Série "Game of Thrones"

Estuaire44 a écrit:Sur le tournage du barbecue final ?  

Daenerys serait-t-elle venue en Gironde cette été ? J'ai comme un doute...

Michael Sapochnik défend la "lenteur" de House of the Dragons :

http://braindamaged.fr/27/09/2022/house-of-the-dragon-miguel-sapochnik-explique-pourquoi-la-serie-propose-moins-daction/

C'est beau comme de l'antique...

Il semble ici que Sapochnik et ses comparses aient souhaités revenir aux fondamentaux de ce qui a fait de Game of Thrones un succès, à savoir les relations conflictuelles psychologique et politique vis-à-vis du pouvoir et la conquête du pouvoir.

Oui, enfin, dans HotD c'est surtout les conséquences de qui couche avec qui, qui n'a pas envie mais couche tout de même, ou quia envie mais ne couche pas. Même si l'interprétation et la mise en scène sont véritablement splendides, on est plus dans une saga familiale à la Dallas (ou Dynasty !) en costumes que dans de la Fantasy grand-stratégique comme GoT. GotD et les Anneaux s'offrent une première saison d'exposition, chacun à sa manière, tout comme en grande partie GoT en son temps. Rien de dramatique, mais l'une des deux séries se lyncher chaque semaine sur le You Tube français, tandis que pour l'autre on sombre dans l'hyperbole jusqu'au grotesque. Bon, si on pouvait avoir une manifestation incontestable de Sauron, même indirecte,  avant la fin de saison, je ne serais pas contre...

Scénario : David Benioff et D.B. Weiss
Réalisation :  Michael Sapochnik

Résumé
Isolé à Châteaunoir avec le départ de Jon et la mort de mestre Aemon, Sam fait pourtant face pour Vère. Jorrah Mormont, vendu comme esclave, se bat devant Daenerys et lui offre un « cadeau ». Très contente d’elle-même, Cersei se retrouve pourtant piégée à son tour.

Critique
Très riche, cet épisode explore de nombreux lieux et fait avancer les nombreuses intrigues qui courent.

On notera un axe fort ici : la foi. D’un côté, pour la première fois, Stannis doute de Mélissandre et de ses prédictions. Il était temps ! La neige et les difficultés qui minent son armée et l’affaiblissent avant même de combattre les Bolton (Ramsay attend beaucoup de « la froidure »), mais surtout la demande démesurée par la Femme rouge du sang de la fille de Stannis, semblent avoir, sinon ouverts les yeux du roi, au moins amoindri l’emprise de Mélissandre. Stannis a sans doute aussi un peu réfléchi. Or, comme l’écrivait Terry Goodkin, « la réflexion est l’acide qui ronge insidieusement la foi » (La foi des réprouvés, tome 6 de « L’épée de vérité », p.120). D’un autre côté, la Foi (avec une majuscule) est plus puissante que jamais à Port-Réal. Le Grand Moineau, tel Robespierre, est incorruptible, inaccessible aux menaces ou aux flatteries de lady Olenna, impuissante, tout comme le velléitaire Tommen (une attitude inventée par les scénaristes), à sauver sa petite-fille Maergery (à qui il reste tout de même de la dignité). En voulant jouer la consolatrice (en réalité, se repaître de sa déchéance) de cette dernière, Cersei, en imbécile qu’elle est, donne droit dans un piège tendu par le Grand Moineau, qui a bien écouté l’ex membre de la famille Lannister qui l’a rejoint, et qui a dû en raconter de bien bonnes sur l’inconduite de la Reine-mère. La voilà elle aussi au cachot ! On ne la plaindra pas !

Le « cadeau » qui donne son titre à cet épisode, c’est Tyrion ! Celui-ci est « offert » à Daenerys par Jorrah au terme de l’exhibition de ce dernier, devenu esclave-combattant, dans une arène de seconde zone. Que la Reine soit justement présente ce jour-là est une facilité scénaristique inutile. Il suffisait d’aller directement aux Grands Jeux. Certainement qu’il ne reste plus que trois épisodes et beaucoup de choses à dire alors on abrège !

