Série "Game of Thrones"

Des membres de l'équipe de HotD ont été repérés dans les rues de Cáceres (ici la responsable de la photographie). Eux-mêmes sont en repérage de localisations pour le tournage de la saison 2 de cette passionnante saga (étonnamment battue par The Last Of Us), qui va  bientôt débuter. Décidément, avec aussi les Anneaux, pas mal de Fantasy en Espagne, en ce moment !

L'Espagne a une forte tradition fantastique que je connais mal mais, après l'Angleterre, c'est sans doute le pays qui a fourni le plus de films de ce genre. Un héritage de Goya et de ses gravures peut-être ?

Épisode ébouriffant et captivant que The Winds of Winter, couronnant une évolution (sans doute débutée avec la mort de Lord Tywin) voyant les épisodes 10 devenir des Seasons Finales à part entière. En même temps que les ultimes attaches avec les livres sont rompues (même si c’était déjà souvent le cas pour l’essentiel), la série se met définitivement en ordre de bataille pour l’ultime phase de la partie, via des inflexions et des fins de parcours particulièrement fortes. D’habitude une saison s’achève en redéployant les pions, ici l’échiquier est carrément nettoyé, on passe en Finale. L’ensemble s’avère saisissant (une vraie bombe), mais ne va pas sans regrets personnels. Parce que, si on regarde la liste des personnages disparus (Le Moineau, Margaery, Pycelle, Kevan, Walder, voire Tommen en tant que motif) ou diminués (Baelish, Olenna, Varys, Tyrion, Mélisandre…), On voit qu’il s’agit avant tout de ceux reliés à cette pratique ayant tant apporté à la saga, à Port réal ou ailleurs, et portant le doux nom d’intrigue.

Seuls demeurent en place les guerriers, les tueurs les Déesses du Feu, les inexorables Marcheurs… Les comploteurs ont disparu, place nette est faite aux acteurs de l’action violente et spectaculaire. La Bataille des Bâtards et la petite sauterie organisée par Cersei constituent en réalité un manifeste : Game of Thrones assume certes d’être désormais devenu un objet purement télévisuel en donnant la priorité à l’image choc. Cela présente le mérite de la cohérence, mais le lecteur des bouquins ne peut que déplorer la perte de substance que cela représente. Avec aussi la crainte d’une possible trop grande schématisation des péripéties à venir, qui pourraient d’être plus là que comme prétextes à baston. Aux showrunners d’éviter cet écueil, nous verrons bien. On appréciera néanmoins une production toujours aussi grand train : effets spéciaux, musique et décors (celui de la Bibliothèque des Mestres, notamment), sans parler de l’interprétation, bien entendu. Par contre le titre de l’opus demeure toujours aussi narquois en 2023, oui la dimension littéraire est bien passée au second plan.



L’épisode marque l’ultime apparition de nombreux interprètes de personnages décédés (notamment, hélas, Natalie Dormer et Jonathan Pryce) mais aussi de Michiel Huisman (Daario Naharis, Dany lui enverra des cartes postales, ou pas).

En guise de passage de témoin, le titre est une référence au sixième volume de la saga littéraire, dont la publication était alors présentée comme prochaine. Comme quoi il n’y a pas qu’En France que le provisoire peut durer.

Avec une durée de 68 minutes, l'opus devient le plus long de la série jusque là.

Avec la mort de Mace Tyrell, tous les chefs des Grandes Maisons présents en début d’histoire sont désormais décédés. Il en va de même pour les Frey et Bolton, hissées à ce rang au fil de l’histoire.

La série devient ainsi féministe à sa manière, : quatre Grandes Maisons sont désormais dirigées par une femme (Daenerys, Cersei, Olenna et Ellaria), deux autres par un duo mixte en paix ou en conflit (le Loup et la Seiche). Aux dernières nouvelles, les dirigeants masculins qui demeurent encore sont eux en mauvaise posture (Edmure Tully, Sweetrobin, l’éventuel héritier Frey).

La saison 6 aura poursuivi la tradition selon laquelle chaque saison emporte au moins un roi avec elle, ici Balon Greyjoy et Tommen.

Cersei semble peu se soucier du destin de son oncle Kevan. Dans les romans, celui-ci est en fait tué par Varys, tout comme Pycelle.

