Série "El Ministerio del Tiempo"
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
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Estuaire44- Empereur
- Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Tiempo de censura (3-07, ****)
Date de diffusion : 18 septembre 2017
Epoque visitée : 1961, Luis Buñuel et Viridiana
Résumé :
En 1961, l’Ange exterminateur corrompt Ambrosio Pitaluga, folklorique membre du comité de censure, pour que soit interdit le sulfureux Viridiana de Luis Buñuel, contrairement à la vérité historique. Irène, Pacino et Alonso sont envoyés lever l’interdiction, ce qui va les immerger à la fois dans la bureaucratie franquiste et dans le milieu du cinéma, une mission très ardue. A l’occasion de cette virée dans les années 60, Irène va également à la rencontre de problèmes familiaux laissés en suspens, et Pacino à la redécouverte de son enfance. Lola découvre le monde contemporain, mais aussi la vie de son soi alternatif.
Critique :
Tiempo de censura vient à point nommé nous rassurer sur les potentialités d’El Ministerio del Tiempo après départ d’Amelia, mais aussi le long hiatus estival. Le choix comme sujet de l’aventure que constitua la menée à bien de Viridiana va en effet s’avérer comme l’un des meilleurs de la saison.
Les hilarants démêles du trio avec les univers aussi différents, mais pareillement éprouvants pour les nerfs, que constituent la bureaucratie franquiste et la production cinématographique nous vaut une atmosphère de comédie tranchant agréablement avec le drame de l’opus précédent. De même, le choix d’un thème plus léger renouvelle pareillement la série, après avoir avoisiné un cataclysme dynastique.
L’humour autour des à-côtés de la vie de bureau rejoint un universel humoristique à la Courteline, d’autant plus appréciable qu’il caractérisait une originalité du Ministère à ses débuts, tandis que l’organisation résulte désormais bien davantage proche du canon des séries d’espionnage (très peu de scènes à la cafétéria cette saison !). On s’amuse beaucoup, d’autant que la direction d’acteurs a la bonne idée de laisser toute latitude à la verve satirique de Carlos Areres, acteur également dessinateur pour El Jueves (assez l’équivalent espagnol du Canard).
Son picaresque et vénal Ambrosio s’impose comme la vedette comique de l’opus. Mais c’est aussi à travers lui que l’on saisit l’air du temps de cette décennie où le régime du Caudillo, certes toujours foncièrement dictatorial, s’ouvre à l’extérieur, dans les domaines aussi bien culturels, qu’économique que culturels. Une tendance forte symbolisée par l’entrée de l’Espagne dans le concours de l’Eurovision en 1961, avec le tube Estando contigo, que l’opus nous laisse judicieusement écouter lors de son agréable conclusion. La série utilise le rire à merveille pour se moquer du contraste entre le discours officiel, rigoriste et ronflant, et la réalité de la corruption comme de la médiocrité ambiante.
Le récit se montre également particulièrement documenté à propos de l’épopée de Viridiana, ses différents protagonistes se voient ainsi mis en scène (Luis Buñuel, Domingo Dominguín, Juan Antonio Bardem, Francisco Rabal…), mais à la manière fluide caractéristique de la série. Des éléments clés du panorama cinématographique espagnol de l’époque sont également montrés comme l’implication de l’Eglise dans la censure, ou l’Uninci, fer de lance du Néoréalisme espagnol. Mais le Septième art imprègne tout l’épisode, à travers l’humour de nombreux clins d’œil bien dans la sensibilité geek de la série (Pacino vendant le scénaro de Star Wars) mais aussi visuellement, grâce à de superbes affiches enjolivant des décors plus renfermés qu’à l’ordinaire (avec notamment les stars Juanita Reina et Sara Montiel).
Les différents parcours individuels d’Irène, Pacino, Lola et viennent encore irriguer le récit. La qualité d’interprétation fait volontiers pardonner certains clichés (notamment pour Pacino), tandis que le drame d’Irène émeut. Sans tomber dans l’angélisme, Lola nous permet de mettre en perspectives une époque contemporaine plus attractive que cette Espagne des années 60 se rêvant comme moderne, malgré la réalité profonde de sa société et de l’appareil franquiste. Humour, péripéties et Histoire, le Ministère est à son meilleur niveau !
Anecdotes :
Viridiana fut tourné en Espagne, Luis Buñuel mettant fin à l’exil mexicain qu’il avait entrepris depuis la fin de la Guerre civile. Le film fut accepté par la censure franquiste, malgré quelques scènes alors scandaleuses, comme une parodie de la Cène. Désireux d’afficher une ouverture sur l’étranger et la modernité (investissements et touristes), le régime accepta même que Viridiana représente l’Espagne au Festival de Cannes de 1961, où il remporta la Palme d’Or. Mais la réaction outrée du Vatican fit que Viridiana fut finalement interdit en Espagne, et ses copies détruites. Une seule fut sauvée, l’actrice principale Silvia Pina l’emportant clandestinement au Mexique. Le film ne put ressortir en Espagne qu’après la mort de Franco.
Membre d’un grande dynastie de toreros et hommes d’affaire, ami d’artistes et d’intellectuels de gauche, Domingo Dominguin fut l’un des deux coproducteurs de Viridiana. Il finança également Mundo obrero, le journal du Parti communiste espagnol, alors dans la clandestinité. Il fut protégé par la grande passion de Franco pour la corrida, pour qui elle était une célébration nationale indissociable de l’âme espagnole. Le 24 mai 1939, le Caudillo présida ainsi une grande Corrida de la Victoire, à Madrid.
L’autre coproducteur fut Juan Antonio Bardem, issu d’une grande famille de comédiens (il fut l’oncle de Javier Bardem). Membre du Parti communiste espagnol, ce réalisateur et scénariste ut toujours hostile au régime franquiste et la bourgeoise espagnole (Bienvenido, Mister Marshall, La Venganza, Calle mayor). Ponctuellement arrêté, il fut en en butte à la censure des années 50 aux 70.
Avec comme ambition de produire des films très inspirés du Néoréalisme italien, mais concernant l’Espagne, Domingo Dominguín et Juan Antonio Bardem s’associèrent en 1949 pour former l’Uninci. La censure s’acharna à contrecarrer l’autorisation de films volontiers critiques envers le régime, mais l’Uninci fut autorisée à financer Viridiana. De guerre lasse, les deux associés finirent par renoncer peu de temps après l’interdiction finale du film.
Une nouvelle fois affronté ici, L’Ange exterminateur est également un film mexicain de Luis Buñuel (1962). Empreint de surréalisme, ce huis clos décrit comment un dîner bourgeois sombre dans l’effroi, quand les convives s’aperçoivent qu’ils ne peuvent inexplicablement plus sortir de la maison.
L’inénarrable Ambrosio exhibe son passé franquiste en se déclarant ancien membre de la Division bleue, soit les « volontaires » espagnols (mais aussi portugais) partis combattre contre le Communisme sur le front russe. L’inépuisable Ambrosio affirme également être membre depuis des années du Syndicat Vertical.
Carlos Areces (Ambrosio) interprète Franco dans La Reina de España, tourné la même année que l’épisode (2017). Le sujet du film est également voisin : le tournage de la première production hollywoodienne dans l’Espagne franquiste.
En 1961 (la même année de la Palme d’or de Viridiana), la première participation de l’Espagne au Concours de L’Eurovision fut un signe fort de l’ouverture affichée par le régime. Entendu en fin d’épisode, le titre retenu fut Estando contigo (Quand je suis avec toi), interprété par Conchita Bautista, actrice et chanteuse alors très populaire en Espagne. Elle finit neuvième sur seize, le tournoi étant remporté par le Luxembourg, avec la chanson Nous Les Amoureux, de Jean-Claude Pascal. L’émission fut présentée par Jacqueline Joubert, depuis le nouveau Palais des Festivals de Cannes. L’Espagne n’a cessé depuis de participer à l’Eurovision, quelle a remporté en 1968 et 1969.
Date de diffusion : 18 septembre 2017
Epoque visitée : 1961, Luis Buñuel et Viridiana
Résumé :
En 1961, l’Ange exterminateur corrompt Ambrosio Pitaluga, folklorique membre du comité de censure, pour que soit interdit le sulfureux Viridiana de Luis Buñuel, contrairement à la vérité historique. Irène, Pacino et Alonso sont envoyés lever l’interdiction, ce qui va les immerger à la fois dans la bureaucratie franquiste et dans le milieu du cinéma, une mission très ardue. A l’occasion de cette virée dans les années 60, Irène va également à la rencontre de problèmes familiaux laissés en suspens, et Pacino à la redécouverte de son enfance. Lola découvre le monde contemporain, mais aussi la vie de son soi alternatif.
Critique :
Tiempo de censura vient à point nommé nous rassurer sur les potentialités d’El Ministerio del Tiempo après départ d’Amelia, mais aussi le long hiatus estival. Le choix comme sujet de l’aventure que constitua la menée à bien de Viridiana va en effet s’avérer comme l’un des meilleurs de la saison.
Les hilarants démêles du trio avec les univers aussi différents, mais pareillement éprouvants pour les nerfs, que constituent la bureaucratie franquiste et la production cinématographique nous vaut une atmosphère de comédie tranchant agréablement avec le drame de l’opus précédent. De même, le choix d’un thème plus léger renouvelle pareillement la série, après avoir avoisiné un cataclysme dynastique.
L’humour autour des à-côtés de la vie de bureau rejoint un universel humoristique à la Courteline, d’autant plus appréciable qu’il caractérisait une originalité du Ministère à ses débuts, tandis que l’organisation résulte désormais bien davantage proche du canon des séries d’espionnage (très peu de scènes à la cafétéria cette saison !). On s’amuse beaucoup, d’autant que la direction d’acteurs a la bonne idée de laisser toute latitude à la verve satirique de Carlos Areres, acteur également dessinateur pour El Jueves (assez l’équivalent espagnol du Canard).
Son picaresque et vénal Ambrosio s’impose comme la vedette comique de l’opus. Mais c’est aussi à travers lui que l’on saisit l’air du temps de cette décennie où le régime du Caudillo, certes toujours foncièrement dictatorial, s’ouvre à l’extérieur, dans les domaines aussi bien culturels, qu’économique que culturels. Une tendance forte symbolisée par l’entrée de l’Espagne dans le concours de l’Eurovision en 1961, avec le tube Estando contigo, que l’opus nous laisse judicieusement écouter lors de son agréable conclusion. La série utilise le rire à merveille pour se moquer du contraste entre le discours officiel, rigoriste et ronflant, et la réalité de la corruption comme de la médiocrité ambiante.
Le récit se montre également particulièrement documenté à propos de l’épopée de Viridiana, ses différents protagonistes se voient ainsi mis en scène (Luis Buñuel, Domingo Dominguín, Juan Antonio Bardem, Francisco Rabal…), mais à la manière fluide caractéristique de la série. Des éléments clés du panorama cinématographique espagnol de l’époque sont également montrés comme l’implication de l’Eglise dans la censure, ou l’Uninci, fer de lance du Néoréalisme espagnol. Mais le Septième art imprègne tout l’épisode, à travers l’humour de nombreux clins d’œil bien dans la sensibilité geek de la série (Pacino vendant le scénaro de Star Wars) mais aussi visuellement, grâce à de superbes affiches enjolivant des décors plus renfermés qu’à l’ordinaire (avec notamment les stars Juanita Reina et Sara Montiel).
Les différents parcours individuels d’Irène, Pacino, Lola et viennent encore irriguer le récit. La qualité d’interprétation fait volontiers pardonner certains clichés (notamment pour Pacino), tandis que le drame d’Irène émeut. Sans tomber dans l’angélisme, Lola nous permet de mettre en perspectives une époque contemporaine plus attractive que cette Espagne des années 60 se rêvant comme moderne, malgré la réalité profonde de sa société et de l’appareil franquiste. Humour, péripéties et Histoire, le Ministère est à son meilleur niveau !
Anecdotes :
Viridiana fut tourné en Espagne, Luis Buñuel mettant fin à l’exil mexicain qu’il avait entrepris depuis la fin de la Guerre civile. Le film fut accepté par la censure franquiste, malgré quelques scènes alors scandaleuses, comme une parodie de la Cène. Désireux d’afficher une ouverture sur l’étranger et la modernité (investissements et touristes), le régime accepta même que Viridiana représente l’Espagne au Festival de Cannes de 1961, où il remporta la Palme d’Or. Mais la réaction outrée du Vatican fit que Viridiana fut finalement interdit en Espagne, et ses copies détruites. Une seule fut sauvée, l’actrice principale Silvia Pina l’emportant clandestinement au Mexique. Le film ne put ressortir en Espagne qu’après la mort de Franco.
Membre d’un grande dynastie de toreros et hommes d’affaire, ami d’artistes et d’intellectuels de gauche, Domingo Dominguin fut l’un des deux coproducteurs de Viridiana. Il finança également Mundo obrero, le journal du Parti communiste espagnol, alors dans la clandestinité. Il fut protégé par la grande passion de Franco pour la corrida, pour qui elle était une célébration nationale indissociable de l’âme espagnole. Le 24 mai 1939, le Caudillo présida ainsi une grande Corrida de la Victoire, à Madrid.
L’autre coproducteur fut Juan Antonio Bardem, issu d’une grande famille de comédiens (il fut l’oncle de Javier Bardem). Membre du Parti communiste espagnol, ce réalisateur et scénariste ut toujours hostile au régime franquiste et la bourgeoise espagnole (Bienvenido, Mister Marshall, La Venganza, Calle mayor). Ponctuellement arrêté, il fut en en butte à la censure des années 50 aux 70.
Avec comme ambition de produire des films très inspirés du Néoréalisme italien, mais concernant l’Espagne, Domingo Dominguín et Juan Antonio Bardem s’associèrent en 1949 pour former l’Uninci. La censure s’acharna à contrecarrer l’autorisation de films volontiers critiques envers le régime, mais l’Uninci fut autorisée à financer Viridiana. De guerre lasse, les deux associés finirent par renoncer peu de temps après l’interdiction finale du film.
Une nouvelle fois affronté ici, L’Ange exterminateur est également un film mexicain de Luis Buñuel (1962). Empreint de surréalisme, ce huis clos décrit comment un dîner bourgeois sombre dans l’effroi, quand les convives s’aperçoivent qu’ils ne peuvent inexplicablement plus sortir de la maison.
L’inénarrable Ambrosio exhibe son passé franquiste en se déclarant ancien membre de la Division bleue, soit les « volontaires » espagnols (mais aussi portugais) partis combattre contre le Communisme sur le front russe. L’inépuisable Ambrosio affirme également être membre depuis des années du Syndicat Vertical.
Carlos Areces (Ambrosio) interprète Franco dans La Reina de España, tourné la même année que l’épisode (2017). Le sujet du film est également voisin : le tournage de la première production hollywoodienne dans l’Espagne franquiste.
En 1961 (la même année de la Palme d’or de Viridiana), la première participation de l’Espagne au Concours de L’Eurovision fut un signe fort de l’ouverture affichée par le régime. Entendu en fin d’épisode, le titre retenu fut Estando contigo (Quand je suis avec toi), interprété par Conchita Bautista, actrice et chanteuse alors très populaire en Espagne. Elle finit neuvième sur seize, le tournoi étant remporté par le Luxembourg, avec la chanson Nous Les Amoureux, de Jean-Claude Pascal. L’émission fut présentée par Jacqueline Joubert, depuis le nouveau Palais des Festivals de Cannes. L’Espagne n’a cessé depuis de participer à l’Eurovision, quelle a remporté en 1968 et 1969.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Tiempo de conquista (3-08, ***)
Date de diffusion : 25 septembre 2017
Epoque visitée : 1518, les Conquistadors
Résumé :
Pacino et Alonso partent pour 1518, dans un Yucatán en passe d’être conquis par Hernán Cortés. Pour s’emparer du Mexique, ce dernier a historiquement reçu l’aide déterminante de Jerónimo de Aguilar, clerc ayant appris à parler la langue des Mayas quand il en était prisonnier. Or Aguilar a disparu avant de pouvoir intervenir et le Ministère rend responsable Gonzalo Guerrero, également prisonnier des Mayas, mais ayant décidé d’embrasser leur culture. Pendant ce temps les Enfants de Padilla menacent de s’en prendre aux familles des agents du Ministère, si l’oncle d’Amelia n’est pas libéré.
