
- Couche avec lui, répéta la légiste. N’aie pas de regrets, Kate.

Le lieutenant Beckett se mordit la lèvre mais ne trouva rien à dire et se retira précipitamment vers le refuge de son bureau.


***


Commissariat, 25 mai, le matin

Beckett se tourna vers ses collègues :

- Bon ! Faisons le point. J’ai découvert que ce « Milan » résidait non loin de l’endroit où il a été tué. L’assassin a dû l’attendre.
- Il a dû venir avec un sac, compléta Ryan. Mais c’est un malin : aucune empreinte sur le pieu. On sait qu’il a été décapité à la hache. L’arme n’a pas été retrouvée.
- Elle est probablement au fond de l’Atlantique, regretta Esposito. On évite de se balader avec ce genre de matériel, surtout s’il est taché de sang.
- A priori l’assassin est un homme, reprit Beckett. Il en faut de la force pour tuer quelqu’un avec un pieu. Et d’abord pour assommer notre ami Milan. Ce type-là était tout sauf un gentil Bisounous ! Il ne se serait jamais laissé faire.
- C’est peut-être lui le tueur de William Burke ? questionna Ryan. Son relevé téléphonique montre qu’il a reçu un appel relayé par une antenne à Central Park.
- Qu’est-ce qu’il faisait là ? On peut se le demander. Je vais aller fouiller chez lui, décida Beckett. Ryan, tu t’occupes du mandat. On sait quoi d’autres sur lui ?
- Célibataire, sans enfants. Ou plutôt son fils, Miloch, est resté en Serbie avec sa mère. Il n’a jamais tenté de les faire venir en Amérique.
- Un vrai gentleman.
- Ce n’est pas tout, poursuivi Ryan. Parmi les appels passés par « Milan », quatre concernaient une certaine Altinaï Niegoch. Tous depuis le meurtre de Burke.
- Que savons-nous sur cette femme ?
- D’après les impôts, elle est officiellement danseuse dans un club « gothique ».
- J’aurais vraiment tout entendu, soupira Beckett. Convoquez-la pour l’interroger.
- On ne peut pas aller l’interroger dans son milieu naturel ?
- Ça vous plairait, hein ? Pas question et puis, si c’est un vampire, elle dort à cette heure !

Laissant ses collègues, Beckett prit son téléphone tout en se dirigeant vers la sortie :

- Castle, c’est moi. Une perquiz chez un vampire, ça vous branche ?


***


Domicile de Milan, matinée

Dire que M. Bulageorgevitch vivait dans un palace eut été incorrect. Parler de bouge sordide eut été exagéré. C’était un appartement d’une grande modestie, d’autant plus grande que sa surface était réduite. La propreté n’était pas non plus très grande. Mais, un vampire, nettoie-t-il son caveau ?

Peu de luminosité mais c’était attendu. Une déco sinistre. Si de la peinture écaillée, des posters miteux de films miteux ou de bombasses peuvent passer pour de la déco.

- Lieutenant ! s’exclama Castle. Regardez ce truc !

C’était un calendrier illustré mais on était loin de Pirelli. Les filles étaient vêtues en vampires mais on allait du kitsch au grotesque en passant par le bassement pornographique.

- Ça ira bien dans votre salon, ironisa-t-elle
- C’est vrai ? Je peux l’emmener ?
- Vous rigolez ? C’est votre première perquisition ou quoi ? Laissez ce torchon ici.

La fouille commençait mal mais soudain un policier cria à sa supérieure de venir.

On se trouvait dans un placard de la chambre.

Le mur du fond révéla un double fond.

Derrière un véritable arsenal ; un AK-47, trois pistolets dont un Magnum 357 et quelques autres babioles qui auraient ravi l’ATF.
- Voilà qui est intéressant, commenta sobrement Beckett. Il y a aussi de l’argent.
- Environ 5000$ précisa un policier
- Ça donne une autre image de son meurtre, compléta Castle. Le type n’avait pas le profil d’un Bisounours. C’est confirmé : ce n’est pas un Bisounours ! Reste à savoir dans quoi il trempait.
- L’examen de ses comptes et de ses relevés téléphoniques nous aidera certainement à identifier ses correspondants, reprit Beckett. Cet arsenal montre que cet homme trempait dans des trafics à gros bénéfices genre les armes ou la prostitution. Mais il ne paraît pas avoir le calibre pour être le chef du réseau.
- Si je me souviens bien, continua Castle, M. Monroe nous a dit que le principal ennemi de William Burke avait un nom slave. Et Milan se trouvait à Central Park la nuit du meurtre. On tient peut être l’assassin de notre première victime.
- Soit mais qui a tué l’assassin ? Qui chez les « loups-garous » a pu savoir que c’était lui le tueur ? Burke est sorti à 22 H, a été déclaré disparu à 23 H pour être assassiné vers minuit. Milan est lui assassiné plus de 24 heures après. Or, nous ignorions l’existence des vampires à ce moment-là.
- Dès que nous avons parlé de balles en argent, ils savaient que les vampires étaient derrière tout cela. Peut être ce Milan était-il connu comme l’exécuteur du clan des longues canines et ils se seront fait justice eux-mêmes ?
- Hypothèse séduisante mais vous n’avez aucunes preuves. D’autant que rien ne prouve que notre seconde victime soit l’assassin de la première. Son téléphone était présent à Central Park mais lui ? On n’a rien retrouvé sur place l’incriminant formellement. Il faut continuer à fouiller le passé de nos victimes. Quelque part, il y a une connexion qui donnera du sens à tout cela.


