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Série "Le Prisonnier" - The Prisoner

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Message  phildlm Dim 7 Nov 2010 - 21:22

Là nous divergeons totalement. C'est du grand n'importe quoi, du western dans Le Prisonnier, et pourquoi pas Le prisonnier sur la planète Mars, tant qu'on y est? En plus, la fin est décevante. Pas plus de 1 melon pour moi.

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Message  Dearesttara Dim 7 Nov 2010 - 21:40

C'est ton choix. Mais après tout, Harmony ressemble au Village, le western n'est qu'une toile de fond à un affrontement entre Numéro 6 et Numéro 2. Et un Numéro 2 particulièrement intelligent. La noirceur de l'épisode est je trouve bien amenée. Je reconnais que la fin est précipitée (d'ailleurs je mentionne qu'on peut la trouver un peu trop "pathos") mais elle est à l'unisson de l'ambiance de l'épisode.

Bon, j'ose à peine imaginer ce que tu penseras quand j'écrirai le dossier (ce sera pas une analyse, carrément un dossier !) sur Le Dénouement ! Je sens qu'on va passer de longues heures sur le sujet ! Razz

Je vais faire la critique de La Mort en Marche, étant donné mon goût pour le burlesque, conçois que je l'adore ! C'est même mon 3e épisode préféré de la série. C'est un peu l'équivalent du Clowneries de CMEBDC. Very Happy
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Message  Invité Lun 8 Nov 2010 - 8:10

Comme Phil DLM, épisode à zapper.
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Message  Nicolas Lun 8 Nov 2010 - 11:01

Pour moi,intégration réussie dans un cadre complètement différent des thématiques et des personnages habituels de la série,avec une fin féroce c'est vrai.Je comprends que l'épisode surprenne.Je le préfère à "la mort en marche" qui part vraiment dans tous les sens...
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Message  Dearesttara Lun 8 Nov 2010 - 21:25

J'aimerais savoir sur combien d'épisodes vous êtes d'accord avec mes notes, pour comparer... Very Happy

Pour les trois derniers épisodes, je mets 4/4 à chacun (et même 5 pour les deux derniers ! Razz). Vous connaissez maintenant les épisodes que j'aime. Nous pouvons comparer ! Very Happy
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Message  phildlm Lun 8 Nov 2010 - 22:44

Dearesttara a écrit:J'aimerais savoir sur combien d'épisodes vous êtes d'accord avec mes notes, pour comparer... Very Happy
A prendre avec réserve, melons déterminés à partir de notes attribuées il y a 2 ans selon un autre système de notation, de plus comme le suggère un épisode de la série il est possible que lorsque je le reverrai, je me dise "j'ai changé d'avis". Laughing

J'indique d'abord ta note, puis la mienne entre parenthèses:

L'arrivée 4 (3)
Le carillon de Big Ben 4 (3)
A, B et C 3 (3)
Liberté pour tous 3 (3)
Double personnalité 4 (4)
Le général 3 (1)
Le retour 3 (2)
Danse de mort 2 (1)
Echec et mat 3 (3)
Le marteau et l'enclume 4 (4)
L'enterrement 2 (4)
J'ai changé d'avis 3 (3)
L'impossible pardon 2 (2)
Musique douce 4 (1)
La mort en marche 4 (3)
Il était une fois 4 (1)
Le dénouement 4 (2)

Verdict: 7 notes identiques, 5 peu différentes (1 d'écart) et 5 très différentes dont 2 avec le maximum d'écart.
ta moyenne: 3,29
ma moyenne: 2,53
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Message  Dearesttara Lun 8 Nov 2010 - 23:42

Yaaah ! Ca me fait mal que tu cloues Il était une fois au pilori, c'est mon préféré !

Par contre 4/4 à L'Enterrement... Je ne suis pas le seul à être généreux ! Razz

Non, mais dans l'ensemble, on est plutôt d'accord. Peut-être changerais-tu quelques notes si tu le revoyais mais pour le moment, pas trop de différences. Sans doute, je supporte mieux le côté allégorique de la série et j'avouerai que la puissance du message apporté par la série m'a peut-être fait oublier ses quelques faiblesses (je n'ai mis aucun épisode à 1 melon car même un épisode aussi inabouti que Danse de Mort a selon moi, toujours quelque chose à sauver, ici, c'est bien entendu Mary Morris et Alan White qui permettent de contrebalancer le scénario qui à la fin devient foutrarque et le jeu pénible de Norma West...)

Je crois que nous divergeons surtout sur quelques (je dis quelques, pas tous) épisodes plus "allégoriques" comme Le Général et Le Dénouement. Bon, content que t'es pas mis 1/4 au dernier épisode, ça veut dire qu'il est pas si mauvais selon toi ! Very Happy

Bon, je prépare l'épisode suivant, une récréation pure ! Après la noirceur de l'épisode précédent, un bon bol d'air frais me fera du bien ! Very Happy

denis, quelles sont tes notes ? Question
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Message  Invité Mar 9 Nov 2010 - 9:16

Dearesttara a écrit:denis, quelles sont tes notes ? Question
Je vais te faire ça sous peu. En gros, les épisodes rationnels ont mes faveurs; tu devineras donc que Le dénouement n'en fait pas partie. Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 18 Iconwink
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Message  phildlm Mar 9 Nov 2010 - 22:48

Dearesttara a écrit: Bon, content que t'es pas mis 1/4 au dernier épisode, ça veut dire qu'il est pas si mauvais selon toi ! Very Happy

Bon, je prépare l'épisode suivant, une récréation pure ! Après la noirceur de l'épisode précédent, un bon bol d'air frais me fera du bien ! Very Happy
:
Je n'aime pas la conclusion du dernier épisode avec cette évasion bizarre, mais sa première partie est assez intéressante, d'où 2 et non 1.

J'aime bien "la mort en marche", belle récréation en effet, les références à Napoléon sont amusantes même si bien sûr venant d'Anglais elles sont négatives. (je crois surtout qu'ils sont jaloux de na pas avoir eu de personnalité de cette envergure...)
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Message  Dearesttara Mer 10 Nov 2010 - 0:51

J'adore Justine Lord dans cet épisode, elle joue vraiment bien la beauté mortelle ! love

Ah, en faisant un tour sur le forum du Rôdeur, j'ai appris qu'il y avait un autre hommage au Prisonnier dans Les Simpsons mais là, ce n'est que quelques secondes. Mais le clin d'oeil est croustillant ! C'est dans l'épisode Un coup de pied aux cultes (saison 9, épisode 13). Marge veut s'échapper d'une sect e dont les alentours sont truffés de pièges, elle les traverse tous... et voilà que le Rôdeur pointe le bout de son nez ! Le tout, avec la musique de Grainer, bien sûr !

http://www.les-simpson.me/un-coup-de-pied-aux-cultes-s09e13/

La scène commence à 13'48.

Néanmoins, le thème de l'épisode (l'emprise des sect es et leurs lavages de cerveau) ressemble à celui du Général dont McGoohan a dit que c'était aussi un épisode qui dénonçait le lavage de cerveau de la publicité. Or la dernière image de l'épisode voit les Simpsons regardant fixement la télévision qui capture leurs esprits ! Drôle et glaçant ! affraid
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Message  Cetp65 Mer 10 Nov 2010 - 13:04

Ah oui, je l'ai vu aussi celui-là. J'avais aussi compris la référence. Very Happy
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Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 18 Empty 15. La Mort en Marche

Message  Dearesttara Jeu 11 Nov 2010 - 21:38

15. The Girl who was Death – La Mort en Marche : 6 6 6 6

Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 18 Lepris16

Numéro 6 n’est plus dans le Village ! Il est toujours agent secret et est sur les traces de l’assassin d’un de ses contacts. Ce dernier, assassiné par explosion d’une balle de cricket (!), devait lui dire où trouver le professeur Schnipps, savant fou qui projette de détruire Londres avec une fusée ! Numéro 6 engage alors une folle course-poursuite contre une séduisante jeune femme qui prétend être La Mort en personne et qui sème sa course de pièges mortels auxquels Numéro 6 doit réchapper ! Où cela le mènera-t-il ? Et où est le Village dans tout ça ?

Un épisode dingo, dingo, dingo ! Pour la première et unique fois, après 14 épisodes sombres, la série s’offre un divertissement hilarant ! La Mort en Marche est au Prisonnier ce que Clowneries est à Chapeau Melon : de la parodie pure ! Tout réalisme est laissé de côté au profit d’un road-movie décapant, souvent incohérent, mais toujours jouissif ! C’est l’épisode qui s’écarte le plus de l’esprit de la série et donc peut déconcerter les spectateurs, peu habitués à une telle ambiance ! Mais on se prend rapidement au jeu. Car l’épisode est un savoureux pastiche comique à peine inavoué des séries et films d’espionnage britanniques qui étaient légion à l’époque (Chapeau Melon, Le Saint, Le Baron, L’Homme à la Valise… sans oublier James Bond, rôle qui fut proposé à McGoohan et que ce dernier déclina) ainsi qu’un hommage au plus british des détectives « british » : Sir Sherlock Holmes himself ! Puisque Numéro 6 adopte le déguisement du célèbre détective lors de la fête foraine…
Un des points forts de l’épisode est bien sûr le scénario givré de Terence Feely (qui avait déjà écrit le scénario complexe mais maîtrisé de Double personnalité) qui s’amuse comme un petit fou, dynamitant tous les codes du genre. Mais il n’oublie pas de procurer plusieurs scènes d’extrême tension comme le quintuple piège du village de Witchwood. Ainsi, c’est un divertissement de première qualité qui attend le téléspectateur !

On remarque d’abord que le visage de Numéro 2 ne nous est pas montré ici. Petit mystère qui se dissipe vite à cause du ton de l’épisode qui est donné dès la première scène : Une partie de cricket se déroule tranquillement. Une belle blonde se lève alors de sa chaise de spectatrice, et alors que le batteur, un vieil homme, envoie la balle très loin dans les fourrés, elle la remplace par une balle identique sans se faire remarquer. Le lanceur vient la rechercher, lance la fausse balle au batteur qui frappe la balle… et qui sous le choc explose tuant net le pauvre homme ! Cette fille ne fait pas dans la dentelle !

Après cette intro saisissante, l’épisode se poursuit dans la même veine. Toujours pas de Village en vue, nous sommes bien à Londres et Numéro 6, plus agent secret que jamais, discute avec un contact déguisé en cireur de chaussures. On peut s’étonner de l’absence du Village et ce retour à Londres mais après deux épisodes sans, on commence à s’habituer ! On suit donc l’intrigue, curieux de savoir ce qui va se passer. Dès le dialogue avec Potter, nous sommes dans le bain : c’est bien un épisode d’espionnage auquel nous assistons ! Enfin, nous allons voir Numéro 6 en agent secret en plein travail ! Cependant, cette mission va être un peu particulière ! Il n’y a qu’à voir l’air un peu ridicule de Potter ainsi que le gag du téléphone dissimulé dans un accessoire inattendu et que n’aurait pas renié Max la Menace, agent secret contemporain de Numéro 6 et adepte de téléphones biscornus !!

Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 18 Lepris17

Après que Numéro 6 eut pris ses instructions auprès d’un enregistrement (une scène pas dénuée d’humour !), il va donc jouer… au cricket ! Bien entendu, au poste de batteur ! Et ce qui doit arriver arrive : la fille substitue les balles ! Mais Numéro 6 se méfie et rattrape la balle à la main avant de la lancer… où elle explose net ! Premier jeu mortel de la belle, il y’en aura d’autres !
Ensuite, Numéro 6 se rend au bar où il se fait empoisonner de manière inattendue ! Mais ce dernier a un remède de choc ! La scène est irrésistible avec les airs stupéfiés de la serveuse et notre héros qui ingurgite plus ou moins stoïquement son cocktail à réveiller les morts ! (A la fin, son air un peu pompette déchaîne le rire !). Et de deux !
Puis, il se rend aux bains turcs où il manque de mourir asphyxié ! Il s’en sort d’extrême justesse et se voit invité à aller à une fête foraine !

