Série "Hercule Poirot"

L'épisode d'hier, La Chambre noire, s'est révélé particulièrement inquiétant quant à l'avenir de la série. Celle-ci va désormais se baser sur des intrigues originales, qui ne seront plus des d'adaptations d'Agatha Christie et le contraste s'est révélé d'ores et déjà cruel avec Meurtres en solde, épisode de la saison 2  adaptant Le Noël d'Hercule Poirot et diffusé. L'intrigue y est autrement  plus dense dense, articulée et prenante. Elle se limite à une succession de meurtres sensationnalistes (déjà le côté le moins intéressant de Chapeau Melon) et se voit sacrifiée au drama interne de l'équipe. Ce dernier renoue aussi avec le sensationnalisme facile (la démission de la Commissaire, l'inspecteur sans cesse confronté à des jeunes femmes dévêtues, improbabilité risible de la rencontre à l'hôtel).

Rose se voit cantonnée à son jargon devenant répétitif à à des séances psy de ses compères qui ne font que souligner ce que le spectateur avait lui-même déjà compris. En termes de relationnel, il faut souvent mieux laisser se percevoir les choses plutôt que de les énoncer très scolairement. Les atouts de la série sont toujours là : époque plaisamment mythifiée, interprétation parfaite et seconds rôles aussi soignés que les premiers (bob toujours irrésistible). La top modèle a quelques dialogues bien affutés et se révèle plus intéressante qu'une simple silhouette.  Mais même un univers aussi pétillant ne saurait faire l'économie de véritables intrigues. (**)

La catastrophe :
https://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18696649.html

Passer des années 30 aux années 50 n'était pas choquant pour moi car Agatha Christie a aussi illustré cette époque. C'est moins vrai pour les 70' et les romans sont moins forts.

J'ai regardé ces deux premiers épisodes. Le premier était vraiment très bon et, ô curiosité, c'est celui qui est adapté d'Agatha. Le second restait bien mais, du coup, je l'ai trouvé plus...ordinaire. J'avoue, il ne m'a pas déplu mais c'est parce que je suis un habitué des séries policières "à consultant" donc je me suis retrouvé dans mon élément ! Sauf que ce n'est pas le "canon" de la série. Je soupçonne même l'arrière-petit-fils, James Pritchard, d'avoir "vendu" le droit de ne plus adapté Mamie !

Je vais sans doute vous faire rire (ou pleurer ?) mais, j'ai pensé à la série "L'Arme fatale" où une psy fait aussi partie du décor mais Jordana Brewster a plus de présence que Chloé Chaudoye, un rôle plus délimité et donc bien plus intéressant.

Je pense donc que si la série n'adapte plus Agatha (outre les romans, les nouvelles peuvent servir), elle va se "normaliser" (au sens de "rentrer dans la norme") et donc perdre sa spécificité et donc son intérêt.

Absolument brillant !

Passé une bonne soirée grâce à Agatha and the Truth of Murder. Certes au prix d'une résolution  trop abrupte, le téléfilm parvient aussi bien que possible à entremêler quatre problématiques : l'énigme, les deux portraits « historiques » de femmes (Agatha Christie et Mabel Rogers) et la présence encore proche de la Grande Guerre en 1926, le trauma global apporté par le conflit  animant une bonne part du récit. Le budget de cette production de Channel 5 ne dispose manifestement pas du m^me budgets que celles de la BBC et d'ITV (rareté des extérieurs, décors intérieurs parfois souvent chiches, casting de qualité mais non stellaire...) mais les costumes sont réussis, ce qui s'avère souvent le plus important pour les reconstitutions historiques.

