Romans de Fantasy
CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS :: Le CAFÉ Avengers (Ouvert sous modération)
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Re: Romans de Fantasy
Notamment parce qu'il ne se se penche que sur ses protagonistes, laissant trop largement de côté les personnages secondaires. L'action se déroule également sur différents fronts set tous n'ont pas la même consistance, contrairement au final de la Roue du Temps. Ou de l'Hérésie d'Horus de manière immanente, car la fin des fins il n'y a que l'Empereur. Globalement ce dernier volet accentue les divers défauts des précédents mais parvient à faire en sorte que ses principales vertus demeurent présentes dans sa lecture, quoique amoindries. Ce n'est pas un naufrage, mais en Fantasy le fond ne fait pas tout, la forme du récit et le façonnement de l'univers comptent énormément.
Sinon Will et Lyra qui tombent amoureux, mais qui décident, pour le bien de l'Univers, de fermer les ponts entre les mondes et donc de demeurer irrémédiablement séparés, on est bien d'accord que c'est Ten et Rose avant l'heure. C'était dans un autre monde, avant Disney Who.
Vaste sujet, l'eschatologie monothéiste reste traditionnellement la Jérusalem céleste, cité parfaite offerte par Dieu à l'Humanité, mais qui sera aussi Son tabernacle, donc transcendante de notre monde. Dieu et l'Humanité y seront de nouveau réunis, comme au Jardin d’Éden : en dehors de ce monde, où l'Humanité s'en alla errer après sa révolte. Oui, tels les Elfes enfin revenus en Valinor, à travers la Voie étroite.
« L'Esprit se saisit de moi et l'Ange me transporta au sommet d'une très haute montagne. Il me montra la Ville sainte, la Jérusalem qui descendait du Ciel, envoyée par Dieu, resplendissante de la gloire de Dieu. »
Estuaire44- Empereur
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Re: Romans de Fantasy
Tout à fait, j'ai aussi pensé à Ten et Rose. Vu que Doctor Who a fait appel à des romanciers de temps à autre, ça m'amuserait de voir Pullman écrire un épisode. Enfin, son ton réussirait-il à se couler dans le moule de Disney ? Pas sûr. Enfin, RTD semble à son aise donc y a un espoir.
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Romans de Fantasy
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Re: Romans de Fantasy
Porcelaine sous les ruines avait tout pour ne pas me plaire : une romance fantasy bien plus romance que fantasy et sans grandes surprises. Pourtant ce 3e roman d'Ada Vivalda réussit une très convaincante variation autour de ce genre usé jusqu'à la corde, tout en conservant de la fantasy l'esprit plutôt que la lettre.
Sous un autre nom, Vivalda avait écrit un inabouti mais prometteur 1er roman, Derniers jours d'un monde oublié (chroniqué ici d'ailleurs), et on y trouve les mêmes forces et faiblesses, mais aussi un net progrès. La substance narrative demeure encore son point faible, il se passe assez peu de choses au cours de ce lancinant duo/duel entre Alba et Lethan, tandis que l'opposition Cymry, certes planante, reste à l'arrière-plan la plupart du temps. Comme souvent dans la romance, Vivalda parie beaucoup sur un twist final, mais bien trop prévisible pour susciter la surprise. Le trope utilisé est devenu commun dans les romances relevant de l'Imaginaire, mais son effet demeure tout de même puissant.
On pourrait critiquer son worldbuilding de low fantasy comme ultra-minimaliste, mais son choix se porte vers une épure saisissant une essence de la fantasy. Dans cette Irlande inondée et pluvieuse, mais aux paysages renversants, où hommes et femmes travaillent la terre sous le regard imparfait mais vif de leur dirigeante, où trône un majestueux château poli par les âges, où se déroulera une étonnante bataille finale, où des rêves rappellent un passé glorieux mais à jamais perdu, l'autrice, sans quitter la Terre (à l'exception de quelques pages), nous transporte bien dans un autre monde. Les ajouts fantastiques (génies, pouvoirs discrets, animaux magiques) sont très ponctuels et adornent davantage qu'ils ne forment cet esprit fantasy. Il me semble que c'est un parti pris qu'on retrouve dans Gormenghast. Le paradoxe est que le worldbuilding de Derniers jours... était bien plus développé mais l'immersion n'était pas aussi forte que l'épure de Porcelaine sous les ruines. Comme quoi, less is more.
