Série "Doctor Who"

Sinon, s'il se plante, j'imagine déjà des critiques comme autant de coups de poignards d'autant plus vifs qu'ils seront portés par des fans déçus. Je suis partagé mais, de toute façon, soit vos critiques seront élogieuses, et je me régalerai ; soit elles seront sanglantes et je me régalerai.

Un seul vainqueur: Bibi !

Vu Space Babies. Bon, l'épisode a certes quelques soucis, dont le premier se fait jour très vite : Première destination : les USA (le Docteur insiste bien dessus, peu utilement). Première référence littéraire : un roman SF américain, première référence Pop Culture une série télé plus culture populaire américaine tu meurs... On va dire que le projet est cohérent, jusque dans la manière de raconter, ultra rapide jusqu'à en devenir cartoonesque (idem pour les inévitables scènes de poursuites). Le New Who avait déjà accéléré la narration vis-à-vis du Classic, mais avec Disney Who on franchit encore une étape supplémentaire.   Mais peut-être est-ce aussi aussi culturel, avec une jeune génération moins disposée à des expositions plus lentes et travaillées. Je n'en suis pas sûr, ce n'est plus ma génération. En tout cas, à l'époque des plate-formes et de l'abondance de l'offre il faut se place deer tout de suite, ce qui nous donne une présentation hyper dense et rapide du Lore à destination des nouveaux venus de Mickey+.

Mais le Lore étant ici quasi aussi étendu  que chez l'Empereur de l'Humanité, cela représente malgré tout du volume, ce qui nécessite de nombreuses parenthèses dans les dialogues. RTD s'efforce de les espacer et de les traiter avec humour, mais cela demeure assez pénible pour les anciens pour qui tout ceci relève de l'évidence. RTD utilise aussi le Name Dropping pour se concilier les Anciens (la Rani...), on te voit RTD. Heureusement l'aventure du jour complète habilement le panorama en exposant les diverses facettes positives du Docteur avec une Incarnation toujours aussi enthousiaste, cool et directe, et éprise de liberté, bien sûr. Un oubli toutefois : la face sombre du Seigneur du Temps, totalement mise sous le tapis. Ceci, plus la tonalité américaine et l'importance donnée aux valeurs familiales (du Doc , de Ruby et des Space Babies) fait que l'on sent un peu beaucoup chez Disney.

Mais , et c'est la la grande et formidable d nouvelle de l'épisode, on reste bien aussi chez Doctor Who. On a recours à quelques identifiants forts, avec de forts échos de  The End of the World, similairement le deuxième épisode du New Who. Une étrange station spatiale sert aussi de microcosme et d'écrin à une histoire tellement bizarre que seule DW pouvait nous la proposer, c'est crucial. L'étrangeté de la Ferme à bébés et des bébés qui parlent vaut pour elle-même, mais aussi pour une intelligente mise en perspective des contes pour enfants, ce ce qu'ils apportent au développement de l'individu, avec un bel éloge du rôle du « monstre ». Alors  oui, l'agenda « wok » (j'utilise ce terme par facilité, je l'avoue) est bien là sur l'avortement ou sur la valeur égale de toute vie, mais j'ai trouvé une nouvelle fois que RTD savait l'insérer dans le récit sans empeser celui-ci l'ensemble reste fluide et plaisant, excentrique comme on l'aime.

J'ai bien aimé les décors et les effets spéciaux, le monstre est effectivement inquiétant et même si l'on ne croit pas vraiment aux bébés qui parlent (la voix hors champ reste évidente), on s'y habitue très vite. L'effet n'est jamais cringe, au contraire cela apporte toute une dimension émotionnelle supplémentaire au récit (par contre le Doc qui n'arrête pas de répéter « Space Babies » cela finit par nous user). Le superbe rendu de la neige participe au très prometteur fil rouge altérante le réel, on se croirait presque dans une réalité déliquescente à la Philip K. Dick. Générique et TARDIS sont magnifiques. La musique de Murray Gold est pleinement au rendez-vous. RTD continue à céder à son goût de la provoc, à base d'humour massivement caca-prout (mention spéciale à la plate-forme en forme de cul qui se propulse grâce à un pet colossal, respect), ou encore le Doc qui révèle son nom véritable entre deux portes... et que l'on n'entend pas, bien sûr. J'ai aimé, cela choquera sans doute une partie du public, mais RTD s'amuse en nous amusant.