J'avoue avoir eu une perception hémiplégique du téléfilm : autant je connais à peu près Agatha Christie et l'Affaire de la disparition, autant j'ignorais le mystère du meurtre de la filleule de la célèbre infirmière Florence Nightingale, l'archétype de la nurse britannique. Après vérification, cette énigme a bien donné lieu à toute une littérature, mais je suis incapable de juger de sa retranscription ici. Le portrait d'Agatha reste bien l'atout particulier du téléfilm, aussi bien à travers la description de sa dépression et de son divorce douloureux, qu'à travers le discours bien ajusté  autour de son œuvre. La qualité de cette approche plaira aux amateurs de l'autrice (Englishness assurée), le récit exprime beaucoup d'amour pour Agatha, cela se ressent très clairement.

Certaines scènes se détachent, comme la confrontation avec sir Arthur Conan Doyle, à qui Agatha en panne d'inspiration vient demander conseil. Alors même que, du point littéraire, elle est un bien meilleur écrivain que lui (avis très personnel !), mais le passage est très amusant. Les divers clins d'oeil aux œuvres de la Duchesse de la Mort abondent mais on retiendra avant tout la formidable composition de Ruth Bradley, retrouvée avec plaisir après Primeval et Humans. Elle soutient à la perfection toute la palette de ce portrait sensible d'Agatha. Les deux téléfilms succédant à Agatha and the Truth of Murder, changent d'interprète à chaque fois, c'est dommage. Mystère féminin : Agatha Christie est ici brune, alors qu'elle était blonde chez le Docteur, mais bon.

Seul regret l''intrigue joue très peu de la confrontation de l'écrivaine au réel d'une enquête policière et ne justifie jamais vraiment pourquoi la réalité devient aussi aisément conforme à une Murder Party à la Agatha Christie. Chez RTD cela se justifiait par le Merveilleux inhérent au TARDIS, ici cela pourrait être perçu comme largement artificiel. Mais avouons que c'est ce que demande le public d'Agatha et de son univers. On sait que tout ceci relève du rituel et on apprécie toujours. Évidemment le téléfilm coche soigneusement toutes les cases en matière de représentation, mais jamais au prix d'un alourdissement de l'intrigue. L'audacieux pari du téléfilm demeure bel et bien tenu, espérons que France 3 diffusera les deux opus suivants. (****)

Pas vu ce téléfilm mais belle critique.

Pour le jeu de la controverse littéraire, difficile de comparer Agatha Christie et sir Arthur Conan Doyle, deux auteurs que j'adore !

Pour le côté "people", Agatha l'emporte puisqu'elle a été anoblie Dame Commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique et lui "seulement" chevalier.

Ensuite, sir Arthur est très bon dans la forme courte mais plus faible sur le roman.

Sur les personnages, chacun en a créé deux célèbres (Holmes/professeur Challenger vs Poirot/Marple) mais la notoriété pèse davantage pour la dame de Torquay.

On peut sans doute continuer encore ce petit jeu !

Je trouve que Conan Doyle a pour lui l'allant de l'Aventure, le sens du rebondissement et du sensationnalisme du meurtre, d'avoir créé un personnage au charisme inaltérable. Il sait également s'inspirer des progrès de la science de son époque on est parfois proche de Jules Verne, toutes proportions gardées. Ses écrits sont également moins ritualisés que ceux de Christie. Après je trouve ses œuvres beaucoup moins ludiques que celles d'Agatha Christie, son but n'est pas de permettre au lecteur de jouer au détective, mais de le sidérer par les exploits de Holmes, relayé en cela par Watson en publiciste zélé du Grand Détective. Agatha parie sur l'intelligence et le sens du jeu de son public, plutôt que sur son goût du sensationnel. Avec fairplay, elle lui donne quasiment toutes les cartes avant la révélation de la solution. Conan Doyle sort continuellement des éléments du chapeau, le but est de foudroyer le lecteur, simple observateur, par le génie du Holmes. Il ne faut donc surtout pas que ce dernier parvienne à faire aussi bien que le Surhomme.

