Série "Doctor Who"

Rogue s’avère un épisode intéressant car singulièrement révélateur des forces et faiblesses de la saison. Parmi les aspects positifs on retrouve la cinématographie de Disney Who, qui sait au moins mobiliser à bon escient son budget désormais cossu. Maquillages, localisations, décors et costumes sont derechef superbes. Les images de synthèses paraissent (un peu) moins nombreuses qu’à l’accoutumée, mais je ne m’en plains pas. Les guests s’avèrent aussi de qualité et très impliqués dans leur rôle.

C’est notamment le cas ici avec l’excellente Indira Varma, toujours au top. A noter que les deux personnages qu’elle interprète connaissent chacun un destin horrible. Après Torchwood et Game of Thrones cela devient décidément une habitude. On retrouve également une certaine tonalité Pop dans les références et les choix musicaux, que j’apprécie plutôt. Ici avec Kylie Minogue et l’idée originale de Cosplayers galactiques (assez extrêmes, hein, les Cosplays). Les duo vedette impulse toujours beaucoup  d’énergie à la série, même s’il demeure séparé durant l’essentiel de l’histoire.

Malheureusement l’opus paie aussi le prix des choix opérés cette saison, notamment la recherche systématique de scénarios conceptuels, rompant à tout prix avec les routines de Dr Who. Le problème est que l’absence de routine finit par devenir écrasante et que tout cela finit par impacter les qualités traditionnelles de la série. Le moindre retour à l’habituel résulte comme un recul, comme c’est le as ici avec ce qui est, en partie, un traditionnel Historical du New Who selon RTD. L’évolution réside hélas dans un affaiblissement de l’importance dédié à l’Histoire, avec aucune mise en situation de la Régence (nous sommes en 1813)  ni même aucune de ces figures historiques qui constituaient le morceau de résistance de leur épisode.

On aurait dû avoir un épisode Jane Austen, on a effectivement un épisode Bridgerton. RTD l’avait promis, il tient parole au détail près (anachronismes ethniques, même chorégraphe pour les scènes de bal, etc.). Les amateurs des Period Dramas apprécieront, je trouve que cela ne compense pas une approche historique un minimum construite, d’autant que les personnages historiques demeurent les parents pauvres de la saison. La triste actualité veut que Rogue soit bien entendu dédié à William Russell, ironiquement cela permet aussi de mesurer le chemin parcouru depuis les parfaits Historicals de Ian et Barbara.

Même amusants, les Aliens cosplayers relèvent du prétexte, mais il en va pareillement de tout ce volet pseudo historique car il set surtout de décor à la grande idée du jour : la romance du Doctor. Malgré le grand talent des acteurs concernés, l’ensemble demeure trop schématique et expédié en un seul demi-épisode pour que l’on puisse vraiment y adhérer. Même si une suite en saison 2 est probable, on reste dubitatif devant ce soudain abandon de l’asexualité du Docteur, pour un résultat aussi léger. Pour que le récit puisse se centrer sur cette romance, on enferme durablement Ruby dans une intrigue secondaire, décidément le Docteur et elle n’auront pas eu beaucoup de temps à eux au fil de la saison pour installer leur duo.

Cela finit par se ressentir, car au quasi terme de celle-ci on n’est jamais allé au-delà d’un commun enthousiasme partagé, cela semble inévitablement schématique. Heureusement que le tout se voit rehaussé par l’évidente complicité des deux comédiens, cela en devient tout à fait sympathique à défaut d’une écriture ambitieuse. Alors que l’originalité se veut de mise, le scénario met en réalité en place une situation similaire à celle du Two is a crowd des Avengers, et de bien d’autres épisodes depuis . On reste comme peiné de découvrir le Docteur ne percevant pas qu’il s’agit de la vraie Ruby. La mésaventure ne serait jamais survenue à Rose ou à Clara. (**)

Compliquer de noter The Legend of Ruby Sunday, première partie d'un double épisode et prologue presque caricatural du final de saison. On ne pourra jugera qu'à la fin de l'ensemble En effet il sert surtout à résoudre plusieurs des sans doute trop nombreuses énigmes semées encours de routes pour un faible nombre d'épisodes. Inévitablement cela le rend passablement bavard,avec des protagonistes demeurent essentiellement des observateurs passifs (y compris le Docteur et Ruby))  au fil des narrations et autres explications. L'ensemble demeure porté par une excellente interprétation (vraiment l'un des points de la période) et d'onéreux effets spéciaux, comme la Fenêtre temporelle, certainement le clou du spectacle, ou encore l'Ombre dans le TARDIS (par contre Sutekh en CGI est complètement loupé, rendez-nous les Goa'ulds).