Critique :
Le XVIe siècle. Des quatre coins de l'Europe, de gigantesques voiliers partent à la conquête du Nouveau Monde. À bord de ces navires, des hommes, avides de rêve, d'aventure et d'espace, à la recherche de fortune. Il aura fallu attendre la troisième saison du Ministère du Temps pour enfin aborder ces figures éminemment identifiées et marquantes de l’Histoire de l’Espagne que composent les Conquistadors de l’Empire sur lequel le Soleil ne se couche jamais. Olivares s’y décide enfin, se peut à destination de ce public latino-américain ayant réservé un si bon accueil à son programme, se peut aussi du fait que Netflix se soucie toujours d’internationaliser les séries qu’il finance. Qu’importe, le succès va être au rendez-vous.
La première réussite de l’opus est visuelle. Idéalement géré par la mise en scène, l’astucieux emploi des potentialités de sites andalous recrée avec une étonnante véracité la végétation luxuriante du Yucatán, ainsi que l’eau turquoise de la Mer Caraïbe. L’ensemble constitue un parfait écrin pour d’épiques aventures aux nombreux rebondissements, entre duels, découvertes exotiques, félonies et coups du sort. Tout ce segment de l’épisode demeure prenant de bout en bout, d’autant que le duo absolument, irrésistiblement antinomique entre Alonso et Pacino suscite bien des étincelles.
Avec un bémol : on demeure néanmoins nostalgique de la dynamique de trio caractérisant la série, il devient urgent intégrer Lola à la Patrouille. S’ajoute également un volet plus sensible et intimiste autour de la rencontre entre Alonso et son grand père se révélant bien différent de la légende familiale. L’expressivité de Nacho Fresneda apporte de la valeur a ce récit en soi passablement prévisible. Par ailleurs se confronter à son propre passé devient décidément un rituel d’airain pour les divers protagonistes du Ministère (Salvador y a aussi droit ici), ce mouvement pourrait à terme donner à la série des allures de Formula Show, ce qu’elle n’a jamais été jusqu’ici.
C’est en fait une nouvelle l’Histoire qui apporte son meilleur à l’opus du jour. L’épisode illustre à merveille la persistante faculté de la série a toujours choisir des cas historiques pertinents, parfois peu connus du public, mais toujours très évocateurs de leur époque. On avouera avoir découvert avec un vif intérêt la singulière aventure des deux survivants capturés par les Mayas. Mais si l’intrigue met en avant, à juste titre, la figure positive de Gonzalo Guerrero, les autres personnages, à commencer par le grand père d’Alonso, ouvrent une intéressante fenêtre sur les Conquistadors. Evidemment loin d’une hagiographie ou d’un lyrisme à la Heredia, l’épisode ne tombe pas non plus dans la critique totale. Au contraire il sait s’attacher à la réalité humaine des individus et de leur environnement historique en Espagne.
Malheureusement ce passionnant versant de l’épisode se voit considérablement réduit par celui dédié à la guéguerre entre le Ministère et ses rivaux. Chacun abordera à sa manière la série. En ce qui nous concerne c’est son aspect d’album historique qui nous séduit avant tut davantage que son espionnite temporelle. Ici cette dimension nous paraît prendre trop d’espace au détriment de la première. Sans doute Olivares a-t-il été trop ambitieux en suscitant non pas une mais deux organisations rivales. Il aurait été plus cohérent de voit les Enfants de Padilla tenter de s’aborder l’entreprise des Conquistadors, plutôt que d’assister à ce jeu temporel sans guère de relief et parfois vaguement ridicule avec cette histoire d’allergie aux cacahouètes. Aux moins cette inflation permet-elle à Salvador, toujours incarné avec infiniment de talent par Jaime Blanch, de se placer davantage au centre de l’échiquier.
Anecdotes :
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, l’épisode n’a pas du tout été tourné au Yucatán. Les scènes de plage l’ont été à Conil de la Frontera, non loin de Cadix. Le site est particulièrement prisé des touristes pour es six superbes plages. Le terme de Frontera (frontière), fait allusion à celle séparant les royaumes chrétiens de l’Émirat de Grenade, ultime possession musulmane aux derniers jours de la Reconquête.
Les scènes de jungle ont été tournées au jardin botanique de Málaga (jardín botánico de la Concepción). Créé en 1855, ce jardin de style anglais est l’un des plus richement dotés d’Europe en plantes subéquatoriales, plus de 50 000 en tout. Ses 55 hectares abritent une profusion de superbes édifices et de jardins thématiques.
Pour confirmer avoir passé un appel téléphone, Lola déclare Yo hice la llamada. Ils ‘agit d’un clin d’œil, l’actrice Macarena García venant alors de connaître un grand succès avec le film La Llamada (2017). Il s’agit d’une comédie musicale, Macarena García mène une double carrière de comédienne et de chanteuse.
En 1511, Gonzalo Guerrero et Gerónimo de Aguilar furent les deux seuls survivants du naufrage d’un navire espagnol au large du Yucatán, étant capturés par les Mayas (qui sacrifièrent le reste de l’équipage). Guerrero s’immergea dans leur culture et épousa une de leurs princesses. A l’arrivée de Cortés, en 1519, il se retourna contre les Espagnols et parvient à résister durant 20 ans dans sa région, située à l’extrême sud de la péninsule du Yucatán, avant de mourir au combat. Il tenta en vain de prévenir l’Empire aztèque du danger. Guerrero est surnommé le Renégat en Espagne et le Père du Métissage au Mexique. Gerónimo de Aguilar opta au contraire pour collaborer avec Cortés. Il lui apporta un précieux appui grâce à sa connaissance des langues et des cultures locales.
Salvador offre à Irène et Pacino des places pour le premier concert de David Bowie en Espagne (durant le Glass Spider Tour). Celui-ci se déroula, le 06 juillet 1987, au state Vicente Calderón, enceinte historique de l’Atlético de Madrid. Pacino avait dû renoncer à un concert de Rosendo, également durant les années 80. Celui-ci est l’une des grandes figures du Rock et du Hard Rock en Espagne depuis les années 70.
Date de diffusion : 25 septembre 2017
Epoque visitée : 1518, les Conquistadors
Résumé :
Pacino et Alonso partent pour 1518, dans un Yucatán en passe d’être conquis par Hernán Cortés. Pour s’emparer du Mexique, ce dernier a historiquement reçu l’aide déterminante de Jerónimo de Aguilar, clerc ayant appris à parler la langue des Mayas quand il en était prisonnier. Or Aguilar a disparu avant de pouvoir intervenir et le Ministère rend responsable Gonzalo Guerrero, également prisonnier des Mayas, mais ayant décidé d’embrasser leur culture. Pendant ce temps les Enfants de Padilla menacent de s’en prendre aux familles des agents du Ministère, si l’oncle d’Amelia n’est pas libéré.
Critique :
Le XVIe siècle. Des quatre coins de l'Europe, de gigantesques voiliers partent à la conquête du Nouveau Monde. À bord de ces navires, des hommes, avides de rêve, d'aventure et d'espace, à la recherche de fortune. Il aura fallu attendre la troisième saison du Ministère du Temps pour enfin aborder ces figures éminemment identifiées et marquantes de l’Histoire de l’Espagne que composent les Conquistadors de l’Empire sur lequel le Soleil ne se couche jamais. Olivares s’y décide enfin, se peut à destination de ce public latino-américain ayant réservé un si bon accueil à son programme, se peut aussi du fait que Netflix se soucie toujours d’internationaliser les séries qu’il finance. Qu’importe, le succès va être au rendez-vous.
La première réussite de l’opus est visuelle. Idéalement géré par la mise en scène, l’astucieux emploi des potentialités de sites andalous recrée avec une étonnante véracité la végétation luxuriante du Yucatán, ainsi que l’eau turquoise de la Mer Caraïbe. L’ensemble constitue un parfait écrin pour d’épiques aventures aux nombreux rebondissements, entre duels, découvertes exotiques, félonies et coups du sort. Tout ce segment de l’épisode demeure prenant de bout en bout, d’autant que le duo absolument, irrésistiblement antinomique entre Alonso et Pacino suscite bien des étincelles.
Avec un bémol : on demeure néanmoins nostalgique de la dynamique de trio caractérisant la série, il devient urgent intégrer Lola à la Patrouille. S’ajoute également un volet plus sensible et intimiste autour de la rencontre entre Alonso et son grand père se révélant bien différent de la légende familiale. L’expressivité de Nacho Fresneda apporte de la valeur a ce récit en soi passablement prévisible. Par ailleurs se confronter à son propre passé devient décidément un rituel d’airain pour les divers protagonistes du Ministère (Salvador y a aussi droit ici), ce mouvement pourrait à terme donner à la série des allures de Formula Show, ce qu’elle n’a jamais été jusqu’ici.
C’est en fait une nouvelle l’Histoire qui apporte son meilleur à l’opus du jour. L’épisode illustre à merveille la persistante faculté de la série a toujours choisir des cas historiques pertinents, parfois peu connus du public, mais toujours très évocateurs de leur époque. On avouera avoir découvert avec un vif intérêt la singulière aventure des deux survivants capturés par les Mayas. Mais si l’intrigue met en avant, à juste titre, la figure positive de Gonzalo Guerrero, les autres personnages, à commencer par le grand père d’Alonso, ouvrent une intéressante fenêtre sur les Conquistadors. Evidemment loin d’une hagiographie ou d’un lyrisme à la Heredia, l’épisode ne tombe pas non plus dans la critique totale. Au contraire il sait s’attacher à la réalité humaine des individus et de leur environnement historique en Espagne.
Malheureusement ce passionnant versant de l’épisode se voit considérablement réduit par celui dédié à la guéguerre entre le Ministère et ses rivaux. Chacun abordera à sa manière la série. En ce qui nous concerne c’est son aspect d’album historique qui nous séduit avant tut davantage que son espionnite temporelle. Ici cette dimension nous paraît prendre trop d’espace au détriment de la première. Sans doute Olivares a-t-il été trop ambitieux en suscitant non pas une mais deux organisations rivales. Il aurait été plus cohérent de voit les Enfants de Padilla tenter de s’aborder l’entreprise des Conquistadors, plutôt que d’assister à ce jeu temporel sans guère de relief et parfois vaguement ridicule avec cette histoire d’allergie aux cacahouètes. Aux moins cette inflation permet-elle à Salvador, toujours incarné avec infiniment de talent par Jaime Blanch, de se placer davantage au centre de l’échiquier.
Anecdotes :
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, l’épisode n’a pas du tout été tourné au Yucatán. Les scènes de plage l’ont été à Conil de la Frontera, non loin de Cadix. Le site est particulièrement prisé des touristes pour es six superbes plages. Le terme de Frontera (frontière), fait allusion à celle séparant les royaumes chrétiens de l’Émirat de Grenade, ultime possession musulmane aux derniers jours de la Reconquête.
Les scènes de jungle ont été tournées au jardin botanique de Málaga (jardín botánico de la Concepción). Créé en 1855, ce jardin de style anglais est l’un des plus richement dotés d’Europe en plantes subéquatoriales, plus de 50 000 en tout. Ses 55 hectares abritent une profusion de superbes édifices et de jardins thématiques.
Pour confirmer avoir passé un appel téléphone, Lola déclare Yo hice la llamada. Ils ‘agit d’un clin d’œil, l’actrice Macarena García venant alors de connaître un grand succès avec le film La Llamada (2017). Il s’agit d’une comédie musicale, Macarena García mène une double carrière de comédienne et de chanteuse.
En 1511, Gonzalo Guerrero et Gerónimo de Aguilar furent les deux seuls survivants du naufrage d’un navire espagnol au large du Yucatán, étant capturés par les Mayas (qui sacrifièrent le reste de l’équipage). Guerrero s’immergea dans leur culture et épousa une de leurs princesses. A l’arrivée de Cortés, en 1519, il se retourna contre les Espagnols et parvient à résister durant 20 ans dans sa région, située à l’extrême sud de la péninsule du Yucatán, avant de mourir au combat. Il tenta en vain de prévenir l’Empire aztèque du danger. Guerrero est surnommé le Renégat en Espagne et le Père du Métissage au Mexique. Gerónimo de Aguilar opta au contraire pour collaborer avec Cortés. Il lui apporta un précieux appui grâce à sa connaissance des langues et des cultures locales.
Salvador offre à Irène et Pacino des places pour le premier concert de David Bowie en Espagne (durant le Glass Spider Tour). Celui-ci se déroula, le 06 juillet 1987, au state Vicente Calderón, enceinte historique de l’Atlético de Madrid. Pacino avait dû renoncer à un concert de Rosendo, également durant les années 80. Celui-ci est l’une des grandes figures du Rock et du Hard Rock en Espagne depuis les années 70.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
El cisma del Tiempo (3-09, **)
Date de diffusion : 02 octobre 2017
Epoque visitée : 1417, l’Antipape Benoît XIII
Résumé :
L’Ange Exterminateur enlève Rabbi Levi, afin que celui-ci réalise un nouveau Livre des Portes. Mais Levi s’enfuit en 1417 avec l’artefact et gagne le château de l’Antipape Benoît XIII à Peñíscola. La Patrouille, qui comprend désormais Lola, vient à sa rescousse quand Benoît XIII voyage à son tour jusqu’en 2017, mais elle a la surprise de découvrir que le nouveau Livre peut désormais ouvrir des Portes donnant sur le Futur. L’Ange exterminateur attaque et la Patrouille se réfugie à l’époque où le château était une forteresse des templiers.
Critique :
L’épisode parachève malheureusement la mutation de El Ministerio del Tiempo, qui n’est décidément plus la série originale et ambitieuse que nous adorions. En effet elle, qui, naguère, se montrait volontiers sarcastique avec les Etats-Unis se coule toujours davantage dans le moule de leurs productions.
La part consacrée à l’Histoire se voit ainsi singulièrement réduite à la portion congrue. Ils s’avère particulièrement triste de découvrir Salvador renoncer à nous décrire un tant soit peu le Grand Schisme d’occident, en l’évacuant avec un « c’est très compliqué », là où Amélia aurait en tracer un portrait, évidemment résumé. Au lieu d’au moins se centrer sur l’Antipape, on ajoute, toujours à la va-vite, les templiers, uniquement là pour les péripéties.
Afin de dramatiser l’action, on joue de manière particulièrement accentuée le pathos autour du crépuscule des Templiers, mais sans même citer l’Ordre valencien de Montesa, qui va prendre la relève à Peñíscola. Pour la première fois le volet historique résulte réellement bâclé, et ce n’est pas le ton volontiers hagiographique autour du Pontife « espagnol » (aragonais) qui va arranger les choses.
Par ailleurs le format de série d’action qu’achève ici de revêtir le programme ne convainc guère. Certes la réalisation demeure efficace par sa mise en valeur réussie du château de Peñíscola, même si l’on regrettera l’insertion d’effets spéciaux uniquement là pour épater la galerie, un besoin guère ressenti jusqu’ici par El Ministerio del Tiempo. Toutefois la plupart des péripéties mises en scène relèvent du cliché, comme cette énième scène d’échange d’otages, mille fois vues ailleurs.
Certaines maladresses viennent encore se rajouter, comme cette porte cruciale donnant sur 1307 et que la patrouille franchit complètement par hasard, elle est juste là à les attendre, ou ces pesants ralentis sur les corps mitraillés des templiers, digne des Western spaghettis de jadis. Certains éléments (le Livre ouvrant sur le Futur, Adolfo Suárez comme mentor de Salvador au sein du Ministère) semblent appelés à prendre ultérieurement de l’importance, pourquoi pas, mais ces promesses demeurent encore à tenir.
Au moins l’épisode peut-il compter sur la sympathie inaltérée qu’insufflent les personnages et sur un relationnel maniant aussi bien l’humour que l’émotion. L’intégration de Lola dans une Patrouille enfin redevenue trio, ainsi que le petit jeu concomitant d’Alonso veillant soigneusement à laisser le commandement à Pacino sonnent très justes. L’ensemble fonctionne harmonieusement, tandis que la figure de Salvador gagne toujours en complexité comme en intérêt. Cet aspect là de la série conserve son attrait, mais l’on retiendra avant tout la triste mise en retrait de l’Histoire au sien de la narration.
Anecdotes :
Paco Obregón reprend ici le rôle de Rabbi Levi, qu’il avait déjà interprété lors de l’épisode Una negociación a tiempo (1-04).
La possibilité de voyager dans le futur enchante Pacino, grand fan de Diego Valor. Ce héros protégeant une Terre futuriste d’invasions martiennes fut le protagoniste d’un feuilleton radiodiffusé de la Cadena Ser. durant les années 50. Son succès lui valut d’être adapté ultérieurement sur de multiples supports, y compris sur la télévision espagnole naissante, pour l’une des toutes premières séries émises par TVE (1957-1958).
