Romans de Fantasy
CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS :: Le CAFÉ Avengers (Ouvert sous modération)
Page 1 sur 11 • 1, 2, 3 ... 9, 10, 11
Romans de Fantasy
Une visite à une librairie locale ayant ravivé mon ADN de bookworm, je me suis enfin remis à lire des romans (les séries ayant primé sur eux pendant quelques années), avec un focus assumé sur la Fantasy et la SF, mes genres chouchous. J'ai décidé de commencer par un classique du roman d'apprentissage teinté de Fantasy : L'alchimiste de Paolo Coelho, bilan assez... mitigé.
Bien que je sois le coeur de cible (j'adore le développement personnel, l'esotérique et les romans d'apprentissage), j'ai été assez consterné par le style volontairement naïf de Coelho. Malgré quelques formules où l'on retrouve l'éclat de sagesse du Manuel de Guerrier de la Lumière (excellente série d'aphorismes/sermons), l'histoire de ce jeune berger cherchant son tresor intime et matériel a le souffle court. Au-delà d'un schéma de Campbell ultra simplifié et de personnages archétypaux jusqu'à l'absurde (vieux du pays, marchand désabusé, savant néo-Faustien, Pénélope locale...), les prétendues perles de sagesse de Coelho ressemblent surtout à de la psychologie de comptoir, surtout en 1re moitié de récit. Surtout, Coelho a la fâcheuse habitude de se répéter, faisant l'effet d'un pensum interminable. L'auteur avait bien sûr tout prévu, car selon lui, le secret de toutes choses se révèle dans un langage si simple que tout homme a le réflexe de le rejeter comme étant naïf. C'est peut-être sincère, mais cela lui sert à accoucher d'un style naif, peu littéraire... et de le justifier par sa propre philosophie. Je connais des auteurs au style décevant, mais c'est la 1re fois que j'en vois un le justifier par un méta-commentaire assez cynique.
Pourtant, je serais de mauvaise foi si je disais que le livre était une purge. Il s'améliore dans sa 2e moitié, où le ton devient plus aventureux, et la Fantasy s'installe enfin. L'Alchimiste régale en maître spécialiste d'amour vache tandis que la grande scène de transformation en vent se lit comme une réécriture de Abîme, soit le poème le plus cosmique d'Hugo dans La Légende des Siècles... et on marche à fond ! En dépit de son écriture maladroite, Coelho parvient quand même à toucher juste de temps en temps, notamment dans son héros en perpétuelle résilience face à ses doutes et épreuves. Je n'ai pas vu venir le twist final, et je dois avouer m'être bien fait attraper. Peut-être plus Merveilleux que Fantasy, L'Alchimiste a mal vieilli, mais on y trouve deci-delà quelques aphorismes et scènes fantastiques qui font mouche. Je pense toutefois que j'aurais pu choisir un meilleur roman pour recommencer ma cure des Littératures de l'Imaginaire ! (**)
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Camarade Totoff aime ce message
Re: Romans de Fantasy
Il se trouve que j'adore ce genre, et de plus en plus depuis quelques années.
Merci pour la fiche de lecture et je tâcherai d'en produire quelques-unes.
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Dearesttara aime ce message
Re: Romans de Fantasy
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Dearesttara aime ce message
Re: Romans de Fantasy
Le contexte peut sembler familier : un jeune homme, Shea, (un demi-Elfe précisément) doit retrouver un artefact magique (la fameuse épée) pour terrasser le Roi-Sorcier, un être qui a réussi à vivre plusieurs centaines d'années et veut lancer ses forces sur les terres situées plus au Sud.
Pour aller dans le Nord, Shea va partir avec son frère, deux Elfes, un Nain, deux princes et un druide ombrageux qui a l'air d'en savoir bien plus qu'il ne le dit. Tous n'arriveront pas au bout.
Précisons que le roman date de 1977.
Je simplifie volontairement car le roman est plus complexe et notamment je ne vous dirai pas pourquoi il faut que ce soit précisément Shea et lui seul qui doive utiliser l'épée. Une arme dont on parle beaucoup mais que l'on verra en fin de compte bien peu.
L'ouvrage se lit avec facilité et on le goûte davantage en ayant lu d'autres romans de la même veine car je trouve que l'auteur sait jouer avec aisance sur des figures connues (les peuples différents sur une même contrée) pour proposer un récit qui va au-delà d'un banal roman d'aventure. (***)
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Estuaire44 et Dearesttara aiment ce message
Re: Romans de Fantasy
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Dearesttara aime ce message
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Romans de Fantasy
Je m'explique. L'action se déroule bien dans le même monde et postérieurement au roman précédent. On y retrouve aussi Allanon, le druide. Et les dites pierre elfiques ont déjà servi. Mais le héros n'est pas le même ; Will est le petit-fils de Shea et c'est un point important dans l'intrigue.
Chez les Elfes se trouve un arbre magique, l'Ellcrys, dont la fonction est de maintenir étanche la Barrière qui sépare ce monde du Néant où se morfondent des trillions de démons. Or, l'arbre est mourant et la Barrière ne remplie plus son office. Pour la rétablir, il faut régénérer une racine et seule une personne, une jeune Elfe nommée Amberle, le peut. Sauf que l'arbre magique n'a pu donner que de bien vagues indications. Commence ainsi une aventure dans des contrées que le lecteur n'a pas parcouru dans le volume précédent. Pendant ce temps, les Elfes, très esseulés, doivent soutenir les assauts sans cesse plus puissants de démons toujours plus nombreux.
