Série "Lost"

En fait ce n’est pas si compliqué à suivre. Tout se passe comme si la série racontait deux histoires différentes, pratiquement non connectées (pour l’instant) et chacune claire dans son déroulement. LOST se situe, globalement, moins dans l’énigmatique qu’à ses débuts et joue désormais bien dvantage la carte de l’action et du rebondissement. Le tout sur un tempo vraiment électrisant !

Encore une excellente soirée. Oui, il s’agit bien d’Ethan Rom (“Other Man”) qui n’aura donc pas cessé de réapparaître tout au long de la série, c’est rigolo. Oui les vannes sarcastiques que sort en permanence Miles face à la dinguerie ambiante sont souvent droles, la cafet c’était bien trouvé. Toutefois si l’épisode Kate/Jack/Fu Manchu/Sayid parait très efficace, j’ai nettement préféré le second.

Je suis devenu complètement fan de l’Adversaire, c’est vraiment du méchant first class. Le coup des cailloux sur la balance c’était génial “Plaisanterie personnelle” ah, ah, ah. On avance sur la révélation de l’univers et des menées des deux Joueurs, tandis que le duo à double fond entre lui et Sawyer promet beaucoup. C’est réellement impressionnant de contempler Terry O’Quinn interpréter deux personnages aussi différents, avec la même force de conviction. Superbe duo avec Katey Sagal, en permission de sortie de Sons of Anarchy, une vraie surprise.

Aussi plusieurs de ces scènes incroyables que nos réservent toujours les ténébreux de LOST, l’épitaphe de Locke par Ben ou celui-ci en prof caricatural c’est quelque chose (je confirme, les histoires de cafetière collective c’est un vrai poème). Et puis Richard s’en est encore tiré (merci à l’apparition), donc c’est champagne. Un mouvement de convergence se dessine vers le Temple, peut-être pour le grand final ?

En fait le vrai Locke est mort depuis son assassinat par Ben Linus et il est désormais enterré. Il n’a jamais ressuscité sur l’Ile. L’Entité ou l’Adversaire, selon comment on l’appelle, a revêtu son apparence. C’est un de ses pouvoirs de se faire ainsi passer pour des personnes décédées, il l’a déjà plusieurs fois par le passé (la fille de Ben récemment). Ainsi il a pu accéder à Jacob et duper Ben qui a tué ce dernier. Or depuis le début de la saison 6 on sait que l’Adversaire est bel et bien le monstre de fumée, ils ne font qu’un. Il peut à volonté intervertir ses formes “faux Locke”/”fumée”. Il l’a déjà fait pour tuer les Autres dans le refuge de Jacob. Ici, il part en exploration sous sa forme de fumée (début de l’épisode) et revient là où il détient Richard, puis reprend sa forme “Locke” avant de prendre la machette. En ce moment il tente (selon moi) d’exploiter Sawyer pour sortir de l’Ile comme il s’est servi de Ben pour tuer Jacob (les fameuses “règles” évoquées par l’apparition, il lui faut un outil).

Soirée particulièrement inégale ! Le premier épisode apparaît franchement en dessous. Déjà, à la base, Jack le chevalier blanc aux traumas gros comme ça, ce n’est pas franchement le personnage le plus emballant de l’équipe à mes yeux. Matthew Fox joue très bien mais se situe strictement toujours sur le même registre depuis le début de la série, les yeux de cocker battu ça va bien. L’histoire de l’Univers Bêta semble particulièrement gnan gnan, la non communication père fils, le numéro attendrissant devant le jury , la réconciliation, on est super potes à nouveau, je ne referai pas les erreurs de mon père à moi, tout ça, c’est d’un bateau à peine croyable. On en tremble de honte pour la série, autant aller voir les dramas pleurnichards qui fleurissent de partout. Pitié. Le seul intérêt du pensum est de confirmer qu’il s’agit bien du univers parallèle et non pas seulement alternatif.

Dans l’Univers Alpha (oui, j’utilise les lettres grecques, cela pose tout de suite intello) c’est un peu mieux. Alors l’intrigue reste très simple et limitée, de plus ponctuée de quelques moments gênants ? Apparemment la jungle de l’Île continue à ne pas dépasser la dimension d’un terrain de foot, vu que l’on s’y croise tout le temps. Cette fois c’est Kate, qui passait par là, comme ça. Mais, bon, toute série a ses conventions, dans LOST la jungle est une salle de gare, pourquoi pas ? On continue à trouver des endroits étranges et spectaculaires, totalement invisibles jusqu’ici (ça vire Disneyland, l’histoire). Ici on a un phare apparemment éminemment indiscernable, qualité bien connue des phares. Là se place une astuce bien connue des scénaristes : face à une invraisemblance, la faire souligner par les personnages pour envoyer un signal de connivence au public, facilitant les choses. C’est Hugo qui s’y colle. Mais bon, les apparitions de Jacob font toujours leur effet, le prisme du phare est une bonne idée (les fans des Avengers penseront bien sûr à Miroirs, d’ailleurs le titre de l’épisode est « jeu de miroirs »), on discerne tout de même un certain suspense… Et puis Veronica Hamel en guest, cela ne se dédaigne pas. Surtout la partie Jin/Claire fonctionne parfaitement, couronne par l’apparition toujours jouissive de l’Adversaire.

