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Série "La Quatrième Dimension" - Page 6 Empty Re: Série "La Quatrième Dimension"

Message  Invité Jeu 29 Avr 2010 - 10:15

Je suis réellement admiratif et impressionné par la qualité de tes commentaires et critiques, Estuaire.

Je n'ai pour l'instant regardé que ton travail sur la première saison, ça m'a obligé à me replonger rapidement sur l'ensemble des épisodes que j'ai vus ou revus pour la dernière fois lors de leur sortie DVD, il n'y a même pas 2 ans et demie et bien, je ne sais pas si Alzheimer me guette, mais c'est fou le nombre d'épisodes (la moitié à peu près) dont je ne me souvenais que très vaguement ou dont j'avais souvent oublié la chute. J'espère que la mémoire me jouera moins de tours quand je me repencherai sur la S2 en poursuivant la lecture de tes passionnants commentaires, rigoureux et si bien écrits.

Je ne voudrais pas trop perturber la bon déroulement de ce topic alors que tu entames déjà l'analyse de la S3 mais pour l'instant, je ne peux que donner mon Top 10 de la S1... J'espère que tu me pardonneras ce léger retard...


  1. Un monde à soi (un de mes épisodes favoris toutes saisons confondues)
  2. Infanterie "Platon" (que j'ai découvert lors de cette sortie DVD, un épisode assez bouleversant)
  3. Neuvième étage (l'essence même de La Quatrième dimension)
  4. Je sais ce qu'il vous faut (le genre de mini-fable drôle et fantastique dont je ne me lasse pas)
  5. Les Trois fantômes (brillant et glaçant)
  6. Les Monstres de Mapple Street (difficile de ne pas aimer...)
  7. L'Auto-stoppeur (découvert aussi plus récemment, assez terrifiant)
  8. Un monde différent (voir commentaire sur mon n°3)
  9. Longue vie, Walter Jameson (c'est peut-être pas le meilleur ou le plus représentatif mais j'accroche à chaque fois)
  10. Question de temps (impossible de ne pas mettre ce classique dans mon Top 10)

Auraient pu aussi y figurer Arrêt à Willoughby, Image dans un miroir et Immortel, moi jamais...


Dernière édition par peelou le Jeu 29 Avr 2010 - 10:32, édité 1 fois

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Message  Estuaire44 Jeu 29 Avr 2010 - 10:27

Merci ! hein

Bah, c'est la matière elle même qui demeure encore et toujours passionnante, je me contente de broder un peu dessus, c'est tout. Tu ne perturbes pas du tout le topic, commentaires et opinions sont toujours les bienvenus, quels que soient les épisodes abordés.

Excellente sélection, sinon ! 1010
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Message  Estuaire44 Jeu 29 Avr 2010 - 20:54

L’Arrivée (The Arrival, 3-02, **)
Date de diffusion : 22 septembre 1961
Auteur : Rod Serling
Réalisateur : Boris Sagal

Résumé
Grant Sheckly, spécialiste réputé de l'élucidation des catastrophes aériennes, se confronte au plus étrange cas de sa carrière : un avion a correctement atterri, mais totalement vide d'équipage et de passagers !

Les Guests
Harold J. Stone (1911-2005) connut une belle carrière au cinéma et à Broadway mais fut surtout un visage familier des séries américaines des années 60 et 70 (Bonanza, Les Incorruptibles, Max la Menace, Les Espions, Mission Impossible, Police Woman, Kojak, Mannix, Vegas, Lou Grant, Drôles de Dames...).

Bing Russel (1926-2003) tourna principalement pour le Policier et le Western, mais se fit connaître comme une importante figure du Baseball. Propriétaire des célèbres Portland Mavericks, il joua également un rôle actif dans la modernisation de ce sport. Il est aussi le père de Kurt Russel.

Commentaire
Initialement c’est avec confiance que l’on aborde cet épisode. En effet il participe à un courant fécond de l’anthologie, celui des histoires reliées à l’aviation. En ce début des années 60, où ce type de transport émerveille bien plus qu’aujourd’hui, la Quatrième Dimension jette en effet un regard fasciné sur ce domaine mystérieux, interdit depuis l’origine à l’Humanité et semblant dissimuler d’étranges secrets. L’Odyssée du vol 33, King Neuf sans retour, Le Lâche ou bien encore Les Trois Fantômes ont, chacun dans un style différent, illustré la richesse de cette veine narrative. Et, de fait, l’énigme proposée par l’intrigue paraît d’entrée diablement séduisante, sollicitant astucieusement la curiosité du spectateur sur un développement original du l’inépuisable thème de la chambre close. De plus L’Arrivée permet de pénétrer dans l’atmosphère toujours si prenante d’un aéroport tandis que le récit ne sera pas sans évoquer aux amateurs des X-Files le formidable double épisode Tempus Fugit.

Las, l’inquiétude se substitue bien vite à l’enthousiasme tant le surplace du scénario s’impose comme patent. Au-delà du postulat initial l’intrigue ne se poursuit plus que par l’énoncé de diverses hypothèses risibles ou par quelques bizarreries soulignées avec pesanteur, jusqu’à satiété (les sièges aux couleurs mouvantes etc.). Le pire consiste néanmoins en la conclusion d’une banalité assez déconcertante pour l’anthologie et tout à fait décevante en égard aux promesses du lancement. Tout ça pour ça, a-t-on envie de dire, avec le vague sentiment d’avoir été floué. La composition du solide Harold J. Stone et des efficaces seconds rôles n’y change rien, de même que l’habile mise en scène de Boris Sagal. Celui-ci réussit quelques plans agréablement troublants de l’intérieur de l’avion, lui conférant une atmosphère hantée bien sentie. On n’en tombe que de plus haut, alors que l’insigne faiblesse du scénario à la chute trop floue et brusquée constitue une première indication du relatif essoufflement de l’inspiration de Serling.

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Message  Estuaire44 Sam 1 Mai 2010 - 16:45

L’Abri (The Shelter, 3-03, 3)
Date de diffusion : 29 septembre 1961
Auteur : Rod Serling
Réalisateur Lamont Johnson

Résumé
Le docteur Stockton, très apprécié par ses amis, fait néanmoins l’objet de quelques moqueries de leur part pour avoir bâti un abri anti-nucléaire sous sa maison. Un beau soir, alors que l’on fête son anniversaire, la radio annonce que des missiles ont été lancés contre le pays….

Les Guests
Larry Gates (1915-1996) est principalement connu pour sa participation au long cours (16 ans) à Haine et Passion, le soap le plus ancien de la télévision américaine (1952-2009, 15 762 épisodes !). Il a aussi joué dans Bonanza, Les Incorruptibles, Les Envahisseurs…

Jack Albertson (1907-1981) fut un populaire artiste dont les multiples talents (musicien, danseur, chanteur, comédien) lui valurent de nombreux succès à Broadway, mais aussi au cinéma (Charlie et la Chocolaterie, 1974). Il participe également à Bonanza, La Grande Vallée, Les Rues de San Francisco, Night Gallery Drôles de Dames…

Commentaires
Cet épisode nous vaut une nouvelle démonstration, singulièrement intense, de l’horreur et de l’effroi du péril atomique représenté par la Guerre Froide. L’impact en ressort particulièrement fort pour les contemporains au moment où l’affrontement des Blocs devient plus aigu que jamais : les tensions diplomatiques virent au rouge à un an de la Crise de Cuba qui forcera le monde à enfin stopper cette course folle à l’abîme. La véracité ressentie par les spectateurs, encore redoutable aujourd’hui, se trouve renforcée par une astuce diabolique de La Quatrième Dimension, qui renonce ici purement et simplement à tout élément de Fantastique et de Science-Fiction. Vous ne regardez pas la télévision, mais à travers une fenêtre : un coup d’audace parfaitement abouti, à contre-courant en ce début des années 60. La contre-culture ne se développera qu’ultérieurement au cours la décennie, véhiculant parfois ces épisodes de l’anthologie parmi ses références.

