Série "Game of Thrones"

Épisode de respiration, gérant les suites d'une grande bataille tout en mettant en place la suivante, mais ce n'est pour autant qu'il ne s'y passe rien, bien au contraire. Le nombre finalement importants de survivants parmi les figures de la série fait qu'il faut aller vite sur le ressenti et le devenir de chacun, au point que l'on ressent parfois l'impression d'un récit en accéléré, voire rushé, comme on le dit désormais en bon Français (non). La disparition soudaine du Night King et de ses sbires ne suscite pas une impression de vide, bien au contraire. On apprécie l'émotion et l'amertume des adieux, mais aussi la célébration de la vie chez les rescapés. C'est bien naturel après la bataille, surtout quand celle-ci a été remportée sur l'incarnation même de la mort (bon, on raconte que dans un certain ordre féminin on se lamente plutôt d'avoir échoué à s'élever au martyre, mais qui va croire ça ?).

C'est particulièrement le cas entre Jaime et Brienne, mais aussi le pardon de Dany à l'héritier Barathéon. Le temps d'un épisode il semble que l'espoir soit de mise au cœur de la guerre, un moment toujours émouvant. La loyauté réaffirmée de Ser Davos à la Maison Barathéon fait aussi plaisir à voir. Mais il reste encore deux épisodes et des fissures apparaissent entre Daenerys et les gens du Nord, qui ont dans leur cœur le soleil qu'ils n'ont pas dehors mais qui la considère toujours comme une étrangère, à commencer par Sansa. On peut trouver celle-ci un rien ingrate, mais il faut bien qu'il y ait une tête politique dans la famille. On est moins convaincu par l'espèce de mission mystère de Sansa à Port-Réal, parce qu'enfin, vu que Cersei reste l'ultime obstacle à la paix, pourquoi ne pas y aller plutôt en mode Ninja solo et couic ? La série glisse soigneusement sur le sujet.

Bien entendu, Cersei frappe un grand coup avant la baston finale, un grand classique pour dramatiser les récits d'aventure, mais parfaitement exécuté. La Reine Folle  aura au moins su bien s'entourer. Même la palabre avec l'inépuisable Qyburn évoque la Bouche de Sauron, ce n'est pas bien de copier. Celle entre Tyrion et Vaerys constitue un grand moment. Reste la question irrésolue : pourquoi Jaime part-il vers Cersei, pour la rejoindre ou pour lui apporter la miséricorde des guerriers ? Le sait-il lui-même ? La loyauté n'est ni l'amour, ni l'obéissance, mais encore tout autre chose pouvant s'avérer terrible.


La mort de Rhaegal évoque celle de Rhaegar Targaryen, le Prince de Dragonstone ayant pareillement trouvé son destin dans les eaux du Trident.

Toujours pas la moindre trace de neige à King's Landing, tu parles d'un Hiver.

Varys nous apprend l'existence d'un nouveau Prince de Dorne (l'Espagne de Game of Thrones), mais  se garde bien de nous révéler qui. Quid ? Aux dernières nouvelles, il demeurait encore cinq Aspics des Sables aux commandes de la Maison Martell. Mais la série n'a plus le temps.

Les Showrunners voulaient que l'épisode soit également réalisé par Sapochnik mais celui-ci étant trop mobilisé par les deux batailles majeures de la saison, la mise en scène revint à David Nutter.

Alys Karstark n'est vue nulle part après la bataille, ni chez les morts, ni chez les vivants. Son interprète, Megan Parkinson, a confirmé sa mort peu de temps après la diffusion de l'épisode.

Cersei revient après avoir été absente durant deux épisodes d'affilée, pour la seule et unique fois de la série.

Durant son moment d'intimité avec Jaime, on voit que le dos de Brienne ne comporte aucune cicatrice. Cela devrait être le cas, notamment du fait de sa confrontation avec l'ours à Harrenhal, jadis.

Daenerys allume ici un bûcher funéraire pour Ser Jorah, tout comme elle le fit jadis pour Drogo. Décidément la vie de l'Imbrûlée se décline de brasier en brasier.