Le découpage de l'histoire entre les deux intrigues maintient une dynamique tout au long du roman. De nouveaux personnages surviennent mais surtout, les questionnements du héros sonnent très justes. En outre, alors que la fin pouvait paraître évidente, le lecteur est pris de court par l'option retenue par l'auteur. (****)
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Estuaire44 et Dearesttara aiment ce message
Re: Romans de Fantasy
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Romans de Fantasy
L'idée d'un monde où la magie apparaît et disparaît au cours des éons, une cité où technologie et magie commençant à renaître chez certains individus se mêlent, le coût élevé de tout sortilège forçant les rares sorciers à recourir à des talismans anciens, des sorciers songeant à créer un syndicat... toutes ces bonnes idées sont brisées par un style terne de bout en bout, aux descriptions passe-partout. Le système de magie quasiment pas expliqué n'est pas un problème, la soft magic, j'aime bien, mais bien que peu connaisseur du steampunk, les machines peuplant la ville se montrent remarquables de platitude. Je connais peu de romans dont le fond se voit autant massacré par la forme. Même le procédé de raconter des chapitres alternativement par les deux sorcières - Padmé l'intello bourge, Tanit l'aventurière dure à cuire - ne fonctionne pas, les personnages manquant cruellement de développement. Je dois avouer ne m'être jamais attaché à elles, même si Tanit avait ses moments un peu foufou.
Le storytelling se montre assez pauvre, à tel point qu'Evans se doit de meubler par des flashbacks des héroïnes interrompant l'action, on s'en fout royalement, d'autant que la faiblesse de son style et des personnages manquent de souffle. Après une exposition interminable, l'enquête se contente d'amonceler les clichés du genre, sans vraiment de liant. Evans parvient enfin à accélérer le tempo dans les 50 dernières pages, mais cela reste à un niveau assez moyen, Padmé résolvant son affaire d'une manière assez pathétique, Tanit s'en sort mieux, mais son histoire n'est guère plus exaltante qu'un moyen épisode de Mission : Impossible. Non, côté policier, ça ne fonctionne pas. A son avantage, le roman a la bonne idée de se passer de toute intrigue amoureuse (les flirts de mesdames restent légers et incorporés dans l'action) et d'avoir 2-3 scènes chocs bien senties. Partie nulle pour cet échiquier de jade, et bien nulle (*)
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Estuaire44 aime ce message
Re: Romans de Fantasy
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Dearesttara aime ce message
Re: Romans de Fantasy
Tu as remarqué des traducteurs français qui amélioraient le style d'auteurs anglo-saxon particuliers ?
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Romans de Fantasy
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Dearesttara aime ce message
Re: Romans de Fantasy
Le lecteur est donc en terre connue mais il y a des variations qui ne sont pas innocentes. Ainsi, le druide, quasi-invulnérable et impénétrable des romans précédents, est vieilli et manifestement fatigué. Il n'a pas la même poigne qu'auparavant. Le paradoxe est que cette plus grande latitude désarçonne Brin qui avait en tête le quasi-dictateur qu'avait connu son père. Quand Allanon arrive chez vous, c'est qu'il a besoin de vous, que vous n'avez pas le choix et qu'il ne vous dit que ce qu'il veut bien. Brin devra même finir la quête toute seule. Quand on vous a habitué à être guidé, devoir prendre ses responsabilités est une tâche immense. Il n'est pas anodin que Brin (et Jair aussi) sont les héros les plus jeunes de la trilogie.
Autre variation, il n'y a pas un mais deux héros car Jair qui, au départ, passe pour un écervelé sans grand relief, se retrouve lui aussi jeté dans l'aventure mais à contretemps dirons-nous. Sauf qu'une prédiction qui lui sera donnée ultérieurement va tendre l'histoire : s'il ne retrouve pas Brin à temps, non seulement elle échouera dans sa mission mais tous les efforts consentis par les générations précédentes seront anéantis.
Le discours sur la magie se fait aussi plus âpre. Pour Brin et son frère, "l'enchantement" est un jeu et ils ne prennent pas au sérieux les préventions de leur père au sujet de la magie. Or, et déjà en 1985, la magie a un prix. Disons plutôt qu'elle a un coût, ce qui n'est pas tout à fait la même chose. Les Spectres Mords qui attaquent les héros et veulent empoisonner les contrées depuis leur repaire sont-ils vraiment aux commandes ? Est-ce le sorcier qui commande à la magie ou la magie qui commande le sorcier ? Est-ce qu'il y a vraiment une différence entre la magie "blanche" et la magie "noire" ou n'y a-t-il pas qu'une seule magie ?