Adonc, Jacob a mis ses deux poulains à l’abri (le medium et le champion, genre Merlin et Arthur) et attend une mystérieuse assistance. Je prends les paris : il s’agit de Charles qui s’en retourne pour l’acte final. Ce serait logique et puis on ne voit plus trop qui à part lui pourrait contrecarrer désormais l’Adversaire. Car le second épisode, lui particulièrement réussi, le voit plus que jamais triomphant. Les deux histoires autour de Sayid sont vraiment très relevées. L’Univers Béta continue à diverger toujours davantage de la piste initiale, avec la double résurrection de Nadia et Keamy lui toujours gouleyant en charogne psycho. Le récit, sans temps mort mais une bonne dose d’action capte l’attention. Mais le grand spectacle se déroule dans l’Alpha.

Là on renoue véritablement avec le meilleur niveau de LOST : rebondissements chocs, scènes spectaculaires, effets spéciaux, Adversaire roublard et impitoyable (O’Quinn génial, comme à l’accoutumée, je suis vraiment fan), dialogues percutants, ambiance d’Apocalypse… On est réellement électrisé tout au long de cet épisode bouleversant totalement la situation. Sayid, tenté et pourri de l’intérieur par l’Adversaire, bascule inéluctablement du côté obscur de la Force, Naveen Andrews interprétant admirablement le côté hanté de son personnage sa lucidité dans la perdition. Dark comme on aime. En définitive l’Adversaire à rameuté les autres survivants, et se prépare à mette les voiles, ayant recouvert de son ombre parmi les Survivants Sayid, Claire et Sawyer (lui, faut voir) et tenant en son pouvoir Kate et Jin. Autant dire que l’ami Jack a du pain sur la planche, même s’il parvient à dénicher Richard et le groupe d’Ilana (en se promenant deux minutes dans le jungle cela devrait suffire). Charles, we are needed ! Le suspens est à son comble, avec tout de même un petit regret, Ben est à la traîne depuis le début de saison, on l’aimerait plus entreprenant.

En tout cas la soirée reste comme l’exemple parfait d’à quel point les méchants apparaissent plus intéressants dans cette série que les gentils (Jacob étant un cas spécial) et se révèlent les vrais moteurs de l’action. Cela se voit souvent ailleurs, mais LOST pousse vraiment cette logique jusqu’à l’extrême, et on aime ça.

En fait je vois Jacob comme un "gentil" relatif, mais certainment pas absolu. Il apparaît longtemps comme un "méchant" absolu, espèce de Gourou tout puissant pour des Autres tuant sans remords, ni pitié. Progressivement on se rend compte que les Autres sont dans une mentalité parano de forteresse assiégée face à l'Adversaire. De plus bon nombre des pires menées de "Jacob" sont finalement à mettre au compte de l'Adversaire se faisant passer pour lui (Claire et la cabane) ou de ce bon psycho de Ben Linus, en définitive renié par son "dieu" (bien tardivement). Son image s'améliore progressivement, surtout comparé à son vieux copain et de par son côté Zen. Il reste tout de même suprêmement manipulateur et totalement indifférent à la mort des humains, qu'il voit comme des pions dans son combat, des victimes de guerre.

Bon l'Adversaire, n'en parlons pas, s'il parvient à s'extraire de l'île et à pénétrer dans le Monde on va bien rigoler. Au moins Jacob tente d'éviter cela (pour ce que l'on comprend jusqu'ici ). L'Adversaire affirme à Sawyer que Jacob est absurde de vouloir rechercher un autre Gardien de l'Île car personne ne la menace, mais à mon avis c'est plutôt un Gardien pour l'empécher de sortir, lui.

Charles se situe assez similairement à Jacob. On le voit au début comme un millardaire mégalo et sans morale prêt à tout pour s'emparer des secrets de l'Île. Et puis ce portrait dressé par l'ami Ben se lézarde on découvre un homme pétri d'humanité face à Locke et si sa première expédition en l'Île vire au carnage c'est surtout la faute à Keamy qui vire badass. Après que cela soit la guerre à mort entre lui et Ben est plutôt un bon point pour lui. Il représentait la tradition des Autres, que son exil laisse Ben libre d'avilir malgré le garde fou très relatif représenté par Richard (et Juliette). Enfin, bon, Charles garde encore sa part de mystère et sait se montrer très dur s'il le désire : si c'est bien lui qui arrive, on va être fixé. Une alliance avec Jack paraît très prometteuse !

Donc oui, complètement, à part Jack and Co, on n'est pas dans le gentils contre méchants. Divers partis s'opposent, avec un dégradé du gris jusqu'au noir bien ténébreux.

J'ai envie de dire que le plus important c'est qu'en ce moment on s'éclate globalement bien à chaque soirée. Après qu'il y ait éventuellement une déception en fin de parcours cela représente certes une contrariété, mais pas de nature à se gacher le plaisir. Je pense que les spectateurs, à force de fantasmer sur le final, en espéraient un miracle, une réponse à toutes les questions pseudo mystiques des débuts de la série, alors que cela fait déjà quelques temps que LOST (au moins depuis la saison 4) s'est orientée vers une série d'action/Fantastique absolument riche et trépidante, mais de format finalement plus classique. Alors, selon moi, la conclusion cela va être en gros la victoire d'un camp sur l'autre et un Candidat devenant l'heureux Elu (Jack et Hugo tiennent la corde). Et point barre, sans aucun plan philosophico-ésotériste. Après si ce final est endiablé, spectaculaire, enthousiasmant, moi cela suffit amplement à mon bonheur.