Romans de Fantasy
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Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Romans de Fantasy
Il est visible que Jordan, en arrivant dans le dernier tiers de sa saga, n'arrive pas à se résoudre à terminer l'oeuvre de sa vie. Chaque possibilité d'action est immédiatement écartée au profit de parlottes interminables. Ce ne serait pas un problème s'il y avait en compensation de passionnantes dissensions internes. Par bien des aspects, Crossroads of Twilight est un double inversé de Lord of Chaos, mon volume préféré jusque-là de la saga, mais les conciliabules et dissensions ici semblent désincarnés, répétitifs, inoffensifs même, comme une pâle copie.
Bien qu'on comprenne qu'Egwene ne veuille pas recueillir une Tour Blanche divisée, la voir louvoyer tout comme les autres rebelles de Salidar ne fait qu'entraîner un surplace général. Malgré un cliffhanger fort gouleyant, les rebelles se promènent dans la gadoue, les rapports sans substance aussi, même la rivalité Romanda-Lelaine finit par tourner à vide. Les soeurs assassinées nous étant inconnues, c'est aussi OSEF.
Elayne et Aviendha continuent de faire leur campagne présidentielle, enfin monarchique sans que rien d'intéressant n'arrive. Pas d'attaque ou de prophylaxie face à ses rivales, juste... une campagne morne. Perrin n'ose tellement pas attaquer les Shaido que tout son segment se résume à "faire la gueule-tourner en rond-aller chercher de la bouffe". Je n'exagère pas, Jordan passe une bonne soixantaine de pages à décrire le ravitaillement à So Habor mais trop allusif, ne montre aucun danger prégnant. Cela dit, j'ai bien aimé quand Perrin passe en mode hardcore avec sa menace totalement pétée au Shaido capturé, ça fait du bien de voir le loup montrer les crocs de temps en temps. Le voir perdre son innocence un peu plus est une bonne idée, mais ça reste bien survolé.
Pendant ce temps Faile élabore un plan d'évasion virtuose où... euh non, elle se contente de juste de prendre des coups, d'échapper à une tentative de viol et de dire merci à poil sur un chevalet de torture. Ça a l'air passionnant ? Non, c'est aussi ronflant que le reste (et fallait y mettre du coeur pour foirer une telle storyline). Bon, son petit lien avec l'Aiel sympa est mignon, mais bon de Wheel of Time, j'attends plus que du mignon.
On remarque que Rand est quasi absent du livre, pour la 2e fois depuis The Dragon Reborn. Il se contente de se reposer après avoir purifié le saidin. Le twist le voyant toujours cinglé est du vent, ça lui aurait un peu trop facilité les choses alors que Tarmon Gai'don pointe à l'horizon.
Volens nolens, Mat décroche la moins pire des storylines, avec sa cour hilarante à Tuon-plus-dure-que-de-l-acier-tu-meurs. J'ai bien aimé leur concours de vannes. Le running gag de voir Mat danser un tango compliqué avec les femmes qu'il rencontre continue de fonctionner (et sans romantisation de viols, oui j'en veux encore à Tylin). C'est bien le seul agrément de cette storyline tant il ne se passe rien chez Luca.
Bref, 700 pages d'action statufiée, de discours indirect libres autrefois brillants et virant au blabla, de conflits médiocres et rabâchés, une minutie totale à décrire la moindre pensée ou action mais sans que ça fasse avancer l'intrigue ou les personnages, malgré quelques rares bonnes scènes (Mat donnant l'ordre fatal d'exécuter la traîtresse). J'ai lutté pour arriver au bout de ce volume interminable. Bonne nouvelle, apparemment ça reprend du poil de la bête après, même si je vais d'abord faire un détour avec le prequel. (*)
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Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Romans de Fantasy
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Cette parenthèse bassement commerciale mise à part, je rejoins entièrement cette excellente critique ! Pour tout dire, à l'époque j'avais marqué une vraie pause après avoir lu les deux bouquins. Un peu comme pour la série actuellement.
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Re: Romans de Fantasy
Le chiffre "h**" est le chiffre du début des Annales puisque c'est la troisième fois en trois romans qu'il figure en titre !
Pratchett reprend le mythe du chiffre 7 (le 7ème fils d'un 7ème fils etc. voir le film du même nom avec Kit Harington ; pas un grand film mais avec Famke Janssen en méchante, on ne s'ennuie jamais) et s'amuse à le subvertir en "h**" et en le féminisant.