Le conformisme social de Conan Doyle est absolu, là où Agatha Christie, en choisissant le point de vue d'un étranger ou d'une dame d'une autre génération jette un regard acidulé, voire incisif, sur son époque. Elle apporte un humour bienvenu dans le portrait de Poirot, n'hésitant pas à railler ses petits travers, là où Conan Doyle en fait continuelle ment des caisses dans la vénération au premier degré du Héros. Outre les énigmes (le Whodunit plutôt que l'action,), les peintures psychologiques des personnages apparaissent toujours plus fouillées chez Agatha (oui, cela exige des chapitres entiers de dialogues, c'est certain), avec raison puisqu'il s'agit d'un ressort crucial de l'intrigue, en lieu et place de la typologie des tabacs ou des semelles. Chez elle les femmes sont des personnages à part entière, avec qualités mais aussi défauts, là où Conan Doyle les invisibilise ou les fantasme (cas unique.. au combien unique). Les romans ou  nouvelles d'Agatha Christie forment des tous cohérents, là où Conan Doyle insère parfois des digressions interminables n'ayant quasi rien à voir avec le récit, histoire de recycler d'autres écrits sous le label Sherlock (de l'épicerie).

C'est vraiment passionnant, enthousiasmant et stimulant de vous lire ! Vraiment, vous êtes un régal !

C'est vrai qu'avec Napoléon et Jésus, Holmes est très adapté au cinéma et à la télévision. Plus que Poirot en effet. Le point reste donc à Baker Street. La célébrité de Holmes se voit aussi dans ses "successeurs"; dès 1931, Jean Ray écrit les aventures de Harry Dickson "le Sherlock Holmes américain" (il est Américain comme moi je suis le Grand Turc !) qui réside...à Baker Street.

Les passages sans Holmes dans "Une étude en rouge" et "La vallée de la peur" sont justement ceux qui m'ennuient le plus. C'est une digression longuette. Le seul roman holmésien que je trouve bon, c'est "Le chien des Baskerville".

En dehors de Holmes, Conan Doyle a une œuvre qui est plus variée que celle d'Agatha uniquement centrée sur le roman policier. Il a tâté du roman sentimental ("Une idylle de banlieue", "Un duo"), du fantastique ("Le parasite"), de la science-fiction ("Le monde perdu"), de l'histoire ("Le brigadier Gérard") etc.

Sinon, c'est vrai que, sociologiquement, le point reste à Agatha.

Premier opus de The Agatha Christie Hour,  The Case of the Middle-Aged Wife est une adaptation  particulièrement fidèle de la nouvelle originelle. L'épisode constitue ainsi une excellente présentation de l'intrigant Parker Pyne, à qui la Reine du Crime dédia pas moins de 14 nouvelles initialement conçues pour Poirot, mais plus orientées vers l'humour et la romance que les énigmes du Belge. On retrouve pleinement la malice du protagoniste et, à l'instar de textes volontiers cyniques, le récit sait se montrer agréablement ambivalent : s'agit-il d'un magicien ou d'un escroc ? Outre sa  connaissance des rouages de l'âme humaine, le Détective du Cœur  nous vautaussi le plaisir de retrouver Miss Lemon, plus encanaillée mais très reconnaissable avant que d'être employée par Poirot.

On s'amuse bien avec cet étonnant duo et cette histoire d'un couple mûrissant, au mari saisi par le démon de midi et plumé par sa blonde secrétaire au désespoir de l'épouse. La solution de Pyne, recruter un gigolo pour l'épouse connaisse une romance et s'initie à la frivolité, au lieu de démasquer l'intrigante, est tout à fait dans son style. Toutefois les péripéties en découlant sont trop prévisibles pour que l'intrigue ne connaisse pas un ralentissement au fil des longues 50 minutes du format. Par ailleurs la mise en scène, toute en décors intérieurs, manque de moyens, tandis que le format de l'image apparaît daté, nous ramenant à une époque où les écrans étaient plus petits qu'aujourd'hui. Un bon lancement toutefois, on apprécie la touche féministe d'Agatha : là où l'époux est toujours ridicule, l'épouse apparaît bien davantage émouvante. (***)

