Série "Supernatural"

La Chasse accourt !

Rachel Leishman, coéditrice de nos amies les Mary Sue, toujours en plein dialogue critique avec Supernatural, à la Comic Con de New York

Le 23 mars 1972, John Winchester rentre chez lui à Lawrence, au Kansas, après la guerre du Vietnam, où il rencontre Mary Campbell dont le père, Samuel, a récemment disparu. Ayant reçu une lettre de son père Henry, disparu depuis longtemps, John explore un foyer des Hommes de Lettres où Mary le sauve d'un démon. Introduit dans le monde du Surnaturel, John apprend que son père était un Homme de Lettres. Il aide Mary à suivre la piste de Samuel, qui cherchait une boîte magique capable de piéger et de détruire les monstres : le père et la fille sont des Chasseurs de Démons. Avec l'aide des amis et associés de Mary, Latika et Carlos, ils suivent la trace de la boîte jusqu'à un cimetière de la Nouvelle-Orléans où ils affrontent à la fois un loup-garou et le démon. John décide de rejoindre la Chasse, d’autant que la boite de Samuel était destinée aux Akrida, des monstres d’Outre-Plan se préparant à envahir la Terre.

Nombre de lancements de séries doivent gérer un double cahier des charges : narrer l’histoire du jour tout en installant les personnages et leur relationnel. Il en va de même  pour le Pilote de The Winchesters, mais celui-ci doit en plus assurer une mission particulière : prouver, reprouver et reprouver encore que l’on se situe dans la droite continuité de Supernatural, au détail près. A la décharge des auteurs, il s’agit sans doute moins d’un choix que d’une nécessité au vu de l’émoi exprimé par le Fandom SPN, convention après convention, sur les réseaux et les sites, etc. Il fallait bétonner,  ce à quoi la com s’est déjà dévouée, mais cet aspect s’avère réellement invasif ici, saturant tous les éléments possibles du récit. De multiples scènes se consacrent essentiellement à des clins d’œil au Lore des Chasseurs et des Hommes de Lettres, leurs armes, matos et sortilèges, un vrai catalogue.

Le bref générique demeure quasiment le même (seul le titre change), on a recours à l’ennemi emblématique entre tous qu’est le Démon, la thématique du père disparu répond doublement à l’appel, etc. Le procédé se ressent comme particulièrement appuyé, d’autant que les explications par contre destinées aux nouveaux venus sont réduites à peau de chagrin, la série ayant clairement choisi de s’appuyer sur la communauté, tout comme les dernières saisons de SPN. Surtout cela force à rendre schématique le récit du jour, une chasse au trésor comme on en a déjà tant vu dans SPN, en zappant d’un État à l’autre à travers les USA pour multiplier autant que possible les références. Tout est simplifié au maximum pour y parvenir. Y compris l’Opposition du jour, avec probablement le Démon le plus minable présenté jusqu’ici, prenant rouste sur rouste. Les Yeux Jaunes ont dû en être verts de rage et rouges de honte.

Malgré un criant manque de moyens, qui prolonge aussi les dernières saisons de SPN, la mise en scène du vétéran Glen Winter sait par contre se montrer efficace. Le réalisateur des pilotes de Supergirl, Legends of Tomorrow, Stargirl ou encore Doom Patrol sait instiller toute une ambiance via la photographie et les décors, et animer une scène d’action. Sa reconstitution des 70’s s’avère soignée, même si limitée aux éléments visibles (pop culture, costards, chevelures, caisses...), il ne s’agit pas ici de sonder l’âme d’une époque, comme dans Aquarius, cette magnifique série. Il peut également s’appuyer sur une bande son évocatrice et superbe, bien dans le ton elle-aussi des classiques si appréciés par SPN. L’irruption du Loup Garou envoie enfin du pâté en fin de parcours : un premier fait d’armes pour John, déjà digne de son futur parcours. Le premier sang versé revient aux Winchester. Mais l’épisode a surtout le nez creux en sacrifiant uniquement le scénario du jour aux mânes de Supernatural.

Car un scénario expéditif n’est pas rédhibitoire, mais foirer ses personnages, oui, et au combien. Le pilote réussit en effet l’essentiel en nous faisant réellement prendre en affection John et Mary. On aime leur jeunesse, leur assurance parfois naïve, leur courage indomptable, mais aussi qu’ils ne soient pas des copies mêmes indirectes du duo Sam & Dean. Leur complémentarité  aussi, entre une Mary tout feu tout flammes, clairement la Femelle Alpha du clan, et un John tout en force tranquille et sachant se faire entendre quand il y tient vraiment. Le secret de nombre de couples au long cours et d’ailleurs, sans être particulièrement fleur bleue, on s’avoue sensible aux premiers regards échangés et aux émois de leur idylle encore en devenir. Les jeunes comédiens sont tous excellents, cela vaut aussi aussi pour Carlos et Latika (Lata pour les intimes).