David Benioff et D.B. Weiss effectuent ici un caméo, apparaissant derrière Tormund durant la fête.

Selon Tyrion, huit personnes connaissent le secret de Jon, il s'agit sans doute de Bran, Samwell, Jon, Daenerys, Arya, Sansa, Varys et Tyrion lui-même. Il est fort possible que Gilly le sache aussi.

C'est durant le tournage de cet épisode qu'eut lieu l'incident du gobelet de café oublié devant Daenerys, qui fit bien gloser à l'époque.

Scénario : David Benioff et D.B. Weiss    
Réalisation : Miguel Sapochnik

Résumé
Daenerys donne l’assaut contre Port-Réal.

Critique
L’épisode résonne comme une tragédie : la lutte acharnée de quelques personnages contre l’inévitable...qui ne l’est que parce que d’autres agissent en sens contraire. Tyrion et Jon s’échinent à empêcher un carnage à Port-Réal et surtout un carnage d’innocents. Mais quand le Lutin tente de convaincre sa reine, celle-ci rétorque qu’elle a de « la compassion pour les générations futures » ; sous-entendu aucune pour les vivants de ce temps. Quelque part, Daenerys est une Robespierre sur un dragon. On a vu la « Mère des Dragons » spectrale, émaciée au début, rongée par le chagrin de la perte de Missandei mais aussi par le désarroi de ne pas être aimée de ce côté-ci du détroit. Elle n’inspire que de la frayeur et finit par se convaincre que c’en sera ainsi : « Qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me craignent » disait un empereur romain. C’est le problème avec les idéalistes : quand la réalité ne correspond pas à leurs rêves, c’est la réalité qui a tort. Aucun carnage n’est assez sanglant pour les détourner de leur idéal. Le daenerysme est un totalitarisme.

Le carnage aura lieu mais jusqu’au bout l’inévitable ne sera pas certain. Il est poignant de voir Tyrion ne cesser de regarder le beffroi mais le dragon entrera deux fois en jeu. La première, il raye la flotte de fer de la baie (deuxième flotte coulée par le feu dans la Néra!), détruit les scorpions qui le menaçait et amène l’armée Lannister à se rendre. Les cloches sonnent alors ! Port-Réal est tombée ! Sauf que Daenerys, à la mine plombée, passe outre et relance l’assaut de son dragon. Vert-Gris n’attendait que cela et Jon ne pourra rien faire sinon se défendre avant de parvenir bien tardivement à sonner le repli d’une ville qui a cessé d’exister.


L’épisode n’est pourtant pas que sang et feu. Il a des moments d’émotions. L’exécution de Varys (la trahison de trop) frappe par la dignité du protagoniste. Lorsque Sandor Clegane demande à Arya de ne pas le suivre dans sa vengeance pour ne pas finir comme lui. C’est touchant par la sincérité du Limier et la Jeune Louve de se plier à cette sincérité. Le combat à mort du Limier et de la Montagne est aussi un morceau de bravoure (et le montage fait un instant coïncider le sort de Clegane et celui d’Arya dans une montée de tension angoissante). Les morts ne cessent de tomber. De tomber comme les pierres qui scellent le tombeau des derniers Lannister. Blessé à mort par Euron, mais étonnamment résistant, Jaimie retrouve Cersei et c’est un beau morceau d’émotion auquel contribuent les rares mais sincères larmes de Cersei.

« Quand on joue au jeu des trônes, il faut être prêt à vaincre ou mourir »

Informations supplémentaires :
HBO a mis en scène une scène de Jon rencontrant Cersei pendant le tournage de cet épisode. Kit Harington a déclaré qu’il avait participé à trois fausses scènes pour éviter les fuites, déclarant : « Nous avons réuni des gens dans des situations où nous savions que les paparazzi étaient là afin qu’ils prennent des photos et les postent sur Internet ».
Nikolaj Coster-Waldau était un ardent défenseur du travail acharné des acteurs de la série au cours de la dernière saison et a trouvé irrespectueux les offenses visant les showrunners Benioff et Weiss. Il a déclaré que les accuser de manque d’intérêt à obtenir la fin de la série était injuste et aurait déclaré: « Pour quiconque imagine ou pense que les deux créateurs de la série ne sont pas les plus passionnés, les plus grands, les plus investis de tous et penser un instant qu’ils n’ont pas passé les 10 dernières années à réfléchir à la façon dont ils allaient finir, c’est un peu idiot (…). »
Absence de Sophie Turner