Élu Pape en Avignon à la mort de Clément VII (1394), Benoît XIII (l’Aragonais Pedro Martínez de Luna, 1328-1423) devint l’un des trois pontifes se disputant encore le Trône de Saint-Pierre au terme du Grand Schisme d’Occident (1378-1417). A l’issue d’une crise politico-religieuse complexe, il s’opposait à Jean XXIII (à Pise) et à Grégoire XII (à Rome). Le Concile de Constance proclama finalement la déchéance des trois pontifes et réunifia la chrétienté en élisant Martin V. Mais si ses deux concurrents, se soumirent au Concile, Benoît XIII refusa d’abdiquer. Il se réfugia auprès du Roi d’Aragon, son ultime soutien et séjourna au château de Peñíscola. Son dernier successeur (« l’Antipape imaginaire ») finit par se soumettre à Rome en 1467.
Une grande partie de l’épisode fut tournée au Château de Peñíscola, la véritable résidence de l’Antipape. Située dans le nord du Royaume de Valence et bâtie sur un ancien alcazar arabe, (1307), cette forteresse des Templiers fut l’une des plus imprenables de la péninsule. L’austère château militaire devint un magnifique palais pour accueillir la cour de l’érudit Benoît XIII, abritant notamment une superbe bibliothèque. Il représente la forteresse de Valence dans le film Le Cid (1961).
Date de diffusion : 02 octobre 2017
Epoque visitée : 1417, l’Antipape Benoît XIII
Résumé :
L’Ange Exterminateur enlève Rabbi Levi, afin que celui-ci réalise un nouveau Livre des Portes. Mais Levi s’enfuit en 1417 avec l’artefact et gagne le château de l’Antipape Benoît XIII à Peñíscola. La Patrouille, qui comprend désormais Lola, vient à sa rescousse quand Benoît XIII voyage à son tour jusqu’en 2017, mais elle a la surprise de découvrir que le nouveau Livre peut désormais ouvrir des Portes donnant sur le Futur. L’Ange exterminateur attaque et la Patrouille se réfugie à l’époque où le château était une forteresse des templiers.
Critique :
L’épisode parachève malheureusement la mutation de El Ministerio del Tiempo, qui n’est décidément plus la série originale et ambitieuse que nous adorions. En effet elle, qui, naguère, se montrait volontiers sarcastique avec les Etats-Unis se coule toujours davantage dans le moule de leurs productions.
La part consacrée à l’Histoire se voit ainsi singulièrement réduite à la portion congrue. Ils s’avère particulièrement triste de découvrir Salvador renoncer à nous décrire un tant soit peu le Grand Schisme d’occident, en l’évacuant avec un « c’est très compliqué », là où Amélia aurait en tracer un portrait, évidemment résumé. Au lieu d’au moins se centrer sur l’Antipape, on ajoute, toujours à la va-vite, les templiers, uniquement là pour les péripéties.
Afin de dramatiser l’action, on joue de manière particulièrement accentuée le pathos autour du crépuscule des Templiers, mais sans même citer l’Ordre valencien de Montesa, qui va prendre la relève à Peñíscola. Pour la première fois le volet historique résulte réellement bâclé, et ce n’est pas le ton volontiers hagiographique autour du Pontife « espagnol » (aragonais) qui va arranger les choses.
Par ailleurs le format de série d’action qu’achève ici de revêtir le programme ne convainc guère. Certes la réalisation demeure efficace par sa mise en valeur réussie du château de Peñíscola, même si l’on regrettera l’insertion d’effets spéciaux uniquement là pour épater la galerie, un besoin guère ressenti jusqu’ici par El Ministerio del Tiempo. Toutefois la plupart des péripéties mises en scène relèvent du cliché, comme cette énième scène d’échange d’otages, mille fois vues ailleurs.
Certaines maladresses viennent encore se rajouter, comme cette porte cruciale donnant sur 1307 et que la patrouille franchit complètement par hasard, elle est juste là à les attendre, ou ces pesants ralentis sur les corps mitraillés des templiers, digne des Western spaghettis de jadis. Certains éléments (le Livre ouvrant sur le Futur, Adolfo Suárez comme mentor de Salvador au sein du Ministère) semblent appelés à prendre ultérieurement de l’importance, pourquoi pas, mais ces promesses demeurent encore à tenir.
Au moins l’épisode peut-il compter sur la sympathie inaltérée qu’insufflent les personnages et sur un relationnel maniant aussi bien l’humour que l’émotion. L’intégration de Lola dans une Patrouille enfin redevenue trio, ainsi que le petit jeu concomitant d’Alonso veillant soigneusement à laisser le commandement à Pacino sonnent très justes. L’ensemble fonctionne harmonieusement, tandis que la figure de Salvador gagne toujours en complexité comme en intérêt. Cet aspect là de la série conserve son attrait, mais l’on retiendra avant tout la triste mise en retrait de l’Histoire au sien de la narration.
Anecdotes :
Paco Obregón reprend ici le rôle de Rabbi Levi, qu’il avait déjà interprété lors de l’épisode Una negociación a tiempo (1-04).
La possibilité de voyager dans le futur enchante Pacino, grand fan de Diego Valor. Ce héros protégeant une Terre futuriste d’invasions martiennes fut le protagoniste d’un feuilleton radiodiffusé de la Cadena Ser. durant les années 50. Son succès lui valut d’être adapté ultérieurement sur de multiples supports, y compris sur la télévision espagnole naissante, pour l’une des toutes premières séries émises par TVE (1957-1958).
Élu Pape en Avignon à la mort de Clément VII (1394), Benoît XIII (l’Aragonais Pedro Martínez de Luna, 1328-1423) devint l’un des trois pontifes se disputant encore le Trône de Saint-Pierre au terme du Grand Schisme d’Occident (1378-1417). A l’issue d’une crise politico-religieuse complexe, il s’opposait à Jean XXIII (à Pise) et à Grégoire XII (à Rome). Le Concile de Constance proclama finalement la déchéance des trois pontifes et réunifia la chrétienté en élisant Martin V. Mais si ses deux concurrents, se soumirent au Concile, Benoît XIII refusa d’abdiquer. Il se réfugia auprès du Roi d’Aragon, son ultime soutien et séjourna au château de Peñíscola. Son dernier successeur (« l’Antipape imaginaire ») finit par se soumettre à Rome en 1467.
Une grande partie de l’épisode fut tournée au Château de Peñíscola, la véritable résidence de l’Antipape. Située dans le nord du Royaume de Valence et bâtie sur un ancien alcazar arabe, (1307), cette forteresse des Templiers fut l’une des plus imprenables de la péninsule. L’austère château militaire devint un magnifique palais pour accueillir la cour de l’érudit Benoît XIII, abritant notamment une superbe bibliothèque. Il représente la forteresse de Valence dans le film Le Cid (1961).
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Refugiados por el Tiempo (3-10, ***)
Date de diffusion : 09 octobre 2017
Epoque visitée : 1609 et 1828, Felipe III et Bolívar
Résumé :
Tandis qu’Alonso et Pacino se rendent en 1828 à Bogota pour protéger Bolivar d’une conspiration, le Ministère doit faire face à l’arrivée surprise de tout un groupe de réfugiés morisques, en provenance du règne de Philippe III. Ce sont cette fois les Fils de Padilla qui s’en servent comme Cheval de Troie involontaire, afin de provoquer un attentat suicide détruisant le Ministère. L’Ange exterminateur tente de profiter de la crise, son chef se faisant passer pour le délégué du Gouvernement, à qui Salvador doit rendre des comptes.
Critique :
Refugiados por el Tiempo souffre des mêmes faiblesses que son prédécesseur. Les rivalités entre sociétés secrètes, Ministère, Anges Exterminateur et Enfants de Padilla, occupent beaucoup d’espace, de même que les jeux temporels, le tout au détriment de celui imparti à l’Histoire. Mais, contrairement au tristement parcellaire survol de l’Antipape et du Grand Schisme d’Occident, l’épisode nous semble gérer ces contraintes avec une efficacité retrouvée.
Quoique sans doute trop ramassée, on décèle un authentique intérêt dans la partie consacrée à un Bolivar cette fois au soir de sa vie et déjà dévoré par la tuberculose. Le portrait du Libertador, interprété avec beaucoup de talent par l’acteur colombien Juan Pablo Shuk sonne juste, entre grandeur et affirmation de l’indépendance d’une nation, tout en évitant l’hagiographie. C’est ainsi qu’à juste titre Alonso pointe que, chez Bolivar, la soif de liberté s’arrête aux descendants d’Espagnols entre concerne aucunement les natifs.
Comme toujours la série sait dénicher les évènements et personnalités dignes d’intérêt (la Conspiración Septembrina et Manuela Sáenz), tout en les intégrant habilement dans un récit riche en péripétie. Outre les clins d’œil réussis à Barry Lindon (cette saison est décidément très cinéphile), la mise en scène sait mettre en valeur les superbes costumes et sites de tournage, tout en évitant les effets spéciaux contreproductifs. Par contre on regrettera l’introduction de l’homme constituant un point fixe dans le Temps, hors sujet ici et très pompé sur le Jack Harkness de Doctor Who et Torchwood.
L’énième retour au Siècle d’or, certes déclinant, suscite forcément moins de curiosité tant cette époque a déjà été parcourue en long et en large. L’absence de la pétillante relation entre Amelia et Lope de Vega se fait également ressentir, tandis que l’on note que décidément Lola n’est toujours pas devenue membre à part entière de la Patrouille. La mise en scène n’en demeure pas moins là aussi d’une rare élégance, tandis que l’on enregistre avec plaisir le retour du trop rare Velázquez (l’un des coups de génie de la série), aussi drôle qu’émouvant quand il évoque Juan de Pareja.
Le tronçon contemporain suscite des sentiments davantage mitigés. Les tentatives d’attentat à la 24h Chrono nous laissent de marbre dans le cadre de la présente série et Elena n’est pas le personnage nous captivant le plus. L’infiltration de Bosco évoque beaucoup celle de Susana Torres en saison 1, nous serions très surpris si Salvador n’avait pas tout de suite compris de quoi il retournait. Le récit vaut néanmoins pour l’émouvant parallèle établi entre le triste sort des Morisques et les réfugiés faisant aujourd’hui l’actualité, mais aussi avec les drames humanitaires du passé. Tout juste pointera-t-on qu’il n’était ps nécessaire de le souligner aussi explicitement dans les dialogues entre Lola et Ernesto, nous avions compris.
Malgré les quelques réserves qu’il suscite, l’opus de regarde avec un plaisir certain et semble indiquer que le Ministère du Temps sait conserver son intérêt en dépit de son nouveau paradigme.
Anecdotes :
Bosco, le maître de l’Ange Exterminateur, trahit son antériorité à l’époque contemporaine en ne connaissant pas Chiquito de la Calzada (1932-2017), chanteur de flamenco et humoriste à succès.
Pacino et Alonso se présentent auprès de Bolivar sous le nom d’Andrés Pajares et Fernando Esteso. Il s’agit de deux humoristes très populaires en Espagne, ayant notamment travaillé en duo durant les années 70 et 80, dans des comédies légèrement érotiques (Los Chulos, 1981).
Alonso défie en duel Rafael Urdaneta. Ce premier des fidèles de Bolivar fut le général conduisant les opérations militaires menant à l’indépendance du Venezuela. Il devint à son tour le président de la Grande Colombie en 1830-1831.
Auprès de Bolivar, Pacino et Alonso rencontrent Manuela Sáenz (1795-1856). Elle fut la compagne et la collaboratrice du Libertador durant les dernières années de ce dernier, de 1822 à 1830. Son rôle dans l’émancipation du continent est désormais pleinement reconnu et Manuelita constitue une forte figure du féminisme en Amérique latine.
Les évènements de l’épisode font référence à la conspiration de septembre 1828 (la Conspiración Septembrina). Des opposants libéraux à Bolivar menèrent une attaque nocturne contre le palais présidentiel, durant la nuit du 25 septembre. Isolé, le Libertador décida de résister l’arme à la main, mais Manuela Sáenz le convainquit de s’enfuir, ce qui lui sauva sans doute la vie. Il parvint à rallier les troupes loyalistes de Bogota et le coup d’Etat fut écrasé.
L’épisode comporte plusieurs références au film Barry Lyndon, comme le duel entre Alonso et Urdaneta, ou les musiques choisies (Mozart, Scubert).
Pour révéler l’existence du Ministère à Elena, Salvador lui fait rencontrer la Belle Otero. Il s’agit du nom de scène de Caroline Otero (1868-1965), fameuse danseuse exotique et courtisane de la Belle Epoque. Née dans une famille galicienne miséreuse, elle connut la gloire à Paris, sur scène dans des rôles de belle étrangère, mais aussi dans les alcôves du Gotha. Elle est considérée comme la première vedette du cinéma, étant filmée en train de danser par Félix Mesguich, en 1898, lors d’un numéro qui provoqua une émotion considérable.
Date de diffusion : 09 octobre 2017
Epoque visitée : 1609 et 1828, Felipe III et Bolívar
Résumé :
Tandis qu’Alonso et Pacino se rendent en 1828 à Bogota pour protéger Bolivar d’une conspiration, le Ministère doit faire face à l’arrivée surprise de tout un groupe de réfugiés morisques, en provenance du règne de Philippe III. Ce sont cette fois les Fils de Padilla qui s’en servent comme Cheval de Troie involontaire, afin de provoquer un attentat suicide détruisant le Ministère. L’Ange exterminateur tente de profiter de la crise, son chef se faisant passer pour le délégué du Gouvernement, à qui Salvador doit rendre des comptes.
Critique :
Refugiados por el Tiempo souffre des mêmes faiblesses que son prédécesseur. Les rivalités entre sociétés secrètes, Ministère, Anges Exterminateur et Enfants de Padilla, occupent beaucoup d’espace, de même que les jeux temporels, le tout au détriment de celui imparti à l’Histoire. Mais, contrairement au tristement parcellaire survol de l’Antipape et du Grand Schisme d’Occident, l’épisode nous semble gérer ces contraintes avec une efficacité retrouvée.
Quoique sans doute trop ramassée, on décèle un authentique intérêt dans la partie consacrée à un Bolivar cette fois au soir de sa vie et déjà dévoré par la tuberculose. Le portrait du Libertador, interprété avec beaucoup de talent par l’acteur colombien Juan Pablo Shuk sonne juste, entre grandeur et affirmation de l’indépendance d’une nation, tout en évitant l’hagiographie. C’est ainsi qu’à juste titre Alonso pointe que, chez Bolivar, la soif de liberté s’arrête aux descendants d’Espagnols entre concerne aucunement les natifs.
Comme toujours la série sait dénicher les évènements et personnalités dignes d’intérêt (la Conspiración Septembrina et Manuela Sáenz), tout en les intégrant habilement dans un récit riche en péripétie. Outre les clins d’œil réussis à Barry Lindon (cette saison est décidément très cinéphile), la mise en scène sait mettre en valeur les superbes costumes et sites de tournage, tout en évitant les effets spéciaux contreproductifs. Par contre on regrettera l’introduction de l’homme constituant un point fixe dans le Temps, hors sujet ici et très pompé sur le Jack Harkness de Doctor Who et Torchwood.
L’énième retour au Siècle d’or, certes déclinant, suscite forcément moins de curiosité tant cette époque a déjà été parcourue en long et en large. L’absence de la pétillante relation entre Amelia et Lope de Vega se fait également ressentir, tandis que l’on note que décidément Lola n’est toujours pas devenue membre à part entière de la Patrouille. La mise en scène n’en demeure pas moins là aussi d’une rare élégance, tandis que l’on enregistre avec plaisir le retour du trop rare Velázquez (l’un des coups de génie de la série), aussi drôle qu’émouvant quand il évoque Juan de Pareja.
Le tronçon contemporain suscite des sentiments davantage mitigés. Les tentatives d’attentat à la 24h Chrono nous laissent de marbre dans le cadre de la présente série et Elena n’est pas le personnage nous captivant le plus. L’infiltration de Bosco évoque beaucoup celle de Susana Torres en saison 1, nous serions très surpris si Salvador n’avait pas tout de suite compris de quoi il retournait. Le récit vaut néanmoins pour l’émouvant parallèle établi entre le triste sort des Morisques et les réfugiés faisant aujourd’hui l’actualité, mais aussi avec les drames humanitaires du passé. Tout juste pointera-t-on qu’il n’était ps nécessaire de le souligner aussi explicitement dans les dialogues entre Lola et Ernesto, nous avions compris.
Malgré les quelques réserves qu’il suscite, l’opus de regarde avec un plaisir certain et semble indiquer que le Ministère du Temps sait conserver son intérêt en dépit de son nouveau paradigme.
