Série "Doctor Who"

Jodie Whittaker se couvre pour la saison à venir :
http://braindamaged.fr/02/01/2020/doctor-who-saison-12-jodie-whittaker-sait-que-la-serie-ne-peut-pas-plaire-a-tout-le-monde/

On avait de bonnes vibes à propos de cette saison 12  et Spyfall se charge fort heureusement de confirmer que les pendules ont été remises à l’heure à bord du TARDIS.  L’aspect pastiche de 007 fonctionne parfaitement. Avouons que ce n’était pas le plus absurde à accomplir, quand on dispose de marqueurs aussi identifiables que populaires que ceux de James Bond. Il existe également une corrélation naturelle entre les deux sagas demeurant en 2019 les grandes héritières des séries d’aventures UK des Sixties, avec leur brio et leur géniale démesure (Le Maître formant d’ailleurs le Diabolical Mastermind absolu). Le soin extrême apporté à l’approche narrative, visuelle et musicale de cette convergence force l’admiration et rend l’ensemble particulièrement distrayant. On aime en particulier la parodie de l’action sautant aux quatre coins du monde et tenant parfois lieu de scénario à ds récents 007 (QoS) ou le MI6 totalement dépassé en prenant la relève de UNIT. On remarque aussi que les tabous de Doctor Who sont respectés : le Docteur ne s’autorise pas de Liccence to Kill et il n’y a bien évidemment aucune relation charnelle en vue. De la belle ouvrage.

On apprécie encore davantage que l’épisode s’en vienne porter remède aux affligeants défauts de la saison précédente. Au lieu de pensums  PC, on retrouve ici le goût de l’Aventure, tonique et échevelée, avec la dinguerie propre à Dr Who.  On suit le récit avec plaisir, ce qui ne l’empêche pas de délivrer un message contre les GAFA et leur immixtion dans nos vies. Mais ici cela s’insère naturellement dans l’histoire et lui apporte une valeur ajoutée, au lieu d’en devenir l’Alpha et l’Oméga, de manière bien rasoir. Thirteen se sort enfin un peu les tripes, avec une Jodie Whittaker toujours parfaite. On peut regretter que le Docteur subisse trop les événements, mais c’est logique dans le cadre d’un épisode en deux parties. La riposte viendra bientôt.  L’épisode prend également le temps de poser les Compagnons, en particulier le jeune duo, qui commence enfin à trouver sa formule. Le doyen reste quelque peu le sacrifié du jour, demeurant essentiellement le confident du Docteur, mais rien de dramatique non plus.

Surtout, l’épisode frappe un grand coup à propos du manque d’antagonistes, pire défaut, selon moi, de la saison précédente. On ne voit pas ce que Chibnall aurait pu tenter de plus que de mobiliser le Maître en personne. L’effet de sidération joue à plein, d’autant que la BBC a su cette fois conserver le secret, contrairement à sa com autour du retour de Simm. On se régale car Sacha Dhawan excelle réellement dans l’expression de la folie et du génie maléfique de la Némésis du Docteur. Une grande performance , d’autant qu’il apporte une diversité supplémentaire au rôle et que cela fait plaisir de retrouver encore un ancien de An Adventure in Time and Space. Reste à confirmer ce succès dans la durée, mais la saison a toutes les cartes en main pour nous enthousiasmer. (****)

Les regrets de deux anciens :
http://braindamaged.fr/05/01/2020/doctor-who-david-tennant-et-matt-smith-regrettent-larret-des-episodes-de-noel/

Les épisodes de Noël ont été remplacés par ceux du jour de l'an. Je n'exclue pas que cela soit pour des motifs PC ou laïcs, comme on le voudra. Mais cela me convient car cela accorde plus de liberté aux scénaristes, qui ne sont plus obligés d'intégrer des éléments identifiants de Noël, parfois de manière artificielle.

Au moins concernant Tennant, on va avoir un Comics avec son Docteur et celui de Jodie, why not ?

Spyfall partie 2 m'a globalement plu, il reste bien plus prenant que la plupart de ceux de la saison dernière. Après je le trouve inférieur à la première partie. Consacrer les volets historiques à présenter des femmes formidables et méconnues pourquoi pas, mais on de s 'en tenir à une seule par épisode. ici on a fait que survoler chacun des deux sujets, avec des indications du Docteur relevant de la fiche Wikipédia, et le temps pris à conduit à une résolution bien trop rapide de l'affaire, En plus la narration s'en tient largement à du ouï-dire, autant via le Maître que via le Docteur. un procédé peu onéreux et rapide, mais devenant vitre frustrant et rendant l'ensemble assez bavard. Le Paris de 1943 relevait davantage de l'Enfer dans une série comme Constantine, mais visuellement c'était réussi. Il faudrait éviter de trop jouer avec Gallifrey, si tout peut être bouleversé n'importe quand, alors plus aucun évènement n'a vraiment d'importance. J'ai beaucoup aimé la dynamique se mettant en place entre les trois Compagnons réguliers, c'était très rafraichissant et sympathique, et c'est encourageant pour la suite de la saison. (***)