Même s’il n’évite pas entièrement les clichés, l’épisode sait éviter de créer un couple vedette et deux sidekicks, on se prend pareillement d’affection pour l’ensemble d’un quatuor dont on pressent qu’il a encore bien des choses à nous raconter. Évidemment on pourra tiquer sur le fait que deux personnes que lient autant de secrets de famille se rencontrent aussi fortuitement, quasi miraculeusement, mais on sait bien qu’un Narrateur invisible a entrepris d’écrire sa plus grande histoire. Mais il faut maintenant que la série trouve la sienne et s’affirme autrement que comme conforme à un écrasant canon. (***)



Le film à l’affiche du cinéma que quitte Mary sur le point de heurter John est Slaughterhouse-Five, ce qui situe la scène en mars 1972.

La rencontre de Mary et John à la sortie du cinéma se déroule à peu près comme montré dans l’épisode de SPN Keep Calm and Carry On, Dean (12-01). Il s’y heurtent aussi  à la sortie du cinéma (même film, checked), puis vont boire un café et sympathisent. Mais ici ils se séparent après quelques mots émus et ne partagent un café que plus tard. AAAAH, CE N’EST PAS CANON, SCANDALE !!!!

Latika s’est évanouie en regardant Willard (1971), film d’horreur absolument insoutenable autours de rats et d’un jeune homme bien sous tous rapports ayant le pouvoir de communiquer avec eux. Votre serviteur le considère comme l’un des plus effrayants qu’il n’ait jamais vu. Latika indique ainsi une phobie lui assurant clairement une scène rieuse dans l’un des épisodes à venir.

« Jimi, Janis, Jim Morrison. Amen. » déclare Carlos. Jimi Hendrix, Janis Joplin et Jim Morrison sont membres du Club 27, ces artistes étant morts à 27 ans (tout comme Jean-Michel Basquiat, Kurt Cobain ou Amy Winehouse, etc.).

« The only thing worse than how it starts for a Hunter - is how it ends » déclare Carlos. La phrase a été prononcée par Sam ou Dean dans plusieurs épisodes de Supernatural.

John (Fred), Mary (Daphné), Carlos (Sammy) et Lata (Velma) évoquent de manière plus ou moins directe les quatre membres humains de la Team Scooby-Doo, une série plusieurs fois référencée dans SPN, dont Dean est fan. Bien entendu le van de Lata est du même modèle que la Mystery Machine. Avis perso : c’est quand vous voulez pour le Hellhound.

L’épisode est dédié à Lou Bollo, coordinateur des cascades sur les 12 premières saisons de Supernatural, récemment disparu.

Le Manner’s Hotel est bien sûr un hommage à Kim Manners, ainsi qu’à Supernatural, tant l’influence du réalisateur fut forte sur la première période de la série.

Ada indique que les Hommes de Lettres ont disparu il y a 15 ans, pour une raison inconnue. Dans l’épisode de SPN As Time Goes By (8-12) on voit la confrérie être massacrée par Abaddon, ce Fléau. Or cela survient en 1958, donc 14 ans avant 1972 et non pas 15. AAAAH, CE N’EST PAS CANON, SCANDALE !!!!

Dans le tag de fin, rien ne manque à Dean à bord de l’Impala ; son amulette et ses cassettes sont là, de même que le mythique Green Cooler. Mais Sam est absent…

Quand John retourne à Lawrence, puis quand l’Impala disparaît à l’horizon , on entend "I'd Love to Change the World" de Ten Years Later. Quand Ada est possédée par le démon, on entend à la radio « Walkin' After Midnight », de Patsy Kline.

Critique passionnante à lire et très drôle également. J'espère revoir le "AAAAH, CE N’EST PAS CANON, SCANDALE !!!!" qui, écrit en majuscule, me fait penser au Disque-Monde.