Épisode quasi unanimement décrié par les fans éplorés de Dany, privés du happy ending tant espéré par la chute morale de leur idole, une évolution fatalement jugée absurde, vire copieusement  hérétique. Ces critiques m’ont toujours semblé davantage exprimer une souffrance (respectable) qu’une critique posée de la série. parce que, oui, tout ceci ne sort pas du chapeau, il s’agit de l’évolution finale et logique de la personnalité christique de Daenerys, dont le complexe divin n’a jamais cessé d’être contrarié à Westeros, une courbe encore accentuée par l’ampleur des sacrifices récents pour lesquels elle n’a pas eu davantage de gratitude à Port Réal qu’à Winterfell. Non seulement cette évolution semble logique, mais tout autre choix aurait même été incongru à ce moment là de la série.

Les auteurs ne bâclent rien, ils demeurent simplement cohérents. Les différents destins rencontrés ici me semblent pareillement sonner juste, Varys aura toujours été un homme de devoir. Après, oui, tout n’est pas parfait, l’efficacité des balistes s’adapte sans doute trop facilement à la nécessité du scénario (on n’ose imaginer les réactions si Dany avait été très prosaïquement abattue en plein vol), on aurait aimé un peu plus de combativité de la part de Cersei (mais là non la transformer en princesse guerrière aurait été absurde) et peut-être que son gisant avec Jaime compose une dernière image trop théâtralisée. Mais tel quel, la série paie ses dettes avec cet épisode, d’autant que la bataille, la Catastrophe finale et les différents duels ont été filmés par Sapochnik avec sa vista coutumière.


Sophie Turner (Sansa Stark), Isaac Hempstead-Wright (Bran Stark), Gwendoline Christie (Brienne of Tarth), John Bradley (Samwell Tarly), Hannah Murray (Gilly), Jerome Flynn (Bronn), Kristofer Hivju (Tormund) et Joe Dempsie (Gendry) ne figurent pas dans l’épisode.

Trois théories longtemps (très longtemps) débattues au sein du fandom et clairement identifiées ont connu ici leur débouché : "Cleganebowl" (duel entre Sandor et Gregor Clegane; "Mad Queen Daenerys" (Dany vire maboule en bonne Targaryen) et "Younger, more beautiful Queen", la reine qui l’emportera sera la plus jeune et plus belle.

Dangostone ne figure pas au générique, alors que l’île est un important décor de l’action, tandis qu’y apparaît Winterfell, ici totalement invisible.

La Maison Clegane achène son parcours ici, définitivement éteinte (dans tous les sens du terme) pour ce que l’on en sait.

Tyrion devient l’héritier de toutes les possessions des Lannister, on peut parler de seconde mort pour Tywin. Yara devient l’héritière incontestée des Îles de Fer. Les dossiers commencent à se clore...

Aux USA l’épisode fut diffusé le jour de la Fête des Mères, assez ironiquement envers Cersei, mais aussi la Mère des Dragons.

La destruction du château royal rend incertain le sort finaldes prisonniers de ses cachots, notamment  Septa Unella et Ellaria Sand.

"The Light of the Seven" et "The Rains of Castamere" sont ironiquement entendues dans le générique de fin, la journée n’ayant pas été précisément un triomphe pour les Lannister.

Lord Qyburn devient la septième Main du Roi a avoir trouvé la mort au fil du récit, après Qarlton Chelsted, Rossart, Jon Arryn, Ned Stark, Tywin  et Kevan Lannister. Quel métier !

Avec la mort de Cersei et de la Montagne, la liste d’Arya est désormais achevée.