Le lecteur suivra donc les aventures d'Eskarina ("Esk") et fera la connaissance d'Esméralda Ciredutemps dite Mémé, sorcière de son état dont c'est la première (mais pas la dernière) apparition. La fillette serait destinée à devenir mage sauf que les mages sont (et ont toujours été) des hommes alors que les femmes deviennent des sorcières, mais il n'y a pas de sorciers.
A travers cette histoire amusante et avec l'humour qu'on lui connaît, Pratchett interroge cette "évidence" qu'on pourrait aussi mettre en parallèle avec la plus sérieuse "Roue du Temps" où les femmes seules ont le droit de pratique la magie (c'est vrai que les hommes deviennent fous).Pratchett questionne les préjugés et soulève quelques questions.
Le problème, c'est qu'il en reste là. Le sujet est posé d'emblée et ne va guère progresser ensuite. A travers l'apprentissage de sorcière que suit Esk (séquences amusantes), on a quand même l'impression que Pratchett dilue son sujet, repousse le moment de répondre et, au final, de dis pas grand chose. L'Université de l'Invisible revient avec son bibliothécaire qui n'appartient qu'à elle mais il ne s'y passe pas grand chose hormis le combat final.
Une séquence est à relever : le duel entre Mémé et l'Archichancelier fait furieusement penser sur un mode drolatique à celui entre Merlin l'enchanteur et Mme Mime dans le film de Disney. Le réfectoire a un petit côté "Harry Potter" aussi ; normal, me direz-vous, c'est un réfectoire classique d'université britannique.
La structure du récit est un peu charpenté que les deux premiers tomes. Déjà, il n'y a qu'un sujet et deux personnages principaux donc le récit se disperse moins. Mais si le récit ne progresse plus au pas de course, il ne progresse pas vite ni même beaucoup et une impression statique s'impose progressivement. Pratchett a trouvé un bon sujet mais il n'a pas su le traiter et, ultérieurement, il ne reviendra pas dessus. il n'y aura jamais (et c'est dit à la toute fin) de femme mage.
Quelque part, c'est un rendez-vous manqué. (**)
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Re: Romans de Fantasy
Merci à Estuaire pour l'addendum, ironique que le point de vue de Pratchett se montre plus conservateur, lui qui est sans cesse loué par le lectorat queer (et plutôt à raison, ne nous mentons pas).
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Romans de Fantasy
En remettant les compteurs à zéro, Jordan est débarrassé de ses deux principaux obstacles : l'accumulation épuisante des personnages et les atermoiements interminables uniquement là pour prolonger la saga centrale. De fait, on retrouve une certaine fraîcheur de ton, un style plus vivace et des péripéties plus nombreuses où les personnages font enfin autre chose que de blablater. En clair, Nouveau printemps se lit comme un Oeil du monde bis, avec l'avantage que l'auteur a depuis le temps fini de payer sa dette à Tolkien - même si le jeu des comparaisons était aussi un intérêt du 1er volume. Le livre étant deux fois plus court que la normale, Jordan se contente de deux fronts narratifs mais tout aussi important les uns que les autres.
Toute la première moitié du livre prend ainsi des allures d'une étude en worldbuilding sur l'un des plus fascinants lieux de fantasy : la tour blanche, et deux de ses personnages bien-aimés : Siuan et Moiraine. On va pas se mentir, depuis sa mort, Moiraine m'avait bien manqué, et c'est un plaisir de la retrouver. L'approfondissement des codes, rituels, hiérarchies, surprises de la tour se montre sans cesse passionnant, tandis que l'amitié intense des deux femmes forge un ancrage émotionnel qui ne nous lâche jamais, entre peines, joies et farces débiles. On apprécie l'apparition de persos secondaires croquants comme Elaida déjà une enflure de première ou la dominatrice Cadsuane, dont on commence à se poser a posteriori certaines questions sur elle. Développer des points forts du worldbuilding tout en nous ravissant d'une magnifique amitié, une recette gagnante. Bon, Nouveau printemps ne semble pas donner raison aux shippers Siuan-Moiraine, je regrette, leur lien semble bien platonique. Je vois bien une jalousie de Moiraine à propos des flirts de Siuan, mais elle s'explique largement par son éducation. Après, vu leur intimité, je comprends complètement l'option de la série d'en faire des amantes ; si seulement les "changements" du show avaient été tous aussi réussis que celui-là... Bref, cette partie est réussie, et d'ailleurs ponctuée de moments forts, comme la prophétie de Gitara Moroso ou Moiraine passant l'épreuve. Et bien sûr les coups de gueule perpétuels de Siuan, un standup à elle toute seule.