Comme je manque légèrement de temps pour un rewatch des 357 épisodes de SPN, je me suis concentré sur les plus John & Mary du lot. Petit guide :

Le Pilote de SPN
Bien sûr le Pilote, avec aussi bien le tragique début de l'Aventure pour Sam et Dean que la fin pour celle de leur parents, avec la (première) mort de Mary. Outre son intérêt « historique » (pour les fans, bien sûr !), le pilote narre comment John découvre l'existence du Surnaturel à cette occasion et entre dans la Chasse pour venger sa femme. Avant d'y faire basculer se enfants, sans trop se poser de questions. Or les fans ont été interloqués, car le pilote des Winchesters nous montre bien John ayant découvert cet univers avec la disparition de son père et la rencontre avec Mary. Quid ? Jensen a promis des explications, In Jensen We Trust. Sarah Shahi surnaturellement troublante en Dame Blanche. Jeffrey Dean Morgan et Samantha Smith sont déjà iconiques.  Morgan n'vait été initialement recruté que pour ce pilote, Bruce Campbell devant l'incarner devenu plus âgé. Ce dernier s'étant décommandé, il fut décider de le vieillir avec maquillage. Un voyage de 15 ans débutait...

Home (1-09)
Retour à Lawrence, Kansas, pour Sam et Dean, leur ville natale et là où tout a commencé pour John et Mary, comme le pilote des W nous l'a rappelé. Une Chasse tout d'abord classique, jusqu'à ce qu'un twist tonitruant nous révèle le fantôme de Mary hantant toujours sa maison. Et surtout contrecarrant un Poltergeist maléfique, avec toute son énergie de Chasseuse de Démons, jusqu'à ce que la cavalerie arrive enfin. Épisode très émouvant, d'autant plus fort qu'in fine John se révèle également, mais toujours incognito. Home illustre parfaitement comment un opus somme toute moyen peut se voir fortement rehaussé par ce lien familial qui demeurera toujours l'un des piliers du show.

Salvation/Devil's Trap/In My Time of Dying (1-21-22, 2-01)
Ce formidable arc de trois épisodes enjambe les saisons 1 et 2, avec les retrouvailles – temporaires- de John et de ses fils comme point d'orgue. Le talent de Jeffrey Dean Morgan apporte une émotion formidable au portrait de John et nous fait définitivement l'aimer, malgré tous ses défauts de père dysfonctionnel. Outre sa dimension familiale, l'arc nous vaut un captivant thriller autour du fameux Colt capable de tuer n'importe qui, n'importe quoi (enfin presque, me susurre Lulu) et la révélation d'Azazel - les Yeux Jaunes, assassin de Mary et l'un des plus mémorables antagonistes d'une série pourtant prodigue sur le sujet. Il institue aussi le rituel des fins de saisons en forme de cliffhangers à la force terrible. La mort de John a d'autant plus d'impact que SPN n'avait alors pas encore fait de ses résurrections une relative routine. John demeurera à peu près le seul protagoniste à n'y avoir pas droit, directement ou non : ne soyez jamais joué par un acteur ayant percé au cinéma. Cela devrait être ici la fin de cette aventure à deux que le pilote des W a entrepris de nous raconter, mais SPN étant SPN, John et Mary seront aussi du voyage.

All Hell Breaks Loose (2-21-22)
Le double épisode conclue la saison 2, mais surtout la première grande époque de SPN, avec la chute des Yeux Jaunes , abattu à bout portant par Dean à l'issue un affrontement totalement épique et impitoyable. Mary est enfin vengée. Mais, à l'occasion d'un twist mémorable que votre serviteur n'avait absolument pas anticipé à l'époque, c'est le spectre de John qui assure in fine la victoire, avant des adieux silencieux à des fils avec lesquels il fait sa paix. L'un des moments les plus émotionnellement forts de toute la saga. La série connaît sans doute ici son meilleur Season Finale, même si j'aurai toujours un faible particulier pour la venue annoncée de Lulu. Pour les fans de Morgan, la Longue Veille débutait puisque, si John allait réapparaître sous divers artifices, les épisodes, les saisons et les années allaient défiler sans que l'acteur ne revienne. Lebanon, épisode 300 de Supernatural, sera l'occasion d'un retour dont personne ne s'était résolu à totalement désespérer, jamais.