Terry Brooks sait écrire un récit qui vous tient. Le lecteur suit pendant quelques chapitres les aventures de Brin puis, au mauvais moment bien sûr sinon ce ne serait pas drôle, il passe aux aventures de Jair et ainsi de suite dans une dynamique qui va crescendo à mesure que le temps file et que les enjeux montent. Que les segments se rejoignent est une chose que le lecteur désire sauf qu'il ne veut pas voir que cela ne signifie nullement que l'histoire est finie et que la réussite est forcément au bout. Avec la magie, il y a toujours un prix à payer. (****)
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Estuaire44 et Dearesttara aiment ce message
Re: Romans de Fantasy
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Camarade Totoff aime ce message
Re: Romans de Fantasy
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Romans de Fantasy
Achevé La Belgariade de David & Leigh Eddings. Sa réputation de "cycle idéal pour commencer la fantasy" n'est pas usurpée tant les Eddings (dont David semble demeurer le storyteller premier) parviennent à aligner tous les codes de la fantasy mais d'une manière fluide et allégée, contrairement à nombre d'objectifs chefs-d'oeuvre certes, mais d'une approche plus difficile (longueur, descriptions à rallonge...). Son côté light, léger est ce qui fait sa force mais aussi sa faiblesse.
Bon, la quête du cycle n'a rien d'innovant (gentil garçon de ferme doit tuer méchant dieu), mais je reste assez admiratif du worldbuilding du cycle. Tout au long des cinq tomes, des îles glaciales de Riva à la ténébreuse Mallorée en passant par la tropicale Nyssie, c'est à une véritable étude de l'humanité à laquelle se livrent les Eddings, chaque peuple a ses qualités et ses défauts, et leurs jeux politiques se montrent très stimulants par leur côté retors, opportuniste et souvent ancrés dans des traditions qui ont oublié leur mise à jour. Les alliances, coups fourrés et trahisons sont légion (bon, ce n'est pas Westeros non plus, mais y a de ça quand même). Si avoir quasiment chaque représentant de chaque pays dans la team des héros paraît un peu artificiel, le groupe, synergique et pétillant, sont nos avatars rêvés pendant cette quête.
J'admire chez Eddings sa capacité à assumer totalement les caricatures initiales pour mieux les fêler par une complexité inattendue au fil de la plume. Mandorallen le valeureux subitement confronté à la peur, Ce'Nedra l'orgueilleuse admettant la vanité des apparences, le sage Belgarath finalement pas si sage que cela. Dans les derniers tomes, Les Eddings osent même en faire de même envers les "méchants", aux ambiguïtés révélatrices, de Zedar le tragique à Torak lui-même, scellé dans un vide existentiel devenu prison. Ces revirements psychologiques sont efficaces et relancent sans cesse l'intérêt. Le défaut étant qu'à force d'accumuler les personnages, les auteurs finissent par les mettre à l'arrière-plan, jusqu'à les borner aux utilités. Seul le quatuor séminal en réchappe.
La réussite de la Belgariade est toutefois entâchée de solides travers. Le plus grave est que durant les 2000 pages, je n'ai jamais ressenti du danger envers nos héros. Belgarath et Polgara sont totalement cheatés comme on dirait dans un jeu vidéo. S'ils ont des limites, elles restent floues et trop peu significatives. Tandis que les bretteurs et bagarreurs gagnent avec une aisance lassante tous les combats à la pogne ou à la lame. La conséquence est que nos héros s'échappent de tout danger sérieux en moins de 3 pages à chaque fois. Un peu comme si Gandalf était resté avec Bilbo tout le long du Hobbit. Toujours couvé, jamais vraiment mis en face du danger (sauf pour la bataille finale), Garion voit son évolution entravée tant du point de vue physique que psychologique. Cela donne un côté fantasy pour la jeunesse qui fonctionne, mais le manque de périls et d'enjeux est une déception.
Un autre problème consiste en la lassitude de ce voyage interminable qui ne fait que répéter l'enchaînement forêt-ville-plaine-forêt-marécages-grands froids-forêt, etc. Eddings a certes du talent pour les descriptions, mais cela ne compense pas un ralentissement de plus en plus flagrant et des péripéties répétitives dans les tomes 2 et 3, où l'ennui guette. Le monde est d'ailleurs trop proche de la Terre pour que le dépaysement soit totalement garanti. Il y a aussi des passages en trop, comme l'expédition au Val d'Aldur, dont le seul but est de collecter une information... que Belgarath aurait très bien pu recevoir par télépathie !
Au long de ce périple inégal, Eddings parvient à rebondir grâce à quelques scènes grandioses, qui surgissent au moment propice. Entre un Garion en mode Léodagan face au meurtrier de ses parents, la séquence érotico-horrifique de la Reine-Serpent, la bataille de Thull Mardu ou cette vision hallucinante d'un Dieu condamné aux larmes éternelles devant l'extinction de son peuple, ces scènes sont des piliers révélant ce que peut donner le talent des Eddings à son meilleur. J'ai une préférence pour les deux derniers tomes, avec une accélération du récit et une meilleure intégration des personnages féminins à l'ensemble.