Sam ne manque finalement pas de courage, même si ses moyens sont limités, dès lors que Vère est concernée. Celle-ci est sensible à cette abnégation et l’amour entre ces deux êtres, perdus dans une contrée hostile et dans un lieu qu’ils n’aiment guère, a plus de force, plus de sensibilité, de vérité, pour tout dire, que l’espèce de romance à deux ronds que la série essaye d’installer entre Vert-Gris et Missandei (absents ici). Le dernier conseil de mestre Aemon a été de dire à Vère de partir. Mais, si elle devait suivre ce conseil, Sam suivrait forcément.

Informations supplémentaires :
Bien que présente, Gwendoline Christie n’a pas une ligne de texte.
Tyene décrit Bronn comme ayant une très bonne voix. Au milieu des années 1990, Jerome Flynn a eu une carrière de chanteur en tant que moitié de Robson et Jerome avec son collègue acteur Robson Green.
Dans une interview, Dame Diana Rigg (Olenna Tyrell) a déclaré que la plupart des caméras n'avaient pas capté un détail amusant lors de la scène dans le [censuré] dévasté de Littlefinger : le sol était jonché de jouets sexuels en argile cassés, brisés par la Foi. Elle a déclaré en plaisantant que Lady Tyrell debout parmi des morceaux de jouets sexuels cassés aurait fait une superbe photo pour sa prochaine carte d'anniversaire.
La scène de Tyene séduisant Bronn à travers les barreaux de la prison était la scène que Rosabell Laurenti Sellers a interprétée lors de son audition pour le rôle (mais sans la nudité).
Absence de Maisie Williams

Le titre laisse croire à un épisode centré sur la garde de Nuit, ce n'est ps le cas, mais les 20 premières minutes sur la tempête du Nord sont très prenantes. Par la suite l'épisode demeure  bourré à craquer. Jonathan Pryce mène le bal à Port-Réal, quel acteur ! Toutes les scènes du Pontife local (notamment avec Diana Rigg) sont gouleyantes à souhait. Bien entendu toute cette chienlit aurait été inimaginable avec Tywin, on a définitivement changé d'époque, même si Cersei semble décidément ne pas lavoir compris. Le Grand Pope est datant plus sincère que derrière l'ambition se trouve une vraie Foi, le fanatisme n'est plus le seul fait de Mélisandre (très en forme ici). A l'époque j'ai été assez surpris que la rencontre entre Tyrion et Dany, point de convergence d'un chemin débuté voici longtemps et moment clé de la saga, se voit finalement accorder moins d'importance que le sort de Cirsei. Mais la série a bien intégré les Lannister comme éléments centraux de sa saga, sans doute davantage encore que les Stark ou l'Imbrûlée, finalement elle est ici plutôt cohérente avec elle-même.


Par sa rencontre avec Daenerys des Dragons, Tyrion bascule ici dans l'inédit vis-à-vis des romans. A Dance with Dragons le voit arriver à Meeren, mais sans que l’événement n'ait encore lieu. Il reste encore quelques éléments à exploiter pour la Née du Typhon, mais elle aussi se sera affranchie du littéraire à l'issue de cette saison 5. Rendez-vous dans The Winds of Winter puis A Dream of Spring pour connaître la suite, mais pas forcément dans cet univers-ci.

La cinquième saison de la série va donc plus loin que le cinquième roman, mais la série n'a jamais vraiment essayé de s'en tenir au rythme d'un roman par saison. La Roue du Temps, à  sa manière bien à elle, lui aura donné raison. GoT se développe plutôt comme si chaque saison représentait à peu près une année, c'est à dire à un rythme plus lent que dans les livres. La présence de Stannis à Castle Black apparaît ainsi allongée, dans les romans il ne s'y attarde guère.