Anecdotes :
Bosco, le maître de l’Ange Exterminateur, trahit son antériorité à l’époque contemporaine en ne connaissant pas Chiquito de la Calzada (1932-2017), chanteur de flamenco et humoriste à succès.
Pacino et Alonso se présentent auprès de Bolivar sous le nom d’Andrés Pajares et Fernando Esteso. Il s’agit de deux humoristes très populaires en Espagne, ayant notamment travaillé en duo durant les années 70 et 80, dans des comédies légèrement érotiques (Los Chulos, 1981).
Alonso défie en duel Rafael Urdaneta. Ce premier des fidèles de Bolivar fut le général conduisant les opérations militaires menant à l’indépendance du Venezuela. Il devint à son tour le président de la Grande Colombie en 1830-1831.
Auprès de Bolivar, Pacino et Alonso rencontrent Manuela Sáenz (1795-1856). Elle fut la compagne et la collaboratrice du Libertador durant les dernières années de ce dernier, de 1822 à 1830. Son rôle dans l’émancipation du continent est désormais pleinement reconnu et Manuelita constitue une forte figure du féminisme en Amérique latine.
Les évènements de l’épisode font référence à la conspiration de septembre 1828 (la Conspiración Septembrina). Des opposants libéraux à Bolivar menèrent une attaque nocturne contre le palais présidentiel, durant la nuit du 25 septembre. Isolé, le Libertador décida de résister l’arme à la main, mais Manuela Sáenz le convainquit de s’enfuir, ce qui lui sauva sans doute la vie. Il parvint à rallier les troupes loyalistes de Bogota et le coup d’Etat fut écrasé.
L’épisode comporte plusieurs références au film Barry Lyndon, comme le duel entre Alonso et Urdaneta, ou les musiques choisies (Mozart, Scubert).
Pour révéler l’existence du Ministère à Elena, Salvador lui fait rencontrer la Belle Otero. Il s’agit du nom de scène de Caroline Otero (1868-1965), fameuse danseuse exotique et courtisane de la Belle Epoque. Née dans une famille galicienne miséreuse, elle connut la gloire à Paris, sur scène dans des rôles de belle étrangère, mais aussi dans les alcôves du Gotha. Elle est considérée comme la première vedette du cinéma, étant filmée en train de danser par Félix Mesguich, en 1898, lors d’un numéro qui provoqua une émotion considérable.
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Prochainement sur vos écrans, El Ministerio del Tiempo s'essaie à l'épisode musical, avec La Verbena de la Paloma, l'une des plus célèbres zarzuelas.
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Tiempo de verbena (3-11, ****)
Date de diffusion : 16 octobre 2017
Epoque visitée : 1894, La Verbena de la Paloma
Résumé :
Pour ses vacances, Angustias décide de retourner dans son époque afin de réaliser un vieux rêve : assister à la première de La Verbena de la Paloma, à Madrid. Mais elle découvre que l’annulation du spectacle est annoncée ! En compagnie de Lola et de Pacino, elle n'a que quatre jours pour s'intégrer à la distribution et remettre sur de bons rails la production de cette œuvre majeure de la Zarzuela chica. Pendant ce temps, Alonso tente d’interroger Arteche, l'agent immortel de l'Ange Exterminateur.
Critique :
Avec cet épisode léger et chantant, largement humoristique pour son segment principal, El Ministerio del Tiempo s’offre ne appréciable respiration avant que ne survienne le prévisible affrontement final. On l’apprécie d’autant plus que le récit revêt une agréable saveur de madeleine, tant on y renoue avec la série des deux premières saison, loin des évolutions par toujours convaincantes (à nos yeux) caractérisant l’actuelle.
Ainsi le très divertissant argument principal se voit-il totalement exempt des interventions des sociétés secrètes concurrentes du Ministère, ce qui permet d’enfin dédier tout l’espace à l’Histoire et aux péripéties du jour, sans interférences. Par ailleurs au sein d’une saison très manifestement dédiée à internationaliser le programme (avec d’ailleurs des résultats souvent intéressants), on s’en tient ici à un double sujet purement espagnol.
L’épisode autorise ainsi un joli panorama sur le fourmillement intellectuel et artistique madrilène de la fin du XIXe siècle. Soit un courant peu connu en France, où l’on a une vision souvent très crépusculaire de l’Histoire d’Espagne concernant cette époque effectivement troublée. L’opération s’effectue selon la meilleure tradition de la série, jamais de manière didactique, mais à travers de plaisantes rencontres et des dialogues pétillants. Avec un véritable plaisir, on y croise ainsi le compositeur Tomás Bretón, la cantatrice Luisa Campos ou les écrivains Benito Pérez Galdós et José Echegaray (Prix Nobel de littérature en 1904), entre autres. L’ensemble ne se contente d’ailleurs pas d’une simple galerie de portrait mais en profite aussi pour converser sur l’opposition entre art populaire ou élitiste, à travers l’opposition opéra / zarzuela.
Car, si l’épisode ne comporte pas tout à fait assez de plages chantées pour être réellement qualifié de musical, il nous immerge dans la bulle stress que constituent les ultimes préparatifs et la première d’un spectacle. Entre problèmes financiers, matériels et ‘ego, notre trio va de voir se débattre comme jamais pour sauver la journée, au fil d’un vaudeville prenant lui-même astucieusement des allures de zarzuela chica (genre typiquement espagnol, à la tonalité dramatique plus marquée que chez l’opérette d’Offenbach). Le clou de spectacle demeure évidemment la performance scénique, avec des acteurs souvent choisis pour leur double carrière de chanteur, à commencer par la formidable Macarena García. Les autres font au moins preuve d’une énergie communicative ! Le choix du Real Coliseo permet de reproduire avec précision les conditions de représentation de l’époque.
Si on apprécie qu’Angutias puisse enfin s’extraire cette saison de son rôle de fidèle secrétaire, on remarque que la nouvelle Patrouille Pacino/Alonso/Lola n’aura décidément guère eu l’occasion de se mettre en place. Malgré le talent de l’interprétation, la confrontation, puis le rapprochement entre Alonso et Arteche demeure davantage anecdotique. D’autant que la convergence avec le Jack Harkness de la BBC continue à parasiter l’ensemble. Mais ces évènements (idem pour Marta) présentent au moins l’intérêt de préparer efficacement le décor du probable affrontement final entre le Ministère, l’Ange Exterminateur et les Enfants de Padilla.
Anecdotes :
La musique préférée d’Ernesto est elle d’Antonio de Cabezón (1510-1566). Aveugle quasiment de naissance, il devint néanmoins l’organiste royal de la cour d’Espagne, sous Philippe II. Il est l’un des compositeurs majeurs du Siècle d’Or, notamment pour les pour les instruments à clavier (clavecin et orgue). Ses compositions pour orgue comptent parmi les plus anciennes qui soient conservées.
Arteche, l'agent immortel de l'Ange Exterminateur, est le « Soldat espagnol de vingt siècles ». En réalité José Gómez de Arteche (1821-1906) fut un grand historien militaire. Dans son ouvrage de fiction Un soldado español de veinte siglos (1875), il imagine qu'un soldat immortel participe à toutes les armées espagnoles depuis l'époque romaine, sur le modèle du Juif errant.
La Verbena de la Paloma (la Fête de la Colombe) fut crée le 17 février 1894 au Teatro Apolo de Madrid. Composée par Tomás Bretón sur un livret de Ricardo de la Vega, cette célèbre zarzuela chica (drame léger et chanté typiquement espagnol) fait référence à la procession madrilène de la Vierge de la Colombe, le 15 août. Connaissant un triomphe dès sa première, La Verbena de la Paloma est demeurée l'un des sommets du Género Chico, ce qui lui valut d'être adaptée trois fois au cinéma et de devenir l'une des œuvres les plus enseignées dans les conservatoires espagnols.
Le compositeur Tomás Bretón va participer à une tertulia, au Café Levante. La tertulia est l’équivalent espagnol des salons ou cercles littéraires français, où se réunissent artistes et gens de lettres (mais aussi toreros célèbres et personnages politiques, le spectre est très large) pour débattre ou s’accorder sur des projets communs. Une tertulia se réunit souvent en soirée ou de nuit, non pas chez un hôte, mais dans un espace public, café, cidrerie ou terrasse, et s’accompagne volontiers du chant des guitares en Andalousie.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle et jusqu’à la guerre civile, les tertulias madrilènes très hétéroclites, constituèrent un carrefour important des échanges d’idées artistiques et politiques en Espagne et se tinrent le plus souvent dans des cafés. D’abord situé dans la rue d'Alcalá, donnant sur la Puerta del Sol, le Café Levante fut l'un des tous premiers de ces lieux de rencontre.
Le théâtre Apolo où fut créée la Verbena se trouvait également dans la rue d'Alcalá, mais il n’existe plus de nos jours. Les scènes sur scène furent tournées au Real Coliseo de Carlos III, non loin de l’Escorial. Bâti à la fin du XVIIIe siècle, il reste aujourd’hui le dernier théâtre espagnol conçu selon les concepts de l’époque.
Date de diffusion : 16 octobre 2017
Epoque visitée : 1894, La Verbena de la Paloma
Résumé :
Pour ses vacances, Angustias décide de retourner dans son époque afin de réaliser un vieux rêve : assister à la première de La Verbena de la Paloma, à Madrid. Mais elle découvre que l’annulation du spectacle est annoncée ! En compagnie de Lola et de Pacino, elle n'a que quatre jours pour s'intégrer à la distribution et remettre sur de bons rails la production de cette œuvre majeure de la Zarzuela chica. Pendant ce temps, Alonso tente d’interroger Arteche, l'agent immortel de l'Ange Exterminateur.
Critique :
Avec cet épisode léger et chantant, largement humoristique pour son segment principal, El Ministerio del Tiempo s’offre ne appréciable respiration avant que ne survienne le prévisible affrontement final. On l’apprécie d’autant plus que le récit revêt une agréable saveur de madeleine, tant on y renoue avec la série des deux premières saison, loin des évolutions par toujours convaincantes (à nos yeux) caractérisant l’actuelle.
Ainsi le très divertissant argument principal se voit-il totalement exempt des interventions des sociétés secrètes concurrentes du Ministère, ce qui permet d’enfin dédier tout l’espace à l’Histoire et aux péripéties du jour, sans interférences. Par ailleurs au sein d’une saison très manifestement dédiée à internationaliser le programme (avec d’ailleurs des résultats souvent intéressants), on s’en tient ici à un double sujet purement espagnol.
L’épisode autorise ainsi un joli panorama sur le fourmillement intellectuel et artistique madrilène de la fin du XIXe siècle. Soit un courant peu connu en France, où l’on a une vision souvent très crépusculaire de l’Histoire d’Espagne concernant cette époque effectivement troublée. L’opération s’effectue selon la meilleure tradition de la série, jamais de manière didactique, mais à travers de plaisantes rencontres et des dialogues pétillants. Avec un véritable plaisir, on y croise ainsi le compositeur Tomás Bretón, la cantatrice Luisa Campos ou les écrivains Benito Pérez Galdós et José Echegaray (Prix Nobel de littérature en 1904), entre autres. L’ensemble ne se contente d’ailleurs pas d’une simple galerie de portrait mais en profite aussi pour converser sur l’opposition entre art populaire ou élitiste, à travers l’opposition opéra / zarzuela.
Car, si l’épisode ne comporte pas tout à fait assez de plages chantées pour être réellement qualifié de musical, il nous immerge dans la bulle stress que constituent les ultimes préparatifs et la première d’un spectacle. Entre problèmes financiers, matériels et ‘ego, notre trio va de voir se débattre comme jamais pour sauver la journée, au fil d’un vaudeville prenant lui-même astucieusement des allures de zarzuela chica (genre typiquement espagnol, à la tonalité dramatique plus marquée que chez l’opérette d’Offenbach). Le clou de spectacle demeure évidemment la performance scénique, avec des acteurs souvent choisis pour leur double carrière de chanteur, à commencer par la formidable Macarena García. Les autres font au moins preuve d’une énergie communicative ! Le choix du Real Coliseo permet de reproduire avec précision les conditions de représentation de l’époque.
Si on apprécie qu’Angutias puisse enfin s’extraire cette saison de son rôle de fidèle secrétaire, on remarque que la nouvelle Patrouille Pacino/Alonso/Lola n’aura décidément guère eu l’occasion de se mettre en place. Malgré le talent de l’interprétation, la confrontation, puis le rapprochement entre Alonso et Arteche demeure davantage anecdotique. D’autant que la convergence avec le Jack Harkness de la BBC continue à parasiter l’ensemble. Mais ces évènements (idem pour Marta) présentent au moins l’intérêt de préparer efficacement le décor du probable affrontement final entre le Ministère, l’Ange Exterminateur et les Enfants de Padilla.
Anecdotes :
La musique préférée d’Ernesto est elle d’Antonio de Cabezón (1510-1566). Aveugle quasiment de naissance, il devint néanmoins l’organiste royal de la cour d’Espagne, sous Philippe II. Il est l’un des compositeurs majeurs du Siècle d’Or, notamment pour les pour les instruments à clavier (clavecin et orgue). Ses compositions pour orgue comptent parmi les plus anciennes qui soient conservées.
Arteche, l'agent immortel de l'Ange Exterminateur, est le « Soldat espagnol de vingt siècles ». En réalité José Gómez de Arteche (1821-1906) fut un grand historien militaire. Dans son ouvrage de fiction Un soldado español de veinte siglos (1875), il imagine qu'un soldat immortel participe à toutes les armées espagnoles depuis l'époque romaine, sur le modèle du Juif errant.
La Verbena de la Paloma (la Fête de la Colombe) fut crée le 17 février 1894 au Teatro Apolo de Madrid. Composée par Tomás Bretón sur un livret de Ricardo de la Vega, cette célèbre zarzuela chica (drame léger et chanté typiquement espagnol) fait référence à la procession madrilène de la Vierge de la Colombe, le 15 août. Connaissant un triomphe dès sa première, La Verbena de la Paloma est demeurée l'un des sommets du Género Chico, ce qui lui valut d'être adaptée trois fois au cinéma et de devenir l'une des œuvres les plus enseignées dans les conservatoires espagnols.
Le compositeur Tomás Bretón va participer à une tertulia, au Café Levante. La tertulia est l’équivalent espagnol des salons ou cercles littéraires français, où se réunissent artistes et gens de lettres (mais aussi toreros célèbres et personnages politiques, le spectre est très large) pour débattre ou s’accorder sur des projets communs. Une tertulia se réunit souvent en soirée ou de nuit, non pas chez un hôte, mais dans un espace public, café, cidrerie ou terrasse, et s’accompagne volontiers du chant des guitares en Andalousie.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle et jusqu’à la guerre civile, les tertulias madrilènes très hétéroclites, constituèrent un carrefour important des échanges d’idées artistiques et politiques en Espagne et se tinrent le plus souvent dans des cafés. D’abord situé dans la rue d'Alcalá, donnant sur la Puerta del Sol, le Café Levante fut l'un des tous premiers de ces lieux de rencontre.
Le théâtre Apolo où fut créée la Verbena se trouvait également dans la rue d'Alcalá, mais il n’existe plus de nos jours. Les scènes sur scène furent tournées au Real Coliseo de Carlos III, non loin de l’Escorial. Bâti à la fin du XVIIIe siècle, il reste aujourd’hui le dernier théâtre espagnol conçu selon les concepts de l’époque.
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Contratiempos (3-12, **)
Date de diffusion : 25 octobre 2017
Epoque visitée : 1976, Adolfo Suárez
Résumé :
Le Sous-secrétaire apprend qu’en 1976 Adolfo Suárez ne compte plus parmi les candidats à la Présidence du Gouvernement. Cet évènement met en péril le bon déroulement de la Transition post-franquiste. Salvador envoie la Patrouille sauver la démocratie espagnole, d’autant que Suárez a été son propre mentor au sein du Ministère. L’Ange Exterminateur tire les ficelles du complot, après s’être emparé d’Elena. Une confrontation décisive en découle entre le Ministère et ses deux rivaux. De son côté Lola se rend en 2010, afin de se confronter à sa version alternative.
Critique :
A l’occasion de son avant dernier épisode, El Ministerio del Tiempo retombee malheureusement dans les travers de cette saison 3. Fondamentalement, la partie historique se voit derechef sacrifiée aux histoires de sociétés secrètes, ou aux parcours individuels des agents du Ministère. Or l’intérêt de ces deux derniers éléments demeure inégal.