Le Régicide avait empêché que le Roi Fou ne détruise Port Réal par le Feu Grégeois, ce qui est finalement accompli, quoiqu’à moindre échelle, par sa propre sœur et âme sœur. Tyrion aura apprécié l’ironie.

La mort de Margaery n’est pas survenue dans les bouquins (tout comme celle de Lloras et de bien  d’autres). Encore un spoiler massif de plus du roman à venir ?

Lena Headey a indiqué que le supplice de Septa Unella était initialement prévu comme bien plus « graphique ». Mais la scène a dû être réduite, l’épisode étant déjà fort long, ce qu’elle a déclaré regretter.

Tous les maris de Margaery auront bien fini par périr.

La prostituée Marei a droit ici a son apparition devenue un rituel saisonnier depuis la saison 2. Pycelle sera finalement dispensé de la payer grâce à Cersei et à mon ami Qyburn. Marei nous fera une infidélité en saison 7, mais sera de retour pour la 8.

Dans les bouquins, Sansa a effectivement aidé Baelish à convaincre les seigneurs du Val de venir dans le Nord. Dans la série, elle n’a à peu près rien fait, du coup on ne comprend plus très bien de quoi lui est reconnaissant Jon. Bon, c’est Jon.

Il n’est pas expliqué comment varys a pu voyager aussi rapidement entre Dorne et Meereen, aller et retour. La série commence à se montrer expéditive sur les déplacements dans ce qui demeure un monde médiéval. Il n’est pas expliqué non plus pourquoi des bateaux des Tyrell (et Redwyne) et des Martell se remarquent dans la flotte de Dany. Ce n’est pas absurde en soi, mais là aussi le récit accélère.

Concernant les intrigants, je serai peut-être moins sévère car je pense qu'ils n'ont plus tout à fait leur place.

Depuis le premier épisode, plusieurs années se sont déroulées et le sérieux écrémage qui a eu lieu fait qu'il y a moins de protagonistes donc moins de possibilités d'intrigues.

En outre, le niveau intellectuel d'une Cersei ne lui permet pas d'intriguer avec autant de brio que son père. En fait, même pas. Avec son QI de bulot et son classement des gens en toi, t'es mon vassal/Toi t'es mon ennemi, ça limite quand même pas mal. Il ne reste aucun Lannister d'importance pour faire levier sur elle donc c'est mort de ce côté là.

Daenerys est une survivante : son univers mental est binaire là aussi : ami/ennemi. Tyrion doit juste donner les bons conseils aux bons moments. C'est plus complexe que ça en a l'air mais il doit faire gaffe avec son CDD (Contrat à Décès Différé).

Lord Baelish a tellement intrigué qu'il n'y a plus personne à pigeonner. Il était à niveau avec Tywin ou Roose Bolton. Là aussi, l'écrémage a fait partir le beurre. Jon Snow n'est pas un intriguant mais un guerrier ainsi qu'Estuaire le dit. Si l'Oiseau moqueur essaye de le filouter, il lui passe l'épée en travers du corps. On comprend que l'autre reste prudent (et puis "prudent", c'est le deuxième prénom de Littlefinger). Enfin, désormais Sansa n'est plus une petite chose manipulable mais une jeune louve capable de mordre. Là encore, ça donne moins de prise.

Le Grand Moineau n'intriguait pas ; il croyait sincèrement à ce qu'il disait. C'est ce qui le rendait si dangereux et si inattaquable (comme lady Olenna s'en est elle-même rendu compte).

Bref, l'épée est à nu parce que le fourreau a été rongé. Est-ce un mal ? Je ne le sais pas encore.

Pas encore de saison 2 mais une saison 3 déjà envisagée :

http://braindamaged.fr/29/03/2023/house-of-the-dragon-une-saison-2-plus-courte-mais-feu-vert-proche-pour-la-saison-3/

Et pourquoi pas Perceval et Karadoc contre les dragons ?

On dirait que George R.R. Martin ne veut pas terminer sa saga mais qu'il est incapable de l'admettre.

Tiens ! En voilà une série ! Un auteur connu sur le divan d'un psy racontant comment il essaye d'écrire une saga avec des trahisons, du sexe, des dragons, du sexe, de la violence, du sexe etc.