In the Beginning (4-03)
Premier voyage de Dean dans le passé de John et Mary, sous les auspices de ce boute-en-train de Castiel. L'Ange du Jeudi envoie son protégé en 1973, donc assez vite après les événements de la saison 1 des W, ce sera intéressant de voir si et comment la péripétie est abordée de ce côté-ci du miroir. Mais cela supposera sans doute un renouvellement de la série qu'absolument rien ne garantit dans cette période troublée de The CW (et avec le départ du PDG ayant tant et tant soutenu SPN). La saison 4 est très riche en révélations sur la Mythologie de la série (les Anges et leur guerre contre les Démons), la deuxième grande époque de SPN bat son plein, et l'épisode participe pleinement à ce mouvement concernant l'histoire de John et Mary. Matt Cohen et Amy Gumenick incarnent superbement le jeune couple et leur amour fou, mon coup de cœur aura été total. On apprend enfin le Pacte qui se tenait derrière le flamboyant assassinat de Mary par les Yeux Jaunes, conclu pour sauver John. De fait SPN débute bien en 1983, à l'issue de la décennie fatidique. Azazel est bien entendu lui-aussi au rendez-vous, de même que Samuel Campbell, que la Mary des W va donc retrouver. Les W ne pouvant jouer le suspense là-dessus, Smallville devrait sans doute arriver assez vite dans cette série, youpi. Mary désire ardemment quitter la Chasse pour vivre une vie normale, le pilote des W est conforme sur ce point. De tous les épisodes que j'évoque ici, c'est vraiment celui-ci qui reste le plus nécessaire pour rejoindre les W.

The Song Remains the Same (5-13)
Nouveau voyage dans le passé de John et Mary, avec un nouvel invité de marque après Azazel : nul autre que Michaël en personne. L'Archange du Fun est déjà tel qu'en lui-même dans ce récit où il se révèle enfin. La mort abominable qu'il réserve à cette pauvre Anna  campe le personnage, mais c'est bien le couple qui est au cœur de l'opus. Même s'il s'agit d'une autre saison, on peut parler de double épisode, tant celui-ci se situe dans la continuité de In the Beginning. Plusieurs années ont passé, nous sommes cette fois en 1978, mais John et Mary, désormais mariés, rayonnent comme au premier jour, et loin de la Chasse. La rencontre avec leurs deux futurs fils crée bien des étincelles. John découvre la Chasse, mais sa mémoire récente sera effacée par l'Archange du Premier Rayon, de même que celle de Mary et leur vie continuera paisiblement... jusqu'en 1983.

As Time Goes By (8-12)
Cet épisode nous fait découvrir Henry Winchester et son histoire, soit le père que John s'efforce de retrouver au début des W. Contrairement à Samuel, il n'y aura pas de Happy End, point de vue suspense là aussi c'est réglé d'entrée. Henry n'a jamais voulu abandonner son fils et s 'est enfui à travers le Temps pour échapper au massacre des autres Hommes de Lettres par Abaddon, le  Chevalier de l'Enfer qui mènera la vie dure à Sam et Dean (et Crowley) toute la saison. Il ne reviendra jamais, se sacrifiant pour sauver ses petits-enfants et il demeure assez mélancolique de voir le John des W se lancer dans une quête que l'on sait sans issue heureuse. L'épisode introduit les Hommes de Lettres dans l'univers SPN, un élément crucial pour la nouvelle série, tout le pilote tourne autour.

Keep Calm and Carry On/Mama Mia (12-01-02)
Le double épisode marque le retour de Mary, ressuscitée par Amara / les Ténèbres en ultime don à son cher Dean (je suis persuadé qu'elle l'aura sincèrement aimé), même si l'événement en lui-même survient lors du final de la tonitruante saison 11. Tandis que Sam prend du bon temps en étant torturé par les Hommes de Lettres anglais, les retrouvailles de Dean et de sa mère nous valent des scènes très fortes quand ils se remémorent le chemin parcouru et complètent mutuellement les blancs. Le fameux journal de John est revu quand Dean en fait don à Mary. Cela fait également plaisir de voir que son talent de Chasseuse brille toujours avec éclat. A l'époque le retour de Mary a parfois été commenté comme un signe du manque d'inspiration des auteurs tant la série devenait longue. Je trouve que SPN a su trouver un bon équilibre pour Mary, à la fois une force et une faiblesse pour ses enfants, sans jamais tomber dans le mélo. Damaged Goods (14-11) poursuivra le dialogue entre Mary et un Dean, l'implication de Jensen dans ces scènes émotionnelles montrant déjà à quel point il se passionne pour le sujet.

Celebrating the Life of Asa Fox (12-06)
Si les Frères Winchesters se sont ponctuellement alliés à d'autres Chasseurs, ou se sont parfois opposés à eux, il y a eu trop peu d'épisodes les abordant en tant que communauté, avec leurs rituels et leurs coutumes. Celui-ci se montre d'autant plus précieux, autour de funérailles virant au Whodunit.  L'épisode sait mettre en avant Mary et sa difficulté à intégrer le temps passé depuis sa disparition, avec ses enfants devenus subitement adultes et tant de frères d'armes tombés au combat. Superbe composition de Samantha Smith. On espère que W saura faire vivre davantage les Chasseurs en tant que groupe, même si leur parano naturelle les rend solitaires par nature. Le groupe à quatre déjà formé se montre encourageant là-dessus.