L'émouvante mort d'Aemon (Peter Vaughan formidable jusqu'au bout) apparaît singulière au sens où il s'agit du tout premier personnage de la série à mourir de vieillesse (et dans son lit, selon la formule usuelle), ce qui demeurera extrêmement rare par la suite...

Aemon indique qu'après sa mort Daenerys sera l'ultime Targaryen encore en vie, pourtant House of the Dragon établit que des membres de cette famille s'étaient mariés avec ceux d'autres Grandes Maisons. Une lignée mineure pourrait donc bien survivre, notamment à Dorne.

Dame Mélisandre révèle ici ses projets de barbecue concernant Shereen, tout ce développement est étranger aux livres, même si ceux-ci accordent une importance particulière aux bûchers de sang royal.  Le Seigneur de Lumière est sans doute un rien snob. Le Stannis littéraire institue au contraire Shereen comme son héritière au cas où la bataille à venir lui serait fatale.

Estuaire44 a écrit:Le Grand Pope est datant plus sincère que derrière l'ambition se trouve une vraie Foi

ça dépend de quelle série on parle...    

Même si j'ai une préférence pour le style des Anneaux, j'aime beaucoup HOTD, les intrigues sont prenantes et les personnages dessinés avec talent, interprétation et mise en scène sont au top, avec la réserve que l'on n'a ps encore vu de grande batailles jusqu'ici, mais je n'ai pas vraiment d'inquiétude. On a une phase de mise en place qui va nécessiter à peu près toute la saison, mais installer un univers de Fantasy aux nombreux personnages prend du temps, les Anneaux l'ont aussi compris. Ceci-dit...

Martin a clairement écrit le roman en vue d'une adaptation télé, en le concevant comme une boite à outils :  l'action n'y est jamais décrite  directement, mis à travers des témoignages sujets à caution, laissant place à diverses interprétations et à du non-dit. Un procédé qui laisse davantage de latitude à l'adaptation qu'une narration classique. Vu les multiples réactions d'extase sur le réseaux, je suis un peu seul là-dessus, mais je trouve que les auteurs ne profitent pas toujours au mieux de cette liberté.

D'une part ils optent toujours pour le plus rocambolesque, bon, mais aussi en choisissant  ben davantage leurs gentils (Rhaenyra et le parti de "Noirs") et leurs méchants (Alicent et le parti des "Verts") que Martin, cela rend le récit plus classique que dans GoT. Ces deux aspects (rocambolesque, opposition frontale Bien / Mal)  en plus de la réduction du théâtre d'opérations de tout un continent à une unique famille, fait que HOTD me fait parfois songer à une Telenovela en costumes (ou à un Dallas de Fantasy), d'autant que les passions amoureuses y tiennent une large place.  Cela a moins de souffle épique que GoT (d'autant que la guerre n'a pas encore débuté), mais au moins cela assure une distinction de ton entre les deux séries. Et puis j'aime bien la Telenovela, moi.

Heureux que les Anneaux te plaisent !

Ah oui, je la conseille effectivement si on aime la Fantasy, je prends beaucoup de plaisir chaque semaine.

Pour les Mary Sue, non je ne pense pas que la condamnation du Patriarcat soit le propos de la série et il y a bien une dimension personnelle comme de lutte de pouvoir dans l'opposition entre les deux femme. De plus s'il y a bien une différence de statut entre hommes et femmes dans la société de Westeros (cela reste un monde médiéval), les Targaryens constituent une relative exception, puisque les femmes reçoivent un Dragon en héritage exactement comme les garçons et s'en servent librement. Et ils s'agit bien de pouvoir à l'état pur. De plus, contrairement aux Rois maudits, il n'y a pas de Loi salique à proprement parler.