C'est évidemment la romance centrale qui est l'intérêt, genre dont je suis très peu friand. Aurais-je su que ce roman était avant tout de la "romantasy" que de la fantasy, je ne suis pas sûr que je l'aurais acheté. C'est pourquoi je suis heureux de m'être laissé tromper tant la version des "enemies to lovers" ici m'a paru singulièrement aboutie. Développant à fond la double face de ces personnages — Alba puissante et fragile, Lethan odieux séducteur et humaniste débordant — puis les fusionnant jusqu'à brouiller les lignes, Vivalda triomphe à nouveau sur son point fort : les personnages. Grâce à une connaissance claire des enjeux et dilemmes, l'artificiel rapprochement classique entre l'homme et la femme parait fluide, organique, logique, naturel. Son style mature et personnel, avec rapprochements torrides et interrompus, et éloignements glaciaux où couve la passion, compte beaucoup dans son succès. Il y a parfois quelques lourdeurs et répétitions mais franchement, le jour où j'écris une romance dans un roman de fantasy, je sais que je relirai Porcelaine sous les ruines. En dépouillant progressivement chaque personnage de leurs masques, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent à nu, dans un suspense aussi amoureux que dramatique, le livre se lit très bien. Less is more est encore la règle, puisque Vivalda se montre bien plus érotique avec son style implicite, suggestif que les descriptions crues habituelles du genre.
Malgré une intrigue maigre, Porcelaine sous les ruines offre une réussie variation dans le genre romance tout en captant à merveille l'esprit de la fantasy sans la lettre. Cinquième roman français de fantasy que je lis et enfin un que je range avec plaisir dans ma bibliothèque. (***)
Dernière édition par Dearesttara le Mar 9 Avr 2024 - 14:34, édité 1 fois
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Re: Romans de Fantasy
Fort intéressant et qui me donne matière pour un avenir...semi-éloigné. J'ai noté Lucien de Samosate, "Fondation" et "La voie des rois". Et reprendre les Annales bien sûr. Misère ! Quelqu'un sait comment figer le Temps ?
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Re: Romans de Fantasy
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Re: Romans de Fantasy
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Re: Romans de Fantasy
Assez malicieusement, Terry Pratchett s'attaque au Bildungsroman. Tous les codes y sont : jeune homme un poil paria, mentor bourru mais juste, rencontres sentimentales, apprentissage de la vie et de la croissance intérieure, traversée des classes sociales... Il a aussi l'audace de prendre un thème de SF, les paradoxes temporels, mais en en faisant sa propre version fantasy, avec les codes similaires : gaffe temporelle-recollage épuisant de morceaux-réalité se dévidant. Mais au lieu de ventiler ces codes façon puzzle et de se perdre ou dans une course à l'échalote mal maîtrisée (Huitième couleur/Huitième sortilège) ou dans un hors sujet complet (Huitième fille), Pratchett réfrène enfin son délire et lui pose un solide cadre d'où partent un, deux puis trois récits différents. Alors les descriptions délirantes, les réflexions hilarantes et les fulgurances d'absurdité s'enchaînent à vive allure tout en restant collés à l'évolution des personnages. L'humour au service de l'histoire plutôt que l'inverse, Pratchett, sous son délire, en revient à un moule plus classique mais aussi plus porteur et efficace. Certes, l'auteur n'échappe pas à un certain zapping avec des voyages frénétiques s'enchaînant sur quasi toutes les contrées du disque, mais avec un récit plus solide, l'effet excessif des aventures de Rincevent est assourdi. Tout en profitant des us et coutumes de certaines contrées vraiment pas piquées des hannetons. Il me semble qu'avec Mortimer, Pratchett a le bon sens de renoncer à suivre les pas d'Adams, un des rares auteurs pouvant se permettre de tout balancer grâce à son génie burlesque sans égal.
Si Mortimer fonctionne, c'est avant tout grâce à ses personnages enfin incarnés et pas juste prétextes aux vannes. J'aime bien le touchant portrait de Morty, jeune maladroit qui à la fin... reste encore maladroit mais qui a visiblement gagné en bouteille. Que ce soit en action, en initiative ou en sagesse, l'évolution est accomplie. Sa vision désormais désabusée du monde est toutefois adoucie par le mariage final et la gracieuse salutation de La Mort. Il est notre ancrage tout le long de cette aventure joyeusement fêlée, un équilibre parfait entre drama, émotion et humour-tornade en pleine forme. Voire une certaine poésie quand Morty est face à certaines âmes quittant ce monde, souvent avec sérénité (telle la sorcière des bois). Ysabell et Kéli m'ont paru plus ternes mais elles savent faire preuve d'initiative et d'astuce, que ce soit en s'opposant crânement à la fatalité (Keli) ou en corrigeant les excès de ses messieurs (Ysabell). J'aurais bien repris plus d'Albert, personnage gouleyant et mordant et au coeur d'un assez futé twist. Coupefin compose comme un cousin de Rincevent par son incapacité monstrueuse mais qui se manifeste autrement que par le générateur d'improbabilités qui semblait coller à la peau de son confrère. Chaque scène avec lui est une embardée décalée qu'on goûte à chaque fois. Mort reste assez mystérieux mais son alliage de philosophie et d'inéluctabilité compose un fascinant personnage, rendu plus trouble encore après son expérience de l'humanité. Après l'humour foiré de la Huitième Fille, on se surprend à rire encore et encore à chaque rencontre déviante (coup de coeur pour le duel entre l'Empereur et le Vizir à coups de formules de politesse claquées au sol).
