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Message  Invité Mer 27 Jan 2010 - 8:12

La série était à gagner cette semaine sur Radio Nostalgie.

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Message  Estuaire44 Jeu 28 Jan 2010 - 1:13

Sans escale de vie à trépas (Twenty-Two, 2-17, **)
Date de diffusion : 10 février 1961
Auteur : Rod Serling
Réalisateur : Jack Smight

Résumé
Louise Powell, une séduisante danseuse de revue, est hospitalisée pour fatigue nerveuse. Chaque nuit elle refait le même cauchemar : elle arrive à la morgue de l’établissement, où une inquiétante infirmière lui déclare que son emplacement est déjà réservé. Il porte le numéro vingt-deux…

La Guest
Barbara Nichols (1929-1976), connut une grande popularité durant les années 50 et 60. Elle tint principalement des seconds rôles comique, très opposés à celui qu’elle tient ici (Ces folles de filles d’Ève, 1960). Cette ancienne mannequin apparut également dans Les Incorruptibles, Batman, The Girl from UNCLE, Hawaii police d’État…

Jonathan Harris (1914-2002) fut un acteur réputé de Broadway. Á l’écran il reste remémoré pour le rôle du Dr Zachary, le méchant récurrent de Lost in Space (1965-1968). Il participe également à Zorro, Bonanza, Max la Menace, Battlestar Galactica ; Ma Sorcière bien-Aimée, L’Île Fantastique…

Arlene Martel (1936) jkoua dans de très nombreuses séries. Elle participe ainsi à Star Trek, dans le rôle demeuré fameux de T’Pring, la compagne vulcaine de Spock. On l’aperçoit également dans Des Agents Très Spéciaux, The Outer Limits, Les Mystères de l’Ouest, Les Incorruptibles, Le Fugitif, banacek, Mission Impossible, Columbo, Ma Sorcière Bien-Aimée, Papa Schultz etc.

Commentaire
L’histoire de Rod Serling entremêle joliment l’éveil et l’onirisme, suscitant quelques frissonnants réussis, par exemple quand le docteur discerne quelques troublants indices de réalité dans le récit de sa patiente. L’énigme représentée par le rêve maintient jusqu’ au terme du récit un suspens quasi psychanalytique, au ton très hitchcockien (on songe souvent à La maison du Dr Edwards). Cette réussite se voit cependant en partie entachée par une chute plus prévisible qu’à l’ordinaire dans l’anthologie, évoquant d’ailleurs avec une étonnante similitude l’excellent Destination finale (2000) !

La vraie force de l’épisode réside dans la mise en scène intense et angoissante à souhait du cauchemar. L’expérimenté Jack Smight met toutes les chances de son côté en usant de l’ensemble de la palette à sa disposition : recherche d’angles distordus, éléments de décors bien choisis (tableaux étranges, vision en trompe l’œil de la morgue…), superbe musique…. Le résultat s’apprécie d’autant plus lors de la première scène de l’épisode, avec une immersion dans cet univers terrifiant sans aucun prologue annonciateur. Hélas le recours une nouvelle fois exécrable à la vidéo porte préjudice à la performance du réalisateur.

Il en va de même pour l’interprétation de la spectaculaire Barbara Nichols, visiblement utilisée à contre-emploi, et qui ne peut se départir d’une certaine gaucherie dans son jeu. Elle apparaît plus à son aise dans ses rapports aigres doux avec son impresario, une partition plus familière pour elle. Les seconds rôles se montrent bien plus efficaces, Jonathan Harris en médecin vaguement libidineux et surtout la très belle Arlene Martel, menaçante et mystérieuse, composent éloquemment leurs personnages.

Au total Sans escale de vie à trépas se laisse regarder sans déplaisir mais se montre inégal, bien loin du chef d’œuvre représenté sur un thème similaire par La poursuite du rêve.

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Message  Estuaire44 Ven 29 Jan 2010 - 1:05

L’Odyssée du vol 33 (The Odissey of Flight 22, 2-18, ***)
Date de diffusion : 24 février 1961
Auteur : Rod Serling
Réalisateur : Justus Addiss

Résumé
Un avion de ligne reliant Londres à New York voyage soudain dans le temps en plein ciel, se retrouvant à l’époque des grands dinosaures. Le commandant va s’efforcer de retouver le chemin menant à leur époque de départ.

Le Guest
John Anderson (1922-1992) fut un prolifique acteur de séries de Western, apparaissant dans la plupart des productions du genre. Il réalisa quelques apparitions dans d’autres domaines (Hawaii Police d’État, Aux Frontières du Réel, Star Trek…) et incarna le grand-père de MacGyver (1985-1992). Il apparaît dans trois autres épisodes (Coup de trompette, Je me souviens de Cliffordville et Le Vieil Homme dans la caverne).

Commentaire
L’épisode renoue avec le thème des mystères induits par les voyages aériens, un vrai fil rouge de l’anthologie. Cette idée du passage à travers une faille temporelle (reprise ultérieurement avec plus de souffle par Stephen King dans Les Langoliers, 1990) reflète avec une force particulière l’émerveillement encore suscité par l’aviation en ce début des années 60. Les liaisons transatlantiques régulières demeurent encore une nouveauté, tandis qu’elles doivent encore faire face à la concurrence des paquebots de ligne (comme illustré par l’épisode Mission à Montréal des Avengers en 1962), dont l’inexorable déclin s’accélère cependant. L’Odyssée du vol 33 constitue un passionnant témoignage de cette épopée, d’autant que le récit s’enrichit d’une véritable technicité, avec une étude précise du rôle de chaque membre de l’équipage. Les connaissances du frère de Rod Serling, journaliste spécialisé dans l’aviation, furent mises à profit à cette occasion ! D’une manière amusante on remarque également que l’aéroport JFK se nomme encore le Idlewild Airport, achevant de situer l’épisode dans son contexte.

Cette dimension quasi documentaire n’entache pas l’intérêt de l’histoire proprement dite, celle-ci nous offrant un voyage aussi excitant qu’effrayant à travers le temps, avec au passage de nombreux rebondissements et une fin ouverte des plus astucieuses. Chaque personnage se voit finement dessiné, bénéficiant d’une vraie personnalité. Les comédiens manifestent un authentique savoir-faire, rendant parfaitement crédible la réaction de chacun à l’heure du péril. La réalisation de Justus Aldiss s’efforce de multiplier les angles de vues pour donner de la vie à une action forcément confinée dans un espace réduit. Elle bénéficie également d’inserts très réussis, dont une reconstitution en stop motion de la Préhistoire tellement obsolète dans ses effets spéciaux qu’elle revêt aujourd’hui une certaine poésie, à l’image des films de Méliès. L’épisode récupéra à cette fin des éléments du film Dinosaurus ! (1960). Ce passage coûta néanmoins 2 500 $, faisant de lui le plus onéreux de toute La Quatrième Dimension !

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Message  Estuaire44 Sam 30 Jan 2010 - 12:07

M. Dingle (Mr Dingle, The Strong, 2-19, **)
Date de diffusion : 3 mars 1961
Auteur : Rod Serling
Réalisateur : John Bram

Résumé
Dingle est un représentant en aspirateurs, timide et effacé. Souvent la cible de camarades de café, il devient la cible d’une expérience menée par deux extra-terrestres, qui le dotent d’une force surhumaine.

Le Guest
Burgess Meredith (1907-1997) connaît un début de carrière prometteur au théâtre et au cinéma (Des souris et des hommes, 1939), avant d’être inscrit sur la liste noire du Maccarthysme. Revenu à la fin de cette triste période, il apparaît dans de très nombreux films, dont la série des Rocky où il interprète le vieil entraîneur de Balboa. A la télévision il incarna le Pingouin, l’un des pires ennemis de Batman (1966-1968). Il apparaît également dans Les Mystères de l’Ouest, Bonanza, Mannix, L’homme de fer… Avec quatre rôles, il détient le record de participations à La Quatrième Dimension, à égalité avec Jack Klugman. En 1983 il se substitue d’ailleurs à Rod Serling, décédé, pour devenir le narrateur du film.