Excellente analyse, que je partage globalement, même si j'ai un peu plus de réserves sur la deuxième partie. Cinq Compagnons c'est beaucoup et les deux invitées historiques n'ont finalement pu être effleurées. Le Docteur et le Maître racontent beaucoup ce qu'ils ont fait au lieu de le montrer (plus rapide et moins cher), par moments cela rappelle quelques sketchs de The Curse of Fatal Death. Mais l'essentiel reste bien que la série ait été remise sur les bons rails.

Perso je ferai le bilan en fin de match, enfin de saison, mais peut-être qu'effectivement le moment est venu pour la série moderne de faire une pause, comme la série classique en a pratiqué de temps à autres. Le temps que l'inspiration se renouvelle et que le public ait à nouveau envie. Là c'est du non stop (ou quasi) depuis 2005, une usure est inévitable, et les erreurs de Chibnall n'arrangent rien. il a été un très bon showrunner sur Broadchurch, peut-être que ce type de série lui convient mieux. De toutes manières, si Doctor Who  continue à perdre du public à ce rythme, la BBC va vite trancher. 

Belle défense !!!


Nikola Tesla's Night of Terror confirme que la saison 12 en revient décidément à de formules éprouvées, voire ici quasiment aux années RTD, tant on se croirait ici face à un historical de l’époque, mais avec de meilleurs effets spéciaux. La convergence est frappante, tant pour les côtés saillants (insertion du personnage rencontré via une aventure ajustée à son œuvre et à sa personnalité, ici l’énergie conductible sans fil et la Tour Tesla), que pour les moins convaincants, en particulier l’inévitable présence très tarte à la crème des Aliens. La greffe indiscontinue de ce thème à celui des aventures dans le Passé finit par donner des allures de Formula Show à Doctor Who (un comble !), tandis que cela occupe de l’espace au détriment de la peinture historique. Chibnall a souhaité un retour à de purs épisodes historiques pour la saison prochaine, il a bien raison. Par ailleurs l’épisode cède à la facilité de survendre son sujet en réalisant un portrait très hagiographique et simplificateur de Tesla. Ses théories eugéniques, souvent sinistres, se voient ainsi totalement passées sous silence. On aurait aussi pu mettre en scène, George Westinghouse, inventeur presque aussi prolifique que son ami Tesla, mais moins connu.

Et pourtant, malgré ces réserves, j’ai beaucoup aimé cet épisode très rythmé et visuellement superbe (même si la Reine ne fera pas oublier l’Impératrice des Racnoss). La venue du mythique Tesla, un totem pour les amateurs de SF, est particulièrement bienvenu dans Doctor Who. Il aurait même pu avoir lieu plus tôt, alors qu’on l’a déjà dans Murdoch et en personnage régulier dans Sanctuary (voire dans les Comics de Superman pour les amateurs). L’épisode tire le meilleur parti de la convergence existant entre lui et le Docteur, à travers une Science conservant son aura presque magique et les capacités de l’imagination. Même s’ils ne sont pas tout à fait contemporains, on remarque qu’après Ada Lovelace, ce sont eux grandes figures de l’école Steampunk qui sont évoquées par la saison. De quoi rêver à un final où la fabuleuse énergie électrique de Nikola s’associerait aux Machines d’Ada pour un résultat explosif. Sinon j’ai aimé le tandem formé avec Yaz, enfin mise en avant, mais aussi que le récit ne charge pas excessivement Edison. Odie whittaker continue de se montrer convaincante avec un Treizième Docteur qui continue à être agréablement plus badass que la saison dernière. (***)

Question : après 12 saisons, n'y a-t-il pas une usure de la série dont elle ne se remet pas parce que la dernière saison a déçu et que les fans qui sont partis ne sont pas revenus ?

D'accord sur la plupart des points de cette excellente critique ! Bien aimé Goran Višnjić dans Timeless, autre série d'aventures dans le passé (sans Aliens). Avant de sombrer comme les autres dans les bons sentiments en saison 2, son personnage était agréablement sombre et menaçant. Bien loin de ce Tesla situé très dans la légende dorée le concernant. J'ai préféré son portrait hautement fantaisiste dans Sanctary, et Semi Vampire et Génie aspirant à la domination mondiale, mais avec un gros crush pour l'héroïne. C'était souvent du bon n'importe quoi, mais on s'amusait bien.