Lebanon (14-13)
Si le grand final de SPN, Carry On, sera à juste titre centré sur la relation entre les deux frères, Lebanon marque la vraie fin de la Route pour John et Mary. On apprécie immensément  qu'ils se retrouvent en tant que couple et non pas seulement  comme père et mère des héros.  Ces moments très intimistes gagnent bien entendu en émotion grâce aux retrouvailles de  Jeffrey Dean Morgan et Samantha Smith, absolument magnifiques de complicité, quatorze longues années après le Pilote. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cela valait bel et bien le coup d'attendre si longtemps. Via Bobby, Carry On nous apprendra qu'ils vivent heureux dans un Paradis enfin devenu non dystopique (le COVID a empêché leur apparition, comme celle des amis et alliés de Sam et Dean)  Quelque chose me dit que Dean s'y trouve aussi dans The Winchesters et que c'est vers eux qu'il roule en nous racontant leur histoire. peut-être rencontrera-t-il Sam en chemin ?


Allez, nous sommes prêts à sauver le Monde en compagnie des Héros les plus Badass des Seventies !

Somptueuse récapitulation !

Une question philosophique (et béotienne) : les Ténèbres peuvent-elles aimer, sincèrement ou non d'ailleurs ? En tant qu'entité, les Ténèbres ne sont-elles pas censé être maléfique ? Ou bien, est-ce leur incarnation qui leur permet d'éprouver un sentiment bassement humain ?

D'où une question subsidiaire : Amara est-elle le nom que se donnent les Ténèbres, le nom d'une humaine qui n'a pas tiré les bonnes cartes au tarot ou les Ténèbres en soi ?

Le Verbe se ferait Chair même ténébreuse ? ça sent le soufre M. Estuaire ! Il y en a qui ont fini sur le bûcher pour moins que ça !

Après avoir été enfermée hors de l'univers par son frère littéralement depuis la Création, Amara découvre la vie (un phénomène qu'elle va mettre du temps à appréhender) et les sentiments après avoir pris forme humaine. Donc, oui, l'humanité fait partie de son parcours, avec tout ce que cela signifie. Elle est apparue sous la forme d'un bébé, que son père humain a nommé Amara avant de mourir. Elle a conservé ce prénom tout en devenant rapidement adulte en dévorant des âmes. Je me suis débarrassé de toutes mes allumettes, simple précaution.

Estuaire44 a écrit:Je me suis débarrassé de toutes mes allumettes, simple précaution.

Pas grave, j'ai les miennes...

Voyons si j'ai bien compris : Les Ténèbres sont en entité en soi qui a (ont ?) pris forme humaine ; une forme humaine à qui il a été donné le nom d'Amara et qui, du coup, ressent des émotions comme n'importe quel être humain sans en être tout à fait un elle-même. J'ai bon, chef ?

Teach Your Children Well (1-02, ***)

Après une dispute entre John et sa mère Millie, la quête de Samuel mène le groupe à Topeka, Kansas. Des jeunes gens ont commencé à disparaître d'une communauté hippie, capturés par un monstre métamorphe, La Tunda. Autrefois une mère désaxée ayant torturé à mort ses propres enfants, elle  se nourrit de ceux s'étant brouillés avec leurs parents. Anxieuse de retrouver son père, Mary abuse de son autorité, jusqu'à provoquer une crise au sein du groupe, mettant John en danger lorsque le monstre prend la forme de sa mère Millie et le kidnappe à son tour.

Teach Your Children Well  permet à The Winchesters de continuer à affirmer son lien avec Supernatural. On renoue ainsi avec certains rituels de la série, comme les chambres de motels ultra stylisées, jusqu'à en devenir étranges (un plaisir s'étant raréfié par souci d'économie depuis l'installation du Bunker), ou les noms d'emprunt reprenant ceux de stars de Rock. Au moins la présence de Mary permet-elle d'introduire de la variété vis-à-vis des choix de Sam et Dean ! Un point culminant se voit atteint avec les convergences existant entre ce deuxième épisode et celui de Supernatural, Wendigo : enquête et action en forêt, folklore, monstre conservant vivantes ses proies dans sa grotte en vue de dégustation ultérieure... On s'y croirait.