Don Rickles (1926) est un humoriste particulièrement populaire aux Etats-Unis, notamment pour ses nombreuses apparitions dans des émissions de variété, comme le fameux Rowan & Martin's Laugh-In. Il est également réputé pour ses stands up, où il s’en prend vertement au public, dans la grande tradition de l’Insult Comedy.

Commentaire
L’histoire proposée par cet épisode n’apparaît certes comme la plus marquante de l’anthologie. Elle se caractérise par un humour bon enfant mais un peu simplet, ponctuée par quelques effets spéciaux des plus transparents. La morale de l’histoire (l’humanité gâchant les dons offerts par sa veulerie) a déjà été illustrée ailleurs avec davantage de force, et la chute, quoique astucieuse, ne semble pas non plus renversante. On apprécie cependant que la victime résignée ne se transforme pas d’un coup en en super héros redresseur de torts, mais en un fanfaron à la moralité aussi peu reluisante que ses compères de bistrot.

M. Dingle (également intitulé en français Le Surhomme) ne demeure cependant pas sans attraits. Il vaut en effet par la réjouissante confrontation entre les deux comédiens totalement antagonistes que sont Burguess Meredith (une nouvelle fois excellent après Question de temps) et l’extraverti Don Rickles. Les surprenants extraterrestres se révèlent hilarants dans des costumes caricaturant joyeusement les standards pulp de l’époque. De plus, les nombreuses scènes de la vie quotidienne d’une petite vile américaine du début des années 60 revêtent aujourd’hui une plaisante saveur nostalgique.

Au total M. Dingle, récit gentiment désuet, se regarde sans ennui mais reste bien un épisode mineur de The twilight Zone.


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Message  Estuaire44 Dim 31 Jan 2010 - 0:19

Parasites (Static, 2-20, ***)
Date de diffusion : 10 mars 1961
Auteur : Charles Beaumont
Réalisateur : Buzz Kulik

Résumé
Dans une maison de retraite, Ed lindsay s’enferme dans le passé et mène une vie solitaire, ne se mêlant que peu aux autres pensionnaires. Un jour, il remarque que la radio diffuse des émissions datant de sa jeunesse, mais uniquement quand il est le seul à l’écouter…

Les Guests
Dean Jagger (1903-1991) tint de très nombreux seconds rôles au cinéma (White Christmas, 1954). Á la télévision il apparut dans Mr Novak, Bonanza, Kung Fu, Hill Street Blues… En 1957, il incarna le principal personnage d’un film de Science-fiction britannique, X : The Unknown, où l’on retrouve différents comédiens des Avengers (dont Edwin Richfield) et le réalisateur Peter Hammond, dans un petit rôle. Dean Jagger fit alors scandale en obtenant le renvoi du metteur en scène Joseph Losey, sous prétexte que ce dernier était inscrit sur la fameuse liste noire du sénateur Mccarthy.

Alice Pearce (1917-1966) fut découverte par Gene Kelly parmi les jeunes talents des revues de Broadway. Il la fit venir à Hollywood, où elle tint de nombreux rôles dans les comédies musicales de l’époque (On the Town, 1949). Elle connut la consécration en 1964, en incarnant Mme Kravitz, la voisine curieuse de Ma Sorcière bien-Aimée. Hélas elle dut quitter la série durant la deuxième saison, suite à la découverte d’un cancer des ovaires dont elle décéda prématurément en 1966. Elle sera remplacée par Sandra Gould.

Commentaire
Charles Beaumont nous offre ici un récit subtil, à l’essence très littéraire. L’auteur se garde bien de distribuer les bons et les mauvais points dans cette confrontation entre les tenants du modernisme et ceux s’isolant dans la nostalgie. A chacun ses bons et ses mauvais moments, car si Lindsay paraît irascible et intolérant, la vision de ses camarades en adoration devant le poste de télévision semble tout de même bien glaçante. On remarque d’ailleurs que, après Allez-vous en, Finchley!, l’étrange lucarne se voit de nouveau affirmée comme symbole du monde nouveau, et toujours sous un angle bien ambivalent… Ce refus d’un schéma réducteur permet à l’auteur de conférer à chacun des personnages une humanité des plus touchantes, tout en se centrant bien évidemment sur le héros dont la fragilité et le désespoir se dissimulent derrière la colère et la misanthropie.

Cette chronique douce amère du bilan rarement pleinement satisfaisant auquel chacun se voit confronté au soir de sa vie se double d’un surnaturel s’insérant dans la meilleure tradition de l’anthologie. On assiste ainsi à l’émergence d’un étrange venant troubler un quotidien banal, avec en suspens la question de la nature exacte des émissions captées par Lindsay : manifestation paranormale ou dérèglement de la personnalité ? Beaumont met superbement en exergue cette ambiguïté lors d’une conclusion aussi surprenante qu’ouverte. Si la réalisation de Buzz Kulik, confrontée au funeste Kinescope, demeure efficace à défaut de réellement imaginative, on applaudit à la performance des comédiens, rendant parfaitement sensibles les émois ressentis par leurs personnages. L’hommage rendu à l’Âge d’or de la radio émeut par sa sincérité et évoque celui de Woody Allen dans le formidable Radio Days (1987).

Un épisode mélancolique et finalement particulièrement troublant, relevant du Fantastique toujours raffiné de Charles Beaumont, dont on regrette de n’avoir pas lu une nouvelle qui correspondrait à ce magnifique script.

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Message  Estuaire44 Mar 2 Fév 2010 - 22:24

Le Manipulateur (The Prime Mover, 2-21, 2)
Date de diffusion : 24 mars 1961
Auteur : Charles Beaumont d’après une histoire de George Clayton Johnson
Réalisateur : Richard L. Bare

Résumé
Deux amis, Ace et Jimbo, tiennent une modeste cafétéria. Outre un amour inavoué pour la serveuse, Ace est un passionné des jeux d’argent. Suite à un accident, il découvre que Jimbo possède le pouvoir de télékinésie : il va aussitôt décider d’employer ce don à Las Vegas…

Le Guest
Buddy Ebsen (1908-2003) débute comme danseur à succès dans les revues de Broadway. Cela lui valut d'interpréter L'homme de fer blanc dans le classique Magicien d'Oz de 1939, avant de devoir se retirer suite à une intoxication due à des inhalations de l'aluminium de son armure. Par la suite il réalisa une belle carrière au cinéma (Diamants sur canapé, 1961). Á la télévision il tint le rôle principal dans The Beverly Hillbillies (1962-1971) et dans Barnaby Jones (1973-1980). Il apparut également dans Maverick, Hawaï Police d'État, Bonanza, Cannon...

Commentaire
L’entrecroisement des talents de Beaumont et Johnson se révèle malheureusement peu fécond. L’intrigue se montre passablement prévisible, lestée d’un humour souvent bien inoffensif et anodin. La moralité de l’histoire (l’avidité doit s’effacer devant l’amour, l’on se détruit en s’abandonnant à ses basses passions) parait assez limitée, bien inférieure à la force d’évocation montrée par de nombreux autres épisodes. La Quatrième Dimension semble atténuer son impact quand elle cède à une certaine facilité de la comédie. Le drame, effrayant ou vertigineux, lui apporte un tout autre souffle. Cette constatation se voit confirmée par la chute du récit, un happy end beaucoup trop classique, navrant par sa manière de flirter avec le sirupeux. Tout ceci reste beaucoup trop lisse.