Mais c’est dans son propre déroulement que le récit va chercher le plus de force, avec une description d’un réalisme particulièrement dérangeant de la manière dont la paranoïa dépouille progressivement les personnages de leur dignité, faisant rejaillir le pire de leur personnalité, jusqu’à aboutir à une pure démence. The Shelter évite habilement d’opposer des bons à des méchants, des fourmis à des cigales, car un processus similaire s’opère également chez le docteur et sa famille. Surtout l’intrigue instille un doute réellement terrifiant : quelle est la vérité de l’âme humaine, la civilisée ou la barbare ? La société n’est-elle pas un mensonge collectif plutôt qu’un progrès réel ? La mise en scène, expressive mais sans effets lourdement assénés, ainsi que le jeu convaincant des comédiens, concourent également au succès d’un épisode particulièrement âpre.

On doit cependant émettre deux réserves. Tout d’abord le récit paraît suffisamment éloquent en lui-même, lui apporter une conclusion à ce point sentencieuse et appuyée semble contreproductif. Et surtout ce thème, sous une forme relevant cette fois marginalement de la Science-Fiction, a déjà été exploité très similairement dans Les Monstres de Maple Street, un épisode de la première saison encore davantage magistral. The Twilight Zone et Rod Serling se répètent, certes avec talent, mais néanmoins très clairement.

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Message  Invité Sam 1 Mai 2010 - 18:51

Je pensais que "La quatrième dimension" et "Alfred Hitchcock présente", qui sont deux anthologies cultes de la même époque, bénéficiaient d'édition DVD intégrales ou importantes. Lourde désillusion pour moi (concernant Hitch) : seuls 20 épisodes sont édités en DVD, 12 en VF et 8 en VOST. En fait les seuls 20 réalités par Hitchcock. La série aurait mérité une édition d'épisodes plus grande, comme "la quatrième dimension".
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Message  Estuaire44 Sam 1 Mai 2010 - 21:28

Yep ! hein Laughing

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Message  klokloh Sam 1 Mai 2010 - 21:32

Je viens de terminer la 1re saison, mais j'aurai du mal à effectuer un top 10 : j'ai vu les épisodes trop vite et à la suite. J'en dégage des impressions générales pour le moment. Tout d'abord, ne lisez pas les critiques d'Estuaire44 avant de voir les épisodes : même si, en général, il ne dévoile rien des révélations finales, j'ai souvent été plus "angoissée" à le lire qu'ensuite à voir l'épisode Série "La Quatrième Dimension" - Page 6 Icon_biggrin !

J'ai noté l'évolution, ou le changement de conception de la vie, entre cette période et, par exemple, le contemporain Torchwood : dans La 4e Dimension, il y a clairement une existence après la mort, même si décrite de manière très humoristique, voire cynique (Enfer ou Paradis, mais aussi Coup de trompette, Arrêt à Willoughby, Pour les anges...), alors que dans Torchwwood il est à plusieurs reprises affirmé par ceux revenant de la mort qu'il n'y a rien au-delà...

Un original, et pê d'autres, me font penser à Mon Oncle (1958, soit avant la série) de Jaques Tati : le côté lumineux, vivant enthousiaste de la fantaisie opposé au terne, froid, uniformisé d'une vie sage... le héros a vite fait son choix Série "La Quatrième Dimension" - Page 6 Icon_lol

Le neuvième étage, que presque je redoutais après avoir lu Estuaire44, m'est apparu, une fois la surprise passée, semblable à ces nombreuses histoires enfantines où la nuit, les jouets s'animent et vivent leur vie à l'abri des regards... Casse Noisette ? La Bergère et le Ramoneur ? En fait, les enfants baignent déjà dans le Fantastique...

Alors oui, d'autres peuvent être plus angoissantes (L'autostoppeur, Image dans un miroir, Les trois fantômes...)
Et des chutes inattendues : La poursuite du rêve, Un monde à soi (très drôle !), Question de temps, Je sais ce qu'il vous faut...

J'ai vraiment passé de bons moments devant cette saison, et je vais entamer la 2e illico presto !
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Message  Estuaire44 Dim 2 Mai 2010 - 20:24

La route de la Mort (The Passersby, 3-04, 3)
Date de diffusion : 06 octobre 1961
Auteur : Rod Serling
Réalisateur Eliott Silverstein

Résumé
À l’issue de la Guerre de Sécession de nombreux soldats, de l’Union ou de la Confédération, passent devant la maison d’une femme dont le mari a été tué au front. Ils lui déclarent rentrer chez eux, mais elle finit par comprendre, en discutant avec un vétéran, qu’ils sont tous morts et en route vers l’au-delà…

Les Guests
James Gregory (1911-2002) fut un acteur de genre spécialisé dans les rôles d’autorité : responsables politiques, officiers, chefs d’entreprise… Il apparut dans Star Trek, Le Fugitif, Bonanza, Hawaii Police d’État, Mission Impossible, Columbo, Night Gallery, Kolchak The Night Stalker, Kojak…

Joanne Linville (1928) a participé à un nombre imposant de séries : Les Envahisseurs, Star Trek, Bonanza, Hawaii Police d’État, Kojak, Les Rues de San-francisco, Columbo, Drôles de Dames…

Commentaires
Cet épisode pourrait sembler devoir lutter contre plusieurs handicaps : une certaine naïveté du symbolisme, un conflit bien plus sensible pour l’esprit collectif américain que pour le notre (bien plus tard Les X-Files l’aborderont encore, dans l’admirable Le pré où je suis mort) et une certaine prédictibilité des évènements survenant sur cette fameuse route, jusqu’à la chute. Néanmoins ces éléments négatifs s’oublient bien vite tant l’étrangeté de la situation et l’émotion palpable des personnages se communiquent avec force au spectateur. Cette fable particulièrement émouvante participe aux épisodes, finalement assez nombreux dans l’anthologie, relevant du Weird West, démontrant une nouvelle fois la richesse de ce style très populaire Outre-Atlantique.

Les dialogues, touchants dans leur simplicité, le jeu à fleur de peau des comédiens et la musique si mélancolique rendent particulièrement convaincante cette dénonciation des horreurs de la guerre. Cet épisode, s’il rejoint sur le fonds son précédent, en prend par contre le plein contre-pied dans la forme, opposant le merveilleux au réalisme et les pleurs du passé à l’effroi du présent. Tout en demeurant fidèle à son discours général, La Quatrième Dimension continue à user avec succès de la grande liberté d’inspiration que procure sa structure anthologique. La mise en scène, sobre mais efficace, de Eliott Silverstein tire le meilleur parti d’un étonnant décor de studio en simili extérieur, qui apporte la touche onirique si nécessaire à l’instauration de l’atmosphère si particulière de l’épisode.

La sublime mélodie reprise par le vétéran n’est nulle autre que Black is the Color, un léger anachronisme puisque cette chanson d’inspiration écossaise remonte aux années 1910. Elle fut reprise avec grand succès par Nina Simone en 1959, ce qui explique peut-être sa présence dans l’épisode. Depuis elle apparaît régulièrement dans les programmations de musique celtique ou folk et fut encore sélectionnée par The Corrs dans leur album de titres traditionnels, Home (2005).

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Message  Estuaire44 Mar 4 Mai 2010 - 23:56

Le Joueur de Billard (A Game of Pool, 3-05, ***)
Date de diffusion : 13 octobre 1961
Auteur : George Clayton Johnson
Réalisateur : Buzz Kulik

Résumé
Jesse Cardiff, joueur exceptionnel de billard, a triomphé de tous ses adversaires. Néanmoins il est tourmenté par la mémoire de « Fats » Brown, figure légendaire de cette discipline, qu'il n'a jamais pu affronter. Or Fats ressurgit de l'au-delà et lui propose un duel au sommet, avec la vie pour enjeu !