The Winchesters conserve également la mise en écho entre la Chasse du jour et le vécu personnel des Chasseurs, un procédé toujours efficace dramatiquement. Par contre on regrettera que les années 70 ne demeurent ici qu'un décor, certes soigné. Hormis deux vignettes musicales, d'ailleurs savoureuses, il est dommage que la Communauté hippie soit si vite délaissée au profit d'une action située en forêt. Dans leur assez similaire épisode 70's, éminemment psychédélique, The Virgin Gary (4-01), les Legends avaient au contraire opté pour s'y immerger totalement, il faut dire que les champignons qui font rire ont toujours été une tradition locale.

Au moins le contexte permet-il aux Winchesters d'entremêler humour et horreur, avec réussite. Tel quel l'épisode demeure une Chasse rondement menée, sachant questionner chacun des héros, et à la bonne saveur des premières saisons de SPN, avant les Anges, l'Apocalypse et les différentes entités cosmiques. La mécanique de groupe s'avère décidément efficace, en traversant avec succès la nécessaire ordalie d'une première crise sérieuse. La série a visiblement opté pour laisser une large place au relationnel, tant mieux, d'autant qu'elle conserve ici sa boussole de la perspective des personnages que John et Mary deviendront (et leurs propres conflits avec Sam et Dean).

On aime aussi qu'Ada trouve sa place d'érudite au service du Quatuor, en s'installant dans le foyer déserté des Hommes de Lettres, pour le coup cela nous renvoie à l'époque du Bunker. Ce mix de deux époques très différentes de Supernatural conférant une (relative) originalité à l'univers des Winchesters. Millie s'insère aussi davantage que dans le Pilote, son garage devenant un précieux point fixe pour John, aussi bien concrètement que sentimentalement. Dommage que le budget, décidément spartiate, ne réduise l'impact de Poison Ivy, euh, de La Tunda, une belle abomination comme on aime. L'apparition lugubre de ce qui semble bien être le Big Bad de saison compense néanmoins cela.



Mary surnomme La Tunda "Audrey III", une référence à Audrey II, le monstre végétal de La Petite Boutique des horreurs (1960).

"Teach Your Children Well" est une citation du tube Teach Your Children de Crosby, Stills, Nash and Young (1969). Elle est entendue lors du montage final. Carlos déclare à Mary «If it was up to me you'd be David Crosby. You know, C, S, N and Y », ce à quoi elle répond « There's no Y anymore » En effet 1972 voit Neil Young débuter sa carrière solo, avec l'album Harvest. Le groupe était alors en train de se briser du fait de tensions internes

John et Mary reprennent (ou inaugurent, selon la chronologie retenue !) la tradition des noms d'emprunt de stars du showbusiness, régulièrement pratiquée par Sam et Dean. Ils deviennent ainsi Mick Fleetwood et Christine McVie, membres du groupe londonien de Blues Rock Fleetwood Mac. Mary en a décidé ainsi (comme d'habitude) ce qui indique une bonne connaissance musicale car en 1972,Fleetwood Mac restait  connu surtout en Grande Bretagne. La renommée internationale ne viendra qu'en 1977, avec l'album Rumours, toujours aujourd’hui l'un des plus vendus au monde.

Avec Mary on devrait avoir plus de vedettes musicales féminines visées que dans SPN, même si on se souvient que, contrairement à Sam et Dean, Castiel optait toujours pour un alter ego féminin. Qui a dit «  bien sûr » ?

Le collier du guide de la communauté forme un Triskèle, la triple spirale ésotérique déjà présente en Irlande trois mille ans avant notre ère. Au début des années 70 il sert effectivement de symbole à des groupes néo païens ou polythéistes, appartenant à la mouvance hippie. Le Triskèle est devenu populaire en France précisément dans les années 70, avec le succès rencontré par la musique bretonne, sous l'impulsion d'Alan Stivell.

Millie indique à Ada que le jasmin entourant sa maison (une plante protectrice) a été planté des années plus tôt par Henry. Or l'épisode As Time Goes By indique que, lors de sa disparition en 1958, Henry et son épouse  vivaient encore à Normal, dans l'Illinois. AAAAH, CE N’EST PAS CANON, SCANDALE !!!!

Quand le Quatuor se prépare à intégrer la communauté, il chante en cœur The Age of Aquarius. de Ronald Dyson. Cette chanson de la comédie musicale Hair (1967) est devenue emblématique du mouvement Hippie lors du festival de Woodstock, en août 1969, où son « Let the Sunshine In » fut entonné par la multitude. Elle donne aussi son nom à la série Aquarius (2015-2016), avec David Duchovny, où les titres d'épisodes sont ceux de chansons de l'époque.