Juste avant la Grande Guerre, un jeune homme, invité dans une famille de l'aristocratie, voit une terrible scène se dérouler à travers un miroir : la fille de la maison est étranglée par un homme au visage caché, mais au cou balafré. Or la jeune femme est bien vivante, le héros comprend alors que la scène provient de l'avenir. Blessé durant le conflit, il a désormais une balafre au cou mais épouse la jeune femme, ne comprenant pas qu'il est l'homme de sa propre vision. Ébranle par les horreurs de la guerre, il sombre  dans une  jalousie pathologique. La  vision va-t-elle  finir par se réaliser ?

Nettement plus sombre que l'opus précédent, In A Glass Darkly (un titre très à la Sheridan Le Fanu) nous fait découvrir le volet Fantastique de l’œuvre d'Agatha Christie. En effet la Duchesse de la Mort a écrit plus souvent qu'on ne le pense des nouvelles de ce type. On pourra en retrouver une sélection en VF regroupée dans le recueil "Le Flambeau". un ouvrage souvent de qualité. A Glass Darkly est la nouvelle qui clôture l'ouvrage. Le passage du littéraire à l'écran condense le récit, ce qui rend plus perceptible ce qui, à mon sens, demeure la seule faiblesse de l'histoire : l e traumatisme vécu lors de la vision est tel, que l'on s'étonne de voir le protagoniste ne pas comprendre ce qu'il e passe lors qu'il est blessé au cou, malgré la Guerre. Le spectateur, lui, comprend tout de suite. Du coup le récit ne développe pas de thématique autour du libre arbitre et de la Destinée, comme a pu le faite le Nick of Time de TZ.

Nous nous situons plutôt dans le cadre classique de la tragédie. De fait, le Fantastique sert ici de prétexte à évoquer le traumatisme vécu par les Gueules cassées de la Grande Guerre, qu'Agatha a si bien connu (le récemment diffusé Agatha and the Truth of Murder évoque judicieusement ce sujet), tout comme elle avait expérimenté l'infidélité maritale, pour ce qui concerne le premier épisode de l'anthologie. L'homme ignore qu'il se voit lui-même, devenu un monstre du fait d'une effroyable guerre demeurée dans l'Ombre, dont personne n'a alors conscience en 1914. La véritable abomination provient de l'enfer des tranchées, et non du Surnaturel. Dès lors In A Glass Darkly devient un épisode d'ambiance aussi sombre que réussi, profitant d'une réalisation plus ambitieuse que lors du premier opus (reconstitution de l'horreur des  tranchées, musique, présence de quelques extérieurs;..)..L'immersion est réussie, tandis que l'intrigue sait aller au bout du suspense. Rejoignant la grande tradition anglo-saxonne de la Magie des Miroirs, le plan final nous montre de manière très suggestive le miroir fatidique, comme une porte ouvrant sur l'Ailleurs. (****)

George, aimable nullité issue d’une famille cossue, est viré par son oncle pour fainéantise et incompétence globale. Le jeune homme décide alors de partir à l’Aventure et, dans le train, rencontre la blonde Elizabeth qui lui demande son aide face à un grossier poursuivant. Pour George débute une étonnante épopée dans un Portsmouth nocturne devenu nid d’espions.

Le roman d’aventures, cet inépuisable sujet dont The Girl In The Train constitue une divertissante parodie des canons de l’époque. Rien ne manque à l’appel : damoiselle en détresse, espions interlopes au fort accent étranger, colis mystère en MacGuffin, message secret codé, improbables monarchies balkaniques, etc. Cette farandole immerge le (pas si) malheureux George dans une nuit délirante, un procédé n’étant pas sans évoquer le The After Hours de Scorcese.