Les Guests
Jack Klugman (1922) débuta à Broadway, avant de participer à de nombreux classiques du cinéma (Douze hommes en colère, 1957, Le jour du vin et des roses, 1962, Goodbye, Columbus, 1969...). Il reste néanmoins surtout connu pour ses rôles récurrents à la télévision : The Odd Couple, 1970-1975 et Quincy, 1976-1983. Klugman joue également dans de nombreuses autres séries : Les Incorruptibles, Le Virginien, Le Fugitif... Il apparaît dans quatre épisodes : Un coup de trompette, Le joueur de billard, Le vaisseau de la Mort et Amour paternel.

Jonanthan Winters (1925) connut une carrière aux multiples facettes : acteur de cinéma et de télévision, scénariste, monteur, producteur, artiste de stand up... Il se spécialisa néanmoins dans la comédie. Toujours actif, il réalise désormais de nombreuses voix de dessins animés (Tiny Toons).

Commentaires
Ce conte moral, parfaite illustration de la malice cet auteur souvent narquois que demeure George Clayton Johnson, s’avère un petit bijou d’efficacité narrative. Il exploite l’intensité propre aux huis clos pour développer une confrontation extrêmement ludique et réellement captivante pour le spectateur. Le récit maintient habilement le suspense le plus total quant à l’identité du vainqueur et rend très vivant le duel grâce aux portraits antagonistes finement dessinés des deux compétiteurs. Au flegme blasé et un rien suffisant de Fats s’oppose la flamme intense et l’obsession de reconnaissance de Jesse, non sans humour tant les deux comédiens nous régalent de mimiques finement ciselées et très expressives. A l’issue de cette compétition si acharnée, non dépourvue de chausse-trappes, une ultime chute bien dans le ton de La Quatrième Dimension vient apporter une désarçonnante surprise au spectateur

La solide réalisation de Buzz Kulik parvient à exploiter les différents attraits du billard (coup de main, perception géométrique, sens stratégique) pour rendre le spectacle parfaitement attractif même pour les non férus de ce sport. On lui sait gré d’éviter les facilités des figures absurdement spectaculaires, malgré l’irréprochable technique des joueurs, pour accorder la priorité à la psychologie des personnages. Par ailleurs la plaisante incertitude de la partie trouve un écho dans la morale elle même ambivalente de cette fable. Libre à chacun d’apprécier les efforts consentis par Jesse pour sublimer sa vie, ou d’estimer qu’il gâche celle-ci. À l’inverse on peut louer la sagesse de Fats ou regretter une certaine médiocrité de sa part. Le récit laisse chacun plus libre de son choix qu’il n’y paraît face à la notion si américaine de challenge.

. Un remake de l’épisode, réalisé pour La Cinquième Dimension (1989), inversera complètement le résultat de la confrontation, dans un sens plus proche de celui initialement désiré par l’auteur !

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Message  Estuaire44 Jeu 6 Mai 2010 - 23:51

Le Miroir (The Mirror, 3-06, **)
Date de diffusion : 20 octobre 1961
Auteur : Rod Serling
Réalisateur : Don Medford

Résumé
Une révolution vient de réussir dans un pays d'Amérique Latine. Le nouveau Lider Maximo (ressemblant furieusement à Fidel Castro) reçoit un étrange cadeau de la part son prédécesseur vaincu : un miroir l'avertissant des menées de ses ennemis.

Les Guests
Peter Falk (1927) n'est pas que l'interprète du célébrissime Inspecteur Columbo (1968-2003). Il compta également de nombreux succès au cinéma, notamment avec son ami Cassavetes (Husbands, 1970, Une femme sous influence, 1974) mais aussi Milliardaire pour un jour (1961) Princess Bride (1987), Les Ailes du Désir (1987) etc. Sa belle carrière lui valut deux sélections aux Oscars. Si Columbo le monopolisa en grande partie à la télévision, il tourna auparavant notamment dans Les Incorruptibles et Alfred Hitchcock Présente.

Commentaires
L’épisode se veut ambitieux en tentant de dresser une critique acerbe de toute dictature. À travers la parabole du miroir, il évoque la paranoïa assassine et la déréliction morale qui s’empare de tout détenteur d’un pouvoir non régulé par la démocratie et l’état de droit. Certes ce propos se vérifie à travers de nombreux et abominables exemples historiques, mais paraît ici asséné sans finesse aucune, de manière beaucoup trop démonstrative. L’enchaînement des évènements se produit de manière très prévisible, jusqu’à donner une impression de mécanique évidente, affaiblissant l’impact de la démonstration. De plus, enserré dans un huis clos et un scénario aussi expéditif que bavard, le vétéran Don Medford ne dispose de guère de latitude et ne peut qu produire un spectacle s’assimilant au théâtre filmé.

Heureusement l’épisode bénéficie de la prestation d’un Peter Falk totalement possédé par son rôle. Il apporte une vie et une vraie attractivité à un épisode en ayant bien besoin par la vivacité et l’expressivité de son jeu. Sa vision d’un pseudo Castro fantasmé accroche réellement le regard. Falk, qui à l’occasion revêt quelques expressions évoquant de manière amusante le futur Columbo, reste cependant bien seul. Les autres comédiens manifestent des dons plutôt limités et parfois un jeu singulièrement empesé (c’est notamment le cas pour l’ultime lieutenant survivant). Sans même parler de barbes postiches parfois évidentes… Malgré les prouesses du grand comédien, demeure l’impression d’un épisode n’ayant pas su exploiter comme il le méritait son thème initial.

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Message  Estuaire44 Sam 8 Mai 2010 - 1:08

Vengeance d’Outre-tombe (The Grave, 3-07, ***)
Date de diffusion : 27 octobre 1961
Auteur : Montgomery Pittman
Réalisateur : Montgomery Pittman

Résumé
Au Far West, un chasseur de primes est mis au défi de passer la nuit à côté de la tombe de l'un de ses pires ennemis, assassiné par d'autres dans une embuscade. Comme preuve, il doit placer son couteau dans le sol...

Les Guests
Lee Marvin (1924-1987) fut un acteur de genre particulièrement populaire, que cela soit dans les films noirs (Les Inconnus dans la ville, 1955), ceux de guerre (Les Douze Salopards, 1967) ou les Westerns (L'Homme qui tua Liberty Valance, 1962). Il remporta l'Oscar du meilleur acteur en 1965 pour Cat Ballou.

Lee Van Cleef (1925-1989) reste l'une des figures majeurs du Western, spécialisé dans les rôles de méchant. À côté d'une superbe carrière au cinéma (Le Train sifflera trois fois, 1952, Règlement de comptes à OK Corral, 1957, Le Bon, la Brute et le Truand, 1966) il tourna également beaucoup pour la télévision (Les Incorruptibles, Laramie, Zorro, Perry Mason, Bonanza etc.). Il connut la consécration d'une adaptation dans Lucky Luke, lors de l'album Chasseur de Primes (1972).

James Best (1926) est grand spécialiste des seconds rôles de rôles de Western, genre dans lequel il apparut près de 300 fois au grand comme au petit écran. Il reste néanmoins remémoré pour son rôle de shérif abruti dans Shérif, fais moi peur (1978-1985). Il participe à un autre épisode de l'anthologie, Jesse-Belle. James Best a publié ses mémoires en 2009.

Commentaire
Très clairement, cette histoire de vengeance post-mortem ne brille pas par son originalité. Ses effets apparaissent bien éculés et son intrigue minimaliste. L’exposition de la situation se montre également bien trop étendue pour un dénouement des plus rapides. Cependant, Montgomery Pittman, décidément bien meilleur metteur en scène que scénariste, va éveiller l’intérêt du spectateur en parvenant à développer une véritable atmosphère tout au long de l’épisode.

Dans un premier temps Vengeance d’Outre-tombe, malgré une évidente économie de moyens, reconstitue à merveille le cadre des séries de Western de l’époque. Les attitudes, les costumes et les décors se montrent parfaitement évocateurs des conventions du temps, cet aspect agréablement documentaire se voyant bien entendu renforcé par la fabuleuse distribution. L’épisode permet en effet de découvrir plusieurs vedettes du genre encore à l’orée de leur carrière, même s’ils ne sont déjà plus des débutants. Chacun se montre déjà parfaitement à l’aise dans on registre, Lee Marvin tout en présence physique et charisme, et Lee van Cleef vraiment épatant en serpent froid et machiavélique, préfigurant Sentenza. James Best constitue une excellente surprise, démontrant une finesse de jeu sans commune mesure avec ce qu’il mettra plus tard en œuvre dans Shérif fait moi peur.