Même si l'on perçoit sans doute trop clairement que la véritable action reste à venir, il serait donc exagéré de dire que l'on s'ennuie, d'autant que les retrouvailles avec Mel apportent une vraie fraîcheur. En soit,succédant à l'issue des aventures de Thirteen (merci pour Ian), l'épisode pourrait figurer un excellent Backdoor pour une sérié dérivée voyant UNIT et d'anciens Compagnons collaborer. D'autant que les membres identifiés de UNIT apparaissent vraiment nombreux ! Avec un brin de malice on observerait que l'opus fait appel simultanément à un Compagnon et un à antagoniste classiques, cela se pose un peu là pour le final d'une « saison 1 » censées démarrer une nouvelle série. Comme quoi tout ça c'était bien du marketing pour Disney+ Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages

Quelques maladresses m'ont néanmoins semblé assez pesantes ; La quantité d'explications à insérer oblige à renoncer à la subtilité. Depuis quand le Docteur a-t-il besoin de demander de l'aide à UNIT ? Pourquoi virer Shirley sans aucune explication, pour la remplacer par un gamin sans autre apport qu'un cachet Disney Channel ? Pourquoi Ruby n'a-t-elle jamais parlé auparavant au Docteur de cette VHS providentielle ? Une bonne part de l'intrigue repose sur le fait que le Docteur ne puisse pas être à deux endroits à la fois, alors m^me que Fourteen demeure disponible (j'ai du mal  avec l'idée qu'il reste à la retraite quand des gens meurent chez UNIT). Pendant ce temps l'intrigue de Suthek apparaît très floue et rushée, mais elle se verra peut-être consolidée lors du Season Finale.

En fait j'ai globalement beaucoup aimé cette saison dite 1, mais elle  paie ici le fait d'avoir abusé de la martingale des énigmes et du jeu des théories, si populaire sur Internet (Cf. les Pepperpot et autres). J'espère que pour la suivante RTD en reviendra à une narration plus classique et pourquoi pas substantielle. Nous verrons bien, en attendant en piste pour le final ! (***)

Vu Empire of Death qui, je le crains confirme les réserves émises à propos de son prologue. D’abord le paradoxe consistant à centrer le final de la Saison du Renouveau sur un vieil antagoniste de lé période classique se voit ici démultiplié. En effet, via le recours au sympathique TARDIS des Souvenirs de Tales of the TARDIS, les hommages et les références se multiplient à gogo et une bonne part de l’opus vire au fan service le plus total (même le titre de l’épisode fait très Old School, à dire vrai). C’est sympathique en soi, mais trop massif, comme cela le fut durant la récente virée dans le Nord de HotD. C’est d’autant plus vrai qu’on espérait tout de même d’autres enjeux dans le final de saison. A moins bien sûr, qu’il ne s’agisse d’un message Méta de RTD nous confirmant que toute cette histoire de saison dite 1 fut une vaste blague. Mais, même considéré ainsi le Name Dropping occupe trop de place, même si, oui, avoir reconnu certains artefacts et visages (pas tous, loin de là) a pu faire plaisir, y compris à l’ego.

En soi l’idée d’un Ennemi ancien et puissant ayant littéralement hanté le TARDIS depuis presque toujours (« le TARDIS est hanté, il l’a été depuis le Commencement ») et semant des Graines de mort à chaque voyage du Doc avant une floraison apocalyptique à travers le Temps et l’Espace m’a semblé excellente, d’autant qu’elle rejoint l’une des meilleures et inépuisables traditions de la série. En outre elle permet une action spectaculaire à travers le Time Vortex, portée par de superbes effets spéciaux et un Sutekh que j’ai trouvé mieux conçu, à moins que je ne m’y sois habitué. Mais l’affrontement aurait dû structurer tout un arc, comme cela fut le cas lors de Stolen Earth ou de The Pandorica Opens, ici tout reste trop soudain et rushé pour ne pas apparaître expéditif. Encore une fois c’est le revers de la médaille d’avoir opté pour un saison composée d’épisodes conceptuels et disjoints, avec un fil rouge réduit à un jeu de théories assez creux, au total. Avec comme circonstances aggravantes un humour parfois épais (la laisse du chien) et certaines facilités laissant pantois, y compris à l’échelle de la série (en plus de l’effet visuel très à la Thanos dans Infinity War).