Le Manipulateur doit heureusement son salut à la fantaisie et à l’abattage de ses comédiens, ceux-ci l’empêchant de sombrer irréversiblement dans l’ennui. On apprécie également le regard ironique porté sur la faune de Las Vegas, entre cocotte vénale et savoureuse caricature de gangsters italo-américains. On pourra comparer avec la Abondance de La Queue de Les diamants sont éternels et les Messieurs l’ayant défenestrée ! La mise en scène de Bare joue avec professionnalisme des différents trucages, mais ne manifeste guère d’inspiration par ailleurs. Tout se récupère dans cette série tristement dépourvue de moyens que demeure The Twilight Zone, et c’est ainsi que l’on retrouve pour la troisième fois la machine à sous initialement découverte dans La fièvre du jeu !

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Message  Estuaire44 Dim 7 Fév 2010 - 13:37

Conversation avec l’au-delà (Long Distance Call, 2-22, ****)
Date de diffusion : 31 mars 1961
Auteur : Charles Beaumont et William Idelson
Réalisateur James Sheldon

Résumé
Billy, un petit garçon, affirme pouvoir parler avec sa grand-mère récemment décédée, via un téléphone jouet que celle-ci lui avait offert. Le père de Billy se rend compte que la morte désire que l’enfant la rejoigne…

Le Guest
Bill Mumy (1954) a réalisé de nombreuses apparitions à la télévision, principalement dans le domaine de la Science-fiction. Il incarne ainsi Will Robinson dans Lost in Space (1965-1968) et Lennier dans Babylon 5 (1993-1999). Il est également apparu dans Ma Sorcière Bien-Aimée, Le Fugitif, Ultraman, Superboy, Star Trek Deep Space Nine... Il participe à deux autres épisodes de l'anthologie, Amour paternel et C'est une belle vie. Il jouera dans la suite de ce dernier, C'est toujours une belle vie (La Treizième Dimension, 2003), ainsi que dans son adaptation dans le film de 1983 ! Bill Mumy, musicien, mène également une carrière de doubleur.

Commentaire
Bill Idelson, jeune écrivain appartenant à la mouvance groupée autour de Matheson et Beaumont, rejoint ici ce dernier dans sa fascination pour la mort, mystère dont ils ne cessent d'explorer les différents aspects. La douloureuse question du deuil et des relations unissant les vivants et les disparus se voit ici abordée avec sensibilité, mais aussi avec un vrai sens de l’épouvante. Cette dualité assure le succès de l’épisode, avec une peinture psychologique très fine des personnages (l’innocence et l’amour inconditionnel de l’enfant, le désarroi puis la panique de la mère, le sens du devoir et de la protection du père) mais aussi un dégradé écrit avec grande habileté, conduisant d’une aimable sitcom familiale à un climat digne des meilleurs films d’horreur. Au début simplement étranges, ces conversations téléphoniques atteignent leur paroxysme lorsque le père se confronte à la grand-mère, lui expliquant la cruelle nécessité de la séparation. La présence impalpable de la morte tout au long du récit s’avère absolument extraordinaire.

L’ensemble de la distribution apparaît parfaitement convaincante, comptant pour beaucoup dans la rare intensité de l’épisode. Bill Mumy accroche déjà l’œil par l’expressivité de ses attitudes, bien avant C’est une belle vie. La réalisation de James Sheldon se montre pertinente, refusant tout effet facile et servant admirablement le jeu des comédiens. La Quatrième Dimension reste sans doute l’unique série décrivant l’étrange avec autant d’efficacité, se refusant à tout effet spécial et parvenant à distiller un malaise prégnant autour d’un simple jouet de plastique. Conversation avec l’au-delà constitue également l’ultime épisode de l’anthologie a être tourné en kinescope, les considérables économies réalisées (5 000 dollars par unité) ne compensant pas à l’évidence le désastre occasionné vis-à-vis de la qualité de l’image. Les Avengers, qui viennent alors tout juste de débuter leur aventure, devront eux attendre 1965…

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Message  Estuaire44 Mar 9 Fév 2010 - 0:31

Au bord du gouffre (A Hundred Yards Over The Rim, 2-23, ***)
Date de diffusion : 7 avril 1961
Auteur : Rod Serling
Réalisateur : Buzz Kulik

Résumé
En 1847, dans le désert du Nouveau Mexique, un groupe de pionniers affronte de graves difficultés. L’eau vient à manquer et un nourrisson souffre d’une forte fièvre. Son père décide de partir à la recherche de secours. Durant son expédition solitaire, il est inexplicablement transporté en 1961.

Le Guest
Cliff Robertson (1923) connut une longue carrière au cinéma (Les Trois Jours du Condor, 1975). Encore actif, il incarne l'oncle Ben Parker dans les récents films de Spiderman. Á la télévision, il apparaît également dans The Outer Limits, Les Incorruptibles, Batman, Falcon Crest... il participe à un autre épisode de l'anthologie, La Marionnette.

John Astin (1930) reste célèbre pour son interprétation de Gomez Addams dans La Famille Addams (1964-1966) et du Professeur Wikwire dans Les Aventures de Brisco County Jr (1993-1994). Tout au long de sa carrière il se spécialisa dans les rôles d'excentriques, souvent humoristiques, parfois menaçants. Il joua dans Les Mystères de l'Ouest, Bonanza, Le Virginien, Police Woman, L'Île Fantastique, Love Boat, Arabesques, Killer Tomatoes...

Commentaire
Cet épisode s’adresse certes avant tout au public américain, par l’évocation vibrante des pionniers de la Frontière (auxquels le nouvellement élu JF. Kennedy en appellera dans un discours resté fameux), un thème figurant toujours au premier rang de la mythologie nationale. Le pont établi entre ces glorieux aînés et les contemporains, davantage encore par la fraternité que par le biais du voyage temporel, parle ainsi avec éloquence aux spectateurs. Même si en 2010 on reste plutôt avec l’impression d’une confrontation entre deux passés, le récit demeure néanmoins fort intéressant pour nous.

L’épisode bénéficie ainsi d’une prestation absolument bouleversante de Cliff Robertson. Non seulement celui-ci compose avec une étonnante crédibilité un rude personnage de cette époque, mais il rend très émouvants son effarement, comme sa ténacité, face à l’énormité de l’évènement. La mise en scène de Buzz Kulik exploite avec un grand sens visuel la fascinante beauté du désert californien, avec de nombreux plans saisissants à force de splendeur implacable. On apprécie également qu’avec intelligence l’histoire n’use que modérément du jeu des anachronismes, pour s’en tenir avant tout à son enjeu psychologique. De même la simplicité et l’immédiateté du passage créent un étrange beaucoup plus évocateur qu’un effet spécial tapageur.

Au bord du gouffre (également intitulé en Français La Piste de l’Ouest) développe ainsi une tonalité nettement plus fine et sensible que la recherche gaguesque à tout crin de nos Visiteurs, pourtant bâti sur un thème assez similaire par ailleurs.

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Message  Estuaire44 Sam 13 Fév 2010 - 22:11

Rendez-vous dans un siècle (The Rip Van Winkle Caper, 2-24, 3)
Date de diffusion : 21 avril 1961
Auteur : Rod Serling
Réalisateur : Justus Addiss

Résumé
Après le vol d’une importante quantité d’or, quatre bandits se dissimulent dans le désert. Ils vont hiberner durant un siècle pour se faire oublier et pouvoir profiter paisiblement de leur butin. A leur réveil ils constatent la mort de l’un d’entre eux, mais il ne s’agit que du début de leurs ennuis !