D’une manière soudaine et non dépourvue de spectaculaire, The Grave bascule ensuite dans une épouvante évoquant quelque peu Edgar Allan Poe ou Sheridan Lefanu. Certes, rien de nouveau sous la Lune sépulcrale, mais les effets sonores et les perspectives visuelles astucieuses de Pittman (excellent emploi du vent) apportent une vraie efficacité à ce versant, même si le grand atout en demeure le décor du cimetière. Les décorateurs n’ont visiblement pas hésité à en rajouter dans le gothique, ce qui convient idéalement ici, tandis que sa nature de décor extérieur artificiel lui confère un aspect irréel parfaitement convaincant. Les amateurs des Avengers et des oeuvres de l’inénarrable Z.Z. von Schnerk ne se sentiront pas en terrain inconnu tant pourrait se dérouler ici l’enterrement de Mrs. Peel ! Ce décor sert de également de superbe écrin pour une chute classique mais fort bien amenée.

Au total Vengeance d’Outre-tombe ne se distingue pas par le souffle original ou le discours subtil des grands opus de l’anthologie mais vaut néanmoins par le savoir-faire du metteur en scène et son casting des plus relevés.

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Message  Estuaire44 Dim 9 Mai 2010 - 17:20

Vu The Box, le film de Richard Kelly (2009), inspiré de la nouvelle de Richard Matheson (1970). Effectivement, comme le changement de format le laissait entrevoir (d’un texte de quelques pages adapté par Matheson lui même dans la Twilight Zone (1986), on passe à un film de deux heures) les deux versions sont totalement différentes. Le succès de la nouvelle de Matheson, outre le style, reposait sur deux piliers principaux : le mystère entourant la boite (non levé), et le débat moral débouchant sur chute dont le choc tenait également à la brièveté de l’histoire.

Ici le film s’attaque méthodiquement à ses fondamentaux. Avec une histoire paranoïaque de complot impliquant gouvernement, services secrets et Aliens (les auteurs ont visiblement été baignés dans les X-Files, comme toute leur génération) on dévoile un pot aux roses. « Un » car absolument rien n’indique que c’était ce que Matheson avait éventuellement en tête. Surtout, on se retrouve face à un processus similaire aux tours de prestidigitation : aussi intéressant qu’il soit de découvrir le comment de l’illusion (et la narration du film n’est pas si mauvaise), cela ne vaudra jamais l’émerveillement devant le mystère. Par ailleurs le développement du débat vient noyer le thème principal de la nouvelle initiale (le choix moral) dans un fatras conspirationniste devenu assez banal. Le plus dérangeant demeure l’aspect démonstratif et sans nuance de la conclusion alors que celle de la nouvelle se positionnait dans l’ambiguïté tout en demeurant très ouverte. On ne suggère plus, on assène.

Le film, détruisant la spécificité et les atouts du texte de Matheson, il ne pouvait en aucun cas en résulter une amélioration ; reste à savoir si la nouvelle version proposée vaut intrinsèquement le coup d’oeil. Disons-le on ne se s’ennuie pas devant le film, une fois que l’on a remisé au placard sa version originale. La mise en scène apparaît efficace, même si parfois trop maniérée. Les comédiens défendent correctement leur partition, en particulier Cameron Diaz, qui essaie visiblement d’élargir sa palette de rôles en gagnant de l’âge et y parvient à peu près. On y trouve de bonnes idées, comme la création du personnage de l’enfant, jetant un regard critique sur le monde des adultes, se repliant sur soi devant ce qu’il y découvre. On apprécie aussi l’importance accordée à la fascinante attractivité de l’étrange lucarne, reprenant ici un thème effectivement déjà développé dans la TZ. (Allez-vous en, Finchley, entre autres). La première demi heure du film reste également assez fidèle au texte.

Malgré ces qualités bien réelle c’est néanmoins l’agacement qui prévaut à l’issue de la diffusion. Matheson, et l’anthologie télévisuelle avec laquelle il s’accorde si bien (y compris les deux premières saisons de la 5D, éminemment regardables) appartient à une époque où le fantastique s’entendait à allier élégance et simplicité, vive imagination et ligne narrative claire, la profondeur morale aux chutes renversantes. Ici on assiste à l’invasion des concepts de l’époque contemporaine, ses intrigues volontairement distordues et complexes, sa volonté d’allier à tout prix des thématiques très différentes (comme dans LOST, intéressant aussi, ne caricaturons pas), sa vision négative de l’univers ou sa croyance que l’intérêt naît du trop plein. Cette primauté se fait volontiers prédatrice et invasive, l’apport qu’elle représente ne valant pas la perte de la perfection originelle, épurée et vertigineuse.
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Message  klokloh Mer 12 Mai 2010 - 10:25

Dans le film, si je me souviens bien, c'est finalement le désir et la volonté de guérir leur fils de cette mystérieuse cécité qui influe le choix et la décision – atroce, horrible – des parents, poussés par le mystérieux visiteur...
Ce n'est donc pas le cas dans la première version puisqu'il n'y a pas d'enfant ?

Effectivement cette question du libre-arbitre se trouve noyée parmi les nombreux effets spéciaux, et c'est dommage car elle est primordiale, je suis bien d'accord avec toi !
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Message  Estuaire44 Mer 12 Mai 2010 - 11:11

Non, dans la version originale on ne cherche pas de faux fuyants ou d'alibis, le couple est sans enfant et a juste des problèmes d'argent. Dans le texte de Matheson, comme dans l'épisode de la Cinquième Dimension, c'est pour pour des problèmes de niveau de vie que la femme finit par appuyer sur le bouton fatidique (avec deux conclusions très différentes toutefois). Le mari est plus hypocrite, il désapprouve mais laisse faire...
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Message  klokloh Mer 12 Mai 2010 - 11:32

Dans le film aussi c'est la question d'argent qui convainc la femme d'appuyer sur le bouton.
Je pensais à la fin, à la conclusion brutale, violente qui correspond au moment ou une autre femme appuie à son tour sur ce bouton ?
(J'ai toujours pensé que si qq'un refusait, il aurait pê bien reçu 2 M de dollars, et non un seul...)

Et donc quid de tout ce fatras mystico-fantastique auquel je n'ai pas compris grand-chose ? Il s'agit pê de références à des spiritualités ou des philosophies que je ne connais pas.
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Message  Estuaire44 Mer 12 Mai 2010 - 11:43

Non rien de tout cela n'existe dans les versions originales qui prennent fin quand le visiteur apporte l'argent promis et repart avec la boite (première demi-heure du film). Tout le reste est inventé. l'ensemble est effctivement très confus, mais c'est à la mode ce genre d'histoire pêle mêle multipliant les personnages et les sources d'inspiration vaguementy New Age. (Southland Tales ou Watchers au cinéma, LOST à la télé). Il ne faut pas y chercher d'arrière plan philosophico-sprirituel trop développé, je crois. Cela relève plus d'un style narratif.
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Message  klokloh Mer 12 Mai 2010 - 20:28

Tout le reste est inventé.
Et bien, quelle imagination féconde ! Série "La Quatrième Dimension" - Page 6 Icon_lol
l'ensemble est effctivement très confus,
Ça me rassure : je n'ai donc pas la comprenette gélifiée...
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Message  Estuaire44 Ven 14 Mai 2010 - 17:47

Evangeline Lilly, bientôt dans The Twilight Zone ! Elle devrait participer à une nouvelle adaptation du décidément inépuisable Richard Matheson. L'épisode évoqué dans l'article est Sam Kelly (Steel en VO), et se situe dans la cinquième et dernière saison. on aura donc encore le temps d'en reparler ! (la nouvelle initiale de Matheson s'intitule L'Indéracinable).
http://www.maxiseries.fr/film-evangeline-lilly-13990/
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Message  klokloh Ven 14 Mai 2010 - 21:00

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Message  Estuaire44 Ven 14 Mai 2010 - 21:08

L'épisode de TZ, oui, le film faudra voir ! Chat échaudé etc.
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Message  Estuaire44 Sam 15 Mai 2010 - 13:01

C’est une belle vie (It’s a Good Life, 3-08, 4)
Date de diffusion : 3 novembre 1961
Auteur : Rod Serling, d’après une nouvelle de Jérôme Bixby
Réalisateur : James Sheldon

Résumé
La terreur règne sans partage dans un petit village de l'Amérique rurale. Anthony Frémont, six ans, est doté de pouvoirs surhumains, voire quasi divins. De plus il s'agit d'un garnement épouvantable, dont les caprices transforment en Enfer les vie des habitants mais aussi de sa propre famille.