Les récits secondaires voyant La Mort apprendre les plaisirs humains ou Albert échouant comme un grand son masterplan sont plus gratuits mais toujours aussi délectables par le contraste constant entre ces personnages sis dans leurs douces folies et les pauvres bougres autour d'eux (la Mort en commis de cuisine j'ai failli ne pas m'en remettre). Je note aussi qu'après trois romans bien chastes, Mortimer est truffée d'allusions sexuelles, on en reste certes à une retenue anglaise mais chaque saillie piquante réjouit et fait rire par son irruption inattendue. Cerise sur le gâteau, la réapparition de personnages précédents est parfaite et je pense que ce sera un des grands plaisirs des romans de revoir ces personnages de temps à autre. SURTOUT LA MORT, ON L'AIME D'AMOUR CETTE MORT.
La réussite n'est certes pas complète. L'absence d'antagoniste de nom demeure un problème (le Duc reste une silhouette). Je ne vois pas en quoi Keli proclamée reine changerait quoi que ce soit à la marée du temps retrouvant ses marques. Le duel final est certes à couper le souffle mais la résolution touche vraiment au deus ex machina, voire au ta gueule c'est magique. A tout prendre, je préférais encore le duel dans la plus haute tour de l'Université dans le Huitième sortilège.
Qu'importe, Mortimer offre enfin au Disquemonde sa première aventure vraiment aboutie, bien structurée, riche en humour, en absurde et en personnages attachants. (****)
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Romans de Fantasy
La Mort est certainement,j le personnage le plus populaire du Disque auprès des lecteurs. A juste titre, même si Esmé, Vimaire, le Patricien et le brillant collectif de l'UI (mes chouchous) forment de rudes challengers. On va le revoir souvent, comme passeur ou comme protagoniste, son équipe un peu moins, je le crains. Pratchett va bien rester sur cette ligne de romans plus classiquement structurés, bienvenue derechef sur le Disque-Monde !
Estuaire44- Empereur
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Re: Romans de Fantasy
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Romans de Fantasy
A mon sens, la grande force de C.S. Lewis est son talent pour le merveilleux. Certains romanciers objectivement supérieurs comme Jordan ou Tolkien nous immergent avec puissance dans leurs mondes grâce à leur savant worldbuilding, Lewis n'a étonnamment pas besoin d'une telle application. Déchaînant la pleine force des archétypes des contes de fées, il sait manifester l'enchantement de la découverte d'un nouveau monde en quelques phrases. Howard savait aussi aller à l'économie mais moins pour l'immersion que pour l'action explosive immédiate. C'est bien simple, je suis entré dans Narnia avec la même célérité et soudaineté que Lucy Pevensie, et ce monde m'a paru aussi réel que la Terre. J'ai été impressionné et subjugué par la Terre du Milieu et tant d'autres mondes de l'Imaginaire, et ils m'ont parfois enchanté. Chez Narnia, l'envoûtement est permanent. La profusion généreuse de créatures fantastiques, d'artefacts, de paysages extraordinaires, est mirobolante. Tandis qu'on retrouve un certain goût pour une vie traditionnaliste, avec le rapport à la Nature, le travail et la vie quotidienne célébrées, d'une manière finalement assez voisine de Tolkien, grand ami de Lewis. Bon Tolkien n'aurait jamais écrit une métaphore aussi transparente que Aslan/Jésus-Christ, jusqu'à transposer quasi toutes les étapes de sa vie d'adulte, mais cela imprime une sorte de grandeur mythologique qui sied tout à fait.
Une autre force de l'auteur est sa concentration. Tous les romans de Narnia sont relativement courts mais hautement concentrés en action, pas une page se déroule sans un évènement, un rebondissement, une menace suspendue. Si Lewis voulait garder les enfants de plain-pied dans Narnia et ne plus les lâcher, le pari est réussi, et cela s'étend aux adultes.
Malheureusement, ce roman est aussi entâché par de puissants défauts. En premier lieu, un style excessif et lourd. Je pense que lu à un enfant, c'est une lecture inoubliable. Passée l'enfance, les répétitions, les sur-explications, les phrases lourdes et interminables, deviennent vite agaçantes. Il est ironique que ce qui rompt l'immersion avec Narnia n'est pas le fond mais la forme. Il n'y a qu'à faire la comparaison avec Le Hobbit, autre culte du livre pour enfants, mais à la prose plus dynamique, pour voir à quel point Lewis me semble enfermé dans des conventions aujourd'hui difficilement lisibles. Cela s'étend aux personnages, assez peu développés. Edmund, le plus intéressant en néo-Judas tenté par les sous d'argent euh les loukoums, en reste finalement à un égarement passager. Le voir cependant en roi de justice à la fin témoigne de la conviction enthousiaste de Lewis dans le pardon et la rédemption, prodiguement données par Aslan, évidemment. Les valeurs chrétiennes donnent un vrai fond au livre, mais avec de meilleurs personnages, cela aurait été plus frappant. La Sorcière est le mal absolu soit la pire option pour un méchant, menaçante mais prévisible et de carton-pâte. On note aussi un certain passéisme avec les garçons en mode action (Peter étant le leader par droit d'aînesse) et les filles en mode arrière-garde. Mais ce sexisme apparent me semble adouci par le fait que dans l'histoire, ces mesdames font bien davantage avancer l'action que ces messieurs, ce qui me paraît un point important à retenir avec les accusations de sexisme dont Lewis fait l'objet (je ne sais pas encore pour le racisme). L'investissement émotionnel paraît en tous cas peu présent. L'apparition du Père Noël, désolé, j'ai trouvé ça plus ridicule qu'autre chose.
Plusieurs problèmes de structure sont également apparents. A plusieurs reprises, la Sorcière pourrait triompher (elle a mille occasions de tuer Edmund, ce qui suffirait à anéantir la prophétie) mais n'en fait rien, parce que voilà, c'est tout. Les batailles sont à peine décrites, même Tolkien y consacrait quelques pages, là c'est juste le néant. Les apartés du narrateur au lecteur fonctionnent sur le jeune lectorat. Passé 10 ans, ce quatrième mur est juste intempestif. La mort d'Aslan frappe par sa mise à mort longue et sordide, même si elle est un décalque de la flagellation et de la crucifixion du Christ. Sa résurrection était évidente mais du coup vide pas mal de son sens sa mort car nous ne sommes pas dans le ton mythique de la Bible mais dans un roman pour enfants. L'impact paraît bien moins fort. J'aurais plus apprécié une mort plus longue d'Aslan, quitte à le ressusciter que bien après (même le Christ a mis 3 jours, Aslan c'est juste quelques heures).
Bref, je vais continuer ma lecture de Narnia, les pouvoirs d'immersion, d'enchantement et de rythme de Lewis sont éblouissants mais son style et une certaine faiblesse de la structure font qu'il y ait des chances que je n'apprécie pas autant Narnia que je le souhaiterais. Je ferai certainement des chroniques de plusieurs des livres en même temps. (**)
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Romans de Fantasy
Petit détail : Le Lion, la Sorcière blanche et l'Armoire magique constitue le premier tome du cycle dans l’ordre de publication, mais le deuxième dans l’ordre de narration. Chronologiquement ses évènements sont précédés par ceux du roman Le Neveu du Magicien. Cela peut-être intéressant de le lire en préambule du reste, car il narre la création du Monde de Narnia. Il met ainsi en exergue le Merveilleux que Dear a justement compté parmi les atouts de Lewis, tout en apportant un surplus de Worldbuilding.
Ceci étant je rejoins pas mal de points de la critique. J’ai beaucoup apprécié le sens du Merveilleux du livre et son symbolisme souvent poétique, un roman davantage d’atmosphère que d’intrigue. Par contre je regrette effectivement qu’il ne tente jamais de dépasser se dimension de livre purement pour enfants, que l’on ressent continuellement, bien davantage même que que chez le Hobbit vis-à-vis du LOTR (non , je n’ai pas encore essayé les bouquins Black Library pour la jeunesse, ce défi mental reste à relever). La dédicace à Lucy Barfield est un bijou.
Ce choix marqué pour l’enfance présente plusieurs conséquences : un langage très simple, parfois limité, volontiers directif. Le tout avec un refus de représenter la violence, que cela soit dans les affrontements directs, ou dans la description de la psyché de la Sorcière. Je viens de finir de boucler Le Sang d’Aenarion, un bouquin Warhammer Fantasy opposant les jumeaux Thyrion et Teclis, héros elfiques, à N’Kari, Démon majeur et Gardien des Secrets de Slaanesh, et on va dire que cela diverge beaucoup dans le portrait de l’antagoniste, ses oeuvres et ses pompes. Donc oui, on est en manque de développement des personnages, de contexte et pourquoi pas de scènes de tortures extatiques et sensuelles.
Cela explique aussi qu’il s‘agisse d’un des rares romans dont je dois admettre que la version cinéma est bien meilleure. L'adaptation est très bonne, presque à la lettre. Et le film mettre beaucoup plus en valeur les personnalités des personnages, ce dont le récit avait précisément besoin. Il accroît le spectaculaire, sans altérer l’allégorie. J’ai lu la suite de Narnia voilà bien longtemps, mais je me souviens l’avoir appréciée, même si on en reste au même style d’écriture, là où les Harry Potter ont su faire évoluer leur narration avec l’âge des protagonistes (incidemment on ne fait pas plus Queer et Trans que N’Kari ou le Dieu des Sombres Plaisirs, mais bref, ne soyons pas taquins).
Ceci dit, une fois ses auto-limites reconnues, j’ai beaucoup aimé le style de Lewis. De plus, dans sa simplicité, il est construit et raconté de telle manière que tout lecteur de tout âge peut apprécier l'histoire sans jamais ressentir de condescendance de la part de l'auteur. .ni simplicité lorsqu'il s'agit de déverser l'intrigue sur les pages. De plus, par son imagination, un lecteur adulte saura compléter ce que l’auteur a souhaité dissimuler aux enfants, cela peut même en devenir ludique.
Le roman demeure très intelligemment construit en sous-main, ce qui explique qu’il soit devenu un Classique intemporel et multigénérationnel, même avec un impact moindre que le plus complet LOTR. On peut aussi applaudir le fait qu’il s’agisse d’un roman autonome, avec sa propre conclusion, tout comme chez Tolkien. Le lecteur peut choisir à sa guise de poursuivre ou pas son voyage, pas comme chez certain auteur où il stationne sur une aire d’autoroute depuis des années.
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Re: Romans de Fantasy
Y a des bouquins Black Library pour la jeunesse ?
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Romans de Fantasy
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Étant destinée à la jeune génération, elle est largement disponible en dématérialisé et en audio books, avec les voix de David Tennant (pour la SF) et Billy Piper (pour la Fantasy). Je soupçonne que cela doit quelque peu ressembler à Doctor Who...
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Estuaire44- Empereur
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Re: Romans de Fantasy
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Romans de Fantasy
J'ai vu tous les films et je les ai bien aimés moi aussi. C'est vrai qu'avec un peu de culture chrétienne, les analogies sautent aux yeux ! Aslan est le plus évident effectivement. Dans le film "L'Odyssée du passeur d'aurore" (3ème film mais 5ème livre je crois), il dit même quelque chose comme quoi "son royaume n'est pas de ce monde" et que, lorsqu'on y entre, on n'en revient pas. Ceci dit, c'est très agréable à regarder.
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Romans de Fantasy
Dès son chapitre 1 narrant pas moins de 4 massacres consécutifs, Glen Cook plante son décor : ce sera noir de chez noir et à des hauteurs à peu près inédites. 40 ans après, l'audace de ce roman continue de susciter l'admiration. Ce monde désespéré où il n'y a que la guerre (Warhammer est je crois sorti à la même époque ?) frappe par sa désolation, ses vies humaines fauchées à chaque page avec une sécheresse brutale, alors même que l'annaliste s'acharne à édulcorer son récit, voire à trouver l'espoir dans le sang et le carnage. Ce que j'admire le plus chez Cook est cette exploration des dualités, qui provoque un sempiternel trouble moral, d'une manière bien plus poussée que nombre de ses confrères et consœurs au moins aussi douées. Y a-t-il de la magie ? Oui, mais elle ne sert qu'à 2 choses : tuer ou se faire des guéguerres aussi inoffensives qu'un poil ridicules (les duels entre Qu'un Oeil et Gobelin sont à se tordre). Y a-t-il un combat moral ? Oui, mais nous sommes du côté de mercenaires soutenant un empire diabolique, même si les rebelles ne semblent pas valoir mieux. C'est un roman d'hommes ? Oui, mais les rares femmes dedans n'en sont pas moins mémorables, que ce soit la pernicieuse Volesprit ou bien sûr les apparitions spectaculaires de la Dame. Cherie semble être la seule lumière de ce monde, mais la fin du roman est claire : l'innocence, elle ne va pas en profiter longtemps. J'applaudis d'ailleurs que Cook n'ait pas cherché à dissimuler sa véritable identité tant elle était évidente rapidement. Il excelle par ailleurs à rendre ce monde désespéré, mais sait fêler le nihilisme par de savoureuses pointes d'humour à froid, très froid.
La Compagnie noire est-elle constituée de pourritures assassins, violeurs et dépravés ? Oui, mais n'est-ce pas aussi le refuge ultime d'exilés du monde, trouvant fraternité, complicité, jeux et raisons de vivre ? Toubib lui-même semble être le moins ignoble de la Compagnie, questionnant même ses allégeances, mais il est honnête à ne pas masquer ses propres fantasmes horrifiques (incluant carnage et pédophilie). Toubib est d'ailleurs un narrateur de choix : lié à la vie à la mort à sa Compagnie, il est celui qui la critique le plus, tout en édulcorant son récit pour ne pas porter préjudice à ses frères d'armes. C'est un des plus grands points forts du roman et sans doute de la saga. La description très réaliste, empathique et pourtant sans complaisance de la vie de soldat. Cook puise dans son propre passé et voici un roman au point de vue rare, original et stimulant par son trouble. J'ai vraiment aimé ses rivalités, ses haines, ses jalousies, ses joies, ses soutiens, ses petites moqueries, tout le côté multiple et complexe des militaires. J'ai beau être anti-militariste de conviction, je suis content que La Compagnie Noire parle de ce qui est finalement peu courant même dans les films de guerre (plus dans quelques livres et séries) : aller au-delà du trauma et des horreurs bien réelles de la guerre, et voir les liens entre frères d'armes. Dans n'importe quel livre de fantasy, ces soldats n'auraient été que de la chair à canon, l'auteur nous redonne ici leur humanité... ou ce qu'il en reste. Cook a beau clamer que la condition humaine ne l'intéresse pas, il l'interroge pourtant au moins autant que ses illustres devanciers. Cela donne du cœur à ce qui n'aurait pu être qu'une succession d'horreurs.
La forme est guerrière, sous forme de chroniques, c'est là sa force et sa limite. Je n'ai pas trouvé le roman si viscéral que ça. A force de ton chirurgical, Cook économise au max ses descriptions (merci), imprime un rythme plutôt vif (re-merci) mais banalise la violence. C'est évidemment volontaire étant donné le point de vue, mais cela prive le roman d'une sauvagerie brute. Je n'ai pas été aussi saisi pendant la grande bataille de Charme que pendant la bataille des Puits de Dumai par exemple. Les personnages sont souvent très bons (Corbeau est extraordinaire de failles cachées) mais au risque de recevoir une visite de l'Œil, j'ai trouvé la Lady assez terne. Encore trop mystérieuse et dont les actions sont rarement décrites, elle m'a semblé plus qu'une ombre qu'autre chose. Cela dit, je me demande si Cook n'a pas influencé Jordan avec ces rites magiques permettant de forcer quelqu'un à servir le mal, comme cela est arrivé à plusieurs reprises dans La Roue du Temps. Je ne sais pas si Cook peut sortir de ce dilemme : entre un investissement émotionnel qui demanderait à l'annaliste de sortir de son rôle, et la retranscription froide des annales, il a choisi son camp. Du moins pour le moment, les tomes suivants seraient apparemment plus politiques.
Je n'ai pas été aussi investi que je l'aurais voulu mais ce 1er volume de La Compagnie Noire n'a rien perdu 40 ans après de ces courageux parti-pris, de sa dark fantasy (ou grimdark ?) totale et sans concession, de son étude de l'humanité noire mais aux quelques incrustations de lumière. J'ai été convaincu et suivrai encore les aventures de la dernière compagnie de Khatovar. (***)
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Romans de Fantasy
Avec Warhammer la Compagnie partage la fureur, l'hyper violence et l'horreur des combats, mais moins la motivation. Dans le Vieux Monde on se bat rarement pour l'argent, plutôt pour des motifs religieux (le Chaos), dynastiques (les Elfes), de vengeance ancestrale (les nains), voire pour le plaisir (lers Orks) ou pour la survie (les Humains... souvent). Les mercenaires existent, mais au second plan, pour des combats entre puissances mineures (l"équivalent local des cité-états de l'Italie, par exemple). A ma connaissance il n'y a pas encore eu de roman ou de cycle de la Black Library dédiés à une compagnie de mercenaires, peut-être pour éviter la comparaison avec la Compagnie Noire !
Estuaire44- Empereur
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Re: Romans de Fantasy
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Romans de Fantasy
Formidable critique ! Je ne crois pas avoir eu l'occasion de lire quelque chose d'aussi noir que tu le décris donc cela m'intrigue. C'est vrai que la forme diariste (comme l'épistolaire) a tendance à mettre les choses à distance mais, comme cela n'a pas l'air trop rédhibitoire, je pense que je pourrai en prendre mon parti.
Merci pour cette découverte et j'ai déjà hâte de lire la suite !
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Romans de Fantasy
Étonnamment, c'est sur la métaphore chrétienne que j'ai trouvé Lewis le plus convaincant alors même que je craignais qu'il fut par trop prosélyte. Mais cette merveilleuse idée qu'Aslan ne puisse apparaître qu'à ceux qui croient en lui au préalable m'a touché, cette réécriture de Saint Thomas se fait avec un émouvant crescendo intérieur, jusqu'à ce que la foi, clé de voûte de Narnia décidément, triomphe. Edmund trouve une belle rédemption, mais aux dépens de Susan, ici à la remorque. Pourtant, malgré sa minceur narrative, Prince Caspian touche au mystère religieux et à la foi avec délicatesse et enthousiasme, récompensant ceux et celles qui ont cru sans avoir vu. Tolkien n'aurait sans doute pas renié la fin de Miraz, lui qui voyait le Mal comme ne pouvant être vaincu que par lui-même, avec juste une petite mais si importante poussée des hommes et femmes de Bien. Il ne fera pas autre chose avec Gollum. Seul regret : qu'Aslan n'aille pas au bout de sa miséricorde et punisse cruellement certains "pêcheurs" (comme les garçons cochons ou le père abusif transformé en arbre). J'y vois une faute. Mais dans le genre La foi expliquée aux enfants sans lourdeur, Prince Caspian réussit plutôt son pari. (**)
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Romans de Fantasy
Estuaire44- Empereur
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Re: Romans de Fantasy
Et merci pour cette critique qui aiguise l'appétit de l'athée que je suis. Causerais-je théologie au coin du feu ou jetterais-je l'ouvrage au bûcher ? Pour le savoir, il faudra que je lise Narnia un de ces jours !
PS : bien sûr que je ne brûlerais pas le livre, j'ai lu Fahrenheit 451 !
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Romans de Fantasy
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Romans de Fantasy
Dearesttara a écrit:Dans ce cas, tu voudras peut-être relire A la croisée des mondes, c'est clairement l'antithèse de Narnia.
C'est vrai que j'ai ça aussi à faire ! Damned ! Je vais devoir prendre ma retrait anticipée pour réussir à tout lire !
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Romans de Fantasy
Un grand merci à Dear, j'ai vraiment beaucoup aimé Nouveau Printemps, lu en une nuit, ce fut l'une de ces fois où, à l'instar du Ténébreux, l'on ne parvient pas à éteindre la Lumière. Le préquelle tient toutes se promesses, en outre d'être du Jordan pur sucre. Après le focus posé sur le naissance du Dragon, comme il se doit Jordan part sur tout autre chose. Il multiplie à plaisir sous-intrigues et personnages (que l'on reverra ou non dans les romans), sur ce qui devient une vaste chronique de la vie à la Tour Blanche, vue par Moiraine. On a pu tiquer quand ce style bien à lui s'est étendu sur des romans fleuves entiers, mais ici on le retrouve avec plaisir, comme un ami perdu de vue de longue date. D'autant que Jordan se révèle à son meilleur, avec une prose vive et intense, limpide et évocatrice. On entre très facilement dans un roman, dont la tonalité, via la jeune Acceptée puis Aes Sedai, revêt souvent comme des allures à la Harry Potter. Une fois que l'on a débuté le jeu des correspondances, la liste ne cesse plus de s'allonger. Qu'est-ce qui se rapproche le plus de Gryffondor, sinon l'Ajah Bleue, assemblée des Chercheuses de Cause et Redresseuses de Torts ?