Les Targaryens sont en outre des étrangers à Westeros. Ce n'est pas une des grandes familles locales qui s'est emparé du Trône de Fer, ce sont des envahisseurs avec leurs façons d'être personnelles Cela les distingue radicalement des autres (d'où, peut-être, leur chute assez aisée trois siècles plus tard).

Tout à fait et d'ailleurs la série use et (à mon très minoritaire avis) abuse de leurs mœurs particulières en matière de mariage. Les liens familiaux deviennent ubuesques. Mais bon, cela plait, ce matin il y avait encore un Twittos qui expliquait être resté paralysé durant 20 minutes devant son écran tant il était foudroyé par la force émotionnelle du dernier épisode, il a été ovationné par la foule. (véridique)

Les désirs de George R.R. Martin :

http://braindamaged.fr/12/10/2022/house-of-the-dragon-george-r-r-martin-veut-4-saisons-et-parle-des-sauts-dans-le-temps/

Finir ses deux romans (parce que, n'oublions pas que, si on attend le tome 6, il y en a 7 de prévu) devrait être son seul désir mais, bah ! pourquoi s'en faire ?

Scénario : David Benioff et D.B. Weiss    
Réalisation : Miguel Sapochnik

Résumé
Tyrion est présenté à Daenerys. Cersei pourrit dans un cachot mais refuse de plier. Jon Snow arrive à Durlieu avec Thormud et essaye de convaincre les Sauvageons de venir avec lui.

Critique
L’ennemi de mon ennemi est mon ami. C’est un principe cardinal de diplomatie. Mais que se passe-t-il face à un ennemi qui est celui du genre humain dans son ensemble ? On se rassemble entre anciens ennemis pour survivre ! Durlieu est l’épisode où la part du fantastique est la plus importante jusqu’à présent. Elle ne peut qu’augmenter.

« Dur lieu » en effet que celui où débarque Jon ! A l’accueil plutôt frais qui lui est réservé dans cette contrée glacée, le Lord Commandant de la Garde de Nuit parle, non pas avec chaleur (ce qui serait déplacé) mais avec honnêteté et sincérité ; bien appuyé par Thormud, désormais convaincu de la sincérité du « roi des Corbeaux ». Participer à quelque chose de plus grand que soi est une œuvre noble mais c’est extrêmement difficile d’y faire adhérer de simples humains ; qui plus est, lorsqu’ils  ont été des adversaires depuis des générations. C’est d’autant plus méritant de monter dans le bateau. La bataille qui couronne cette partie de l’épisode (la seule bataille qui se déroule durant un huitième épisode) est remarquable. Commencée hors champ par un massacre, elle se poursuit dans la ville quasiment filmée en bichromie, noir et blanc.

Dur lieu également que le cachot où a été enfermée Cersei. La Reine mère n’a rien perdu de sa fierté et rien abdiqué. Si son sens politique est lamentable (au point qu’on apprend que même Pycelle l’a abandonné), on ne peut lui dénier de manquer de courage ni de manquer de dignité (en public, en tout cas).

Dur lieu pour ser Jorrah, Meeren se révèle plus agréable pour Tyrion qui, au terme de dialogues ciselés échangés avec Daenerys, accède au rang de conseiller de la Reine. Performance toute en sobriété de Peter Dinklage et d’Emilia Clarke, ces deux scènes de dialogues sont parmi les plus importantes de la série. Chaque mot y est pesé, soupesé. Le Lutin retrouve des couleurs et délivre son premier aphorisme depuis longtemps : « Le bon côté d’être horrible est d’empêcher le peuple d’être plus horrible que soi ». Un beau programme de gouvernement ! La grande tranquillité d’esprit de Tyrion (même s’il sait être assis sur un poignard), issu de son expérience de Main du Roi, et aussi d’avoir vécu au milieu de Lannister qui feraient passer Dracula pour un buveur d’eau, est précisément ce qu’il fallait à Daenerys. La Reine a l’intelligence de le comprendre.