Merci ! La quête du canon dépendra du bon (ou mauvais) vouloir des auteurs !

Une IS de plus pour la Route :

La Tunda est un mythe de la région côtière du Pacifique de la Colombie et de l'Équateur, décrivant une entité capable de métamorphose. Ressemblant à une femme humaine, elle attire les gens dans les forêts en apparaissant sous la forme d'un être cher. Ses capacités de Changeur de Formes sont imparfaites, car elle a toujours une jambe en bois en forme de molinillo, ou un ustensile de cuisine en bois utilisé pour remuer des boissons chaudes comme le chocolat ou l'aguapanela. C'est la faiblesse utilisée par le Quatuor : la Tunda étant sans défense contre sa propre magie, John lui brise sa jambe en bois et Mary s'en sert pour lui perforer le cœur.

You're Lost Little Girl (1-03, ****)

Quand Carrie et Ford, les enfants de la voisine de Mary, sont enlevés Mary, John et Lata se lancent à leur recherche. Le coupable est Bori Baba, un monstre hindou qui attire les enfants dans son sac en utilisant des objets qu'ils recherchent. Mary entre dans le sac de Bori Baba pour les sauver tandis que Lata découvre que les victimes doivent détruire les objets qu'elles recherchent pour être libres. John en informe Mary à l'aide d'une radio CB, la forçant à affronter ses peurs de la vie après la Chasse. Lorsque le monstre les suit, John parvient à le tuer. Pendant ce temps, Ada et Carlos recherchent Slick, le partenaire du démon qui avait possédé Ada. Celle-ci le piège dans un bonsaï. Rockin’ Roxy, la  DJ d’une radio pirate locale, est le Vaisseau du leader des Akrida. Elle s’empare de l’essence des monstres tués par le Quatuor.

Avec You're Lost Little Girl, The Winchesters creuse son sillon d’un Fantastique horrifique centré sur des figures des folklores non occidentaux : après la Colombie, nous passons ici à l’Inde. Peu importe que la raison (l’attraction exercée par la leader des Akrida) apparaisse, pour l’heure, minimaliste et fasse quelque peu doublon avec Eve, la Mère de tous les Monstres de la saison 6 de Supernatural. Après toute la longue dernière époque très biblique de SPN, le procédé apporte une rupture de ton bienvenue, de plus rendue savoureuse par l’exotisme, à nos yeux, et la poésie de créatures trouvant d’intéressantes résonances dans nos contes de fées (les originaux, hein, pas leur version Disney).

Par ailleurs, avec son costume type Épouvantail, ses griffes sortant d’un sac et le huis clos à la fois baroque et anxiogène de son micro univers peuplé des babioles récoltées au cours des siècles, le Bori Baba autorise de jolies images coûtant peu cher. Une aubaine pour une série ne disposant décidément pas du budget nécessaire pour des images numériques : les Akrida ne valent pas mieux là-dessus que ce l’on voyait chez Xena et Hercule, il y a presque trente ans. Que les Démons s’avèrent plus faciles à vaincre que lors des débuts de Supernatural ne change pas grand-chose pour le prestige des nouveaux venus.

Mais les Akrida font plus que rattraper le coup avec la découverte de leur leader incarnée par Bridget Regan, ce qui suscite d’emblée un émoi certain (les admirateurs de l’Inquisitrice me comprendront). La Big Bad de saison constitue une belle réussite, par son charme et sa malice, son look à la Randolph Flagg. Que Rockin’ Roxy soit la DJ d’une radio pirate contribue au cachet Seventies de la production, tout en participant astucieusement à une série ayant les mêmes penchants musicaux que sa devancière. Certes son Maître Plan demeure dans les limbes, mais le récit ayant entrepris de nous le révéler morceau par morceau dans la meilleure tradition de Mediapart, on ne s’inquiète pas.

L’épisode met d’ailleurs en avant les divers personnages féminins, avec Lata s’avérant précieuse, par sa culture aussi bien que ses capacités d’analyse, tandis qu’Ada en son antre s’affirme bien comme la digne devancière de Bobby. Enfermer un Démon pour potentiellement des siècles dans un bonzaï avec un interrogatoire cruel, puis ensuite en trancher méticuleusement les feuilles s’avère assez glaçant, comme le ressent clairement Carlos, si fort en gueule soit-il. Le cœur de l’intrigue repose sur Mary, avec une éloquente évocation de son aspiration à quitter la Chasse, mais aussi l’emprise de son père, quelque soit sa peur de l’inconnu.  A ses côtés, John s’avère un allié solide et dévoué, tout en affichant ses aptitudes lorsqu’il égorge proprement le Bori Baba, au calme. Les jeunes comédiens brillent sur tous les registres.