L'arc de Lan et ses amis fonctionne tout aussi bien. Jordan développe suffisamment les compagnons de Lan pour que cette vadrouille de guerriers virils se montre tout aussi plaisante. Et là, surgit une émotion que j'aime tellement chez Tolkien et dont Jordan, sans complètement l'égaler, se montre habile à manier : la mélancolie de la fin d'une ère. Que ce soit le 2e Âge du Simarillion ou le 3e Âge du Seigneur des Anneaux, voir des êtres vivants sentir la fin de leur temps avant de partir vers la mort ou les Havres Gris m'est toujours aussi poignant. Il en est de même pour la fin du Malkier. Avec une cruauté consommée, Jordan nous fait entrevoir une renaissance possible du pays avant de l'enlever cruellement quand Lan, homme d'honneur, choisit pourtant de ne pas suivre un devoir qu'il estime à raison trop inhumain. Je note l'originalité de lire la souffrance du mariage arrangé du point de vue de l'homme (même si Iselle ne semble pas non plus enthousiaste). A travers le drame de Lan, nous assistons à toute une résignation devant une civilisation, condamnée à disparaître dès lors que ses représentants légitimes meurent les uns après les autres, rendant impossible une résurgence de fierté parmi le peuple. Mais aussi à l'instinct de mort de Lan, homme sans plus vraiment de but cherchant désespérément une raison de vivre. Derrière la camaraderie des Malkieri, cette ambiance de fin de règne est prégnante. Si l'émotion et le suspense sont là, ils se font aussi par le worldbuilding, avec l'introduction de la carneira, concept aux ramifications révoltantes, mais pas davantage que des rituels d'autres contrées.
Les deux fronts se confondent enfin dans le dernier tiers. J'adore l'humour de la guéguerre ridicule entre Moiraine et Lan, mais j'admire aussi comment Jordan tire parti d'une fin prévisible : on sait très bien que Moiraine et Lan vont s'unir en tant qu'Aes Sedai et Champion. Alors Jordan s'amuse à étirer le plus possible le conflit couvert entre les deux personnages non pas pour nous tromper mais pour nous asticoter : qu'est-ce qu'il les fera changer d'avis ? L'auteur se montre habile, avec un chemin ascendant vers la sagesse de chacun. Tout comme Lan doit accepter la perte définitive du Malkier et trouver un autre moyen d'affronter les ténèbres, Moiraine doit accepter une main secourable, après avoir bien failli perdre la partie face à l'Ajah Noir (déjà en pleine forme). Le combat final est peut-être l'un des moins spectaculaires de la saga mais son suspense, son émotion, sa cruauté (quel bodycount ! personne n'est épargné même pas les enfants...) le hissent bien au-dessus de beaucoup d'autres. Et quel épilogue ! Bon, il est visible que Jordan avait d'autres prequels en tête, faisant suite à celui-là, mais la conclusion se montre remarquable d'amertume, de désillusion... et d'espoir. Moiraine et Lan échouent à leur manière dans leurs missions mais en se trouvant, ils forment une alliance qui infligera des dégâts colossaux à l'ennemi. Les Ténèbres remportent une bataille, mais la guerre ne fait que commencer.
Malgré quelques manques d'enjeux et des voyages parfois trop "promenades", j'ai très apprécié ce prequel alerte, sans doute le meilleur volume de la saga que j'ai lu depuis le livre 6. Il n'y a plus qu'à espérer que Jordan et Sanderson en ont tiré les leçons et vont désormais plus compacter la saga. Mais ça a l'air d'être le cas par la Lumière ! (****)
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Par contre Conan nihiliste ? On n'a pas dû lire les mêmes textes
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Jamais lu "Conan". Encore un vaste manque dans l'océan de mon inculture.
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Re: Romans de Fantasy
Sans être tout à fait le héros central du roman, Cohen est particulièrement mis en valeur dans Les Tribulations d'un mage en Aurient (roman opposant les notions de civilisation et de barbarie, tandis que le Destin et la Dame s'opposent de nouveau, tome XVII) et surtout Le Dernier Héros (Tome XXVII). Lui et ses vieux potes en ont gros après les Dieux de Cori Celesti et vont aller leur causer de tout ce merdier. Ouiche, on va causer. Le Destin fait rouler les Dés une ultime fois, en défiant Cohen de faire un 7 avec un D6...