***


Salle d’interrogatoire, même moment

La femme qui était face à Ryan et Esposito était vêtue de noir de la pointe de ses bottes à la pointe de ses longs cheveux faisant ressortir son pâle visage où deux yeux luisants s’abritaient à demi derrière de longs cils noirs.

Il émanait un terrifiant charisme de mademoiselle Altinaï Niegoch.

- Mademoiselle Niegoch…commença Ryan
- Mon nom de vampire est Victoria Nox, l’arrêta-t-elle d’un ton glacial coupant comme un couteau.
- Mais ici on est chez les êtes humains !
- Corrigez-moi si je me trompe mais ceci est une simple conversation et en aucun cas un interrogatoire ? Je pourrai donc m’en aller si tel était mon bon plaisir. Or, vous avez des questions à me poser. Qu’est-ce qui est le plus important ?
- Soit Victoria, capitula Esposito. Que pouvez-vous nous dire sur M. Milan Bulageorgevitch ?
- Il s’appelle Vespera. C’est un ami.
- Qu’a-t-il fait pour vous ? On sait que c’est un truand. Vu votre état-civil, on peut supposer que vous êtes slave vous aussi.
- Je suis Serbe de naissance, de Belgrade comme Vespera. Il m’a permis de venir en Amérique.
- Illégalement ?
- Supposez ce que vous voulez.
- Est-il plus qu’un ami ?
- Ça ne vous regarde pas.
- Il se trouve que si. Votre ami Vespera a été retrouvé mort hier matin. Décapité et un pieu planté dans le cœur.

Pour la première fois, la belle assurance de « Victoria Nox » s’estompa. Le regard atterré qu’elle jeta aux policiers leur prouva mieux qu’un long discours sa complète innocence sur ce coup-là. Elle était vraiment surprise et, même, terrifiée.

- Qui… ?
- On n’en sait encore rien mais on voudrait savoir pourquoi il vous a appelé quatre fois en deux jours. Que voulait-il ?
- Me mettre en garde. Il venait d’apprendre que Molosse, le chef des lycans, avait été assassiné et qu’on allait mettre ce meurtre sur le compte des vampires. Il voulait que je reste prudente, que je réduise mes déplacements et ne sorte jamais seule. Je devais aussi prévenir d’autres membres du clan.
- Attendez : vous voulez dire que Milan…pardon Vespera ignorait qui avait tué William Burke ?
- J’en suis certaine. C’est ce qu’il m’a affirmé.
- Alors que faisait-il à Central Park au moment du meurtre ?
- Quand a eu lieu ce meurtre ?
- Le 22 mai à minuit mais la victime a disparu deux heures avant.
- Alors, ça ne peut être Vespera qui se trouvait là. Il était au club où je danse. Des dizaines de personnes vous le diront.
- Des vampires couvrant un autre vampire pour le meurtre d’un loup-garou ? Même le plus fou des procureurs n’avalerait pas cela.
- Il n’y a pas que des vampires qui fréquentent ce bar. Le monde de la nuit est moins sectaire que les lycans voudraient le faire croire. Et il y a des caméras de surveillance devant le bâtiment, qui se trouve dans Brooklyn. Désolé, lieutenant mais mon ami n’est pas votre assassin.
- Alors comment expliquez-vous que son téléphone le situe à Central Park ?
- Son portable lui a été volé quelques jours avant. Il a porté plainte. Vérifiez si vous ne me croyez pas.
- Lui connaissiez-vous des ennemis ?
- D’abord le clan des lycans. C’est d’abord eux qui nous en veulent.
- Mais les activités de Vespera ne sont pas d’une…légalité irréprochable. N’aurait-il pas pu se mettre des gens à dos ?
- Je renvoie aux lycans.
- Vous ne les aimez pas beaucoup ?

Elle haussa les épaules ; manière de dire que la question lui paraissait d’une stupidité sidérante.

- Le meurtre de Vespera a eu lieu vers 3H du matin hier. Que faisiez-vous à cette heure-là ?
- Je dormais. Ne vous déplaise.
- Seule ?
- Ça ne vous regarde pas !
- Sauf si ça s’appelle un alibi.
- Pourquoi aurais-je tué Vespera ?
- A vous de nous le dire. C’était un truand. Peut-être avait-il exigé un « paiement » en nature pour vous faire venir aux Etats-Unis ? Peut-être était-il votre proxénète ?
- Espèce de porc !! s’emporta la belle vampiresse

Sur cette sortie colérique, « Victoria Nox » quitta les policiers.

- Elle a menti sur sa nuit. Elle était avec quelqu’un qui ne veut pas que ça se sache. Mais je ne la crois pas coupable du meurtre de Milan.
- On a un autre problème sur le dos, compléta Esposito. On n’a plus de suspect pour le meurtre de Burke et on n’en a pas pour celui de Vespera.
- Beckett ne va pas aimer ça du tout, du tout…
Camarade Totoff
Camarade Totoff
Prince(sse)
Prince(sse)

Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015

Estuaire44 aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Série ''Castle'' - Page 9 Empty Re: Série ''Castle''

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Page 9 sur 9 Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum