Série "Doctor Who"

J'ai particulièrement envie que cette série ne se plante pas et qu'elle sache restituer ce mélange d'étrangeté, de romantisme et de mélancolie existentielle caractérisant un roman profondément singulier, envoûtant et  labyrinthique. En même temps, Steven Moffat a-t-il jamais connu l'échec ? Le doute mène à l'hérésie.

Trailer de l'épisode final, cet automne. Bien évidemment ce sera avec le Maître, c'était limpide depuis la conclusion du Flux ("Beware the forces that mass against you… and their Master" avait énoncé le Temps). Des invitées surprises néanmoins pour ce ce qui sera aussi un épisode commémoratif. Et bien évidemment j'ai eu déjà des larmichettes aux yeux, mais c'est quoi cette série ?

Assez déçu par Legends of the Sea Devils. On y retrouve quelques idées déjà utilisées dans The Flux (l'allié du jour qui se sacrifie, le Mal ancien libéré de a prison, un final très en mode bataille), mais aussi le même mode narratif en forme de zapping, que je n'aime pas. C'est particulièrement vrai lors de la mise en place de la situation, très accélérée et avec des ellipses marquées entre chaque scène. On a l'impression que des morceaux entiers ont été enlevés au montage, comme si toute cette étape n'était pas cruciale, ne serait-ce que pour poser une ambiance.

Et, de fait, d'ambiance il n'y a guère. La série se lance derechef  dans le récit de pirates, mais sans avoir le moins de monde le budget lui permettant de se comparer à ses évidents modèles hollywoodiens, mais aussi à des séries du type Black Sails. Ici la BBC doit se contenter de dérouler le  fond vert et d'images informatiques permanentes, dont la relative médiocrité, sans être catastrophique, rend l'ensemble très artificiel. Les combats font également peine à voir, ce ne sont pas les étincelles insérées sur les épées qui vont changer quoique cela soit. C'est particulièrement dommage car le visuel demeure l'un des rares vrais atouts de l'ère Chibnall.

Le scénario demeure très prévisible, se contentant de dérouler les images du catalogue popularisé par Pirates des Caraïbes : Léviathan, Hollandais Volant (dans tous les sens du terme),Ceux des Profondeurs... Mais sans être Chez Lovecraft pour autant, car Doctor Who, de par son format, ne peut développer l'horreur et la violence que nécessiterait ce type de récit. On butte sur le même problème que pour l'épouvante dans The Rebel Flesh, jadis. En séparant l'équipage du TARDIS, on renonce à une mécanique de Trio que j'avais apprécié dans le Flux. Flux dans le quel Chibnall recyclait pas mal les grands antagonistes du Docteur, or il recourt ici exactement à la même martingale, ce n'est décidément pas très créatif pour un épisode dit « spécial ».

L'épisode demeure aussi l'un des Historicals où l'Histoire aura été le plus réduite à la portion congrue. Je lui sied gré de m'avoir fait découvrir Mme Ching, à la vie passionnante et dont je n'avais jamais entendu parler. Mais de cette vie et de sa personnalité, il ne dit absolument rien, le personnage se voyant enseveli sous le barnum : effets spéciaux, bastons, moments comiques. Rien d'instructif et la direction d'actrice lui fait rejoindre le cliché de la Lady Dragon, si courant dans le cinéma américain, un comble pour Chibnall.

L'inévitable moment Thasmin survient en toute fin d'histoire, utilisant ainsi les minutes grappillées par la narration. Cela plaira certainement aux nombreux fans de ce ship, mais le procédé reste posé de manière artificielle, en dehors du corpus de l'épisode, et de manière bien trop tardive dans l'arc des protagonistes, à mon avis. Demeure une interprétation globalement excellente, des rencontres sympathiques, un Docteur ayant l'autorité qui convient et quelques instants de grâce (le TARDIS dans le monde sous-marin), mais tout cela ne fera pas de Legend of the Sea Devils un opus bien mémorable (**)

Billie Pipper et Camille Coduri vont se retrouver chez Big Finish, dans la prochaine fournée des aventures de Rose à travers les Terres parallèles. Dans cette série, elle est partie à la recherche du Docteur, le seul à pouvoir sauver le Multivers alors que les étoiles s'éteignent. Des étapes conduisant à leurs retrouvailles dans The Stolen Earth.

Ne négligeons pas le fait que je puisse être perfide !

J'attends le final, qui sera peut-être le chef d’œuvre que nous n'avons effectivement pas eu (bien vu ! ), pour tirer un bilan. Peut-être un Flop 5 et un Top 5, je suis persuadé que l'on peut rendre justice au sincère Chibnall en dénichant cinq bons épisodes dans son ère.


En attendant, on en apprend plus sur Jeanne de Belleville dans ce teaser de 40 secondes que sur Mme Ching durant les 50 minutes de Legend of the Sea-Devils. Et c'est factuel !

Bon anniversaire à Jenna Coleman, qui fête ses 36 ans. Elle était née pour sauver le Docteur ! ITV a confirmé qu'il n'y aurait pas de saison 4 pour Victoria (bon, on s'en doutait, la série n'ira pas plus loin que l'Expo de 1851), mais on la retrouvera dans The Sandman en Johanna Constantine, arrière-arrière-arrière grand-mère du John Constantine de DC Comics

Pas vu Victoria mais c'est bête de ne pas aller après 1851 et ne pas aborder (par exemple) son veuvage après la mort brutale du prince Albert en 1861 qui lui causa un choc et la fit se retirer de la vie publique durant un temps (ce qui fut très mal accueillie et causa la dernière montée significative du mouvement républicain en Grande-Bretagne). En 1876, elle devint impératrice des Indes. Il y avait encore matière à raconter la vie de cette reine dont le règne fut le plus long avant celui d'Elisabeth II.

Entièrement d'accord, il y avait encore tant et tant à raconter à propos de ce fascinant personnage, d'autant que la série était demeurée raisonnable sur les scènes romancées.  Mais le budget est le Talon d'Achille de production de prestige et "Victoria", qui ne s'est jamais rien refusé, était sans doute devenue trop dispendieuse pour la seule ITV. La production avait été été mise en suspens pendant près de deux ans avant cette prise de décision, sans doute ITV a-t-elle cherché en vain à diversifier les financements. La diffusion sur PBS et sur Arte n'a visiblement pas suffi.  

J'ai déjà hâte de vous lire !