Si on veut aller jusque là au rayon série, dans la mini série de Sky One, The Colour of Magic, Cohen est interprété par le formidable David Bradley. Meilleur casting au monde.
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Re: Romans de Fantasy
Tiens ! Au passage, je vais prochainement entamer la lecture de Mortimer. Je ne sais pas pourquoi, je suis passé à l'ordre chronologique...
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Romans de Fantasy
La preuve : mes notes sur les 612 pages du roman (hors glossaire) tiennent sur...une feuille A4 !
Un roman plutôt difficile pour Rand puisqu'il échappe à trois tentatives d'assassinats ! J'avoue que la dernière venant de ses propres troupes, je ne l'ai pas vu venir. A cela s'ajoute la contrainte de devoir s'entendre avec Cadsuane pour qu'elle le conseille (la "paix fraîche" succédant à la "guerre froide") et la "rebuffade" d'Elayne qui, à peine revenue (non sans mal) dans son royaume d'Andor, fait retirer les bannières du Dragon Réincarné ! L'ingrate ! Mais si l'exactitude est la politesse des rois, la gratitude n'est pas une des vertu royales.
J'ai relevé cette magnifique illustration de l'hypocrisie des sœurs: "Qui aurait dû savoir mieux qu'une sœur qu'une Aes Sedai devait montrer plusieurs visages lorsqu'elle arpentait le monde" (p. 31).
Aes Sedai qui vivent, elles aussi, des heures délicates. Elaida, qui croyait avoir regagné un peu de pouvoir, se fait sévèrement remettre à sa place par Alviarin. Laquelle fait publier un décret reconnaissant Rand comme Dragon Réincarné...pour, aussitôt, déclarer que la Tour Blanche est l'intermédiaire obligé. c'est un peu pathétique mais ça peut impressionner. Edgwene, avec un certain brio, manœuvre le Hall, pour obtenir la déclaration de guerre à la Tour Blanche et, partant, les pleins pouvoirs ! Ou quasiment. Palpatine, qui usa de cette ficelle, applaudit ! De leur côté, les cinq Aes Sedai prisonnières de Rand lui jurent à leur tour fidélité. Toujours ça de pris.
Comme tout va bien dans le reste du monde, passons vite sur la Rejetée Greandal qui se fait elle aussi remettre à sa place par le Myrddraal Shaidan Haran ; sur les Seanchaniens venus la fleur au fusil "reprendre" des terres abandonnés depuis des siècles et qui se font tailler des croupières par Rand sans trop comprendre ce qui leur arrive. La météo reprend sa marche "normale" grâce à l'usage de la Coupe des Vents par Nynaeve et Elayne. Incapables de reconnaissance, les Aes Sedai présentes critiquent cette utilisation, même réussie, tout simplement parce qu'elles pensent qu'elles auraient dû l'étudier d'abord. C'est un peu comme le Palais des Prophètes dans L'épée de vérité : des gens hors du Temps donc donc du coup. Que cette étude prenne deux millénaires et que le monde crève la gueule ouverte pendant ce temps n'effleurent même pas ces arrogantes personnes. Quelqu'un a un bûcher de disponible ?
Si le roman précédent avait sembler montrer une "stabilisation" dans l'état de Rand, ce n'est pas le cas ici. Non seulement Lew Therin est revenu mais, à chaque fois qu'il utilise le saidin, Rand se rend malade. Ce qui manque de lui jouer un tour fatale. Et Callandor, dont il voulait faire son arme nucléaire, se révèle être sa kryptonite ! Il y a de jours où il ne faudrait pas se lever !
Mat est totalement absent de ce volume mais Perrin est bien là. Effectivement, je n'avais pas toutes les cartes lors de ma précédente critique, mais c'est le jeu. Il joue serré contre Masema, "le Prophète" mais, surtout, sans le savoir, il sauve la reine Morgase et sa suite ! Laquelle ex-souveraine se retrouve à jouer les servantes de Faile !! Avec la modestie de Perrin, qui ne se résout pas à son élévation sociale, quand il va l'apprendre, il va en faire une jaunisse ! Ceci dit, lui et Faile ont aussi, indirectement, contribuer à faire évoluer le statut matrimoniale de Morgase. Elayne, si tu nous lis...! Les turbulences dans leur couple semblent oubliés grâce aux judicieux conseils d'Elyas. En revanche, le final (un peu tape-à-l'œil avec la mise à nu des femmes capturées) frappe fort.