On remarquera que ces scènes qui auraient dû provoquer la tension se voient constamment désamorcées par l’humour des situations et en premier lieu le flegme de Numéro 6 qui subit ces sinistres jeux tout en restant parfaitement maître de lui ! Steed a-t-il trouvé un rival ? Et puis, on ne peut s’empêcher d’être troublé par le charme vénéneux de la fille qui met en place ses pièges toujours le sourire aux lèvres et qui ne semble aucunement gênée que Numéro 6 triomphe de ses chausse-trappes ! Elle joue bien sûr en effet au jeu du chat et de la souris (qui est d’ailleurs le nom du pub du Village !) et semble prendre un malin plaisir à imaginer des coups de plus en plus tordus, satisfaite de trouver un adversaire à sa taille ! Et c’est cette situation rocambolesque qui fait qu’on ne peut prendre au sérieux un tel épisode ! Dès le début, nous avons un épisode d’espionnage mais constamment décrédibilisé !

Changement de décor, Numéro 6 doit maintenant batailler contre un champion de boxe mais qui n’est pas méchant et même plutôt timide ! A quoi pouvait donc bien carburer Terence Feely pendant qu’il écrivait ça ? Après avoir échappé sans faire exprès à un 4e piège inattendu, Numéro 6 essaie de retrouver l’inconnue qui prend un plaisir grinçant à se montrer et le saluer gaîment puis disparaître, entraînant Numéro 6 dans un course échevelée à travers la foire pour la retrouver où elle n’arrête pas de jouer avec des fausses pistes qui ne font qu’égarer notre pauvre détective ! Une succession rythmée de petites saynètes humoristiques qui cassent toute tension et qui n’est pas sans être un peu vertigineuse… et drôle !

Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 18 Lepris18

Après l’avoir bien fait courir, la belle part en voiture, suivie de près par son poursuiveur.

On remarquera que le déguisement que porte Numéro 6 dans la fête foraine est un costume de Sherlock Holmes ! Or, avec un tel déguisement, on ne passe pas inaperçu ! Et c’est ce décalage qui rend cette partie amusante !

Suit une poursuite en voiture plus proche de la balade bucolique et accompagnée par une musique moqueuse au bord du fou rire ! Poursuite qui devient un temps psychédélique par un bizarre artifice employé par la belle.
Enfin, ils arrivent dans un petit village abandonné où Numéro 6 va être confronté à pas moins de cinq pièges consécutifs qui vont en crescendo dans le spectaculaire : une mitraillette folle, une trappe avec des pointes électrifiées, un champ de mines, des bougies farcies au cyanure et pour terminer un bazooka !!! Surréalisme pur ! Mais ces scènes-là sont beaucoup plus intenses que les précédentes. Numéro 6 se trouve dans des situations bien plus extrêmes et la tension est bien plus présente (surtout le piège de la trappe au suspense réellement hitchcockien) et ce ne sont pas les commentaires légers de la fille entre chaque piège qui vont relâcher la pression ! Au contraire, sa voix naturellement calme et enjôleuse stresse bien davantage !

Cette partie de l’épisode jouent aussi beaucoup sur les sous-entendus. L’élégant costume de Numéro 6 et la belle robe de « La Mort » font presque costumes de mariés ! Les halètements de Numéro 6 et le plaisir dans la voix de la belle sont sans équivoque. Mais ce sont bien entendu ses commentaires qui sont les plus croustillants : elle compare chaque épreuve à un jeu amoureux (nid d’amour, les chandelles, les fenêtres fermées, l’atmosphère intimiste des lieux…) comme quoi, l’amour et la mort, c’est tout un dans cet épisode ! En effet, la belle se dit amoureuse de Numéro 6 et veut « l’aimer à sa façon » en le tuant de manière superbe ! Pendant tout l’épisode, elle lui fait des déclarations d’amour qui sont en même temps des condamnations à mort ! Un esprit aussi tordu que celui de cette dame qui se prend pour « La Mort » en personne n’est pas monnaie courante et contribue à l’ambiance fofolle de l’épisode.

Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 18 Lepris19

Numéro 6, ayant feint sa mort suit la fille jusqu’à un phare. Il y entre sans se faire remarquer. Nous voyons enfin le docteur Schnipps qui souffre d’un complexe Napoléonien : il se prend pour l’Empereur et sa garde rapprochée (assez abrutie !) est également en costumes ! Quand on voit ce savant fêlé du bocal, on comprend mieux le caractère tordu de Sonia (le vrai nom de « La Mort ») : il est aussi fou qu’elle si ce n’est plus ! Ca va être bientôt l’heure et Numéro 6 doit se dépêcher s’il veut empêcher que la fusée décolle ! Pendant qu’il s’introduit dans le phare (une invasion très drôle !), Schnipps/Napoléon sermonne ses gardes, il est grotesque et caricatural mais décidément très comique. Sonia est égale à elle-même : charmante et vénéneuse. Numéro 6 monte un plan complètement déjanté pour se débarrasser des gardes (qui comporte également une bonne bagarre) et il fonctionne à merveille pour la plus grande joie de nos zygomatiques ! Le problème est qu’il se fait capturer par… eh oui ! Encore Sonia ! Ce qui permet une scène qui relève du cliché éculé mais ici, judicieusement revisitée : Numéro 6 est ligoté et il doit se libérer avant la fin du compte à rebours ! De 007 à aujourd’hui, on ne compte plus ces scènes-là mais Numéro 6 retourne la situation en sa faveur (de manière peu crédible et assez absurde mais tout est absurde dans cette histoire !) et l’aventure semble se conclure enfin par une splendide explosion… quand survient la chute, inattendue et drôle à la fois, prenant totalement à contre-pied le téléspectateur !

Hélas, cette chute, bien que drôle, est très incohérente et ne termine pas l’épisode dignement. Le procédé est un peu facile, rendant la fin inaboutie et maladroite. Sans doute le seul point faible de l’histoire. Heureusement, la dernière réplique de Numéro 6 permet à l’épisode de ne pas se terminer sur une mauvaise note. Cette réplique peut en effet être interprétée dans plusieurs sens : s’adresse-t-elle à Numéro 2 et son assistante… ou bien à nous-mêmes qui avons suivi l’histoire aussi sagement que des enfants ?

Bref, le scénario de Terence Feely, malgré une fin moyenne, est d’une dinguerie absurde assumée et tout à fait irrésistible ! Enchaînant les situations cocasses à vitesse grand V, cet épisode, totalement en dehors de la série, séduit par son audace et son humour ravageur sans occulter quelques moments de tension très JamesBondiens. Un des scenarii les plus loufoques jamais écrit pour la télévision dans la lignée d’un Caméra meurtre ou d’un Clowneries.
La réalisation de David Tomblin, comme la précédente est absolument fabuleuse : faussement tranquille au début elle devient aussi rapide et tonique que l’épisode dès que la poursuite commence ! Elle ne permet aucun temps mort. Montage très rapide, effets lumineux remarquables (le tunnel de l’amour…) et surtout une avalanche de gros plans et plans américains alternés, dynamique et vigoureuse qui ne lasse jamais (les pièges du village par exemple). On retiendra également la rotation « verticale » de la caméra sur elle-même pendant la scène « psychédélique » de l’autoroute. En un mot : Im-pé-rial !
Evidemment, les acteurs couronnent cet épisode hors normes : Patrick McGoohan s’autoparodie en agent secret, montrant qu’il est capable de jouer la comédie avec délices. Il réussit l’exploit de jouer un agent consciencieux et professionnel avec un côté comique non dissimulé : le voir en Sherlock Holmes, en officier de l’Empereur ou voir la réalisation de son plan dans le phare est un spectacle à ne pas manquer ! Un John Drake très Steedesque dans sa manière de se déguiser ou d’agir !
Justine Lord incarne une « Mort » charmante et perverse. Sa façon de mélanger son « amour » avec ses pulsions de mort est la base d’un numéro éblouissant pour l’actrice. Son visage doux mais surchargé de maquillage lui donne une face diabolique avec ses sourires ironiques, sa voix mielleuse et son charme cruel… une des femmes les moins recommandables de la série (avec Angela Browne et Rachel Herbert) ! Elle joue admirablement bien cette fille foldingue qui prend autant de plaisir à piéger son poursuivant qu’à le voir s’en tirer.
Kenneth Griffith, même s’il n’apparaît qu’une dizaine de minutes, campe un « Napoléon » inoubliable : cabotinant joyeusement dans la mégalomanie hé-nau-rme et l’idiotie, il est vraiment régalant. Il délaisse toute nuance pour devenir un Diabolical Mastermind saisissant, un des adversaires les plus mémorables de Numéro 6 sans aucun doute ! Sa performance dans Le Dénouement, encore plus paroxystique, confirmera le génie de ce comédien.

Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 18 Lepris20

Les seconds rôles sont peu nombreux mais la réapparition de Christopher Benjamin permet une scène poilante avec McGoohan, son air indissolublement sérieux a l’effet inverse et est furieusement drôle. Sheena Marsh, en jolie serveuse qui passe du sourire à la stupeur en quelques secondes est tout aussi bien, et « le tueur » du ring est campé par un Michael Brennan inquiet et pas si sûr de lui, offrant un aspect irréaliste à la scène !

La musique est tout simplement la meilleure composition de la série ! Comme celle de Laurie Johnson pour Clowneries, elle est toujours en décalé avec l’histoire : musique baroque, danse virevoltante de flûtes ou de violons, cuivres rigolards, ritournelles allumées… sans oublier bien sûr des brusques sonorités inquiétantes lors des scènes de tension mais dans l’ensemble, cette musique épouse le côté parodique de l’intrigue.

Allez, les enfants, c’est la fin de la récréation ! Retour au Village dans le prochain épisode !




L’idée du scénario est de David Tomblin, il l’aurait eue en tête alors qu’il s’ennuyait pendant un épisode de Destination Danger. L’idée du scénario fut prévue pour donner un épisode de Destination Danger mais cela ne se fit pas. Comme les scénaristes du Prisonnier n’avaient plus d’idées, on ressortit l’idée de Tomblin qui la soumit à Feely pour qu’il écrive une histoire dessus. (Bonus DVD)

Pas moins de trois points communs avec les Avengers dans cet épisode ! Juste après la scène avec Potter, « La Mort » espionne Numéro 6 en se faisant passer pour un mannequin de boutique ! Cela aurait-il inspiré Purdey qui adopta la même tactique (mais avec moins de succès !) dans Le S95 (saison 7) ?
Ensuite, le second piège où tombe Numéro 6 est un verre d’alcool empoisonné avec au fond du verre l’inscription You have just been poisoned ; ce qui n’est pas sans rappeler l’épisode Meurtres à épisodes (saison 5) et son inscription analogue (You have just been murdered !). D’ailleurs, l’épisode de Chapeau Melon comporte une scène tout à fait semblable : celle où Rathbone croit s’être empoisonné avec un verre d’alcool avec l’inscription Poison au fond !
Enfin, le méchant de l’épisode : Schnipps est un véritable Diabolical Mastermind au sens le plus Avengeresque du terme ! Ce fou mégalo aurait eu parfaitement sa place dans la série ! (Ainsi que l’épisode, tout bien considéré !)

Numéro 6 manque de périr pas moins de 10 fois des jeux mortels de Sonia !

La réapparition du personnage de Potter, comparse occasionnel de John Drake dans Destination Danger, a fait penser que Numéro 6 est en fait John Drake (ce qui était au départ prévu par McGoohan) puisqu’il est incarné par le même acteur et de plus, la discothèque où il travaillait dans Destination Danger (notamment dans l’épisode Korochi, en couleur), réapparaît dans cet épisode. Cependant, Christopher Benjamin n’est pas de cet avis et pense qu’il ne s’agit pas du vrai Potter (ou alors son frère plaisante-t-il !), d’ailleurs McGoohan l’avait prévenu qu’il s’appellerait Potter dans l’épisode mais que ce ne serait pas le Potter original. Un simple clin d’œil alors ? (Bonus DVD)

Justine Lord change 9 fois de costume ! Et ils sont tous blancs !

Bizarrerie de la VF : en VO, lors de la scène du tunnel de l’amour, Sonia salue Numéro 6 en disant Auf Wiedersehen ! Mais en VF, ça devient Arrivederci !

L’acteur qui joue le lanceur de balles lors des parties de cricket s’appelle… John Drake !! McGoohan le savait-il ? On l’ignore…

Le Numéro 2 de l’épisode n’apparaît qu’après 36 minutes ! C’est l’entrée la plus tardive pour un Numéro 2 dans la série.