La rencontre des deux Lola permet de finir de cerner le parcours du personnage, mais intervient bien trop tard dans la saison et nous permet de retrouver l’excellente Natalia Millán. Cette problématique aurait dû être réglée depuis longtemps et l’épatante Lola de Macarena Garcia être pleinement intégrée à la Patrouille, au lieu de n’en demeurer qu’un membre intermittent et périphérique. Même en cet vante dernier épisode, l’aventure principale se déroule sans elle. En plus la coexistence de lignes temporelles alternatives semble indiquer une certaine immuabilité du Temps, ce qui est contradictoire avec l’existence du Ministère.
Le triomphe du Ministère a le mérite d’apporter une conclusion claire et définitive à cet arc narratif parfois envahissant vis-à-vis du volet historique de la série. La soudaine double résolution du conflit suscite un effet de choc et se montre astucieuse, se basant notamment sur le caractère orgueilleux du chef de l’Ange Exterminateur. Toutefois le plein succès de l’entreprise suppose qu’Alonso devienne un traitre et la victime de son camarade Pacino, ce que l’on ne croit pas un seul instant. Dès lors, la chute résulte pour le moins prévisible, même s’il faut reconnaître que la saison a intelligemment pavé le terrain en multipliant les crises de loyauté chez Alonso.
On comprend qu’à travers l’Ange Exterminateur et les Enfants de Padilla, Olivares ait voulu stigmatiser deux approches de l’Histoire espagnole, l’une l’adorant sans réserves jusqu’à vouloir la figer, et l’autre au contraire la reniant sans mesure. Mais le paradoxe de cette saison reste que cette critique de deux approches extrémistes du Passé ait entrainé la série à consacrer moins d’espace à ce dernier. Ainsi, dans l’épisode du jour, on se réjouit qu’El Ministerio del Tiempo aborde le sujet fondamental pour l’Espagne contemporaine que constitue la Transition démocratique. Mais l’impression de survol perdure, Suárez apparaissant comme le prétexte de l’intrigue au lieu d’en former le sujet.
Anecdotes :
La série télévisée vue en 1976 est Curro Jiménez (TVE, 1976-1978). Elle narre les aventures (très) romancées du héros, un brigand d’honneur andalou ayant réellement existé durant la première moitié du XIXe siècle. Lutte contre l’envahisseur étranger, amours romantiques et camaraderie virile au sein de ces opposants à l’Empereur : très populaire en Espagne, la série fait beaucoup songer au Thierry la Fronde de l’ORTF.
Alonso et Irène trouvent que l’acteur jouant Curro Jiménez ressemble beaucoup à Julián. Il s’agit d’un clin d’œil, Rodolfo Sancho (Julián) étant le fils de Sancho Gracia (Jiménez).
Quand Salvador apprend que Lucía souffre de sclérose, il montre le portrait d’un précédent Sous-secrétaire mort d’une maladie également dégénérative. Il s’agit en fait de Pablo Olivares co-créateur de la série avec son frère Javier et décédé de la sorte en 2014, juste avant le lancement de El Ministerio del Tiempo.
Une partie de l’intrigue se déroule au sein du Conseil du Royaume (Consejo del Reino), créé en 1947 par Franco, afin de lui proposer des candidats pour les hautes charges de l’Etat. Durant l’ère franquiste, cet organisme consultatif ne joua qu’un rôle très symbolique, mais chargé de mener à bien la succession du Caudillo, son président Torcuato Fernández-Miranda (vu dans l’épisode) joua un rôle clef dans l’avènement de la Transition. Cet éminent juriste constitutionnel, qui fut le professeur de droit du futur Roi, est considéré comme le stratège du plan mené à bien par S.M. Don Juan Carlos et Adolfo Suárez.
Issu de la Phalange, Adolfo Suárez (1932-2014) fut le Président du Gouvernement de 1976 à 1981. Durant cette période il mena à bien la Transition démocratique, certes parachevée par l’alternance voyant le PSOE arriver au pouvoir en 1982. Avec le plein soutien de S.M. Don Juan Carlos, il mena avec dextérité le processus aussi risqué que complexe conduisant à liquider sans violence le régime franquiste, tout en faisant adhérer les partis républicains à la monarchie parlementaire et en se confrontant aux attentats de l’ETA. Devenu le leader de la droite modérée, il remporta toutes les élections de la période, ainsi que le référendum constitutionnel de 1978. Épuisé, il se retire en 1981, en pleine crise économique. En 1996, le Roi lui confère la dignité de Grand d'Espagne et le titre de duc de Suárez.
Date de diffusion : 25 octobre 2017
Epoque visitée : 1976, Adolfo Suárez
Résumé :
Le Sous-secrétaire apprend qu’en 1976 Adolfo Suárez ne compte plus parmi les candidats à la Présidence du Gouvernement. Cet évènement met en péril le bon déroulement de la Transition post-franquiste. Salvador envoie la Patrouille sauver la démocratie espagnole, d’autant que Suárez a été son propre mentor au sein du Ministère. L’Ange Exterminateur tire les ficelles du complot, après s’être emparé d’Elena. Une confrontation décisive en découle entre le Ministère et ses deux rivaux. De son côté Lola se rend en 2010, afin de se confronter à sa version alternative.
Critique :
A l’occasion de son avant dernier épisode, El Ministerio del Tiempo retombee malheureusement dans les travers de cette saison 3. Fondamentalement, la partie historique se voit derechef sacrifiée aux histoires de sociétés secrètes, ou aux parcours individuels des agents du Ministère. Or l’intérêt de ces deux derniers éléments demeure inégal.
La rencontre des deux Lola permet de finir de cerner le parcours du personnage, mais intervient bien trop tard dans la saison et nous permet de retrouver l’excellente Natalia Millán. Cette problématique aurait dû être réglée depuis longtemps et l’épatante Lola de Macarena Garcia être pleinement intégrée à la Patrouille, au lieu de n’en demeurer qu’un membre intermittent et périphérique. Même en cet vante dernier épisode, l’aventure principale se déroule sans elle. En plus la coexistence de lignes temporelles alternatives semble indiquer une certaine immuabilité du Temps, ce qui est contradictoire avec l’existence du Ministère.
Le triomphe du Ministère a le mérite d’apporter une conclusion claire et définitive à cet arc narratif parfois envahissant vis-à-vis du volet historique de la série. La soudaine double résolution du conflit suscite un effet de choc et se montre astucieuse, se basant notamment sur le caractère orgueilleux du chef de l’Ange Exterminateur. Toutefois le plein succès de l’entreprise suppose qu’Alonso devienne un traitre et la victime de son camarade Pacino, ce que l’on ne croit pas un seul instant. Dès lors, la chute résulte pour le moins prévisible, même s’il faut reconnaître que la saison a intelligemment pavé le terrain en multipliant les crises de loyauté chez Alonso.
On comprend qu’à travers l’Ange Exterminateur et les Enfants de Padilla, Olivares ait voulu stigmatiser deux approches de l’Histoire espagnole, l’une l’adorant sans réserves jusqu’à vouloir la figer, et l’autre au contraire la reniant sans mesure. Mais le paradoxe de cette saison reste que cette critique de deux approches extrémistes du Passé ait entrainé la série à consacrer moins d’espace à ce dernier. Ainsi, dans l’épisode du jour, on se réjouit qu’El Ministerio del Tiempo aborde le sujet fondamental pour l’Espagne contemporaine que constitue la Transition démocratique. Mais l’impression de survol perdure, Suárez apparaissant comme le prétexte de l’intrigue au lieu d’en former le sujet.
Anecdotes :
La série télévisée vue en 1976 est Curro Jiménez (TVE, 1976-1978). Elle narre les aventures (très) romancées du héros, un brigand d’honneur andalou ayant réellement existé durant la première moitié du XIXe siècle. Lutte contre l’envahisseur étranger, amours romantiques et camaraderie virile au sein de ces opposants à l’Empereur : très populaire en Espagne, la série fait beaucoup songer au Thierry la Fronde de l’ORTF.
Alonso et Irène trouvent que l’acteur jouant Curro Jiménez ressemble beaucoup à Julián. Il s’agit d’un clin d’œil, Rodolfo Sancho (Julián) étant le fils de Sancho Gracia (Jiménez).
Quand Salvador apprend que Lucía souffre de sclérose, il montre le portrait d’un précédent Sous-secrétaire mort d’une maladie également dégénérative. Il s’agit en fait de Pablo Olivares co-créateur de la série avec son frère Javier et décédé de la sorte en 2014, juste avant le lancement de El Ministerio del Tiempo.
Une partie de l’intrigue se déroule au sein du Conseil du Royaume (Consejo del Reino), créé en 1947 par Franco, afin de lui proposer des candidats pour les hautes charges de l’Etat. Durant l’ère franquiste, cet organisme consultatif ne joua qu’un rôle très symbolique, mais chargé de mener à bien la succession du Caudillo, son président Torcuato Fernández-Miranda (vu dans l’épisode) joua un rôle clef dans l’avènement de la Transition. Cet éminent juriste constitutionnel, qui fut le professeur de droit du futur Roi, est considéré comme le stratège du plan mené à bien par S.M. Don Juan Carlos et Adolfo Suárez.
Issu de la Phalange, Adolfo Suárez (1932-2014) fut le Président du Gouvernement de 1976 à 1981. Durant cette période il mena à bien la Transition démocratique, certes parachevée par l’alternance voyant le PSOE arriver au pouvoir en 1982. Avec le plein soutien de S.M. Don Juan Carlos, il mena avec dextérité le processus aussi risqué que complexe conduisant à liquider sans violence le régime franquiste, tout en faisant adhérer les partis républicains à la monarchie parlementaire et en se confrontant aux attentats de l’ETA. Devenu le leader de la droite modérée, il remporta toutes les élections de la période, ainsi que le référendum constitutionnel de 1978. Épuisé, il se retire en 1981, en pleine crise économique. En 1996, le Roi lui confère la dignité de Grand d'Espagne et le titre de duc de Suárez.
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Interview de Macarena Garcia
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Entre dos tiempos (3-13, ****)
Date de diffusion : 01 novembre 2017
Epoque visitée : 1966, El Ministerio del Tiempo sur TVE
Résumé :
Après avoir triomphé de ses ennemis, le Ministère est effaré quand il découvre qu’en 1966 TVE est en train de réaliser une série télévisée révélant les véritables aventures vécues par la Patrouille ! De plus ce projet compromet l’existence d’un grand succès de TVE, Historias para no dormir. Lola, Pacino et Alonso se rendent sur le tournage, afin de déterminer qui est à l’origine de la fuite. A leur retour, ils ont la surprise de découvrir que tout a changé au Ministère, subitement transformé en agence de voyages temporels ! Un même ennemi cupide se dissimule derrière ces deux complots.
Critique :
A l’instar toutes proportions gardées, de Cauchemar en fin de saison 4, Buffy contre les Vampires, Entre dos tiempos permet au Ministère du Temps de conclure sa trajectoire par un épisode décalé de fort bonne facture, après avoir conclu les différents arcs narratifs de la saison. Toutefois, au lieu d’opter pour l’onirisme psychanalytique, la série va ici opter pour un savoureux méta récit.
En manière la plus immédiate, cela concerne le premier volet de cette aventure en deux participe sans la doute la plus divertissante, autour de la série alternative de la TVE franquiste. Plusieurs niveaux d’humour se croient avec bonheur comme les clins d’œil destinés aux fans, les fameux Ministéricos portant sur les riches heures de la série (recréation du pilote) ou sur le parcours des ses interprètes (jeune Jaime Blanch alors débutant, parents de Cayetana Guillén Cuervo…). Un vrai festival en effet miroir, sur un mode assez similaire aux X-Files alternatifs de l’épisode Hollywood.
Le récit revêtira également une saveur nostalgique pour les amateurs de la TVE des Sixties, public espagnol ou visiteurs estivaux. Le regard porté sur cette télévision se montre aussi amusé que nostalgique, avec un bel hommage rendu à la très hitchcockienne anthologie Historias para no dormir et à son créateur Narciso Ibáñez Serrador, figure historique de TVE. Mais l’ambition de l’épisode ne s’arrête pas là, car il va se servir du prisme de TVE pour mettre en relief la mise sous tutelle de la création télévisuelle par un Etat franquiste y voyant avant tout un moyen de propagande.
A cet égard il s’avère très pertinent découvrir nos héros devenus scénaristes provoquer la fin de la fausse série en y insérant uniquement les vrais opus les moins à la gloire de l’Espagne. Même en une décennie relativement plus douce que les précédentes, le régime laisse ainsi transparaître le maintien de sa véritable nature. El Ministerio del Tiempo retrouve ci sa meilleure tradition, l’évocation d’une époque à travers une plaisante aventure.
Le second volet de Entre dos tiempos, autour du Ministère transformé en une agence de voyage temporelle suscite un peu plus de réserve. L’aspect historique de la série s’y voit en effet réduit pour l’essentiel à une chasse à l’homme à la Comte Zaroff assez baroque et superfétatoire. L’évènement de la première ouverture d’une Porte donnant sur le Futur nous semble également aller à contre courant de cette précieuse spécificité du programme. Le segment retrouve toutefois des couleurs grâce à Ureña, fort gouleyant antagoniste du jour.
Interprété avec panache par Luis Larrodera (populaire figure de la télévision espagnole contemporaine), industrieux et cynique, il constitue astucieusement l’incarnation même de ce qu’a toujours combattu l’Histoire : la manipulation cupide et cynique de l’Histoire. Il aurait certainement mérité de devenir un adversaire récurrent et suscite ainsi des regrets quant aux tellement moins savoureux dirigeants de ces sociétés secrètes doctrinaires caractérisant la saison. Tel quel, cet épisode choral et original forme une belle conclusion pour cette série de haut vol.
Anecdotes :
Diffusée sur TVE de 1966 à 1968, puis en 1982, Historias para no dormir fut une anthologie à grand succès réunissant 29 récits effrayants, du thriller à l’épouvante fantastique. Dirigée et présentée par Narciso Ibáñez Serrador, sur un modèle assez similaire à Alfred Hitchcock présente,, elle adapta régulièrement de grands auteurs, de Fredric Brown à Edgar Allan Poe en passant par Ray Bradbury. Outre sa qualité, l’anthologie créa un choc dans le public espagnol, car les films d’épouvante étaient alors encore très peu répandus dans le pays.
Le directeur de la Dirección General de Radiodifusión y Televisión dont Lola devient la secrétaire est Jesús Aparicio-Bernal. Nommé en 1964 par Manuel Fraga (ministre qui devait former ultérieurement le parti qui allait devenir l’actuel Parti populaire), Aparicio-Bernal. allait rassembler autour de lui une équipe qui jouera un grand rôle dans la Transition démocratique, dont Adolfo Suárez.
Date de diffusion : 01 novembre 2017
Epoque visitée : 1966, El Ministerio del Tiempo sur TVE
Résumé :
Après avoir triomphé de ses ennemis, le Ministère est effaré quand il découvre qu’en 1966 TVE est en train de réaliser une série télévisée révélant les véritables aventures vécues par la Patrouille ! De plus ce projet compromet l’existence d’un grand succès de TVE, Historias para no dormir. Lola, Pacino et Alonso se rendent sur le tournage, afin de déterminer qui est à l’origine de la fuite. A leur retour, ils ont la surprise de découvrir que tout a changé au Ministère, subitement transformé en agence de voyages temporels ! Un même ennemi cupide se dissimule derrière ces deux complots.
Critique :
A l’instar toutes proportions gardées, de Cauchemar en fin de saison 4, Buffy contre les Vampires, Entre dos tiempos permet au Ministère du Temps de conclure sa trajectoire par un épisode décalé de fort bonne facture, après avoir conclu les différents arcs narratifs de la saison. Toutefois, au lieu d’opter pour l’onirisme psychanalytique, la série va ici opter pour un savoureux méta récit.
En manière la plus immédiate, cela concerne le premier volet de cette aventure en deux participe sans la doute la plus divertissante, autour de la série alternative de la TVE franquiste. Plusieurs niveaux d’humour se croient avec bonheur comme les clins d’œil destinés aux fans, les fameux Ministéricos portant sur les riches heures de la série (recréation du pilote) ou sur le parcours des ses interprètes (jeune Jaime Blanch alors débutant, parents de Cayetana Guillén Cuervo…). Un vrai festival en effet miroir, sur un mode assez similaire aux X-Files alternatifs de l’épisode Hollywood.
Le récit revêtira également une saveur nostalgique pour les amateurs de la TVE des Sixties, public espagnol ou visiteurs estivaux. Le regard porté sur cette télévision se montre aussi amusé que nostalgique, avec un bel hommage rendu à la très hitchcockienne anthologie Historias para no dormir et à son créateur Narciso Ibáñez Serrador, figure historique de TVE. Mais l’ambition de l’épisode ne s’arrête pas là, car il va se servir du prisme de TVE pour mettre en relief la mise sous tutelle de la création télévisuelle par un Etat franquiste y voyant avant tout un moyen de propagande.