Outre le détournement humoristique des poncifs, la comédie naît également du contraste de l’Aventure avec la nullité souriante de George, qui peut au moins se raccrocher à son insubmersible flegme britannique, caricatural au possible. L’histoire pétille d’autant plus que l’autrice insert son protagoniste au carrefour de deux intrigues n’ayant rien à voir entre elles. Bien entendu, tout est bien qui finit bien, on n’en doute jamais, d’autant qu’en définitive tout ceci provient d’une Elizabeth ayant pris d’emblée la mesure de son promis. Un point commun de ces premiers épisodes reste bien d’opposer l’amour féminin, inconditionnel et total, au masculin, plus sujet à l’usure, aux éclipses ou, ici, aux chimères.

Les seconds rôles sont souvent divertissants, avec notamment un Roy Kinnear aussi pittoresque en chauffeur de taxi que chez les Avengers (premier visage connu de l’anthologie !). Il n’en reste pas moins que les 50 minutes  s’avèrent un peu longues pour être portées par le seul George, d’autant que le jeu très démonstratif du jeune comédien pourrait parfois finir par agacer. Une aventure en duo aurait sans doute été plus porteuse, quitte à ressembler aux Beresford. On regrettera aussi que la reconstitution de Portsmouth  en studio sollicite vraiment l’imagination bienveillante du spectateur, on ne voit ainsi jamais la mer, mais on entend copieusement les mouettes, ce genre de choses. A noter que la VF attribue décidément des titres français totalement différents de celui des nouvelles, quel est l’intérêt à part embrouiller le spectateur ? (***)

Merci. l'anthologie est jusqu'ici très fidèle aux textes, bien plus que les autres séries d'ITV comme Poiroi ou Marple. La scène de jiu-jitsu figure bien dans l'épisode, mais ici ce que l'on voit c'est simplement George pousser son adversaire par surprise pour le faire tomber, avant de se proclamer champion de jiu-jitsu. Davantage un gag visuel que du JCVD. Ici on est plus proche de 24h que de 8h, mais, oui, le schéma est bien le même que pour The Golden Ball !

J'avais déjà recommencé à lire l'intégrale d'Agatha Christie mais, là, je bascule totalement. Vous me mettez d'autant plus l'eau à la bouche que je ne me souviens plus du tout des nouvelles concernant Mr Parker Pyne.

Sinon, dimanche soir, France 3 diffuse "La malédiction d'Isthare" où Agatha Christie, en Irak pour des fouilles archéologiques, se retrouve confrontée à une série de meurtres. Je crois que je vais me laisser tenter...car je suis un être faible.

Et je plussoie à l'avis de Dear sur l'excellence des critiques.

Dans un train de nuit, un prêtre, un légiste et un médecin discutent d'un étrange cas de dédoublement de personnalité survenu chez la jeune Félicie, en France. Une affaire d'autant plus sinistre que Félicie a fini par s'étrangler elle-même. Jusque là endormi, un quatrième homme prend part à la conversation et s'avère avoir connu Félicie ainsi qu'Annette, une "amie" ayant exercé une vraie emprise sur cette dernière. Annette est morte de tuberculose, juste avant que la double personnalité  ne se déclare chez Félicie Une sinistre vérité commence à s'imposer au fil du récit du quatrième homme.

Retour au volet Fantastique de l’œuvre d'Agatha Christie avec The Fourth Man, autre nouvelle insérée dans ce remarquable recueil qu'est Le Flambeau. Il se confirme que le Surnaturel suscite des récits particulièrement sombres chez la Reine du Crime, totalement à rebours de cet humour dont l'anthologie se fait volontiers l'écho dans les histoires d'aventures ou de romance. Entre possession classique  et métempsychose horrifique, la nouvelle apporte un remarquable surcroît d'effroi au thème déjà troublant des personnalités multiples (qui a valu aux X-Files le mémorable The Field Where I Died). Suprême habilité, a contrario d'auteurs tels Lovecraft, Poe, ou, éventuellement, Maupassant, Agatha Christie y opte pour la narration indirecte afin de favoriser un effet de suggestion plutôt qu'une confrontation directe avec l'indicible. L'horreur monte habillement comme un flot qui sourd irrépressiblement, en même temps que la compréhension du lecteur progresse.  