Malgré toutes ces réserves, l’épisode demeure riche en péripéties et hautement distrayant, mené, réellement à un rythme d’Enfer. RTD assure le spectacle t réussit quelques jolis coups, comme un UNIT définitivement mis sur orbite pour une série dérivée possiblement à venir, avec la toujours dynamique Mel (vrai coup de cœur pour ce Compagnon classique que je ne connaissais que fort peu), avec sans doute doute le retour d’autres anciens Compagnons. Alors que le côté hétéroclite de la saison, même si souvent brillant, a rendu plus compliqué son portrait, de même son faible nombre d’opus), les choix du Docteur permettent également de mieux cerner Fifteen, qui passe aisément cet ultime test. L’incontournable au-revoir offre à point nommé une scène émouvante entre Ruby et le Docteur, un évènement privilégié demeuré trop rare cette saison. Le duo d’acteurs fonctionne toujours à merveille. La résolution de l’énigme de la mère de Ruby semble à deux doigts de devenir anti-climatique, tant cette dernière s’avère n’avoir rien d’exceptionnel et tant plusieurs éléments restent inexpliqués, comme la neige. Mais sans doute RTD y reviendra en saison dite 2.

Une conclusion à l’image de sa saison, inégale mais néanmoins prenante, avec tout un éclat retrouvé. Allez, désormais la parole est à l’Ineffable Steven, pour un épisode de Noël apparemment sans Ruby. (***)

On verra bien mais je pense que cela va pouvoir se poursuivre car, au soir de la saison, je n'ai pas l'impression que Disney ait risqué tellement d'argent que cela dans cette affaire. Oui, la production apparaît très soignée, y compris les effets spéciaux, mais est-ce que le standard est vraiment supérieur à ce que la BBC seule avait pu proposer dans The Flux, sans doute un peu, mais pas fondamentalement, à mon avis. Rien de comparable avec ce que Mickey investit dans les séries Star Wars en tout cas, on se rapproche plutôt des productions Marvel autour des seconds couteaux du MCU.

Quand on voit que l'épisode Beatles (sans doute mon préféré de la saison) n'a pas eu suffisamment de fonds pour s'offrir les chansons des Fab Four, alors que Glee, oui, on se dit que Disney aura conservé quelques oursins dans sa poche. Idem pour le fait qu'aucune nouvelle série dérivée n'ait finalement été annoncée jusqu'ici. Je pense que le deal se poursuivra tant que RTD et le Quinzième seront là, après on verra.  DW continuera avec ou sans la Souris de toutes manières, il y aura toujours Amazon pour financer les copains et les bonnes volontés.

Vraie déception à la SDCC où un panel réunissait RTD et Alex kurtzman, le showrunner des séries Star Trek  de Paramount (et incarnations du Wokisme honni pour les Trekkies réacs), pour ce qui se profilait comme l’annonce d'une tonitruante collaboration. Hélas, il ne faut point question d'un crossover, mais d'une simple sortie en commun d'une franchise de jeu à clics assez basique. On pourra s'amuser de voir que c'est Ten qui sera l'Incarnation concernée et donc sans doute David Tennant pour la voix. Oui, lui qui en avait officiellement fini avec Doctor Who, et cette fois, promis, juré, pour de bon. B

on tout cela semble avant tout vénal, même si le jeu sera sans doute soigné, du moins autant que cette catégorie peut l'être. Quel dommage de rater l'occasion de marquer d'une pierre blanche l'histoire de la SF sérielle avec un cross-over en bonne et due forme. Et ce d'autant plus que Strange New World était la série trekkie idéale pour cela, barré et ultra Pop Culture comme elle sait souvent l'être. Sans doute davantage encore encore que Lower Decks, ici retenue.  

Bon une vidéo fut diffusée lors du panel, on peut y constater que si Star Trek embrasse totalement son passé, Doctor Who réduit autant que possible toute référence aux Docteurs Classiques. La totale. Bon, les deux showrunners ont tout de même indiqué qu'ils adoreraient travailler réellement ensemble, mais que croiser les deux séries serait déplacer des montagnes juridiques.

La vidéo-amitié



La promo du jeu  

Une actrice que j'aime vraiment beaucoup (même dans The Fall, c'est dire), ce serait sympa pour le Maître, car elle était la partenaire de Simm dans Life on Mars, il pourrait lui glisser quelques conseils. ("jamais trop", par exemple). Mais j'espère toutefois qu'il s'agira de la Rani, qui manque toujours à l'appel. Je ne suis pas encore prêt à renoncer au Maître de Diwan, qui nous vaudrait une belle rencontre avec Gatwa (avis personnel).