Casting de la saison 2 de House of the Dragons :

http://braindamaged.fr/25/04/2023/house-of-dragon-4-nouveaux-visages-aux-casting-de-personnages-cle-pour-la-saison-2/

Conseil n°1 : méfiez-vous de votre belle-mère.

Déjà 10 ans, le 02 juin, depuis les Noces Pourpres (avec les compliments de Tywin Lannister), le Jeune Loup se souvient.
https://variety.com/2023/scene/news/red-wedding-game-of-thrones-richard-madden-1235602224/

Bon, hem, comment dire ? J'avais fièrement proclamé que je n'achèterais plus rien de Martin jusqu'à la parution de vous savez quoi, ce juste courroux se voyant encore ravivé par l'annonce de la rémunératrice participation  de ce dernier à la série Le Chevalier Errant. C'est donc fort logiquement que je viens d'acheter ce midi Les Chroniques du Chevalier Errant, chez Pygmalion, le recueil des trois aventures de Ser Duncan (Dunk) et de son vaillant écuyer l'Oeuf (Egge). Logiquement car comme toujours ma colonne vertébrale s'est révélée être en guimauve. Bref on débarque cette fois 90 ans avant la Guerre des Cinq Rois et je n'ai aucune idée de la tonalité du bouquin, premier degré ou parodique façon Felix et Gotrek (ce délire total), corrélé ou non au Trône de Fer, etc. On verra bien...

Scénario : David Benioff et D.B. Weiss  
Réalisation : Jeremy Podeswa

Résumé
Jon tente de consolider son pouvoir dans le Nord en se prémunissant des ennemis du Nord et du Sud. Cersei n’a pas rendu les armes et Daenerys rentre à la maison.

Critique
Un épisode passablement verbeux qui sert à poser les bases de la saison à venir mais le fait laborieusement. Pourtant, avec seulement sept épisodes au lieux des 10 habituels (question de budget), il va falloir aller à l’essentiel.

Pour la cinquième fois, un épisode dispose d’une séquence pré-générique mais elle est totalement invraisemblable puisqu’elle voit Arya empoisonner toute la maisonnée des Frey. Qu’elle puisse prendre l’apparence de Walder Frey, c’est déjà gros (question de corpulence pour commencer) mais elle en prend aussi la voix ! A côté d’elle, le Caméléon fait amateur !

De manière peu habile, on comprend que tout converge vers Peyredragon. Daenerys y est née et le port dispose de mouillage en eaux profondes (raisons stratégiques et sentimentales énoncées par Jaimie). On y trouve du verredragon indispensable contre les Marcheurs blancs (découverte de Sam dont on a subi la pénible répétition des corvées). Il faut par contre reconnaître que la forteresse est vraiment impressionnante. Qu’elle soit totalement abandonnée alors qu’elle est stratégique est par contre un peu téléphoné. Dans les romans, Stannis y avait laissé une petite garnison. Si la série a opté pour qu’il n’y en ait pas, pourquoi les Lannister n’ont-ils jamais mis la main sur cette forteresse ?


Si rien de décisif n’est accompli dans cet épisode, les différents détenteurs d’une parcelle d’autorité s’emploient à préparer les confrontations futures. C’est le sens de la seule ligne de texte de Daenerys mais c’est aussi la préoccupation de Jon qui, non seulement doit s’en faire pour le Sud, mais est obsédé par la seule vraie guerre à mener ; celle contre les morts. Il est roi mais il peut compter sur Sansa pour ne pas enfler de la tête car elle n’hésite pas à le contredire. A noter qu’elle n’est plus sensible aux discours onctueux de Littelfinger. Lequel a évidemment repéré la faille entre le frère et la sœur. Le seul intérêt de lord Baelish, c’est lui-même. L’homme est indispensable mais reste dangereux. Quoique à force de comploter contre tout le monde, il n’a plus beaucoup de marge.  Enfin, Cersei est toujours aussi peu modeste. Les pieds sur une carte, elle énonce que tout cela est à elle et qu’elle n’a qu’à s’en saisir. Plus pragmatique, et sans doute circonspect devant l’évolution de sa sœur, Jaimie lui rappelle qu’elle règne sur « au mieux trois » (et en dehors de la zone de Port-Réal, c’est ténu) des sept couronnes. Il est terrifiant d’entendre la justification de ses actes par cette folle furieuse qui voit des traîtres partout (alors qu’elle les a largement créés elle-même) et veut fonder « une dynastie pour mille ans » (ça change d’un Reich même si elle reprend une citation de son père, sans en avoir l’envergure) alors qu’il n’y a plus que deux Lannister vivants.