L'autre réussite de l'opus demeure son duo vedette. Je ne vais pas répéter à chaque fois que Ncuti Gatwa était le casting parfait pour le nouveau Taulier du TARDIS, le charme, l'énergie, l'aura de vitalité... Un régal. La bonne surprise est plutôt venue de Millie Gibsonn qui aura su enrichir la palette de son jeu vis-à-vis de son premier épisode. La complicité entre les deux interprètes fonctionne à plein et c'est bien l'énergie et l'enthousiasme qui caractérisent le nouveau duo. Décidément le tandem constitue une bonne formule pour l'équipage. Fort heureusement Ruby a ce moment de courage décisif qui manquait lors de The Church on Ruby Road, en refusant de s'avriter quand le Docteur le lui ordonnait. J'ai aimé. Elle remplit aussi à merveille le rôle traditionnel du Compagnon sociabilisant l'excentricité du Docteur.  Le Dieu solitaire a besoin de un Compagnon, mais aussi d'une interface  avec les Humains. Elle a bien mérité sa clef du TARDIS au terme d'un épisode nous ayant rassuré sur la résilience de Doctor Who, même s'il nous confirme aussi que l'accord avec Disney ne concernait pas que la distribution. (***)

Vu The Devil's Chord qui tombe à pic, puisque, après l'aventure dans le Londres contemporain et celle dans l'Espace, son voyage dans le Temps complète idéalement le panorama de la série auporès de son nouveau public. Avec un Alien (déité ?) puisque ce n'est bien sûr pas le Disney Who qui allait ramener les Historicals purs et durs, denses et exigeants, de naguère, ne rêvons pas. J'ai toutefois bien aimé que RTD prenne le temps d'évoquer Susan aux impétrants, c'était élégant. Bon, par contre on nous avait promis un épisode Beatles et en fait non. Ou alors à peine. Même si RTD a l'habilité de leur faire jouer un rôle au début et à la fin de l'action (enfin au duo habituel, les deux autres n'ont pas droit à un seul dialogue), ils ne font que passer et relèvent davantage du prétexte qu'autre chose. Pour une raison limpide : il est manifeste que même aidée par Mickey, la BBC n'a pas pu s'offrir les Beatles (là où Glee a réussi, le prestige en prend un coup), sinon je suis certain que les deux numéros dansants conclusifs, très réussis mais sortis du chapeau, auraient donné un récital Beatles.

On total on a plutôt un quasi épisode musical, d'ailleurs somptueux entre classiques et Gold en grande forme, avec un caméo bien mérité, doublé d'une jolie carte postale sur le Swinging London, considéré de manière très positive, on se situe bien loin de Last Night in Soho. Ce n'est déjà pas rien, mais l'épisode demeure surtout un cas d'école de comment un maître scénariste va transformer une faiblesse en force. Parce que RTD centre avec panache son récit sur cette absence de droits, imaginant tout un évanouissement surnaturel de la musique, littéralement dévorée par l'antagoniste, pour justifier les chansons irrésistiblement pourries dont il charge les Fab Four. Il tire talentueusement la ficelle pour rendre un superbe hommage à cet art et à son apport à l’Humanité, c'est assez grandiose en vérité. Seul bémol : le Docteur et Ruby pointent que la danse va aussi disparaître, car elle ne saurait exister que difficilement sans la musique. Hum... Quelques uns des moments les plus intenses du Flamenco surviennent quand la musique cesse et que le danseur exécute son zapateado en silence. Mais n'ergotons pas, ce dimanche fut malgré tout une belle journée pour l'Espagne.

Maestro est une autre réussite majeure de l'opus, enfin un adversaire à la démesure du Docteur, hormis le Maître c'était devenu bien rare ces dernières années. La composition de Jinkx Monsoon s'avère énorme, encore un casting incroyable, un de plus dans cette série. RTS lui a laissé carte blanche, il a eu raison. Je pense vraiment qu'il s'agit d'une des meilleures performances d'acting que j'ai vu dans une série cette année. Les dialogues fusent et les fans de Buffy s'amuseront du fait qu'il compose comme un anti Sweet (et en plus on a un moment silencieux à la Hush, que demande le peuple). Et puis cette évocation par le Docteur d'un Panthéon venu sur Terre depuis une autre réalité pour semer Chaos et désolation, comment dire, cela m'a parlé. La musique peut aussi être une arme pour une autre Assoiffée, grâce à ses Noise Marines et à leurs armes soniques ravageuses, en caricatures jouissives des groupes de Heavy Metal. Mais bref, nous n'évoquerons pas Slaanesh la nuit venue. RTD accomplit ici un nouveau sans faute avec un parfait mix entre épouvante, humour et dinguerie pure, c'est parfait.

