Politique & C°

Et moi je ne doute pas, je suis certain du contraire. Décrocher la présidence, elle n'a aucune chance. Il y a des équilibres politiques en France, et le fait est que la cohorte d'électeurs centristes et radicaux préfèrera toujours voter pour un PS que pour un FN. Donc pas de présidence mais certainement un bon score et peut-être un second tour. Mais il est vrai que le front républicain se fissure, j'en ai d'ailleurs parlé au sujet des cantonales où l'analyse des résultats montrait que les électeurs UMP et PS n'avaient guère suivi les consignes. La leçon est claire, cela veut dire que dans une configuration de second tour, au lieu d'être battue à plate couture par 82/18 comme son père, ça ferait en gros du 70/30 contre Sarkozy, 65/35, voire aussi 70/30 contre DSK, et du 60/40 contre Martine Aubry.

Marine Le Pen elle-même sait très bien qu'elle n'accédera pas à l'Elysée, elle n'en a d'ailleurs sûrement pas envie car elle décevrait vite ses électeurs en ayant du mal à appliquer certaines parties de son programme. Son objectif est avant tout de faire le meilleur score possible afin d'une part de peser sur les décisions politiques prises par les gouvernements (le patronat disait dans les années 70 et 80 qu'on ne fait pas la même politique sociale avec un PC à 20% qu'avec un PC à 5%, on pourrait dire de nos jours qu'on ne mène pas la même politique d'immigration avec un FN à 20% qu'avec un FN à 5%...), d'autre part de bâtir une nouvelle coalition de droite à l'italienne après un échec cuisant attendu de Sarkozy et de l'UMP en 2012, coalition où le FN serait l'élément dominant. Et il est vrai que MLP, qui reconnaît l'horreur du génocide nazi, commence à ressembler étrangement à Gianfranco Fini, qui a abjuré le fascisme et visité Auschwitz. On peut se demander si elle n'est pas en train de réussir ce que Bruno Mégret a raté.
Et on peut tabler qu'après une débacle en 2012, pas mal d'élus UMP se montreront moins intransigeants.

Il faut voir l'attitude des militants UMP, nombreux sont ceux qui sont proches du FN. J'ai un collègue fonctionnaire qui connait un candidat FN aux cantonales. Ce candidat est lui-même fonctionnaire dans la même administration et adhérent à la CGT (étant simple adhérent, il n'a pas été exclu, et a d'ailleurs été candidat à 600 kilomètres de son lieu de travail...) Ce candidat (qui avait voté Chevènement au 1er tour en 2002 et Le Pen au 2ème tour) lui a dit que ce sont des militants UMP qui ont fait campagne pour lui dans son canton, puisqu'il ne se trouvait pas sur place, et ont distribué les tracts sur les marchés, et ont conseillé de voter pour lui au second tour, où il a fait 30% face à un divers gauche.

Sans transition, au sujet des attitudes divergentes de Fillon, qui se veut modéré et drague au centre, et de Sarkozy qui fait jouer le "vilain" à Guéant et drague sans vergogne le FN, j'en conclus que Fillon respecte les électeurs FN en n'essayant pas de faire croire qu'il partage leurs idées, alors que Sarkozy continue à se foutre de leur gueule car sur le fond il pense comme Fillon, et est même sûrement plus éloigné de l'électeur de base FN avec son mondialisme évident et ses tendances bobo libertaires, il suffit de regarder ce qu'il a fait au pouvoir pour en avoir la preuve.

Je sais bien que les Français ont sans doute hérité des Gaulois le virus de la division, mais je trouve que le paysage politique est extrêmement fragmenté en France, et ça ne va pas en s'arrageant. Déjà, les 2 partis dominants, UMP et PS, font beaucoup moins de voix que dans la plupart des autres pays européens. Et pourtant, ils sont eux-mêmes très divisés idéologiquement.

L'UMP est écartelée entre la "droite populaire" proche des idées du FN et les centristes de Méhaignerie et Borloo, ce dernier venant d'ailleurs de faire sécession. Au milieu, les tenants de la tradition gaulliste se font rares, et Sarkozy essaie de se faire passer pour un dur en tenant des propos style "droite populaire-FN" tout en menant une politique "centre-Rama Yade". Résultat: ce parti se rétrécit sur sa base électorale minimum, à savoir la grande bourgeoisie, les banlieues résidentielles et le midi méditerranéen.

Le PS est tout aussi divisé entre les traditionnalistes emmenés par Aubry, qui prétendent mener une politique héritée du marxisme dans la lignée de Mitterrand, mais qui n'en auront pas les moyens s'ils arrivent au pouvoir, car toute politique de ce type est impossible dans l'économie mondialisée imposée par l'Europe, y compris d'ailleurs par les socialistes européens, les libéraux de gauche comme Rocard, Gérard Collomb et bien sûr DSK, favorables à une politique genre parti démocrate américain, et les libéraux-libertaires, hérauts du libéralisme sociétal (cosmopolitisme, environnementalisme, immigrationnisme forcené...) et proches des idées des verts. Ces derniers draguent la clientèle bobo des grandes villes alors que les socialistes traditionnels essaient de retenir les électeurs populaires de la gauche, avec un succès mitigé. Les libéraux de gauche, eux, font un carton dans le Grand Ouest et particulièrement en Bretagne où ils ont pris la suite des démocrates-chrétiens.