Informations supplémentaires :
Cet épisode nécessitait un gros budget pour CGI, et l’équipe a dû demander une rallonge à HBO.
Cinquante cascadeurs et 220 figurants ont travaillé sur les séquences de Hardhome pendant une période de tournage de seize jours sur trois semaines dans un mois de novembre froid et pluvieux. Le mantra utilisé sur le plateau pour faire face aux conditions de tournage exténuantes était : « Soyez fort ou rentrez chez vous ».
Jon ne se rend pas à Durlieu dans les romans mais y envoie Pyke. Celui-ci n’étant pas un personnage principal, le lecteur des romans ne sait pas ce qui se passe hormis lorsque Jon reçoit un message disant qu’ils sont entourés de « choses mortes dans les bois » et même de « choses mortes dans l’eau ». À la fin du livre (le dernier roman publié avant que la série ne commence à les dépasser), Jon et Tormund prévoient d’aller eux-mêmes à Hardhome pour aider, de sorte que l’issue du conflit est inconnue. Les showrunners pensaient qu’il était important de montrer les événements à Hardhome, alors Jon a été maintenu impliqué dans cette intrigue.
Absence de Aidan Gillen, Nikolaj Coster-Waldau et Jérôme Flynn.

Particulièrement âpre et haletante, la bataille tombe à pic pour remettre en selle pour remettre en selle les Marcheurs dont la longue progression n’a pas énormément suscité d’étincelles jusqu’à ce jour. Encore sont-ils loin d’être parvenus au Mur… La bataille se déroule hors champ et sans Jon dans les romans, après la rencontre entre Tyrion et Dany, un nouvel indice majeur que la série se prépare décidément à voler de ses propres ailes. Sauf erreur de ma part, on apprend ici les propriétés de l’acier valyrien (mais non les simples zombies), ce qui pose aussi un jalon pour la suite. Toutes les autres scènes s’avèrent intenses à souhait, à commencer là aussi entre Daenerys et Tyrion. Ce lien fort enrichit un épisode déjà fort, il sera particulièrement triste par la suite de voir dépérir cette relation, mais assez logiquement compte tenu de l’évolution de Daenerys à Westeros, quand la réalité ne coïncidera plus avec ses rêves de grandeur.

Le Night King est de nouveau aperçu, mais toujours pas explicitement défini comme chef des Marcheurs.

Wun Nun parle la langue des Premiers Hommes. Vieille de 12 000 ans, elle est totalement abandonnée au sud du Mur, où celle des Andals est devenue la langue commune. Même au nord, elle n’est plus parlée que par les peuplades les plus isolées.

Wun Nun est joué par Ian Whyte, qui incarnait la Montagne en saison 2. Il jouera différents Géannts tout au long de la série.

L’épisode fut le premier de la série à atteindre la note de 9,9 sur IMDB, quelques heures après sa diffusion. Il demeure à 9,7 aujourd’hui.

Pour sa prestation dans cet épisode, Peter Dinklage obtint son second Emmy de la série. L’épisode obtient trois autres Emmys (production design, son, mixage)

Les membres du groupe de Heavy Metal jouent des Sauvageons, ainsi que Royd Tolkien, l’un des héritiers de Tolkien.

Estuaire44 a écrit:Ce lien fort enrichit un épisode déjà fort, il sera particulièrement triste par la suite de voir dépérir cette relation, mais assez logiquement compte tenu de l’évolution de Daenerys à Westeros, quand la réalité ne coïncidera plus avec ses rêves de grandeur.

Pas de divulgation s'il vous plaît ! Je découvre la série à mesure que je la chronique !

IL y a des génies tout de même ! Ou des gens qui n'ont que ça à faire aussi. C'est au choix.

Scénario : David Benioff et D.B. Weiss  
Réalisation : David Nutter

Résumé
Désespéré, Stannis commet un acte impardonnable. Si tout s’arrange à Dorne, Meeren devient un champ de bataille.