Les Guests
Oscar Beregi (1918-1976) dut à son accent et à ses origines hongrois d’interpréter de nombreux personnages d’Européens de l’Est et d’Allemands. Outre de multiples apparitions au cinéma, il joua également dans : Papa Schultz, Des Agents Très Spéciaux, Max la Menace, Les Mystères de l’Ouest, Mission Impossible, Mannix, Kojak… Dans Les Incorruptibles il tint également le rôle semi récurrent du gangster Joe Kulak. Il apparaîtra dans un autre épisode de La Quatrième Dimension, Le musée des morts.

Simon Oakland (1915-1983) se spécialisa dans les personnages détenteurs d’autorité. Il fut ainsi le patron de Carl Kolchak dans The Night Stalker (1972-1975) et le général Moore, supérieur de Pappy Boyington dans Les Têtes Brûlées (1976-1978). Il apparut également dans Les Incorruptibles, Perry Mason, Bonanza, Max la Menace, Hawaï Police d’État… Au cinéma, il participa à Psychose, West Side Story, Bullitt etc. Simon Oakland, violoniste de haut niveau, débuta sa carrière en donnant de nombreux concerts à travers le pays.

Commentaire
Au-delà de la très originale idée initiale de la cryogénisation, c’est à un très classique récit de film noir, genre alors encore très en vogue, que recourt ici Rod Serling. Selon un schéma assez classique, les gangsters vont se déchirer pour la possession du « grisbi », jusqu’à la catastrophe finale. L’épisode vaut néanmoins par l’implacable efficacité de la narration, la chute morale de ces hommes perdus les réduisant progressivement à l’état de fauves féroces, avec un réalisme absolument glaçant. La leçon de cette histoire, pour convenue qu’elle soit, revêt dès lors un authentique impact. Rod Serling prouve ainsi l’étendue de son talent de conteur, même lorsqu’il aborde d’autres styles que la Science-fiction (et tant pis pour les inévitables absurdités de détail). Il pousse l’habileté jusqu’à rajouter à la prévisible conclusion une chute par contre tout à fait renversante, dont l’humour noir rejoint lui la grande tradition de The Twilight Zone.

L’épisode bénéficie également de deux grands numéros d’acteurs. Oscar Beragi apparaît absolument magistral en scientifique présomptueux, totalement pris de court par la variable humaine de son équation et progressivement dépouillé de sa superbe, jusqu’à rejoindre la lie qu’il toisait de haut initialement. En voyou avide et sadique, Simon Oakland lui offre une superbe opposition, au cours de scènes particulièrement intenses. La mise en scène de Justus Addiss parvient à tirer le meilleur des faibles moyens impartis, même si ces simplistes caissons en plexiglas et cette fluette fumée laissent tout de même apercevoir la misère. Il parvient à souligner judicieusement le jeu des comédiens et à exploiter avec pertinence l’impressionnant décor naturel aride.

Á ce propos il ne s’agit en rien d’un hasard si le précédent opus se déroulait également dans le désert californien : toujours talonné par l’impérieuse nécessité de réduire les coûts, Serling couple dès que possible les tournages et l’action se déroule ainsi exactement dans la même région de la Vallée de la Mort que Au bord du gouffre ! Toujours dans cette optique de gestion de la pénurie, l’anthologie récupère pour la énième fois un élément des plateaux de Planète Interdite (1956), en l’occurrence la délicieusement datée voiture futuriste. Le combat continue !

Pour l’anecdote le titre original de l’épisode s’inspire d’une nouvelle de Washington Irving (1782-1859), parue en 1819 : Rip Van Winkle. Elle raconte l’histoire d’un promeneur que des esprits d’une montagne maintiennent endormi durant vingt ans. Il découvre alors que le monde a bien changé. Rip Van Winkle demeure une figure populaire des lointaines origines de la Science-fiction et reste souvent évoqué dès lors qu’il est question d’hibernation ou de sommeil suspendu.

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Message  Estuaire44 Dim 14 Fév 2010 - 16:37

Le silence est d’argent (The Silence, 2-25, ****)
Date de diffusion : 28 avril 1961
Auteur : Rod Serling
Réalisateur : Boris Sagal

Résumé
Par son bavardage incessant, Jamie Teenyson épuise tous les membres de son club huppé. Un jour le très respecté Colonel Taylor lui propose un étrange marché : s’il garde un silence ininterrompu durant un an, une forte somme lui sera versée. Connaissant des revers de fortune, Teenyson accepte.

Les Guests
Franchot Tone (1905-1968) fut une grande figure de Broadway et l’un des tous premiers comédiens de théâtre à mener parallèlement une carrière au cinéma, au début des années 30. Spécialisé dans les personnages de la haute société, il apparut régulièrement à l’écran aux côtés de son épouse Joan Crawford, avant leur divorce en 1939 (Dancing Ladies, 1933). Il participa à plusieurs anthologies des années 50, mais aussi à des séries de Western comme Bonanza ou Le Virginien.

Liam Sullivan (1923-1998) joua les méchants dans un nombre impressionnant de séries : Star Trek (le célèbre télépathe Parmen), Cheyenne, Alfred Hitchcock Présente, Perry Mason, Les Incorruptibles, Honey West, The Monroes, Mannix, Magnum, Misfits of Science…


Commentaire
Rod Serling nous propose ici l’un des épisodes les plus étrangers à la Science-fiction de toute l’anthologie, mais néanmoins terriblement troublant par sa noirceur. D’une situation confinant initialement à la comédie, le récit s’aventure par la suite de plus en profondément dans les sombres replis de l’âme, dans une mécanique aussi glaciale que logique dans sa folie. Cette étude psychologique audacieuse se double d’une satire mondaine acérée autour du thème de la chute, dénonçant l’hypocrisie des représentations et la dureté sous-jacente des relations sociales. Les deux héros de cette aventure, au ton évoquant souvent Poe, construisent leur propre malheur avec une inébranlable résolution, illustrant avec un rare tranchant la folie des hommes. Cette inexorable progression débouche sur une horrifiante conclusion, comptant parmi les plus sardoniques de la série.

The Silence reste une superbe mécanique, de plus mise en valeur par le jeu intelligemment théâtral de comédiens idéalement choisis. La mise en scène parvient par ailleurs à éviter toute emphase hors de propos. Boris Sagal, père de l’actrice Katey Sagal (Mariés, deux enfants, Sons of Anarchy), manifeste ici le même talent pour filmer un antagonisme cruel et destructeur que bien plus tard dans Masada (1981), à l’issue d’une très riche carrière. Il arrive également à tirer le meilleur d’un aléa du tournage, une blessure au visage de Franchot Tone, filmant le comédien de profil en un effet très menaçant. Pour l’anecdote le récit de Serling consiste en une variation autour d’une histoire similaire d’Anton Tchekhov : Le Pari (1899). La joute s’y effectue sur l’aptitude à vivre totalement seul durant 15 ans.

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Message  Estuaire44 Mer 17 Fév 2010 - 20:44

Peine capitale (Shadow Play, 2-26, ****)
Date de diffusion : 5 mai 1961
Auteur : Charles Beaumont
Réalisateur : John Brahm

Résumé
Adam Grant semble enfermé dans un cauchemar récurrent : sans cesse il se voit condamné à mort, la séquence se poursuivant jusqu’à l’exécution. Il tente d’alerter les personnes croisées sur ce qui se déroule et de trouver une porte de sortie.

Les Guests
Dennis Weaver (1924-2006) a tenu plusieurs rôles marquants au cinéma, comme celui du héros de Duel (1971) Á la télévision il a interprété des personnages récurrents dans Gunsmoke (1955-1964) et Un Shérif à New York (1970-1977). Artiste complet il a réalisé plusieurs albums de Country Music et souvent interprété Shakespeare sur scène. Militant activement pour l’écologie, il fit sensation à la fin des années 80 en emménageant dans une demeure entière bâtie avec des matériaux de récupération (pneus et boites de conserve).