Les Guests
Bill Mumy (1954) a effectué de nombreuses apparitions à la télévision, principalement dans le domaine de la Science-fiction. Il incarne ainsi Will Robinson dans Lost in Space (1965-1968) et Lennier dans Babylon 5 (1993-1999). Il est également apparu dans Ma Sorcière Bien-Aimée, Le Fugitif, Ultraman, Superboy, Star Trek Deep Space Nine... Il participe à deux autres épisodes de l'anthologie et à la suite de celui-ci, C'est toujours une belle vie (La Treizième Dimension, 2003), ainsi qu'à son adaptation dans le film de 1983 !

John Larch (1914-2005) connut une prolifique carrière de second rôle, principalement dans les films de genre (westerns, policiers ou films de guerre), où il s’était spécialisé dans les rôles d’autorité, shérif ou officier. Il participe à plusieurs films de – ou avec – son ami Clint Eastwood : Un frisson dans la nuit (1971), L’Inspecteur Harry (1971, comme chef de la police)… À la télévision il apparaît dans Le Fugitif, Les Envahisseurs, Bonanza, Police Woman, Cannon, Les Rues de San-Francisco, Dallas, Dynastie...

Commentaire
Ce pur chef-d’oeuvre de l’anthologie s’appuie sur différents atouts. Tout d’abord une atmosphère totalement insolite, indiquée dès la présentation de l’histoire par Rod Serling. Celui-ci développe particulièrement ses effets, autour d’une image frappante, celle des États-Unis plongés dans le néant, puis l’entrée en scène soigneusement orchestrée du “monstre”. Des détails insérés au récit (fils électriques coupés, absence de ravitaillement) viennent d’entrée indiquer que quelque chose ne fonctionne pas du tout derrière ce décor idyllique. L’intrigue, inspirée par Bixby, grand nouvelliste de Science-Fiction qui fera également merveille dans Star Trek, laisse intelligemment vagabonder l’imagination du spectateur au cours de ce qui pourrait encore constituer un épisode décalé, voire humoristique.

Très vite, au-delà de l’étrangeté ambiante et des pouvoirs surnaturels d’Anthony, It’s a Good Life en arrive à son véritable sujet, une histoire d’horreur véritablement éprouvante. On ressent de manière palpable l’épouvante subie par les habitants (y compris les propres parents de l’abominable enfant gâté), le plus pénible demeurant cette obligation constante d’afficher sourires et éblouissements devant les prétendus chefs-d’œuvre du gamin. Sans lésiner sur de l’humour noir du meilleur cru, mais dans une implacable progression, le scénario nous immerge toujours plus profondément dans ce cauchemar, avec un Anthony toujours plus atroce et implacable dans ses caprices, jusqu’à une conclusion absolument glaçante car dépourvue de toute chute ou happy end. La terreur imbibe cet épisode comme peu d’autres au sein de La Quatrième Dimension.

La mise en scène de James Sheldon accompagne à merveille la solide interprétation des différents comédiens, d’où se détachent le toujours excellent John Larch ainsi que Bill Mumy, assez sidérant en caricature féroce des enfants têtes à claques peuplant les séries américaines, notamment dans les années 60. On y trouve également un effet spécial, une relative rareté au sein de l’anthologie. Comme toujours avec une parcimonieuse économie de moyens, il laisse entrevoir avec saisissement le sort effroyable réservé par Anthony à son ultime victime. Ce diable à ressort reste à juste titre l’une des images les plus célèbres de The Twilight Zone.

L’épisode connaît en dernier lieu un impact tout particulier par la vision inversée qu’il renvoie à l’Amérique. Le fameux American Way of Life s’y voit caricaturé par son importance démesurée accordée à l’Enfant Roi, l’un des fondements de cette société de consommation. Le petit prince devient ici un monstre égocentrique et sociopathe au dernier degré. Anthony déforme la réalité en une sorte d’immense attraction à la Disney Land, devenu le libre champ de son bon plaisir De manière assez irrésistible, l’épisode apparaît comme une version antagoniste du futur Ma Sorcière Bien Aimée, soit le chantre de cette Amérique des Sixties passée ici au vitriol.

Le grand retentissement de l’épisode lui vaudra d’être retenu dans les reprises du film de 1983 ainsi que de connaître une suite dans La Treizième Dimension (2003), nettement inférieure au présent opus. En 1974 Serling écrivit une adaptation au grand écran de l’épisode, mais son brusque décès l’année suivante stoppa le projet. It’s a Good Life reste également comme un référentiel majeur de l’anthologie, repris ou parodié à de multiples occasions dans la culture populaire. Stephen King fera ainsi référence à plusieurs reprises au fameux champ de maïs, de même que le pilote de la série Dead Like Me, entre bien d’autres exemples.

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Message  séribibi Sam 15 Mai 2010 - 13:09

Bel épisode, à l'atmosphère trés étrange.
Joe Dante l'avais repris pour en faire un des 2 moments forts (l'autre étant le sketch de Georges Miller tiré de "Cauchemar à 20 000 pieds") dans le film de 1983.
A noter que, dans l'épisode TZ, l'enfant passe pour un monstre total alors que, dans la version "film", il passe plutôt pour un incompris, et l'on parviendrait même à avoir de la compasion pour lui.
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Message  Estuaire44 Dim 16 Mai 2010 - 13:12

Le Musée des Morts (Death-Head Revisited, 3-09, 2)
Date de diffusion : 10 novembre 1961
Auteur : Rod Serling
Réalisateur : Don Medford

Résumé
Un ancien officier S.S., ayant changé d'identité, vient visiter le site de Dachau, conservé en l’état. Il y rencontre un déporté qu'il avait pourtant tué à l'époque. Ce fantôme va lui faire revivre l'horreur du lieu, cette fois parmi les déportés.

Les Guests
Joseph Schildkraut (1896-1964), d'origine autrichienne, fut une figure du Hollywood d'avant guerre. Ayant débuté à l'époque du muet, il se spécialisa dans les rôles d'Européens, principalement dans les films en costumes (Marie-Antoinette, 1938).

Oscar Beregi (1918-1976) dut à son accent et à ses origines hongroises d’interpréter de nombreux personnages d’Européens de l’Est et d’Allemands. Outre de multiples apparitions au cinéma, il joua également dans : Papa Schultz, Des Agents Très Spéciaux, Max la Menace, Les Mystères de l’Ouest, Mission Impossible, Mannix, Kojak… Dans Les Incorruptibles il tint également le rôle semi récurrent du gangster Joe Kulak.

Commentaire
Une vérité bien triste, mais souvent vérifiée, est que, malheureusement, les meilleurs sentiments ne suscitent pas obligatoirement les épisodes les plus réussis. Le Musée des Morts ne manque certes pas de force, mais celle-ci relève de la Shoah elle-même, de son abomination sans pareille et de son souvenir indélébile. Inspiré par l’actualité, alors que le procès d’Adolf Eichmann bat son plein (il sera pendu le 31 mai 1962), Rod Serling ne bâtit ici qu’une histoire de fantôme vengeur des plus classiques, constituant de plus un clair remake de La Nuit du Jugement (saison 2). Avouons également que cette histoire de dignitaire S.S., vraisemblablement poursuivi par la justice, quittant son abri sud-américain pour visiter les lieux-mêmes de ses exactions ne paraît pas des plus crédibles.