Curieusement, alors que l’essentiel des batailles ont été terrestres jusque-là, la maîtrise des mers devient décisive.

Informations supplémentaires :
Liam Cunnigham, Peter Dinklage, Conleth Hill et Nathalie Emmanuel n’ont pas une ligne de texte contrairement à Ian Glen que l’on entend mais dont on ne voit que le profil.
La décision de Jon d’épargner Ned Umber et Alys Karstark et de leur permettre de garder leurs terres poursuit un thème commencé la saison dernière avec Daenerys, à savoir la conviction que les enfants ne devraient pas payer le prix, ni porter la tâche des péchés de leurs parents. Cependant, le contre-argument de Sansa, « il n’y a donc pas de punition pour la trahison, et pas de récompense pour la loyauté ? » évoque la discussion entre être honorable et pragmatique qui revient plusieurs fois dans les romans et la série ; Sansa a raison de dire que faire la chose honorable (c’est-à-dire faire preuve de miséricorde envers les ennemis, rompre une alliance politiquement importante par amour) est ce qui a fait tuer Ned et Robb Stark. D’un autre côté, l’exécution opportuniste de Ned par Joffrey s’est également retournée contre lui, car elle a attiré la colère de tout le Nord contre les Lannister.
Les showrunners David Benioff et D.B. Weiss ont confirmé qu’en raison du début de l’hiver lors de la finale de la sixième saison, le tournage principal a été repoussé de son calendrier habituel de juillet à décembre pour permettre le changement des saisons pour le tournage extérieur, et s’est finalement terminé fin février. En conséquence, ce sera la première saison de la série à faire ses débuts en été plutôt que fin mars ou avril.
Jaime porte Widow's Wail, l’ancienne épée de Joffrey, vue pour la dernière fois dans « Briseuse de chaînes » placée sur le cadavre de Joffrey lors de ses funérailles. Widow's Wail est l’une des deux épées en acier de Valyrian, avec l’épée Oathkeeper de Brienne, forgée à partir de la lame ancestrale Ice de la maison Stark. George R.R. Martin a confirmé que Widow's Wail a été transmis à Tommen en tant qu’héritier de Joffrey, mais il n’a jamais été montré le brandissant, et avec Tommen maintenant décédé, l’épée est vraisemblablement en possession de la maison Lannister. De plus, Jaime porte toujours son armure Lannister, donc Cersei ne l’a apparemment pas réintégré dans la Garde Royale car elle avait déjà sept membres dans l’épisode précédent lors du couronnement de Cersei.
Parmi les guerriers qui accueillent Arya, on reconnaît le chanteur Ed Sheeran.

Beaucoup aimé Les Aventures de Dunk et de l'Œuf. Martin varie avec bonheur les styles, maîtrisant aussi bien la saga fleuve que les chroniques historiques, en passant ici par la nouvelle d’aventures. Ce format issu des Pulps de naguère se voit ici parfaitement maîtrisé, suffisant pour introduire un enjeu simple mais substantiel, de l’action, des dialogues pas piqués des vers et une découverte principalement du Bief, région finalement assez peu vue dans les bouquins et la série. Martin vise et atteint l’efficacité avec une écriture vive et pittoresque, souvent déjà très télévisuelle (of course) : mise en place ultra rapide et efficace des situations, description visuelle très détaillée des combats,le réalisme est total, sans jamais pénaliser le spectaculaire. Bien entendu, la pitié se voit parfois demandée, mais jamais accordée... Chaque nouvelle est conçue comme un pur épisode de série télé classique, au détail près (ne manque que le générique), c’est frappant.