La voix du chef est en réalité celle d’Alexis Kanner (qui joue le Kid dans Musique douce et Numéro 48 dans Le Dénouement). Il joue aussi dans cet épisode le rôle d’un photographe. Son nom n’est pas crédité au générique.

Deuxième et dernière fois où Numéro 6 porte une moustache ! (La première fois, c’était dans Double personnalité). Il a un remède de choc contre les poisons : un cocktail de cognac, whisky, vodka, alcool de prunes, Tia Maria, Cointreau et Grand Marnier ! Voilà un remède qui n’aurait pas déplu à Steed ! On remarque par ailleurs qu’il se débrouille plutôt bien à la boxe !

Pour la première et dernière fois de la série, le nom de Patrick McGoohan apparaît aussi au générique de fin ! Il joue le rôle du « Prisonnier » (et non « Numéro 6 »).

Il y a des enfants dans Le Village ! (On les avait cependant entraperçus au début de L’Impossible Pardon.) Que font-ils ici et qui sont-ils ? On ne le saura sans doute jamais…

Deux petites erreurs de continuité : Lorsque Numéro 6 poursuit Sonia qui veut s’échapper de la foire, il a un parapluie en main gauche… mais il a disparu au plan suivant ! De même, lors de la poursuite en autoroute, il est clairement visible que ce n’est pas McGoohan qui conduit dans les plans éloignés mais sa doublure ! (Bah oui, les plans "éloignés" ici, ne le sont pas assez !)



Justine Lord (1938) s’est tournée d’abord vers le théâtre classique avant d’enchaîner plusieurs seconds rôles à la télévision dans les années 60. Elle a joué dans beaucoup des séries populaires de l’époque : L’Homme à la Valise, Le Saint (7 épisodes), Crossroads (9 épisodes, rôle de Kelly), The Troubleshooters (6 épisodes, rôle de Steve Thornton)… ainsi que dans quelques téléfilms comme une adaptation de Jane Eyre (rôle de Blanche Ingram) de Charlotte Brontë. Elle a mis fin à sa carrière au milieu des années 70. Dans Chapeau Melon et bottes de cuir, elle a joué le rôle de Jeannette dans Combustible 23 (saison 2).

Kenneth Griffith (1921-2006) est un comédien complet : il commence très tôt le théâtre (à 16 ans !) au Cambridge Festival puis commence une carrière de petits rôles dans plus d’une centaine de films au cinéma à partir de 1942. Le cinéma l’occupe jusque dans les années 60 où il ajoute les téléfilms à son palmarès, plus que les séries où il a finalement peu joué (on retiendra un rôle dans le dernier épisode de Destination Danger). Il a par la suite réalisé beaucoup de documentaires sur des personnalités historiques (Churchill, Hitler, Thomas Paine, David Ben Gurion, Nehru… mais aussi Napoléon Bonaparte !!!). Son professionnalisme, sa fierté et son refus des compromis a malheureusement fait que sa carrière connut plusieurs coups de frein car il allait à contre-courant des idées reçues mais il fut reconnu plus tard comme un maître en la matière (tout comme ses prestations en tant qu’acteur). Il se fit plus rare dans les années 90, consterné par "l’indigence croissante de la télévision". On notera une apparition en vieil homme un peu fou lors du premier mariage de Quatre mariages et un enterrement (1994). Il reviendra dans Le Dénouement dans le rôle du Juge en livrant un numéro absolument époustouflant, dans la lignée de cet épisode. Il n’est donc pas étonnant si ce sont ses rôles les plus fameux.

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Christopher Benjamin (1934) est un acteur britannique qui a consacré sa vie au théâtre. Il est reconnu pour être un des meilleurs comédiens anglais à ce jour. Il a aussi joué dans beaucoup de séries. Il avait déjà joué dans la série le rôle du manager dans L’Arrivée et une courte apparition au début du Carillon de Big Ben. Il est un visage familier des Avengers car il apparaît trois fois dans des rôles mémorables : l’hilarant Hooter dans Comment réussir… un assassinat ? (saison 4), l’effrayé Whittle dans Interférences (saison 5) et l’excellent Swindin dans Double personnalité (saison 6).


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Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 18 Empty 16. Il était une fois

Message  Dearesttara Jeu 18 Nov 2010 - 13:24

16. Once upon a time – Il était une fois : 6 6 6 6

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Numéro 2, voyant que toutes les tentatives de ses prédécesseurs n’ont pas abouties, décide un choix hautement risqué : l’épreuve du « degré absolu ». Soit une confrontation à huis-clos entre lui et Numéro 6, sous l’œil du Majordome muet. Le Numéro 6, pendant son sommeil, subit une sorte de lavage de cerveau et retourne en enfance, sa faiblesse mentale provisoire est exploitée par Numéro 2 qui veut lui soutirer l’information tant désirée : pourquoi a-t-il démissionné ? Ce duel psychologique, dernière épreuve de Numéro 6, sera sans merci et à fleur de peau. A la fin de la semaine, un seul des deux antagonistes aura survécu à l’épreuve, l’autre sera mort…

Il était une fois est l’avant-dernier épisode de la série, il ouvre la voie à l’épisode final qui s’y enchaîne. Cet épisode est certainement le plus éprouvant psychologiquement de la série car nous sommes à l’étape ultime et par conséquent, il faut une épreuve ultime, celle qui mettra le plus en danger Numéro 6, qui le poussera dans ses derniers retranchements. Cet épisode est en fait une pièce de théâtre réduite à seulement trois personnages : Numéro 2, Numéro 6, et le majordome qui regarde la scène ; le superviseur n’apparaissant qu’à la toute fin. Huis-clos épique, folie latente, violence psychique permanente, schizophrénie croissante… cet épisode est d’une intensité rarement égalée à la télévision, les répliques tranchantes, les situations extrêmes, la mise en scène épurée, l’investissement prodigieux des acteurs… tout concourt à faire de cet épisode un captivant chef d’œuvre absolu, souvent cité dans les meilleurs épisodes de la série.
Malgré le titre évoquant le doux univers de l’enfance, cet épisode est un vrai cauchemar éveillé qui, s’il prend un peu de temps à démarrer, ne lâche plus le téléspectateur dès que le duel commence.
L’épisode est très important dans la mesure où, avec Le Dénouement, tout est dit explicitement : corruption, aliénation, conformisme… le message de dénonciation de la série passe au stade supérieur : les mots, les paroles se joignent aux actes, la société, par l’intermédiaire de Numéro 2 (et le Juge dans Le Dénouement) qui nous parle directement, délivrant son infamant message de soumission. Plus besoin de scènes allégoriques, la Communauté s’adresse à nous directement, donnant à l’épisode une force supplémentaire.

L’introduction est très déconcertante car elle met en scène un nouveau Numéro 2 qui s’avère être celui du Carillon de Big Ben, mais il est cette fois moins débonnaire et plus préoccupé. Irascible, il s’emporte contre le Majordome, regarde avec colère sur l’écran l’impassible Numéro 6, tourne rageusement les pages de son dossier pendant que défilent des flash-backs et le comble : il parle autoritairement et presque méchamment à son supérieur ! (Numéro 1 ?) Un Numéro 2 très atypique, s’emportant contre ses chefs et ne se laissant pas faire ! Il demande, puisqu’ils ont tout essayé pour faire parler Numéro 6, de lui faire passer le degré absolu, une expérience très risquée et peu pratiquée qui se déroulera dans "la chambre d'embryon".

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Le fait qu’il tente cette dangereuse expérience en fait un personnage hors du commun dans la série.
Numéro 6, endormi dans son lit, subit dans son sommeil une attaque mentale assez effrayante, commandée par le superviseur et qui en fait une sorte de lavage de cerveau. Ensuite, vient une sorte d’hypnose (qui durera toute la nuit) via une lampe clignotante, sous l’œil de Numéro 2.
Malgré son assez longue durée (dix minutes), l’introduction prépare efficacement la suite.

Le lendemain matin, nous comprenons tout : Numéro 6 est retombé en enfance !! Il se comporte comme un gamin tandis que Numéro 2 joue le rôle du « père ». Il sourit benoîtement, ouvre de grands yeux, mange une glace devant les airs paternalistes de Numéro 2, etc. !
Nous arrivons ensuite dans les souterrains où nous apprenons que, par la volonté de Numéro 2, ils (et le majordome) vont être enfermés dans la chambre d’embryon (salle comportant des objets d’enfant et une cage aménagée en appartement) pendant une semaine. Personne ne peut y entrer et sortir durant ce laps de temps, et l’un des deux antagonistes mourra fatalement à la fin de l’expérience… les enjeux sont posés !

Tout l’épisode repose sur un monologue (Acte II, scène 7), extrait de la pièce de Shakespeare (cité par Numéro 2) Comme il vous plaira où l’écrivain décrit les sept âges de la vie d’un homme : la petite enfance, l’enfance, l’amoureux, le soldat (entendez, la fin de ses études et ses débuts dans la vie active), le juge (où il acquiert l’expérience et la sagesse), la vieillesse (où il commence à s’affaiblir), et enfin la démence mentale précédée de la mort. Et en effet, excepté « l’amoureux » (ce qui fait… 6 âges !), Numéro 6 va revivre toute sa vie en accéléré grâce à des mises en scène simples mais efficaces de Numéro 2 et du majordome. En même temps, l’épisode parvient à un haut degré de symbolisme, accentué par le jeu des comédiens.

La petite enfance : Numéro 6, à l’état de petit enfant, est sous la coupe de son « père » (joué par Numéro 2) mais il y a encore en lui des sentiments de révolte qui affleurent, témoin, la scène de la balançoire à bascule où il fait un premier geste de défi. Certes, cela peut s’interpréter comme un caprice d’enfant mais peut-être aussi comme une première révolte contre les tentatives de Numéro 2 qu’il refuse d’appeler « Père ». La partie s’annonce difficile ! Par une subtile transition, il est poussé vers l’école.

L’enfance : La tension monte fortement dans cette scène. Numéro 6 est convoqué chez le directeur (Numéro 2). Il veut que Numéro 6 dénonce un petit camarade qui a parlé en classe mais il refuse. Cette scène en apparence anodine prend une grande signification ici. Numéro 2 veut soutirer une information à « l’élève », écho du secret véritable de Numéro 6 et ce dernier refuse de le lui dire. Son impertinence enfantine est une image de sa réelle détermination résolue. Pour finir, Numéro 6, par un réflexe inconscient, fait un blocage sur le chiffre 6 qui va tout au long de l’épisode passablement irriter son adversaire. Le châtiment (administré par l’obéissant majordome) qui résulte de la scène ne suffit pas à faire changer d’avis notre héros.
La scène suivante montre Numéro 2 remettre un prix au « meilleur élève » : Numéro 6 bien sûr, comme récompense de son « obéissance ». Le discours de Numéro 2 est effrayant : il est l’allégorie de la communauté qui demande une obéissance totale de ses sujets, sujets réduits à des numéros dans le Village. La communauté, par lui, demande la soumission totale de l’individu mais Numéro 6, même « adolescent » ne l’accepte pas et refuse de dire pourquoi il a démissionné. Vient alors une première explosion : la forte empoignade entre Numéro 6 et Numéro 2 gueulant à qui mieux mieux (WHY DID YOU RESIGN ????? NOOOOOOOOOOO !!!!!) avant d’en venir aux coups !

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La crise d’indépendance qui frappe tout adolescent est un prétexte à une scène intense entre Numéro 6, gardant son secret et Numéro 2 qui veut lui arracher ! Ce conflit finit par s’arrêter mais de manière assez surprenante !
Dernier rappel de l’enfance : Numéro 2 veut réapprendre l’alphabet à Numéro 6 tout en lui faisant dire « six » mais obstiné, il répète « cinq » ! Suit alors un échange nonsensique avec Numéro 2 hurlant et Numéro 6 fredonnant des comptines, symptomatique de la folie qui s’empare d’eux.

Ces deux périodes évoquent la fragilité de l’esprit de l’enfant qui trouve sa voie selon l’éducation qu’on lui donne ; pervertir un enfant est très facile et ces quatre scènes « enfantines » résonnent comme une dénonciation de la mauvaise éducation que l’on peut donner à un enfant que ce soit par les parents ou par une éducation scolaire rigide et aliénatrice… ce qui n’est pas sans évoquer certains problèmes rencontrés par l’éducation aujourd’hui ! Ce sont des échos du Général.