A cet égard il s’avère très pertinent découvrir nos héros devenus scénaristes provoquer la fin de la fausse série en y insérant uniquement les vrais opus les moins à la gloire de l’Espagne. Même en une décennie relativement plus douce que les précédentes, le régime laisse ainsi transparaître le maintien de sa véritable nature. El Ministerio del Tiempo retrouve ci sa meilleure tradition, l’évocation d’une époque à travers une plaisante aventure.
Le second volet de Entre dos tiempos, autour du Ministère transformé en une agence de voyage temporelle suscite un peu plus de réserve. L’aspect historique de la série s’y voit en effet réduit pour l’essentiel à une chasse à l’homme à la Comte Zaroff assez baroque et superfétatoire. L’évènement de la première ouverture d’une Porte donnant sur le Futur nous semble également aller à contre courant de cette précieuse spécificité du programme. Le segment retrouve toutefois des couleurs grâce à Ureña, fort gouleyant antagoniste du jour.
Interprété avec panache par Luis Larrodera (populaire figure de la télévision espagnole contemporaine), industrieux et cynique, il constitue astucieusement l’incarnation même de ce qu’a toujours combattu l’Histoire : la manipulation cupide et cynique de l’Histoire. Il aurait certainement mérité de devenir un adversaire récurrent et suscite ainsi des regrets quant aux tellement moins savoureux dirigeants de ces sociétés secrètes doctrinaires caractérisant la saison. Tel quel, cet épisode choral et original forme une belle conclusion pour cette série de haut vol.
Anecdotes :
Diffusée sur TVE de 1966 à 1968, puis en 1982, Historias para no dormir fut une anthologie à grand succès réunissant 29 récits effrayants, du thriller à l’épouvante fantastique. Dirigée et présentée par Narciso Ibáñez Serrador, sur un modèle assez similaire à Alfred Hitchcock présente,, elle adapta régulièrement de grands auteurs, de Fredric Brown à Edgar Allan Poe en passant par Ray Bradbury. Outre sa qualité, l’anthologie créa un choc dans le public espagnol, car les films d’épouvante étaient alors encore très peu répandus dans le pays.
Le directeur de la Dirección General de Radiodifusión y Televisión dont Lola devient la secrétaire est Jesús Aparicio-Bernal. Nommé en 1964 par Manuel Fraga (ministre qui devait former ultérieurement le parti qui allait devenir l’actuel Parti populaire), Aparicio-Bernal. allait rassembler autour de lui une équipe qui jouera un grand rôle dans la Transition démocratique, dont Adolfo Suárez.
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Encore un instant avec Macarena
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Les grandes séries ne meurent jamais. Incroyable mais vrai, le tournage d'une quatrième saison du Ministère du Temps est annoncée officiellement par TVE. Non seulement le principe de la série est conservé, mais l'équipe initiale est reconstituée, avec le retour des deux stars ayant pris congé lors de la dernière saison, Rodolfo Sancho et Aura Garrido (Aura avait annoncé qu'elle ne faisait que prendre du recul, mais je n'y croyais plus, honte à moi). Leurs deux remplaçants (dont Macarena...) restent néanmoins à bord. On est comme ça en Espagne. La saison comptera neuf épisodes et deux sujets sont déjà annoncés : l'inépuisable Siècle d'Or, avec la jeunesse de Felipe II et la Movida madrilène, avec l'Almodovar du Laberinto de Pasiones (1982), son deuxième film et le premier d'Antonio Banderas. Bien évidement, Javier Olivares demeure le showrunner, le projet n'aurait pas eu de sens sans cela. Pas de date de diffusion encore annoncée.
https://www.elperiodico.com/es/
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Estuaire44- Empereur
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Ça, c'est une nouvelle inespérée, mais qui fait ô combien plaisir !
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Visible sur Netflix,La Catedral del Mar : une belle série historique dans le Barcelone du XIVe siècle. Avec notamment la, lumineuse Michelle Jenner, inoubliable Catholique dans Isabel... mais aussi dans El Ministerio del Tiempo, la créatrice de l'Organisation.
https://histfict.fr/la-cathedrale-de-la-mer-netflix
https://histfict.fr/la-cathedrale-de-la-mer-netflix
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Les "invités" historiques de la nouvelle saison viennent d'être annoncés par RTVE
https://www.rtve.es/alacarta/videos/programa/ministerio-del-tiempo-lorca-vuelve-junto-otros-personajes-historicos-cuarta-temporada/5525452/
https://www.rtve.es/alacarta/videos/programa/ministerio-del-tiempo-lorca-vuelve-junto-otros-personajes-historicos-cuarta-temporada/5525452/
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Une polémique originale : l'inspection des finances espagnoles reproche à RTVE de ne pas avoir gagné d'argent avec l'accord signé avec Netflix pour la saison 3 du Ministère. l'argent versé par la plateforme correspond à peu près au surcroît des coûts de production de cette saison, comparés aux deux premières. En fait l'argent de Netflix a été entièrement investi dans la série sans que la télé publique espagnole ne fasse des économies pour autant.
https://okdiario.com/economia/hacienda-recrimina-rtve-no-haber-obtenido-beneficio-venta-ministerio-del-tiempo-netflix-5233298
https://okdiario.com/economia/hacienda-recrimina-rtve-no-haber-obtenido-beneficio-venta-ministerio-del-tiempo-netflix-5233298
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Excellente initiative de RTVE, qui vient de mettre en accès gratuit l'intégralité des 34 épisodes du Ministère, en soutien aux confinés. Parfaitement regardable en France, mais sous-titrage seulement espagnol.
https://www.rtve.es/alacarta/videos/el-ministerio-del-tiempo/
https://www.rtve.es/alacarta/videos/el-ministerio-del-tiempo/
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Trailer de la saison 4, très centré sur le retour de Julián. Le partenaire de TVE n'est plus Netflix, mais HBO España. Le lancement de la nouvelle "temporada" est annoncé comme très prochain, la pilote de saison sera diffusé en avant première le vendredi 01 mai mais sans encore de date précise pour les suivants. La plateforme d'HBO España mettra les épisodes en ligne un jour après leur diffusion sur TVE, je crains que cela ne veuille dire qu'ils ne seront pas mis sur le site de TVE, contrairement aux trois premières saisons.
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Rencontre confinée mais adorable entre les membres de la distribution. Avec notamment la Patrouille du temps au grand complet et Irène en animatrice. Irène, n°3 du Ministère, en charge de la logistique des opérations, mais elle est tellement plus que cela.
Bonne nouvelle, les épisodes sont bien mis en ligne progressivement sur le site de TVE, je vais pouvoir repartir à la découverte de l'Histoire d'Espagne, et en bonne compagnie.
Bonne nouvelle, les épisodes sont bien mis en ligne progressivement sur le site de TVE, je vais pouvoir repartir à la découverte de l'Histoire d'Espagne, et en bonne compagnie.
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
J'attends ça avec impatience ; l'histoire de l'Espagne est une de celles dans laquelle j'ai le plus de lacunes.
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Bizarre, il me semblait avoir déjà mis un épisode, pas grave, je le remets !
Antes de que no haya Tiempo (4-00, ***)
Date de diffusion : 20 avril 2020
Époque visitée : contemporaine, le Ministère déménage !
Résumé :
Alors que le Ministère du Temps s'apprête à déménager dans de nouveaux locaux, une alarme temporelle survient, tellement forte qu'elle perturbe tout le système informatique permettant au Sous-secrétaire Salvador de veiller sur l'Histoire. Un compte à rebours débute, mais avant que la continuité historique ne s'effondre, Angustias a la bonne idée de faire appel à Benito Pérez Galdós. Aussi spécialiste de l'informatique le dramaturge relance la mécanique su Ministère. Salvador découvre alors que la perturbation est due à l'apparition d'un acteur de cinéma en 1943, parfait sosie du défunt Julián. Il décide de réunir la Patrouille du Temps.
Critique :
Deux ans et demi après qu'il ait failli devenir Carpe Diem, agence de voyage temporelle, le Ministère du Temps rouvre doucement ses portes avec cette vignette d'une douzaine de minutes, mise en ligne sur le site de RTVE en prologue de la nouvelle saison. Antes de que no haya Tiempo reste l'occasion de lever le rideau sur les deux événements d'ouverture de saison : le - possible - retour de Julián et le déménagement du Ministère. (on se sent déjà nostalgique). En soi la pastille est avant tout destinée aux fans et ne comporte aucune vraie révélation qui ne sera sans doute développée dans le pilote de saison. On peut aussi regretter que la connexion entre le Ministère et Benito Pérez Galdós se montre aussi élusive. Il y a comme un goût de trop peu dans ce mini-épisode, toujours superbement interprété. Mais c'est avant tout le petit monde du Ministère que l'on va retrouver avec plaisir.
La chaleur des liens entre entre Salvador et ses collaborateurs, mais aussi l'humour naissant du choc de la vie de bureau d'une administration et de la grandeur épique du voyage temporel. Le chef dépassé par l'informatique et devant beaucoup à sa secrétaire demeure ainsi une figure vérifié n'ayant rien d'uniquement espagnol ! L'évocation par Pacino et Irène de leur mission auprès des Beatles ne manque pas non plus d'humour, avec peut-être un clin d'oeil au film Yesterday, où le Ministère n'était pas là pour veiller sur l'Histoire. Pour aussi peu circonstanciée qu'elle soit, la rencontre avec Benito Pérez Galdós s'avère savoureuse et donne envie d'en savoir davantage sur cet auteur. Humour, chaleur humaine et amour de l'Histoire, autant de composantes de cette merveilleuse série qu'est El Ministerio del Tiempo à répondre déjà à l'appel. Reste le souffle de l'Aventure, mais ce sera pour le prochain épisode !
Anecdotes :
La production de cette série demeurant un roman en soi, après deux et demi de péripéties une quatrième saison a pu être tournée. RTVE s'associe cette fois non pas avec Netflix, mais avec HBO España.
La nouvelle saison va compter 8 épisodes, et annonce comme fil rouge la mise en avant de femmes oubliées par l'histoire. Elle enregistre le retour de Julián Martínez(Rodolfo Sancho) et d'Amelia Folch (Aura Garrido, en guest). Historien et critique d'Art, Javier Olivares en demeure le showrunner.
Benito Pérez Galdós (1843-1920) fut un important dramaturge, journaliste et romancier espagnol, notamment connu pour le réalisme documentaire de ses oeuvres. Libéral et anti-clérical, critique ironique des travers de la classe moyenne de son temps, son œuvre fait de lui une figure du Costumbrismo. Assez proche du Naturalisme français, ce mouvement littéraire et artistique espagnol du XIXe Siècle met en avant la représentation réaliste des coutumes et usages sociaux. Plusieurs des romans de Benito Pérez Galdós ont été adaptés au cinéma par Buñuel, dont Viridiana (1961) et Tristana (1970).
Irène et Pacino reviennent d'une mission durant laquelle ils ont veillé au bon déroulement de la tournée espagnole des Beatles en 1965. Celle-ci conclut l'European Tour ayant vu les Fantastic Four passer également par la France et l'Italie. En juillet 1965, les Beatles se produisirent dans les Plazas de Toros de Madrid et Barcelone. Cette tournée constitua l'un des signaux d'ouverture de plus en plus fréquemment émis par le régime franquiste durant les Années 60. Comme souvent à cette époque, il fut l'objet d'oppositions entre les tenants de la ligne dure et les techniciens (relativement) plus ouverts sur la modernité, animés par l'Opus Dei. Ce fut l'anoblissement des quatre garçons dans le vent par la Reine qui décida finalement Franco.
Antes de que no haya Tiempo (4-00, ***)
Date de diffusion : 20 avril 2020
Époque visitée : contemporaine, le Ministère déménage !
Résumé :
Alors que le Ministère du Temps s'apprête à déménager dans de nouveaux locaux, une alarme temporelle survient, tellement forte qu'elle perturbe tout le système informatique permettant au Sous-secrétaire Salvador de veiller sur l'Histoire. Un compte à rebours débute, mais avant que la continuité historique ne s'effondre, Angustias a la bonne idée de faire appel à Benito Pérez Galdós. Aussi spécialiste de l'informatique le dramaturge relance la mécanique su Ministère. Salvador découvre alors que la perturbation est due à l'apparition d'un acteur de cinéma en 1943, parfait sosie du défunt Julián. Il décide de réunir la Patrouille du Temps.
Critique :
Deux ans et demi après qu'il ait failli devenir Carpe Diem, agence de voyage temporelle, le Ministère du Temps rouvre doucement ses portes avec cette vignette d'une douzaine de minutes, mise en ligne sur le site de RTVE en prologue de la nouvelle saison. Antes de que no haya Tiempo reste l'occasion de lever le rideau sur les deux événements d'ouverture de saison : le - possible - retour de Julián et le déménagement du Ministère. (on se sent déjà nostalgique). En soi la pastille est avant tout destinée aux fans et ne comporte aucune vraie révélation qui ne sera sans doute développée dans le pilote de saison. On peut aussi regretter que la connexion entre le Ministère et Benito Pérez Galdós se montre aussi élusive. Il y a comme un goût de trop peu dans ce mini-épisode, toujours superbement interprété. Mais c'est avant tout le petit monde du Ministère que l'on va retrouver avec plaisir.
La chaleur des liens entre entre Salvador et ses collaborateurs, mais aussi l'humour naissant du choc de la vie de bureau d'une administration et de la grandeur épique du voyage temporel. Le chef dépassé par l'informatique et devant beaucoup à sa secrétaire demeure ainsi une figure vérifié n'ayant rien d'uniquement espagnol ! L'évocation par Pacino et Irène de leur mission auprès des Beatles ne manque pas non plus d'humour, avec peut-être un clin d'oeil au film Yesterday, où le Ministère n'était pas là pour veiller sur l'Histoire. Pour aussi peu circonstanciée qu'elle soit, la rencontre avec Benito Pérez Galdós s'avère savoureuse et donne envie d'en savoir davantage sur cet auteur. Humour, chaleur humaine et amour de l'Histoire, autant de composantes de cette merveilleuse série qu'est El Ministerio del Tiempo à répondre déjà à l'appel. Reste le souffle de l'Aventure, mais ce sera pour le prochain épisode !
Anecdotes :
La production de cette série demeurant un roman en soi, après deux et demi de péripéties une quatrième saison a pu être tournée. RTVE s'associe cette fois non pas avec Netflix, mais avec HBO España.
La nouvelle saison va compter 8 épisodes, et annonce comme fil rouge la mise en avant de femmes oubliées par l'histoire. Elle enregistre le retour de Julián Martínez(Rodolfo Sancho) et d'Amelia Folch (Aura Garrido, en guest). Historien et critique d'Art, Javier Olivares en demeure le showrunner.
Benito Pérez Galdós (1843-1920) fut un important dramaturge, journaliste et romancier espagnol, notamment connu pour le réalisme documentaire de ses oeuvres. Libéral et anti-clérical, critique ironique des travers de la classe moyenne de son temps, son œuvre fait de lui une figure du Costumbrismo. Assez proche du Naturalisme français, ce mouvement littéraire et artistique espagnol du XIXe Siècle met en avant la représentation réaliste des coutumes et usages sociaux. Plusieurs des romans de Benito Pérez Galdós ont été adaptés au cinéma par Buñuel, dont Viridiana (1961) et Tristana (1970).
Irène et Pacino reviennent d'une mission durant laquelle ils ont veillé au bon déroulement de la tournée espagnole des Beatles en 1965. Celle-ci conclut l'European Tour ayant vu les Fantastic Four passer également par la France et l'Italie. En juillet 1965, les Beatles se produisirent dans les Plazas de Toros de Madrid et Barcelone. Cette tournée constitua l'un des signaux d'ouverture de plus en plus fréquemment émis par le régime franquiste durant les Années 60. Comme souvent à cette époque, il fut l'objet d'oppositions entre les tenants de la ligne dure et les techniciens (relativement) plus ouverts sur la modernité, animés par l'Opus Dei. Ce fut l'anoblissement des quatre garçons dans le vent par la Reine qui décida finalement Franco.
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Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Perdido en el Tiempo (4-01, ****)
Date de diffusion : 05 mai 2020
Époque visitée : 1943, Francisco Franco
Résumé :
Salvador est stupéfait de reconnaître Julián dans un bulletin d'informations cinématographiques de 1943. Il a servi dans la División Azul, avant de devenir une vedette des films de propagande franquiste. Traumatisé par le choc subi durant la Bataille de Teruel, il a subi un transfert de personnalité, mais est aussi secrètement membre d'un réseau de résistants républicains. Invité à une réception du régime, il projette d'y assassiner le Caudillo, ce que découvre Lola. Dès lors, la Patrouille du Temps doit sauver Franco. Irène et Alfonso sont capturés et torturés par les Républicains, mais l'attenant échoue à cause d'un traître ensuite abattu par Lola. La Patrouille parvient à rejoindre le Ministère, en ramenant Julián, toujours amnésique.