Malheureusement l'épisode échoue pour l'essentiel à transposer le procédé à l'écran. Le huis clos du compartiment reste statique et sa mise en scène n'apporte jamais sa pierre à l'édifice. Le jeu des jeunes comédiens incarnant le trio français se révèle beaucoup trop criard, tandis que l'abrègement fait perdre sa subtilité, ainsi que le délicat équilibre obtenu par l'autrice. De fait, le spectateur comprend beaucoup trop rapidement le pot aux roses et ensuite s'ennuie au fil d'une narration passablement ampoulée. La controverse du wagon se voit heureusement portée par des comédiens talentueux, comme Michael Gough ou John Nettles, excellent en Quatrième homme. Ils ne se voient guère aidés par une version française, correcte sans plus et qui par ailleurs nous prive du traditionnel plaisir des accents français caricaturaux dans les séries anglaises. (**)

Ayant pris sa retraite après une carrière mouvementée dans l'Empire, le Major Wilbraham se morfond d'ennui dans le calme serein de la campagne anglaise (il ne connaît visiblement pas Jane Marple). Il en devient quasi dépressif, du moins jusqu'à ce qu'il remarque une petite annonce : "Are you happy ? If not, consult Mr. Parker Pyne.".

The Case of the Discontented Soldier signifie une deuxième aventure pour Mr. Parker Pyne et sa fine équipe d'escrocs, enfin, de Détectives du Cœur. Après The Case of the Middle-Aged Wife, on retrouve avec plaisir les deux excellents interprètes de Pyne et de Miss Lemon, décidément aussi efficace mais plus sarcastique que chez Poirot. Un agréable univers permanent, de quoi renforcer le regret d'une anthologie dédiée. Si le principe demeure a peu près le même (la fiction pour enchanter le réel), on s'amuse également de quelques nouveautés, comme la différence de tarification entre un Major en demi-solde et une riche bourgeoise (on passe de 200 à 50 Livres, grandeurs et misères de la condition militaire). Ou encore la spectaculaire survenue d'une Miss de Sara autrement plus cynique que Claude, le charmant «  danseur mondain » aimant à aimer ses clientes. Tout comme la nouvelle, l'épisode lui occasionne l'un de ses rares échecs, mais l'habile collaboratrice de Parker Pyne sait en déduire une information cruciale : le major n'est pas en manque de frissons amoureux, mais bien de danger(et ils préfère les blondes). Sur un canevas assez proche de The Girl In The Train, mais en plus mouvementé et combattif, s'en suit une Aventure d'opérette parodiant joyeusement le genre.

Le Major y rencontre son pendant féminin, tout à fait ignorante de l'intervention de Pyne and Co. Ce qui pourrait devenir moralement discutable, mais autorise une conclusion romantique, tant il est vrai que, pour Agatha, il ne saurait exister de bonheur complet sans que l'amour y prenne sa part. D'ailleurs l'épisode a l'excellente idée de conserver l'apparition finale d'Ariadne Oliver, avec laquelle l'autrice s'autoparodie joyeusement une nouvelle fois. Malheureusement le récit butte derechef sur le format long de l'anthologie. D'où plusieurs scènes plus ou moins utiles, afin de grappiller quelques précieuses minutes, mais au moins plus souvent tournées en extérieurs qu'à l'ordinaire. On appréciera une saveur à la Chapeau Melon dans l'aventure de ce Major en manque de danger, qui aurait pu devenir un Chevalier de la Mort mais optant heureusement pour l'équivalent local de l'agence Q.Q.F. Inc.. On retrouve également des guests de Chapeau Melon, comme le Champion William Gaunt, excellent en Major et qui jouait déjà un militaire dans Traitor in Zebra (saison 2), ou encore la très séduisante Veronica Strong en Miss de Sara, déjà la femme fatale de Love All (saison 6). (****)