L’ensemble se limite à une démonstration certes louable mais mécanique et prévisible dans son déroulement. La mise en scène de Don Medford ne se dépare pas de quelques astucieux procédés, mais maintes fois usités dans ce type de récit. Oscar Beregi, surtout en seconde partie, incarne son personnage sans guère de subtilité (on se situe très loin du Amon Goeth de Ralph Fiennes dans La liste de Schindler). A contrario, par son apparition empreinte de dignité Joseph Schildkraut insuffle toute leur puissance aux dialogues et parvient, par moments, à transcender l’épisode. Le décor, réalisé avec les moyens limités caractérisant l’anthologie, parvient cependant à évoquer avec acuité l’horreur des camps de concentration.

On remarque une curiosité : alors qu’en version originale le Nazi prétend avoir passé la guerre en Russie, en version française c’est la France qui se voit évoquée ! Le titre Death-Head Revisited fait référence à la tête de mort ornant le sinistre uniforme des S.S.. Cette reconstitution de Dachau était initialement un fortin militaire destiné à un Western qui en définitive ne se réalisa pas.

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Message  Estuaire44 Dim 16 Mai 2010 - 16:44

Le Soleil de Minuit (The Midnight Sun, 3-10, 4)
Date de diffusion : 17 novembre 1961
Auteur : Rod Serling
Réalisateur : Anton Leader

Résumé
La fin du Monde est proche : la Terre tombe vers le Soleil et les températures deviennent toujours plus insoutenables. Deux femmes tentent de survivre dans ce décor apocalyptique.

Les Guests
Lois Nettleton (1927-2008) mena une active carrière au théâtre comme à la télévision, ce qui lui valut de remporter deux Emmy Awards. Elle participe à Decoy, Alfred Hitchcock Présente, Le Fugitif, Bonanza, Cannon, Hawaii Police d'État, Kung-Fu, Les Rues de San-Francisco, Le, Caméléon...

Jason Wingreen (1919) eut une carrière prolifique en très courtes apparitions au cinéma, souvent non créditées au générique. Également acteur de voix, il fut notamment celle de Boba Fett dans la première version de L'Empire contre-attaque (1980). Au petit écran il tint le rôle récurrent du Capitaine Dorsett dans Les Incorruptibles (1960-1961). Il participa également à Mission Impossible, Au-Delà du Réel, Matlock, Le Fugitif...

Commentaire
Épisode d’épouvante grand cru que celui-ci, où tout concourt à immerger le spectateur dans un authentique cauchemar. L’impression de véracité et d’effroi suscité par cette apocalypse flamboyante paraît absolument remarquable. À partir du terrifiant constat initial, le scénario décrit avec habileté la descente aux Enfers de la Terre, à travers les évènements vécus par l’héroïne, mêlant ainsi le drame personnel à la catastrophe planétaire. Le jeu particulièrement expressif de la très belle Lois Nettleton compte pour beaucoup dans l’intensité de cette histoire, ainsi que la fine écriture des différents personnages, mais c’est la mise en scène d’Anton Leader qui accroche particulièrement le regard.

L’alerte caméra du réalisateur parvient à animer ce complet huis clos, alors que se multiplient ces bonnes idées comme les visions de ce terrible soleil gigantesque, omniprésent dans le ciel, et des interventions impeccablement filmées comme les émissions de radio totalement délirantes, des visions dévastées de la ville, ou l’irruption d’un homme de prime abord menaçant. On ressent parfaitement la folie gagnant le monde, avec comme point d’orgue ces tableaux tourmentés fondant littéralement sous nos yeux. Cet effet spectaculaire a été obtenu en substituant de la cire à la peinture, sur une résistance électrique : un autre exemple de ces astuces peu coûteuses pratiquées tout au long de l’anthologie. Comme souvent dans La Quatrième Dimension, une chute absolument renversante et résultant d’une ironie particulièrement affûtée vient couronner l’ensemble.

Par ailleurs les amateurs des Avengers trouveront ici une démonstration des plus suggestives de l’hypothèse cataclysmique soulevée dans La Naine Blanche ! Et l’on ne peut pas bien entendu ne pas songer au réchauffement climatique actuel…

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Message  Estuaire44 Lun 17 Mai 2010 - 11:58

La Vallée immobile (Still Valley, 3-12, *)
Date de diffusion : 24 novembre 1961
Auteur : Rod Serling, d’après une nouvelle de Manly Wade Wellman
Réalisateur : James Sheldon

Résumé
Durant la Guerre de Sécession, un soldat sudiste découvre dans une vallée toute une unité nordiste apparemment statufiée. Un vieux magicien lui déclare posséder un grimoire permettant d’employer ce sortilège. Ce livre permettrait au Sud de remporter la guerre, moyennant une simple formalité…. .

Le Guest
Gary Merrill (1915-1990) connut une belle carrière au cinéma, mais aussi comme voix off. Il participe également à de nombreuses séries : Laramie, The Outer Limits, Time Tunnel, Kung Fu, Cannon… Il fut l’époux de Bette Davis

Commentaire
Cet épisode s’avère particulièrement pauvre. Un ton volontiers prêcheur souligne pesamment un récit minimaliste, précédé par une exposition trop allongée. Sans doute les Américains sont-ils plus sensibles aux résonances des histoires liées à la Guerre de Sécession mais le spectateur européen restera lui de marbre face à un discours pour le moins démonstratif : utiliser des armes suprêmes conduit fatalement à l’abomination et à priver la victoire de toute substance. On comprend le parallèle avec le péril nucléaire ou chimique mais la forme pèche ici par son simplisme ainsi que par l’aspect réellement rudimentaire de la mise en scène. Les talentueux comédiens ne peuvent rien contre l’aspect d’image d’Épinal que revêt l’ensemble de cette intrigue bien schématique et remplie de clichés. De plus l’épisode ressemble fort à un remake nettement moins réussi de Requiem (saison 1).

On remarque néanmoins un détail amusant : pour expliquer l’étendue de son pouvoir, le sorcier explique qu’il est le septième fils d’un septième fils, soit l’un des thèmes traditionnels des contes et légendes nord-américains. Il s’agit d’ailleurs de l’argument développé dans le cycle des Chroniques d’Alvin le Faiseur, d’Orson Scott Card, narrant les aventures très colorées du héros, au confluent de différents folklores et au sein d’une histoire alternative réellement savoureuse.

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Message  Estuaire44 Mar 18 Mai 2010 - 1:33

La Jungle (The Jungle, 3-12, ***)
Date de diffusion : 01 décembre 1961
Auteur : Charles Beaumont
Réalisateur : William Claxton

Résumé
Alan Richards, ingénieur, détruit plusieurs portes-bonheur rapportés d’un long séjour en Afrique, contre l’avis de son épouse, qui craint une malédiction indigène. Les phénomènes les plus étranges vont alors se multiplier.

Le Guest
John Dehner (1915-1992), souvent employé dans les rôles de méchants, fut très actif au cinéma (Scaramouche, 1952) et à la télévision. Il fut aussi régulièrement employé dans les feuilletons radiodiffusés. Il participe notamment à Gunsmoke, Les Incorruptibles, Perry Mason, Maverick, Les Mystères de l’Ouest, Mannix, Columbo, Hawaï Police d’État…

Commentaire
Beaumont s’impose de nouveau ici comme l’un des grands maîtres de l’épouvante mais aussi un partisan éclairé de la rénovation des grands classiques, comme lors de L’Homme qui hurle ou de ses films réalisés avec Roger Corman. C’est en effet à un vrai voyage au bout de la terreur que nous convie cet épisode, avec l’intrusion progressive d’une autre réalité, angoissante et surnaturelle, au sein de celle que nous connaissons, rassurante et scientifique. Cette invasion ne se traduit que ponctuellement par des effets directs, jouant bien plus judicieusement sur le pouvoir de la suggestion. Sons et vents mystérieux, effets d’ombres et de lumières, angoisse toujours plus insoutenable exprimée par le héros (remarquable John Dehner), la mise en scène de William Claxton enchevêtre habilement plusieurs procédés stimulant avec pugnacité l’imagination du spectateur, sur un mode reprend bien plus tard par le formidable Blair Witch Project.