Mais l'atout maître de la Belgariade demeurera bien son humour si exquis. Pas dans des situations burlesques à la Pratchett non, mais par des tournures de phrases tordantes qui assurent un rire fréquent. Mais aussi des personnages qui ne sont jamais aussi irrésistibles que quand ils poussent au maximum leurs clichés. Je suis fan absolu du narquois Silk, expert en vannes atomiques et duperies perpétuelles, j'adore Mandorallen et son parler exagérément sophistiqué. Ce'Nedra m'a fait hurler de rire par son mix de dignité royale et d'ado chipie, on se bidonne devant Relg, cliché de fanatique outrancier au ridicule total et absolu. Les tolnedrains sont de fiers crétins qui m'ont tué à plusieurs reprises à coup de trash-talk tournant parfois à la rap battle avant la lettre. Toute la partie consacrée à la Reine de Riva est capitale pour le développement de Ce'Nedra mais vire rapidement au carnaval avec une bataille d'egos proprement croustillante.
Malgré son côté trop léger et ses quelques lenteurs, la Belgariade m'a convaincu par son humour-rafale, ses personnages attachants faussement clichés et son worldbuilding de qualité. Je n'y reviendrai pas tout de suite, mais je reviendrai en Mallorée un jour, voir la suite des aventures de Belgarion. (***)
Le Pion blanc des présages : ***
La Reine des sortilèges : **
Le Gambit du magicien : **
La Tour des maléfices : ****
La Fin de partie de l'Enchanteur : ***
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Estuaire44 aime ce message
Re: Romans de Fantasy
Ce second volume a failli être le dernier car le Disque fonce - à la vitesse d'une tortue géante - vers une étoile rouge qui menace de l'anéantir. Je divulgâche la fin : ça n'arrive pas mais quelque chose me dit que vous le saviez déjà.
L'histoire est celle d'un ancien étudiant de l'Université, Rincevent, d'une nullité totale et qui pourtant abrite dans son cerveau le Huitième Sortilège; un des sortilèges primordiaux qu'il ne faut surtout pas prononcer malgré l'envie dudit sortilège de se faire prononcer.
Il va faire la connaissance d'un touriste, Deuxfleurs, d'une béatitude totale, qui voit le monde à travers des lunettes roses. A côté, les Bisounours c'est Goldorak. Ce tandem improbable et d'une efficacité relative fera d'autres rencontres toute aussi haute en couleur dont un ancien Barbare devenu octogénaire, et tout cela en étant poursuivi.
Le ton est formidable, les digressions et les commentaires à se tordre. Si l'auteur n'était pas Anglais, je soupçonnerais des champignons qui font rire. Le plus beau dans ce délire c'est que ça raconte quelque chose, non pas de sensé, mais qui tient debout (plus que le lecteur d'ailleurs, contraint de s'asseoir par prudence). Le volume présente de façon détaillé la cosmogonie du Disque-Monde; histoire de n'avoir pas à y revenir ensuite. C'est très intelligent notamment cette manière fine qu'à l'auteur pour présenter ces ultras qui veulent éliminer physiquement toute magie (et donc tous les mages) qu'ils accusent de tous les maux. Le livre à trente ans ; la leçon n'a pas vieilli quant à elle.
Après Carpe Jugulum, c'est ma deuxième mais ce ne sera pas ma dernière incursion dans le Disque-Monde (****).
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Estuaire44 et Dearesttara aiment ce message
Re: Romans de Fantasy
Merci pour cette critique enthousiaste, Camarade !
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Romans de Fantasy
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Romans de Fantasy
A l'exception des langages créés dont Jordan ne donne que de brèves aperçus, l'imagination de l'auteur lui fait créer un monde et une chronologie de ce monde complexes taquinant les hauteurs de Tolkien. Mais contrairement au pessimiste auteur britannique pour qui chaque âge est une dégradation du précédent, la conception orientale, ancrée dans la nature du temps - symbolisée par la Roue éponyme - lui donne sa singularité. Son mélange de cultures occidentales et orientales, d'une manière assez similaire à Dune, lui permet aussi de créer un monde d'une prodigieuse diversité. C'est bien simple, Jordan réussit à nous narrer son aventure tout en nous faisant découvrir son monde sans recourir à des passages "tunnels". Le monde croît organiquement sous nos yeux. Je suis cependant encore plus enthousiaste sur l'Histoire de ce monde, avec ses guerres, ses pactes, ses ordres qui influent sur la Trame, narrés avec un authentique sens de conteur (s'étonne-t-on de l'importance des trouvères ?).
Je considère avec ce seul bouquin que Jordan est plus qu'un auteur de talent, c'est un vrai conteur, un vrai narrateur, du genre de celui qui nous raconte ces antiques légendes au coin du feu pendant que nous, enfants émerveillés, buvons ses paroles. Cela doit beaucoup à son style fluide, évocateur (surtout dans de merveilleuses descriptions), avec un usage viscéral et profond du discours indirect libre où l'on pénètre dans les pensées de personnages en permanence dévorés par la peur. Par moments, surtout dans les rêves des héros visités par le Ténébreux, on frise la pure épouvante. Sauron aurait été copain comme cochon avec Shai'tan. N'ayant pas lu la traduction d'origine, je ne fais pas le jeu des comparaisons et je me contente d'apprécier la fluidité conservée par la traduction très claire de Jean-Claude Mallé.