A noter deux coquilles: "Egwene" au lieu de "Elayne" (P. 409) ainsi que "Elaida" au lieu de "Alviarin" (p. 515) et la première (et la seule) mention des "compagnes d'oreillers" (p. 507)
Dernière édition par Camarade Totoff le Mar 19 Déc 2023 - 17:00, édité 1 fois
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Re: Romans de Fantasy
Malgré le ralentissement (et hélas, ça va ralentir encore dans les tomes 9 et 10, surtout le 10, vraiment le 10), j'ai bien aimé que la saga joue encore de ces tours, demi-tours et twists ironiques qui en font le sel. Je suis toujours aussi mi-irrité mi-hilare devant l'arrogance des Aes Sedai en béton armé renforcé de platine (incluant nos bonnes amies Elayne, Nynaeve et Egwene). Le pire est que les Atha'an Miere leur rendent des points à ce jeu, à côté les soeurs sont des parangons d'humilité. Je crois n'avoir jamais vu une telle concentration d'ego féminin (et même d'ego tout court) au kilomètre carré, quel contraste avec Perrin-mais-lâchez-moi-la-grappe-tous-autant-que-vous-êtes ! Mais ça aussi ça fait partie du charme de La Roue du Temps. J'adore la comparaison avec Palpatine
Les compagnes d'oreiller seront mentionnées de nouveau dans Nouveau Printemps (dans un sens purement platonique) et Le Poignard des Rêves (dans un sens moins purement platonique).
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Romans de Fantasy
Dearesttara a écrit:Bravo pour cette review goûteuse ! Tu mets 3 étoiles ?
Tout à fait !
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Romans de Fantasy
Dès la pétaradante introduction où un personnage secondaire présent depuis le début passe l'arme à gauche, Jordan tient à être clair : (presque) finies les parlottes stériles, place à plus d'action. De fait, Le Poignard des Rêves progresse l'intrigue générale à un degré qu'on n'avait plus vu depuis Le Seigneur du Chaos. La prise soudaine de pouvoir par Gawyn permet de réorienter les Capes Blanches progressivement vers leur prise de position finale. C'est d'ailleurs la vertu principale du volume : toutes les forces en place commencent enfin à se positionner en vue de Tarmon Gai'don. Pour être sûr qu'on comprenne le message, Jordan parsème son roman d'augures surnaturels et inquiétants. Le dénouement est pour bientôt. Rand se voit donner la part majeure d'action, ce qui n'avait plus trop été le cas depuis Les Puits de Dumai. Et franchement, ça fait du bien de voir le Dragon revenir aux affaires avec un sanglant massacre de Trollocs ou bien le tonitruant affrontement face à Semirhage (dont on aurait toutefois attendu plus de résistance). J'apprécie que Jordan ne ménage pas son héros, plus la suite avance, plus Rand subit copieux. Entre un Lews Therin plus dangereux que jamais ou sa stupéfiante mutilation, on sent que le Dragon Réincarné n'est pas au bout de ses peines.
Le volume marque aussi enfin le moment où Elayne, personnage boulet souvent irritant, se montre à la hauteur de ses tâches. Malgré ses conditions (enceinte, assiégée, contestée, séparée provisoirement de sa Première-Soeur, en proie aux tentatives d'assassinat...), j'ai énormément apprécié de la voir garder la tête froide, multiplier les décisions et coups d'audace... et aussi les erreurs car la Fille-Héritière reste elle-même. Caemlyn n'est pas le lieu que je préfère de la saga, mais dans Le Poignard des Rêves, la cité bouillonne de complots, compromis, revers, attaques, contre-attaques et surprises, faisant de l'arc un festival permanent. Mais au-delà de la force d'Elayne, l'arc rend hommage à sa cour, car il n'est point de monarque compétent sans entourage affûté. Chacun remplit son office, avec une Birgitte s'extrayant des utilités où elle était confinée. Transformer un revers terrible en triomphe (fragile) demeure bien le plus grand exploit à ce jour d'Elayne & Co, même si Elloren n'a pas fini de faire parler d'elle.