Le « soldat » : Numéro 6 est formé par son entraîneur sportif (Numéro 2 encore) à la boxe et à l’escrime. Dans le premier cas, à force de boxer, Numéro 6 s’épuise et Numéro 2 profite de sa faiblesse pour lui demander pourquoi il a démissionné, la réponse de Numéro 6 sera cependant sans appel ! Quelle ténacité ! Vient ensuite l’escrime où Numéro 6 désarme Numéro 2, il a alors la possibilité de le tuer car les épées sont réelles ! La scène est intense : Numéro 6 aura-t-il la force de passer son bourreau au fil de son épée ? La réponse ne sera pas celle que l'on croit ! Cette scène est-elle le symbole de nos pulsions meurtrières qui couvent en chacun de nous et que nous réprimons par peur ou par principe ? Quoiqu’il en soit, ce nouveau climax saisit profondément le téléspectateur par sa puissance psychologique et par la qualité des combats : ils sont très bien réalisés et énergiques !

Vient ensuite la vie active : Après s’être rasé (signe que Numéro 6 est désormais un homme), il cherche un travail dans une banque et passe un entretien d'embauche qui est en fait celui qu'il a eu en postulant dans les services secrets. Mais Numéro 6, alors qu’il roulait dans sa petite voiture de gamin, est arrêté par un policier (le majordome) qui lui passe les menottes et le mène au tribunal, chez le procureur (Numéro 2 évidemment !)

Le « Juge » : encore une scène mémorable. Numéro 2, en juge (anticipant le Juge du Dénouement) harcèle Numéro 6, sous prétexte qu’il a fait un excès de vitesse.

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En réalité, il cherche à le déshumaniser, lui faire prendre conscience qu’il n’est qu’un numéro, une unité du Village, ce à quoi le prisonnier, bien que dangereusement affaibli mentalement, proteste. Numéro 2, en furie, tente de faire craquer Numéro 6 en le condamnant, en le culpabilisant, en niant son individualité et en cherchant à le faire accepter l’étiquette de Numéro 6. La scène devient de plus en plus forte jusqu’à ce que le Juge, tempêtant, l’enferme dans la cage-appartement qui devient une prison.
Mais Numéro 6, bien qu’au bord de la folie, continue de résister et cela donne lieu à une scène démente : Numéro 2 et Numéro 6 ne cessent de crier l’un contre l’autre, aucun ne veut céder du terrain à son adversaire mais Numéro 6 est prêt à se laisser tuer plutôt que d’avouer son secret. Comme s’il avait acquis la sagesse de savoir mourir pour ses idées. Les cerveaux des protagonistes sont manifestement détraqués tellement leurs comportements sont ceux de malades mentaux. Eprouvant !

Numéro 6 avoue cependant avoir déjà tué à la guerre. Qu’à cela ne tienne, Numéro 2 maintient la pression sur Numéro 6 en appuyant sur ce point en lui faisant revivre cette époque en mettant en scène un larguage de bombes (Numéro 6 cependant refuse de dire le chiffre 6 du compte à rebours) puis en l'interrogeant sur ses actions : Numéro 6, voguant dans un autre monde, tient bon et nous nous apercevons qu’il retrouve peu à peu sa tête, et qu’il combat les effets du degré absolu en disant « 6 » et en demandant à dîner ! Ellipse, suspense…

Le finale de l’épisode débute alors avec la vieillesse, la seconde « enfance » où les effets pervers du degré absolu se dévoilent enfin, dérangeant considérablement le cerveau pour celui qui lâche prise face à son adversaire. En effet, il y a comme une répartition de la force mentale entre eux deux qui finit par aller en faveur de celui qui réussit à prendre un avantage sur l’autre, laissant l’autre craquer. Ceci explique l’apparente bizarrerie de la situation au début de la scène, fausse séance psychanalytique qui pourtant est le seul moment de répit dans l’épisode.
Cette brève pause est balayée net lorsque le compte à rebours se déclenche donnant lieu à un dernier duel final stressant à souhait, résultat final de l’expérience degré absolu. Car il est l’heure de passer au dernier âge : la folie démentielle qui vous saisit avant de mourir… la terreur monte alors dans la scène tandis que l’on se rapproche de la fin du temps, que les secondes fatales s’écoulent, que les personnages partent dans un délire cinglant, que les mots perdent leur sens jusqu’à devenir des fatrasies sonores, sans queue ni tête… le climax de l’épisode est superbement agencé, on attend, haletant, la fin, sans cesse différée par le ralentissement du temps et la situation qui semble sans issue. Cette attente insoutenable est accrue par le jeu des comédiens en roue libre.

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Le suspense prend fin lorsque le compte à rebours se termine, nous laissant admirer le tableau final en silence. Mais l’épisode n’est pas encore fini : le Superviseur apparaît et le dialogue final nous fait comprendre qu’enfin, nous allons voir l’insaisissable Numéro 1 ! L’épisode s’enchaîne en effet avec le finale – Le Dénouement – qui va clôturera la série. Pour le moment, quittons l’épisode avec cette dernière vue de la chambre d’embryon, déserte, en attendant de voir ce qu’il y a à l’extrémité du couloir souterrain

Le scénario de Patrick McGoohan est un voyage au bout de l’angoisse, culminant dans la scène finale. Ce huis-clos théâtral avec seulement deux personnages (et la présence persistante du Majordome, qui a un rôle plus étendu que de coutume) tient tout entier au jeu des interprètes. Puissamment anxiogène, l’histoire ne lâche jamais le spectateur et semble être en même temps une dénonciation des pernicieuses influences extérieures qui peuvent nous déposséder de nous-mêmes. Les scènes, plus ou moins grotesques parfois, anticipent l’aspect grand-guignolesque mais à la profondeur ô combien vertigineuse de l’épisode final. Sa mise en scène, bien qu’épurée, se révèle redoutablement efficiente. La caméra, au plus près des comédiens, fait oublier les décors volontairement minimalistes. Elle donne la part belle aux gros plans qui nous font très bien voir les émotions sur les visages des personnages qui portent l’épisode sur leurs épaules. Ainsi pas de fioritures, rien qui abaisse la tension. Magnifique !

Patrick McGoohan et Léo McKern sont inoubliables : rages hallucinées, délires sans limites, explosions brutales de colère, dialogues déréglés… un épisode de fous ! Repoussant leurs limites de jeux de façon inimaginable, ils deviennent à part entière leurs personnages, faisant des compositions virtuosissimes qui ne sont jamais pesantes ou lassantes mais saisissent les tripes les spectateurs. La pression permanente crée par le scénario maintient les acteurs dans un état second qui trouvent là leurs plus beaux rôles où rien n’est laissé au hasard : un regard, un chuchotis, une attitude... tout est calculé, millimétré dans les moindres détails. Cette recette est aussi un des succès du Dénouement.
Angelo Muscat est presque toujours dans l’œil de la caméra, regardant les scènes se dérouler sans aucune émotion, ne faisant qu’obéir aux ordres qu’on lui donne. Sa présence/absence contribue à l’atmosphère de l’épisode. Son visage fermé est un contrepoint à l’hyperexpressivité du duo central.
Peter Swanwick est un Superviseur froid qui ne fait pas baisser la pression à la fin de l’épisode, même après le climax, qu’est-ce qu’il est inquiétant !

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La musique n’est pas très présente mais elle évoque souvent l’enfance par son registre aigu et ses ritournelles subtiles. Elle a donc tout à fait sa place.




Aka. Degree Absolute (Degré Absolu)

Il s’agit de l’épisode préféré de Patrick McGoohan (Bonus DVD).

Le scénario fut écrit par McGoohan sous le pseudonyme d’Archibald Schwarz. Mais au générique, c’est bien son vrai nom qui apparaît.

Cet épisode fut le 6e tourné en ordre de production. En effet, l’effervescence qui régnait sur le plateau était telle qu’on envisagea la fin bien avant le terme des 17 épisodes. On tourna donc cet épisode annonciateur du finale en plein milieu de la production (ce qui explique que George Markstein soit encore crédité au générique). (Bonus DVD)

Plusieurs membres de l'équipe de la série pensent que le fait que cet épisode fut tourné tôt démontre que Patrick McGoohan avait la fin en tête, sinon une approche globale de la série. (Bonus DVD)

Le tournage de l’épisode fut terriblement chaotique, en particulier pour Leo McKern. Il explique qu’il était impossible de travailler avec McGoohan qui ne faisait qu’hurler et se plaindre, mettant la pression sur tout le monde. McGoohan et McKern furent même atteints de schizophrénie tellement leurs rôles, trop intenses, avaient pris le dessus sur eux (ce qui est visible à l’écran). McGoohan harcela McKern a tel point qu’après 9 jours d’un tel régime, McKern flancha et fit une dépression nerveuse qui dura 3 jours, on craignit même pour sa vie ! McKern eut beaucoup de mal à reprendre le cours de l’épisode. D’après Brendan Stafford, membre de l'équipe de tournage, les acteurs ne jouaient plus, ils étaient devenus leurs personnages ! (Bonus DVD)

Malgré cette terrible épreuve, McKern reconnut que – même à l’agonie – il s’était bien amusé ! (Bonus DVD)

Qui prononce dans les dernières minutes le mot « Die ! » ? Numéro 6 ? Numéro 2 ? ou bien… le Numéro 1 ?!! On ne le sait toujours pas !

Il y a un rideau de théâtre devant l’écran de Numéro 2, cela accentue le côté « mise en scène » de la série (et particulièrement de l’épisode) qui s’inscrit pourtant dans le réel.

Les flashbacks du début de l’épisode nous montrent des extraits des épisodes L’Arrivée, Le Carillon de Big Ben, Liberté pour tous et Danse de Mort.

Le « rat » mentionné par Numéro 6 au début de l'épisode peut être soit un mot d’impertinence soit une référence au Hamlet de Shakespeare (qui a crée le canevas de l’épisode) où Hamlet, simulant la folie, parle de « rat » en tuant Polonius. Dans les deux cas, ce mot n’est sans doute pas laissé au hasard

John Maxim (Numéro 86) est crédité au générique bien que ses scènes furent coupées au montage final.




Leo McKern (1920-2002) a joué dans plus de 200 films et séries, il fut parallèlement comédien de théâtre. Il jouait déjà le Numéro 2 dans Le Carillon de Big Ben, rôle qu’il reprend dans cet épisode et qu'il jouera de nouveau dans Le Dénouement . Sa corpulence et son investissement firent de lui un acteur très talentueux qui marque durablement sa présence. Il est surtout connu pour avoir joué Horace. W. Rumpole dans la série Rumpole of the Bailey de 1975 à 1992.


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Message  Dearesttara Mar 23 Nov 2010 - 10:48

J'ai terminé la mise à jour de mes précédentes critiques (quelques paragraphes retranchés et ajout de photos), la présentation de la série, le top 5 et la critique spéciale du Site inter-pas-net d'Homer (j'ai mis quelques mots sur Etrange Hôtel). Je n'ai plus qu'à m'attaquer au Dénouement ! Souhaitez-moi bonne chance, va falloir que je mette la gomme !!!
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Message  Dearesttara Sam 11 Déc 2010 - 0:01

Woops, j'ai oublié de publier ma critique du Dénouement que j'ai terminé il y a un certain temps !

De toute façon, elle sera disponible demain mais la voilà quand même en avant-première ! Very Happy

17. Le Dénouement (Fall Out) : 6 6 6 6


Série "Le Prisonnier" - The Prisoner - Page 18 Lepris41

Après avoir passé l’épreuve du « Degré Absolu », Numéro 6 est invité dans un tribunal souterrain où aura lieu le procès de trois « révolutionnaires » dont lui-même. La séance cependant devient de plus en plus folle, de plus en plus hystérique au fur et à mesure que les débats avancent et que les rebondissements s’enchaînent en cascade. Quant à Numéro 6, le moment est venu d’exaucer son souhait : il va rencontrer le Numéro 1 et choisir son destin ; il est cependant bien loin d’imaginer comment son aventure se terminera…

ATTENTION, SPOILER ! Cette fiche dévoile la fin de la série.