La narration fluide et dosée à la plus fine balance par Beaumont débouche implacablement sur une conclusion aussi brutale qu’absurde, cinglante d’humour noir. Par ce choc entre la jungle du Darkest Africa et celle de béton et d’asphalte, Beaumont renoue avec le meilleur d’auteurs comme Conan Doyle, Edgar Rice Burroughs ou Sax Rohmer, leur sens de l’exotique et de l’aventure, du péril et du souffle représenté par l’inconnu. Il régénère leur style, remplaçant les figures obsolètes par une écriture moderne et dépouillée de toute fioriture. Avec habileté, Beaumont renvoie également dos à dos impérialistes et défenseurs des traditions ancestrales, également violents et sans pitié, pour se concentrer sur ce qui l’intéresse vraiment et qu’il exprime magnifiquement : la terreur de l’homme face à des forces le dépassant et, en définitive, à la mort, encore et toujours son sujet de prédilection.

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Message  klokloh Lun 24 Mai 2010 - 8:57

Décidément, j'éprouve beaucoup de plaisir à voir ou revoir cette série !
Si j'apprécie la diversité des genres (surnaturel, science-fiction, fantastique), ma préférence va vers ces épisodes fantastiques où l'on ne sait plus très bien où se situent la réalité, le rêve, le cauchemar ou une autre réalité (le fameux Neuvième étage), où la chute est totalement bluffante (le premier épisode de la série, Arrêt à Willoughby, Image dans un miroir, Je sais ce qu'il vous faut, Le soleil de minuit, Cinq personnages en quête d'une sortie, Futurographe, Peine capitale, même Les envahisseurs etc.)

Mais quel régal également de voir le grand Buster Keaton, vieilli, se démener, faire le pitre comme autrefois, dans Il était une fois ! Et quelle excellente idée de présenter la première partie et la fin comme ces films muets qui faisaient le bonheur de mon enfance (si-si, ça passait encore à la TV, notamment dans Histoire sans Paroles ! Vous vous rappelez de la petite musique guillerette du générique ? Série "La Quatrième Dimension" - Page 6 Icon_lol ). Mais chut ! Attendons la critique d'Estuaire44 (un peu long le passage de la réparation : j'hésite entre 3 ou 4 étoiles... allez : 4 pour Buster !)

Par contre, pour les futurs Londoniens du 5 juin, Ishtyar pourra vous donner ses impressions : elle a un autre point de vue, si je puis dire Série "La Quatrième Dimension" - Page 6 Icon_lol !

Mais alors, quels ***** sur Wikipedia : si je reconnais la valeur du recensement et du résumé de chaque épisode, quelle idée saugrenue et malvenue de révéler la chute des histoires : tout le charme est rompu ! Série "La Quatrième Dimension" - Page 6 0
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Message  Estuaire44 Lun 24 Mai 2010 - 19:36

Ce sera bien 4, finalement ! hein

Il était une fois (Once Upon a Time, 3-12, ****)
Date de diffusion : 15 décembre 1961
Auteur : Richard Matheson
Réalisateur : Norman Z. McLeod

Résumé
Woodrow Wilson trouve le monde dans lequel il vit, l'Amérique de 1890, totalement insupportable et ses concitoyens horripilants au dernier degré. Ce nostalgique aigri essaie le casque de voyage temporel inventé par ses employeurs et se retrouve soudain transporté dans l'avenir, en 1961...

Le Guest
Buster Keaton (1895-1966) fut l'une des figures majeures de l'ère du muet. Ses films représentent l'apothéose des comédies burlesques de l'époque, souvent particulièrement spectaculaires (Le Mécano de la General, 1927 ; Cadet d'eau douce, 1928). Sa carrière et son comique, bâti essentiellement sur l'image, souffrirent considérablement du passage au parlant. Quelque peu oublié, le public le redécouvrira à la fin des années 50 à l'occasion d'une ressortie de ses films (Oscar d'hommage en 1959).

Commentaire
Les épisodes humoristiques comptent rarement parmi les plus marquants de l’anthologie, mais pourtant celui-ci va faire date. La participation de Buster Keaton n’apparaît pas tout à fait comme un hasard en ce début des années 60 où sa popularité connaît un regain suite à la redécouverte de ses films. Cependant, bien loin de se contenter d’un effet d’aubaine, l’épisode se manifeste par son ingéniosité et son audace, avec cette idée géniale de reconstituer la magie des comédies burlesques du cinéma muet. On retrouve ainsi nombre des ingrédients propres à cette époque (allègre musique d’accompagnement, imitation du grain d’image, panneaux explicatifs, gags visuels naïfs et savoureux, gendarme à moustaches, poursuites échevelées etc.), le tout sur un mode joyeux et particulièrement enlevé. A cette fin, Rod Serling a eu l’excellente idée de faire appel à un praticien du genre en la personne de Norman Z. McLeod, réalisateur à succès de nombreuses comédies des années 30, dont on sent ici toute la patte. Buster Keaton montre lui une belle énergie lors de ces retrouvailles, même s’il ne se lance évidemment plus dans les hallucinantes cascades d’alors.

À l’occasion de cet épisode spécial, que l’on pourrait baptiser avant l’heure de « décalé », La Quatrième Dimension tient à mettre toutes les chances de son côté en recourrant à celui qui demeure sans doute son meilleur auteur, Richard Matheson. Celui-ci, dans un exercice de style plus malaisé qu’il n’y paraît au premier abord, parvient à tricoter un astucieux scénario combinant les références au Muet à son style narratif propre, où un personnage lambda doit souvent faire face à l’inexplicable. Certes les contraintes de l’exercice de style limitent son imagination : après tout le voyage dans le temps reste un thème moins original qu’à l’accoutumée et on sent que le grand écrivain lui-même doit quelque peu tirer à la ligne en milieu de parcours (chez le réparateur), pour atteindre le temps imparti sur un sujet assez minimaliste.

Mais l’histoire fourmille d’idées amusantes comme ces parallèles entre les deux époques ou la déception du scientifique voyageant dans le passé, qui double astucieusement la satire des grincheux idéalisant sans cesse « le bon temps ». Une critique atteignant d’ailleurs le spectateur contemporain, éprouvant souvent une nostalgie pour ces années 60 débutantes… On notera également que le léger ralentissement du milieu de l’épisode relève en fait de l’humour bon enfant des Sixties, qui aura finalement bien plus vieilli que le comique échevelé et jubilatoire des films de Buster Keaton ! Un hommage sans doute involontaire, mais se rajoutant à celui, finalement aussi drôle qu’émouvant, que rend Once Upon a Time à cette grande figure du Septième Art, quelques années avant son décès.

Avec ce 78ème épisode, nous parvenons à la fin de la première moitié de notre périple dans la Twilight Zone ! On attaque très vite le second versant.

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Message  Estuaire44 Jeu 27 Mai 2010 - 11:02

Cinq personnages en quête d’une sortie (Five Caracters in Search of an Exit, 3-13, ****)
Date de diffusion : 22 décembre 1961
Auteur : Rod Serling, d’après une nouvelle de Marvin Petal
Réalisateur : Lamont Johnson

Résumé
Cinq individus disparates (un militaire, une ballerine, un clown, un clochard et un joueur de cornemuse) se réveillent dans une tour circulaire, ouverte en son sommet et sans issue visible. De plus totalement amnésiques, les personnages vont tenter de résoudre cette énigme.