Dire que Daenerys "vire maboule" est exagéré puisque, pour moi, elle n'est nullement cinglée. Ce serait d'ailleurs trop facile que de dire qu'elle "vire maboule" puisque cela l'exonérerait de toute responsabilité dans le massacre de Port-Réal.

La formule "il s’agit de l’évolution finale et logique de la personnalité christique de Daenerys, dont le complexe divin n’a jamais cessé d’être contrarié à Westeros" est, elle, parfaitement exacte. Je n'aurais peut-être été jusqu'à parler de "personnalité christique" mais juste de "leader charismatique". En fait, Daenerys n'a jamais été une reine mais une agitatrice, une révolutionnaire mystique et messianique. C'est assez rare d'avoir à la fois une légitimité dynastique (continuité monarchique ; une tendance conservatrice) et une onction charismatique (révolution populaire ; une tendance "active"). Les contradictions entre ces légitimités ne pouvaient qu'engendrer le chaos ou, plutôt, une révolution. Et les révolutions ne terminent généralement par des régimes d'ordre.

Politiquement, c'est passionnant de regarder et d'analyser Game of Thrones !

Scénario et réalisation :  David Benioff et D.B. Weiss

Résumé
La roche Tarpéienne est proche du Capitole et tout est à reconstruire.

Critique
Au commencement est le néant : Port-Réal ressemble à Pompéi ; de la cendre, des squelettes et des ruines dans un grand silence. C’est aussi un atout de cet épisode : jouer avec le silence pour donner plus d’impact aux scènes.

Tout est logique ; tout arrive là où les choses devaient aboutir. Comme le disent les producteurs, Daenerys a mené la bataille depuis le ciel. Elle n’a pas vu ce que Tyrion et Jon ont vu : le coût démentiel de sa « libération ». Il est logique que Tyrion, écœuré, démissionne, quand bien même, il sait que c’est sa tête qu’il lance en bas des marches. « J’ai choisi mon destin, affirme le Lutin. Les habitants de Port-Réal, non ». Son discours, très dur envers Daenerys, fait mal à Jon qui tente pourtant de la défendre. « Partout où passe Daenerys, assène Tyrion, tout ceux qui incarnent le Mal meurent et nous lui en sommes reconnaissant ». Lui a compris la pente totalitaire et sanguinaire où conduit le daenerysme ; un messianisme « de libération ». Le discours de la Reine (une des rares fois où Emilia Clarke a réussi à parler correctement le dothraki selon l’actrice) fait froid dans le dos car sa campagne de « libération » s’apparente, ni plus ni moins, à une conquête du monde. Mais pour la « bonne cause ». A une Daenerys transfigurée quand elle touche ce Trône de Fer dont elle a tant rêvé, Jon tentera de plaider le pardon et s’entendra répondre « qu’elle sait ce qui est juste » pour bâtir un « monde d’harmonie ». Le geste de Jon, inattendu (y compris pour les acteurs) est pourtant logique. Kit Harington dira que « quelque part, Cersei bat Daenerys car elle la transforme en quelqu’un de mauvais ». Ce n’est pas tout à fait juste : le totalitarisme daeneryen est, en fait, présent dès l’origine.

Le dernier vol du dragon est formidable car, en emportant Daenerys, il la mythifie. Jamais la « Mère des Dragons » ne sera devenue un tyran et restera une libératrice. Pas de corps physique mais un corps mystique qui peut demeurer.

Que le dragon réduise en cendres le Trône de Fer est une idée géniale ! Ce tas de ferraille qui pèse plus lourd par le poids du sang qu’il a fait verser que par le métal dont il est fait symbolisait trop la violence. Quel meilleur symbole que cette façon de dire : du passé faisons table rase ! Quelque part, c’est aussi ce que proposait Daenerys.