Certes les deux potentialités amoureuses, l’ex de John et la rencontre de Mary, ne troublent guère. Que Mary se retrouve totalement fortuitement à côté d’une CB à l’intérieur du sac relève du miracle (on t’a vu Chuck, on sait que c’est Toi). Mais l’épisode se révèle particulièrement dense et prenant, confirmant la réussite du lancement d’une série visiblement pensée et construite avec davantage d’ambition que la simple exploitation d’un filon.



Carlos déclare que les policiers devant la maison ressemblent à ceux de Dragnet. D’abord une dramatique radio, cette série télévisée (Badge 714, 1951-1959), produite par Disney et diffusée sur NBC, fut un immense succès donnant naissance à toute une franchise. Le réalisme de ses scénarios vaut à Dragnet d’être souvent considérée comme le précurseur des Procedurals.

Le film que Mary suggère à John d’aller voir seul est The Omega Man (Le Survivant, 1971). Avec  Charlton Heston, il s’agit de la deuxième adaptation au cinéma du classique « Je suis une Légende », de Richard Matheson, après celle de 1964 avec Vincent Price et avant celle de 2007 avec Will Smith. Après une pandémie apocalyptique, le protagoniste est montré chassant les mutants albinos peuplant désormais Los Angeles. Dean fera référence à ce film dans l’épisode Croatoan de SPN (2-09).

Le titre de l’épisode reprend celui d’une chanson des Doors parue dans leur album psychédélique Strange Days, en 1967.

Les prénoms des enfants, Carrie et Ford, sont un clin d’œil à Carrie Fisher et Harrison Ford. La Guerre des Étoiles sera à l’affiche en 1977.

John utilise une CB pour pouvoir communiquer avec Mary quand celle-ci est dans le sac magique. Dans l’épisode de SPN Breakdown (13-11) Dean utilise également une CB. Quand Sam lui fait remarquer que c’est vieux jeu, il lui répond que leur père en utilisait toujours une. SUPER, C’EST  CANON !!!!

« A Colombian hag and now North Indian bogeyman. Do you guys find it weird that we're coming across so many wayward monsters ? » déclare Mary. Il est bien possible que cela soit un clin d’œil à Wayward Sisters, qui a failli devenir la série dérivée de Supernatural et que bon nombre de fans regrettent encore aujourd’hui.

Le groupe se crée ici un nom, le Monster Club. Pas mal de fans des The Winchesters l’appellent par ailleurs le Scooby Gang, bien sûr.

Le Bori Baba est l’équivalent hindou de notre Croque-mitaine. La figure de l’Homme au Sac se retrouve dans de nombreux folklores à travers le monde. Il capture dans son sac les enfants pas assez sages qu’il a attiré par des jouets ou des friandises. Il est parfois dépeint comme la contrepartie maléfique du Père Noël. En Espagne, « el Hombre del Saco » dévore les enfants ainsi capturés. En juin 1910, Francisco Leona fut ainsi surnommé quand, à Gádor, en Andalousie, il enleva un enfant de sept ans et le dissimula dans un sac après l’avoir chloroformé. Il espérait pouvoir soigner la tuberculose de son commanditaire avec les supposées vertus miraculeuses prêtées au sang d’un enfant. L’enfant fut assassiné et le rituel eut lieu, mais les coupables furent rapidement découverts, puis pendus.

Émettant sans autorisation et souvent empreintes de Contre-culture,les radios pirates ont connu leur âge d'or durant les années 60 et 70 (particulièrement lors du Summer of Love de 1967), avant la naissance des radios libres au début des années 80. Par la suite celles-ci seront unifiées par l’essor de radios nationales privées.

Après Kahlan Amnell, Poison Ivy ou Rose Solano, Bridget Regan confirme son talent pour incarner les femmes aussi séduisantes que létales en devenant Rockin’ Roxy, la Big Bad de saison épiant de près nos héros.

Durant le montage final, on entend Spooky, de Percy Sledge, diffusé par Rockin’ Roxy. Elle diffuse également Restless Feeling, par Elderberry Jak, quand Ada et Carlos guettent  le Démon. Quand John court en vain pour empêcher la capture de Mary, on entend Something Got Into Your Life, de Spooky Tooth.