Je suis un peu plus réservé sur les personnages. Aucun ne se détache vraiment, même Rand, dont on comprend rapidement qu'il est le Frodon de la saga, mais qui ne décolle pas d'une figure d'ado précipité dans son voyage de Campbell. J'avoue confondre systématiquement Mat et Perrin assez unidimensionnels. Jordan donne le change en attribuant au milieu du récit un pouvoir à Perrin, mais ça ne suffit guère. Moiraine est une petite déception. J'applaudis la volonté de Jordan de n'en pas faire une Gandalf bis en lui donnant une certaine ambiguïté (on n'a pas plus que Rand envie de boire un verre avec les Aes Sedai), mais Jordan reste au milieu du gué, hésitant entre adjuvante franche et électron libre, d'où un entre-deux que j'espère dépassé dans les tomes suivants. En revanche, conquis immédiatement par Lan, le Champion monolithique qui sait tellement en dire avec si peu, l'homme d'action mutique mais si efficace et en même temps si humble. Les autres personnages ne m'impressionnent pas, même si le Ténébreux fout vraiment la trouille, et Loial est appelé à devenir le scene-stealer de la saga.
Je note également une cassure dans l'hégémonie masculine habituelle de l'âge d'or de la fantasy, avec des femmes très souvent supérieures en pouvoir aux hommes. Sans parler de Moiraine, on peut citer l'ordre des Aes Sedai (qui m'a l'air aussi rassurant et chaleureux que les Bene Gesserit), ces dynasties matriarcales comme celles d'Andor ou simplement un Conseil de Femmes qui pousse de belles gueulantes au Conseil des hommes. Voilà un auteur en avance sur son temps, et on applaudit. Mais si la relative faiblesse des personnages est là, elle est relevée largement par l'imagination foisonnante de Jordan.
Cavalcade nocturne, Chemins multidimensionnels obscurs, Flétrissure corrompue, attaques de nuit, danse avec les loups... les péripéties s'enchaînent à vitesse grand V. C'est bien simple, quand on tourne la page, on ne sait jamais ce qui va arriver, et c'est souvent pire que ce qu'on imaginait. Pour moi, le vrai triomphe de l'Oeil du Monde consiste dans sa lancinante absence de tout répit. Une fois le voyage enclenché, le danger ne cesse jamais, il n'y a quasiment aucun moment de pause, juste une terreur souterraine explosant toutes les 20 pages, et faisant naître une sourde angoisse le reste du temps. J'ai beau savoir que les personnages ne vont pas mourir, du moins pas tout de suite, j'ai marché à fond, j'ai tremblé, été secoué, été terrifié par les multiples chausse-trappes tendues par le Ténébreux. J'ai frissonné par les descriptions des lieux les plus glauques, que ce soit les décors des cauchemars, cette Flétrissure pourrissante, la démence ténébreuse de Shadar Logoth... j'apprécie aussi que l'auteur ait conservé de précieuses cartouches dont l'absence de Tar Valon, cité tant attendue qui n'est toujours pas visitée à la fin du tome, et qu'on est impatient déjà de visiter.
Le plus gros défaut du roman à mon sens est son final. Mais cela est dû aux aléas de l'édition. Jordan n'avait aucun moyen d'être sûr que sa saga allait prendre. Alors il doit clore l'arc principal du roman avec une bagarre finale prématurée, au cas où la saga n'aurait pas été reconduite. Ce faisant, Jordan permet à son héros Chevalier niveau 10 de débloquer la furie légendaire des magiciens "Ultimatum Destructor" niveau 90, histoire de se battre à armes égales. Non, on y croit pas, la ficelle est trop voyante, et l'explication du Saidin invoqué involontairement n'est pas satisfaisante. Je préfère la saison 2 de Noob, où Sparadrap se retrouve flanqué d'un bâton cheaté qui lui fait jeter des sorts niveau 100 aux moments les plus aléatoires du jeu (beau b ordel en perspective). Mais qu'importe, par son worldbuilding enchanteur, son imagination foisonnante, son sentiment d'urgence permanente à grande vitesse, L'Oeil du Monde est un fier avatar de High Fantasy classique, et oui, j'ai déjà commencé le tome 2, parce que je suis déjà mordu. Un coup des Ta'veren sans doute. (****)
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Camarade Totoff aime ce message
Re: Romans de Fantasy
Alors, dans mon souvenir, Perrin et Matt sont vraiment aux antipodes l'un de l'autre, mais j'en ai conservé plutôt une vision globale. De plus, si je ne trompe pas, dans une bonne partie du bouquin, Matt est sous influence de la dague maudite, ce n'est pas vraiment à lui à qui on affaire; Son côté espiègle et extraverti, là où Perrin est réfléchi et équanime, reviendra ensuite. De manière générale les personnages se montrent aussi nettement plus évolutifs qu'ils ne le sont chez Tolkien, tous vont beaucoup changer. J'aime bien le talent de Perrin, cela fait penser au Vif, là où Rand aura l'Art, façon Robin Hobb.