La vacance du pouvoir qui s’ensuit pose problème aux Grands de Westeros mais c’est le Lutin qui va leur souffler la solution : abolir l’hérédité de la Couronne et procéder à l’élection du souverain. Une vieille formule médiévale (les Carolingiens et les premiers Capétiens ont fait de même en France ; les empereurs germaniques ont tous été élus ; c’est toujours le cas des papes de l’Église catholique) qui durera ce qu’elle durera mais qui a le mérite de stabiliser enfin la situation. C’est aussi la concrétisation d’un fait : le Nord fait sécession et reprend son indépendance. Peu importe le souverain à Port-Réal ; Sansa refuse de ployer le genou et ceindra sa propre couronne. En saison 1, la petite Stark voulait épouser un roi pour devenir reine. Désormais, elle n’a plus besoin que d’elle-même. Un point cependant à relever : la noblesse de Westeros a été très durement éprouvé ; les Lannister n’existe plus que par Tyrion et les Stark ne sont pas mieux : un infirme sans descendance possible et deux filles qui semblent opter pour le célibat pour ne plus dépendre des hommes. Quelque part, c’est aussi le signe que les vieux lignages laissent la place à une nouvelle noblesse pour un nouveau royaume.

La conclusion est habile pour les différents personnages et plutôt logique. On aura un sourire devant la composition du nouveau Conseil  et ses premiers débats !

Une fin logique.

Informations supplémentaires :
Ce sont des mannequins qui représentent les corps de Jaimie et Cersei mais les acteurs étaient présents car un mixte avait été envisagé originellement.
C’est Italica qui représente une nouvelle fois Fossedragon.
Selon les producteurs, George R.R. Martin avait choisi le roi désigné par la série.

Autant j’ai défendu mordicus une ultime saison souvent contestée avec l’énergie du désespoir plutôt que par la raison, autant cet épisode me semble davantage bancal. D’abord, entre la Désolation de Smaug, le Conseil d’Elrond ou encore les Havres Gris, les emprunts à Tolkien me paraissent vraiment énormes, comme si les auteurs étaient épuisés d’écrire leur propre Fantasy sous l’ égide rabougrie de Martin. Tolkien comme valeur refuge, quand on a proclamé tout un manifeste d’une autre Fantasy, bon. Au-delà de ce symbolisme, tout l’essence récit relève également du Professeur au sens où, même en mode mineur, de nombreux faits surviennent après le climax de l’Ultime Bataille (la Libération de la Comté, les embarquements pour l’Ouest, tout ça). C’est loin d’être une généralité en Fantasy, où on préfère souvent en rester sur une déflagration frappant les esprits, quitte à abréger les détails du happy ending (Cf. Disney). Quand on s’est terminé à la hache et à la flamme, on en redemande encore, on vénère l’Empereur et puis c’est marre.

Donc on prolonge, mais en racontant quoi ? Après le trauma précédent on achève les nombreux fans de Daenerys en posant le Daenerysme comme un Nazisme bon teint, avec la Cheffe très satisfaite de sa Solution finale et arborant une tenue 100 % gestapiste devant ses troupes ordonnancées comme à Nuremberg. Un final certes logique concernant son évolution contrariée en « surhomme », d’autant que son parcours à Westeros avait revêtu comme des allures de Rêve d’Acier. J’approuve mais c’était délicat d’intéresser ensuite son public à quoique ce soit, hormis aux techniques de suicide de masse. J’ai été beaucoup plus dérangé par son exécution par Jon, qui exprime pas mal de poncifs sur la femme soumise à ses émotions et l’homme capable de décisions réfléchies. Et puis comme c’est théâtralisé, mon Dieu. Je n’ai pas du tout été convaincu par les tueurs fanatiques de Daenerys laissant Jon avoir un procès (what?), en vérité ce se serait réglé ici et maintenant, je pense. Jon était d’ailleurs prêt à payer le prix de son acte, on peut lui reconnaître ce courage. De même qu’il soit épargné par le Dragon, alors même que la Danse est farcie de Targaryens occis par ces bestioles.