Critique :
« L'Histoire est ce qu'elle est. ». Le Ministère du Temps fait honneur à sa devise et à sa mission, la quatrième saison débutant avec un joli coup d'audace : la Patrouille du Temps volant au secours (sur ordre express du Sous-Secrétaire) à nul autre que Francisco Franco Bahamonde, Caudillo d'Espagne par Volonté du Peuple et Grâce de Dieu. On apprécie vivement qu'une série se montre cohérente et aille jusqu'au bout de son concept, c'est ici le cas. Assez logiquement, et en écho la cruauté de cette époque, l'épisode me semble être le plus sombre que la série nous ait proposé jusqu'ici. Le récit se veut également œuvre d'historien et refuse de tomber dans l'angélisme concernant les Républicains. Effectivement moins remémoré (du moins en France), le bombardement de Cabra se voit ainsi rappelé.
Surtout, le tableau de la résistance au régime se montre ténébreux. Ce portrait crépusculaire d'hommes et de femmes disposés au sacrifice mais aussi à toutes les horreurs commises par leurs ennemis (attentats, enlèvements, meurtres, tortures...) n'est pas évoquer L'Armée des Ombres de Kessel (et Melville). Il résulte brillamment paradoxal que la seule vraie source d'humour provienne du régime, avec l'ironie mordante exprimée là propos du cinéma de propagande (similaire à celle de la télévision de Entre dos tiempos, 20 ans plus tard) ou encore la bouffonnerie surréaliste des sosies de Franco. On retrouve d'ailleurs avec plaisir Pep Miràs, qui représentait déjà le Généralissime avec une véracité étonnante lors de Cómo se reescribe el tiempo.
Le récit saisit à la fois faire ressentir le temps passé durant le hiatus entre les deux saisons et retranscrit à l'identique, tout en menant rondement les retrouvailles. L'occasion aussi de découvrir les nouveaux décors, superbes et propices du Ministère, la série étant cette fois tournée sur un magnifique site de la RNE. Félicitations à, Salvador, qui, au passage, s'est octroyé un bureau particulièrement royal ! On retrouve nos héros avec un vrai plaisir, dont bien entendu Julián, dont on espère que l'amnésie va vite disparaître. L'accent se voit judicieusement mis sur Lola, pour une action se déroulant à son époque d'origine, logiquement ulcérée d'avoir à veiller sur Franco, mais fidèle à son serment.
Anecdotes :
Le bulletin cinématographique visionné par Salvador débute par l'acronyme NO-DO, pour Noticias y Documentales (Actualités et Documentaires). Inaugurées en janvier 1943 par le pouvoir franquiste, ces vignettes informatives à la gloire du régime, diffusées dans les salles obscures avant le film, allaient perdurer jusqu'en 1981. Le ton ronflant de ces actualités et l'omniprésence de Franco sont restés dans la mémoire collective espagnole. Les archives des NO-DO sont largement consultables sur le site de RTVE.
Le Ministère a déménagé, du fait des coupes budgétaires et de la gentrification du centre de Madrid. Son siège est désormais l'ancien site de diffusion en ondes courtes de la Radio Nationale Espagnole, situé à Arganda del Rey, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Madrid. Inauguré en 1954, il fut conçu par l'un des architectes du Valle de los Caídos, dans le plus pur style monumental franquiste. Les décors des saisons précédentes n'avaient pas été conservés, tandis que les vastes salles et archives de l'édifice offrent de nombreuses opportunités de mise en scène.
Évoqué par Lola, et effectivement moins remémoré que celui de Guernica, le bombardement de Cabra, localité proche de Cordoue, fut perpétré par l'aviation républicaine le 07 novembre 1938. Il y eut 109 victimes répertoriées, en ce jour de marché. Les avions étaient russes, mais les équipages espagnols. Objet de controverses entre historiens, il semblerait que le drame soit en partie dû à une erreur du renseignement, signalant la présence de troupes italiennes.
La División Azul fut un corps de volontaires espagnols, mais aussi portugais, mis à la disposition de la Wehrmacht par Franco en juin 1941. Ses 46 000 hommes vont combattre sur le Front de l'Est jusqu'en octobre 1943, avant qu'elle ne soit rappelée en Espagne, puis dissoute. La División Azul fut l'un des éléments clefs du double jeu mené par Franco entre Axe et Alliés, satisfaisant l'appétit de troupes d'Hitler, tout en permettant à l'Espagne de demeurer non-belligérante.
Le jeune homme rencontré au bar par Julián et Irène est Luis García Berlanga (1921 -2010). Dans sa jeunesse il a effectivement servi dans la División Azul afin d'échapper aux représailles du régime, son père ayant été gouverneur de Valence durant la République. Par la suite il devint un important réalisateur et scénariste, avec une œuvre centrée sur le traumatisme de la Guerre civile. Son film le plus connu demeure Bienvenue Mr Marshall (1952), portrait férocement ironique de l'Espagne des années 50.
Date de diffusion : 05 mai 2020
Époque visitée : 1943, Francisco Franco
Résumé :
Salvador est stupéfait de reconnaître Julián dans un bulletin d'informations cinématographiques de 1943. Il a servi dans la División Azul, avant de devenir une vedette des films de propagande franquiste. Traumatisé par le choc subi durant la Bataille de Teruel, il a subi un transfert de personnalité, mais est aussi secrètement membre d'un réseau de résistants républicains. Invité à une réception du régime, il projette d'y assassiner le Caudillo, ce que découvre Lola. Dès lors, la Patrouille du Temps doit sauver Franco. Irène et Alfonso sont capturés et torturés par les Républicains, mais l'attenant échoue à cause d'un traître ensuite abattu par Lola. La Patrouille parvient à rejoindre le Ministère, en ramenant Julián, toujours amnésique.
Critique :
« L'Histoire est ce qu'elle est. ». Le Ministère du Temps fait honneur à sa devise et à sa mission, la quatrième saison débutant avec un joli coup d'audace : la Patrouille du Temps volant au secours (sur ordre express du Sous-Secrétaire) à nul autre que Francisco Franco Bahamonde, Caudillo d'Espagne par Volonté du Peuple et Grâce de Dieu. On apprécie vivement qu'une série se montre cohérente et aille jusqu'au bout de son concept, c'est ici le cas. Assez logiquement, et en écho la cruauté de cette époque, l'épisode me semble être le plus sombre que la série nous ait proposé jusqu'ici. Le récit se veut également œuvre d'historien et refuse de tomber dans l'angélisme concernant les Républicains. Effectivement moins remémoré (du moins en France), le bombardement de Cabra se voit ainsi rappelé.
Surtout, le tableau de la résistance au régime se montre ténébreux. Ce portrait crépusculaire d'hommes et de femmes disposés au sacrifice mais aussi à toutes les horreurs commises par leurs ennemis (attentats, enlèvements, meurtres, tortures...) n'est pas évoquer L'Armée des Ombres de Kessel (et Melville). Il résulte brillamment paradoxal que la seule vraie source d'humour provienne du régime, avec l'ironie mordante exprimée là propos du cinéma de propagande (similaire à celle de la télévision de Entre dos tiempos, 20 ans plus tard) ou encore la bouffonnerie surréaliste des sosies de Franco. On retrouve d'ailleurs avec plaisir Pep Miràs, qui représentait déjà le Généralissime avec une véracité étonnante lors de Cómo se reescribe el tiempo.
Le récit saisit à la fois faire ressentir le temps passé durant le hiatus entre les deux saisons et retranscrit à l'identique, tout en menant rondement les retrouvailles. L'occasion aussi de découvrir les nouveaux décors, superbes et propices du Ministère, la série étant cette fois tournée sur un magnifique site de la RNE. Félicitations à, Salvador, qui, au passage, s'est octroyé un bureau particulièrement royal ! On retrouve nos héros avec un vrai plaisir, dont bien entendu Julián, dont on espère que l'amnésie va vite disparaître. L'accent se voit judicieusement mis sur Lola, pour une action se déroulant à son époque d'origine, logiquement ulcérée d'avoir à veiller sur Franco, mais fidèle à son serment.
Anecdotes :
Le bulletin cinématographique visionné par Salvador débute par l'acronyme NO-DO, pour Noticias y Documentales (Actualités et Documentaires). Inaugurées en janvier 1943 par le pouvoir franquiste, ces vignettes informatives à la gloire du régime, diffusées dans les salles obscures avant le film, allaient perdurer jusqu'en 1981. Le ton ronflant de ces actualités et l'omniprésence de Franco sont restés dans la mémoire collective espagnole. Les archives des NO-DO sont largement consultables sur le site de RTVE.
Le Ministère a déménagé, du fait des coupes budgétaires et de la gentrification du centre de Madrid. Son siège est désormais l'ancien site de diffusion en ondes courtes de la Radio Nationale Espagnole, situé à Arganda del Rey, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Madrid. Inauguré en 1954, il fut conçu par l'un des architectes du Valle de los Caídos, dans le plus pur style monumental franquiste. Les décors des saisons précédentes n'avaient pas été conservés, tandis que les vastes salles et archives de l'édifice offrent de nombreuses opportunités de mise en scène.
Évoqué par Lola, et effectivement moins remémoré que celui de Guernica, le bombardement de Cabra, localité proche de Cordoue, fut perpétré par l'aviation républicaine le 07 novembre 1938. Il y eut 109 victimes répertoriées, en ce jour de marché. Les avions étaient russes, mais les équipages espagnols. Objet de controverses entre historiens, il semblerait que le drame soit en partie dû à une erreur du renseignement, signalant la présence de troupes italiennes.
La División Azul fut un corps de volontaires espagnols, mais aussi portugais, mis à la disposition de la Wehrmacht par Franco en juin 1941. Ses 46 000 hommes vont combattre sur le Front de l'Est jusqu'en octobre 1943, avant qu'elle ne soit rappelée en Espagne, puis dissoute. La División Azul fut l'un des éléments clefs du double jeu mené par Franco entre Axe et Alliés, satisfaisant l'appétit de troupes d'Hitler, tout en permettant à l'Espagne de demeurer non-belligérante.
Le jeune homme rencontré au bar par Julián et Irène est Luis García Berlanga (1921 -2010). Dans sa jeunesse il a effectivement servi dans la División Azul afin d'échapper aux représailles du régime, son père ayant été gouverneur de Valence durant la République. Par la suite il devint un important réalisateur et scénariste, avec une œuvre centrée sur le traumatisme de la Guerre civile. Son film le plus connu demeure Bienvenue Mr Marshall (1952), portrait férocement ironique de l'Espagne des années 50.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
El Laberinto del Tiempo (4-02, ***)
Date de diffusion : 12 mai 2020
Époque visitée : 1981, Pedro Almodóvar, la Movida - 1648, Philippe IV
Résumé :
En 1648, Philippe IV demande à Velázquez de réaliser le portrait d'une certaine Carolina, qu'il entend épouser. Le mariage avec Marie-Anne d'Autriche est en péril. Velázquez est d'autant plus surpris que Carolina a des attitudes très modernes. Sa participation à un jeu télévisé permet à la Patrouille de la repérer en 1981. Pacino y a la surprise de retrouver un ami d'enfance, Ángel, qui lui apprend qu'il va tenir le rôle de Sadec dans le prochain film du jeune Almodóvar, Laberinto de pasiones... et donc pas Antonio Banderas. Il s'avère que Carolina a fui 1981 pour échapper à son mari violent et elle rejoint la Patrouille pour débuter une nouvelle vie. La rencontre entre Banderas et Almodóvar est assurée et le film, financé, mais Ángel meurt du SIDA.
Critique :
L'épisode choisit de se scinder en deux, une tactique rarement gagnante puisque chacune des deux histoires en résultant ne dispose que d'un moindre histoire pour se développer. Qui plus est, aucune synergie n'est installée entre les deux segments, qui fonctionnent en indépendance quasi totale. Cela n’empêche pas d'apprécier le grand retour de l'humour au sein de la série qu'apporte cet opus, avec la réapparition de Velázquez en symbole. C'est déjà très net en ce qui concerne le segment Movida, la bonne humeur générale contrastant agréablement avec le ton sinistre du précédent Perdido en el Tiempo, ce qui pe met astucieusement en perspective les premiers temps du Franquisme, avec l'explosion de joie de vivre et de vitalité ayant succédé à toute cette période.
On apprécie le pouvoir évocateur des représentations de la nuit madrilène d'alors et de ses figures, avec un Almodóvar pétillant de jeunesse et de malice. Les Agents du Ministère ne sont pas en reste avec un Esnesto logiquement choqué par le film ou la redoutable Lola, des maquis de la république, ne tenant pas l'alcool d'une seule virée madrilène, ce que l'on peut aisément comprendre lorsque l'on a vécu ces nuits perpétuellement jeunes, suivies de petits lendemains blafards et douloureux. On s'amuse beaucoup d'autant que cela n'enlève rien à la force de la rencontre entre Almodóvar et banderas. On aurait aimé avoir plus de temps pour suivre ces deux là, mais, pour apprécier la force et la richesse de leur lien, on pourra toujours se rapporter à ce film merveilleux qu'est Dolor y Gloria. On ressent qu'ace plus de force encor el drame d'Ángel, rappelant à point nommé que cette décennie si pleine de vie fut aussi celle de l'apparition du SIDA.
On reste plus réservé concernant la partie consacrée à Carolina, l'humour devenant ici excessif ; l'imitation de Fabio McNamara par Edu Soto était très amusante, mais celle de Philippe IV altère trop le personnage. Jamais le Roi Catholique ne se montrerait aussi familier, y compris avec son peintre et la cour royale reproduisant un jeu télévisé tourne à la farce. Tout ce ci reste en soi très drôle, mais ce n'est pas ce que l'on recherche dans cette série. On reste également dubitatif quant à l'intégration de Carolina au sein de la Patrouille, alors qu'elle manifeste ouvertement un dédain pour la continuité historique. Mais elle a de le ressource et de la personnalité et l'évocation des femmes battues revêt une intensité particulière. La qualité de la production, décors et costumes, est également au rendez-vous, la série demeurant un vrai plaisir pour l’œil.
Anecdotes :
Le long règne de Philippe IV (1621-1665) fut marqué par une multitudes de conflits ruineux et insuffisamment préparés par la diplomatie. Le Portugal achève d'obtenir son indépendance lors de la Guerre de Restauration. Les Traités de Westphalie (1648) et des Pyrénées (1659) consacrent le déclin de la puissance espagnole et la prédominance de la France : au Siècle d'Or espagnol succède le Grand Siècle français. Grand mécène et collectionneur, Philippe IV permit néanmoins à l'Espagne de continuer à briller culturellement.
Le mariage de Philippe IV et de Marie-Anne d'Autriche eut lieu en 1649 et resserra les liens des deux branches des Habsbourg. Philippe était également l'oncle de Marie-Anne et avait trente ans de plus qu'elle. Tous deux furent les parents des Ménines, immortalisées en 1656 par Vélasquez, peintre de la famille royale.
Philippe IV tient sa cour à l'Alcázar royal de Madrid, demeure de la famille royale depuis Charles-Quint. Toutefois, il s'agit d'une représentation informatique, le palais ayant totalement brûlé lors d'un terrible incendie survenue durant la nuit de Noël 1734, sous Philippe V. La collection d’œuvres d'art réunie par Philippe IV, la plus grande d'Europe, fut en partie anéantie. Plus de 500 tableaux furent perdus, mais l'on parvint à sauver les Ménines.
Laberinto de pasiones (Le Labyrinthe des passions, 1982) fut le deuxième long métrage de Pedro, après Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón (1980). Il marque sa première rencontre avec Antonio Banderas, son futur acteur fétiche, dont c'était également le premier rôle au cinéma. Volontiers provocateur et loufoque, le film est largement un portrait de la Movida et de la liberté sexuelle la caractérisant. De nombreux seconds rôles ont été attribués à des artistes et amis d'Almodóvar, rencontrés dans la nuit madrilène. Le film sera éreinté par la critique et Almodóvar n’accédera réellement à la grande notoriété qu'avec le succès international de Femmes au bord de la crise de nerfs (1988).
L'artiste se donnant sur scène avec Almodóvar est Fabio (ou Fanny) McNamara. Ce chanteur fut l'une des figures de la Movida et créa un duo musical avec Almodóvar de 1981 à 1984. Durant les années 80, iI apparaît en caméo dans la plupart des films de son ami. Désormais il se consacre au Pop Art.