On peut regretter que la spécificité du bouquin se révèle moins marquée dans ses sujets, car deux histoires sur trois demeurent amplement reliées aux tribulations de la Maison Targaryen, son aura, ses pouvoirs valyriens, sa démence sadique parfois aussi. Même si les Dragons en restent quasiment absents (hormis pour un œuf), centrant les débats sur les seules vicissitudes humains, cela réduit partiellement le livre au rang de simple prolongation de HotD. On aurait préféré quitter les intrigues familiales et partir plus franchement à la découverte de l’immense Westeros. C’est d’ailleurs ce que propose la seconde histoire, ma préférée, avec un conflit privé et très terre à terre entre petits seigneurs locaux, en plein Été. Captivant, avec les chevaliers errants en plein mode rōnins. Malheureusement ce rabâchage  des Targaryens, aussi flamboyants demeurent-ils, compose la caractéristique principale de l'Œuf (futur Aegon V), dont l’appartenance à la famille royale est très vite révélée. Pour le reste j’ai trouvé qu’il demeure avant tout un sympathique faire-valoir, le duo restant très déséquilibré tout du long.

Ser Duncan demeure bien le protagoniste des trois nouvelles, exclusivement relatées de son point de vue (la méthode narrative GoT poussée à son point ultime). Or ce choix constitue le grand point fort de l’œuvre, tant j’ai ru un coup de cœur total pour  ce Chevalier des Sept Royaumes au plein sens du terme, digne de ceux de Camelot ou de Bretonnie. J’ai adoré comment, à côté des princes à demi-fous, des nobles peu reluisants et autres brigands des grands chemins de Westeros, il combat aussi en permanence pour son honneur et ses idéaux, inspiré aussi par le meilleur de la Foi en les Sept. Des romans courtois aux BD de Prince Vaillant, en passant par les épisodes d’Ivanhoé, il honore avec éclat la figure du Chevalier, maintenant son compas moral même au sein d’un univers aussi sombre que celui de A Song of Ice and Fire. Il est formidable, loyal et preux, mais jamais idiot ou naïf pour autant, connaissant parfaitement tous les ressorts de son univers. Et le moment venu un combattant aussi doué qu’impitoyable, démontrant sans faiblir sa farouche allégeance au Guerrier. Duncan le Grand, futur chef de la Garde Royale, se serait merveilleusement entendu avec Brienne, je pense. Il compose le grand point fort d’un livre que j’ai lu d’enthousiasme et confirmant le singulier talent de Martin pour créer des personnages extraordinaires.

Le Chevalier errant: la nouvelle met en place le duo  autour d’une description très détaillée d’un tournoi (le pilote de HotD a largement pompé cet aspect, je trouve) puis d’un duel judiciaire.  Beaucoup de vocabulaire dans ce récit très documenté, captivant en VF, sans doute une torture à décrypter en VO. Récit simple mais peinture subtile et brillante des différents personnages, on aime Dunk d’emblée et sans retour. L’univers reste en soi décrit très brièvement, de fait tout le bouquin suppose qu’on le connaisse déjà. Nous voici pleinement de retour à Westeros.

L'Épée lige : j’ai adoré cette histoire loin des conflits princiers pour dépeindre une compétition entre deux nobliaux locaux du Bief, au sein d’une société médiévale observée avec un réalisme sans fards, aussi loin de toute Fantasy qu’il soit sans doute possible au sein de cet univers. Les personnages s’avèrent moins grandioses, mais aussi plus réalistes que précédemment. Nous sommes loin de la chevalerie des tournois royaux, aux prises avec celle d’un mercenariat à peine enjolivé. Le conflit compose un vrai thriller, avec tout un défi moral pour Duncan

L'Œuf de dragon : nouveau tournoi, on en revient aux chroniques des Targaryens, complots et félonies inclus. L’intrigue résulte la plus complexe des trois, on s’éloigne du récit de chevalerie pour loucher sur GoT (y compris ses aspects gores). Réussi et maîtrisé, mais j’aurais préféré que le livre maintienne sa spécificité au sein de l’ouvre de Martin. C’est purement subjectif, si on a aimé le Trône de Fer on sera conquis.

Au totale une vraie réussite, mais ne comportant que trois récits sur les neuf initialement annoncés par martin. Peut-être la série à venir aura-t-elle comme avantage de l’inciter à écrire les manquants, on peut toujours rêver (****)

Estuaire44 a écrit:Merci !

C'est à dire que je n'apporterai aucun livre et vous dirai que ce sera pour la prochaine fois ou pour bientôt, un beau jour en tout cas.  

Vous croyez que ça marche avec les impôts ? Ce n'est pas que je ne veux pas payer, c'est que je fais une George Martin !

"Tell them the North remembers. Tell them Winter came for House Frey."