En fait, debout en bout,  l’épisode commet l’erreur de vouloir raconter sans avoir le temps de le faire sérieusement. Après la mort assez expédiée de l’Imbrûlée, tous les problèmes sont évacués comme par magie. Que l’armée de Dany accepte que Jon soit exilé… chez lui est assez gros, que  l’indépendance du Nord passe crème aussi. Quid de Dorne, des Îles de fer et même du Bief, qui accumule le pouvoir économique et démographique, en vérité. Ils ne vont pas se sentir pousser des ailes ? Toute la tension et la rivalité potentielle installées entre Sansa et Arya disparaît grâce à cet embarquement providentiel, à la recherche de la Voie de Valinor ou à la rencontre de l’Épervier de Terremer, on ne sait pas trop. Même le destin de Jon demeure flou : est-il condamné à derechef Prendre le Noir ou devient-il le nouveau Roi des Sauvageons ? Par contre, même si leur décision fut copieusement huée à l’époque, j’approuve totalement le choix des auteurs quant au nouveau Roi.

Parce que Bran est un Stark, l’Élu des Dieux et le vrai vainqueur de la Longue Nuit, mais aussi parce qu’il fort crédible que les Nobles aient pensé avoir la vie plus facile avec un maître handicapé. Ce en quoi ils se trompent, un monarque enchâssé dans son Trône mais doté de pouvoirs psychiques ou divins peut facilement s’avérer un épouvantable tyran, et son règne, un supplice. La Longue Nuit permet de justifier une bonne part du nouveau Conseil restreint, mais certains membres demeurent improbables, pour diverses raisons. Bronn n’y a pas participé et je ne suis pas certain qu’il ait vraiment le profil (litote) d'un ministre de la monnaie. Tyrion aura déjà beaucoup à faire à Castral-Roc et comme probable Gouverneur de l’Ouest. Et puis, soyons francs,  son bilan comme Main de Daenerys à Westeros reste bien maigre. Brienne en Capitaine de la Garde Royale renonce à être mère, ce n’est pas comme cela que Westeros va initier son réarmement démographique. Etc. Le plus gênant demeure le gag des chaises et l’ambiance de rentrée des classes, c’est assez étonnant et anti-climatique.

Par contre jusqu’au bout Game of Thrones sera demeuré un fabuleux album d’images et c‘est cet atout graphique qui sauve un épisode rempli de scènes superbes. Port-Réal dévasté, les ailes de Danerys, le renonciation de Tyrion, la crémation du Trône de Fer (un moment extraordinaire), le départ du Dragon avec une Daenerys entrant de plain pied dans la légende, Brienne relatant avec émotion et dignité la vie du Régicide (la Chevalerie, toujours), la révélation en miroir du bouquin de Martin, le sacre de Sansa, même le final de Jon et ses retrouvailles avec Fantôme, etc. Autant de vrais moments de grâce qui auront maintenu le Trône de Fer tellement au-dessus du commun des séries qu’on peut volontiers pardonner un récit n’ayant pas eu, sur le tard, les moyens de ses ambitions. Et puis quelle grande série n’aura pas brisé le cœur de son public en s’achevant ? C’est à cela qu’on les reconnaît.



Gilly est l’unique personnage récurrent ne figurant pas dans l’épisode. Son destin demeure formellement inconnu, même si elle a très vraisemblablement rejoint Sam à Port-Réal.

Edmure Tully et Robin Arryn siègent au Conseil, on ne les avait plus vu depuis la saison 6. Robin aura été le chef de Maison le plus durable de la série, aynt hérité des Eyrié et de la Maison Arryn lors du pilote.

Le Trône de Fer est détruit par le feu d’un Dragon Noir, tout comme il avait été créé. Il s’agissait alors de Balerion, le Grand Dragon d’Aégon le Conquérant.

La garde de Nuit existe toujours indique Tyrion, de par son rôle d’exil.

Le nouveau prince de Dorne apparaît au Conseil, mais l’on ignore toujours son nom.

Il n’est pas explicitement indiqué que Brienne soit le nouveau capitaine de la Garde royale, mais cela peut être déduit par son appartenance au Conseil restreint et par sa tenue du Livre de l’Ordre.