Moraine aura l'occasion de gagner en stature, mais je ne spoile pas.... Ceci dit le Héros c'est Rand et nul autre, le Dragon réincarné, Celui qui vient avec l'Aube, le Seigneur du Matin, etc. Moriane est son mentor et son guide, c'est ainsi qu'elle prend tout sa dimension (comme Giles avec Buffy, aussi en rupture avec le Conseil), or dans le livre, si ma mémoire est bonne, elle ne découvre réellement le Dragon qu'à la toute fin, on en reste ici à un prologue pour elle aussi. On en a pas fini avec les Honorées Matriarches, les autres cultures encore à rencontrer auront aussi des femmes puissantes, comme les chez les Aiels.
La fin m'a moins dérangé car l'irruption sans le vouloir du Saidin se justifie par la double nature de Rand. Il est aussi le Dragon réincarné, qui vient alors de s'éveiller en lui sans même qu'il le sache, il y a un background, cela ne sort pas du chapeau, à mon sens. Et puis il est Ta'veren. Cette irruption est aussi la preuve que cherchait tant Moiraine, ce qui permet de boucler le prologue à point nommé, tout en bouclant la boucle avec le terrible prologue. J'aurais par contre aimé une exposition plus approfondie des deux Réprouvés (je reste à ma vieille traduction, qui n'est pas celle de la série...), les suivants, plus puissants encore, auront plus d'espace et de caractérisation pour cela. Bon, je spoile : globalement ils ne sont pas sympas.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Dearesttara et Camarade Totoff aiment ce message
Re: Romans de Fantasy
Ta mention d'Hobb me fait penser que je n'ai pas encore lu L'Assassin Royal, mais je me tâte. Contrairement à la quasi-unanimité des grands cycles de Fantasy, celui d'Hobb m'a semblé bien plus critiqué et contesté que les autres (j'écoute les podcasts du site Elbakin, et ça rate pas, les chroniqueurs s'étripent à chaque fois sur les mérites d'Hobb, par contre ils sont tous d'accord pour enterrer Goodkind, qu'est-ce qu'il prend le pauvre...).
Moiraine la Giles de Rand ? Bien, je pense que le rôle lui ira à ravir, je ne demande qu'à être convaincu. Effectivement, elle ne réalise qu'à la fin que Rand est le Dragon réincarné, mais elle avait déjà eu des soupçons dès Champ d'Emond. Maintenant que c'est réglé, je sens que ce sera le début d'un beau duo mentor-élève (enfin, dans les grandes lignes, les Aes Sedai m'ont quand même l'air d'être un sacré nid à frelons).
Disons que je reproche à Jordan de n'avoir pas exploré plus loin l'utilisation involontaire du Saidin par Rand avant la grande baston. Dans l'Histoire du monde et de la magie de ce monde, ça a du sens, mais narrativement, ça me semble arriver comme un cheveu sur la soupe. Parce que bon, la révélation que Rand est le Dragon retrouvé, on la sentait venir à des kilomètres. J'aurais peut-être préféré un truc à la Harry Potter où le héros multiplie les bourdes magiques avant de reconnaître son identité de sorcier, bref, une petite préparation en fait. Mais ce n'est pas un grand problème comparé au reste du livre.
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Estuaire44 aime ce message
Re: Romans de Fantasy
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Dearesttara aime ce message
Re: Romans de Fantasy
Je remarque le nom de l'antagoniste: "Shai'tan" que je rapprocherai volontiers de Satan, mot qui signifie "Adversaire" en hébreu, si je ne dis pas de bêtise.
J'aime bien Robin Hobb pour ma part même si sa fantasy est un peu plan-plan. La magie reste très périphérique dans son univers. "L'Assassin Royal" raconte plus la formation un brin erratique de Fitz (qui maîtrise bien le Vif, un réel élément fantastique). La série des Cités des Anciens m'avait en revanche passionnée avec ses dragons réduits à l'état de larves (de grande taille les larves quand même) tout en étant conscients de leur déchéance et de leur grandeur d'antan et qui vont tout faire pour retrouver celle-ci (y compris manipuler les humains trop avides). Il y a aussi un personnage bien écrit qui, au terme de son voyage, assumera son homosexualité quand l'héroïne est bien plus classique dans sa description.
Quant à Goodkin, je l'adore. "L'épée de vérité "est une saga de grande valeur qui se montre d'une noirceur dérangeante tellement elle casse l'idéalisme des uns et des autres. Un personnage comme Richard a une grandeur tragique que je trouve bouleversante. On peut par contre se dispenser de la série (même si Bridget Regan est un argument suffisant...).
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Estuaire44 et Dearesttara aiment ce message
Re: Romans de Fantasy
Jordan prend un risque en se séparant du duo Moiraine-Lan, absents pendant la quasi-totalité du récit. De fait, leur remplacement convainc qu'à moitié : Verin ne pétille pas, Hurin est sympa mais à part lâcher des "oui-maître" et humer le vent, il ne fait pas d'ombre à Lan on va dire. Après avoir affronté le Ténébreux en personne à plusieurs reprises lors de son premier voyage, Turak et Fain ne peuvent que pâlir à côté, même si le madré colporteur gagne en intérêt. On est contents de retrouver Min, la garçonne tranquillement badass, moins Elayne, la moins intéressante des nouveaux players. D'autres déceptions comme Jordan renonçant à développer le jeu des trônes euh pardon le Grand Jeu de Caihirn, très divertissant dans son complotisme halluciné, mais frustrant par le peu de place alloué. Le valeureux et un peu trop passionné Ingtar fonctionne très bien mais le twist le concernant m'a semblé venir de nulle part, gâchant quelque peu le perso. Une pensée pour Bayle Domon qu'on espère revoir ultérieurement.