L'épisode conserve la tradition solidement établie consistant à effectuer une tournée des popotes pour nous monter où en sont les protagonistes ; Un procédé certes utile, mais parfois un rien fastidieux, faisant que ces opus comptent rarement parmi les plus exaltants de la série. Hormis pour la joyeuse sauterie d'Arya aux Jumeaux, celui-ci n'y fait pas exception,  ce qui étonne malgré tout compte tenu du faible nombre d'opus demeurant. Au moins les scènes de dialogue se montrent souvent savoureuses. On apprécie ainsi que l'art de la duperie  apprise auprès de Little Finger et des Lannister distingue Sansa de Jon, bien parti pour être un dirigeant du Nord du même bois que les Sark précédents : bon guerriers, hommes d'honneurs, d'une naïveté confinant à la bêtise. Sansa a retenu les leçons de la rude et cruelle école de la vie, Jon... Jon. (attendez, une série entière basée sur ce gars là ? Sérieusement ?). Qui prendra le dessus ? Encore mezzo voce, la question introduit déjà un enjeu dans la saison.

Les vastes moyens de la production échouent en grande partie à faire ressentir l'Hiver à King's Landing, c'est étonnant, mais bon. Ce n'est pas comme si la série avait annoncé à grands cris la Venue de l'Hiver depuis for longtemps (« Rien n'est assuré en ce monde, Madame, hormis la Venue de l'Hiver », disait autrefois Baelish). Le personnage de Cersei tourne un peu à vide sans antagoniste digne de ce nom, ce que ne peut être Jaime, pour bien des raisons. Heureusement l'adversaire en question cingle vers Dragonstone, en sous-main on peut apprécier l'art du teasing ainsi déployé. Après six saisons d'agonie, l'attente des fans de Dany se voit enfin satisfaite, la nouvelle Conquête débutant avec la prise de Peyredragon (en plus superbe look, décidément). On apprécie que l'ami Euron prenne d'ores et déjà la relève  de Ramsay comme personnage que l'on aimerait voir crever, le procédé se montre un rien mécanique, mais l'acteur est vraiment formidable. Mon coup de cœur personnel des ultimes saisons.  


L'épisode marque la cinquantième participation à la série de Kit Harrington et d'Emilia Clarke.

Plus de 10 millions de spectateurs regardèrent la diffusion sur HBO, établissant un nouveau record d'audience pour la série. Le précédent était d'un peu moins de nef millions, pour le final de la saison précédente. Avec le streaming, l'audience dépassa les 16 millions. Le piratage estimé dépassa les 90 millions.

Servi par Arya à ses amis Frey, le Treille Auré est considéré comme le meilleur vin des Sept Royaumes et a assuré la fortune de la Maison Redwyne, celle d'Olenna. Interdit aux gens du commun par son prix, il aura souvent été le breuvage préféré des saouleries de Tyrion. Même maudit par son père, être un Lannister a ses avantages.

Les membres notables de la Maison Frey sont nettement plus nombreux dans les romans que dans la série, qui en a condensé plusieurs. Le petit numéro d'Arya sera donc (éventuellement) plus compliqué à réaliser en solo  dans The Winds of Winter. Mais les bonnes volontés ne manquent pas, concernant les Frey.

Le destin d'Edmure (censé être prisonnier aux Jumeaux)  n'est pas indiqué et Arya ne semble guère s'en soucier.

Les divers extérieurs de Peyredragon ont été tournés en Espagne. Dany débarque ainsi sur la plage de Zumaia, sur le littoral du Guipuscoa, au Pays Basque. Cette importante station balnéaire  bénéficie effectivement de spectaculaires formations rocheuses en strates verticales, particulièrement riches en Iridium. Une théorie veut que le site soit dû  à l'écrasement d'un météorite voici 65 millions d'années, peut-être celle ayant causé le crépuscule des dinosaures. Le grand escalier de Peyredragon se situe non loin de là, sur la plage basque de San Juan de Gaztelugatxe, sur le site d'un ancien ermitage. Bien entendu des visites sont organisées pour les touristes.

Scénario : Bryan Cogman    
Réalisation : Mark Mylod

Résumé
Daenerys et Tyrion concoctent un plan pour conquérir les Sept Couronnes. Cersei prépare la riposte.