Commentaire
À travers cet épisode l'écrivain Charles Beaumont exprime avec une force particulière son attractivité quasi maladive pour la mort. Il l'aborde ici sous un angle particulièrement brutal et insoutenable, celui de la peine capitale. Si l'horreur s'en voit évoquée sans fard, il ne s'agit pourtant pas de dénonciation qu'il s'agit mais bien de fascination horrifiée. Cette optique pourra surprendre le public européen mais nous vaut un récit particulièrement fort et troublant.

Outre un suspense digne de Hitchcock autour de la concrétisation de la prédiction de Grant cette idée purement géniale d'un personnage accomplissant en boucle le même cauchemar suscite une exploration vertigineuse du monde onirique encore plus parachevée que lors du déjà excellent La poursuite du rêve (sans parler du plus modeste Sans escale de vie à trépas). Le récit multiplie ainsi à plaisir les détails discordants ainsi que les passages accélérés d'une scène à l'autre, caractéristiques des rêves.

La mise en scène du vétéran John Brahm se révèle particulièrement imaginative, jouant avec un art consommé de la photographie (sublime noir et blanc) et d'angles appuyés pour distiller une atmosphère distordue dans cet univers. Les décors y contribuent puissamment, volontairement schématiques et aux lignes fuyantes. L'audace va jusqu'à insérer l'un des rares effets spéciaux de l'anthologie, l'écran se divisant en deux fenêtres lors de la narration de l'exécution par Grant, avec un efficace travelling avant sur la chaise électrique.

La réalisation souligne efficacement le jeu ardent des interprètes, avec en particulier l'impressionnante prestation de Dennis Weaver, particulièrement convaincant en homme désespéré dont les implacables cauchemars corrodent inexorablement la raison. Son portrait en unique détenteur de la vérité mais, tel Cassandre, impuissant à en convaincre les autres, entre réalisme exacerbé et folie, interpelle le spectateur par sa cruelle ironie.

Bien avant Un jour sans fin (et le Monday des X-Files), Peine capitale apporte une vision particulièrement sinistre du thème toujours efficace du verrou temporel. Il se positionne comme l'un des sommets de cette deuxième saison de The Twilight Zone par sa troublante réflexion sur la nature même de la réalité.

Fait rarissime, cet authentique chef-d'oeuvre se verra parfois supplanté par son remake de La Cinquième Dimension (1986), qui constitue sans doute le meilleur épisode de cette anthologie inégale. Il ira encore plus loin dans la distorsion onirique des événements ainsi que dans l'emprisonnement du héros dans ses fantasmes morbides.

Pour l'anecdote, l'espace d'une seconde, on aperçoit parmi les prisonniers Bernie Hamilton, le futur Capitaine Dobey de Starsky et Hutch (1975-1979) !

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Message  Estuaire44 Ven 19 Fév 2010 - 6:25

L’Esprit et la Matière (The Mind and The Matter, 2-27, ***)
Date de diffusion : 12 mai 1961
Auteur : Rod Serling
Réalisateur : Buzz Kulik

Résumé
Archibald Beechcroft est un aigri, imbu de lui-même et détestant ses contemporains. Á travers une méthode de contrôle de la pensée, il se découvre omnipotent. Il entreprend diverses expériences pour résoudre le problème de cette population si difficile à supporter…

Les Guests
Shelley Berman (1926) est un humoriste populaire aux États-Unis pour ses participations à de multiples émissions de variété, ainsi que pour ses stands up souvent improvisés. Il apparaît également dans Des Agents Très Spéciaux, Max la Menace, Vegas, Police Woman, K2000, Friends, Dead like Me… Toujours actif, il tient des rôles semi récurrents dans Boston Legal (2004-2008) et Curb your Enthusiasm (à partir de 2000).

Commentaire
L’Esprit et la Matière aborde le thème de la souffrance sociale véhiculée par le monde du travail contemporain de manière bien plus légère et humoristique que Arrêt à Willoughby. Archibald Beechcroft n’est pas un individu sensible, peu à peu laminé jusqu’à désirer désespérément une porte de sortie, quelle qu’elle soit. Bien au contraire il s’agit d’une boule de colère perpétuelle, dont le dégoût envers autrui s’avère très amusant. L’épisode doit beaucoup à l’abattage de Shelly Berman, impeccable en misanthrope irascible. Il porte le récit à lui tout seul, comme lors de ces stands up dont il a le secret.

Á l’opposé d’un Fantastique à la tonalité finalement morbide, cette histoire développe une joyeuse fantaisie, en développant une version modernisée du thème traditionnel du génie (que l’on retrouve dans Dream of Genie et The Man in the Bottle). Le tout puissant Beechcroft s’adresse à sa conscience exactement comme d’autres l’on fait à la créature fabuleuse, et avec un insuccès similaire de ses souhaits de plus en plus biscornus ! On remarque d’ailleurs qu’il annihile l’Humanité (momentanément !) comme plus tard Mulder dans Je souhaite, brillant hommage à ce style d’histoire. On apprécie que le scénario joue franchement la carte du délire, sans aucun souci de vraisemblance, même si la conclusion se révèle finalement un peu trop classique.

La mise en scène se montre également efficace et vive, notamment appuyée par une pétillante musique. Par contre les « sosies » du héros, représentés par des masques grossiers, illustrent avec éloquence la faiblesse des moyens de l’anthologie. Les confrontations du héros avec lui-même sont réalisées avec des effets spéciaux simples mais astucieux, comme souvent dans La Quatrième Dimension. L’épisode revêt une véritable valeur documentaire sur le quotidien du début des années 60, avec une jolie reconstitution du monde des employés du bureau et surtout du métro de l’époque. Un brin résigné, l’on se rend compte que rien n’a réellement progressé depuis….

L’Esprit et la Matière constitue une fable joyeuse et iconoclaste, en définitive optimiste, sur la dimension sociale de l’homme et la nécessaire tolérance. On pourra également s’amuser à y discerner une inversion humoristique de la fameuse sentence de Sartre, selon laquelle « L’Enfer, c’est les autres » !



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Message  séribibi Sam 20 Fév 2010 - 2:42

Sublime épisode que "Peine capitale", le meilleur selon moi de toute la série !
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Message  Estuaire44 Sam 20 Fév 2010 - 8:31

Y a-t-il un Martien dans la salle ? (Will the Real Martian Please Stand Up ?, 2-28, ***)
Date de diffusion : 26 mai 1961
Auteur : Rod Serling
Réalisateur : Montgomery Pittman

Résumé
Suite à une tempête de neige, les passagers d’un bus doivent s’abriter dans une cafétéria. Un vaisseau martien s’écrase à proximité. Deux policiers soupçonnent son pilote de se dissimuler parmi les voyageurs et entreprennent de le découvrir.


Les Guests
Barney Phillips (1913-1982) connut une grande popularité dans les séries policières des années 50 et 60 (Les Incorruptibles, Johnny Midnight, The Brothers Brannagan...). Il apparaît dans trois épisodes : Allez-vous en, Finchley !, Y a-t-il un Martien dans la Salle? et Miniature.

John Hoyt (1905-1191) apparut dans de nombreuses séries télé : Papa Schultz, Star Trek, The Monkees, Max la Menace, Kolchak, Battlestar Galactica... Il participe également à l'épisode Les robots du Dr. Lauren.

Jack Elam (1920-2003) participa à de très nombreux Westerns du petit et du grand écran, où son physique très particulier le prédestina toujours aux rôles de tueur. C’est lui qui enferme une mouche dans le canon de son révolver, lors de la mythique scène d’ouverture de Il était une fois dans l’Ouest (1968).