Seul regret, mineur, si la résolution du duel musical s'avère moins caricaturale que le match contre le Toymaker, on ne saisit pas très bien pourquoi le Docteur gagne in fine. Peut-être parce qu'il a reçu l'aide précieuse de Ruby, une nouvelle fois l'union fait la force. Ruby une nouvelle fois très présente dans l'épisode apportant toute une gamme d'émotions  et parfaitement complice avec un Fifteen comme chez lui dans les Sixties, groovy en diable. Ça y est le duo m'a définitivement conquis cette fois, d'autant que le fil rouge demeure agréablement mystérieux. A noter un nombre considérable de bis du Quatrième Mur, visuellement mais aussi musicalement, ceux qui l'ignorent apprendront le mot « diégétique », là aussi RTD maîtrise. Au passage il nous confirme en substance que cette espèce de scission remplaçant la Régénération (j'ai déjà oublié le terme) ne reviendra  pas, car coupant l'âme du Doc en deux. Il  allait sans dire que cette niaiserie ferait long feu, mais cela va mieux en le disant. Bref, en Fa, en Sol, en Do dièse et Mi bémol, le meilleur épisode de Doctor Who depuis bien longtemps. (****)

Diégétique et extradiégétique

Boom devait faire sensation, marquant le retour du vénéré Steven Moffat au sein du Whoniverse. Bien entendu Steven Moffat profite de l'occasion pour nous faire revisiter l’œuvre de Steven Moffat, car quel autre sujet pourrait davantage enthousiasmer le public de Ses fidèles ? Ainsi les références abondent en cours de récit : les Marines anglicans de The Time of Angels et A Good Man Goes to War, la Présidente de The Magician's Apprentice, la Lune de Hell Bent, le si anglais « fish fingers and custard » de The Eleventh Hour, le Villengard de The Empty Child, etc. L'épisode constitue un authentique mémorial à Steven Moffat, qui n'est jamais mieux servi que par Lui-même.

L'autre grand sujet de l'épisode consiste à immobilier le Docteur sur une mine, tout déplacement étant mortel. Pourquoi pas, cela apporte un joli contraste aux si galopantes aventures du Docteur, le Quinzième ne faisant pas exception de ce point de vue là, litote (par contre il me semble bien qu'il change de costume à chaque opus, une nouveauté). Mais pour ce faire Moffat a hélas recours à un poncif, ce qui déçoit quelque peu, tant le coup de la mine on nous l'a fait souvent.  Oliver Queen a connu la même mésaventure dans The Odyssey d'Arrow, Beckett dans le Still de Castle, c'est ainsi que le Joe Dawson de Highlander a perdu sa jambe, etc. Même le Docteur a déjà connu une situation similaire dans le Genesis of The Daleks de Terry Nation. Dans Hammer of the Emperor, un vétéran de Cadia l'Invaincue à continuer d'arroser l'ennemi hérétique, puis le laisse approcher pour pouvoir emporter un maximum d'âmes avilies avec lui. Ce soir il dînera au souper de l'Empereur.

Et puis le Docteur est toujours libre d'agir via son esprit et son savoir, c'est à dire ses deux armes les plus puissantes, son immobilisation n'est jamais que physique, donc partielle. Toutefois, même à ciel ouvert  la technique du huis-clos reste parfaitement maîtrisée par Steven, nous offrant un récit dense et tragique. L'ensemble parvient à nous capter sur toute la durée de l'opus d'autant que le rendu du décor, très à la Verdun, m'est apparu assez extraordinaire, entre Enfer Terrestre et splendeur céleste. La montée en tension se gère avec efficacité, même si personne ne peut croire que Ruby a réellement été abattue au laser. On sait bien que personne n'est à l'abri du Jugement de la Bataille et que seule la Guerre est immortelle, mais enfin il reste pas d'épisodes avec elle, hein.