L'arc de Perrin vs. les Shaido arrive à sa fin et on ne va pas s'en plaindre tant je n'ai jamais accroché au kidnapping de Faile. On se rend compte qu'il servait surtout à établir l'alliance estomaquante (et à couteaux tirés) entre l'armée du Loup et les Seanchaniens. Pour le reste, tout durait trop longtemps et oui on souffle quand enfin le siège se dénoue, avec une mort secondaire déchirante (bien que peu préparée) et une autre totalement OSEF. Bref, un excellent finish, où Jordan fait aussi montre de sa justice poétique et cruelle à propos de Galina (la trahison ne paie pas décidément). Par contre, cela fait 3 volumes que les rebelles de Salidar assiègent Tar Valon et quasiment rien ne bouge, si ce n est la visite énervée des Asha'Mans. Jordan continue de jouer les prolongations au-delà du nécessaire. On admet toutefois que cela donne le chapitre le plus réjouissant du Poignard des Rêves : Egwene minant de l'intérieur La Tour Blanche, ouvrant toute faille à sa portée, et faisant face à toute les humiliations avec le sourire. J'ai bien aimé que, aussi diabolique soit-elle, Elaida cherche autant l'unité de la Tour Blanche qu'Egwene. Ironique que cela ne suffise pas à la rassembler, les egos et fautes passées l'entravant, ce qui est très humain finalement.
L'atout maître du Carrefour du Crépuscule, la cour pétillante entre Tuon et Mat se révèle malheureusement le point faible de ce volume. Les chamailleries sont répétitives à souhait et il n'y a pas assez de moments de tendresse entre les deux pour que ce couple nous touche. Le couple finit par tourner à une version purement électrique de Maddie et David, sans le côté touchant. Même la WTF déclaration de Tuon, tombant au moment le plus inattendu perd de sa force. Lan et Nynaeve, avec bien moins de mots et tout autant de stoïcisme, demeurent bien plus émouvants, leur séparation provisoire because devoir m'a un peu remué, je dois dire. En réalité, j'ai préféré la bataille finale où Mat étripe brillamment les Séanchaniens. Mais bon, le nouveau Prince des Corbeaux n'a pas fini d'avaler les couleuvres. Tant mieux. Il est dommage que tant de mini-intrigues parasites entre players secondaires et tertiaires se voient traitées avec une importance inversement proportionnelle à leur intérêt. Ces manoeuvres militaires et ses transitions longuettes, que c'est long, bon sang !
Avec Le Poignard des Rêves, Jordan, malgré son excès habituel de personnages et d'intrigues délayées, refait tourner la Roue du Temps avec énergie, précipitant son Monde dans les derniers moments de son Âge avec panache. Brandon Sanderson va prendre la relève et espérer rendre justice au plan gigantesque de Robert Jordan. (***)
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Re: Romans de Fantasy
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Re: Romans de Fantasy
Certains titres sont trop modestes car La Tempête Imminente, 12e volume de La Roue du Temps est bien le siège d'une véritable tempête narrative, confirmée dès le prologue par la disparition illico d'un important perso secondaire (+100 en badasserie pure non coupée pour Miss Bashere). Le tome confirme d'emblée deux bonnes nouvelles : la validation du plan final de Robert Jordan, et la vista d'Harriet McDougal quant au choix de Brandon Sanderson pour boucler la saga.
Sanderson, auteur moins évocateur mais davantage dynamique, va en effet se livrer à une éblouissante correction des défauts ayant trop longtemps saboté le brio de Robert Jordan. Il met ainsi fin à l'explosion épuisante des personnages en supprimant tout personnage tertiaire et se concentrant uniquement sur le cast principal, se permettant même de mettre Elayne et Lan aux abonnés absents et Perrin et Aviendha au service minimum. Même Mat, finalement, n'a pas grand-chose à faire, Sanderson axant le livre sur Egwene, Nynaeve et Rand (qui retrouve enfin le centre des opérations), ce qui permet une concentration fulgurante du flux narratif. Ainsi compacté, le récit se montre bien plus dense. Sanderson opte également pour une accélération des intrigues, tant narrative avec la fin du siège de La Tour Blanche, qui durait tout de même depuis... l'épilogue du tome 8, qu'émotionnelle avec la chute morale de Rand, atteignant son nadir avant la promesse d'une remontée. Si les descriptions magnifiques (et interminables) passent à la trappe, on gagne en vitesse, en structure, en force de frappe, un marché avantageux. Si La Roue du Temps est avant tout l'oeuvre de Jordan — et de fait Sanderson précise en préface que les trois derniers livres doivent être considérés comme "de" Jordan — la patte de Sanderson est ce qui rend cette fin de Saga renversante. A mon sens, il mérite pleinement son titre de co-auteur à part entière, et cela est visible avec quelque chose qu'on n'avait plus vu depuis Le Seigneur du Chaos : une rafale assourdissante de scènes d'anthologie (j'ai personnellement lu les 350 dernières pages en 2 jours tant je n'arrivais plus à m'arrêter).