Le Dénouement est un épisode qui ne ressemble à aucun autre. Délaissant toute vraisemblance, il nous emporte dans un tourbillon frénétique, une spirale dionysiaque. La série se termine sur une apothéose psychédélique où chaque détail compte. Depuis les juke-box du début jusqu’à l’ultime plan final, lourd de sens, l’épisode assaille le spectateur à coup de situations rocambolesques, absurdes en apparence, mais dont chacune a un sens caché et qui varie selon le spectateur… Cet épisode constitue une des fins les plus controversées pour une série TV, car affirmant sans discussion son caractère allégorique parfois déstabilisant. Foutage de gueule, ou génie absolu ? Fin foutrarque ou conclusion virtuose ? L’auteur de ses lignes a opté pour la seconde solution et va essayer de vous expliquer en quoi réside le génie éblouissant de cet épisode qui finalement applique à la lettre la fameuse citation de François Rabelais dans sa préface de Gargantua : Il faut rompre l’os et sucer la substantifique moëlle. Derrière l’aspect grand-guignolesque de l’épisode se cache une ultime attaque en règle contre les tares de la société mais qui ici devient beaucoup plus puissante que dans les épisodes précédents, notamment à travers les personnages du Juge et du Numéro 1.

Cet épisode, extrêmement compliqué à analyser, sera donc divisé en cinq parties : Introduction – L’affaire Numéro 48 – L’affaire Numéro 2 – L’affaire Numéro 6 – Finale.


1. Introduction.

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L’épisode commence non par le générique mais par un prélude de trois minutes constitué de flash-backs issus de l’épisode Il était une fois dont il est la suite directe. Vient ensuite la musique du générique, un peu modifiée, accompagnant non la séquence traditionnelle de la démission de Numéro 6 mais une vue en contre-plongée du Village (comme dans L’Impossible Pardon).
Retour dans les souterrains. Numéro 6, le Majordome et le Superviseur s’avancent dans des tunnels creusés dans la roche où figurent quelques juke-box diffusant la fameuse chanson des Beatles All you need is love. C’est d’ailleurs une des rares fois où la série s’inscrit dans son temps (le groupe des quatre garçons dans le vent était alors à son apogée). Que signifie cette mise en scène ? Elle ne prendra tout son sens que dans les dernières minutes où nous comprendrons enfin pourquoi la chanson figure dans l’épisode.
Nous arrivons dans la salle du tribunal où l’action de l’épisode va se dérouler : elle se compose de quelques machines en arrière-plan, collées contre la roche, d’un hémicycle où sont présents des jurés en robe et gants blancs et tous pourvus de masques à l’air inquiétants, presque grimaçant, dont une moitié est blanche et l’autre noire, d’une estrade où se tient le président du tribunal, d’une fusée à l’intérieur de laquelle se cache le Numéro 1 qui ne s’exprime que par un œil lumineux clignotant et d’un petit escalier surmonté d’un trône doré de velours bleu sans oublier parmi tout le petit monde, quelques gardes armés jusqu’aux dents. La séance peut commencer.

Elle commence par l’allocution du Juge, qui prolonge la voie engagée par Il était une fois : il est lui aussi le symbole du Village et de la société, qui va juger ses propres concitoyens : il se donne le droit de juger alors que nous ne devrions avoir aucun compte à lui rendre, mais comme toujours, la loi du plus fort l’emporte ! Il annonce qu’il va traiter le cas de la rébellion, dangereux pour la « démocratie » (Le Village est pourtant loin d’en être une !). Et que ceux qui veulent se révolter doivent être réprimés et remis dans le droit chemin. Evidemment, ce discours dit bien la volonté de nos gouvernants de préserver l’ordre établi aussi détestable qu’il soit. La politique, aux jours actuels, est devenu l’art d’annoncer un renouvellement perpétuel alors qu’elle reste dans une tradition figée. Aujourd’hui, mis à part les révolutions, la politique d’un pays ne varie pas souvent, elle consiste à le diriger en suivant ses propres intérêts qui ne sont pas toujours ceux du bien public. Dans tout pays, aussi démocratique soit-il, les lois régentent les hommes et sont une atteinte à leur liberté. Si elles sont nécessaires pour contraindre l’homme à ne pas commettre des délits, elles le conditionnent avec plus ou moins de succès, elles ne lui laissent pas le choix, c’est son effet pervers et qui rend prisonniers autant ceux qui s’y soumettent que ceux qui essayent de bouleverser les choses, car ces derniers sont réprimés par la force. La violence étant le seul moyen d’humaniser l’humanité si l’on reprend les termes du Juge.
Mais Numéro 6, bien que « révolutionnaire », ayant franchi toutes les épreuves a un statut particulier et il est considéré non plus comme numéro mais comme « Monsieur » (Sir en VO) à qui tous les égards sont maintenant dus. Ce simple terme réhabilite Numéro 6 comme un individu à part entière, il s’assied sur le trône d’honneur en compagnie du Majordome, désormais voué à ses intérêts. Il n’est plus un numéro, mais est-il maintenant un homme libre ? Attendons en sa compagnie la suite des événements…

…Qui commencent par un coup de théâtre : le cadavre de Numéro 2 est amené sur une table d’opération et l’œil lumineux de la fusée s’éclaire : Numéro 1 s’exprime en signaux lumineux au Juge qui exécute ses ordres à savoir… ressusciter Numéro 2 ! Il est transporté et on commence à le réanimer ! Pendant ce temps, le Juge va faire le procès du premier révolutionnaire : le Numéro 48.

Un détail doit nous alerter : que signifie l’assemblée ? L’assemblée est constituée en plusieurs parties qui ne semblent avoir aucun rapport les unes les autres (voir Commentaires). Et si l’assemblée était le symbole de toutes nos facettes intérieures ? Nous avons tous une personnalité complexe, et les membres de l’assemblée sont certainement autant de personnalités qui vivent en nous-mêmes.

Une introduction très troublante. A ce moment-là, l’épisode va basculer dans une sorte d’univers irréaliste, complètement démesuré et déconcertant furieusement. Chaque détail compte ! L’épisode peut enfin commencer…


2. Numéro 48.

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Numéro 48 arrive, c’est un jeune hippie complètement fou. Chapeau haut-de-forme avec une rose, et clochette autour du cou, il arbore un look provoquant pour l’époque, dans la lignée des jeunes d’alors. Aux phrases du Juge, il répond par des couplets de la chanson chrétienne Dry Bones ce qui déclenche un tollé dans l’assemblée qui perd tout sens de la discipline ! Un rappel à l’ordre du Numéro 1 fait cesser le vacarme et l’accusé s’avance tandis que le Juge, plus démago que jamais, pointe la menace pour la société des jeunes d’aujourd’hui : tout en admettant comprendre leur révolte (ils sont jeunes, ils veulent se révolter…), il déclare qu’elle doit cependant être réprimée car elle « menace la société ». La stigmatisation des jeunes, déjà présente dans ces années-là, étant aujourd’hui un phénomène universel, la série ne perd rien de sa force de ce côté-là ! Les jeunes, avenir du monde, sont l’objet de toutes les attentions des gouvernants qui les voit d’un œil condescendant. Leur propension à vouloir changer l’ordre des choses, de bâtir un monde meilleur, bref de se révolter, est mal vue par les politiques qui préfèrent ne pas voir leur souffrance : jetés dans un monde injuste, ils ne peuvent s’exprimer que par la « provocation » : pour se faire entendre, c’est réussi, mais pour se faire comprendre, ce n’est pas gagné !

La manifestation de révolte de Numéro 48 en atteste bien : il sème la pagaille dans la salle en courant dans tous les sens. Allégorie de la protestation des jeunes ou bien représentation de la violence, parfois seul moyen pour eux d’entendre leur voix qui sinon crie dans le désert ? Dans les deux cas, Numéro 6, qui a bien compris ce pauvre hère, cesse son tintamarre en l’appelant young man (jeune homme ou Monsieur en VF). Combien cette seule parole est puissante ! En le voyant tel un homme comme les autres, Numéro 6 accorde au jeune ce qu’il souhaite : le droit d’être écouté et respecté. Que demandent les jeunes de plus si ce n’est le respect pour eux-mêmes et d’être des hommes égaux en droits ? Et c’est pour ça que Numéro 48 accepte de s’arrêter… temporairement ! Or, accorder ce « titre » (le terme n’est pas exagéré car aujourd’hui, c’en est quasiment devenu un) à un révolté ne peut plaire au Juge mais Numéro 1 lui fait signe : appelons-le comme ça, on gagnera du temps ! C’est donc une première victoire pour ce garçon mais qui, voulant être apprécié pour ce qu’il est, ne va pas changer son attitude déjantée. Le jeune en question n’a manifestement pas toute sa tête mais curieusement, son comportement en l’apparence zinzin le rend davantage humain que le Président, froid et intolérant, et ses jurés qui le suivent.

Petit échange entre le Juge et l’accusé mais évidemment, il part très vite dans le non-sens… non-sens ? Pas si sûr car le « jeune homme » dit que le Juge et son assemblée veulent « donner » et surtout « prendre » (take) et le mot est scandé par toute l’assemblée dans une frénésie croissante ! Malgré leurs masques, ils sont clairs comme le jour ! Ils veulent « prendre », ils veulent exploiter leurs concitoyens, s’emparer d’eux, les dominer par tous les moyens, et d’abord en les culpabilisant, en leur reprochant de ne pas se plier aux règles de la société ! Ce qu’ils cherchent n’est rien de plus que la possession de leur âme, ils veulent tout leur prendre, le tout enveloppé sous un enrobage légal.

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Comprenons alors les velléités de changement voulus par les jeunes qui veulent être libres et considérés : le Juge dit qu’il « plane » mais un « Non » grave et mûr de son interlocuteur le détrompe, il n’est pas si fou que ça ! Il a seulement des moyens différents de s’exprimer, ce que les autres ne tolèrent pas ! Pourtant, il ne veut qu’un peu de reconnaissance ! (Je suis ton petit, papa, tu dois quelque chose à ton petit !) Le « jeune homme » est un microcosme de tous les jeunes ; il est nourri de rock’n’roll et d’inspiration religieuse (la chanson Dry Bones), c’est-à-dire un mélange de liberté et de pureté, de folie et de raison, de passion et de réflexion. Comme la plupart des jeunes, il n’est pas encore mature, il manque encore de discernement mais son combat demeure juste. On peut présumer que le « jeune homme », chrétien, n’a jamais commis de violence donc l’épisode n’encourage pas pour autant les jeunes à la violence (et la fin de l’épisode le montrera bien d’ailleurs). L’interlude sur la chanson Dry Bones dans laquelle tout le monde se lâche brusquement est un triste constat d’incompréhension : le jeune s’exprime par cette musique mais l’assemblée n’y voit qu’un divertissement (la caméra vise d’abord les jurés avec la mention « récréation »), elle ne le prend pas au sérieux.

Vient ensuite un détail terriblement ironique : un juge lit la déclaration d’accusation contre le « jeune homme » (paraphrase de ce que disait le Juge) qui menace l’avenir de leur gouvernement et les règles de la société, etc. etc. Mais c’est le juré « anarchiste » qui prononce l’allocution ! Or un anarchiste ne tiendrait jamais un discours pareil, à l’opposé complet de ses principes !! Nous comprenons alors le vide de cette déclaration. McGoohan se met du côté du garçon en tournant en dérision l’attaque dont il est l’objet en la faisant dire par celui qui aurait le moins de chance de le dire ! Quelle adresse ! Or, il ne fait qu’énoncer les principes du Village ! L’attaque est foudroyante et ridiculise ce système absurde qui n’est bon qu’à détruire les gens.

Sommairement condamné, le « jeune homme » est renvoyé dans sa geôle en attendant son exécution, mais il continue de chanter sa ritournelle…

Affaire classée, passons au second révolutionnaire !