De tous les personnages principaux introduits dans le pilote de la série, Winter is Coming, seuls ont survécu Tyrion, Sansa, Aryaet Bran. Jon  est un cas spécial.

La saison 8 poursuit la tradition de tuer au moins un roi ou reine par saison, seule la saison 7 aura faite exception.

La scène finale accompagne pour la première fois la musique emblématique de la série par des paroles. Celles-ci sont écrites en Haut Valyrien  et évoquent un possible retour de Daenerys, ou du moins des Dragons.

Sam invente la Démocratie, reproduisant le vote en vigueur dans la Garde de Nuit. Après quoi il se rallie à la Monarchie en tant que Grand Mestre, Mirabeau ce n’est pas pour demain.

Daenerys Née du Typhon devient l’ultime personnage à mourir dans Game of Thrones. Il n'est de bonne compagnie qui ne se quitte.

Diantre ! La critique est raide ! Le daenerysme comme ersatz du nazisme, je n'adhère pas désolé. Certes, la tenue noire est certes assez "SS" mais, là où je poserai le débat, c'est que, Daenerys ne veut pas exterminer une population en particulier ni même en général. Il "suffirait" que ces populations la reconnaisse et la vénère comme "libératrice". Bien entendu que cette politique engendrerait un carnage mais le massacre n'est pas ciblé ni même automatique.

Si Daenerys est "très satisfaite" c'est qu'elle est persuadée d'apporter une "bonne nouvelle" (evangelion en grec); je la vois donc plus comme une croisée chrétienne tendance Pierre l'Ermite (eschatologie et tout le toutim) que comme une thuriféraire de l'Ordre Noir.

Pas d'accord non plus sur le "poncif" de la femme soumise". Comment aurait-elle pu imaginer que Jon allait la poignarder d'autant qu'il ne le savait pas lui-même. Elle l'aime oui et elle veut construire un monde meilleur avec lui. Jon ne prend pas une décision réfléchie ; il se laisse déborder par ses doutes et c'est un réflexe de survie qui le pousse intuitivement à tuer celle qu'il aime mais dont il a perçu qu'elle répandrait des flots de sang au nom du Bien (ce que le IIIe Reich n'a jamais prétendu faire).

Je suis plus d'accord sur la rapidité avec laquelle les questions se résolvent. Oui, c'est gros que Jon survive. Vers de Gris (d'accord ça c'est un nom nazi) aurait dû l'exécuter sans autre forme de procès. L'indépendance du Nord était déjà acquise dans les faits et personne n'avait plus les moyens ni l'énergie ou l'autorité pour le reconquérir. Sansa n'a fait que proclamer ce qui était déjà là. Moi, j'aurais marié Arya à Gendry car je suis un membre actif du club des shippers.

Tout à fait d'accord avec le portrait du nouveau roi, le Conseil et "l'album d'images".

On se sera quand même bien amusé à chroniquer cette série !

Bien d'accord qu'il n'y a pas de dimension raciste ou d'extermination systématisée chez Daenerys. Les auteurs sont restés fidèles à leur cohérence de toujours aller plus loin avec elle, jusqu'à s'offrir cette scène très graphique et connotée (je trouve), mais qui ne correspond pas à ce qu'est l'héroïne. Le passage  peut aussi se lire comme  un certain acharnement envers un public déjà bien éprouvé.  C'est pour ces raisons que je l'ai classé parmi ces prolongations peu convaincantes me semblant pénaliser l'épisode. Je n'ai pas été clair dans mon propos, mea maxima culpa.

Par contre je maintiens pour  Jon : à mon avis, après sa discussion avec Arya, il sait pertinemment pourquoi il va voir Daenerys.  Et si celle-ci ne voit absolument rien venir alors même qu'elle a démontré des qualités de survivante et de lucidité formidables jusque là, c'est bien parce qu'elle est amoureuse. D'où un certain retour  au cliché de la femme émotionnelle et de l'homme davantage cérébral, mais ce n'est qu'une lecture parmi d'autres !

Oui, une chronique très plaisante, notre Garde est désormais achevée !