Commentaires
Y a-t-il un martien dans la salle ? constitue une satire parfaitement divertissante des films de Science-fiction de l’époque, remplis à ras bord de créatures hostiles venues d’outre espace. Tous les poncifs apparaissent fidèles au rendez-vous : atterrissage du vaisseau martien (on ne dit pas encore « alien ») dans une zone isolée, intrus se dissimulant dans la population, paranoïa ambiante de le Guerre froide, héros des forces de l’ordre etc. Et pourtant, dans un glissement de scénario très habile, l’on se retrouve au sein d’un vrai Whodunit, pétillant d’humour corrosif.

En effet tous les clichés coutumiers du genre se voient en effet distordus. La population américaine, sensée supporter l’épreuve avec héroïsme, se révèle un groupe de personnalités médiocres et égoïstes, ne pensant qu’à soi et totalement dépassées par les circonstances. Les policiers se montrent d’abord efficaces et consciencieux, mais tournent vite en rond, incapables d’esquisser la moindre stratégie et se cantonnant à un suivisme borné du règlement. Il faut les voir libérer le groupe dès que possible, visiblement soulagés de se débarrasser au plus vite du fardeau, avant de lorgner une jolie femme de l’assistance. Il n’y a aucun David Vincent dans la salle…

Comme Serling a l’habileté de nous raconter une véritable histoire, sans se limiter à la simple caricature, la tension finit malgré tout par monter. Mais l’intrigue accélère alors brusquement pour se conclure sur l’une des chutes les plus retentissantes et ironiques de l’anthologie, où tel est pris qui croyait prendre ! Au total l’écriture parvient à entremêler suspense et comique sans que l’un porte préjudice à l’autre, bien au contraire. La mise en scène tonique et enlevée de Montgomery Pittman réussit à animer ce huis clos, aidée par quelques effets spéciaux aussi simples que judicieusement insérés.

Les interprètes jouent avec une visible délectation la carte du pastiche, tandis que se détache un Jack Elam totalement en roue libre dans son personnage de joyeux drille sabotant avec entrain les scènes chocs censées distiller de l’angoisse. On lui doit la superbe répartie résumant tout l’esprit de ce joyeux pendant des Monstres de Maple Street : « On dirait un film de Science-fiction, comme une histoire à la Ray Bradbury ! ». Le grand auteur allait d’ailleurs s’aventurer dans La Quatrième Dimension au cours de la saison suivante, durant une bien trop brève excursion.



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Message  Estuaire44 Sam 20 Fév 2010 - 13:02

L’Homme Obsolète (The Obsolete Man, 2-29, ***)
Date de diffusion : 2 juin 1961
Auteur : Rod Serling
Réalisateur : Elliot Silverstein

Résumé
Dans une société future totalitaire, les livres sont bannis car considérés comme inutiles et pernicieux. Un libraire se voit condamné à mort pour obsolescence. Il demande à ce que l’exécution soit diffusée en direct, en présence du dirigeant ayant mené son procès.

Les Guests
Burgess Meredith (1907-1997) connaît un début de carrière prometteur au théâtre et au cinéma (Des souris et des hommes, 1939), avant d’être inscrit sur la liste noire du Maccarthysme. Revenu à la fin de cette triste période, il apparaît dans de très nombreux films, dont la série des Rocky où il interprète le vieil entraîneur de Balboa. Á la télévision il incarna le Pingouin, l’un des pires ennemis de Batman (1966-1968). Il apparaît également dans Les Mystères de l’Ouest, Bonanza, Mannix, L’Homme de Fer… Avec quatre rôles, il détient le record de participations à La Quatrième Dimension, à égalité avec Jack Klugman. En 1983 il se substitue d’ailleurs à Rod Serling, décédé, pour devenir le narrateur du film.

Fritz Weaver (1926) a interprété de multiples seconds rôles au cinéma et à la télévision (Des Agents Très Spéciaux, Rawhide, Mission Impossible, Gunsmoke, Mannix, Kung Fu, Hawaï Police d’État, Magnum, Arabesque, Matlock, Law & Order, Star Trek: Deep Space Nine, Holocauste etc.) Il a également assuré le commentaire de nombreux documentaires. Fritz Weaver joue également dans l’épisode La Troisième à partir du Soleil.

Harold Innocent (1933-1993), comédien britannique, a mené carrière des deux côtés de l’Atlantique, notamment dans de nombreuses séries anglaises. Cela lui vaut de figurer dans deux épisodes des Avengers : Les Sorciers et Du bois vermoulu.

Commentaire
Pour cet ultime épisode de sa deuxième saison, La Quatrième Dimension s’essaie une nouvelle fois à la dystopie après The Eye of The Beholder. L’épisode n’échappe pas à une certaine grandiloquence, soit le danger récurent inhérent à ce style littéraire décrivant des futurs cauchemardesques et opposé à l’utopie. Dans ce monde proche du Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, les dialogues peuvent sembler parfois trop démonstratifs, tandis que la multitude de dispositions légales autorisant la machination du condamné ressort bien trop providentielle pour ne pas résulter artificielle.

Cet éloge de la liberté et de la littérature conserve cependant une réelle force, grâce à l’éloquence des interprètes, avec un lumineux Burgess Merdith idéalement choisi pour le rôle du bibliothécaire après Question de temps mais aussi un Fritz Weaver tout à fait étonnant en procureur diabolique. On apprécie également les sinistres décors du tribunal, parfaitement suggestifs de la folie de cette société et la mise en scène tout en angles de vue distordus d’Elliot Silverstein, achevant de conférer à cette vision de l’avenir son aspect de cauchemar.

On remarque au passage qu’après Allez vous en, Finchley ! ou Parasites, l’anthologie décoche un nouveau coup de griffe à l’étrange lucarne, dans une troublante vision prophétique de la « télé réalité » la plus voyeuriste, puissant outil de la déculturation d’une société. Un réalisme indéniable, donnant plus de force encore à la vibrante déclaration finale de Serling en faveur des Droits de l’Homme et de la démocratie, indissociables de la liberté de lire et d’écrire. Une conclusion éloquente pour une saison ayant toujours porté haut les valeurs de l’humanisme.



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Message  Estuaire44 Sam 20 Fév 2010 - 16:17

Top 5 de la saison

1) Les Prédictions
L’épisode synthétise à merveille les incongrus dysfonctionnements de notre réalité, constituant l’un des courants les plus féconds de l’anthologie. Richard Matheson y excelle particulièrement et démontre encore une fois la vivacité de son imagination. Et puis découvrir William Shatner en homme influençable sauvé par la solidité de son épouse, cela n’a pas de prix !

2) Peine capitale
Magnifique variation sur le thème des mondes oniriques mais aussi sur celui du verrou temporel. Beaumont y exprime éloquemment sa fascination pour la mort, à travers une évocation de la peine de mort qui ne laissera pas intact le spectateur. L’ardent suspense e voit porté par une mise en scène implacable et un Dennis Weaver absolument magistral

3) L’Œil de l’Admirateur
Brillante dénonciation de toutes les dictatures à travers celle des canons esthétiques, cet épisode, aussi décalé qu’abouti, constitue également un pur chef-d’œuvre audiovisuel par sa réalisation des plus audacieuses et imaginatives. L’apparition des terribles maquillages reste l’une des images fortes les plus popularisées de La Quatrième Dimension. Du grand Serling.

4) Les Envahisseurs
Richard Matheson ne se résume pas à une source inépuisable d’idées originales, il s’avère également un conteur accompli comme l’illustre la palpitante narration de cet implacable duel. La mise en scène parvient à ménager de superbes effets malgré la faiblesse des moyens mis à sa disposition, tandis qu’Agnès Moorehead crève l’écran en forte femme développant une étonnante sauvagerie.