Felipe IV et Fabio McNamara sont interprétés par le même acteur, l'humoriste et animateur de télévision Edu Soto. Ce spécialiste des imitations est très populaire en Espagne pour ses personnages en roue libre.
Le jeu télévisé permettant de repérer Carolina est Un, dos, tres... responda otra vez, grand succès populaire de TVE. Il demeura à l'antenne de 1972 à 2004, avec tout un système assez complexe d'épreuves entremêlant culture, performance sportive, chance et sketchs humoristiques. Carolina et son mari apparaissent en incrustation vidéo sur un extrait de l'époque. Le jeu fut acheté par plusieurs pays européens, mais jamais diffusé en France. Victoria Abril fut l'une des jeunes hôtesses du programme, entre 1976 et 1978.
Nouvelle recrue du Ministère, Carolina est jouée par Manuela Vellés, actrice et chanteuse en vue depuis les début des années 2010. A la télévision, elle participe notamment à Hispania, Velvet et Alta Mar.
Date de diffusion : 12 mai 2020
Époque visitée : 1981, Pedro Almodóvar, la Movida - 1648, Philippe IV
Résumé :
En 1648, Philippe IV demande à Velázquez de réaliser le portrait d'une certaine Carolina, qu'il entend épouser. Le mariage avec Marie-Anne d'Autriche est en péril. Velázquez est d'autant plus surpris que Carolina a des attitudes très modernes. Sa participation à un jeu télévisé permet à la Patrouille de la repérer en 1981. Pacino y a la surprise de retrouver un ami d'enfance, Ángel, qui lui apprend qu'il va tenir le rôle de Sadec dans le prochain film du jeune Almodóvar, Laberinto de pasiones... et donc pas Antonio Banderas. Il s'avère que Carolina a fui 1981 pour échapper à son mari violent et elle rejoint la Patrouille pour débuter une nouvelle vie. La rencontre entre Banderas et Almodóvar est assurée et le film, financé, mais Ángel meurt du SIDA.
Critique :
L'épisode choisit de se scinder en deux, une tactique rarement gagnante puisque chacune des deux histoires en résultant ne dispose que d'un moindre histoire pour se développer. Qui plus est, aucune synergie n'est installée entre les deux segments, qui fonctionnent en indépendance quasi totale. Cela n’empêche pas d'apprécier le grand retour de l'humour au sein de la série qu'apporte cet opus, avec la réapparition de Velázquez en symbole. C'est déjà très net en ce qui concerne le segment Movida, la bonne humeur générale contrastant agréablement avec le ton sinistre du précédent Perdido en el Tiempo, ce qui pe met astucieusement en perspective les premiers temps du Franquisme, avec l'explosion de joie de vivre et de vitalité ayant succédé à toute cette période.
On apprécie le pouvoir évocateur des représentations de la nuit madrilène d'alors et de ses figures, avec un Almodóvar pétillant de jeunesse et de malice. Les Agents du Ministère ne sont pas en reste avec un Esnesto logiquement choqué par le film ou la redoutable Lola, des maquis de la république, ne tenant pas l'alcool d'une seule virée madrilène, ce que l'on peut aisément comprendre lorsque l'on a vécu ces nuits perpétuellement jeunes, suivies de petits lendemains blafards et douloureux. On s'amuse beaucoup d'autant que cela n'enlève rien à la force de la rencontre entre Almodóvar et banderas. On aurait aimé avoir plus de temps pour suivre ces deux là, mais, pour apprécier la force et la richesse de leur lien, on pourra toujours se rapporter à ce film merveilleux qu'est Dolor y Gloria. On ressent qu'ace plus de force encor el drame d'Ángel, rappelant à point nommé que cette décennie si pleine de vie fut aussi celle de l'apparition du SIDA.
On reste plus réservé concernant la partie consacrée à Carolina, l'humour devenant ici excessif ; l'imitation de Fabio McNamara par Edu Soto était très amusante, mais celle de Philippe IV altère trop le personnage. Jamais le Roi Catholique ne se montrerait aussi familier, y compris avec son peintre et la cour royale reproduisant un jeu télévisé tourne à la farce. Tout ce ci reste en soi très drôle, mais ce n'est pas ce que l'on recherche dans cette série. On reste également dubitatif quant à l'intégration de Carolina au sein de la Patrouille, alors qu'elle manifeste ouvertement un dédain pour la continuité historique. Mais elle a de le ressource et de la personnalité et l'évocation des femmes battues revêt une intensité particulière. La qualité de la production, décors et costumes, est également au rendez-vous, la série demeurant un vrai plaisir pour l’œil.
Anecdotes :
Le long règne de Philippe IV (1621-1665) fut marqué par une multitudes de conflits ruineux et insuffisamment préparés par la diplomatie. Le Portugal achève d'obtenir son indépendance lors de la Guerre de Restauration. Les Traités de Westphalie (1648) et des Pyrénées (1659) consacrent le déclin de la puissance espagnole et la prédominance de la France : au Siècle d'Or espagnol succède le Grand Siècle français. Grand mécène et collectionneur, Philippe IV permit néanmoins à l'Espagne de continuer à briller culturellement.
Le mariage de Philippe IV et de Marie-Anne d'Autriche eut lieu en 1649 et resserra les liens des deux branches des Habsbourg. Philippe était également l'oncle de Marie-Anne et avait trente ans de plus qu'elle. Tous deux furent les parents des Ménines, immortalisées en 1656 par Vélasquez, peintre de la famille royale.
Philippe IV tient sa cour à l'Alcázar royal de Madrid, demeure de la famille royale depuis Charles-Quint. Toutefois, il s'agit d'une représentation informatique, le palais ayant totalement brûlé lors d'un terrible incendie survenue durant la nuit de Noël 1734, sous Philippe V. La collection d’œuvres d'art réunie par Philippe IV, la plus grande d'Europe, fut en partie anéantie. Plus de 500 tableaux furent perdus, mais l'on parvint à sauver les Ménines.
Laberinto de pasiones (Le Labyrinthe des passions, 1982) fut le deuxième long métrage de Pedro, après Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón (1980). Il marque sa première rencontre avec Antonio Banderas, son futur acteur fétiche, dont c'était également le premier rôle au cinéma. Volontiers provocateur et loufoque, le film est largement un portrait de la Movida et de la liberté sexuelle la caractérisant. De nombreux seconds rôles ont été attribués à des artistes et amis d'Almodóvar, rencontrés dans la nuit madrilène. Le film sera éreinté par la critique et Almodóvar n’accédera réellement à la grande notoriété qu'avec le succès international de Femmes au bord de la crise de nerfs (1988).
L'artiste se donnant sur scène avec Almodóvar est Fabio (ou Fanny) McNamara. Ce chanteur fut l'une des figures de la Movida et créa un duo musical avec Almodóvar de 1981 à 1984. Durant les années 80, iI apparaît en caméo dans la plupart des films de son ami. Désormais il se consacre au Pop Art.
Felipe IV et Fabio McNamara sont interprétés par le même acteur, l'humoriste et animateur de télévision Edu Soto. Ce spécialiste des imitations est très populaire en Espagne pour ses personnages en roue libre.
Le jeu télévisé permettant de repérer Carolina est Un, dos, tres... responda otra vez, grand succès populaire de TVE. Il demeura à l'antenne de 1972 à 2004, avec tout un système assez complexe d'épreuves entremêlant culture, performance sportive, chance et sketchs humoristiques. Carolina et son mari apparaissent en incrustation vidéo sur un extrait de l'époque. Le jeu fut acheté par plusieurs pays européens, mais jamais diffusé en France. Victoria Abril fut l'une des jeunes hôtesses du programme, entre 1976 et 1978.
Nouvelle recrue du Ministère, Carolina est jouée par Manuela Vellés, actrice et chanteuse en vue depuis les début des années 2010. A la télévision, elle participe notamment à Hispania, Velvet et Alta Mar.
Dernière édition par Estuaire44 le Lun 18 Mai 2020 - 14:26, édité 1 fois
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Il aurait peu être mieux fallu que Philippe IV épouse cette Carolina ; cela lui aurait peut-être évité d'être le père de Charles II qui demeure une belle incarnation du concept de "fin de race" !
Il y a une petite coquille : les deux épisodes portent le même numéro.
Il y a une petite coquille : les deux épisodes portent le même numéro.
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
C'est très vrai, moins de consanguinité aurait été bienvenu chez les Habsbourg. Mais le pauvre Velázquez n'aurait pas peindre les Ménines, il en fait une crise de nerfs par anticipation.
Corrigé, merci !
Corrigé, merci !
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Maca (Lola ) aussi chanteuse, ici dans la comédie musicale La Llamada
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Maca dans la version film de La LLamada (2017)
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
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Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Bloody Mary Hour (4-03, ****)
Date de diffusion : 19 mai 2020
Époque visitée : 1554, le mariage de Marie Tudor et du futur Philippe II, le Grand Duc d'Albe
Résumé :
Le Ministère apprend que, peu avant Noël 1554, Marie Tudor a fait assassiner sa demi-sœur Élisabeth, future reine d'Angleterre. La Patrouille est envoyés à Londres pour sauver la continuité historique, en profitant de la présence du futur Philippe II, alors époux de Marie. Alonso et Pacino deviennent gardes du corps du Roi et Irène, professeure d'Espagnol de la Reine. Pendant ce temps, Amelia s'efforce de faire retrouver sa mémoire à Julián, en évoquant leurs souvenirs communs.
Critique :
L'après l'excès d'humour réjouissant, mais hors sujet, ayant caractérisé le portrait de Philippe IV lors de l'opus précédent, El Ministerio del Tiempo en revient ici à son meilleur niveau. En effet, l'épisode rejoint pleinement la tradition de la série consistant à dépeindre de manière réaliste et sensible les figures historiques rencontrées. L'Angleterre des Tudor est un joli nid de vipères, mais le récit sait tracer un portrait agréablement nuancé de Marie. Loin des clichés faciles de Boody Mary, sans pour autant verser dans l'hagiographie (les tueries d'hérétiques ou d'opposants sont clairement montrées), nous découvrons la vérité d'une femme ayant toujours craint pour sa vie et prête à tout pour que ses enfants aient une existence meilleure. Écartelée entre deux cultures également ; il s'avère particulièrement émouvant de voir la petite-fille des Rois Catholiques devoir faire appel à une professeure pour maîtriser ce qui est, au sens propre, sa langue maternelle. Il y a une belle solidarité féminine avec Irène, notamment autour de la lecture du fameux Libro de Buen Amor, ou du drame intime des grossesses imaginaires, que l'époque traita avec raillerie.
On aime aussi beaucoup le tableau du jeune prince Philippe, déjà pénétré de son devoir envers l'Espagne, mais aussi d'envie de bien faire, plein d'amour de la vie et de ses plaisirs. Il apparaît logique très différent de celui de Cambio de Tiempo (2-13), vieilli et consumé par la Raison d'Etat comme l'orgueil. La familiarité entre Albe et Alonso passe très bien, car l'on sait que le Grand Duc eut toujours un lien très fort avec ses Tercios, ainsi qu'une camaraderie de soldats. M^me si l'on peut faire difficilement passer la campagne espagnole pour l'anglaise, l'épisode reste splendide et magnifiquement interprété, porté par de savoureux dialogues. L'humour reste présent mais à sa place, agrémentant le récit sans pour autant en devenir la substance. Le spectateur français se trouvera en terrain connu puisqu'il s'agit à peu près du même humour qu'Astérix chez les Bretons, bière tiède et météo épouvantable, un cauchemar pour les Latins. Le portrait du jeune Prince pourra être utilement approfondi dans la dernière partie de la formidable série qu'est Carlos, rey emperador (2012-2014).
La partie moins relevée de l'opus demeure le ponctuel retour d'Amelia. Certes retrouver cette figure clef de la fait plaisir, et l'alchimie ressurgit instantanément entre Rodolfo Sancho et la formidable Aura Garrido. Mais, pour ce qui restera sans doute son unique participation à la saison. On aurait préféré retrouver Amelia en patronne de la Patrouille, participant pleinement à l'aventure et brillant par son érudition autant que par son esprit. Or ici elle se voit (quasiment) réduite à sa relation amoureuse avec Julián. Ce n'est pas cet aspect qui nous intéresse le plus chez elle et cela reste tout de même un cliché concernant un personnage féminin, assez dommageable en cette saison se voulant particulièrement féministe. On regrettera aussi la totale absence de Lola, que le récit e soucie peu d'expliquer et qui la ramène à son statut de simple remplaçante d'Amelia, puisqu'elle disparaît quand celle-ci réapparaît. Même si Lola a sans doute moins d'aura, cela reste inutilement désagréable pour Macarena García. Demeurent l'album de souvenirs et surtout la belle émotion de la séquence finale avec Lorca, concluant avec panache la séquence du retour de Julián.
Anecdotes :
Pour la première fois le mot Tiempo (Temps) est absent d'un titre d épisode. Celui-ci est en langue anglaise, afin de souligner que, également pour la première fois, la mission de la Patrouille du Temps ne se déroule pas en Espagne ou dans l'Empire, mais en Angleterre, même si dans le cadre d'une mission diplomatique espagnole.
L'épisode voit le retour ponctuel d'Amelia Folch. L'ancienne cheffe de la Patrouille du Temps vient aider Julián (dont elle fut particulièrement proche) à retrouver la mémoire, mais préfère désormais se dédier aux affaires de son défunt père, dont elle a pris la succession. En réalité Javier Olivares souhaitait le plein retour de l'actrice Aura Garrido, mais cela fut impossible, celle-ci ayant un autre engagement.
Federico García Lorca apparaît dans les hallucinations de Julián. Ángel Ruiz reprend le rôle qu'il avait tenu en 2015 dans La leyenda del Tiempo (1-08).
Marie Tudor (1516-1558) naquit du mariage malheureux entre Henri VIII et Catherine d'Aragon, fille de la Catholique. Elle-même Catholique, Marie fut écartée de la succession, mais parvint à monter sur trône à la mort de son demi-frère Édouard VI, devenant la première femme à régner sur l'Angleterre. Pour cela, elle mena une guerre et fit décapiter sa rivale, Jane Grey. Elle épousa le futur Philippe II en 1554, établissant une brève double monarchie catholique quand celui-ci monta sur le trône d'Espagne en 1556. Aucun héritier n'en naîtra, malgré deux grossesses psychologiques qui lui valurent des railleries dans les Cours d'Europe. Les persécutions des Anglicans valurent à la reine le surnom de Marie la Sanglante (Bloody Mary).
Lui succédant en 1558, sa demi-sœur cadette Élisabeth Tudor, ici sauvée par la Patrouille du Temps, rétablira l'Anglicanisme. Ceci conduira à une guerre entre la Reine Vierge et le Roi Catholique, qui s’avérera désastreuse pour l'Espagne du Siècle d'Or. Mais... « L'Histoire est ce qu'elle est ».
Le mariage fut suggéré par Charles-Quint. Outre la dimension religieuse, il y voyait un moyen de contrer l'alliance entre la France et l’Écosse, mais aussi de sécuriser la voie maritime vers les Pays-Bas, alors possession espagnole. Marie y voyait la perspective d'un héritier empêchant sa succession par Élisabeth, tout en épousant un mari d'un rang égal au sien... et qui ne serait pas trop présent en Angleterre. Le mariage fut célébré le 25 juillet 1554, en la Cathédrale de Westminster. La garde d'honneur de quinze Grands d'Espagne accompagnant Felipe était menée par le terrible Duc d'Albe, incarnation de la puissance de l'Empereur.
Fernando Álvarez de Toledo y Pimentel (1507-1582), dit le Grand Duc d'Albe, était à la tête de la Maison de Tolède, faisant de lui le premier des Grands d'Andalousie. Mais il reste remémoré pour avoir été le maître de guerre de Charles-Quint et Philippe II durant un demi-siècle, tout en menant des missions diplomatiques de premier plan. S'il essuya quelques revers, il est considéré comme le plus grand général de son temps, faisant des Tercios la meilleure infanterie d'Europe. Il remporta nombre des victoires majeures de l'Espagne du Siècle d'Or (Tunis en 1535, Muehlberg en 1547, Jodoigne en 1568, conquête du Portugal en 1581...). La mémoire de ce héros national espagnol reste entachée d'actes de cruauté commis en tant que Gouverneur des Pays-Bas, puis Vice-Roi du Portugal.
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Un duo toujours magique et complice, même si sous-exploité cette saison.
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "El Ministerio del Tiempo"
Bientôt sur vos écrans :
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