Un côté soap amusant s'annonce avec le vaudeville à quatre entre Rand, Min, Elayne et Egwene. J'attends le moment où le Dragon réincarné se rendra compte que le plus grand danger qui l'attend n'est pas le prisonnier de Shayol Ghul mais les caprices du coeur de ces dames, le champagne est déjà au frais. Plus sérieusement, Jordan ne tombe pas dans la facilité et rend évident l'amitié du brelan de dames, quand même décidées à ne pas laisser un mâle entre elles (les saillies adressées aux messieurs sont tordantes !). Si le twist de Selene était évident, le personnage se montre déjà plein de promesses. La tension sexuelle avec Rand crépite joyeusement, si le pauvre savait dans quoi il s'était fourré. Je me suis fait par contre fait complètement avoir concernant l'allégeance d'un autre personnage en milieu de récit. On attend le jour où ce personnage félon croisera Moiraine, l'explication de gravures sera mémorable mes amis.
Rand est bien sûr la locomotive de tout ce monde. Sa bataille perdue d'avance pour nier l'évidence est touchante. Malgré le souffle excitant de l'aventure, Jordan décrit à merveille la souffrance d'être un Élu dont on confisque la vie et le libre-arbitre au nom d'une grande cause. J'apprécie qu'après 1700 pages, Rand n'ait toujours pas la moindre envie d'embrasser son grrrrand destin. Ça me paraît plus réaliste et humain. Le flegme Perrin me semble plus intéressant que Mat, définitivement le gars le plus malchanceux de l'univers (j'avoue, j'ai pas vu venir son coup de poker totalement barge)
Sans être aussi prenant que la 2e partie de La Chute d'Hypérion, Jordan dépeint à merveille ces soldats, civils, rois, compagnies en surchauffe permanente. L'atmosphère de danger est toujours permanente et on aime ça. Comme dans le tome 1, absolument peut tout arriver au tournant de chaque page. Tentatives d'assassinats, trahisons, ombres dans la nuit, massacre d'innocents, basculement dans la Twilight Zone (si, si)... le rythme est trépidant. Si les persos sont en demi-teinte, les différents fronts de l'aventure se montrent gouleyants. J'ai particulièrement apprécié la rencontre avec Selene dans cet entre deux-dimensions uchronique (idée géniale), et la révélation horrible de l'artefact Seanchanien, une diabolique idée d'écrivain plus efficace que la plus sanglante des tortures (pauvre Egwene). Après le deus ex machina du 1er tome, on est content que Jordan prépare bien mieux le climax de ce tome-ci, avec une triple bataille dans les murs de Falme en haut indice d'octane, quel suspense mes aïeux, ça c'est du finish ! Je me demande juste comment Jordan va pouvoir imaginer 12 autres climax, mais j'ai confiance. Tout ça avance très bien, et mes doigts brûlent déjà de tourner les pages du 3e tome. (****)
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Estuaire44 et Camarade Totoff aiment ce message
Re: Romans de Fantasy
Certes, il y a encore des points communs, les visions de Nynaeve lors de son ordalie fonctionnent ainsi de manière similaire au Miroir de Galadriel. Mais de vraies divergences sont installées : existence d'univers miroirs, d'un système de magie nettement plus développé (il y a finalement peu de Magie type D&D au sein de la Terre du Milieu), avec l'avant garde du Retour, les Seanchans introduisent un vrai exotisme, là où Tolkien se centre essentiellement sur une zone donnée de la Terre du Milieu (l'Arad, le Fard Arad, ou l'Est sont relativement peu insérés), des personnages avancent masqués (Liandrin, ingtar, Selene ), là où Tolkien joue plutôt la carte des Archétypes, Rand met tout le livre à assumer sa nature et sa mission là où Froodo se porte d'emblée volontaire au Conseil d'Elrond, etc.
Sinon j'ai bien aimé l'explosion chez les Alchimistes, c'est assez un fil rouge avec la poudre noire de Saroumane, la guilde du Disque Monde aussi régulièrement à reconstruire que les Pirates sont coulés chez Astérix, le Feu Grégeois à Port Réal.. A un moment cela fait boum ces idioties, les boules de feu, c'est plus sûr. A propos de Port réal, il est parfaitement clair que l'Araignée et Littlefinger y sont arrivés depuis Cairhien via une Porte de Pierre.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Dearesttara aime ce message
Re: Romans de Fantasy
Allez, je m'attaque au tome 3 et ensuite, je me cale devant la série !