5) L’Homme qui hurle
Un épisode très à part dans cette anthologie empreinte de modernité et ouverte aux nouvelles voies du Fantastique. Charles Beaumont y exprime avec une force de conviction palpable son inspiration remontant aux classiques du genre, qu’il s’entend tout de même à dépoussiérer. Cette fable moraliste doit également beaucoup au talent de ses interprètes, réellement pénétrés par leurs rôles.
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Message  Estuaire44 Dim 7 Mar 2010 - 22:21

On se souvient (ou pas) de 2 Unlimited, Ray et Anita, les rois de l'Eurodance des années 90. En 1992, ils sortaient un single intitulé "The Twilight Zone"...

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Message  klokloh Mer 7 Avr 2010 - 17:04

Je n'ai pas le courage de tout revoir mais, relisant sur le site les critiques d'Estuaire44, j'ai noté dans 7. LES PRÉDICTIONS cette petite phrase qui correspond bien à ce qu'il en est ressorti pour moi après avoir vu The Box :
"Sans trémolo ni pathos, Matheson dresse de plus un percutant plaidoyer pour la liberté, y compris avec ses inconnues et ses périls, si préférable à la soumission à l’obscurantisme ou à toute autre forme de tyrannie."

Je me souviens alors avoir évoquer cette expérience présentée dans Icare avec Yves Montand, mais je ne retrouve pas où Série "La Quatrième Dimension" - Page 5 Icon_redface ...


"Sortie ce mercredi de The Box, un film avec Cameron Diaz reprenant une
nouvelle de Richard Matheson des années 70, déjà adaptée dans La
Cinquième Dimension
en 1986 (une réussite, comme assez souvent dans les
deux premières des trois saisons de cette série). Je le recommande car
il s'agit d'une histoire particulièrement subtile et diabolique, à la
chute réellement déstabilisante. Du grand Matheson. Ayant lu et vu les
deux versions précédentes, j'attendrai la sortie DVD. Je m'interroge
tout de même sur le portage au format long. Le texte est relativement
bref, convenant idéalement à The Twilight Zone, je crains un éventuel
délayage minorant l'impact de l'ensemble. " écrivait Estuaire44 en page 7 de ce topic.


Qui d'autre a vu ce film ? Pour moi, j'attends l'avis d'Estuaire44 (il m'a promis à la dernière réunion d'aller le louer puisque maintenant il est sorti en DVD).
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Message  Estuaire44 Mer 7 Avr 2010 - 17:13

Dans deux semaines, d'ici là c'est charette ! Very Happy

Je suis toujours aussi sceptique mais on verra bien !
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Message  klokloh Mer 7 Avr 2010 - 17:45

Justement, j'aimerai avoir ton avis sur tous ces trucs bizarre qui "encombrent" le film, mais peut-être que c'est moi qui suis ignare en la matière et n'ai pas su décoder je ne sais quelle vision fantastico-spirituelle de l'auteur ? (Et alors là, Estuaire44 se dit : "Couac ? Qu'est-ce qu'elle a bu, la Klokloh ???" Série "La Quatrième Dimension" - Page 5 Icon_clown Héhé !)
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Message  Estuaire44 Mer 7 Avr 2010 - 17:54

Ah, certains critique ont parfois parlé de sabir "fantastico/spirituel" concernant certains épisodes des X-Files écrits par Chris Carter, genre La sixième extinction et compagnie. En l'occurence c'était assez creux et ennuyeux en effet.
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Message  klokloh Jeu 8 Avr 2010 - 18:37

Oui, tu écris à la fin de ta critique de ce double épisode :"Au total, La sixième extinction parvient à s’extraire de son bourbier religio-ufologique inepte pour atteindre un Fantastique d’excellente qualité."

Pas sûr que The Box ai atteint un Fantastique d’excellente qualité, ou alors je me suis endormie avant la fin... Série "La Quatrième Dimension" - Page 5 Drunken_smilie !
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Message  klokloh Dim 11 Avr 2010 - 10:02

Aïe-aïe-aïe : ça y est : j'ai craqué !!!! Série "La Quatrième Dimension" - Page 5 Icon_pale
Je viens de commander pour un prix très, mais alors vraiment très intéressant, le coffret des Saisons 1 à 4... Série "La Quatrième Dimension" - Page 5 Icon_cheers
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Message  Estuaire44 Dim 11 Avr 2010 - 10:26

Il n'y a pas de mal à se faire du bien hein
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Message  Invité Dim 11 Avr 2010 - 19:36

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Message  klokloh Dim 11 Avr 2010 - 21:05

Merci Steed3003 ! Série "La Quatrième Dimension" - Page 5 Icon_biggrin

PS : tu n'as pas mis le lien depuis la saison 1 ???
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Message  klokloh Lun 19 Avr 2010 - 11:42

J'ai commencé à regarder les premiers épisodes : pour l'instant, à défaut de grande frayeur ou d'angoisse incontrôlable, j'y vois surtout un charme désuet, une nostalgie rafraîchissante... avec beaucoup de plaisir.
Le pilote, Solitude, qui m'a bluffée jusqu'à la chute, tient plus de la science-fiction que du fantastique, et dans le deuxième épisode, Pour les anges, voir Mister Death acheter fébrilement cravates en soie et fil incassable, subjugué par le boniment de celui qui doit "partir", vaut son pesant de cacahuètes !
Lorsque j'avais lu la critique du 4e (Du succès au déclin), je m'attendais à voir une actrice ayant passé largement les 70 ans... que nenni ! Elle n'en a même pas 50, encore très belle, mais ne veut pas jouer les mères de famille ! Comme quoi suivant les époques, les critères de jeunesse/vieillesse sont totalement différents. Série "La Quatrième Dimension" - Page 5 Icon_biggrin
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Message  Estuaire44 Mar 20 Avr 2010 - 16:40

Encore très belle, absolument. Mais cela rend plus évident encore le narcissisme nostalgique du personnage. Et puis, malheureusement (et c'est sans doute aussi vrai aujourd'hui qu'au début des années 60), le temps passe plus vite pour les actrices que pour les autres femmes. Hollywood est encore très machiste de ce point de vue, et de nombreuses comédiennes se plaignent, notamment dans la presse, que dès 40 ans passées elles ont plus de difficulté à tourner et disposent d'un éventail de personnages plus réduit que leurs homologues masculins.
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Message  Estuaire44 Mar 27 Avr 2010 - 23:05

Saison 3 (1961-1962)
La troisième saison de The Twilight Zone se voit marquée par un relatif épuisement narratif chez Rod Serling.. Outre ses multiples et écrasantes tâches de Showrunner, ce dernier continue à écrire plus de la moitié des scénarios et avoue lui-même une certaine lassitude. On ressent un certain relâchement de son inspiration, tandis que plusieurs épisodes apparaissent comme des redites de précédents (Le joueur de billard évoque nettement Un coup de trompette, Deux renoue avec des sensations assez proches de Solitude...). Si Colgate-Palmolive demeure l’un des deux sponsors de la production, American Tobacco (Chesterfields) se substitue désormais à General Foods. S’il respecte l’indépendance d’écriture, le nouveau venu exige cependant de Serling qu’il délivre un message promotionnel à l’issue de chaque épisode financé. Cela ne contribuera pas à renforcer l’enthousiasme déclinant de Serling…

Cette difficulté à se renouveler n'empêche pas cependant la nouvelle saison de comporter encore plusieurs joyaux de l'anthologie, grâce à l'arrivée de nouveaux écrivains aux côtés de Beaumont et Matheson où à de superbes adaptations par Serling d'autres auteurs. La Quatrième Dimension reçoit encore diverses distinctions, dont un troisième Prix Hugo (un record seulement égalé par Doctor Who). Les vedettes, établies ou en devenir, continuent à se succéder au sein d'un casting toujours étincelant (Peter Falk, Elizabeth Montgomery, Robert Redford, Buster Keaton...). Le terme Twilight Zone se diffuse désormais dans le langage courant et journalistique pour exprimer une situation bizarre.