Critique
Un épisode tant qu’assez bavard, assez lent comme si toute l’action avait été concentrée dans la bataille navale finale.

Une bataille conclue un épisode qu’un duel a entamé. Duel verbal entre Daenerys, qui n’est pas née de la dernière pluie, et Varys envers qui elle a fort peu confiance. Avec courage et non sans panache, le maître espion fait face, ne nie rien, ne conteste pas mais se défend avec vigueur, avec des arguments et une profession de foi populiste surprenante. Entre la Reine « briseuse de chaînes » et le défenseur du peuple, il y a matière à coopération. Daenerys agrège d’autres curiosités : voici Melissandre qui lui dit, avec prudence toutefois - chat échaudé craint l’eau froide – qu’elle a un rôle à jouer dans l’avenir. Sans rire ? Plus intéressant, elle souhaite qu’elle prenne contact avec Jon Snow ; et Tyrion l’appuie. Le scénario essaye de nous faire croire qu’il n’y ira pas mais on notera que, dans cette scène, ce sont Sansa et Davos qui parlent ; pas Jon. Donc c’est évident qu’il y ira. Il a aussi une raison stratégique pour se rendre à Peyrdragon. L’échiquier bouge et, logiquement, le Fou aussi : Littelfinger a dressé l’oreille quand Jon a parlé d’aller voir Daenerys et il reprend ses manigances.

Une scène mérite qu’on s’y arrête : lady Olenna, pessimiste, affirme deux choses. La première, « la paix ne dure jamais », est autant un constat désabusé d’une vieille femme qui n’en a que trop vu qu’une absence d’espérance. Et surtout elle ne croit pas en une mission libératrice de Daenerys. Celle-ci est l’instrument de sa vengeance contre Cersei (et la Reine le sait) mais elle lui souffle tout de même un conseil terrible : « rester un dragon » ; sous-entendu ne tenez pas compte des conseils de Tyrion. Or, celui-ci joue un incontestable rôle modérateur auprès de Daenerys dont on a vu par le passé le penchant messianique. Le conseil de lady Olenna peut tout simplement pousser le daenerysme vers un totalitarisme.

La riposte s’organise évidemment à Port-Réal et il faut dire que le discours de Cersei est proprement apocalyptique ! Daenerys est présentée comme d’une « barbarie légendaire » (parole d’experte !) qui a « tué des nobles » (ça, c’est le pire). Plus important, son discours dénote un mépris souverain pour « les étrangers » et les Immaculés réduits à leur statut « d’eunuques ». Pur produit d’une aristocratie qui vit en vase clos, Cersei, adepte d’une diplomatie secrète, d’une sorte de « Grand Jeu » à la sauce westerienne, est non seulement incapable de comprendre les ressorts de la loyauté envers Daenerys, mais, surtout, de répondre sur le terrain proprement politique. Elle ne connaît que la force et la victoire navale d’Euron sur Yara et Theon lui donne la première manche.

Informations supplémentaires :
Bien que présente, Gwendolyne Christie n’a pas une ligne de texte.
La stratégie et la justification de Tyrion pour capturer Castral Rock, afin d’affaiblir la position de Cersei et Jaime et de montrer aux seigneurs de Westeros qu’ils ne sont pas invincibles, sont presque identiques au plan conçu par Robb Stark dans (3-9), qui n’a jamais été exécuté en raison des Noces pourpres. Cela ne s’est produit que dans la série, car dans les romans, Robb prévoyait d’abandonner sa conquête des Riverlands et de retourner dans le Nord, pour chasser les Fers-Nés.
Le titre de l’épisode fait référence à l’un des surnoms de Daenerys, qu’elle a gagné en raison du fait qu’elle est née à Peyredragon lors d’une énorme tempête, comme mentionné dans la première scène. C’est ainsi le deuxième titre (après 4-3 ) à faire référence à l’un de ses surnoms. Selon le scénariste Bryan Cogman, le titre original était « The Mad King's Daughter », un surnom utilisé par plusieurs personnages pour décrire Daenerys dans cet épisode, pour souligner le peu de respect qu’elle inspire à Westeros compte tenu de son ascendance et presque toute sa vie en exil à Essos.
Le baiser entre Ellaria Sand (Indira Varma) et Yara Greyjoy (Gemma Whelan) a été complètement improvisé selon les actrices.