Le Siège de la Tour Blanche est porté par l'évolution extraordinaire d'Egwene al'Vere. La jeune femme de Deux Rivières a certes appris à s'endurcir, mais ici, poussée par son emprisonnement, touche à une version d'elle où se croise les influences des plus grandes chaires d'Amyrlin, des Aiel(le)s et de Rand. De servante défiante à dirigeante de fer et de velours, Egwene subjugue par sa constante résilience, son courage immense, sa volonté de ne nier aucune responsabilité (quel discours d'intronisation !) et aussi par son virage Warhammerien avec exécution systématique des traîtresses. Le terme d'épuration n'est pas utilisé pour rien, malgré les circonstances, on en reste... destabilisé. L'Ajah Noir est décapité au sens littéral, Mesaana peut trembler. Le maléfique Ajah Rouge, les Serpentard de La Tour Blanche, voit aussi une timide rédemption avec l'élévation de Silviana et la volonté magnifique d'Egwene de ne pas tomber dans la colère revancharde face à l'Ajah d'Elaida (au destin similaire à Galina, décidément les auteurs sont sans pitié envers les traîtres).
L'arc rend également justice à Verin, dont le sacrifice sublime à la onzième heure (littéralement) se montre déchirant tout en propulsant l'arc en avant. Avec la bataille de Tar Valon, Sanderson se montre à la hauteur de son illustre prédécesseur tant elle se montre cinglante et furieuse, au même titre que les Puits de Dumai. Quant à Siuan, quel plaisir de la voir enfin fendre l'armure ouvertement face à Bryne, quel couple d'enfer, sans doute un des meilleurs ships de la saga alors même qu'il reste délicieusement implicite (un peu moins ici parce que faut fêter ça). Bryne et Gawyn bénéficient également d'un développement plus intéressant, avec certes un duo mentor-padawan classique, mais subtilement ambivalent, entre respect et défiance.
Mais c'est évidemment la remise au centre du Dragon Réincarné qui domine les débats. Le voir s'acharner à réunifier un Monde craquelé de partout, alterner victoires et défaites, avant de mesurer l'inanité de ses efforts face aux divisions des hommes, sont des montagnes russes émotionnelles. D'une manière tragique, Rand n'obtient que des victoires au goût de cendre (l'annihilation terrifiante de Rejetées), des victoires vides (le bannissement de Cadsuane, la mort du petit Kerb) ou de pures défaites (Tuon, Bandar Eban), tandis que Lews Therin se montre plus cinglé que jamais. La Tempête Imminente n'est pas seulement le Ciel tourmenté par le Ténébreux mais bien la rage de Rand, bien plus dangereuse et létale qu'à l'ordinaire. A ce titre, le chapitre 22 fait partie des moments les plus choquants et renversants de la Saga avec ce recours inédit au "Vrai Pouvoir" face à Semirhage, tandis que Rand-Min se dirige vers un douloureux game over. Les accès de folie de Rand sont d'autant plus terrifiants qu'on comprend complètement sa torture d'être un pantin dont les ficelles sont tirées de tous côtés (Cadsuane se prépare des lendemains difficiles), mais qui le pousse - deux fois - au bord d'un génocide. La tempête morale éclate sans cesse, renforcée par sa dépendance excessive au Choedan Kal. Le volume recèle de moments d'horreur, venant d'un Rand statufié dans son carcan stoïque et glacial, lançant les ordres les plus horribles. Rarement une saga n'aura autant malmené son héros, le menant plusieurs fois au bord du précipice et le faisant jouer avec la vie d'autrui comme de simples pièces d'échecs (sa vision de Lan comme simple utilité perce le coeur mais que dire de son entretien avec Tam...).
Le tome rend aussi un émouvant hommage à Nynaeve, cherchant désespérément un équilibre entre influence et compassion. La Sage-Dame ne démérite pas, prenant plusieurs fois l'initiative, risquant la colère du Dragon mais prête à ne pas lâcher un pouce de terrain. Si Nynaeve a pu souvent nous irriter, on ne peut qu'applaudir ses efforts harassants à maintenir la maison en place alors que Rand part en vrille et que les combustions humaines spontanées et autres joyeusetés se succèdent. Quel rôle, quel personnage, quel brio tout en restant elle-même ! Du côté de style, on apprécie que Sanderson multiplie les callbacks (Tam, Hurin, souvenirs de la Grande Quête, des toutes premières pages de la saga). Ce coup d'oeil dans le rétroviseur produit toujours un effet particulier alors que la fin approche. Le symbolisme du rire est également bien traité.