3. Numéro 2.

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Curieusement, c’est bel et bien le Numéro 2 de l’épisode précédent qui est jugé pour révolte contre l’ordre établi ! Il se réveille mais sa figure est méconnaissable ! Pendant le traitement, ses cheveux ont été coupés, il a été rasé, et il arbore une moustache rousse ! Tout le monde hurle de rire mais il impose le silence. Il serre la main de Numéro 6 et constate que le Majordome ne lui obéit plus, il est maintenant sous les ordres de « Monsieur » signe éclatant de la perte du pouvoir, de la défaite de ce Numéro 2 comme il le reconnaît. Il prend la parole et nous comprenons tout ce qui s’est passé : Autrefois occupant un poste très important (au Palais de Westminster), et donc connaissant bien des secrets, il a été capturé et emprisonné au Village mais à la différence de Numéro 6, il n’a pas résisté bien longtemps aux méthodes du Village. Mais il a accepté le poste de Numéro 2 car cela satisfaisait sa soif de pouvoir. Nous apprenons aussi que l’épreuve finale a été truquée car pour empêcher la mort réelle de Numéro 2 (sanctionnant son échec dans l’expérience du Degré absolu), son vin a été drogué.

Alors pourquoi est-il jugé ? Peut-être parce qu’au fond de lui-même, il n’a jamais totalement approuvé le système aliénateur du Village. S’il s’est corrompu pour exercer un poste important au sein du Village, il n’a jamais supporté qu’on lui donne des ordres (sa colère au début d'Il était une fois est donc expliquée) et n’a pas accepté de devoir rendre des comptes à une autorité (Numéro 1) qu’il n’a jamais vue et dont il ne connaît rien. En cela, il est plus proche de Numéro 6 qu’on le croyait, car lui aussi est un insoumis, la différence est son goût du pouvoir qui lui a fait se renier lui-même. Mais maintenant, qu’il n’est plus Numéro 2, il rejoint le combat de Numéro 6 et, chose incroyable, il défie le Numéro 1 en regardant fixement l’œil lumineux de la fusée. Il déclare qu’il est prêt à mourir mais qu’au moins, il mourra l’esprit libre ! Il jette son badge de Numéro 2 par terre et Numéro 1, qui n’a plus de prise sur lui, dégage des volutes de fumée, exprimant sa rage d’avoir perdu ce duel psychologique ! Numéro 2 est emporté hors de la salle mais refuse d’être maintenu ! Et il entre de lui-même dans l’élévateur qui le mène à la salle du dessous. Il ne peut s’empêcher cependant de s’exclamer Be seeing you ! comme un dernier geste de défi !

Combien cette scène est forte ! Il n’est jamais trop tard quand il s’agit de reconnaître ses erreurs. Grâce à Numéro 6 qui l’a dominé dans le Degré absolu, il a pris conscience de la vacuité de ses ambitions et du fait qu’il avait vendu son âme à un tyran qui s’était servi de lui. Même s’il est toujours prisonnier, il est maintenant libre de ses pensées, libre de lui-même. Que lui importe la mort puisqu’il a repris son indépendance ? C’est, mine de rien, un nouvel échec pour le Village. Le discours de Numéro 2 est une véritable ode (explicite cette fois !) à la liberté de soi-même.

Enfin, nous arrivons au procès de Numéro 6…


4. Numéro 6.

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Curieusement, le Juge tient un discours assez surprenant : il considère que la rébellion de Numéro 6 est « saine et honnête », différente des révoltes « dangereuses » des deux précédents. Il a su, malgré les méthodes du Village rester pur et fidèle à lui-même ce qui n’est pas le cas de Numéro 2, il est plein de maturité et d’expérience, ce qui n’est pas le cas de Numéro 48. Ces différences font qu’il pourrait devenir un « guide » pour le Village. En clair, nous assistons à une transposition de la tentation du Christ avec le Juge dans le rôle de Lucifer ! Patrick McGoohan, bien qu’il n’ait pas pensé à cet interprétation quand il rédigea la scène, a d’ailleurs approuvé une telle lecture (interview de 1977). Oui, il est désigné comme un messie, il porte le titre « d’individu », le seul, l’unique qui l’ait mérité. Le Village reconnaît à demi-mot qu’il a échoué et veut donc qu’il soit à son tour, le chef, c’est-à-dire être un Numéro 2 et peut-être même détrôner le Numéro 1. Proposition alléchante mais qui n’est pas du goût de Numéro 6 ! Il préfère partir et en effet, le Juge lui propose cette option : sur l’écran, des images de sa maison et de sa voiture entretenues et on lui remet des attributs qui lui confère cette dignité d’homme : la clé de son appartement, de l’argent, un passeport. Le Juge veut qu’il reste au Village pour le diriger et tout serait à lui dans ce cas, tout lui appartiendrait. Il l’encourage à prononcer un discours pour toute l’assemblée. Numéro 6 accepte et monte sur l’estrade mais cette offre est pernicieuse : il commence à peine son élocution que l’assemblée l’interrompt à grand-bruit ! Numéro 6 essaye de parler mais l’assemblée ne cesse de l’interrompre à coups de vivats ! Finalement, il prononcera son discours jusqu’au bout mais nous n’en saurons jamais la teneur : le bruit de l’assemblée couvrant ses paroles sous le regard ironique du Juge.

Que signifie pareille mise en scène ? Encore une fois, plusieurs interprétations possibles : Numéro 6, n’ayant jamais voulu diriger son ancienne prison, prononçait peut-être un discours qui, comme ceux de Liberté pour tous et J’ai changé d’avis, serait une ode à la liberté de soi-même ou bien une attaque contre le Village ce que ne peut accepter le tribunal. Ou bien, clin d’œil ironique : Dans ce cas, l’assemblée, nous-mêmes, fait du bruit pour ne pas entendre le discours libérateur ! Comme le démontrait les deux épisodes déjà cités, nous sommes incapables de comprendre ou d’accepter une parole libératrice, il s’agit donc d’un triste constat : nous sommes incapables d’améliorer notre sort et cela rejoint le pessimisme de l’auteur. L’intensité passionnée de Numéro 6 quand il prononce son discours en dit long sur son état d’esprit mais qu’importe puisque nous ne saurons jamais ce qu’il a voulu dire… Enfin, dernière proposition, et si c’était tout simplement un moyen de le vexer, de le ridiculiser (voir le regard carnassier du Juge pendant cette scène), un moyen de pression à son encontre car Numéro 6 semble préférer partir que diriger !

Le Juge, après cette comédie, déclare à « Monsieur » qu’il peut maintenant rencontrer le Numéro 1 : Numéro 6 entre dans la fusée, suivi du Majordome, désormais attaché à ses pas. Il croise les deux condamnés qui divaguent dans une folie pure, monte un escalier et pénètre dans la salle de contrôle de la fusée où l’attend le Numéro 1. La salle est remplie de globes terrestres, de panneaux de contrôle… Big Brother is watching you ! Numéro 1, le visage masqué, se tourne vers Numéro 6, et lui offre une boule de cristal, ce dernier la brise et tire le masque de Numéro 1… laissant apparaître un masque de singe ! Numéro 6 arrache le second masque, dévoilant le vrai visage de Numéro 1… c’est lui-même ! Numéro 1 est Numéro 6 !!!! Numéro 1 éclate d’un rire terrifiant avant de s’enfuir de la salle…

Voilà donc ce que nous préparait la série : Numéro 1 a l’apparence de Numéro 6 ! Et cette révélation consterna le public de l’époque et encore aujourd’hui est attaquée par certaines personnes. Cependant, d’autres fans préfèrent penser qu’il s’agit d’une fin digne de la série qui était dès le départ, finalement, vouée à s’achever sur une énigme.
La thèse de McGoohan est celle que retiendra votre serviteur : Numéro 1 est la part d’ombre de Numéro 6. C’est Jekyll et Hyde : deux faces différentes d’un même individu. Nous avons tous une part d’ombre et de lumière, le bien et le mal en nous et Numéro 6 et Numéro 1 le démontrent bien ! La puissance de l’allégorie éclate ici dans toute sa splendeur : le pire ennemi de chacun est lui-même (thèse Freudienne), c’est finalement nous-mêmes, davantage que la société, qui nous emprisonnons. Nous sommes tous notre propre Village, nous sommes prisonniers volontaires de nos vices et de nos peurs. Nous avons accepté plus ou moins consciemment de vivre dans une société profondément mauvaise. Tant que nous resterons passifs, que nous n’agirons pas de manière à rendre un monde meilleur, nous resterons prisonnier de nous-mêmes, dans le Village que nous avons nous-mêmes crée. Est-ce absurde de penser que le chef du Village est nous-mêmes ? Pas plus absurde que le masque de singe qui semble lui aussi absurde, et qui anticipe de quelques secondes le vrai visage de Numéro 1. Ce singe, symbole de la bestialité qui est en nous comme le dit McGoohan dans l’interview de 1977. Cette fin, absolument irrationnelle, ne peut donc être prise au premier degré, il faut réaliser une double lecture pour comprendre le génie sidérant de l’épisode.

Mais la série est si riche que finalement, il existe plusieurs interprétations possibles de Numéro 1, et il est tout à fait pensable d’imaginer une autre interprétation de cette révélation. Je vous proposerai, en bas de page, plusieurs visions possibles, trouvées par des fans de la série, de l’identité du Numéro 1. Cependant, la thèse originelle de Patrick McGoohan est aujourd’hui la plus répandue car elle est celle qui correspond le mieux à l’atmosphère de la série, ce qui ne signifie pas que les autres interprétations sont fausses, chacun peut voir ce qu’il veut en Numéro 1, finalement miroir de notre âme…


5. Finale

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Tout est prêt pour le grand final. Sans interruption et ne nous laissant pas le temps de nous remettre de cette révélation-coup de massue, Numéro 6, voyant qu’il a laissé filer le Numéro 1 décide de contre-attaquer : il est évident que le Village ne le laissera pas partir facilement, et voudra le garder comme chef. La seule solution est de s’évader par la force…

Et en effet, Numéro 6, non-violent, n’a utilisé jusqu’alors la force qu’en cas de légitime défense (un peu comme John Drake) mais là, il va vouloir s’échapper en utilisant cette méthode. Il fait démarrer le compte à rebours de la fusée pour détourner l’attention et avec l’aide du Majordome, maîtrise les gardes et libère Numéro 2 et Numéro 48. Armés tous les quatre jusqu’aux dents, ils font irruption dans la salle du tribunal et feu à volonté contre toutes les personnes présentes dans la salle (notamment les nombreux gardes du tribunal) tandis que retentit la chanson du début : All you need is love.

L’épisode passe alors dans un pessimisme très sombre. Comme le fit remarquer McGoohan plus tard : l’utilisation de la violence n’est qu’un triste aboutissement. Elle a couvé dans le sein du héros qui n’a jamais voulu en user mais là, elle explose férocement, et les mitraillettes fusent, les balles partent, le carnage s’amplifie… En dernier lieu, la violence s’impose comme tout ce qui reste de recours et malheureusement on fait appel à elle bien trop souvent. Même les « purs » comme Numéro 6 doivent s’y soumettre et tuer, tuer, pour recouvrer sa liberté. La chanson All you need is love qu’on avait entendu au début prend alors une dimension cruellement ironique : une chanson sur l’amour, la joie, pour accompagner une tuerie ! Comme What a wonderful world d’Armstrong, souvent parodiée de manière analogue, la chanson prend une signification amère : oui, tout ce dont nous avons besoin, c’est l’amour, mais les rapports humains sont si pervertis, si tordus, si trompeurs qu’en fin de compte la violence la domine. Les images, la réalité, disent l’inverse de la chanson, hélas, utopique ! Constat amer sur l’homme, réduit à en user de la sorte pour se satisfaire, qu’il le veuille (Numéros 1 et 2) ou non (Numéro 6). Cette fusillade est certainement la seule scène vraiment violente de la série qui a toujours misé sur la violence mentale ou sur des combats certes vitaminés mais sans complaisance sanguinaire.