Avec des thèmes ressassés, plusieurs épisodes statiques ou empesés et une difficulté à trouver de nouveaux sponsors, CBS et Serling lui-même cèdent néanmoins à l'effet d'usure. À l'issue de cette saison, au printemps 1962, l'anthologie est mise en suspens. Cette pause allait durer une année, jusqu'au début de 1963. Elle va entraîner de grands changements au sein de la production et un affaiblissement de la position de Serling. Même si les saisons 4 et 5 développeront encore moult épisodes captivants, de nombreux fans et critiques estiment que l’âge d’or de l’anthologie, le plus innovant et audacieux, s’achève avec cette saison 3.


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Message  Estuaire44 Jeu 29 Avr 2010 - 1:57

Deux (Two, 3-01, ***)
Date de diffusion : 15 septembre 1961
Auteur : Montgomery Pittman
Réalisateur : Montgomery Pittman

Résumé
Dans un autre monde, seules deux personnes, un homme et une femme, ont survécu à un conflit atomique. Il s'agit de militaires appartenant chacun à une armée adverse. Leur rencontre va-t-elle poursuivre une guerre absurde ou déboucher sur un nouvel espoir ?

Les Guests
Charles Bronson (1921-2003) demeure un comédien particulièrement populaire pour ses personnages durs et justiciers, dans des domaines aussi variés que le film de guerre (Les Douze Salopards 1967), le western (Les Sept Mercenaires 1960, Il était une fois dans l'Ouest 1968) ou le policier (Un justicier dans la ville, 1974). Au début de sa carrière (années 50 et début des 60), il a également beaucoup tourné pour la télévision : Bonanza, Rawhide, Gunsmoke, Les Incorruptibles...

Elizabeth Montgomery (1933-1995) est bien entendu l'inoubliable interprète de Ma Sorcière Bien-Aimée (1964-1972). Elle vient compléter la future distribution de cette série, de manière amusante déjà présente dans différents épisodes de The Twilight Zone. Elizabeth Montgomery participe également à Alfred Hitchcok Présente, Les Incorruptibles, ainsi qu'à de très nombreux téléfilms. Aux côtés de Dick Sargent, elle milite activement pour la défense des droits des homosexuels (Gay Pride 1992), ainsi que contre le SIDA. Cette grande figure de la télévision américaine décède à 62 ans d'un cancer particulièrement foudroyant.

Commentaire
Deux constitue un lancement prometteur pour cette nouvelle saison. Plusieurs atouts militent en effet en sa faveur. L’intrigue écrite par l’artiste aux multiples talents que fut Montgomery Pittman (réalisateur également ici) joue habilement jusqu’ à la conclusion de l’ambiguïté existant dans les relations entre l’Homme et la Femme. Leur volonté naturelle de s’unir face à l’horreur de la situation se trouve sans cesse contrecarrée par les pulsions paranoïaques héritées de l’embrigadement et du conflit. Il en découle un suspense psychologique captivant à suivre, d’autant que l’histoire s’entend à varier ses effets et à ménager des surprises. La morale de l’histoire s’inscrit à merveille dans la féconde veine humaniste de l’anthologie, non sans manifester par ailleurs une belle audace. Elle met ainsi, avec d’évidentes références, sur le même pied États-Unis et URSS face à leur antagonisme autodestructeur, ce qui tranche pour le moins avec le discours ambiant au moment où la Guerre Froide atteint son paroxysme.

Si la mise en scène de Pittman s’avère simplement efficace, un autre point fort de l’épisode réside dans son étonnant décor de cité déserte, criant de vérité. Et pour cause, la production a eu l’excellente idée de tourner dans des décors laissés à l’abandon depuis longtemps, auquel il fallut finalement peu d’ajouts pour donner une apparence de fin du Monde. La patine naturelle et quelques excellentes idées comme les diverses affiches, toutes suggestives, produisent un impact vraiment détonnant. Le renversant casting vient couronner le tout, avec deux grandes vedettes en devenir. Bronson et Liz Montgomery, particulièrement éloignée de Samantha, ne se limitent pas à figurer à l’affiche et apportent une étonnante humanité à leurs personnages, une réussite d’autant plus brillante que l’épisode demeure quasiment muet.

Et pourtant Deux se contente de figurer comme un excellent épisode, sans accéder au rang de chef d’œuvre du fait de quelques dommageables facilités. D’un point de vue assez anecdotique on pourra s’étonner de plusieurs détails contradictoires avec l’ambiance de dévastation, comme l’uniforme finalement très sexy de la Femme ou la présence d’eau potable. L’épisode ne tente pratiquement pas d’exploiter l’angoissante solitude subie par les héros, demeurant moins intense que la situation équivalente mais autrement plus stressante développée dans le pilote de la série. Mais cette ligne édulcorante qui minore la réussite de l’épisode s’exprime avec une force particulière lors de la conclusion. Celle-ci semble bien démonstrative et optimiste, une autre considérablement plus sombre et réaliste aurait permis de parachever plus efficacement la dénonciation de l’horreur et de l’absurdité de la guerre.

Mais ces critiques proviennent d’un regard contemporain habitué à des séries actuelles ne mégotant pas sur le réalisme le plus cru, parfois jusqu’à l’insoutenable (y compris dans le genre post-apo). Dans le cadre des années 60, cet épisode se montre étonnamment éloquent et courageux, confirmant en cette orée de la troisième saison que La Quatrième Dimension demeure fidèle à ses fondamentaux (et cela même si la part de Science-fiction ou de Fantastique semble relativement minime…)

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Message  Invité Jeu 29 Avr 2010 - 10:15

Je suis réellement admiratif et impressionné par la qualité de tes commentaires et critiques, Estuaire.

Je n'ai pour l'instant regardé que ton travail sur la première saison, ça m'a obligé à me replonger rapidement sur l'ensemble des épisodes que j'ai vus ou revus pour la dernière fois lors de leur sortie DVD, il n'y a même pas 2 ans et demie et bien, je ne sais pas si Alzheimer me guette, mais c'est fou le nombre d'épisodes (la moitié à peu près) dont je ne me souvenais que très vaguement ou dont j'avais souvent oublié la chute. J'espère que la mémoire me jouera moins de tours quand je me repencherai sur la S2 en poursuivant la lecture de tes passionnants commentaires, rigoureux et si bien écrits.

Je ne voudrais pas trop perturber la bon déroulement de ce topic alors que tu entames déjà l'analyse de la S3 mais pour l'instant, je ne peux que donner mon Top 10 de la S1... J'espère que tu me pardonneras ce léger retard...


  1. Un monde à soi (un de mes épisodes favoris toutes saisons confondues)
  2. Infanterie "Platon" (que j'ai découvert lors de cette sortie DVD, un épisode assez bouleversant)
  3. Neuvième étage (l'essence même de La Quatrième dimension)
  4. Je sais ce qu'il vous faut (le genre de mini-fable drôle et fantastique dont je ne me lasse pas)
  5. Les Trois fantômes (brillant et glaçant)
  6. Les Monstres de Mapple Street (difficile de ne pas aimer...)
  7. L'Auto-stoppeur (découvert aussi plus récemment, assez terrifiant)
  8. Un monde différent (voir commentaire sur mon n°3)
  9. Longue vie, Walter Jameson (c'est peut-être pas le meilleur ou le plus représentatif mais j'accroche à chaque fois)
  10. Question de temps (impossible de ne pas mettre ce classique dans mon Top 10)

Auraient pu aussi y figurer Arrêt à Willoughby, Image dans un miroir et Immortel, moi jamais...


Dernière édition par peelou le Jeu 29 Avr 2010 - 10:32, édité 1 fois
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