Critique
On dit que la colère est mauvaise conseillère mais le désespoir est pire encore car plus insidieux. Il ronge, il affaiblit la morale, il altère le jugement. Poussé dans ses retranchements par la neige, le froid et les « commandos nordiens » (disons-le comme ça), Stannis retombe sous le joug de Mélissandre jamais repue de sang comme un vampire qui aimerait le feu. Nouvel Agamemnon, Stannis renouvelle le geste de ce dernier envers Iphigénie ; l’un pour avoir du vent, l’autre pour ne plus avoir de neige. Le premier a payé cet acte de sa vie dix ans plus tard. Le châtiment de Stannis (qui, moralement, a déjà commencé) devrait prendre moins de temps.

David Nutter anime avec talent cet opus alternant la lumière grise et froide du Nord et celle jaune et chaleureuse du Sud. Chacune de ces deux scènes se divisent en deux autres : Stannis et le Mur où arrivent les Sauvageons dans un silence menaçant ; Dorne où Jaimie raconte une histoire diplomatique au prince Doran qui fait mine d’y croire mais accepte le retour de Myrcella à Port-Réal...avec son soupirant qui devrait intégrer le conseil restreint. On pressent déjà la joie de sa future belle-mère ! Alexander Siddig donne grandeur et autorité au prince Doran Martell. Même handicapé, il est prince et il impose sa volonté à Ellaria qui, de bravache devant Jaimie (une attitude qui n’existe pas dans les livres), s’incline et fait allégeance. Sa tête vaut bien une génuflexion.

La séquence à Meeren est excellemment faite car elle joue sur différents tempo. Daenerys apprend à sa grande répugnance la leçon bien connue du satiriste romain Juvénal : panem et circenses ; du pain et des jeux (Le Pain et le Cirque était un des grands livres de l’historien Paul Veyne, récemment décédé). On a donc une première séquence de combats un peu longuette pour illustrer cette maxime puis, rupture de ton avec l’attaque des Harpies qui ont infiltré le cirque et se livrent à un carnage. Pendant quelques instants, on peine à croire que la Reine va s’en sortir mais c’est sans compter son dragon, Drogo, grand amateur de barbecue et qui nous donne des scènes spectaculaires dont la dernière avec l’envol de Daenerys. La Mère des Dragons porte bien son nom !

Informations supplémentaires :
Bien que présente, Nathalie Emmanuel n’a pas une ligne de texte.
L’emplacement utilisé pour l’arène de Daznak était la Plaza de Toros à Osuna, en Espagne, un anneau de tauromachie activement utilisé qui a plus d’un siècle. Il devait être fortement redressé pour correspondre à l’architecture de Meereen, ainsi que deux niveaux de sièges supplémentaires ajoutés numériquement en postproduction aux plans larges. La scène a pris 12 jours à filmer et a impliqué 1 000 figurants qui ont été doublés numériquement en post-production.
Daenerys avait déjà épousé Hizdahr dans le livre lors de la réouverture des fosses de combat. On ne sait pas quand la série a décidé d’omettre leur mariage car, lors d’une interview à Entertainment Weekly de mars 2015, les showrunners avaient déclaré qu’il y aurait trois mariages importants dans la saison cinq, les deux autres sont ceux de Tommen et Margaery, et Sansa et Ramsay.
Alexander Siddig/Doran Martell : acteur britannique né au Soudan, vu au cinéma dans Le règne du feu  (2002),  Kingdom of heaven (2005), La dernière légion (2007), Le choc des Titans (2010) et à la télévision dans Star Trek : la nouvelle génération (1993), Star Trek : Deep Space Nine (1993-1999), Hercule Poirot (2006), 24 heures chrono (2007), Nick Cutter et les portes du temps (2011), Atlantis (2013), Da Vinci’s Demons (2013-2015), Peaky Blinders (2016), Gotham (2017-2018), Foundation (2021)
Absence Sophie Turner, Lena Headey