La fusée va décoller, Numéro 6 a accompli son but : tous les habitants désertent le Village à l’annonce de la catastrophe : le Rôdeur rapetisse et meurt, symbole d’un Village qui n’a plus de raison d’être, la fusée finit par décoller dans le ciel et nous nous apercevons qu’elle ressemble beaucoup à un missile ! Encore une pointe de McGoohan contre le « progrès » dangereux de notre monde qui rend possible la prolifération des armes nucléaires ? Sans doute, car lui-même en a parlé par la suite… Nos quatre amis (Numéros 2, 6, 48 et le Majordome) s’évadent grâce au camion dans la salle qui abritait le fameux « décor d’appartement » d'Il était une fois.
On signalera une incohérence, si le Village est situé sur une île, comment le camion parvient-il au pays ? Certes, il a pu rouler dans un tunnel sous-marin mais ça reste peu probable étant donné la situation du Village et la brève longueur du tunnel…

Malgré cette imprécision, le final nous captive jusqu’au bout tant il nous captive par sa progression.
La chanson diffusée dans le camion qui file vers la capitale (on considère que pas mal de semaines se sont écoulés dans cette accélération temporelle éclair car le Village est loin de Londres, mais le montage gomme ce laps de temps) est la chanson de Carmen Miranda I like you very much, cette belle chanson d’amour, à la différence d’All you need is love, intervient dans un autre contexte : nos héros sont libres ! Cette chanson marque le retour à la lumière, loin de l’enfermement infernal du Village. Ainsi, dans une scène étonnante, Numéros 2, 6 et 48 (le Majordome conduisant le camion) se lâchent, en dansant comme des fous sur la chanson à l’intérieur du véhicule (ce qui effraie un conducteur !). Après avoir été emprisonnés si longtemps, ils sont si euphoriques qu’il se comportent comme des gamins ne tenant plus en place !
Les trois ex-numéros se séparent finalement, car ils doivent reprendre leur vie : l’hippie retourne à sa vie de jeune un peu folle, vivant au jour le jour, au gré du vent… l’ancien dirigeant retourne à son travail au palais de Westminster tandis que notre héros retourne chez lui, accompagné désormais du fidèle majordome.

L’épisode pourrait s’arrêter là, de manière optimiste, Numéro 6 semble être vainqueur de ses épreuves et rentre chez lui, enfin libre ! Mais les dernières secondes en décident autrement et font basculer Le Prisonnier dans une fin terriblement pessimiste, qui l’est d’autant plus que jusqu’à la fin, le héros croit être vainqueur : Après avoir esquissé quelques pas de danse, couru comme des petits fous, nos deux amis arrivent chez l’ancien Numéro 6 qui préfère cependant rouler un peu dans sa Lotus Seven tandis que le Majordome s’approche de la porte… qui s’ouvre toute seule !!!

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Dernier trait de génie de la série : ce simple détail, frissonnant, couronne l’épisode de manière formidable : le Village se serait-il étendu à l’échelle mondiale ? La Terre, est-elle une sorte de Village à immense échelle ? McGoohan nous le dit clairement même si c’est implicite : nous resterons pour toujours des prisonniers et si notre héros n’a rien perdu de lui-même pendant son aventure, il ne reste pas moins qu’il sera un prisonnier, comme nous, jusqu’à la fin de sa vie. D’ailleurs, nous en avons une autre preuve : Alexis Kanner (Numéro 48), Leo McKern (Numéro 2) ont leurs noms affichés dans les dernières images avant le générique mais Patrick McGoohan n’a pas le sien affiché : simplement la mention Prisoner ! Il est prisonnier, comme tous les humains de la Terre. Tous les maux du Village sont dans notre société actuelle et la série a un culot énorme : le Village n’est pas un microcosme de la société, c’est la société. Et l’ultime plan est en fait le premier plan du générique, symbole d’un éternel recommencement, d’une lutte jamais finie. Et si la liberté n’était qu’une chimère, nous nous croyons libre mais nous ne le sommes pas, prisonniers des règles imposées par la société et de nous-mêmes.

Admirons aussi le clin d'oeil : nous nous rappelons, en voyant la scène, que Numéro 6 habite au N°1 de sa rue...

C’est sur cette renversante conclusion que la série s’achève, nous laissant le soin de méditer sur notre condition de citoyen du monde… cependant, le tour de force de la série est qu’elle n’a jamais sacrifiée le divertissement sur l’autel de la métaphore. Tous les épisodes sont autant de bijoux de divertissement en eux-mêmes et chacun porteur d’un message fort qui n’a pas vieilli : le divertissement intelligent par excellence !

Cet épisode gagne sur tous les tableaux : le scénario de Patrick McGoohan est terriblement sophistiqué tant sur son aspect extérieur qu'intérieur : il maintient la tension jusqu'à sa double révélation finale et même lorsque le générique de fin défile à l'écran, il est difficile de ne pas continuer à se sentir fasciné, subjugué par le spectacle que l'on vient de voir. Fastueux jusque dans les moindres détails, cet épisode couronne glorieusement une des plus grandes séries de tous les temps par son intrigue fouillée et ses personnages écrasants de majesté (dont le Juge, qui conduit véritablement tout l'épisode), seul l'acteur principal, véritable créateur de la série, pouvait la clore aussi merveilleusement. On notera, en passant, que le final de Danse de Mort, avec son tribunal plein de magnificience, anticipait cet épisode mais sans en avoir la profondeur. Un scénario comme on en voit peu !
La réalisation est tout aussi enthousiasmante : brillante, avec une grande succession de zooms et de gros plans qui scotche immédiatement le spectateur à sa télé sans omettre des plans plus généraux qui nous font saisir la magnificence de l'ensemble : une mise en scène superbe, McGoohan accomplissant là son magnum opus !

Les acteurs, outranciers à souhait, achèvent de basculer l'épisode dans une apothéose explosive : Kenneth Griffith, en premier lieu, crève l'écran en Juge halluciné, dangereux, et flamboyant d'autorité, Alexis Kanner incarne un hippie allumé, vivant dans son monde à lui, étincelant à chaque fois qu'on le voit et sémant un joyeux désordre quand il passe, il est à lui tout seul un hymne à la liberté d'être et de vivre ce qui lui plaît, une interprétation fantastique ! A côté de ces deux dingues, Leo McKern apporte la retenue mais son jeu n'est pas moins puissant : digne, fier, droit, il incarne l'Homme dans sa plus noble humanité ayant trouvé la voie de sa rédemption. Rebelle tardif mais sincère, McKern fait une composition incandescente. Angelo Muscat trouve ici toute son importance, toujours impassible, son personnage reste mystérieux jusqu'au bout, à la fois attachant et inquiétant, sympathique et maléfique, on ne peut l'oublier... Patrick McGoohan, curieusement, n'utilise pas tout son talent d'acteur ; son personnage regardant la suite des événements pendant presque tout l'épisode mais sa majesté, sa détermination demeurent intactes et il fait une très bonne prestation. Son opposition aux autres personnages s'explique par le fait qu'il incarne la raison au milieu du chaos ambiant donc un jeu plus calme mais tout de même saisissant.

La musique, reprenant des tubes rock et populaire, ainsi que certains passages assez nostalgiques (la fin) habille à merveille l'épisode.

Voilà, la série est finie mais elle continue de nous interroger : Et nous, qui sommes-nous ? Accepterons-nous notre condition de Prisonnier comme les villageois ? Passerons-nous du côté des dominants pour faire régner en tyran notre loi comme les Numéros 2 ? Ou bien nous révolterons-nous, avec des actes, non par paroles, pour clamer notre fierté d’être des hommes et non des numéros comme Numéro 6 ? Vous êtes seul juge : YOUR LIFE IS YOUR OWN !

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McGoohan mit 36 heures non stop a écrire le scénario de l’épisode. Il ne savait en effet pas comment terminer la série et il ne le sut lui-même que progressivement, au fur et à mesure qu’il écrivait le script. (Bonus DVD)

Le générique de début remercie la ville de Portmeirion et son créateur Sir Clough Williams-Ellis pour avoir permis le tournage de la série. Charmante attention !

Cet épisode est celui qui comporte le plus de figurants. L’assemblée est divisée en grand nombre de parties dont les noms sont assez surprenants ! : Bien-être, pacifistes, activistes (juste à côté !), Identification, sécurité, déserteurs, éducation, thérapie, jeunes, réactionnistes, nationalistes, gens, récréation, réhabilitation, divertissement, anarchistes, vieil ami, unité blanche…

La marche accompagnant Numéro 6 gravissant le trône ainsi que sa descente dans la fusée est celle de Marlborough s’en va en guerre.

Numéro 2 dit qu’il a été un prisonnier d’abord mais qu’il n’a pas résisté longtemps aux méthodes du Village. Il est considéré toutefois comme mort « administrativement » car le Juge dit qu’il est un late Number 2 (late signifiant défunt)

Le Numéro de téléphone sur la pancarte devant la maison de Numéro 6 est 546 0001 or 2 ce qui veut tout dire !

La personne ayant prononcé le mot « Die ! » dans l’épisode précédent est bien le Numéro 1 !

L’acteur portant l’habit de Numéro 1 avant que le masque tombe est le comédien Roy Beck.

A la différence de la plupart de ceux qui ont participé à la série et qui ont applaudi la fin. George Markstein dit au contraire que cet épisode est une « manifestation vulgaire de complaisance qui ne révèle rien ». Il a détesté cette conclusion « surréaliste ». (Bonus DVD)

Alexis Kanner a avoué que le rôle de Numéro 48 l’avait lessivé et qu’il a mis beaucoup de temps à récupérer ! L’ambiance infernale du tournage y est pour beaucoup (Même le Hamlet de Peter Brook n’est rien comparé au Dénouement ! dit-il). (Bonus DVD)


QUELQUES HYPOTHESES SUR LE NUMERO 1 :

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- Et s’il n’y avait pas de Numéro 1 ? Le fait que Numéro 1 ne puisse exister qu’allégoriquement pourrait laisser penser que Numéro 1 n’existe pas ! Dans ce cas, nous reviendrons à la révélation de 1984 d’Orwell, qui a beaucoup inspiré la série, car Big Brother en réalité n’existe pas. On peut certes objecter que les Numéros 2 et le Juge ont certainement un supérieur mais si c’était quelqu’un d’autre que le Numéro 1 ? Les services secrets par exemple dont on sait qu’ils sont dans le coup depuis Le Carillon de Big Ben.

- Numéro 1 est le diable. En effet, ses méthodes sont toujours les plus raffinées, les plus cruelles psychologiquement, ses envoyés ont plusieurs visages (Numéros 2), il incarne le mal absolu dans la série. Ou peut-être le mal en nous-mêmes ? Dans ce cas, il rejoint l’interprétation originale.

- Numéro 1 est le téléspectateur : Qui suit la vie du Prisonnier pendant son séjour au Village ? Nous bien sûr ! Nous sommes des voyeurs qui s’immiscent au cœur de la vie de Numéro 6, y compris sa vie privée (L’Impossible Pardon). Nous l’espionnons, nous le regardons et nous rêvons de lui ressembler : nous voudrions être ce Numéro 6 qui se bat pour recouvrer sa liberté et la révélation finale est comme un quatrième mur qui se brise subtilement : nous sommes devenus Numéro 6 et il n’est pas étonnant alors que Numéro 1 ait cette apparence.

- Tout ça n’est que le produit de notre imagination. Le surréalisme de la situation ainsi que l’ultime plan de l’épisode nous montrent en effet que l’épisode ferme la boucle du 1er épisode : idée d’un éternel retour, d’un combat sans fin, tout ça n’est-il qu’un rêve finalement ?

- Dans le même genre : tout ça est le produit de l’imagination de Numéro 6 : En réalité, le degré absolu a fait craquer son cerveau en même temps qu’il vainquait le Numéro 2. Le Dénouement est ce que nous voyons de son cerveau malade : d’où l’absence de réalisme dans cet épisode ; et la succession rapide des scènes finales évoque les rêves de Numéro 6 qui ne sait plus faire la différence entre réalité et imagination, le Numéro 1 est alors un produit de son délire.

- Numéro 1 est une puissance extraterrestre : modulable, à plusieurs visages, insaisissable : il se sert des hauts dignitaires de notre monde, de nos représentants, il prend le contrôle de leur esprit et gouverne ainsi indirectement par eux notre monde. Cette interprétation est possible dans la mesure où la série est également à tendance SF.

- Dans le même genre, le Village est une planète extraterrestre où tout ce qui est sur la Terre est copié à l’identique et le Numéro 1 est le sosie de Numéro 6. Cela pourrait aussi expliquer le plan final : nous ne sommes pas sur Terre.