J'ai trouvé astucieuse l'idée d'une guerre sans ennemi et apprécié que Moffat ait su généré de l'émotion en creusant les personnages secondaires, sans sombrer pour autant dans le pathos, aidé par la musique de Murray Gold, omniprésente. La romance locale apparaît assez superflue, mais cela servira peut-être pour le développement futur  du nouveau Compagnon, dans la saison dite 2. Bon, j'ai toujours eu un faible pour les scènes d'adieux aux portes du TARDIS, cet épisode ne fera pas exception. La bonne nouvelle est que les deux comédiens vedettes s'en soient sortis haut la main dans ce récit bien plus sombre que ceux qu'ils avaient porté jusque là. Leur palette est bien complète, notamment pour Gatwa qui embrasse pour la première fois la face obscure du Docteur. (***)

Sujet de philo pour le Bac 2024 :

"Seule la Guerre est immortelle"

Vous avez quatre heures (sept pour l'agrégation).

Découvert sur le tard cette intéressante vidéo des Pepperpot, je ne partage pas toutes leurs attentes (la communication, les chansons et le merchandising, par exemple) mais c'est intéressant à suivre. Pour l'instant le carton n'est pas plein, même si la saison est plutôt réussie jusqu'ici, je trouve.

Estuaire44 a écrit:"La série restera absolument anglaise !"

C'est normal ! Les Etats-Unis ne sont jamais que les colonies de Sa Majesté ! C'est un peu ce que disait Lord Brett Sinclair à Danny Wilde, non ?

73 Yards nous avait été vendu par RTD, ce camelot de première bourre, comme du jamais vu au sein de Doctor Who. L'épisode reste avant la percutante démonstration d'à quel point un habile (et quelque peu cynique) scénariste peut brillamment faire du neuf avec vieux. Parcequ'enfin, cette histoire du Moi venant avertir le Moi pour prévenir une catastrophe, c'est en substance celle de Terminator, de Retour vers le Futur II et bien d'autres exemples encore (dont le dernier opus en date d'Amazing Stories chroniqué par votre serviteur). Cette impression de déjà-vu se ressent avec d'autant plus d'acuité que la catastrophe en question sut un modus operandi là aussi très proche du Dead Zone de Stephen King. A la visiteuse du Futur, on substitue la prédiction du héros et on y est vraiment quasiment. Cette réserve étant posée, on peut pleinement applaudir l'entreprise de RTD.

La grande, l'excellente idée demeure que précisément les deux Ruby ne se rencontrent pas. Le contre-point est magistral, d'autant que cette distance permanente de 73 yards (à peu près 67 mètres) et l'effroi inexpliqué des témoins imbibent le récit d'une épouvante muette de type Horla, très efficace. Bien sûr cela mobilise notre suspension d'incrédulité, mais ça, c'est rarement un problème dans Doctor Who. Plus gênant la répétitivité extrême du procédé au fil de l'épisode finit par le dépouiller de son aura d'étrangeté. Devenu quasiment une normalité, au point que Ruby sache l'instrumentalité, son effet décroît inévitablement. Ceci dit, l'efficacité de la mise en scène permet de maintenir la flamme suffisamment vive pour que le public ne s'ennuie jamais vraiment, d'autant que la rupture finale conserve un grand impact. RTD s'efforce aussi de minorer cette répétitivité en faisant varier son histoire, on passe ici du folklore gallois aux lisières du Fantastique, à une narration purement urbaine et londonienne faisant défiler les années sur un mode très Years and Years.

Le saut s'effectue assez brutalement, mais cela permet effectivement une relance de l'opus, avec bien sûr le clin d’œil inévitable et pas foncièrement subtil à Me Too, là aussi du Years and Years. Comme autre charbon déversé dans la chaudière par RTD, on trouve de très beaux visuels bien entendu variés là aussi, dont une magnifique localisation du TARDIS et le TARDIS aussi couvert de mousse de manière très artistique. Dans cette histoire dont le Docteur est fatalement absent pour qu'elle puisse fonctionner, un poids énorme pesait sur Millie Gibson, undéfi qu'elle remporte avec une aisance vraiment déconcertante, un vrai exploit. RTD a toujours le compas dans l'oeil question casting. Il demeure aussi fidèle à ses positions anti militaires, c'est peu de dire que UNIT en prend une nouvelle fois plein la gueule après avoir été ridiculisé par le Toymaker. Mais peut-être qu'effectivement l'Institut Torchwood aurait été plus à son affaire ici. Il faut se lever de bonne heure pour faire paniquer Captain Jack.