Un titre très à House of the Dragon, série dont les thuriféraires ont tant et tant célébré par avance l'épisode 9, d'après la tradition instituée par GoT d'épisodes particulièrement cruciaux et spectaculaires, les Ronaldo des séries télé. Tout ça pour avoir le même bla-bla sensationnaliste à gros sabots qu'à l'accoutumée. D'ailleurs comparer avec ce n°9 ci permet de clairement repositionner les deux productions à leur niveau. Parce qu'ici on a réellement un opus charnière qui envoie du bois, même si de manière inégale. Le sacrifice de Shireen installe ainsi une césure définitive dans le parcours de Stannis et de ma Lady in Red, mais aussi avec les bouquins, puisque tout s'y déroule à rebours. Qu'il veille sur sa fille et l'institue formellement comme héritière est d'ailleurs plus conforme à la proverbiale droiture de Stannis, à mon avis.

Ceci-dit, les bûchers forment la jeunesse puisque mes amies de l'Adepta Sororitas instruisent les innombrables petites orphelines qu'elles recueillent (l'Imperium du Genre Humain étant un inépuisable pourvoyeur en orphelins) en les chargeant de bouter le feu aux Hérétiques, après les avoir généreusement aspergés d'huile consacrée. Ainsi les Novices sont elles promptement pénétrées de l'ardent éclat de la Foi. Mais enfin, les Sœurs de Bataille évitent de les faire monter sur le bûcher, ce serait peu productif pour le Trône (d'Or), à terme. On est est davantage convaincu par l'action épique et le suspense des péripéties et rebondissements  de l’arène de Meereen. Drogon Superstar. Un épisode réellement spectaculaire, même si ce n'est sans doute pas le meilleur Opus 9 de la série.


Pour la cinquième fois depuis le début de la série, l'épisode ne comporte aucune scène se déroulant à Port-Réal.

L'épisode reprend le titre du cinquième et ultime volume paru (mais il parait que Martin met  les bouchées doubles, c'est lui qui le dit en tout cas),  A Dance with Dragons, ainsi que la désignation de la guerre intestine ayant jadis opposés les Targaryen, après la mort du Roi Viserys.  

Questionné sur le triste destin de Shireen, pourtant bien vivante à l'issue du roman, les showrunners ont indiqué s'être référés à une confidence de Martin. L'auteur leur aurait indiqué que l'enfant allait être brûlé dans The Winds of Winter, ce  qu'il n'a pas démenti explicitement. Il s'agirait ainsi du tout premier spoiler massif perpétré envers les lecteurs de Martin. Info ou intox ? Réponse... un jour.

Stannis offre à sa fille un cerf en bois, il avait commencé à le sculpter à son départ de Castle Black, quatre épisodes plus tôt.

Après leur fuite en bateau, il n'est pas expliqué pourquoi Jon et les autres survivants parviennent au Mur par son côté Nord, ce n'est pas le trajet le plus direct ou aisé.

Hizdahr zo Loraq est toujours vivant à l'issue du roman, qui n'indique pas s'il est bien le leader des Fils de la Harpie. Un autre spoiler ? Réponse, etc.

Une partie non négligeable de la cinquième saison fut tournée en Andalousie,  l'Alcazar de Séville figurant le palais de la Maison Martell. L'arène d'Osuna étant située à proximité de Séville, elle fut retenue pour figurer celle de l'épisode. La Plaza de Toros était peu réputée avant le tournage, mais est devenue un passage obligé pour les touristes : un circuit et un musée dédiés ont ainsi été installés. Les Ducs d'Osuna (l'une des plus grandes familles d'Espagne) sont réputés pour leur tradition de patronage d'artistes et ont ainsi fortement contribué au lancement de la carrière de Goya. L'artiste les a représenté sur l'un de ses premiers tableaux majeurs, conservé au Prado (Los Duques de Osuna y sus hijos, 1788).