Le Guest
William Windom (1923) est un vétéran des séries américaines, dont le demi-siècle de carrière s'étend des années 50 à 2000. Il participe ainsi à Les Envahisseurs, Les Mystères de l'Ouest, Le Fugitif, Star Trek, Columbo, Gunsmoke, Banacek, Mission Impossible, Les Rues de San Francisco, Super Jaimie, Kojak, Magnum, JAG etc.

Commentaire
Cet épisode, l’un des plus réputés de l’anthologie nous convie réellement à un voyage au bout de l’étrange. Cette impression, présente ici comme jamais, naît de deux sources distinctes, aux effets s’additionnant. La première consiste l’étrangeté de ce lieu fermé, le mystère de sa nature. Mais s’y rajoute également l’énigme représentée par les personnages eux-mêmes, amnésiques et surtout archétypaux. Leur dimension référentielle, soulignée à plaisir par des comédiens parfaitement expressifs, demeure finalement le plus troublant, instillant le doute sur la nature de leur identité. Si le militaire, dont le dynamisme dissimule mal la panique, où le clown, dont l’humour et les facéties font si bien corps avec ce destin ironique, attirent particulièrement l’attention, on reste également sensible à la grâce fragile de la ballerine. Pour l’anecdote la VO est recommandée pour profiter de ‘l’accent écossais à couper au couteau du joueur de cornemuse.

Cet absurde total de la situation conduit les personnages à multiplier les hypothèses dans un très stimulant échange de théories. De manière amusante celles-ci ressurgiront quasiment à l’identique lors de la première saison de LOST, dans une situation finalement assez comparable. Mais surtout cette histoire pousse spectateur lui même à spéculer sues notions de réalité et de relativité du point de vue, sur un mode à la fois similaire et très différent du Huis Clos de Sartre (l’Enfer est explicitement évoqué). Joseph, Estelle et Inès savent exactement qui ils sont et où il se trouvent, à l’exact opposé de nos héros, ce qui peut encore rajouter à l’impact du récit. Les multiples autres résonances envisageables de Five Caracters in Search of an Exit ne signifient pas que l’épisode revête l’aspect d’une pompeuse conférence, bien au contraire la mise en scène alerte et inventive de Lamont Johnson, ainsi que cet étonnant décor rendent tout à fait palpitantes les mésaventures des personnages, jusqu’à aboutir à l’une des chutes (au sens propre !) les plus saisissantes de La Quatrième Dimension.

Cet épisode, un conte de Noël autrement plus original et Twilight Zone que le fade Night of The Meek de la saison précédente, connut un vaste écho dans la culture populaire, inspirant notamment le particulièrement troublant Cube de Vicenzo Natali.

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Message  Estuaire44 Dim 30 Mai 2010 - 13:38

La Grandeur du Pardon (A Quality of Mercy, 3-14, *)
Date de diffusion : 29 décembre 1961
Auteur : Rod Serling, d’après une nouvelle de Sam Rolfe
Réalisateur : Buzz Kulik

Résumé
Alors que la Guerre du Pacifique est sur le point de s’achever un jeune lieutenant sans expérience du front s’apprête à lancer une attaque aussi meurtrière qu’inutile sur une grotte fortifiée. Soudain il est mystérieusement transporté dans une situation similaire, mais dans la peau d’un officier japonais.

Les Guests
Dean Stockwell (1936) fut un enfant star d’Hollywood durant les années 40 (Les Vertes Années, 1946). Hormis quelques rôles marquants chez David Lynch (Blue Velvet, 1986) et dans Veuve mais pas trop (1988), il reste principalement connu pour son rôle de Al dans Code Quantum (1989-1193). Toujours actif, il participe à Battlestar Galactica (2004-2009).

Leonard Nimoy (1931) incarna le célèbre M. Spock dans Star Trek Classic (1966-1969), mais participa également à bien d’autres séries (Mission Impossible, Bonanza, Night Gallery, Columbo…). Il annonce sa retraite en 2010, alors qu’il participe encore à Fringe.

Commentaire
On devine la part de sincérité et d’implication personnelle que véhicule cet épisode pour Rod Serling, lui même vétéran de la sanglante Guerre du Pacifique. On renoue d’ailleurs ici avec la veine pacifiste souvent exprimée avec talent au cours de son anthologie. Malheureusement les bons sentiments prennent ici le pas sur l’intérêt de l’histoire. En effet rien ne fonctionne, que cela soient les discours sentencieux ou imprécateurs, les postures caricaturales des différents personnages, une mise en scène platement démonstrative ou encore un décor vraiment minimaliste. On ressent plus l’impression d’assister à un mauvais film de propagande, certes pour une juste cause, qu’à un épisode de La Quatrième Dimension.

Les comédiens de seconds rôles demeurent irréprochables, mais Dean Stockwell manque encore de métier et exprime de manière trop mécanique un officier déjà bien peu subtil. Il s’avère bien meilleur dans la versant japonais du récit. Reste la curiosité de le voir aux côté de Leonard Nimoy (très fugacement pour celui-ci), réunissant ainsi deux futures grandes figures des séries de Science-Fiction. Il apparaît pour le moins étonnant qu’un épisode aussi faible, mais certainement ressenti avec davantage d’impact par les Américains, ait été retenu pour le film de 1983, certes avec une considérable réécriture.

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Message  Estuaire44 Dim 30 Mai 2010 - 15:44

Rien à craindre (Nothing in The Dark, 3-15, **)
Date de diffusion : 5 janvier 1962
Auteur : George Clayton Johnson
Réalisateur : Lamont Johnson

Résumé
Une vieille dame vit claquemurée chez elle depuis des années, par peur panique de laisser entrer la Mort en personne. Un jour un policier blessé la supplie de lui porter assistance…

Les Guests
Gladys Cooper (1888-1971) fut une modèle réputée et une figure du théâtre britannique, avant que franchir l’Atlantique dans les années 40 pour connaître également une belle carrière au cinéma (Rebecca, 1940 ; My fair Lady 1964…). Toujours active au soir de sa vie, elle participe également à plusieurs séries des années 60, son ultime rôle étant celui de la Duchesse Ozerov dans Amicalement vôtre.

Robert Redford (1936) se situe ici à l’orée de sa carrière, encore très télévisuelle (Maverick, Les Incorruptibles…), avant de devenir l’une des plus grandes stars d’Hollywood : Butch Cassidy et le Kid (1969), Les trois Jours du Condor (1975), Out of Africa (1985), Et au milieu coule une rivière (1992)…

Commentaire
L’épisode apparaît comme une reprise d’un précédent, une de plus cette saison, en l’occurrence le pétillant Pour les Anges (saison 1). Mais la comparaison s’interrompt bien vite. Là où son modèle introduisant une fantaisie décapante et bienvenue, n’altérant en rien la substance de son propos, celui-ci tire péniblement à la ligne, avec un climat volontiers misérabiliste et larmoyant au possible. Le parallèle établi entre la Mort et l’entrepreneur apparaît passablement souligné, tandis que le récit, se fige dès le début, tant il demeure prévisible, y compris dans sa chute proche du poncif. Les dialogues ressortent parfaitement lénifiants, sans craindre l’emploi de quelques grosses ficelles.

Enchâssée dans un huis clos qu’elle ne parvient pas à animer, la mise en scène de Lamont Johnson, que l’on a connu plus inspiré, ne parvient pas à extraire cet épisode particulièrement bavard des travers du théâtre filmé. Robert Redford s’inscrit dans la tonalité d’ensemble de l’épisode en campant un Mister Death singulièrement lisse, et glamour mais dépourvu de réelle dimension. Redford bénéficie déjà d’une belle prestance mais doit encore visiblement faire de ses classes de comédiens. À l’opposé la formidable Gladys Cooper sauve Nothing in The Dark de l’insignifiance grâce à son jeu expressif et convaincant. Cette ancienne du West End semblant parfaitement à son affaire dans cette atmosphère particulièrement théâtrale, jusqu’au quasi respect de la triple unité d’action, de temps et de lieu.

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