D'autres à-côtés m'ont moins convaincu, relevant davantage du gadget, comme l'absence du générique, qui déçoit plus qu'il ne trouble, ou la tenue du jour du Docteur, qui ne m'a pas ébloui, mais c'est peu grave ici. Pour faire tourner sa mécanique, RTD a aussi massivement recours au jeu des théories, laissant volontairement beaucoup d'éléments dans l'ombre, parfois de manière criante (qu'est-il arrivé au Docteur, au juste, qui a initié tout cela, Fourteen a-t-il aussi disparu ?, qu'est ce que la Ruby du Futur dit aux gens pour les terroriser, etc.). Cela va sans doute fonctionner chez le public jeune qui, souvent, adore le procédé (Cf. Twitter et You Tube) mais perso j'ai une relation plus traditionnelle à la révélation d'une histoire, question de génération peut-être. AU total un exercice de style aussi captivant qu'irritant. Cela fonctionne mais c'est un one shot. (***)

On savait déjà que l'Histoire est un éternel recommencement. Maintenant, on en est sûr. Comme quoi, le futur a d'autant plus d'avenir qu'il n'est qu'un passé ressuscité.

Cela devait bien finir par arriver  Dot and Bubble compose ma première semi-déception de la saison dite un. Semi, car l'épisode ne manque pas de qualités. Il confirme que RTD est bel bien en train de tenir son ambitieuse promesse d'une saison entièrement composée d'épisodes totalement différents les uns des autres, avec un duo principal dont les interprètes s'adaptent d'ailleurs à chaque fois à la perfection, superbe performance. La relative mise en retrait à la fois du Docteur et du Compagnon, permet de découvrir toute l'action vue d'une tierce personne, une (presque !) nouveauté appréciable, d'autant que l'actrice est formidable. A travers la protagoniste le récit propose initialement une satire joyeusement féroce du monde des influenceurs, et autres travers connexes de nos sociétés, dont les réseaux sociaux toujours plus creux et cet autisme du téléphone que j'ai sous les yeux chaque matin dans mon tramway. Bon l'argent de Mickey au moins est judicieusement dépensé, les effets spéciaux sont excellents et on reconnaît avec plaisir de jolis extérieurs de Swansea (même si l'on ne fera jamais aussi bien que Bristol dans Being Human).

Mais tout ceci, l'épisode le propose dans son premier quart d'heure et par, la suite je trouve qu'il éprouve du mal à tenir la distance. Les interventions en ligne du Docte de Ruby deviennent répétitives, de même que les allées-venues de la protagoniste et les apparitions  des monstres. On tourne assez en rond, durant une pérégrination en réalité redevenue classique, jusqu'à ce que la jeune femme découvre enfin IRL ses sauveurs. On dispose tout de même d'un dispositif assez proche de l'Infosphère de l'Hégémonie (et surtout du TechnoCentre, en fait) et finalement RTD ne l'exploite que de manière minimaliste, on sent bien qu'en soi la technologie ne le passionne pas vraiment (ressenti personnel). Là aussi presque tout est posé dès le début, quasiment sans révélation supplémentaire venant dynamiser le récit.

Hormis bien  entendu la révélation finale du monstrueux racisme de cette micro société, la scène est forte grâce aux interprètes, mais je l'ai trouvée en soi assez artificielle et trop précipitée. Hormis le White global des influenceurs on dispose de très peu d'indices d'une situation qui aurait gagnée  a être davantage mise en place. Parce que tout de même, après avoir vécu un enfer, partir pour un autre plutôt que saisir la main tendue du Docteur parce que noire, on est chez les Space Nazis de la plus belle eau, c'est vraiment extrême. Peut-être aurait-il fallu davantage parler de leur monde d'origine plutôt que de ressasser des péripéties répétitives. Et puis c'est un peu le combat de trop, la satire sociale était déjà bien présente et finement intégrée à l'épisode, pourquoi sortir du chapeau un tout autre aspect à cinq minutes de la conclusion ? D'autre part  cela fait deux épisodes où le Docteur est, soit absent, soit commentateur de l'action en cours. Ce n'est jamais gratuit ni maladroit, mais enfin il ne faudrait pas non plus que cela devienne une habitude. (**)