Le "centre", qui occupe traditionnellement un espace réduit, est ultra morcelé entre le MODEM de Bayrou, le plus à gauche, qui pratique les alliances à géométrie variable, l' "Alliance centriste" de Jean Arthuis, qui voudrait bien être indépendante mais n'arrive pas à rompre avec l'UMP, le "nouveau centre" de Morin, distinct de l'UMP mais son éternel allié, les radicaux de Borloo qui faisaient partie de l'UMP mais sont en train de s'en émanciper, et les centristes qui restent à l'UMP tout en la critiquant comme Méhaignerie. 5 tendances pour se partager 10 à 15% des voix à tout casser, ça fait vraiment beaucoup. Et Borloo qui va en rajouter en créant un parti supplémentaire.

Et c'est pareil ailleurs, LO, PT et NPA à l'extrême-gauche, le "Front de gauche" est constitué du PC, du PG de Mélenchon et d'un groupuscule issu du NPA, les Verts sont des habitués des multiples tendances et querelles, les souverainistes de droite éclatés entre les amis de Pasqua, ceux de Dupont-Aignan et divers groupuscules, le FN a vu plusieurs scissions au cours de son histoire.

Quelle pétaudière! Pourtant, au vu des différents courants, un reclassement semble possible. Une force de droite regroupant la droite de l'UMP et le FN, une force de gauche avec le front de gauche, le NPA et les socialistes traditionnels, et une force du centre regroupant l'aile sociale de l'UMP, les gaullistes tradtionnels, les centristes et radicaux de toutes obédiences et l'aile modérée, libéraux de gauche et libéraux-libertaires du PS. Idéologiquement, c'est ce qui serait le plus cohérent, mais je doute que cela se fasse car les gens sont habitués à la bipolarisation avec au second tour la droite contre la gauche, les partis politiques hésiteront à organiser la vie politique avec 3 pôles importants. Donc on continuera avec des partis regroupant des gens que tout sépare, faute de modernisation afin d'adapter les formations politiques aux idées actuelles et les mettre en adéquation avec leurs électeurs.

Et si la gagnante ultime est la vague bleue Marine, on ne pourra pas dire que les autres partis ne l'auront pas cherché...

Surtout, c'est à double détente de dire qu'un politique n'a pas de programme en voulant le discréditer. Car après, on ne peut plus dire qu'il est dangereux. Comment quelqu'un qui n'a pas de programme pourrait-il être dangereux?

Je me demande aussi si c'est important auprès des électeurs de n'avoir pas de programme. Aux cantonales, des candidats fantômes comme ceux du FN, dont on n'a même pas vu le portrait sur leurs affiches, et dont le seul programme était d'être "le candidat ou la candidate de la vague bleue marine", ont obtenus de très bons résultats.

La plupart des électeurs de Marine Le Pen se moquent de son programme, ou de son absence de programme, ils veulent simplement exprimer leur ras-le-bol de l'immigration pas maîtrisée du tout par les autres partis, malgré leurs belles promesses.

Un bon point pour elle, c'est iindéniable. En plus elle en profite pour se débarasser d'opposants, c'est finement joué. Par contre quand on voit que cette commission se contentait d'un simple blâme, on se dit que c'est un combat à long terme.

En 1 an, les choses peuvent encore tourner, il est possible que le bon score de Marine Le Pen soit annoncé un peu trop à l'avance. Par contre, ce qui va l'aider, c'est qu'au fond, comme l'a justement dit Mélenchon, les "grands" candidats rêvent tous de l'affronter au second tour car pour eux c'est la victoire assurée.

Il devrait y avoir aussi Jean-Pierre Chevènement, qui devrait bizarrement sortir de sa pré-retraite du Sénat pour se lancer dans la présidentielle, on ne sait trop pourquoi, il ne peut plus rien espérer et aura du mal à dépasser 1% puisque complètement hors du jeu politique. Pas aimé par la droite car anti-européen et anti-américain, honni par la gauche car n'est pas anti-français et a eu le culot de défendre Zemmour, que lui restera-t-il comme électeurs? Dommage de ternir ainsi une carrière politique plutôt réussie.

Pas bonne mémoire! D'autant plus que je les avais cités il y a quelques mois, je ne sais plus si c'est sur ce topic, sur politique ou islamisation. J'avais reproduit ces propos sans dire leur auteur et proposait de deviner qui les avait tenus. La réponse avait été... Le Pen!

Il faut remarquer que, non seulement il tient ces propos, mais de plus il les tient auprès du recteur de la mosquée de Paris, ce qui aujourd'hui ferait un scandale énorme.

Quand je pense à l'attitude du PC aujourd'hui, ça confirme que les anciennes put***s font les meilleures bigotes...