La seule relative déception du tome est la storyline de Mat toujours piégé dans sa promenade interminable à travers le Murandy. On a pas mal reproché à Sanderson son approche différente du personnage. Si je reconnais que le nouvel auteur n'est pas à son aise dans l'humour (c'est forcé et limite cringe par moments), je n'ai pas trouvé Mat si différent que ça. Et l'étape mouvementée à Hinderstap, relecture perverse du verrou temporel, permet d'énergiser un arc qui tournait à la routine depuis Le Poignard des Rêves. Je suis aussi soucieux que Sanderson évacue à la fin la plus grande menace de Rand : sa suppression d'émotions. Mais je gage que le Dragon n'en a pas fini avec, eh bien, lui-même, d'autant que cela permet un superbe final où le Dragon touche les ténèbres et la destruction avant de se sauver lui-même. Sa crise de nihilisme et de destruction n'est d'ailleurs pas sans évoquer Dark Willow en fin de saison 6 de Buffy, mais où Rand serait son propre Xander. Le Dragon demeure bien un fascinant solitaire.
La Roue du Temps tourne à plein régime. Propulsée par le magistral plan final de Jordan et la direction experte de Sanderson, la Saga retrouve son excitation affolante et nous régale de scènes, affrontements et dialogues inoubliables. Jusque-là le volume le plus excitant de la saga, et il en reste encore deux qui promettent de poutrer massif. Ça va être génial ! (****)
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Romans de Fantasy
Bien d’accord avec cette critique à l’enthousiasme communicatif, nous sommes face à un bel exemple de revitalisation de saga, même si , bien sûr, dans des circonstances tragiques. De quoi entretenir, peut-être, quelques regrets concernant les Annales du Disque Monde, Pratchett étant resté à la barre jusqu’au bout, donnant lieu à quelques romans davantage en demi-teinte. Avec son regard non pas iconoclaste, mais lucide et neuf, Sanderson règle effectivement d’emblée les deux faiblesses étant apparues au fil de la saga : le délayage et une certaine caricature de personnages féminins, ceux-ci se focalisant toujours davantage sur des sujets à l’intérêt divers et autres songeries. L’interminable siège de la Tour, c’était aussi cela. Egwene et Nynaeve redeviennent des femmes de tête (surtout Egwene, une petite purge ne faisant jamais de mal, hu, hu, hu), s’intéressant aux affaires concrètes plutôt que rêvassant à dominer les mâles pour leur bien, à commencer par le Dragon.
Cela rend la lecture nettement plus tonique, d’autant que l’auteur n’hésite à faire des choix, renonçant à développer toutes les intrigues d’un seul tenant. Rand en bénéficie également, le Dragon Réincarné redevenant enfin enfin (il était temps) le centre de gravité, au combien instable, de la saga. C’est très intéressant à lire, notamment en ouvrant une fenêtre sur ce qui pourrait être un Primarque infesté par le Chaos, mais luttant pour demeurer loyal et accomplir la volonté d’Ordre de son Père. Ce qui n’est jamais advenu durant l’Hérésie d’Horus, les neuf Traîtres ayant tous été emportés sans retour par la démence et la souillure du Panthéon (même Perturabo), mais la destinée de Rand revêt ici comme une saveur de What If absolument captivante et poignante. Aussi cruels et périlleux soient-ils, l’espoir et le souvenir de la Lumière perdurent, ce qui apporte toute une douloureuse humanité à la conclusion sur le fil du rasoir qui se profile. Tout ceci se voit admirablement porté par Sanderson, que l’on devine sincèrement fasciné par un Héros le méritant au combien.
Demeure bien entendu une inquiétude quant à savoir s’il va suffire à l’auteur de deux bouquins, certes épais, pour parvenir à boucler correctement tous les sujets ici laissés comme quasi suspendus, tout en narrant la conflagration finale. Mais l’adrénaline est de retour, et à flots, c’est bien l’essentiel.
Dernière édition par Estuaire44 le Lun 8 Jan 2024 - 17:01, édité 1 fois
Estuaire44- Empereur
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Re: Romans de Fantasy
J'ai confiance pour le nombre de livres, si même Sanderson voyait 3 livres de conclusion quand le plus lent Jordan n'en voyait qu'un, c'est à mon sens signe qu'il a réfléchi sérieusement à l'affaire.
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Romans de Fantasy
Estuaire44- Empereur
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