- Numéro 1 est le Majordome : avez-vous remarqué que cet obséquieux serviteur, bien qu’aimable n’en a pas moins l’air sinistre et inquiétant ? Par deux fois, il ouvre dans cet épisode, une porte importante avec sa clé. Et s’il était la « clé » de tout. D’ailleurs, il est parfaitement au courant de l’ultime révélation des dernières secondes, car il ne semble aucunement surpris de ce qui se passe à ce moment-là ! Ce serait d’ailleurs une solution terriblement redoutable : le serviteur est en réalité le Maître. Cela pourrait avoir une dimension Christique (le Christ étant un Maître mais qui sert ses disciples) si elle ne se révélait pas ici aussi diabolique.

- Et s’il y avait encore un masque derrière celui représentant Numéro 6 ? Ne serait-ce pas un dernier piège pour angoisser Numéro 6 ? Qui est-il en fait ? Un agent jaloux, un génie du mal genre Blofeld qui prend son apparence pour le déconcerter (comme dans Double Personnalité)

- Enfin, comme dirait Numéro 2 dans Le Carillon de Big Ben : cela n’a pas d’importance de savoir qui est le Numéro 1 ! En effet, peut-être que la morale de la série se situe davantage dans la dernière scène que dans la révélation du Numéro 1 qui est surtout là pour répondre au désir du public. Même si c‘est une clé de la série, le dernier plan nous offre une révélation tout aussi inattendue si ce n’est plus !




Kenneth Griffith (1921-2006) est un comédien complet : il commence très tôt le théâtre (à 16 ans !) au Cambridge Festival puis commence une carrière de petits rôles dans plus d’une centaine de films au cinéma à partir de 1942. Le cinéma l’occupe jusque dans les années 60 où il ajoute les téléfilms à son palmarès, plus que les séries où il a finalement peu joué (on retiendra un rôle dans le dernier épisode de Destination Danger). Il a par la suite réalisé beaucoup de documentaires sur des personnalités historiques (Churchill, Hitler, Thomas Paine, David Ben Gurion, Nehru… mais aussi Napoléon Bonaparte !!!). Son professionnalisme, sa fierté et son refus des compromis a malheureusement fait que sa carrière connut plusieurs coups de frein car il allait à contre-courant des idées reçues mais il fut reconnu plus tard comme un maître en la matière (tout comme ses prestations en tant qu’acteur). Il se fit plus rare dans les années 90, consterné par l’indigence croissante de la télévision. On notera une apparition en vieil homme un peu fou lors du premier mariage de Quatre mariages et un enterrement. Il avait déjà joué dans La Mort en Marche le rôle du Dr.Schnipps, pas très loin du rôle de cet épisode.

Alexis Kanner (1942-2003) est d’origine française mais a vécu son enfance au Canada puis en Angleterre. Là, il commence très tôt sa carrière au théâtre, d’abord au Birmingham Repertory Theatre puis à la Royal Shakespeare Company où il commence à jouer le répertoire classique (Hamlet, La Tempête…) qu’il n’abandonnera plus. Il débute à la télévision (où il rencontre David Tomblin, producteur de la future série) dès 1962 et joue dans Le Saint, Softly, softly (spin-off de la populaire Z-cars), Dr.Who... Il tente aussi sa carrière au cinéma, apparaissant comme partenaire de Roger Moore (Crossplots, 1969) ou de Bette Davis (Connecting Rooms, 1970) mais s’y désintéresse rapidement. Il se fait ensuite bien plus rare sur l’écran, privilégiant le théâtre. Il avait déjà joué dans la série en jouant le rôle glaçant du Kid dans Musique douce ainsi qu’une courte apparition (non créditée) en photographe et en faisant la voix du chef dans La Mort en Marche.

Leo McKern (1920-2002) a joué dans plus de 200 films et séries, il fut parallèlement comédien de théâtre. Il jouait déjà le Numéro 2 dans Le Carillon de Big Ben et Il était une fois. Sa corpulence et son investissement firent de lui un acteur très talentueux qui marque durablement sa présence. Il est surtout connu pour avoir joué Horace. W. Rumpole dans la série Rumpole of the Bailey de 1975 à 1992.



Be seeing you !
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Message  Invité Sam 11 Déc 2010 - 11:57

C'est beaucoup trop long Dearesttara. J'essaie de lire mais je décroche, excuses moi.
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Message  Dearesttara Sam 11 Déc 2010 - 12:14

Je ne t'en veux pas Patricks et je vais te dire pourquoi :

Si le fait d'être publié sur le site était une motivation, j'en avais une plus grande : j'en avais besoin. La série m'a bouleversé par sa puissance, par la force de son message percutant et il était devenu pour moi indispensable de l'analyser, l'étudier à la loupe pour mieux l'appréhender, la désacraliser... car parfois, une telle perfection dans le fond me faisait peur, j'avais du mal à croire qu'une telle série existait. Pendant le mois qui suivit mon visionnage de la série, je n'arrêtais pas d'y penser, tellement elle m'obsédait. J'ai compris que je devais en entreprendre l'étude pour m'en sortir. L'expérience, parfois fatigante, il est vrai, fut gratifiante et très réjouissante pour moi cependant. J'adorais me plonger dans la série, et maintenant que j'ai terminé, je suis content car j'ai le sentiment d'avoir accompli mon but...

Mais sinon Patricks, si tu me laisses un peu de temps, je t'enverrai avec plaisir des condensés de mes critiques en mp. Serais-tu d'accord ? Question Et pour mes critiques des autres séries que je chroniquerai, rassure-toi, elles seront beaucoup plus brèves ! Razz

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Message  Invité Sam 11 Déc 2010 - 12:17

Oui oui Dearesttara, tout à fait d'accord pour les condensés en MP, merci.
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Message  Dearesttara Sam 11 Déc 2010 - 12:21

Bon, ce ne sera pas pour tout de suite mais je le ferai, promis ! Very Happy

Critiques du remake pendant les vacances de Noël... après, il sera temps de me tourner vers le docteur en médecine de fiction le plus misanthrope et génial de l'Amérique d'aujourd'hui !
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Message  Invité Sam 11 Déc 2010 - 13:05

On est bien d'accord que ce n'est pas une critique Dearesttara, le travail que tu fais est formidable.
Pour une critique de "Hawaii police d'état" ou de "Code Quantum", je ne pourrais pas faire une critique aussi longue car les séries sont plus banales que "Le Prisonnier" et cela ne s'y prêterait pas.
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Message  Dearesttara Sam 11 Déc 2010 - 13:33

Je l'avais compris bien sûr et tu as bien résumé ma pensée. Ces fiches sont spéciales, car cette série est vraiment à part. Il n'en sera pas de même avec mes autres chroniques...
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Message  Dearesttara Sam 11 Déc 2010 - 13:56

Au fait Patricks, quel est ton top 5 de tes épisodes préférés ?

Le mien, c'est :

1- Il était une fois
2- Le Dénouement
3- La Mort en Marche
4- L'Arrivée
5- Le Marteau et l'Enclume

Accessits d'honneur : Musique douce, Double Personnalité, Le Carillon de Big Ben
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Message  Invité Sam 11 Déc 2010 - 16:50

J'ai lu en plusieurs fois. En règle générale, il est connu que c'est plus fatiguant de lire sur un écran que sur un support papier.
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Message  Dearesttara Sam 11 Déc 2010 - 17:05

C'est vrai, si vous avez du papier en quantité raisonnable, imprimez-en quelques-uns ! Laughing

Je te félicite de ton courage denis ! cheers Alors, vois-tu Le Dénouement d'un autre oeil ? Razz
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Message  Invité Sam 11 Déc 2010 - 17:17

Dearesttara a écrit:Au fait Patricks, quel est ton top 5 de tes épisodes préférés ?


1. L'arrivée
2. Le retour
3. L'enterrement
4. Le carillon de Big Ben
5. Echec et mat
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Message  Nicolas Sam 11 Déc 2010 - 17:41

J'ai lu les critiques en détail (et en prenant mon temps!),beau travail de précision et de "décortiquement",je pense qu'on est maintenant tous à peu près d'accord sur le sens de "parabole" de la séris,vraiment "visionnaire" à l'instar d'Orwell par exemple.Dans le commentaire de "Il était une fois" les photos en gros plan de 2 et de 6 complètement hallucinés montrent bien que les acteurs étaient "borderline" à la fin de la série!
PS:je doute d'avoir le courage de me lancer dans une tache aussi ardue,donc bravo et merci cheers
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Message  Invité Sam 11 Déc 2010 - 17:42

Dearesttara a écrit:Je te félicite de ton courage denis ! cheers Alors, vois-tu Le Dénouement d'un autre oeil ? Razz
Non, il n'est pas dans mon top five où L'arrivée est number one.
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Message  Dearesttara Sam 11 Déc 2010 - 17:45

Pas grave. Mon but était moins de vous convaincre que de vous démontrer le génie de cette série. Après, libre à chacun de ne pas aimer la manière dont McGoohan a conclu la série...

Merci beaucoup Nicolas ! Very Happy S3 devarait bientôt diffuser mon dossier ce soir, j'y ai ajouté une présentation de la série et la critique de l'épisode parodique des Simpson en "bonus".
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Message  Invité Sam 11 Déc 2010 - 18:22

A-t-on pensé que Patrick Mc Goohan a pu donnerà postériori des explications alambiquées pour justifier ce dénouement abracadabrant ?
Si la série avait été renouvelée pour une saison 2, nous n'aurions pas eu cette fin.
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Message  Dearesttara Sam 11 Déc 2010 - 19:11

Cette question a déjà été abordée mais je vais te répondre de nouveau. Non et plusieurs points étayent ma réponse :

D'abord, tu as remarqué que McGoohan ne s'est quasiment jamais exprimé sur la série (à l'exception de la fameuse interview de 1977 retrouvée miraculeusement). Pourquoi ? Parce qu'il pensait qu'il avait été suffisamment clair sur la fin ou plutôt sur la "non-fin" de la série. Tout est dans la série, à nous d'en tirer les leçons. D'ailleurs, je certifie que les interprétations qui sont dans mes critiques sont les miennes (Le Dénouement y compris), je n'ai été influencé par personne. Certes, j'ai découvert sur des sites et forums d'autres points de vue sur la série mais je n'ai jamais livré que mes propres observations. J'y ai passé quatre mois d'ailleurs ! Donc, je n'ai pas eu besoin des "explications" de McGoohan qui d'ailleurs n'en a pas dévoilé beaucoup ("d'explications") et seulement des secrets de Polichinelle (identité de Numéro 1, double lecture de la série...)

Ensuite, parce que McGoohan dès le début voulait une série "allégorique". Liberté pour tous, Echec et Mat, Il était une fois par exemple font partie des premiers épisodes originels de la série (McGoohan n'en avait prévu que 7 dont ces trois-là) et donc furent les premiers tournés (3e, 5e et 6e dans l'ordre de production). C'est pourtant trois épisodes déjà très allégoriques ! Et pas besoin d'être philosophe ou Einstein pour voir que Liberté pour tous brocarde la politique, qu'Echec et Mat a une fameuse scène échiquéenne d'intro dont le sens est évident (Nous sommes tous des pions... comme disait l'amiral de L'Arrivée) et qu'Il était une fois dénonce les influences extérieures malsaines sur nos vies.

La multiplication des symboles (numéros, grand-bi, Numéro 1...) est telle qu'une coïncidence est impossible...

McGoohan savait ce qu'il voulait et a toujours été attentif à ce que son message soit fort dans chaque épisode, et parfois aux faits, il rajoutait les mots : les discours de Liberté pour tous et J'ai changé d'avis sont très clairs.

Pour Le Dénouement, McGoohan ignorait comment terminer la série, c'est vrai et il a passé 36 heures à écrire le scénario du Dénouement ligne après ligne et en entrevoyant la fin peu à peu, une fin que je trouve digne de couronner la série...

Patrick McGoohan ne voulait que 7 épisodes car il pensait que le filon ne tiendrait pas au-delà. Je l'aurais mal vu penser à une saison 2 ! Lew Grade l'a convaincu d'en tourner 13 pour vendre la série aux Américains. Voyant qu'il n'avait plus d'inspiration après les 13 premiers épisodes, Mc Goohan tourne encore 4 épisodes pour clore la série.

J'espère que nous nous comprenons ! Very Happy
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Message  Invité Sam 11 Déc 2010 - 19:19

Pourtant, au départ, en prenant un agent secret, il joue sur la similitude/prolongation de "Destination danger".

J'ai aussi lu mais je ne sais plus où que "Many happy returns" initialement devait conclure une saison 1.
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