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Estuaire44 aime ce message
Re: Romans de Fantasy
Au-delà de l'enregistrement de nouveaux personnages (la fraîcheur de Faile est ravissante), on apprécie beaucoup la vadrouille du trio des Acceptées, leur tempérament de gamines rosses - enfin surtout Elayne et Egwene, on a compris qu'il valait mieux pas baver sur les rouleaux de Nynaeve. Si Elayne persiste à demeurer inintéressante (c'est clairement le perso le moins mis en valeur pour le moment), Nyaneve développe une variation plaisante de la leader matriarche sur les bords, tournant parfois à l'humour pince-sans-rire. L'évolution vient surtout d'Egwene. Dans une classique mais toujours habile métaphore, Jordan développe les pouvoirs d'Egwene avec le Ter'angreal, tout en développant sa personnalité, bien plus trempée et décidée. En acceptant de lâcher prise et de s'ouvrir à ses environnements, elle arrive à contrôler bien mieux le saidar. Une conséquence inattendue est que ce brelan de dames devient tellement fort à la fin que cela débouche sur une hilarante crise d'ingratitude envers le pauvre Mat.
Son duo avec Thom ne pétille pas autant que naguère, même si on goûte toujours les ronchonnements de notre cher trouvère. Mais entretemps, l'évolution est aussi là pour l'ancien possédé de Shadar Logoth. Avant que Rand n'accepte son destin, Mat ne cesse au cours de l'histoire d'accepter son tempérament belliqueux, comme en témoigne ses multiples prouesses au bâton. Tandis que l'irruption de son don de chance est plaisant, mais là encore, il manque les limites, une entorse aux lois de Sanderson qui rend la lecture moins captivante.
Perrin semble plus invariant, mais la fenêtre chez le forgeron arrive à point pour lui nouer un intéressant dilemme entre destinée de ta'veren et retour à cette profession qu'il rêve d'embrasser. Avec adresse encore une fois, Jordan n'oppose pas les deux possibilités, et c'est bien avec son passif de forgeron que Perrin est à même d'affronter les périls du Tel'Aran'Rhiod, non c'est bien joué, y a pas à dire.
Moiraine-Lan ne changent pas trop, mais il est bienvenu de les voir fendre l'armure et de réveler d'authentiques moments d'effroi voire de panique, comme avec l'attaque des chiens des ténèbres. On espère découvrir des failles, plus porteuses que les lances de feu, un peu trop puissantes et sans conséquences pour ne pas avoir l'air de deus ex machina bien commodes. Quant à Rand, il est sans surprise à la hauteur du titre conféré. Loial en reste au comic relief/réservoir à connaissances, mais en tant que scene-stealer, il peut se le permettre.
Si la gestion de personnages fonctionne, j'admets que les trois arcs du roman relèvent plus de la ballade que de la grande quête. En réalité, avant la Pierre de Tear, les dangers se révèlent plus génériques, là où dans les 2 premiers thèmes, les péripéties étaient bien plus liés à la psychologie et à la nature des personnages. Il y a des exceptions certes, comme le fielleux conseiller de Caemlyn ou les Hommes Gris de Tar Valon, mais rien de prenant. Mais ce serait faux de dire qu'on s'ennuie, le rythme des aventures et les PNJ hauts en couleur abondent (la montée en puissance des Aiels promet beaucoup). Et les multiples excursions dans le Monde des Rêves frappent par leur impact spectaculaire et redoutable, Jordan a trouvé une belle martingale, et j'attends de revoir le Tel'Aran'Rhiod dans les tomes suivants.
Après un corps du roman mouvementé, l'invasion de la Pierre de Tear tient toutes ses promesses, où pas moins de cinq fronts différents entrent en collision dans un fracas d'armes, de magie et d'explosions en tous genres. On s'éclate, et le retour de Zorr... enfin du Ténébreux couronne logiquement ce payoff, avec un Rand impitoyable comme on l'aime. Ah oui, on tremble, on s'amuse, et oserons-nous, un petit plaisir sadique nous envahit quand l'Ajah noir déguste copieux, haha, tremblez traîtresses, Egwene est de retour et elle n'est pas contente. Jordan gère à merveille les finishs de ses tomes, et on attend déjà de sauter dans le tome suivant. Carai an Ellisande ! (***)
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Estuaire44 aime ce message
Re: Romans de Fantasy
Le groupe ne reste pas soudé à la lance thermique comme dans une partie de D&D mais se scinde en parcourant le vaste monde qu'il nous fait découvrir avec lui. Pour être honnête dans le livre transparaît aussi la propension de l'auteur à une certaine verbosité. Les scénaristes de la série polissent leur hache, mais j'aime la précision des description des cultures et et des lieux visités. La construction de l'Univers demeure l'une des bases de la Fantasy (c'est même l'une des justifications majeures de l'existence du genre) et la saga constitue un modèle du genre. Nynaeve, Egwene et Elayne très bonne idée, idem pour l'intégration au récit de la dimension onirique. C'est un mouvement classique en soi, mais la convergence des groupes pour le final reste parfaitement menée, d'autant qu'avec Callandor le récit rejoint cette tradition des arthurienne des épées de pouvoir dont il a pu être question quelque part sur You Tube.
On peut trouver plus mouvementées les péripéties précédentes de la Quête du Cor, mais ce volume-ci apporte pleinement sa "Pierre" à l'édification d'une saga Fantasy toujours d'une grande qualité.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Dearesttara aime ce message
Re: Romans de Fantasy
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Dearesttara aime ce message
Page 1 sur 11 • 1, 2, 3 ... 9, 10, 11
CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS :: Le CAFÉ Avengers (Ouvert sous modération)