Narrer selon le point de vue quasi exclusif de Moiraine permet de pleinement explorer les différents aspects de Tar Valon, là où convergent tous les chemins du Monde et en réalité décor central du récit. En effet la découverte s'effectue avec fluidité en suivant avec naturel son élévation au sein de l'Ordre. J'ai bien aimé que Moiraine s'avère effectivement jeune et encore en formation, elle n'est pas l'aventurière expérimentée (et impitoyable) qui parviendra aux Deux Rivières des années plus tard. Elle commet des erreurs, des naïvetés, qui participent aussi pleinement à cet humour des confrontations hommes/femmes que l'on apprécie chez Jordan quand il ne devient pas envahissant. L'annonce de la Réincarnation du Dragon sur son Mont, au remarquable impact, l’Épreuve, le premier « Moiraine Sedai », la rencontre fatalement explosive avec Lan, le Lien en parfaite conclusion : le parcours de l'enthousiasmante Moiraine Damodred nous offre toutes les scènes désirées, sans pour autant écraser le portrait des autres Aes Sedai, souvent bien ajusté. A commencer par Siuan, idéale co-protagoniste de ce récit qui est aussi celui d'une belle amitié (bref). J'ai aussi bien aimé comment Siuan est par contre déjà totalement Siuan. On naît Amyrlin, on ne le devient pas.
Hormis l'introduction, Lan n'apparaît véritablement que lors de la dernière partie du récit. On pourra sans doute reprocher à celle-ci d'apparaître assez précipitée, notamment lors de la succession d'événements au palais royal du Kandor. Bien que conséquent, le roman m'a semblé plus court que les pavés du Cycle, on aurait sans doute pu rajouter une poignée de chapitres à cette soudaine cavalcade. Mais enfin, telle quelle cette histoire se voit judicieusement dramatisée par l'émergence des Mangemorts, euh, de l'Ajah Noire (avant celle celle des Réprouvés) tandis que son canevas, certes habituel, de la rencontre initiale explosive puis de l'amitié construite au fil des épreuves s'avère comme toujours efficace. Lan est déjà beaucoup Lan, logiquement car forgé à la rude enclume de la Guerre dès son plus jeune âge (bon, j'avoue, j'ai adoré comment il a effacé les six assassins, du grand art). Mais le roman parvient malgré tout à lu conférer également un parcours initiatique en lui faisant faire ses adieux définitifs à la Malkier et à ses survivants. Pour lui comme pour Moiraine la page se tourne et la grande aventure de leur vie débute. Il y a une vraie émotion lors de leur Lien, une saveur de Quête désespérée face un Dieu Sombre inexorable et un terrible Sauveur, mais aussi une volonté inflexible. Une magnifique conclusion. Pauvre Rand.
Quelques petits regrets, hein, sinon ce n'est pas fun. Bon, j'ai trouvé assez décevant que malgré que l'on soit au bon endroit et au bon moment en début de récit, on n'ait pas droit à une narration de la Bataille des Murs Scintillants (ou de la Neige Sanglante, comme la désigne tendrement Lan). Assister simplement au départ des Aiels, c'est frustrant, mais après tout, si on recherche des massacres de Military Fantasy, on sait où en trouver à profusion. On peut aussi considérer qu'il y a deux grands absents dans le roman, Rand et Tam, même si, schématiquement, leur histoire nous est connue via le Cycle. L'action n’apparaît pas non plus raccord avec le début du Cycle,une situation apportant beaucoup à des œuvres aussi différentes que Rogue One ou l'Hérésie d'Horus (une guerre s'achève, dix millénaires débutent), voire même le Silmarillon. Il reste du blanc, mais cela permet à l'imagination de galoper aux côtés de Lan et Moiraine, tout en fournissant un idéal sujet de série dérivée, où l'on ne pourra plus pointer l'irrespect du Lore. Surtout l'un des grands attraits de la Roue du Temps demeure la découverte savamment progressive de son univers fastueux, or ici le récit apparaît comme émaillé de nombreux paragraphes explicatifs, froidement utilitaires. Ceux-ci ne servent à rien au public ayant lu les romans, tandis qu'ils risquent fort de gâcher une partie du plaisir à ceux débutant par le préquelle. Mais enfin, tel quel Nouveau Printemps compose bien le bijou que l'on espérait. (****)
Dernière édition par Estuaire44 le Ven 24 Mai 2024 - 15:38, édité 1 fois
Estuaire44- Empereur
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Re: Romans de Fantasy
Bon, en vrai, à la fin du roman, est-ce qu'on ne regrette pas qu'un court-circuit ne fasse pas cramer la Tour Blanche et tout son aréopage de sorcières ?
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Romans de Fantasy
Estuaire44- Empereur
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Re: Romans de Fantasy
Sanderson a confirmé que Jordan n'avait pas laissé assez de notes pour continuer les prequels et autres séries dérivées qu'il envisageait.
Dearesttara- Roi (Reine)
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